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La littérature…
Faire une liste des livres que j'ai appréciés est impossible, tant ils sont nombreux, allant du roman policier en passant par le récit historique, en revenant par quelques ouvrages de science fiction. De temps en temps, je me plonge avec intérêt dans une biographie ou un opus spécialisé, notamment en matière de religion.

Je suis en outre régulièrement étonnée d'entendre des gens me dire qu'ils ne sont inscrits dans aucune bibliothèque et lorsque je suis invitée chez des collègues ou des voisins qui ne possèdent pas de livre, pas même aux toilettes, j'ai comme un sentiment de vide : il me semble tout bonnement impossible de ne pas avoir besoin de lire. Je n'ai malheureusement jamais eu la présence d'esprit de tenir des statistiques : je parie que les gens qui n'ont pas de livres sont ceux qui ont le plus grand modèle de télévision !

Dès l'instant où j'ai su lire, j'ai cessé de ressentir le moindre ennui dans ma vie : j'ai toujours un roman quelconque dans mon sac à main et patienter dans une salle d'attente n'est jamais, pour moi, du temps "perdu" puisqu'il me permet de m'évader, le temps d'une page ou d'un chapitre. Je ne peux d'ailleurs pas concevoir de ne pas terminer ma journée, aussi chargée soit-elle, par une brève lecture, quitte à parfois me frotter les yeux pour ne pas m'endormir trop vite.

Si je n'ai pas fondamentalement besoin de posséder les livres qui m'accompagnent, j'aime quand même l'idée d'en avoir un certain nombre (et un nombre certain) autour de moi, quitte à les acheter d'occasion sur internet ou juste à côté de chez moi, à une bouquiniste passionnée.

Toutefois, malgré mon avidité à lire, pour me distraire ou pour apprendre, il y a deux pans entiers de la littérature qui m'échappent totalement ou presque : j'ai nommé la bande dessinée et la poésie.

Plus jeune, j'ai lu la plupart des "classiques faciles" de la BD, qu'il s'agisse d'Astérix, de Gaston ou Yoko Tsuno mais rien n'y a fait : je ne "croche" pas. Adulte, j'ai rencontré quelques passionnés qui m'ont prêté leurs favoris mais là encore, point de coup de foudre et j'ai régulièrement refermé la bande dessinée avant même sa dernière page, frustrée par ce que je ressens comme du "désordre", à cause de la disposition du texte, du choix du langage, des cases de différentes tailles, des onomatopées et du graphisme.

Bien sûr, j'ai souri en lisant Calvin et Hobbes, j'ai trouvé intéressante, il y a vingt ans, l'idée d'aborder la problématique du sida par le biais d'une bande dessinée mais je n'ai pas pour autant eu envie de me constituer une bibliothèque avec ce type de littérature, quand bien même je me rends (globalement) compte de la valeur artistique qu'elle peut avoir.

Pour moi, la bande dessinée, c'est à la fois "trop peu" - ça se lit trop vite et je n'ai pas le temps de m'attacher aux personnages, l'histoire est toujours trop courte - et "trop" : ça m'agace d'être privée de mon imaginaire, ne pouvant pas choisir la couleur des cheveux du héros ou l'allure de la maison, tout étant indiqué par l'auteur. En outre, dans ces fameuses bulles, le texte n'atteint jamais à la "musicalité" que je peux ressentir dans un roman, la bande dessinée se prêtant mal au bon usage du français.

Bref, la BD et moi, ça fait deux.

L'autre volet majeur de la littérature que je n'arrive pas à appréhender réellement, c'est la poésie.

Dans ce domaine, j'ai quelques textes que je chéris profondément, sans aucun lien entre eux puisqu'il s'agit du dormeur du val, de la grasse matinée ou encore de certains textes de Georges Haldas, dans la blessure essentielle.

Remarquez, ces textes ont peut-être quand même un lien entre eux : ils me touchent directement, sans que je ne doive réfléchir longuement au sens de la phrase, ils ont une fluidité commune, une force évocatrice évidente sans pour autant être "pédants".

Parce que, voyez-vous, souvent, je trouve la poésie compliquée, trop savante, un peu comme si l'auteur avait voulu faire étalage de son érudition, en choisissant des termes ou des tournures peu usités; du coup, comme pour la BD, je n'arrive pas à "rentrer dedans" et je referme très vite l'ouvrage.

Peut-être faudrait-il persévérer, apprivoiser petit à petit cet univers, où tout n'est pas dit, où justement, le but est de laisser de la place à l'imagination du lecteur mais peut-on réellement apprendre à aimer quelque chose qui ne se fait pas spontanément ? Puisque je me donne le droit de ne pas terminer un roman lorsqu'il m'ennuie ou lorsque je trouve l'intrigue mal ficelée, pourquoi la poésie devrait-elle justifier un tel effort ?

Aujourd'hui, je compte donc sur vous, Cukiennes et Cukiens, pour me dire si vous avez, vous, eu le "déclic" pour ces deux formes de littérature et je serais ravie si vous pouviez partager avec moi les textes et les BD qui ont représenté des "coups de foudre" : peut-être pourrai-je alors voir d'un autre oeil ces deux formes d'expression.

34 commentaires
1)
Jean-Daniel
, le 11.03.2013 à 00:44

Au risque de fausser les statistiques, j’ai une grande TV, et je n’imagine pas finir la journée autrement qu’avec un livre ;-)

Pour les brandes dessinées, les genres sont tellement variés que je trouve difficile de les mettre toutes dans le même sac. Par exemple, il y a une genre que j’aime beaucoup, ce sont les BD humoristiques composées soit de blagues de 3 cases, soit d’histoires courtes de une à deux pages. Comme je les lis pour leur côté amusant, je ne suis pas dérangé par le fait qu’elles “brident” l’imagination en imposant l’apparence des protagonistes et les décors.

2)
Gr@g
, le 11.03.2013 à 01:13

Et bien pour la part, la poésie, c’est au travers de Baudelaires, et des “petits poèmes en prose”, que j’ai commencé à vraiment apprécié la poésie, sans compter celles dont certains chanteurs sont capables.

Concernant la Bd, fan depuis longtemps, je conseille alors la série “Magasin Général” qui n’aurait pas du en être une, de Régis Loisel et Jean-Louis Tripp qui nous présente avec une modernité et une tendresse savoureuse la vie d’un petit village québécois au début du XXème siècle. Peut-être une bonne opportunité d’entrer dans cet art.

3)
guymayor
, le 11.03.2013 à 03:46

Pourquoi pas Jacques Prévert, pour commencer? Avec toute la tendresse de son regard sur les gens et les choses. Ensuite, Robert Desnos dans “le brochet” recueil de poèmes pour réveiller l’âme d’enfant enfouie dans nos cerveaux d’adultes. Et peut-être quelques poèmes de Boris Vian pour terminer, avant de plonger dans l’univers des bandes dessinées.

RodolpheTöpffer le genevois, le grand ancêtre (1799-1846) dans “histoire de monsieur Jabot” et son regard acéré sur la bourgeoisie de l’époque servira d’apéritif. Ensuite, Fred avec son héros Philémon qui marie si bien poésie, surréalisme et bande dessinée saura nous entraîner très loin à travers tous ses albums. F’murr et les histoires du “génie des alpages” nous fera visiter les méandres de l’absurde et du non sens. Un zeste de Mandrika, père du “Concombre masqué” achèvera de nous convaincre que le monde marche sur la tête bien souvent (le notre, pas celui du concombre masqué!). Pour finir, Bilal et ses dessins sombres et magnifiques nous fera revivre l’éclatement de la Yougoslavie à sa manière dans “Le sommeil du monstre. Et avec Philippe Druillet et son héros, Lone Sloane, comme dessert nous traverserons la galaxie en contemplant les planches somptueuses de “Salambo”, Flaubert revisité.

Quel festin, quel voyage! Et il y en a bien d’autres! Surtout, bonnes lectures.

4)
Inconnu
, le 11.03.2013 à 06:06

Idée : partir à la découverte du Haïku, qui ne possède aucun des défauts que tu décris.

5)
Philob
, le 11.03.2013 à 08:11

Bon, je lis un peu, j’ai lu beaucoup, en fait je continue de lire pas mal mais de plus en plus sur mon iPad, ça correspond très bien avec mon style de vie, sauf à la plage, mais je n’y vais pas souvent.

Pour la BD, c’est totalement différent, j’ai toujours adoré la BD et de plus mon épouse est dessinatrice de BD, donc à la maison il y a environs 2000 BD (certaines sont encore dans des cartons) et chaque mois, nous empruntons une dizaine de BD à la bibliothèque de Lausanne (qui est probablement une des bibliothèques au monde la mieux achalandée en BD et, c’est moins connu, à une quantité incroyable de planches originales dans ses sous-sols).

Mais je n’aime pas toutes les BD, je suis très sensible à la qualité du dessin; parfois ma femme me dit : celle-là il faut la lire, le scénario est vraiment génial, mais si le dessin ne me plait pas, je n’arrive plus à aller jusqu’au bout. Pour que je termine une BD, il faut que l’alchimie entre le scénario et le dessin me plaise; ça reste des critères très personnels et ça ne veut pas dire que la BD est nulle.

J’aime beaucoup la liste de guymayor, ça pourrait être une sorte de catalogue de départ, j’y ajouterai en prime le Nid des Marsupilamis qui est vraiment le top de Franquin (au fait notre chatte s’appelle Seccotine).

Je trouve les textes d’Achille Talon très poétique ;-)

6)
zit
, le 11.03.2013 à 08:18

Mâââââme P., dans mes bras !

(heuu, oui, enfin, non, heuuu, Diego, hem, comment dire, heuuu, c’est une façon de parler, hein ?)

À part Marcel Gotlib et le Gaston de Franquin, je feuillette rarement des BD (mais je garde un bon souvenir de tout Bilal et de l’Incal, de Moëbius). Et pour la poésie, autant je suis sensible à la perfection d’une phrase dans un roman de Nabokov ou de Quadruppani, autant les recueils de poèmes me tombent des mains.

Je garde quand même un excellent souvenir de Prévert dit par Roger Cuneo, à une bien lointaine CukDay, et revendique la filiation des cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau pour une de mes créations.

z (un petit haïku peut effectivement passer facilement, je répêêêêêêêêêêête : voir un p’tit haïku c’est agréable, voir un p’tit haïku, c’est doux…)

7)
yore
, le 11.03.2013 à 08:19

Si j’avais votre talent d’écriture, j’aurais pu écrire le même article. Concernant la Bande dessinée j’en ai lu quelques-unes sans grand plaisir, contrainte et forcée, car vivant, dans une petite ville qui fut un temps la Ville de la BD. Mais pour la poésie je n’ai aucun attrait, par contre j’aime entendre en déclamer. J’écoute un poème et je trouve cela magnifique, je le lis et là plus de magie. Et pourtant «Un grain de poésie suffit à parfumer tout un siècle» dit José Marti.

8)
Modane
, le 11.03.2013 à 08:38

Tout comme Zit! Un petit haïku de Ryokan?

yoshi ya nen

suma no ura wa no

nami makura

Quel plaisir ! dormir

sur les rives de Suma

les vagues comme oreiller !

9)
Inconnu
, le 11.03.2013 à 08:42

Personnellement je suis assez old school avec les BDs: Asterix, Tintin, Blake et Mortimer, Spirou, Lucky Luke.

Un coup de foudre durable que j’ai eu concerne les aventures politiquement incorrectes de William Vaurien (c’est très drôle et inventif dès qu’on se sort les lasjdfhlasjdf du öasdfökasjf).

Je lis aussi beaucoup de BD étrangères avec un l’intérêt particulier pour Frank Miller (Sin City, The Dark Knight… nettement meilleur que ces horribles films politiquement corrects)…

Maintenant, dans les decouvertes “recentes”, je considere que la meilleure BD des 10 dernieres annees est celle-ci

Je suis du coup un grand grand fan de Jean-Yves Ferri dont je recommande tous les albums de Aimé Lacapelle mais également ce qu’il a fait en collaboration avec Larcenet: Le Retour à la Terre

Sinon, je viens juste d’acheter ceci pour l’anniversaire de ma mie.

10)
Caplan
, le 11.03.2013 à 08:44

S’il ne fallait lire qu’une BD, ce serait MAUS.

C’est de la BD, mais c’est surtout de la littérature.

12)
Anne Cuneo
, le 11.03.2013 à 09:54

Dès l’instant où j’ai su lire, j’ai cessé de ressentir le moindre ennui dans ma vie : j’ai toujours un roman quelconque dans mon sac à main et patienter dans une salle d’attente n’est jamais, pour moi, du temps “perdu” puisqu’il me permet de m’évader, le temps d’une page ou d’un chapitre. Je ne peux d’ailleurs pas concevoir de ne pas terminer ma journée, aussi chargée soit-elle, par une brève lecture, quitte à parfois me frotter les yeux pour ne pas m’endormir trop vite.

Tu m’as décrite, chère Mme Poppins! C’est du copié-collé, comme dirait l’autre. De même que le vide ressenti chez des gens qui n’ont pas de livres. J’irai même plus loin. Ce qui m’a donné envie de lire, c’est cette concentration passionnée à laquelle j’assistais lorsque je voyais mes parents lire, si absorbés qu’ils n’entendaient même pas les appels du quasi-bébé que j’étais encore. Je me souviens clairement avoir pensé que si cette occupation était si prenante, moi aussi, je voulais m’y adonner, et ainsi j’ai appris à lire à un âge très tendre, et pour le reste – copié-collé, justement.

Quant à la poésie: je crois qu’elle n’est pas faite pour être lue comme un roman. Un jour un poème, lu, dit, chanté, crée une fulgurance, une envie, un appel, si ça se trouve ça te donne envie de voir ce que ce poète-là écrit. J’ai eu ça avec Rimbaud quand j’étais adolescente, il me parlait à moi, personnellement, mais je ne l’ai pas lu à la suite tout de même.

Quant aux bandes dessinées, j’ai eu le coup de foudre pour Little Nemo , dont j’ai même parlé sur Cuk, et j’ai beaucoup apprécié Lucky Luke ou les Schroumpfs, ou parfois Tintin, quand Eva était petite, mais à part Corto Maltese (coup de foudre, là aussi), il y a peu de bandes dessinées qui me flashent vraiment. Même les romans de Léo Malet (un auteur que je vénère) mis en bandes dessinées que je possède toutes par Tardy (que j’apprécie beaucoup) ne me donnent pas le push que ressent la junkie que je suis en tournant les pages uniquement remplies de signes typographiques.

13)
Guillôme
, le 11.03.2013 à 10:12

Oui moi aussi, j’aime autant les livres que la BD.

Côté livre, j’achète direct sans regarder dès la parution d’un nouveau roman de Jean Echenoz, William Boyd, Haruki Murakami ou Tonino Benacquista ;)

Côté BD, je conseille bien entendu du Larcenet déjà cité, mais aussi Blacksad ou le superbe Aya de Yopougon mais je pourrai t’en citer comme ça des dizaines vu que j’ai aussi des centaines de BD ;)

14)
Jaxom
, le 11.03.2013 à 10:22

Je ne sais pas si une personne qui aiment essentiellement la lecture, de texte, pourra apprécier les BD que j’aime.

Il me semble que les BD que j’aime font une part belle au traitement graphique, dans des styles parfois très variés. Ainsi, parmi les auteurs que je suis assidument se retrouvent Andreas, Bilal et Trondheim. Tous trois utilisent le graphique pour raconter leur histoire et chacun dans un style différent.

Andreas utilise la perspective, le découpage des cases et leur chronologie. Certains albums de sa série “Capricorne” en sont de purs démonstrations. Je pense à “Rêve en cage” pour le découpage et la chronologie ou le dernier “Vu de près” pour la perspective, ce dernier étant peut-être un peu tiré à l’extrême. Mais parfois c’est moins son traitement de chaque page que la globalité de l’album qui est utilisé pour l’histoire comme ” ” (le tome 12 de “Capricorne”). Je conseillerai moins la série “Arq”, car pour un novice en BD le graphisme d’Andreas n’est pas toujours d’un accès aisé, alors si en plus il y a la complexité d’une histoire à tiroir dans des tiroirs…

Trondheim est graphiquement beaucoup plus accessible et pourtant il ne faut pas croire qu’il se contente de mettre en image son texte. Dès la première oeuvre qu’il a dessiné lui-même, il y a une volonté d’utiliser le dessin pour l’histoire. “Lapinot et les carottes de Patagonie” est une BD qui relève de l’oubapo où Trondheim fait beaucoup d’expériences graphique qu’il utilisera dans ses séries “Lapinot”, “Donjon” et dernièrement “Ralph Azham”.

Bilal est pour moi un peu plus un illustrateur, ces albums sont presque des séries de tableaux. Cependant on y retrouve toujours le mouvement nécessaire à la BD et il utilise plus que simplement le dessin. On peut le voir dans “Le sommeil du monstre” avec par exemple les articles de presse inséré dans les pages pour développé l’histoire. Procédé qu’on retrouve aussi, il me semble, dans “Watchmen” d’Alan Moore.

15)
cerock
, le 11.03.2013 à 10:24

J’aime beaucoup les livres, mais je dois bien avoué qu’avec deux enfants en bas âge, je ne lit plus beaucoup.

J’ai adoré cette phrase…

je suis invitée chez des collègues ou des voisins qui ne possèdent pas de livre, pas même aux toilettes,

En effet, c’est encore un endroit ou j’ai le temps de lire… mais jamais je n’aurais osé l’avouer ;)

Pour la poésie, j’avoue que ce n’est pas ma tasse de thé, j’ai bien emprunté un livre de Prévert à la médiathèque suite à notre dernière cukday et à la prestation fabuleuse de Roger Cunéo. Mais autant j’ai eu du plaisir à le voir nous compter Prévert, autant le lire ne m’a pas apporté le même frison. Idem pour le petit prince. Lire le livre est intéressant, mais j’ai vu Roger sur scène il y a quelques années à Genève… et il nous a fait vibrer. J’ai même plus souvent de plaisir à réécouter son disque acheté après la représentation qu’en relisant le livre.

16)
iker
, le 11.03.2013 à 10:26

Madame Poppins, Zit, Anne, je me retrouve trait pour trait dans ce que vous racontez,

Benjamin d’une famille de sept enfants, tous bien plus âgés que moi, non seulement je dévorais les livres de mon âge dont ils avaient abondamment été dotés, mais je leur piquais leurs journaux, leurs magazines, le moindre de leurs ouvrages je le lisais aussi. Tout ce qui passait à ma portée. Écumé ensuite les bibliotheques, puis les librairies, hier physiques aujourd’hui virtuelles.

Les contes et légendes de toutes les traditions les plus reculées de la planète, toutes civilisations confondues, n’avaient aucun secret pour moi, je voyageais déjà à travers les livres, et mes explorations du monde, bien plus tard, revenaient aussi sur les traces de mes héros d’enfance.

Et pour la poésie, ce n’était que par l’oralité, comme la magnifique (re)découverte de textes de Prevert Roger à Cugy, en septembre 2007 (six ans déjà ? J’ai l’impression que c’était hier) que je ne connaissaient que par la chanson.

Mais si j’ai adoré les livres et le pouvoir des mots, ils me manquait parfois le plaisir des sens, de la vue, du toucher, du goûts et des odeurs, qui n’étaient alors que le pur produit de mon imagination.

Au point de rêver de pouvoir écrire à la fois du texte mis en scène avec de la photo, de la vidéo, de l’animation. Oh tiens, c’est désormais possible. ;-)

Et ce n’est peut être que le tout début de la découverte de nouveaux univers.

Les BD que j’ai lues étaient celles de mes aînés, et comme Korbo, je suis resté old school, Asterix, Tintin, Lucky Luke, Gaston, sans passer à mes propres lectures dans ce domaine.

Tardy, Mauss, c’était à travers les ouvrages que nous offrions à mon père, et que je lui soustrayais à l’occasion.

Par contre, la magie des mots, l’imaginaire qu’ils faisaient naître en moi, et cette capacité à rêver en couleur, qui, me dit-on, ne serait pas la norme ?

Et puis à travers les lectures de mes aînés, de leurs compagnes et compagnons, étudiants en philosophie, psychologie, sociologie, sciences politiques, économie, et leurs débats interminables, c’était les années 68-81, avant que je ne fasse mes propres choix, à la fois dans l’héritage et la singularité, la découverte et l’explorations des sciences humaines et sociales.

Un souvenir particulier, vers les 10-11 ans, la lecture des rapports Kingsey et Master et Johnson, tout en découvrant “l’éducation sentimentale”, mais aussi “comme un arbre dans la ville” et “parachutiste” de Maxime Le Forestier. Le choc. Je n’ai compris que plus tard. ;-)

17)
Inconnu
, le 11.03.2013 à 10:27

Un coup de foudre en BD ? La parution de “Silence” dans (A suivre), par un grand auteur qui nous a quittés récemment : Comès.

18)
coacoa
, le 11.03.2013 à 10:28

Je partage la difficulté à appréhender la poésie, par contre je suis vraiment fasciné par la bande dessinée, à mon avis une forme d’art majeure tout à fait sous-estimée.

J’aurais trois conseils :

– je rejoins Caplan, Maus de Art Spiegelman est une oeuvre majeure, à l’exact endroit de ce que permet ce médium : à la fois littérature, à la fois oeuvre plastique

Fun Home d’Alison Bechdel, roman graphique qui, justement, se lit comme un roman

– enfin, tout l’oeuvre de Chris Ware, un des artistes vivants que j’admire le plus, en particulier Jimmy Corrigan (édité en français chez Delcourt) et, pour les anglophones, une des oeuvres d’art parmi les plus importantes qu’il m’ait été donné de voir, Building Stories, paru en octobre dernier, une somme, une date, “élu” par le New York Times comme un des 5 livres les plus importants de 2012. On peut le commander sur Amazon, c’est un coffret volumineux qui vaut 1’000 fois son prix (absolument modique en regard de l’oeuvre proposée). Les quelques personnes de mon entourage qui l’ont lu en ont été éberluées. Par contre, impossible de le glisser dans un sac à main :-)

19)
Jaxom
, le 11.03.2013 à 10:40

Pour faire suite à mon précédent message, il faut aussi parler des manga. Étant un lecteur facile je lis un peu tout du moment que l’histoire est entraînante. Du coup je suis régulièrement des manga dit shonen (en résumé : pour ado) pour leur histoire qui se développe presque sans fin, mais ce n’est sur ceux là, à une exception actuellement, que je vais passer du temps et relire attentivement. Tout comme pour la BD “franco-belge”, il s’agit de manga dans lesquels le traitement graphique apporte un plus à l’histoire (enfin pas seulement mais s’est ceux dont je vais parler là).

“Dorohedoro” (chez Soleil réédition ce printemps), par son graphisme et son ambiance, j’y ai retrouvé un peu du Bilal.

“Soul Eater”, au début j’y ai vu un simple shonen avec en plus un thème un peu malsain. Puis, l’auteur prenant un peu de bouteille et affirmant son style, il a su utiliser le dessin pour illustrer la folie d’une manière très intéressante.

“Barakamon” est une découverte toute récente. Le dessin est classique, pour du manga, mais la façon dont les chapitres sont mis en scène et articulés les uns avec les autres me fait penser aux haïku, même si je ne connaît que très peu la poésie.

20)
Zallag
, le 11.03.2013 à 10:41

Madame Poppins, vous qui êtes une visuelle en lecture, et peut-être une auditive aussi et aimez donc lire pour “voir” les lieux, les personnes au lieu de voir ce qu’a dessiné un auteur de BD, ou “entendre” au lieu de lire des onomatopées, lisez du Nicolas Bouvier. Ses textes sont parfaits pour cela. On recrée avec tous nos sens ce qu’il nous présente, nous fait voir, nous fait goûter, nous fait entendre.

Mais, en termes de BD, vous apprécierez peut-être l’originalité d’un Chapatte, qui parle ici de sa manière totalement innovante et percutante d’aborder la BD… par la bande si je peux le formuler ainsi !

21)
Ellipse
, le 11.03.2013 à 10:42

@Caplan

oui, vraiment !

Autrement, petite sélection perso non exhaustive :

Jason Lutes (“Berlin”), Cosey (“A la Recherche de Peter Pan”) Jirô Taniguchi (“Quartier Lointain”, “Le, Journal de mon père”), Manu Larcenet (“Le Combat ordinaire”), Homs & Giroud (“L’Angélus”)

Il y a vraiment de très belles choses dans le 9e art, l’expression graphique n’est pas toujours un frein à l’imagination, c’est parfois une belle évocation et une invitation à aller plus loin. Comme dans tous les arts, il y a du bon et du moins bon, et puis c’est aussi une question de goût.

22)
ysengrain
, le 11.03.2013 à 11:44

J’avais oublié. Pour ceux qui aime les alcools forts et extrêmement corsés, goûteux à n’en plus pouvoir, je recommande Anima de Wadji Mouawad, livre d’une force hors du commun et tellement original par le mode de narration. Urgemment indispensable.

23)
Dalean73
, le 11.03.2013 à 11:50

En BD : L’œuvre complète d’Étienne Davodeau, et particulièrement Les ignorants, une BD que j’ai offert une dizaine de fois tellement je la trouve fabuleuse.

Dans le style BD de reportage, les œuvres de Guy Delisle, notamment Chroniques de Jérusalem.

Enfin un cas au style un peu atypique, mélange de photographie et de dessin : Le Photographe d’Emmanuel Guibert et Didier Lefèvre.

24)
Madame Poppins
, le 11.03.2013 à 12:52

Est-ce qu’on peut fermer ce billet aux commentaires ? Rien que pour lire tous les titres cités, il me faudra une vie :-)

Je viens de donner quatre périodes de cours, suis un peu lessivée – le sujet était loin d’être poétique – mais toutes ces propositions, je les note dans mon petit calepin et je vais donner des insomnies à la bibliothécaire ces prochains mois : je me réjouis (non pas du malheur de ladite dame mais des découvertes à venir). D’ailleurs, je me souviens très bien du vide ressenti après avoir terminé la lecture du parfum : j’aurais voulu n’avoir pas encore lu ce livre, juste pour pouvoir revivre tous ces instants.

Bref, j’ai hâte d’avoir les premiers titres en main : peut-être aurai-je un coup de foudre en BD. D’ailleurs, finalement, je me rends compte, par le biais de vos commentaires, que j’en ai lu plus que je ne le pensais; ainsi, Maus se trouve même dans ma bibliothèque et je l’ai adoré (tant est qu’on puisse “adorer” lorsque le sujet est aussi grave !). Cet oubli démontre néanmoins que ma mémoire n’enregistre pas tellement les instants de lecture BD.

Pour la poésie, ce que vous dites est tellement juste : la poésie est parfois davantage faite pour être dite (j’évite “récitée” qui me rappelle les yeux au plafond de certains camarades qui peinaient – comme moi d’ailleurs – lors de cet exercice) et c’est bien ces instants qui me sont restés : je me souviens comme si c’était hier (alors que ça remonte à presque 30 ans) du jour où une camarade de classe m’a fait découvrir Barbara, ça a été un instant magique.

En fait, ce que j’aime déjà maintenant et je vous en remercie, c’est de lire votre enthousiasme pour certains titres, pour certains auteurs : on sent parfois une réelle passion pour la BD et la poésie, c’est génial.

Bon, là, je vais aller cliquer sur tous les liens que vous m’avez mis en commentaires… ne comptez pas me revoir “tout d’suite tout d’suite” :-) mais n’hésitez pas à y aller encore de vos suggestions, j’ai prévu de vivre très vieille (et en bonne santé), j’ai donc encore des années devant moi !

Encore merci !

25)
Charled
, le 11.03.2013 à 15:02

Lorsque j’étais étudiant, c’est à dire… lorsque j’étais étudiant, je n’aimais pas le café. J’aimais son parfum en passant devant une torréfaction mais je n’aimais pas en boire. Trop amer ou goût de brûlé. De fait, lorsqu’on allait au café entre deux cours, je prenais un thé. Mais j’en ai eu marre d’être toujours le dernier à finir mon bol ou ma tasse alors que tous étaient déjà repartis après le “petit noir”. Alors j’ai essayé. Déjà, le café au café c’était meilleur qu’à la cafetière chez mes parents. Puis, au fil du temps, j’y ai pris goût. Au point d’avoir un jour ma propre cafetière à expresso que je savais parfaitement doser (bien avant l’invention diabolique des dosettes). Et aujourd’hui, passé à la cafetière italienne depuis que mon expresso est tombée en panne, je ne peux m’en passer… alors qu’il le faudrait car mon estomac a du mal à le supporter. Peut-être que mon estomac le savait et que je force ma nature depuis des années au lieu de l’écouter…

Est-ce que ça a un rapport avec la question ? Peut-être. De loin certainement mais ça m’y a fait penser. Ceci étant, j’aime la bd sans faire de choix précis mais je n’accroche pas non plus à la poésie. Faudrait-il me forcer aussi ? Mais peut-on dire “la poésie”, “la bd” sans faire de distinguo entre toutes les formes qui existent. Aimez-vous la musique sans distinction de genre ?

Je suis conscient que je ne fais pas trop progresser le débat. Dois-je vraiment envoyer ce message. Zut, trop tard…

26)
flup
, le 11.03.2013 à 16:48

Je n’ai jamais dépassé le stade de ces B.D. “classiques faciles”, mais je les ai toujours bien aimées. Surtout les textes de Goscinny truffés de références ou les logorrhées d’Achille Talon.

Concernant la poésie, j’avoue un malaise assez similaire, et ce n’est qu’à travers la musique classique que ça passe (même si le français et le chant classique ne font pas spécialement bon ménage selon moi). Même (voire plus encore) dans d’autres langues, le travail du compositeur sur le mot me permet d’aborder plus facilement celui du poète. Pour n’en citer qu’un: L’invitation au voyage (et sa magnifique version musicale par Henri Duparc).

27)
Inconnu
, le 11.03.2013 à 18:06

Ha! est-il nécessaire de toujours devoir expliquer les Métaphores ?

28)
Ellipse
, le 11.03.2013 à 19:28

@ Charled

Marrant, je détestais aussi le café jusqu’à il y a une dizaine d’années… aujourd’hui difficile de m’en passer.

@ Madame Poppins

En général, je trouve tes articles … stimulants et sympas. Merci.

Je t’encourage à faire un petit tour au Festival BD-FIL en septembre.

29)
Franck Pastor
, le 11.03.2013 à 20:57

Je lis tout ce qui me tombe sous la main. Les BD en particulier. Elles sont tellement variées que je n’ai jamais compris comment certains pouvaient les rejeter comme ça, d’un bloc. Ça doit dépendre de la culture, aussi (je vis en Belgique). « La BD, c’est pour les gamins », m’a dit une amie allemande… Mais pas qu’elle, ma mère bien française n’a également jamais compris comment ces « images avec bulles » pouvaient intéresser qui que ce soit.

Je recommande « Achille Talon » comme Philob et flup ;-), « De Cape et de croc », « L’outremangeur », « Le décalogue ». Aussi, une série que je découvre actuellement, « la boîte de Pandore ». Autant de lectures susceptibles de plaire à un public exigeant en matière de littérature.

30)
François Cuneo
, le 11.03.2013 à 21:02

Lire au lit, le bonheur.

Au point que si je ne lis pas, j’ai de la peine à m’endormir. Ça peut être deux minutes, ou beaucoup plus, mais je dois lire.

Bon, d’ici quelques décennies, quand tu iras chez les gens, il n’y aura plus de livres. Cela ne voudra pas dire qu’ils ne lisent pas, mais peut-être que leur bibliothèque est dans leur iPad.

A ce propos, la BD sur iPad, j’ai essayé, j’ai même testé sur Cuk, mais ça me donne le fourni.

Quant à Silence, oui c’est vrai Haddock, c’est un livre qui m’a toujours ému.

Le dernier livre d’Anne est excellent aussi.

31)
Madame Poppins
, le 11.03.2013 à 23:26

Cerock, les toilettes, c’est un lieu très particulier quand on a des enfants : il y a la phase où on s’y rend à toute vitesse, convaincu que si on s’absente trop longtemps, il arrivera malheur (indéfini) à BB (qui dort d’ailleurs profondément); vient ensuite le temps où on ne peut plus s’y rendre seul parce que Bambin est très curieux et souhaite participer à tout, y compris à ce passage dans ce lieu où même le roi va seul (en principe) : à choisir entre “je hurle à la mort pendant que Maman est aux toilettes”, j’ai fini par opter, durant quelques temps, pour un “je laisse la porte entre-ouverte… Finalement, il devient le lieu “refuge”, où on a le temps de réfléchir un peu ou lire. Et un jour, on se rend compte qu’on peut lire à nouveau tranquillement parce que Enfant est… chez un copain ! Courage, le temps de la lecture revient !

Zallag, je suis effectivement une auditive : ayant grandi dans un foyer sans télévision, j’ai adoré, que dis-je, ADORE les pièces radiophoniques que mes parents écoutaient. Je vais donc me ruer sur Nicolas Bouvier ! Je verrai ensuite pour Chapatte, promis !

Guillôme, misère, ton lien est un voyage à lui seul : merci !

Jaxom, je vais me lancer dans un manga, sur tes conseils : je sens que je vais ensuite augmenter ma cote auprès de mon aîné qui les adore (à son échelle et du haut de ses 10 ans).

Charled, oui, il faut absolument envoyer ce message : j’ai bien aimer le lire et il fait réfléchir : peut-être en va-t-il de certaines choses comme du café….

Franck Pastor, “lire tout ce qui tombe sous la main”, voilà une description parfaite de Junior (10 ans) qui, durant notre voyage, a rapidement épuisé le stock de livres emportés (la liseuse, elle, a été mise hors course très vite parce que je l’ai… cassée) : du coup, je pense qu’il a lu même le dos des produits alimentaires et d’hygiène emportés pour le trajet. Je crois qu’il a même tenté de lire mon livre “la protection de l’adulte”, présentant les nouveaux articles 360ss du Code Civil, c’est dire :-)

Iker, s’il doit y avoir bien des désavantages au fait d’être sept, il y a assurément bien des plaisirs, dont celui de découvrir des livres qui traînent et qui ne sont pas forcément prévu pour “cet âge-là” ! J’imagine sans peine que cela a dû parfois être grisant !

Anne, en parlant de la “musicalité” des phrases d’un roman, je pensais notamment à tes livres : j’y trouve toujours le même plaisir, ta plume alliant fluidité et rythme, Jean-Pierre Monod m’ayant rendue très sensible à cet alliage rare et précieux ! Donc, MERCI pour les heures que j’ai passées avec notamment Marie :-)

Bref, je ne peux pas (encore) commenter les différentes propositions faites mais je vous en remercie du fond du coeur, elles sont autant de petites pierres sur le chemin et je me réjouis vraiment de les suivre. Il s’en suivra probablement un billet dans les mois à venir mais pas avant d’avoir pu me rendre à Lausanne à BD-Fil, déjà noté dans mon agenda !

A dans 15 jours !

32)
Daniel
, le 12.03.2013 à 22:41

Bonsoir en ce qui concerne pour la BD, toute l’œuvre (immense) de Cosey “la collection des Jonathan et tous les tomes dans les collection Aire Libre et Histoires et légendes”. c’est les Bd à prendre dans le chalet perdu dans la montagne…. Je les lit depuis 25 ans! Bon courage pour les découvertes n’oubliez pas l’aspect visuel , le dessin , les couleurs ,le scénario je fais un parallèle avec le cinéma.

33)
Emmanuel Thiry
, le 12.03.2013 à 23:42

Pour moi, la bande dessinée, c’est à la fois “trop peu” – ça se lit trop vite et je n’ai pas le temps de m’attacher aux personnages, l’histoire est toujours trop courte – et “trop” : ça m’agace d’être privée de mon imaginaire, ne pouvant pas choisir la couleur des cheveux du héros ou l’allure de la maison, tout étant indiqué par l’auteur. En outre, dans ces fameuses bulles, le texte n’atteint jamais à la “musicalité” que je peux ressentir dans un roman, la bande dessinée se prêtant mal au bon usage du français.

Chère Madame Poppins je vous propose le parfait contre exemple : De cape et de crocs C’est une histoire en 10 tomes, à lire d’une traite, qui tient à la fois du roman d’aventure, du cinéma de cape et d’épée (et de pirates) et du théâtre classique, avec de délicieuses références littéraires. Vous y trouverez du beau texte (parfois en alexandrins rimés) et de beaux dessins. Et enfin c’est drôle, mais avec des bêtes.

34)
Madame Poppins
, le 13.03.2013 à 19:31

bq%Emmanuel Thiry%. C’est une histoire en 10 tomes, à lire d’une traite %% Là, je ne pourrai probablement pas trouver les 10 tomes en bibliothèque : je vais voir avec mes deux amis passionnés s’ils possèdent ces ouvrages, la perspective d’avoir 10 tomes à lire me ravissant. Merci donc du conseil !

Tramaja, j’ai lu quelques tomes de Jonathan et j’en garde le souvenir d’un gars romantique aux cheveux bouclés… bref, faut que je rafraîchisse là aussi ma mémoire !