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Je ne sais pas quand elle commence…
Hier, j'ai passé la journée au même endroit que François il y a quelques jours à peine. Toutefois, mon objectif n'était pas l'achat d'un épluche-légumes ou d'un chiffon "miracle" : j'ai travaillé sur le stand de mon employeur de dix à quinze heures.

Durant ma pause, je me suis baladée un peu au hasard, évitant soigneusement les bracelets supposés soulager les rhumatismes, les produits Just et le conseiller de la banque cantonale vaudoise, pour finalement m'arrêter sur un stand dont les préoccupations me sont, du moins à ce stade de ma vie, étrangères : l'AVDEMS a représenté durant le Comptoir les EMS (établissements médico-sociaux, vaudois en l'espèce). Oui, je sais, le "politiquement correct" a passé par là : quand j'étais gamine, on disait encore, sans complexe et sans vergogne, "les homes de vieux"; aujourd'hui, ça serait impensable. D'ailleurs, on ne devient même plus "vieux", on devient "âgé" et il semblerait même qu'il existe non plus seulement un "troisième" âge mais carrément un "quatrième" âge.

Enfin, mon propos n'est pas de gloser sur les usages linguistiques, reprenons donc le fil.

Donc, sur le stand de l'AVDEMS, j'ai pris le temps de regarder les interviews filmées de visiteurs, interrogés sur différents thèmes ayant trait à la vieillesse. Certains témoignages étaient touchants, d'autres amusants et certaines réponses m'ont surprise. Toutes les personnes qui ont accepté d'être filmées avaient un point commun à mes yeux : elles m'ont fait beaucoup réfléchir. En particulier parce que j'aurais été bien incapable de répondre à certaines questions; ainsi, je ne sais pas ce que j'aurais dit si l'on m'avait demandé si j'ai peur de vieillir ou ce que profiter de la vieillesse veut dire.

Pour être totalement honnête, je dois admettre que vieillir, ça me fait un peu peur. En réalité, l'âge ne serait pas un facteur de stress s'il n'était pas si souvent accompagné d'une perte d'autonomie, parfois très importante et/ou d'une démence : la perspective de voir ma mémoire s'effilocher me glace le sang. Je crois que j'ai aussi peur de me retrouver totalement seule : on a tous entendu un jour ou l'autre une personne exprimer son désarroi "tous les gens qui m'étaient chers sont morts avant moi, je suis seul(e)".

A vrai dire, avant de m'imaginer "vieille", je m'imagine "à la retraite" et là, pas de souci, "je vois bien" : j'espère que je pourrai alors faire tout ce que je ne peux faire maintenant, faute de temps. Tenez, pêle-mêle, suivre des cours d'histoire à la fac, sillonner les sentiers pédestres de la région, prendre des leçons de piano, aller à la piscine, lire tous les romans de la bibliothèque municipale, visiter toutes les capitales d'Europe, regarder le soleil se lever à Hawaï... Mais serai-je déjà vieille pour autant à ce moment-là ? Ben ouais, je ne sais toujours pas quand je dirai "je suis vieille".

Quand je serai grand-mère ? Quand je ne serai plus en mesure de monter les escaliers jusqu'à chez moi et que je serai obligée de prendre l'ascenseur ? Quand j'aurai un semainier rempli de médicaments à prendre matin-midi et soir ? Lorsque je réaliserai que ma famille prend des décisions à ma place et oublie de me consulter, estimant savoir ce qui est bien pour moi ?

Je me souviens avoir dit, enfant, à mon père à mon retour de vacances "le camp, c'était bien mais dans le bled, y avait que des vieux" et lui de me questionner sur le "c'est quoi, que des vieux ?". Et moi de répondre "ben des gens qui ont cinquante ans" ! Trente ans plus tard, je rougis d'avoir été si effrontée et je sais qu'il m'est arrivé bien des fois de lire une nécro en secouant la tête "cinquante ans, c'est très jeune pour mourir" !

Dirais-je un jour "là, j'ai assez vécu, je n'ai plus envie de vivre" ? Je n'en sais rien. J'espère simplement qu'entre aujourd'hui et mon dernier souffle, j'aurai le temps de passer le plus de bons moments possibles avec tous ceux qui me sont chers.

Vous, vieillir, ça vous fait peur ou la perspective d'avoir du temps en marge de l'agitation professionnelle l'emporte-t-elle ?

22 commentaires
1)
THG
, le 26.09.2011 à 07:07

Je dois avouer qu’au delà de la vieillesse elle-même et son cortège de problèmes en tous genres, c’est le fait de savoir que mes enfants quitteront un jour la maison qui m’angoisse et qui me rend infiniment mélancolique. Mes filles sont encore très jeunes mais quand je vois à quelle vitesse défile le temps, ce moment redouté se présentera bien un jour…

Quant à devenir vieux, je souhaite vivre le plus longtemps possible, certes, mais d’un autre côté, quand j’entends ma femme, qui est infirmière libérale, me parler de cette mamie centenaire qui pleure à longueur de journée car elle a vu mourir tous ses enfants et parce qu’elle se demande pourquoi elle est toujours là, ben… bref, ça fout les boules quand même.

2)
Blues
, le 26.09.2011 à 07:17

Après avoir vu le film d’animation de Pixar “là haut” ça me rassure. Des projets, des projets, y’a k’ça de vrai … ça évite de prendre un coup de vieux. (Ah oui au fait je suis grand-père depuis env. 2 semaines ou quand la descendance de 2ème niveau vous rappelle que bien du temps a passé).

3)
ysengrain
, le 26.09.2011 à 09:16

Vieillir, dans l’acception faite ici, ce n’est pas seulement la perte de mémoire, la perte d’autonomie, la perte de la présence des proches – enfants, fratrie – mais c’est aussi entrer dans le désintérêt. L’absence d’intérêt vis-à-vis de ce qu’a été notre vie jusque là: « Oh, non Docteur, tout ça ne m’intéresse plus – un silence – avant … » est le type de réponse que j’entends très souvent.

Il est vrai que je ne ferai plus 600 kms aller, 600 kms retour en un week-end pour aller entendre un concert . Il est vrai que l’enthousiasme pour un sujet s’est émoussé avec l’âge, que les filles pourtant tout aussi jolies qu’auparavant – sinon plus – n’éveillent plus le même intérêt en moi.

Alors, le pivot de la gestion des personnes âgées qui repose sur la stimulation a t il encore droit de cité quand il manque les neurones pour la percevoir ?

Quant à avoir du temps, après l’agitation professionnelle, voilà bien des années que le temps ne me fait plus peur, que je ne lui laisse plus prendre la direction des opérations et qu’il ne me bouffe plus. (hors urgence vitale, bien entendu). Je crois avoir déjà parlé et écrit là-dessus .

4)
ToTheEnd
, le 26.09.2011 à 09:26

Vieillir ne m’a jamais posé un problème d’autant plus que je ne me voyais pas vivre vieux… mais maintenant que ça dure, je commence à me poser des questions.

Perso, si on pouvait choisir, j’aimerais bien prendre ma retraite de 40 à 60 ans puis, travailler de 60 à 80 ans car comme beaucoup, l’ensemble des projets auxquels j’aimerais me vouer requiert une certaine forme physique et mentale.

A 60 ans ou plus, ça ne sera certainement pas aussi évident et en particulier pour apprendre quelque chose de nouveau. Quid de l’apprentissage du piano entre quelqu’un qui a 30 ans ou 60 ans? Je ne parle même pas d’un gamin de 10 ans. Bref, avoir une longue liste de trucs à faire pour sa retraite c’est bien mais la nature – dans la plupart des cas – se charge malheureusement de vous réduire cette liste…

5)
djtrance
, le 26.09.2011 à 09:40

Nous décernons officiellement le titre de “Papy” à BLUES… :) Nos félicitations :P

Quand à la vieillesse… Oula, je n’ai que 28 ans, je me réjouis d’arriver à mes 30 ans (beaucoup de choses devraient se concrétiser d’ici là) et quoi qu’on en dise, bien que je suis heureux de travailler (mon métier est une passion), je me réjouis également d’arriver à la retraite pour encore mieux profiter de la vie!

6)
Blues
, le 26.09.2011 à 11:03

Nous décernons officiellement le titre de “Papy” à BLUES… :) Nos félicitations :P

Justement pas, pour faire moins vieux ;-) j’ai demandé à ce que mon petit-fils m’appelle “Papou” (comme en Grèce) + le prénom derrière, et surtout pas “grand-père”, “papy” ou “pépé”. Le pire c’est quand j’entends des parents dire à leur enfants : alors ce WE tu vas chez “le pépé et la mémé de Lausanne” ? (pour qu’ils évitent de confondre) pfuuu … c’est lourd, ringard et super plouc !

7)
Saluki
, le 26.09.2011 à 11:37

Plus fort que Blues, j’en ai quatre (petits enfants).

La vieillesse, connais pas : je suis retraîté, mais continue à travailler, à ma guise, selon mon humeur. J’accepte ou pas les missions qui me sont proposées. On ne peut imaginer le quasi-orgasme de dire “Non, merci !” à un fâcheux qui croît vous offrir la Lune…

Le drame : quand Maman me dit un jour ” Bonjour, Monsieur. Ah… J’attendais mon fils, il y a longtemps qu’il n’est pas venu me voir ”. C’était la veille.

Le bonheur : nous étions, hier, chez un très vieux Monsieur (+ de 80 au compteur si je fais référence à son fils qui en a 60+) qui offrait une Schubertiade aux amis de sa famille, grâce au concours bénévole d’une cantatrice américaine et d’une pianiste antipodesque. Trois heures de bonheur.

8)
soizic
, le 26.09.2011 à 12:39

La vieillesse ? pour le moment je ne connais pas… J’ai pourtant fait glousser ma fille récemment en lui disant “oui, je garde certaines photos bien qu’elles ne soient pas fameuses, mais je serais peut-être contente de les regarder quand je serai vieille”. Elle m’a rappelé que j’avais 73 ans. 73 ? oui mais je suis à peu près en bonne santé (c’est la grosse crainte pour l’avenir), j’ai la chance d’avoir encore mon époux que j’aime toujours, et je travaille passionnément avec l’informatique et les photos. (Je me donne du mal pour m’entretenir, j’en suis à 28 km de natation pour cet été à raison de 250 m par jour si possible, mais je suis pourtant bien peu douée)

Le pire est de s’accrocher à la décennie précédente ; il faut accepter le changement, il y a longtemps que je ne suis plus hissée sur des talons vertigineux, c’était un plaisir, pas un bonheur… Je souffre toujours en voyant des femmes de 40 ans habillées comme leur fille…et c’est pour elles que je souffre.

J’ai dû faire un effort en ce qui concerne l’éducation des petits enfants, comme dit mon mari, ce n’est plus notre affaire… Il faut apprendre à lâcher prise comme on fait en yoga. Un peu difficile aussi les grandes réunions familiales : il faut reconnaître qu’on est un peu dans le décor…

Quand je vois certaines personnes de 80 balais, je me dis que c’est possible de continuer !

9)
Filou53
, le 26.09.2011 à 12:46

Jusqu’il y a peu, j’osais envisager la vieillesse avec une certaine sérénité.

La prépension approchait, Nous avions plein de projets, mon épouse et moi…

Et puis, boum, mon épouse est décédée. Plus de projets, plus rien… Je n’imagine plus grand chose pour l’instant.

Leçon évidente: profitez du moment, c’est toujours cela de pris ! Surtout, comme le dit madame Poppins, avec ceux qui vous sont chers…

Désolé si j’ai gâché l’ambiance ;-(

10)
ysengrain
, le 26.09.2011 à 12:55

Pour corroborer ce que dit Soizic, je renchéris en conseillant ceci de la grande Judith Viorst octogénaire, bourrée d’humour

11)
Soheil
, le 26.09.2011 à 13:07

quand j’étais gamine, on disait encore, sans complexe et sans vergogne, “les homes de vieux”

C’est déjà très moderne ce franglais. Quand j’étais petit (dans les années 50), on disait «asile de vieillards». C’est d’ailleurs le terme qu’emploie Camus dans L’Etranger.

Plus tôt encore, le mot «vieillard» était chargé d’une certaine noblesse, comme dans les vers célèbres de Corneille où Rodrigue demande au Comte: «Sais-tu que ce vieillard fut la même vertu, la vaillance et l’honneur de son temps?».

Le changement de vocabulaire traduit un changement de mentalité. Ce n’est pas la langue qui a changé, c’est le regard que notre société pose sur la vieillesse et sur les «vieillards» qui est devenu inavouable, au point qu’elle préfère le cacher derrière des périphrases et des acronymes.

Autrefois tout être humain pouvait espérer obtenir un jour un minimum de respect en raison de son grand âge, de l’expérience de toute une vie et de la sagesse qui était supposée en résulter. Même si c’était une vision quelque peu utopique de la vieillesse, on pouvait se dire qu’elle n’avait pas que des inconvénients et l’attendre avec sérénité.

Aujourd’hui les vieux ne sont plus la mémoire de la société, nos archives nous paraissent plus fiables. Leur expérience ne nous est plus d’aucune utilité, la plupart des outils dont nous nous servons étant apparus alors qu’ils étaient déjà trop âgés pour apprendre à les maîtriser. Que leur reste-t-il à part l’affection de leur proches? Et surtout: que reste-t-il à ceux qui n’ont même plus de proches?

Notre société est tout entière vouée au culte de la jeunesse et de la nouveauté. Et le drame est que, cette société, c’est la génération de nos «vieux» qui nous l’a léguée. Et, à voir (entre autres anomalies) le succès incompréhensible de la chirurgie esthétique, la nôtre n’a pas fait mieux.

12)
ysengrain
, le 26.09.2011 à 13:20

@ soheil : tout à fait d’accord avec toi. Nos sociétés “planquent” les vieux comme l’histoire a planqué les malades et les morts dans “l’ordre cannibale”.

13)
Modane
, le 26.09.2011 à 13:22

Je crois me souvenir que, physiologiquement, on “vieillit” à partir de 25 ans (Ysengrain?). Ça laisse le temps de s’y habituer, non? ;)

14)
ysengrain
, le 26.09.2011 à 13:33

Mais non Modane !! Pas 25 ans, mais à mon sens ça mérite une référence que je ne possède pas, ça commence au moment de la fusion spermatozoïde-ovule, non ?

15)
Modane
, le 26.09.2011 à 13:42

>Ysengrain : Je croyais avoir lu (mais où? Et de qui?…) qu’il y avait une sorte de “pli” dans le développement et la multiplication des cellules, et qu’à une certaine échéance, toutes ne se répliquaient plus, ou plus aussi bien. Et que c’était en quelque sorte, le début de la “décrépitude”. (Oh, le vilain mot!…) :) Tu confirmes?

16)
ysengrain
, le 26.09.2011 à 13:45

Je ne sais pas. Mais je sais que c’est plus complexe et en tout cas beaucoup plus multifactoriel.

17)
Saluki
, le 26.09.2011 à 14:36

La “femme de 30 ans”. Au XIXe, c’était une quasi-vioque

Edit : j’avais écrit : “au siècle dernier…”

18)
Blues
, le 26.09.2011 à 16:59

il y a encore plusieurs pays où entre 30 et 35 on est “vieux” pas forcément d’apparence mais par rapport à ce qu’il leur reste à vivre (espérance de vie 40-45 = reste 10 ans à vivre). Au Népal un gars me disait qu’il avait 35 ans et qu’il remettait son affaire à son garçon de 15 ans, car il estimait qu’il n’en avait plus que pour quelques années à vivre et qu’il voulait en profiter au mieux (bon c’était en 79, les choses on peut-être changé)

19)
pcst
, le 26.09.2011 à 22:28

Leçon évidente: profitez du moment, c’est toujours cela de pris ! Surtout, comme le dit madame Poppins, avec ceux qui vous sont chers.

Toute ma sympathie, et merci pour ce précieux conseil ! Luc

20)
Zallag
, le 27.09.2011 à 08:11

Avec un peu de retard, je voudrais tout de même rappeler que la retraite est un choc énorme dans la vie de tout un chacun, et qu’il faut s’y préparer, à mon avis. Parce que recevoir de nombreux courriels chaque jour pendant des années, rencontrer des dizaines de personnes, et d’un jour à l’autre, relever son courriel une ou deux fois par semaine, y trouver parfois un ou deux messages, rencontrer deux ou trois personnes en dehors de son conjoint ou de ses proches certains jours, c’est un sacré choc.

Pour ceux des lecteurs de Cuk qui peuvent revoir des émissions de la Télévision suisse romande, je les invite à revoir ce documentaire qui m’avait énormément frappé.

Extrait de présentation de cette émission :

Le passage à la retraite est un cap périlleux : bien des Suisses sombrent dans la dépression après avoir quitté leur vie professionnelle. Perte de repères et d’identité sociale, solitude subite : beaucoup de jeunes retraités ont de la peine à passer du monde du travail à celui de l’oisiveté. Quelques-uns d’entre eux ont confié leurs doutes et leurs difficultés à Temps Présent. Quitter la vie professionnelle n’est pas chose facile. Pour certains, ce cap est synonyme d’ennui, de perte de repères et de solitude… Un chiffre révélateur: 30% des Suisses sombrent dans la dépression une fois à la retraite.

21)
Madame Poppins
, le 27.09.2011 à 21:33

Zallag, intervention si juste : ce n’est pas “pour rien” qu’il existe des cours, organisés notamment par Pro Senectute, en prévision de la retraite : il semblerait que tous mes collègues qui les ont suivis, parfois à leur corps défendant, sont revenus enchantés.

Cela dit, il ne faut pas non s’étonner que la retraite puisse être mal vécue par certains : certaines personnes ont fait de leur profession – environnement prof leur unique raison de vivre, ayant laissé tomber leurs hobbies, leurs amis, au profit de leur dossier. Il est donc fort difficile de réaliser qu’un nom se supprime très vite sur un dossier mais que retrouver des amis perdus pour cause de 60 heures par semaine au boulot, ça prend du temps…

Remarquez, comme je bosse à temps partiel, c’est plus facile de ne pas se laisser entraîner dans la spirale du job.

Allez, bonne… nuit à toutes et tous, merci pour vos messages, ici ou ailleurs.

22)
Smop
, le 18.10.2011 à 16:55

Je réponds avec du retard, j’ai été absent pendant un mois.

Je suis surpris que cet article n’ait pas eu plus de commentaires. La vieillesse est un sujet qui nous concerne tous et il me semble que le lectorat de Cuk n’est majoritairement pas composé de “gamins” pour lesquels les années qui passent ne sont pas (encore) une préoccupation.

Pour ma part, oui, vieillir me préoccupe. En particulier depuis que j’ai passé la barre des quarante ans (j’en ai maintenant six de plus). J’ai longtemps pensé que l’on se bonifiait avec l’âge. Plus besoin de chercher à se prouver quoi que ce soit, moins de dépendance vis-à-vis du regard des autres, plus de sagesse car moins de certitudes, une aisance matérielle qui permet de réaliser des choses auparavant plus compliquées à atteindre, … Mais voilà que depuis quelques années, je vois aussi l’autre versant des années qui passent. D’abord les petits problèmes de santé, qui s’accumulent au point de devenir générateurs de contraintes. Ensuite les questions liées aux rapports avec les “jeunes”, et en particulier celle de la séduction. Et enfin, la “bankabilité” professionnelle, ou autrement dit, la problématique de vendre ses [in]compétences et de valoriser l’expérience de terrain face à des “jeunes”, bien plus flexibles et trois fois moins coûteux pour l’entreprise.

Jusqu’à présent, ma philosophie de vie – comme je l’ai déjà écrit ici – a toujours été de brûler la chandelle par les deux bouts et de profiter autant que possible du présent, en se souciant un minimum des lendemains. Ca m’a, pour l’instant, plutôt bien réussi. Mais je suis aussi lucide, et bien conscient que cela se paiera un jour. Cela dit, en pesant le pour et le contre et en observant la médiocrité de la plupart de mes semblables, qui attendent leur retraite pour “vivre”, je n’ai aucun regret. En conclusion, mieux vaut disparaitre que (trop) décliner…