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Le long des rails à bâtons rompus

Le chemin de fer est mon moyen de locomotion préféré, suivi de près par le vélo.

Cela vient peut-être de mon enfance, dont plusieurs années se sont passées dans un orphelinat à deux pas de la gare de Lausanne. On nous couchait (nous étions très jeunes) vers huit heures du soir, et j’avais parfois de la peine à m’endormir. De temps à autre, on entendait le grincement des trains sur les rails, les sifflements des locomotives, déjà plus à vapeur, mais le bruit est resté, je l’entends parfois aujourd’hui encore. Mais en ce temps-là ces bruits me mettaient, si je puis dire, en route. On entendait (car c’était vraiment tout près) le train démarrer, prendre de la vitesse, et alors je me demandais où j’irais ce soir. Venise, Rome (les trains que j’entendais le mieux étaient ceux qui prenaient la direction du sud), ou alors était-ce le jour où je partais pour Paris ou Londres?

Lorsque j’ai gagné ma vie et que j’ai eu du temps libre, j’ai toujours tenu à voyager en train. Je ne prends l’avion que lorsque je ne peux pas faire autrement. Pour le train, j’ai un abonnement général en Suisse (pour vous, amis français, c’est un ticket valable dans tout le pays, qu’on achète au mois ou à l’année), et je voyage beaucoup.

Quelques-unes des gares de Suisse me sont aussi familières que ma salle de bains. Celle de Zurich par exemple.

Alerte à Zurich HB

Imaginez-vous que vous arrivez dans la cour de votre immeuble, un endroit où vous passez si fréquemment que vous n’y pensez plus. Quelqu’un s’approche de vous au moment où vous vous engagez dans l’espace, et vous prie de vous abstenir: il pourrait y avoir une bombe. C’est ce qui m’est arrivé hier à la gare de Zurich. 

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Les passages bloqués (photo Christoph Landolt)...

Depuis quelques jours, les alertes à la bombe se multiplient en Suisse. Ils en ont même eu une à la TV de Genève. Et je suis tombé au beau milieu de celle de la gare de Zurich. C’est étrange, ce que cela fait, un événement pareil. D’un seul coup, le lieu devient différent. A la gare de Zurich, tout le monde est toujours en mouvement. Là, c’était l’arrêt complet. Les étages inférieurs étaient bloqués, les vendeurs et les clients avaient été évacués. Au niveau où sont les trains, il fallait se tenir loin des ouvertures. Et si on devait prendre un des trains de banlieue qui partent sous terre (c’était mon cas) on était prié d’aller chercher un bus qui fasse le même trajet – on vous aidait même à consulter l’horaire si vous vouliez.

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...et les gens arrêtés (photo Christoph Landolt).

Une foule d’abord modeste, puis de plus en plus nombreuse de gens qu’on bloquait se pressait dans le grand hall. Votre grand hall. Celui que vous traversez deux fois par jour. Un endroit sympa, il y a un ange de Niki de Saint-Phalle suspendu au-dessus des têtes. Eh bien non! à cet instant, ça faisait peur. Bien sûr, chacun de nous pensait que rien ne pouvait lui arriver, personnellement. Et pourtant… On était plus près de l’exceptionnel que d’habitude. 

Pour moi, c’était facile de trouver une alternative au train souterrain que je voulais prendre. Mais pour beaucoup de voyageurs, il n’y avait pas de choix: il leur fallait «leur» train de banlieue. Alors ils attendaient.

La presse, la radio, la TV, la police, ont beaucoup insisté: personne n’avait peur. Pas de panique dans la foule. Ça, c’est vrai, pas de panique. Mais pas peur? Je ne sais pas que vous dire… Même l’ange de Niki était différent. Moins rassurant que d’habitude. M’aurait-il protégé si, au moment où je suis arrivée, à l’instant même où l’alarme a été déclenchée, j’étais tombée en pleine conflagration?

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L'ange de Niki de Saint-Phalle est-il encore protecteur?

Une chose est certaine, et les haut-parleurs n’ont cessé de nous le répéter. Les trains qui ne circulaient pas sous terre partaient et arrivaient à l’heure. Nous sommes en Suisse, n’est-ce pas? 

Qui a lancé ces alertes à la bombe (cinq en quelques jours)? On ne sait pas. Pas encore. Pour quelle raison? Si on sait, on ne nous le dit pas. 

En tout cas, lorsque je me suis engagée dans l’espace de l’alerte –redevenu habituellement paisible – ce matin, j’avais soudain l’impression d’être en territoire étranger. Jusqu’ici, je n’avais pensé à rien de plus catastrophique que de me faire piquer mon porte-monnaie. Mais ce matin, en me demandant qui avait fait peur aux gens en parlant de bombes dans la gare (on n’en a point trouvé, et pourtant on a cherché partout pendant des heures), je me suis dit: et si c’était l’annonce d’une bombe à venir? Tout à coup, ce lieu aussi familier me devenait inconnu, et moi, je ne me connaissais plus très bien non plus.

Il est vrai que je ne me suis pas affolée, ni vendredi, ni aujourd’hui. Dans ce sens, je n’ai pas plus peur qu’un autre. Mais je suis inquiète. Me prend-on quelques-uns de mes repères?

La roue ailée

Laissons la question en suspens, je n’étais pas partie pour vous raconter ça. Je voulais vous parler plutôt du lieu dont j’arrivais lorsque je suis tombée en pleine alerte. Cela s’appelle Flügelrad, la Roue ailée, c’est un bistrot, et il est à Olten.

Il faut vous dire que pour un amateur de trains, Olten, c’est carrément le paradis. Lorsque j’ai commencé à écrire, je voulais situer mon premier roman à Olten, d’où des destins partiraient dans toutes les directions, et arriveraient de toutes les directions. Pour ceux qui ne savent pas, Olten est le principal nœud ferroviaire de Suisse, et un des principaux d’Europe. Ici se croisent et s’arrêtent des trains qui finissent à Istanbul, à Moscou, ou à Hambourg, ou à Liverpool. C’est même une gare qui est faite de plusieurs gares. 

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Quand au bistrot de la Roue ailée, il est aussi près des rails que l’était mon orphelinat, et suivant la table qu’on occupe, on peut voir les convois arriver et repartir. Si en été ils mettent des tables sur le trottoir, on entendra les trains respirer. C’est un lieu très ancien, qui a longtemps été un bistrot où les cheminots faisaient halte. La dernière patronne, qui a pris sa retraite il y a peu, avait appris qu’il est difficile, dans un bistrot ainsi placé, d’éteindre les fourneaux. Les chauffeurs, les mécaniciens, les contrôleurs et tous les autres arrivaient à toute heure. Elle connaissait les horaires des gens presque aussi bien que la direction du personnel des Chemins de fer. Elle voyait un certain train entrer en gare, elle mettait la table, les casseroles valsaient sur les fourneaux, et quand les cheminots entraient, pressés, car ils n’avaient peut-être qu’une demi-heure avant de repartir, le repas était sur la table, la boisson dans le verre.

Et puis, la patronne s’est faite trop âgée, et a cherché à remettre le bistrot. Après 135 ans d’existence, le Flügelrad a bien failli disparaître.

Jusqu’à ce que, presque à la dernière minute, quelques personnes se réunissent, fondent une coopérative et décident de rénover le Flügelrad. Ce sont Pedro Lenz et Alex Capus,  écrivains, et Werner de Schepper, journaliste.

Lorsqu’on leur demande s’ils ont transformé le Flügelrad en bistrot littéraire, ou en tout cas en lieu pour intellectuels, ils se récrient: «Pas du tout! Ici, c’est bière et cuisine maison. C’est un bistrot pour tous, y compris les cheminots et les intellectuels.»

Le cuisinier s’appelle Martin Allemann, et s’il est vrai qu’il fait une cuisine à la fois excellente et avantageuse, il sait aussi être raffiné – il y en a vraiment pour tous, de la saucisse röstis aux desserts élaborés. Je n’ai mangé que deux fois, et je peux vous dire que la saucisse de veau au beurre d’escargot, c’est spécial, que l’assiette de légumes est magnifique, que la tarte aux pruneaux est succulente, et que le flan caramel (un des thermomètres auxquels je mesure la qualité d’un bistrot) est tout simplement sublime.

J’étais allée au Flügelrad vendredi pour rencontrer Alex Capus, un des propriétaires, et un ami, parce que nous travaillons en ce moment à… Mais non. Je ne vais pas vous raconter aujourd’hui ce que nous faisions au Flügelrad. Patientez jusqu’à fin mars. Vous saurez tout!

Le Railway Detective

Et puisque j’en étais aux chemins de fer, je ne voudrais pas manquer de vous parler d’une série de polars qui se passent dans l’ambiance des trains, en 1852, en Angleterre. Ce sont de véritables romans historiques, on apprend énormément de choses sur l’histoire des chemins de fer, sur la construction des wagons et des locomotives, sur l’arrivée du train dans les campagnes et la mentalité des gens qui n’avaient jamais vu ça, c’est une ambiance formidable. C'est un écrivain formidable, Edward Marston.

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Juste pour donner une idée de l'ambiance, voici la gare de Zurich à la même époque.

Il y a plusieurs héros. 

L’Inspecteur Colbeck, surnommé «Railway Detective» parce qu’il a résolu l’énigme d’un meurtre dans un train. Après quoi, chaque fois qu’il y a un pépin dans les trains, on fait appel à l’inspecteur Colbeck. 

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Le premier livre de la série…

Il y a son second, le Détective Leeming, moins flamboyant, mais très efficace.

Il y a Brendan Mulryne, mauvais garçon ex-flic, que Colbeck emploie en cachette de son chef, qui ne supporte pas les flics qui ont mal tourné. Mais bien sûr Brendan n’est que relativement mauvais garçon, c’est un Irlandais généreux et au fond loyal, surtout à Colbeck.

Et enfin, il y a leur chef à Scotland Yard, qui, évidemment, leur met constamment les bâtons dans les roues.

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…et le deuxième.

Sans oublier Madeleine Andrews, que Colbeck rencontre lors d’une de ses enquêtes, et avec qui il entretien un rapport qui finira sans doute, au bout d’un de ces livres, par un mariage. En tout cas ils s’aiment, et (toujours en cachette du supérieur de Colbeck) elle aide parfois son inspecteur chéri.

C’est très bien écrit, on ne s’en lasse pas, j’en ai lu quatre (il doit y en avoir six en tout) et je me réjouis de lire le prochain.

Bon, petit inconvénient (pour certains d'entre vous), ils sont en anglais et si ma visite aux librairies francophones en ligne ne m’a pas trompée ils n’ont pas encore été traduits.

Mais bon, en attendant la traduction, ceux qui lisent l’anglais, si ça leur tombe sous la main… Bonne lecture à eux!

C’est ici que se termine (pour aujourd'hui) cette balade le long des rails.

20 commentaires
1)
ysengrain
, le 18.01.2011 à 07:52

Jusqu’à 16 ans environ, j’ai eu «une période train», et plus précisément un intérêt tout particulier pour les locomotives à vapeur dont la disparition se profilait déjà. Je passais au moins une après-midi libre par semaine à aller espionner les activités d’un dépôt de locomotives, à arpenter les quais d’une gare pour le simple plaisir de voir arriver et repartir ces monuments de plusieurs dizaines de tonnes de ferraille qui m’impressionnaient tant. Un jour, un des machinistes ayant remarqué ma présence auparavant me demande ce que je fais là. Après quelques échanges, il me propose de l’accompagner devant convoyer la locomotive (électrique) «à l’autre bout de Paris». 3 heures dans le poste de pilotage !!!

Quelques semaines après, je «m’organise», en plein hiver, un voyage sur une locomotive à vapeur entre Paris et Reims. Et là, ce fut la découverte d’un monde: celui de la promiscuité en raison de l’étroitesse de la plateforme de conduite où nous étions 4 au lieu de 2 habituellement. Et puis le chauffeur qui devait sans cesse alimenter le foyer de la chaudière en charbon à grands coups de pelle (d’une impressionnante surface cette fois). Enfin, l’enfer énorme du bruit, du sifflement du vent, et le nec plus ultra de l’insupportable chaleur à laquelle le corps est exposé, tandis que l’autre transpire allègrement …. au vent et au froid….. Je comprends la retraite à 55 ans pour les gens exposés à ça.

Après une semaine au lit avec une énorme bronchite et 40 de fièvre, je me suis «un peu éloigné des chemins de fer».

Un dernier mot. Super le TGV, mais je comprends beaucoup moins bien la retraite à 55 ans pour les conducteurs de TGV.

2)
Guillôme
, le 18.01.2011 à 11:57

Pour moi, train rime avec retard, monopole, grève, kafkaïen, cher, usager…

Alors pour le rêve en partant d’un train, c’est pas gagné en ce qui me concerne…

3)
zit
, le 18.01.2011 à 13:41

Ah, les trains, connaissez vous le magnifique film de Wim Wenders, Tokyo ga? dont vous pouvez avoir un aperçu (de bien piètre qualité) ici, dans lequel les trains ont, à plusieurs titres, une importance non négligeable.

Autre son de cloche dans « Contre–jour » de Thomas Pynchon : je vous la fait brève, mais l’idée, c’est qu’il existe un lien très fort entre l’essor du capitalisme et la colonisation (du territoire US) et le cheval de feu… De même en Europe, et en fait, partout où le train est arrivé…

Sinon, je me souviens d’avoir vu fonctionner une locomotive à vapeur de la fenêtre de chez mes grands–parents qui donnaient sur la voie de la petite ceinture, j’en suis encore tout ému.

Autre souvenir de bruits, de matières et de couleurs, les Sprague, je me sent vraiment vieux tout d’un coup, le temps où les métros parisiens étaient en bois !

Et une autre fois, alors que j’était en train de faire des panoramiques (avec pied et rotule et tout et tout) de l’avant d’un TGV sur un quai de la gare Montparnasse, avant de monter dans le train, un quidam engage la conversation au sujet de ce que je suis en train de faire, et il me dit :

« Ah, mais vous prenez donc ce train là ? Et bin montez, je vous emmène ! »

Et il a sorti une clef et ouvert la porte de la motrice : Paris–Nantes dans le coquepite d’un TGV ! Une sacré expérience…

z (SNCF = Sur Neuf Cinq Fainéants, je répêêêêêêêêêêêêête : Savoir Nager Comme Fernandel *)

* D’après Jean–Bernard Pouy, grand spécialiste s’il en est

4)
Matkinson
, le 18.01.2011 à 13:50

Pour moi c’est depuis que je suis en Suisse que j’ai repris goût aux voyages en train. Par contre, dès que je retourne en France, c’est la honte: grèves à un tel point qu’elles sont juste indécentes à mes yeux (les “préventives” maintenant…), retards systématiques, personnel désagréable au possible, et j’en passe, sans même parler du tout-TGV qui met une grouille pas possible dans des régions qui auraient bien besoin de lignes de train en état de marche.

Les CFF à côté, c’est le paradis je vous dis.

5)
ysengrain
, le 18.01.2011 à 14:52

C’est la “lutteu finâààleu” ….

6)
Anne Cuneo
, le 18.01.2011 à 16:07

Je suis d’accord avec ceux d’entre vous qui se plaignent des chemins de fer français. Il y a les grèves etc., il y a les retards, le matériel pas toujours à la hauteur, mais de mon point de vue, il y a surtout la politique face aux trains: on a misé sur les TGV en supprimant les petites lignes, ou alors en les négligeant à tel point que ç’en est honteux.

Cela n’a rien à voir avec la capacité de la France à avoir des trains performants. C’est la politique qui est à s’arracher les cheveux.

Je me souviens du jour où j’ai voulu (naïvement) aller de Paris à Poitiers avec un omnibus, pour m’arrêter éventuellement. Pas possible. Ligne supprimée.

Cela dit, cette contribution voulait parler du train en général, et non de la politique des transports. Encore que je sois d’accord que la vision qu’on a du train en Suisse ou en France, ce n’est pas pareil…

7)
Saluki
, le 18.01.2011 à 19:02

Deux ou trois choses que je sais d’elle…

Gamin, j’allais lire “La Vie du Rail” chez la voisine de l’étage du dessus. Voisine, car son mari “faisait” les trains de nuit. Ça m’a marqué, au point que mon cursus affiché (“Tu seras ingénieur, mon fils…”) me convenait fort bien, voie (voie…) royale pour autant qu’elle menât à la SNCF.
Les concours en ont décidé autrement, mais je me suis vite rattrapé : mon fils est né en Septembre, et dès la Noël suivante, il bénéficiait de son premier train Hornby.

Pour ce qui est de la qualité de service, pendant 18 mois, j’ai fait quasiment chaque semaine, Paris-Mulhouse, aller et retour, en TGV. J’ai totalisé 14 bons de réduction, c’est-à-dire 14 retards de plus d’une demi-heure.

Si je veux faire Paris-Bâle, Direct, par chez moi, en Champagne, c’est l’une des dernières, voire la dernière grande ligne internationale qui ne soit pas électrifiée, de vieilles Diesel à bout de souffle. Une honte… qui dure 5 heures 40. Un Troyen fait plus vite de venir à Paris et prendre le TGV pour Strasbourg-Mulhouse-Bâle que de faire le poireau par Culmont-Chalindrey (svp, pas de contrepèterie dans le premier nom…) et Belfort.

8)
Modane
, le 18.01.2011 à 19:10

J’allais au collège à vélo. La ville était à trois kilomètres de chez moi, par la route du haut. Nous y allions en groupe, la bande du village, petits et grands mélangés.

Il y avait toujours quelqu’un, et souvent moi, pour lancer : “Et si nous passions par le bas?”

La route du bas était plus longue de quelques kilomètres, mais elle avait un avantage : deux passages à niveaux, la ligne pour Paris et la ligne pour Pontoise. Deux occasions de se retrouver bloqués derrière les barrières, à espérer, tremblant, le passage des monstres métalliques, toutes bielles dehors, crachant furieusement leur vapeur, et deux occasions de traverser ensuite, dans les pans de fumée, dans les odeurs de graisse et de charbon, le passage délivré du danger.

Vive le train!

9)
Migui
, le 18.01.2011 à 21:50

Les trains: un moyen de transport que j’aime énormément, mais impossible dans mon cas. On oublie trop souvent que, de centre-ville à centre-ville, c’est très bien, mais en-dehors de cela, c’est souvent difficile, voire impossible.

Un beau souvenir? L’émission “Des trains pas comme les autres”, qui, à vingt ans, m’a permis de voyager à bon compte jusqu’au bout du monde. Je me souviens notamment d’un numéro consacré au train qui grimpe au Machu Picchu. Du pur bonheur!

Anne, j’ai souri par rapport à ton “test du flan”: en ce qui me concerne, je fais un peu la même chose, mais avec la crème brûlée!

Chacun son caramel!

10)
AdMem
, le 18.01.2011 à 21:58

Hum ! Bon. Les SBB CFF FFS ne sont pas parfaits non plus. Citons les augmentations de… tarifs qui pointent. Et le manque de financement pour l’avenir. Vous avez dit politique ? ;-) Mais question service, c’est vrai que cela reste très bien. Espérons que cela dure !

11)
Madame Poppins
, le 19.01.2011 à 00:22

Durant des années, à chaque vacance scolaire, je faisais six heures et demi de train. Six heures et demi de liberté, à pouvoir passer d’un wagon à l’autre, à observer les gens, à discuter parfois, à rêvasser en regardant un paysage pourtant connu mais tout le temps changeant, à lire souvent.

Le même trajet en voiture n’aurait été que déviation, bouchons, travaux et stress.

La gare de Zürich, je l’aime surtout pour cet ange, magnifique : je ne vois pas comment il pourrait être autre chose que protecteur.

12)
M.G.
, le 19.01.2011 à 08:04

Permettez au Dakarois que je suis depuis bientôt cinquante-quatre ans (et à ce titre voyageant plus souvent en avion qu’en train) de vous raconter des souvenirs de trains… en France.

C’était l’époque où ma mère vivait en Normandie, à Briouze. J’y séjournais pendant les vacances scolaires.

Chaque soir en été, j’allais attendre l’arrivée du Paris-Granville pour admirer la locomotive. Tout a été dit et écrit sur l’impression de puissance et de magie mécanique que dégageait une « 241 P » à l’arrêt.

Au coup de sifflet libérateur du Chef de Gare, le conducteur envoyait la vapeur et la machine s’ébranlait… Doucement d’abord, puis sa vitesse augmentait au gré de l’action du conducteur sur ses manettes. Il lui fallait beaucoup de doigté pour éviter le patinage des roues sur les rails pendant les premières dizaines de mètres !

La taille de la bête, ses roues énormes, son embiellage si complexe me laissent encore aujourd’hui un sentiment d’admiration pour les hommes qui l’avaient conçue et pour ceux qui la conduisaient.

Des années plus tard, en juillet 1995, un Paris-Lyon-Paris dans la journée en TGV m’a montré que le temps de la Vapeur était bien révolu. Cette sorte de tapis volant qui parcourt la campagne en silence à plus de 300 km/h n’évoque vraiment plus la magie d’antan. En revanche, il semblerait que leur conducteur bénéficie toujours d’une « prime d’escarbilles » !

13)
Le Corbeau
, le 19.01.2011 à 09:01

<mode humeur mauvaise>

@ MG, faut arrêter avec les fantasmes de prime d’escarbille ou autre qui ne sont qu’un ramassis de mensonges et n’ont jamais existé, même du temps de la vapeur.

@Ysengrain et autres Faut pas hésiter à se faire embaucher comme conducteur, la SNCF a des difficultés à recruter malgré les conditions mirifiques que vous décrivez. Avec un BAC scientifique, vous pourrez toucher 1600 euros net par mois au départ et aurez la joie de coucher n’importe où, avoir des horaires décalés. En plus, vous n’aurez pas à vous soucier de votre vie de famille.

Sur les retard
Il faut connaître avant de critiquer, je rappelle que c’est l’état qui est propriétaire et qui mène depuis des années une campagne sur ces feignasses de cheminots qui sont là a rien foutre.
Donc on supprime ceux qui sont dans les gares à toucher du pognon assis (les astreintes). les cheminots, c’est pas des conducteurs de bus, ils passent d’un train à l’autre tout au long de leur service. Donc maintenant, plus personne pour remplacer le conducteur ou le contrôleur, bloqué dans le train en retard, d’où, un autre retard, qui en entraînera un autre etc.

Quand au matos pourrave, il faut savoir que l’état exige que la SNCF fasse du bénéf pour encaisser les dividendes et se rembourser des tarifs sociaux. Donc après avoir vendu, les immeubles et le matériel, comme toute société capitaliste, on délaisse ce qui n’est pas rentable, lignes transversales et secondaires.

<mode humeur mauvaise>

14)
ToTheEnd
, le 19.01.2011 à 09:29

Allons allons, si la Cour des comptes a dénoncé il y a quelques semaines la SNCF et la RATP, ce n’est pas pour rien… Je cite “La Cour égratigne par ailleurs les comptes des deux opérateurs publics, jugés ” trop opaques”, notamment les comptes du Transilien (le service des trains de banlieue de la SNCF) qui n’a tout bonnement pas de comptes indépendants et certifiés. “Le Stif ne peut même pas savoir combien ces trains emploient de cheminots !”.

C’est bien de toujours cracher sur les boites privées et le grand capital mais n’importe quelle boite cotée en bourse qui présenterait des comptes aussi opaques aurait un management en prison…

15)
Inconnu
, le 19.01.2011 à 10:00

le train pour moi, c’est quand je rentrais le week-end du pensionnat. Ou quand je rentrais en perm de l’armée pendant mon service (La Ciotat-Mulhouse, c’est beaucoup d’heures de train….) Alors maintenant j’évite. D’autant que c’est tout de même extrêmement peu fiable en France.

16)
Anne Cuneo
, le 19.01.2011 à 12:07

Oh! là là… J’ai écrit une contribution sur mon amour des trains, et voilà que ça déclenche une polémique politique. Ce n’est pas que ça ne m’intéresse pas, au contraire.

Je constate que la gestion des CFF est (en dépit de toutes les réclamations) meilleure que cella de la SNCF, et ce qui ressort du ton général c’est que les dysfonctionnements (et la politique des transports) français ont obscurci le plaisir du train. D’autant plus que question prix, je constate que si l’on sort des prix faramineux proposés dans des actions faites pour des gens qui planifient leur voyage six mois à l’avance, les chemins de fer français sont aussi chers que les suisses.

Cela dit, lorsque je pense à ce qui se passe en Angleterre (je suis grande usagère des trains là-bas), je trouverais plus prudent de ne pas m’engager sur un débat privé-public dans ce cadre-ci.

17)
Anne Cuneo
, le 19.01.2011 à 12:18

@ MG, faut arrêter avec les fantasmes de prime d’escarbille ou autre qui ne sont qu’un ramassis de mensonges et n’ont jamais existé, même du temps de la vapeur.

Je trouve qu’il faut laisser à chacun ses souvenirs, Corbeau. Désolée de t’avoir mise de mauvaise humeur, mais le fait est que des gens qui ont aimé le train lorsqu’ils étaient enfants et qui s’intéressaient aux locomotives à vapeur, il y en a encore pas mal. Sans compter ceux de leurs enfants qui vont chercher de vieilles pièces pour reconstituer une locomotive, j’en connais moi-même. Et sans parler de ceux qui sont tout aussi fada des locomotives électriques.

Pour le reste, je suis d’accord avec toi.

@Marc l’Africain, tu devrais vraiment lire le Railway Detective, il y a des descriptions de locomotive et des explications sur les engins qui t’enchanteraient.

18)
Matkinson
, le 19.01.2011 à 13:08

Cela dit, lorsque je pense à ce qui se passe en Angleterre (je suis grande usagère des trains là-bas), je trouverais plus prudent de ne pas m’engager sur un débat privé-public dans ce cadre-ci.

Sauf erreur, la situation était déjà catastrophique en Angleterre avant même de privatiser les chemins de fer. Après, si c’est vrai ou pas…

19)
Anne Cuneo
, le 19.01.2011 à 15:19

Sauf erreur, la situation était déjà catastrophique en Angleterre avant même de privatiser les chemins de fer

Je te renvoie au film de Ken Loach The Navigators, il explique parfaitement les choses. Il y avait certes une décision politique à prendre à ce moment-là, mais la privatisation n’était peut-être pas la bonne. En tout cas elle a créé la vraie catastrophe (et LES catastrophes avec morts d’hommes, de femmes et d’enfants). Ken Loach et son scénariste (ex-cheminot) ont très bien expliqué cela.

20)
Matkinson
, le 19.01.2011 à 15:21

Je te renvoie au film de Ken Loach The Navigators, il explique parfaitement les choses.

Ah connaissais pas. Je vais voir ça alors. Merci pour le tuyau! ;-)