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M. Liminal, un piano extraordinaire dessiné sur Mac

J’ai reçu il y a quelques semaines un mail de lecteur qui me disait ceci:

Bonjour,

Depuis que le Mac existe, je n’utilise que lui. Je suis en quelque sorte un fan d’Apple sans en être un fanatique. Je voulais vous montrer ce que l’on peut obtenir en matière de design avec Amapi Pro et Carrara dans un premier temps et ensuite sa réalisation effective par un fabricant italien.

Suivaient quelques liens, qui m’ont amené vers un piano absolument époustouflant, le M. Liminal, dessiné sur Mac donc, par Monsieur Philippe Gendre.

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Bien sûr, ce piano, il est très beau, mais, un peu refroidi par certaines réalisations certes magnifiques, mais parfois (j’ai bien dit parfois!) peu pratiques (suivez mon regard vers un truc à pépins), j’ai demandé quelques renseignements supplémentaires à Philippe, qui m’a immédiatement rassuré.

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Comme j’avais la chance d’avoir sous la main visiblement un artiste qui fait aboutir un défi magnifique, je lui ai demandé de me raconter l’histoire de M. Liminal, un piano exceptionnel.

Je lui cède donc la parole.

Cette histoire a quelque chose de magique. NYT Line est une marque de très grand luxe pour qui ce très grand luxe – chacun est libre de penser ce qu’il entend par luxe, ce qui fait que nous aussi avons notre définition -, c’est d’une part de pouvoir disposer de temps et d’espace sous réserve du respect des autres, sans ostentation, et d’autre part la culture et la générosité.

NYT Line a aujourd’hui une quarantaine de produits à commencer par du mobilier.

NYT Line et son comité de direction, qui possède une gardienne du temple de son éthique veut donner un sens aux objets qu’il propose. Or le seul lien qui existe entre la décoration et la culture (en ne prenant pas en compte les œuvres d’art comme un tableau ou une sculpture, car ce sont avant tout des œuvres et secondairement de la décoration) c’est le piano à queue.

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En effet, l’œuvre d’art est le son qui en sort qui nécessite un pianiste, le meuble en lui-même pouvant être considéré comme un objet de décoration à tel titre que nombre de personnes qui ne jouent pas de piano en achètent un pour décorer leur loft ou leur maison californienne.

Pour nous c’est différent, un piano est avant tout un instrument de musique, c’est pourquoi Stefan Cassar virtuose de grand talent d’un toucher extraordinaire et d’une grande sensibilité, a été associé dès le début à cette aventure.

Cette idée de piano a germé à New York en mai 2005 lors d’un salon où NYT Line exposait et où il y avait une marque de piano très connue. Cette idée du pont entre la culture et la décoration est devenue là-bas évidente.

Un premier dessin a été fait en juin.

Ce dessin a été réalisé sur un Mac, car depuis qu’il existe je ne travaille que sur lui.

J’ai utilisé Amapi et Carrara.

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Une image de synthèse…

Je l’ai présenté à cette marque qui était intéressée, mais qui traînait pour donner sa réponse définitive. Or la décision avait été prise de présenter ce piano à Cannes le 13 septembre 2006, il fallait faire vite.

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Le 3 mars, fatigué de l’attente, je prends contact avec Claude Tordjmann l’agent de Fazioli à Paris. Il me dit que ce dessin est ” mortel ” et qu’il faut que je laisse tomber l’autre marque et que je fasse le piano avec eux.

Rendez-vous est pris à Musicora le 13 mars avec Paolo Fazioli. À l’issue de la rencontre, car si ce piano devait être prêt pour le mois de septembre il fallait vraiment faire vite, il est fixé une réunion avec le chef du bureau d’étude de Fazioli à Sacile (60 km nord-est de Venise et ses gondoles) pour le vendredi suivant.

Ce jour-là, Paolo Fazioli décide la fabrication du piano, une semaine après le contrat est signé et juste 6 mois jour pour jour après notre première rencontre le M. Liminal est présenté en première mondiale.

Ce piano est fabriqué à base d’un F 183 de Fazioli. Il a fallu travailler en étroite collaboration  surtout avec Loris Lucchese, du bureau d’étude, pour que le Fazioli entre dans le dessin qui a été adapté. Puis une maquette a été faite au quart, ce qui a permis de voir ce qui clochait dans les proportions. C’est le dessin qui s’est adapté au piano et non l’inverse.

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Il a fallu trouver la bonne teinte rouge par exemple. 4 mois de collaboration avec parfois plusieurs contacts par jour et 3 voyages en Italie.

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En fin de compte le M. Liminal embarque la même mécanique, les mêmes marteaux, le même clavier, les mêmes cordes, la même table d’harmonie, le même cadre qu’un F 183. Les différences de ce côté-là sont minimes si on regarde les différences du meuble : la ceinture est plus basse de 7 cm ce qui a un effet esthétique majeur: le cordage, le cadre et la table d’harmonie sont mieux visibles et un effet positif pour le son. Or ce qui fait la musique dans un piano c’est le pianiste bien sûr, mais du côté du piano c’est évidemment ce que le M. Liminal montre le plus : ses cordes fixées sur le cadre qui font vibrer la table d’harmonie.

Fazioli a été appelé la Ferrari des pianos. Il est un des 3 plus grands facteurs de pianos au monde, mais est le seul fabricant à ne faire que des pianos à queue. La crainte était que la forme du meuble, son pied central unique et cet habillage imposant, joue un mauvais tour à la sonorité.

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Or ce piano a un son extraordinaire, long et puissant, aux harmoniques riches. Le piano d’origine est un F 183, un excellent piano, le M. Liminal ne pouvait qu’être bon, mais la surprise a été stupéfiante.

Stefan Cassar a eu la joie de jouer dessus le 14 septembre dernier pour le tout premier récital public (Chopin et Liszt notamment Méphisto Valse). Il était ému d’inaugurer ce piano et empli d’un grand bonheur à la fin du concert.

Un autre pianiste comme Deminenko l’a aussi trouvé sans comparaison. Tous les pianistes qui passent à l’usine le trouvent magnifique et adorent son toucher et son son.

L’engouement est aussi présent à l’usine. L’employé qui a fabriqué la structure interne du piano prétend qu’à la différence d’une œuvre d’art contemporaine qui plaît instantanément puis lasse parfois ensuite, ce piano plaît d’un coup, puis plus on le regarde, plus on le découvre et plus on l’aime. Si le dessin est une chose, c’est la réalisation qui fait presque tout, et Fazioli a réalisé une merveille.

Tous les détails sont poussés jusqu’à l’art. Les vis du capot sont alignées par exemple, le vernis polyester brille comme un miroir. Mais avant tout chez Fazioli ce sont des amoureux de la musique et c’est le moteur de ce piano qui est fabuleux. On peut dire que le meuble est un écrin qui met en valeur un bijou et que cet écrin est lui aussi un bijou. On voit comment la plage arrière met en valeur le cordage et comment le côté gauche tout en courbe donne l’envie de le toucher quand son côté droit en parfaite asymétrie assez stricte donne envie de le respecter.

L’esthétique a un rôle dans l’affaire, car un musicien n’est pas un aveugle et un piano comme celui-ci lui apporte une envie supplémentaire de jouer. Il transmet un flux émotionnel plus important. Par exemple, Stefan Cassar est extraordinairement visuel. Il aime se promener et lever les yeux pour voir tout dans les architectures qui se présentent à lui.

Un tel piano ne peut qu’affiner sa sensibilité. Cette esthétique magnifie la musique. Toute l’histoire du M. Liminal est magique.

Philippe Gendre

Merci Philippe est un grand bravo pour votre travail absolument magique. Et bravo à la marque Fazoli qui a eu le courage de se lancer dans cette aventure. Vous êtes tous des passionnés, c’est beau!

J’ajoute quelques liens:

Une vidéo qui montre votre piano

Les photos en haute définition.

Les images de synthèse du piano.

24 commentaires
1)
satellio
, le 09.12.2006 à 03:17

Belle histoire, beaux créateurs. Magnifique objet.

2)
GATTACA
, le 09.12.2006 à 04:02

Bien sûr, ce piano, il est très beau, mais, un peu refroidi par certaines réalisations certes magnifiques, mais parfois (j’ai bien dit parfois!) peu pratiques (suivez mon regard vers un truc à pépins), j’ai demandé quelques renseignements supplémentaires à Philippe, qui m’a immédiatement rassuré.
C’est quoi le truc à pépin ?

3)
Lou
, le 09.12.2006 à 07:22

Un objet incroyable ! Bravo à son concepteur !

4)
jp
, le 09.12.2006 à 09:44

C’est beau !

5)
Iris
, le 09.12.2006 à 10:42

Dire qu’il y a quelques années, la maison Fazioli avait un “show room” à Chavannes, dans des locaux de l’ancienne usine Perrier… Il y avait là toute leur gamme (hi,hi,hi ) de pianos, y compris le F308 qui mesure 3m 08 de longueur! De quoi s’en mettre plein les yeux et les oreilles.

C’est un bel objet que ce M.Liminal. Reste plus qu’à relooker les violons qui ont pris un sacré coup de vieux.

6)
Guillôme
, le 09.12.2006 à 12:25

J’y connais rien en piano mais MacBidouille avait fait une petite news sur ce piano et dans les réactions, les “experts” disaient : “quelle horreur, un piano à un pied a déjà été testé 100 fois et c’est de la grosse beeeep, un piano à un pied produit des sons pourris…”…

Alors, info ou intox?

7)
Gr@g
, le 09.12.2006 à 14:43

j’veux bien qu’on me le prête et je te répondrai après Guillôme!!!

J’adorerai pouvoir essayer un si magnifique objet!!!

8)
François Cuneo
, le 09.12.2006 à 14:50

Guillôme, si Philippe prétend que tous les musiciens le trouvent génial, ce n’est pas un commentaire d’un “expert” qui va tout remettre en question, en tout cas pour moi.

Surtout que l’expert ne l’a visiblement pas essayé.

Un gros problème sur ce net, où les gens ont des avis sur tout sans avoir essayé les choses.

Donc faisons confiance aux gens qui ont touché.

9)
ToTheEnd
, le 09.12.2006 à 14:59

Bon, très jolies lignes, mais un pied qui est grossier à mon avis. je trouve qu’il ne s’intègre pas très bien dans la fluidité de l’objet… (les goûts et les couleurs hein…)

GATTACA: François parlait des pianos Renault… piano ou voiture, même combat!

T

10)
Inconnu
, le 09.12.2006 à 19:38

Ah bon? pour le truc à pépins, j’aurais pensé à Apple :)

11)
Inconnu
, le 09.12.2006 à 19:39

Bon, il est joli c’est certain, mais est ce qu’on peut le relier à son mac pour jouer dans GarageBand?

12)
sircowley
, le 10.12.2006 à 11:07

L’effort et le travail investis sont impressionnants, mais pour réaliser une chose aussi laide et peu élégante (avec ce poteau central, on sent les centaines de kilos que pèse cette chose), c’est quand même dommage. C’est là ou le design veut plus rien dire. C’est surtout sur la photo vers l’intérieur où on voit qu’on a déguisé un vrai piano, on voit la courbe du piano d’origine (courbe qui est indispensable au bon son de l’instrument, il y a une finalité là-dedans est ce n’est nullement aléatoire, la preuve, elle y est toujours), et l’habillage droit et rectiligne autour, me rappelant la forme d’un cercueil. C’est n’est pas parce qu’on peut faire n’importe quoi avec nos petites machines qu’il faut vraiment le faire. Bon, à la Star’Ac, ça devrait attirer l’admiration, parce qu’on a enfin renouveler le piano.

13)
Inconnu
, le 10.12.2006 à 11:21

C’est une sculpture qui peut satisfaire l’intellect, beaucoup de travail, mais qui n’a rien à voir avec la Musique.

14)
kostoglotov
, le 10.12.2006 à 15:06

Idem. Je suis ébahi par le travail réalisé, mais le résultat me paraît au final assez décoratif et un peu prétentieux. Les photos d’atelier sont éloquentes : on se rend par exemple compte que le pied est une structure métallique lourde et grossière que l’on a joliment “carossée” avec du bois peint …

15)
Gr@g
, le 10.12.2006 à 20:30

La décoration n’a-t-elle pas pour but de rendre esthétique quelque chose de pratique?

Sans décoration (la carrosserie) toutes les voitures se ressembleraient encore davantage que maintenant.

Je pourrais lister bien des objets courants dont la décoration permet d’amener autre chose que l’aspect pratique. Certains parlent de design, mais pour moi, ça revient à peu près au même.

Je terminerai par une question: le Mac (l’objet, pas l’OS) est-il très différent “décarossé” d’un PC??? ;o)

16)
François Cuneo
, le 10.12.2006 à 22:52

L’effort et le travail investis sont impressionnants, mais pour réaliser une chose aussi laide et peu élégante (avec ce poteau central, on sent les centaines de kilos que pèse cette chose), c’est quand même dommage. C’est là ou le design veut plus rien dire. C’est surtout sur la photo vers l’intérieur où on voit qu’on a déguisé un vrai piano, on voit la courbe du piano d’origine (courbe qui est indispensable au bon son de l’instrument, il y a une finalité là-dedans est ce n’est nullement aléatoire, la preuve, elle y est toujours), et l’habillage droit et rectiligne autour, me rappelant la forme d’un cercueil. C’est n’est pas parce qu’on peut faire n’importe quoi avec nos petites machines qu’il faut vraiment le faire. Bon, à la Star’Ac, ça devrait attirer l’admiration, parce qu’on a enfin renouveler le piano.

Je ne sais plus qui m’avait dit un jour, il y a bien des années de ça, que je ne devais pas dire “c’est dégueux” mais “moi, je n’aime pas”. Ça laissait aux autres la liberté d’aimer…

17)
jeansairien
, le 10.12.2006 à 23:58

“La décoration n’a-t-elle pas pour but de rendre esthétique quelque chose de pratique?”

Je ne suis pas d’accord avec cette conception du design.

Un mac est différent d’un PC AUSSI quand il est décarrossé. Il suffit d’ouvrir un Mac Pro (ou PM G5) pour s’en rendre compte. De plus pour rester sur le Mac Pro, on ne peut pas parler de carrosserie puisqu’en fait sa coque EST sa structure, et c’est exactement ça un bon design. Où chaque partie de l’objet y compris son enveloppe a une fonction. Et justement une tour PC c’est le contraire: une structure sans souci de finition avec un habillage décoratif. Sans parler de l’agencement intérieur. C’est ça que veut dire Sircowley au sujet du piano, c’est exactement la même problématique. Un piano à queue classique a des pieds qui ont la juste forme de leur fonction. alors que le M. Liminal a en guise de pied une structure sans véritable forme qu’on est obligé d’habiller pour qu’elle devienne élégante.

18)
Emilou
, le 11.12.2006 à 09:19

Enfin on ose s’attaquer à l’esthétique séculaire du piano, c’est courageux et l’avis des professionnels témoignent de l’opportunité de cette innovation. Il y aura toujours quelques intégristes, pour critiques, nous savons que ce n’est pas eux qui font avancer le monde.

19)
Saluki
, le 11.12.2006 à 09:34

C’est une pure merveille.

Qui a écouté le son d’un Fazioli joué par quelqu’un d’autre que moi s’en souvient. Adieu Bechstein, Steinway et autres…

20)
kostoglotov
, le 11.12.2006 à 11:41

Pas mal d’instruments dit classiques (contrebasse, violon, guitare …) ont vu leur(s) forme(s) évoluer bien plus profondémment depuis cinquante ans … Et vous semblez oublier que le concept même du piano a lui-même évolué et été décliné à travers toute une série d’approches assez diverses jusqu’à s’en éloigner complètement : synthétiseurs et orgues divers … On me dira “Hà mais ça n’a plus rien à voir ! Ca n’est plus un piano!” … Ce à quoi je répondrai qu’une Fender ou une Gibson, toute éloignée de la guitare accoustique ‘classique’ n’en est pas moins une guitare … Bien sur, c’est une question de terminologie avant tout, puisqu’on parlera plus “clavier” que de “piano” :) … Mais n’en déplaise aux puristes, la filiation est établie. Je veux illustrer par-là que le travail sur ce piano Liminal est, me semble-t-il, purement esthétique et – j’insiste – décoratif. Preuve en est qu’aucune étude préalable n’a été faites sur les implications accoustiques de l’habillage. La démarche consiste simplement à en mettre plein la vue, et si l’instrument y gagne en qualité musicale, c’est apparemment un peu le fruit du hasard. Bref, c’est peut-être très joli aux yeux de certains, mais je ne peux m’empêcher de comparer cette réalisation à ces gens qui, dans les années 80, prenaient une Corvette ou un van Bedford et le transformaient en navette spatiale à grand renfort de tôle soudée, d’aérographe, de spoiler et de feux de toit. La mécanique était peut-être belle et bonne, mais le résultat se voulait résolument tape-à-l’œil … J’ai l’impression qu’ici, on se laisse un peu impressionner par la “noblesse” de l’instrument (un piano à queue, Fazzioli qui plus est).

Pour revenir sur la question du design en général : amha, un “bon” design, comme le disait jeansaisrien, c’est l’interaction, l’adéquation entre le ‘contenu’ (la fonction) et le contenant (la forme, les matériaux). S’il avait vraiment été question de s’attaquer à l’esthétique séculaire du piano, il aurait fallu logiquement repenser le fonctionnement mécanique interne de la bête, car après deux siècles d’évolution, les formes actuelles du piano à queue ne sont pas le fruit du hasard. Finalement, j’ai presque envie de dire qu’un piano droit est une évolution du design du piano à queue nettement plus radicale que l’habillage d’un piano de luxe qui donne ce machin carrossé en soufflerie. Bref, je n’aime pas.

21)
Blues
, le 11.12.2006 à 13:59

Perso, j’adore le design du Piano, mais j’aime moins le pied (des goûts et des couleurs même qu’il est gris). Pour moi, c’est: tant que le premier rôle d’un instrument qui est de sonner parfaitement est atteint… le design vient donc après, et si de plus il est réussi, alors c’est le délire… car comment ne pas s’attacher à un instrument qui en plus est beau (et vive les Macs)

encore un bouffi qui a jouer avec un soft 3D et crois révolutionner l’achitecture…

dans le genre original qui risque de révolutionner… et qui j’espère sera une réussite au final (puisque pas encore construit) voici une architecture plutôt osée (attention fichier .pdf)

22)
mliminal
, le 12.12.2006 à 22:35

D’abord merci à François Cunéo d’avoir pris sur son temps pour cette nouvelle et d’y avoir consacré tant d’espace. Merci à ceux qui trouvent ce piano beau. Quant aux critiques certaines peuvent être fondées, libre à chacun d’aimer ou non le dessin. Ce qui est étonnant pour moi c’est que cette histoire ait pu avoir ieu. Cela peut donner un espoir raisonné que tout n’est pas toujours impossible, il existe quelques miracles. En ce qui concerne la critique de la musicalité qui n’est qu’un hasard, il me semble que le texte a été mal lu, car en effet un pianiste, Stefan Cassar a été associé à ce projet, de plus tout dépend du pianiste. Certains ne sont sensibles qu’au toucher, à la sonorité et peu importe le meuble. Ceux-ci ne sont qu’auditifs et tactils (kinesthésiques), et peu importe que le piano soit affreux ou beaux pourvu qu’il ” avance ”. Pour d’autres qui sont visuels, ce n’est pas pareil, un beau piano les motivera plus qu’un piano laid et cela se ressentira dans leur jeu. Le design doit servir la fonction, c’est ce qui devrait être sa définition. Pour ce piano, tout un concept était prévu et certainement pas seulement le design. J’ai mis au point une nouvelle mécanique dont une préétude est en cours avec des ingénieurs de Besançon et le premier prototype de 3 touches verra le jour en février. Cela faisait partie du tout. A ce jour on de sait pas si la pratique va être en adéquation avec la théorie. Si c’est le cas, ce sera une véritable révolution : toucher plus doux allant à plus puissant, réglage possible des étouffoirs, frappe perpendiculaire, rapidité de jeu accrue, plus de double échappement etc. Je ne peux pas en parler plus pour des raisons évidentes. Ceci est pour répondre à cette critique qui dit que seul le hasard entre en jeu dans ce piano. Le fait de faire un pied central par rapport à 3 pieds n’est pas sans conséquence quant à la pression sur la table d’harmonie, et contrairement à ce que pense ce critique l’habillage autour de la ceinture a un effet. En effet plus cette partie est lourde et consistante plus la vibration de la table d’harmonie voit les forces longitudinales contraintes (expension horizontale contrée) se transformant en contrainte verticale, augmentant l’amplitude de la vibration. En d’autres mots : un pied central à la place de trois périphériques et un habillage lourd et solide en périphérie de la ceinture amplifie la vibration de la table d’harmonie et en modifie son fonctionnement. Ceci était une hypothèse émise avant la réalisation et prouvée par le piano fini.

23)
Inconnu
, le 13.12.2006 à 09:12

A mliminal

Très bonne réaction de votre part. J’ai toujours aimé aussi “casser les règles établies”. Et je me pose ou essaye de me poser toujours la question “dans quel but?”. L’important c’est d’essayer, de faire, avoir une “volonté de faire” autre chose, autrement. Attention à ne pas tomber dans les erreurs de certains architectes. “Avant”, une gare était différente d’un Opéra ou d’un grand magasin. Maintenant, vu de l’extérieur, par exemple, l’Opéra Bastille à Paris ne rayonne pas vraiment un lieu qui exprime l’art ou la Musique. D’ailleurs ils ont de vrais problèmes d’acoustique à l’intérieur. Mais on passe outre, en disant : “C’est moderne”. La plupart des projets architecturaux “modernes” font plus penser à des Banques, ou des coffre forts, qu’à ce que se passe réellement à l’intérieur. L’humain semble en avoir été extrait ou robotisé. Comme disait un ami architecte, Slavik, (à l’origine, entre autre, du restaurant “Le Jules Verne” au deuxième étage de la Tour Eiffel), en parlant de l’achitecture de la Défense à côté de Paris: “C’est un concours d’érection!” Créer, changer, mais au service de quoi, de qui.

Je sors un peu du cadre de la discussion, mais je voudrais ajouter que toutes ces “créations” architecturales actuelles me font penser à ces milliers d’esclaves qui ont construit les Pyramides (recevant juste de quoi se nourrir) , au service d’un seul “être”, d’un Dieu(?) humain. Actuellement, il s’agirait plutôt du Dieu “argent”. D’ailleurs, sur les billets de 1 dollar américains, il y a bien une pyramide.

Si, les yeux fermés, une personne ressent plus d’ÉMOTION ARTISTIQUE en écoutant une même oeuvre jouée par un même artiste sur votre piano que sur un Steinway ou autre, alors bravo, continuez.