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20 ans déjà! Et vous, c’était comment la première fois?

Pour les 20 ans du Mac, je vous propose deux petites enquêtes dont voici en ce lundi la première.

Les spécialistes vous le diront, nous nous souvenons de manière très précise des choses qui ont bouleversé notre vie.

Je prends quelques exemples: le 11 septembre, je n'ai pas besoin d'aller voir dans TopAgenda, c'était un mardi.

J'ai appris la destruction des tours à la Place St-François à Lausanne, alors que j'étais sur le point d'acheter un nouveau mobile. Je vois la tête du vendeur et son expression lorsqu'un client a commencé à parler de l'attentat. Visiblement, tout le monde autour de moi était au courant, mais ce moment très précis, je m'en souviens comme si c'était hier.

Autre exemple, moins dramatique, moins fondamental pour le futur de l'humanité mais dont je me souviens avec tout autant de détails: c'était le 14 janvier 1986, un mercredi si je me souviens bien, je passais l'aspirateur dans ma chambre à coucher, et j'entends aux informations (j'avais un walkman FM sur les oreilles) que Daniel Balavoine s'était tué dans un crash d'hélicoptère sur le Paris-Dakar.

Je vous jure que je vois encore, 18 ans après, quelles lames de parquet j'étais en train d'aspirer. Elles sont là, devant mes yeux, c'est incroyable, alors que j'ai quitté cet appartement il y a bientôt 15 ans.

Dernier exemple, quelques jours plus tard, le 26 janvier 1986. Je promène Tialska, mon chien de l'époque, toujours le même Walkman FM sur les oreilles, et aux nouvelles de 17 heures, la nuit étant presque tombée sur la forêt, j'apprends que la navette Challenger a explosé quelques minutes (ou secondes) après son décollage.

Et bien je sens encore l'odeur de l'humus, je vois quels arbres se situaient de part et d'autre du chemin à ce moment-là.

Bref, il est des souvenirs marquants, que nous n'oublierons jamais.

Il en est un autre qui m'a marqué et sans doute, qui a changé le cours de ma vie, même si j'ai un peu honte de l'avouer.

Oh, il ne s'agit pas d'un véritable coup de foudre. Ou plutôt si, mais il m'a fallu quelques années pour m'en rendre compte.

Permettez que je vous raconte. Je vais faire vite, pas de panique.

C'était en 1984, en mars je pense.

Le Département de l'Instruction publique et des cultes du Canton de Vaud (appellation de l'époque) nous offrait alors des possibilités de formation continue dans des dizaines de domaines, plus passionnants les uns que les autres, allant de la confection de tommes de chèvre et de tortues en macramé jusqu'à l'utilisation d'un ordinateur.

N'ayant pas de chèvre, j'ai choisi alors d'apprendre ce à quoi pouvait bien servir l'informatique. Il faut dire qu'alors, je regardais déjà les revues spécialisées dans ce domaine, mais sans vraiment comprendre de quoi il s'agissait. Je m'approchais des ordinateurs dans les grandes surfaces, mais une sorte de peur panique m'empêchait de toucher ne serait-ce qu'à un clavier déposé là, devant un écran ambre sur noir.

Quand je pense! J'ai vécu 25 ans sans ordinateur. Et ça allait très bien.

Ça, je n'arrive presque plus à le comprendre…

Bref, ce cours se déroulait sur 10 samedis matin, et ce trouvait être tout ce qu'il y a de plus catastrophique: on nous a mis devant un écran (là, le texte était rouge sur fond noir, je m'en souviens encore), 20 dans une salle du collège de Beaulieu à Lausanne. Nous étions des jeunes, des moins jeunes, hommes et femmes, et je crois pouvoir dire qu'aucun d'entre nous n'a strictement rien compris à ce qu'on nous disait.

Comme je l'ai dit souvent à mes connaissances de l'époque c'était un peu comme si on mettait un type qui n'avait jamais conduit une voiture au volant d'un engin lancé à 130 km à l'heure, sans lui dire comment on mettait le contact, comment on démarrait et surtout comment on freinait. Au mieux lui disait-on qu'il y avait un volant.

Bref c'était zéro, au point de dégoûter tout le monde.

Et le gars qui nous donnait le cours, fort gentil au demeurant, mais bien peu pédagogue, a eu l'outrecuidance, alors que nous ne comprenions rien de rien à ce qu'il nous montrait depuis des semaines et des semaines de nous dire: "maintenant, il faut que je vous montre quelque chose".

Et je le vois encore plonger sous sa table, et remonter sur son bureau, une petite boîte gris beige, toute petite, avec un écran et un drôle de truc à fil qui pendait au bout du clavier.

Il l'a allumé, j'entends encore le chtiiiinnng du démarrage.

Je ne me rappelle plus par contre s'il disait Welcome, Bienvenue sur Mac, ou Bienvenue tout court.

Ah parce que oui, j'ai oublié de vous le dire mais vous l'avez compris, il s'agissait du Mac 128, que l'on voyait tous, ce samedi-là, pour la toute première fois.

Ce dont je me souviens de manière encore plus précise, c'est ce qu'a fait notre gentil enseignant pour nous faire une démonstration: il a dessiné une ligne horizontale, pas droite, au tiers de l'écran en partant du bas. Sur cette ligne, il a dessiné, comme le ferait un gamin de 5 ans sur une feuille… un arbre.

Cet arbre, dessiné avec MacPaint, je le vois encore. Je me rappelle la gifle dans la figure lorsqu'il a peint le feuillage d'un coup de pot de peinture (je ne savais pas que ça s'appelait comme ça bien sûr), avec une trame noir blanc, sans niveau de gris comme l'imposait l'état de la technique d'alors.

Là, je peux dire que nos yeux se sont illuminés, et rien qu'à cause de ce moment magique, nous avons compris, toutes et tous, que l'informatique pourrait alors nous plaire et entrer dans notre foyer.

Je ne vous dis pas l'enthousiasme délirant pour retrouver nos lignes de commandes rouges sur fond noir lorsque le gentil monsieur a éteint sa belle machine.

Un ou deux ans plus tard, j'ai acheté mon premier PC, n'ayant vraiment pas les moyens à l'époque de m'acheter un Mac. C'est que ça payait mal, instit, les premières années dans le canton de Vaud (qui a dit que c'était toujours le cas?)

J'ai fait deux semaines sur Dos, et j'ai failli devenir fou. J'ai commencé à ne plus dormir, me rappelant ce petit objet qui avait permis à l'enseignant qui nous avait montré son Mac de dessiner son arbre: cette magnifique souris.

Là, j'ai fait des dizaines de trajets entre Crissier où j'habitais alors et la Vallée de Joux, où se développait à l'époque le même petit objet pour PC, associé à GEM, puis à Windows (je crois que c'était la version 1.0 beta). Eh oui, je devais être un des tout premiers à utiliser une souris sur un PC.

Il m'a bien fallu ces dizaines d'aller et retour pour arriver à dessiner, en vert sur fond noir, un arbre ressemblant à ce que j'avais vu un samedi matin, quelque temps auparavant.

Ensuite, ça a été ce merveilleux Atari, puis, un peu plus tard, vers 1991, l'achat de mon premier Mac.

Mais ce Mac 128, le bruit de son lecteur de disquettes au démarrage, cet arbre en blanc sur fond noir, comme un crayon sur un vrai papier, ça, je crois bien que je ne l'oublierai jamais.

Dites, c'est pas tout ça.

Et vous, c'était comment la première fois, la première fois que vous avez vu ou touché un Mac?

Vous nous racontez?

Allez, c'est en commentaire, s'il vous plaît…

15 commentaires
1)
imolk
, le 26.01.2004 à 07:07

Bah je suis né avec un mac en gros. Pas de choc, pas de révélation, pas de souvenir en fait associé à sa découverte.

2)
Tibam
, le 26.01.2004 à 07:13

Moi itou, j'ai commencé sur un SE FDHD, donc encore assez rapide, avec un disque dur. MacPaint, à 4 ans, c'est le pied je confirme! ;-)
Tibam

3)
Michaël
, le 26.01.2004 à 07:22

Moi, ma maman a acheté un LCIII au moment de sa sortie en Suisse car on le lui avait conseillé en tant qu'enseignante. 1er ordinateur (1er mac aussi) dans la maison auquel j'ai été "intéressé"… Etant né en 1984, je devait pas être très grand, mais je me souvient quand même que les premières choses intéressantes sur l'ORDINATEUR ont aussi été le dessin :-)

4)
406
, le 26.01.2004 à 07:27

c'était en 1992. j'étais monteur pao sur un studio 880 avec 2 écrans, une souris magnétique à 5 boutons, une carte écran grosse comme une machine à laver et une pièce complète avec clim pour les disques durs (rack). un quadra 700 et un 800 sont arrivé dans la pièce un an aprés et qq jours après, on m'a dit d'aller dessus et de faire semblant de travailler sur le boulot d'un client qui devait passer. je ne m'étais jamais servi d'un mac. quand le client est arrivé, j'ai commencé à faire style. j'ai sélectionné le texte de sa page et passer le texte en italique. le client a commencé à flippé que je touche à ses textes. il comprenait pas pourquoi je modifiais sa mise en page. un pentium 90 mhz fut le dernier pc à mettre les pieds chez moi. ensuite g3/300 qui fut mon premier mac et un tita 1ghz sur lequel je suis tout les jours. et au taf, j'ai fait acheter un g5 1,8 rien que pour moi ;-). et à chaque fois que je veux faire un boulot sur le seul windows du taf, ou que je vais chez un ami, j'ai toujours au moins une fenetre d'erreur qui apparait et qui me conforte dans mon choix.

5)
Carla
, le 26.01.2004 à 07:51

J'ai toujours été attirée par l'informatique. Lorsque je passais ma licence en science Eco, j'avais appris le Fortran. Au début des années 80, pour se servir d'un TRS80 ou un Osborne64, il fallait connaître le Basic pour écrire ses programmes, alors, je l'avais appris .
En 84, j'étais responsable des promos dans une boite Allemand et je voyageais beaucoup. J'avais alors un portable Epson avec un écran LCD de 4 ligne.

En Mai 84, c'était un mai, j'étais a Nancy lorsque j'ai vu le Mac 128 dans une boutique. J'ai été abasourdi lorsque je voyais devant moi un gamin dessiner un bateau avec Mac paint. C'était impensable de voir ça, j'en étais médusée.

Au restaurant, ce soir là, je ne pensait qu'à cet ordinateur.
Le vendredi soir, je reviens a Paris et le samedi matin, vers Montparnasse, je l'achète avec l'imprimante a aiguille.
Je vous jure que c'est vrai, j'ai presque passé 24h d'affilée devant mon Mac. J'ai pas dormi dans la nuit de samedi a dimanche. Je n'arrêtais pas de créer des dossiers, écrire des petits courriers, gommer, grossir des dessins avec la loupe jusqu'au pixel.
Par la suite avec des copains, mon sport favori était de faire sauter les protections des logiciels que l'on piratait. Il y en a un dont on avait jamais réussi a faire sauter la protection, c'était 4D, de Laurent Ribardière.

J'avais 20 ans et j'étais amoureuse du Mac. C'était hier.
Carla

6)
Renaud
, le 26.01.2004 à 07:53

C'était début juillet 2000. Suite à un énième plantage de mon PC, je me suis souvenu de ce que me racontaient 2 collègues de bureau, sur Mac depuis toujours, et j'ai acheté un bi-500 le lendemain du keynote de Steve Jobs. Et depuis, "there's no turning back". Bon, j'ai quand meme un PC rien que pour les jeux.

Depuis mon premier Mac, j'ai acheté un iBook (la palourde myrtille), un Mac Classique sur ebay (pour jouer à Shufflepuck Café parce que ca rend pas pareil sur mon PowerMac) et un PowerBook 12 pouces (j'en suis amoureux de cette machine, elle me fait tourner la tête).

Bonne journée
Renaud

7)
Sébastien Pennec
, le 26.01.2004 à 08:30

Pour ma part c'était au début 86 (j'avais 6 ans), lorsque ma mère m'a "posé" devant son Mac Plus et m'a lancé Mac Paint. Je me souviens encore parfaitement des menus, etc..

Notre Mac Plus avait un disque dur (externe, of course) de 60 Mo (énorme, pour l'époque! alors que maintenant… bref).

J'ai aussi joué a des jeux comme ShufflePuck, Dark Castle et autres.

Puis j'ai commencé à fouiller un peu partout pour savoir comment ça marchait, et quelques bombes plus tard, j'avais le virus! (du Macintosh, hein, pas de virus sur ma machine, il n'en existait peut-être même pas à cette époque :-)

8)
paperissima
, le 26.01.2004 à 08:38

Je connais déjà les Macs mais seulement de loin… Un jour d'été 1998, j'ai découvert la bêta de MacOS X Serveur qui s'appelait alors Rhapsody : c'était tout drôle de découvrir l'interface MacOS Classic sur un PC. A partir de là, je me suis décidé d'avoir un Mac dès que Rhapsody sera sorti officiellement.

Hors, début 1999 les choses se sont précipités : mon beau système OS/2 est devenu inutilisable suite à divers problèmes logiciel et matériel. Bonjour les séances de réinstallation et les montagnes de correctifs à rajouter…

J'avais alors acheté Fusion, un puissant émulateur Mac sous PC-DOS, afin de sentir le feeling du système. Et ceci durant 2 mois avant de commander le Yosemite qui m'a servi de avril 1999 à décembre 2003, date à laquelle le G5 me rend à présent service.

Si j'ai choisi le Mac, c'est précisément pour MacOS X et non pas MacOS Classic.

9)
Hannibal Lecter
, le 26.01.2004 à 09:21

Moi c'était y'a deux ans. Jeune licencié d'histoire j'allais rencontrer pour la seconde fois celui qui allait devenir mon directeur de recherches, un vrai macmaniaque. Je ne m'étais jamais posé la question de savoir ce qui se passait du côté de chez mac avant. Bon utilisateur PC, je m'étais souvent sorti des embrouilles les plus graves sans coup férir mais en y passant mes week-ends.

Me voilà devant le "Patron" qui me parle de mon sujet de recherche de l'année à venir. Il m'associe à un travail assez prestigieux et me voilà les yeux pleins d'étoiles quand j'entends le mot magique "CNRS", plus exactement "vacation au CNRS". Je dis oui, bien entendu.

Alors on me parle d'une petite enveloppe pour m'acheter du matériel. J'avais déjà discuté avec lui des mac, il avait un pismo à l'époque. J'ai commis alors ma première boulette, quand il a evoqué l'éventualité de m'équiper d'un portable, je lui ai dit "bin, môsieur, je sais pas si je vais rester chez PC ou descendre chez mac". Il m'a alors pris par le bras et m'a dit "descendre chez mac ? Monter chez mac !" Dans la semaine j'ai eu un ibook blanc 700 12 pouces et mac os X.1.5. C'était merveilleux. Je faisais ce que je voualis avec la machine et elle ne plantait pas. Alors oui, "être monter chez mac", je ne le regrette pas.

Hannibal

10)
Didier
, le 26.01.2004 à 09:24

moi c'est au collège secondaire que j'ai découvert Apple. D'abord avec l'Apple 2, puis le premier Mac Plus. Celui du directeur était le seul avec un disque dur externe, mais interdiction d'y toucher ! C'est depuis là que je suis tombé amoureux de ces machines, comme quoi le marché de l'éducation et quand même primordial pour Apple

11)
Alex
, le 26.01.2004 à 09:42

Après en avoir rêvé pendant des années et fait des économies mon premier fut un Classic en 1990, 15000 FF avec une Stylewriter, il démarrait très vite et l'interface était très réactive, j'utilisais à l'époque Ragtime et MacPaint, un des premiers jeux fut "Ashes to ashes" et il marche encore sous OS 9!

12)
Renan Fuhrimann
, le 26.01.2004 à 09:47

Personnellement, c'est de la faute à un ami, Alexandre pour ne pas le citer qui m'a fait venir une fois chez lui pour jouer a Shuffle Puck Café et Risk sur son Classic. Du coup, en bon enfant gâté, j'ai "emmerdé" mes parents jusqu'à la lie pour avoir un ordinateur et jouer à ces jeux… Ma fallut une année mais je l'ai eu mon Classic Couleur :o)

Renan

13)
Sof
, le 27.01.2004 à 23:51

Challenger, c'était le 28 janvier, pas le 26.

14)
Thurax
, le 28.01.2004 à 09:32

Cher François,

Nous nous sommes croisés une fois ou deux, notamment lors du marriage de ton frangin…

Sinon, je suis un observateur assez passif au niveau des commentaires, mais je dois dire que je ne manque pas de visiter quotidiennement Cuk!

J'apprécie son ton et la qualité des articles toujours très pro malgré le côté bénévole de ce qui peut parfois sembler être un sacerdoce quand on voit tout le boulot que ça implique…

Alors pour t'encourager, et permettre à notre communauté Pommée de continuer à longtemps encore profiter de cette gazette simpathique, c'est volontiers que mon entreprise souhaite contribuer matériellement à l'effort de guerre en te payant les frais d'hébergements chez Infomaniak (ou autre à discuter…)

Longue vie à Cuk!

Sébastien Thury

15)
AlainDien
, le 29.01.2004 à 16:12

         Un an et demi plus tôt j'avais entamé des études d'informatique au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers). Bien qu'étant matheux j'avais auparavant réorienté mes études vers le droit. J'en nourrissais un petit complexe vis-à-vis d'un père lui-même ingénieur des A&M pour qui rien d'autre n'avait de valeur. Lui même avait cependant reculé devant le langage abscons de l'informatique. On allait voir ce que l'on allait voir ! Ce fut vite vu ! Aussi enthousiaste que l'animateur de Cuk, je fut vite dégoûté sans même avoir la chance comme lui d'emmener avec moi la vision éphémère d'un autre monde. J'avais seulement entendu l'un de mes condisciples (mais il était en 4° année) me dire qu'il existait une machine plus abordable…

         Presque 6 mois après mon abandon je sus à peine me souvenir de cette information pour mon ami le plus proche, un instit. Il était plus avancé que moi en informatique mais il s'inquiétait au moment de s'équiper de la réticence de son épouse qu'il voulait amener à partager son hobby. Il suivit mon conseil et, ce qui dans ma bouche était un "appel 2 jeux" (véridique), se transforma en Apple IIe. Mon ami était enchanté. Je l'étais moins à tenter de l'imiter en sa compagnie sur cette machine dans laquelle il fallait insérer un grand disque souple qui se gondolait irrémédiablement au soleil (c'est du vécu). Et puis, toujours ces lignes de commande que ma mémoire refusait d'enregistrer ! Inutile de vous dire que j'oubliais souvent de venir me perfectionner !

         D'ailleurs, à quelques temps de là, je cherchais une machine à écrire, si possible électrique avec une ligne d'écran pour voir défiler le texte, afin de rédiger facilement mes mémoires de DEA et de DESS (3° cycle universitaire). Travaillant en même temps, je n'avais pas le temps et une dactylo coûtait cher et demandait des délais. C'est là que, juste retour des choses, mon ami voulu me convaincre qu'existait l'ordinateur de mes rêves. "Facile comme d'allumer sa télé", me dit-il. Je ne le cru pas et ce n'est que pur hasard si un jour je le croisais dans la rue avec un cube beige dans les bras qu'il venait rendre à son heureux propriétaire.

         Je le suivi malgré moi, anxieux pour mes travaux qui n'avançaient pas, alors que j'avais pris une journée de congé inutile. Je vis donc ce cube. Je compris bien plus tard qu'il s'agissait aussi d'un Apple. Eux appelaient cela un Macintosh. Le pote à mon ami me demanda d'allumer moi-même un bouton, genre interrupteur de lampe, derrière l'engin, puis de prendre en main ce machin anguleux qu'ils appelaient une souris. Ils me firent cliquer 2 fois ("surtout coup sur coup" me dit-on) sur un petit losange blanc sur lequel se détachait la lettre W (je crois que c'était Word 2). Je vis un truc apparaître sur tout l'écran. C'était surtout plein de blanc et de vide, bordé d'une sorte de graduation qui n'augurait rien de bon ! Ils me dirent de taper sur le clavier ce qui me passait par la tête. Ce que je fis. C'était comme une machine à écrire et j'eus la surprise de voir directement apparaître mon texte sur le fond blanc. Révolutionnaire ! Ils me firent comprendre immédiatement le parti que je pouvais en tirer pour mes travaux. "Tu vois" me dit mon ami, "en plus, tu te fais un brouillon au propre. Tu as fais une erreur ou tu veux corriger ou rajouter quelque chose, même très long, cela se remet en place. Pas de ratures, de rajouts, de commentaires en marges qui s'accumulent jusqu'à dénaturer le texte principal devenu illisible, etc. Pas plus dur que ça ! ". Je venais de découvrir l'interface du Mac !

         Le lendemain j'étais chez mon banquier et simultanément dans le magasin Apple de Tours. Cerise sur le gâteau, je pus commander le tout nouveau Macintosh-plus, plus gris que le modèle précédent et qui avait 1 Mo de mémoire vive. Je fus un des premiers en France à l'avoir. Mon ami me fit la nique quelques temps plus tard lorsqu'il remplaça son Apple IIe par un Mac SE 30 (la Rolls des Macs de cette époque) mais entre temps nous avions fondé un club Mac et nous l'avions affilié à Apple. Mes amours tumultueuses avec la pomme avaient commencé….

         Je dois ajouter cependant que les débuts ne furent pas si roses que cela. Il fallait ne pas oublier de sauvegarder sur une disquette (simple face 700 Ko à l'époque), ce qui était fréquent chez moi ! En outre, n'ayant donc pas de disque dur il fallait souvent faire, avec le lecteur de disquette, ce que nous appelions "le grille pain" pour charger un texte qui demandait alternativement les éléments du système et surtout du logiciel et du fichier que nous avions sur des disquettes distinctes. Songez cependant que je disposais de plusieurs systèmes, dont un des premiers OS US (pour faire fonctionner quelques petits jeux) qui pesait seulement 118 Ko ! (j'ai tout gardé !)

         Je fus un des premiers grâce à notre activisme associatif à récupérer un disque dur qui venait se placer exactement en dessous du Mac et qui avait la capacité gigantesque de 20Mo ! C'était pourtant le pied ! Avec l'imprimante à aiguilles StyleWriter, c'était même bizance !

         J'étais si heureux avec cet équipement que quand le mac évolua vers la couleur, je cru que c'était un gadget inutile pour faire beau. Par contre je fus aussi l'heureux possesseur du premier portable d'Apple (je l'ai toujours) qui pouvait apparaître à bien des égards comme un gadget couteux. J'avais d'ailleurs du revendre mon Mac+. Mais grâce à une grosse batterie et un écran LCD le Macportable (c'était son nom) pouvait me permettre de travailler en forêt du matin jusqu'au soir pour réussir l'exploit de rédiger ma thèse en un peu plus d'un an sans devenir maboule. Il m'accompagnait aussi en bibliothèque sous les yeux ébahis de mes condisciples mais je gagnais un temps fou en incorporant directement mes notes de lecture (ou mes interviews) à ma thèse. C'était dur mais divin !

         Franchement quand je râle contre Apple (et c'est fréquent) je me souviens aussi de ce que sans ce portable qui était en fait un Mac SE bridé, je ne sais pas comment j'aurais fait même si j'ai mis plusieurs années à rembourser le coût prohibitif d'un tel matériel. Je fus bien déçu lorsque je voulu faire pareil au dehors plus tard avec mon iBook dont l'écran était illisible à la lumière et dont la batterie ne tenait pas plus de 2 h 30 ! Celle de mon dernier iBook a d'ailleurs rendu l'âme tandis que celle de mon Macportable semble encore opérationnelle.

         Depuis, je ne jure cependant que par le portable et j'ai par ailleurs suivi une formation supérieure d'ingénérie en gestion informatique… malheureusement sur PC !