Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…
Vraiment?
Toute mon enfance et mon adolescence ont été bercées par la lecture de bandes dessinées de l'école belge, celle des auteurs qui se disent de la ligne claire, et qui nous ont donné les plus grands chefs-d'œuvre que sont Tintin, Gaston, Spirou Blake et Mortimer, ainsi que Michel Vaillant, même si son papa, Jean Graton, est tout ce qu'il y a de plus Français.
Deux de ces BD sont aujourd'hui liées, un peu par hasard, se qui constitue la raison de cette humeur.
Je ne saurais que trop vous conseiller l'achat du hors-série "Option Auto", consacré à Michel Vaillant, le célèbre coureur automobile dessiné par Jean Graton et, depuis quelques épisodes, scénarisé par son fils Philippe.
Je crois que j'ai lu au moins cinquante fois tous les albums parus à l'époque, tellement j'adorais. Alors ce hors-série, j'ai sauté dessus.
Paru à l'occasion de la sortie du film produit par Luc Besson mettant en scène Michel Vaillant à l'écran, vous y découvrirez les coulisses du film, mais aussi celles de la BD elle-même, avec entre autres choses une longue interview de Jean Graton.
L'affiche du film
Il nous explique les débuts de son héros.
Je ne résiste pas à vous glisser ici un extrait savoureux de cette interview, lisez plutôt:
Pourquoi dans vos dessins vos voitures font-elles "vroaaaar" et non pas "vroum vroum"? Elles font vroaaaar" à l'accélération. Mais dans les stands, elles font vroum, vroum". Et à régime constant, "vroaaam". J'ai beaucoup réfléchi à la manière de sonoriser une BD, d'intégrer dans l'image le graphisme des lettres qui forment un son. Par moments, le son recouvre l'image, comme dans une course. Le "vrooaaaar" d'une voiture dépassée est en lettres blanches, celui de la voiture qui dépasse en lettres noires et plus grasses, pour montrer qu'un son recouvre l'autre. C'est l'une des règles de fabrique de Michel Vaillant parmi tant d'autres apprises au fil des années. Car une voiture dessinée sans bruitage, c'est comme un film sans le son.
Et c'est vrai que je n'y avais jamais réfléchi, mais la sonorisation des Michel Vaillant est une petite merveille. Pas étonnant qu'il y ait une intense réflexion derrière, tellement aboutie qu'on ne la sent jamais. Tout est évident.
L'autre extrait que je désire vous faire lire me permettra d'arriver à ma deuxième BD, voici comment:
Jean Graton: J'adorais dessiner des voitures. Il me semblait plus facile de planter mon héros dans un cadre familier. Donc, j'ai choisi un pilote, mais en prenant soin de ne pas l'enfermer dans ce rôle. D'abord, Michel Vaillant était le premier héros de BD à avoir une famille. Tintin ou Blake & Mortimer n'ont pas de parents, pas de frère. Michel, si. Ce qui enrichit le scénario.
Et bien pardonnez-moi Jean, mais vous n'avez pas tout à fait raison. D'accord, ce n'est pas de votre faute, mais dans le dernier album de Blake et Mortimer qui vient de sortir, Les sarcophages du 6e continent, on découvre lors d'une sorte de flash-back nos deux héros à la fin des années trente, début des années quarante, en Inde, où ils croisent Ghandi, alors que le pays tout entier cherche à s'émanciper de la colonisation britannique.
On y apprend comment Philip Angus Mortimer rencontre Francis Percy Blake. Et on y découvre même la famille de Philip, très conservatrice et défendant la colonisation, alors que le jeune Mortimer se pose quelques questions…
Je sais bien que je vais faire hurler les puristes peigne-cul, mais je trouve que les deux équipes qui perpétuent les aventures de ces deux héros, J. Van Hamme et T. Benoît pour la première et Y. Sente et A. Juillard pour la deuxième qui est l'auteur de l'aventure qui nous intéresse ici, ne s'en sortent pas si mal.
Et j'ai à chaque fois un réel plaisir à me plonger dans les incroyables péripéties qui leur tombent dessus, avec comme point commun, une fois encore, l'abominable, l'immonde Olrik, visiblement au mieux de sa forme, et de sa haine, même s'il n'est plus tout à fait maître de ce qui lui arrive.
Franchement, je préfère une BD qui continue dans de bonnes conditions (ce n'est pas le cas d'Astérix par exemple) à une autre dont on fait un mythe, et qui restera à tout jamais figée dans l'état dans lequel l'a laissée son auteur avant de mourir, parce qu'il est trop égoïste pour comprendre que son héros ne lui appartient plus. J'imagine que vous voyez de qui je veux parler…
Pour en revenir à Michel Vaillant, je me pose une question existentielle: vais-je aller voir le film de Luc Besson? Parce que j'ai tellement peur de casser l'image que je me fais de Steve Warson, de Jean-Pierre et de Michel que vraiment, j'hésite…
Vous y êtes allés vous?
Racontez-moi…
, le 29.11.2003 à 05:43
Je ne savais pas qu'une adaptation cinématographique de Michel vaillant avait été réalisé (par Besson de surcroît). Ce n'est pas une nouvelle qui risque de faire la une des quotidiens du Québec, Sauf certains qui, comme moi, bouffaient tout ce qui sortait des cuisines de la bd belge dans les années soixante (particulièrement le journal Tintin), peu de gens ici savent qui est Michel Vaillant. J'espère au moins que ce film va traverser l'Atlantique.
P.-S. Je me souviens d'une adaptation télévisuelle des aventures de Michel Vaillant, réalisée à la fin des années soixante, je crois. Ça ne m'avait pas emballé outre-mesure (on avait, entre autres, changé le prénom de Steve Warson par celui de Bob !? Grrr !!!).
, le 29.11.2003 à 05:45
François > « Franchement, je préfère une BD qui continue dans de bonnes conditions (ce n'est pas le cas d'Astérix par exemple) à une autre dont on fait un mythe, et qui restera à tout jamais figée dans l'état dans lequel l'a laissée son auteur avant de mourir, parce qu'il est trop égoïste pour comprendre que son héros ne lui appartient plus. »
Je dirais même plus (!), une œuvre n'appartient plus à son auteur dès lors qu'il nous la livre. Elle est à ceux qui la « lisent ». Idem pour tous les arts.
Cela ne veut pas dire qu'elle puisse alors être manipulée bêtement.
Astérix sans Goscinny, c'est un baba au rhum sans rhum (mon dessert préféré avec les glaces !) Uderzo est un orgueilleux de première. Résultat : je ne lis plus Astérix puisqu'il n'y a plus rien à lire ! Idem pour le fils de Frédéric Dard qui croit pouvoir se permettre de se prendre (sic) pour San Antonio. Ridicule, mais profitable.
En revanche, les repreneurs de Blake et Mortimer ont du ressort. même s'ils se permettent de donner une famille à leurs héros. Une privauté que je ne me serais pas permise.
C'est d'ailleurs une vieille habitude, dans le monde de la BD, que de se refiler des personnages. Spirou & Fantasio ont eu combien de pères ? Franquin ne leur a jamais cédé le Marsupilami. Dommage !
Quant au film de Machin, je n'irai certainement pas le voir. Ce n'est qu'une machine à pognon de plus. Façon Hollywood.
Et, par dessus tout, je tiens trop à mes rêves d'enfant et d'ado pour risquer de les salir avec la vision d'un autre.
Au fait, quelqu'un connaît-il Alec Sinner, de Muñoz et Sampayo ?
« Il ne suffit pas de troubler son eau pour la faire paraître plus profonde »
Proverbe chinois
, le 29.11.2003 à 07:28
Ou Alack Sinner. Comme on veut.
Muñoz, le roi du noirS et blancS.
, le 29.11.2003 à 08:11
Ben, au départ, je voulais aller voir le film de Michel Vaillant, mais je n'ai strictement lu que des critiques pluitôt négatives (en voici une parmi d'autres : http://www.dvdrama.com/news.php?7480)…
Donc, je m'abstiendrai pour Vaillant, même que je ne sois pas un fan inconditionnel de la série (mais j'ai bien aimé les albums que je possède).
J'irai plutôt voir Némo…..
Jérôme
, le 29.11.2003 à 08:50
Au risque de passer pour un puriste peigne-cul,
je trouve qu'il est pratiquement impossible de remplacer
Jacobs dans Black et Mortimer. La raison : un côté baroque,
une façon un peu mégalo de raconter les histoires qui ne tenait qu'à lui. Jacobs était un chanteur d'opéra raté (heureusement pour la BD). Ces livres sont des opéras. Tout est surdimensionné. C'est d'ailleurs lui qui a cassé la fameuse règle des "62 pages" qui était la norme Hergé, en en rajoutant plus (84 dans le secret de l'Espadon !). Je suis content que son oeuvre se poursuivre et certainement je lirai le nouvel opus comme j'ai lu la tentative de J. Van Hamme et T. Benoît. Mais ce ne sera pas du Jacobs. Un vrai artiste, on peut l'imiter, mais pas le reproduire.
Quand aux bruitages de Michel Vaillant, je signale que ma moto à moi fait "pout-pout" ! Ah, bon ça n'intéresse personne, tant pis !
, le 29.11.2003 à 09:23
Bof, je trouve que c'est plutôt sympa cette suite des heros de Jacob… Et puis, certains l'auront remarqué, les femmes sont enfin présentes dans ces suites… C'est toujours ce qui me faisait tiquer dans les aventures "originelles" de Black et Mortimer !
, le 29.11.2003 à 09:28
Zut, je n'avais pas lu le post de Okazou…
Effectivement, je suis d'accord avec son analyse sur Asterix suite à la mort stupide Goscinny.
Et bravo pour le pari de Tom et Janry qui ont à la fois redonné de la pêche à Spirou et Fantasio, allant surtout jusqu'à décrire la jeunesse de Spirou dans une série ultra marrante d'albums (et là, les filles sont bien dessinées itou :-)…
, le 29.11.2003 à 09:57
Personnellement, je suis assez de l'avis de Roger Baudet. Depuis que Jaccobs est décédé, je trouve que les aventures de Black & Mortimer sont devenues moins "majestueuses". Cela ne m'empêche pas de lire assidûment les nouveaux opus !
D'ailleurs je pensais faire une humeur sur le dernier hors série de pour la science qui parle justement des héros de Jaccobs face à la science. Mais bon, François est passé par là avant moi :)
Renan
, le 29.11.2003 à 14:01
Ben je l'ai vu, moi, le film, par erreur. Je me suis trompé de listing et je n'avais plus de choix d'aller voir autre chose. Je suis pas un fan de BD, mais j'ai l'âge "Michel Vaillant" et je ne suis pas insensible malheureusement (même si j'essaie de me soigner) à la voiture.
Mais alors, je suis totalement imperméable à Luc Besson et je n'ai pas l'intention de me soigner. Il n'a pas réalisé cet insondable navet – à sa décharge, mais lui a imprimé la vacuité qui est sa marque de fabrique, film après film (je me doute que cette remarque ne va passer comme ça).
Un film ennuyeux à mourir, des images de voitures insipides, des personnages inexistants. Arriver à descendre en-dessous du niveau de complexité psychologique de Michel Vaillant version BD, il fallait relever le défi et il l'a fait. Relisez les albums et faites une partie de Grand Turismo, avec ou sans les gosses. Beaucoup plus efficace pour soigner ce syndrome là.
, le 29.11.2003 à 16:45
Moi je trouve fabuleux que les ayants droit pour Blake&Mortimer aient laissé à d'autres auteurs le droit de faire continuer d'évoluer ces deux personnages. Je vous laisse ici la réflexion de M.Sente qui est diponible sur le site de Dargaud au sujet de l'évolution de la série:"On a également appris que, quoi que l’on fasse, on ne satisfera pas les «puristes» et qu’il ne faut pas travailler dans cette optique-là. Sinon on est perdu. On ne fait pas du Jacobs, on fait du «Blake et Mortimer». Grande différence! Celui qui aime Jacobs avant d’aimer «Blake et Mortimer» doit évidemment s’arrêter au premier tome des Trois Formules du professeur Sato et détourner les yeux de ces «visions d’horreur» que sont les nouveaux albums."
, le 29.11.2003 à 18:23
Je suis content pour Ted Benoît qu'il ait trouvé un moyen de vivre décemment de son talent, d'autant qu'il a élégamment exécuté la commande, et que ni lui ni les amateurs des œuvres de Jacobs n'ont à rougir d'avoir participé à cette prolongation de la partie après les arrêts de jeu*.
Cependant, je suis un peu amer que Ted Benoît n'ait pas trouvé les moyens de vivre de son art, et je regrette que "Ray Banana" ait eu moins de succès que la série posthume des "Blake & Mortimer".
* Je ne suis pas un vrai amateur de "Blake & Mortimer", même si j'apprécie le dessin de Jacobs. Dans la série, il y a UN album que j'aime, mais alors là, de manière fanatique… J'ignore pourquoi exactement (ou plutôt je n'ai pas envie de m'étendre ici sur le divan de ce sujet) ;-)
Cet album, que je relis au moins une fois par an, c'est "L'Énigme de l'Atlantide".
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Au royaume des aveugles, à bon chat bon rat.®
, le 29.11.2003 à 19:24
je m'en fou, j'ai un poster du retour du roi !
ok, c'est HS , désolé.
je ne vais pas aller voir Vaillant
, le 29.11.2003 à 23:25
<Cependant, je suis un peu amer que Ted Benoît n'ait pas trouvé les moyens de vivre de son art, et je regrette que "Ray Banana" ait eu moins de succès que la série posthume des "Blake & Mortimer".>
Oui, Satellio, tu fais bien de rappeler que Ted Benoît a fait un excellent album en N/B qui s'appelait "Berceuse électrique" et qui racontait les aventures de Ray Banana. Le suivant, en couleurs, n'était pas mal non plus, mais n'avait plus le charme du premier.
Quant aux nouvelles aventures de Blake (sans C, avec un K et un E!) & Mortimer, je les adore et je les trouve d'un niveau excellent, tant au niveau du dessin que du scénario. Contrairement au premier tome de Sato, que j'ai toujours trouvé pas terrible, terrible…
– Et Michel Vaillant, dans tout ça?
– Qui ça?
– Laisse tomber!
, le 30.11.2003 à 00:39
Roger Baudet :
<< je signale que ma moto à moi fait "pout-pout" >>
T'as une 500 XT ? :-)
, le 30.11.2003 à 11:53
Caplan : << – Et Michel Vaillant, dans tout ça?
– Qui ça?
– Laisse tomber! >>
:-D
(Ouais, ça nous parle d'un temps que les plus de quinze ans ne veulent plus connaître…) :-)
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Au royaume des aveugles, à bon chat bon rat.®
, le 30.11.2003 à 21:42
J'ai un peu plus de quinze ans :-), et je me suis retrouvé l'autre jour dans la file d'attente du cinoche avec deux guignols, à hésiter sur le fim à voir (qu'on ne me prête suite à cette phrase ni une dépendance azu cinoche, ni une sympathie particulière pour les multisalles… on a tous des instants de faiblesse!).
Je me disais que tant qu'à se payer un navet, autant aller voir Vaillant qui me rappellerait de bons souvenirs, mais ces deux incultes ne connaissaient pas la BD, et m'ont entraîné à m'abaisser à voir un film pour les gosses…
Et bien allez tous voir Némo!!! La patte Walt Disney (dans le sens cucul du terme…) est bien présente, mais aussi et surtout la patte Pixar, du tonnerre! Exceptionnel!
Et on a même droit à un court-métrage d'animation de Pixar datant de 1989, avec le nom d'iPapy au générique :-)
Pantoufle à roulettes
, le 01.12.2003 à 06:13
J'ai voulu y aller hier, complet!
Zut, on y retournera. On a fini au Macdo où le jouet pour les Menus Enfants, c'était un petit poisson Nemo. Le petit était content…
, le 01.12.2003 à 09:58
Nemo (voir le commentaire de François), c'est bien un film que je vais aller voir. Les extraits ont l'air bien sympas..
QQun l'a deja vu?
, le 01.12.2003 à 10:26
j'y ai pu voir Nemo y a 1 semaine et j'ai bien aimé l'humour pétillant, même si c'est un tout petit peu moins que "Monstres & Compagnie" (dont je ne me prive pas de revoir de temps en temps…)
, le 02.12.2003 à 23:05
J'ai aussi grandi dans la lecture de l'école belge de BD, mais j'avoue nettement ma préférence à Gaston, Astérix et Lucky Luke, que je peux toujours relire en riant et (re)découvrir des petits détails subtils. Je cite :
"Et le questeur n'est jamais revenu ?
– Non ! Et pas de revenu, pas d'impôt."
in "Le chaudron magique" à propos de la visite du questeur romain au village gaulois. Farpaitement !
J'avoue que les BD à rallonge style Black et Mortimer, Alix and co (même le dernier Tintin et les Picaros) m'ont toujours paru d'une lourdeur et n'exploitant pas vraiment les possibilités narratives (et humoristiques) de la BD.
Mais bon chacun ses goûts, n'est ce pas…
Allez je vais aller me lire un GDA plutôt que de taper sur mon clavier…