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Temps

(sur smartphone, à lire en mode paysage)

 

Et si je prenais un peu de temps qui passe,
pour en faire du temps qui reste,
l’espace d’un instant?

Assis,
couché,
immobile,
ou en mouvement,
peu importe.
Mais être,
juste être,
ici,
maintenant,
avec pour seul indice du temps qui passe
mon souffle qui s’écoule;
sans aucune considération
ni pour le passé,
ni pour le futur.

D’ailleurs: le passé et le futur existent-ils?
Ont-ils seulement la prétention d’exister
en dehors de notre mémoire et de nos espérances,
de nos cicatrices et de nos appréhensions?

Et même le présent, existe-t-il vraiment?
En a-t-il le temps,
en dehors de cette nano-seconde qui sépare le futur du passé?
Entre le futur qui le nourrit
et le passé dans lequel il se dissout, s’évapore, se fige à jamais,
a-t-il seulement le temps de répondre "présent!", le temps?

 

Et si je prenais un peu de temps qui passe,
pour en faire du temps qui reste,
l’espace d’un instant?

 

On dit que le temps passe trop vite.
Ou trop lentement.
Pourtant, lui, il ne peut ni accélérer ni ralentir.

Et de toute façon, ralentir, il ne voudrait pas.
Pour rien au monde.
Parce qu’il le sait bien trop bien:
lorsque nous avons l'impression qu’il passe trop lentement, que faisons-nous?
Nous cherchons une occupation... pour "tuer le temps".
Et ça, le temps, il n’aime pas.

A l'inverse, lorsque nous avons l’impression qu’il passe trop vite,
nous disons que nous n’en avons pas assez.
Pas assez de temps!

Alors que lui, le temps, il se donne à chacun de nous de façon égale,
sans privilège ni passe-droits.
A-t-on déjà vu que quelqu’un ait reçu une minute de plus,
soixante-et-une minutes, en une heure?
Jamais!

Il est vrai que certaines personnes peuvent nous donner l'impression d'en avoir un peu plus; mais ceci est un autre débat, qui ne concerne pas le temps.

 

Et si je prenais un peu de temps qui passe,
pour en faire du temps qui reste,
l’espace d’un instant?

 

Autrement dit, soit on se plaint de ne pas en avoir, soit on le tue.

Pauvre temps!

On le qualifie,
on le dénigre,
on le trouve trop rapide ou trop lent,
on se plaint qu’il nous manque,
on lui court après,
on le bouscule,
on voudrait le remonter
ou voyager à travers...

J'aimerais tellement savoir en profiter,
savoir le savourer,
le goûter pour ce ce qu’il est,
le prendre comme il est,
sans le juger ni vouloir le compter,
et surtout, sans le rêver différent qu'il n'est.

Oui, j'aimerais tellement... être en paix avec le temps!

 

Et si je prenais un peu de temps qui passe,
pour en faire du temps qui reste,
l’espace d’un instant?

 

C'est lorsque je ne vois pas le temps passer
que je suis tenté de le retenir;
de lui demander de rester un peu.
Mais... est-ce le respecter?
N'est-ce pas dans sa nature, de passer?

 

Alors, je m'interroge:

pour arriver à prendre le temps,

ne faudrait-il donc pas,

ne fût-ce qu'un peu,

apprendre à...

le lâcher?

 FeuilleMorte

 

Assis, là
les yeux ouverts ou fermés, pas d'importance
juste assis, là
silence...

Assis, là
sans souvenirs sans projets, sans espérance
juste assis, là
présence.

14 commentaires
2)
RMN73
, le 07.10.2014 à 07:32

Bonjour,

Bizarre cette mise en page sur mon iPhone

3)
Dom' Python
, le 07.10.2014 à 07:39

Je n’ai effectivement pas pensé à la lecture sur iPhone.
Il vaut mieux basculer en paysage.

4)
ysengrain
, le 07.10.2014 à 08:15

Il me plait bien le gars qui écrit ça.

5)
Madame Poppins
, le 07.10.2014 à 09:18

Dominique, tu as vraiment plus d’une corde à ton arc : merci pour ces lignes, comme une bulle de savon qui voltige.

6)
M.G.
, le 07.10.2014 à 09:28

Dominique, tu as vraiment plus d’une corde à ton arc : merci pour ces lignes, comme une bulle de savon qui voltige.

C’est vrai, c’est joli et me rappelle la seule devise qui vaille : « Carpe Diem ».

Un autre aphorisme qui me fait toujours sourire : « Les Blancs ont inventé la montre. En Afrique, nous avons le Temps. »

La Sagesse Africaine n’est pas un vain mot :-)

7)
DanielH
, le 07.10.2014 à 11:59

Très bien! J’aime ce moment d’une petite lecture, j’ai pris mon temps, un petit temps agréable et du coup, j’ai le sentiment de ne pas avoir perdu de temps.

Bon temps à vous!

8)
Sylvain
, le 07.10.2014 à 12:39

Très jolie réflexion poétique, merci Dominique.

Ne croyez-vous pas que ce temps qui nous est prêté ne prend de réelle valeur que lorsqu’on l’offre aux autres ? Que le temps gardé que pour soi peut être doux et agréable, mais qu’il nous file cruellement entre les doigts en nous laissant une certaine impression de manque ou d’insatisfaction ?

Le fait d’essayer de donner un peu moins d’importance à notre personne en nous appliquant à assaisonner toutes nos actions avec une pincée d’amour, peut changer radicalement notre perception du temps qui passe.

Vous prendrez bien un peu de kaïros dans votre chronos ?

9)
Anne Cuneo
, le 07.10.2014 à 16:16

Juste le temps

Juste le temps d’une caresse
Au coeur de mon oubli
Juste un bourdonnement d’abeille
Et son dard de miel transi

Juste le temps d’un cri
Aux nénuphars de l’étang
Juste le froufrou d’un oiseau
Dont la tête sous l’aile s’est blottie

Juste le temps d’une rafale
Qui explose l’onyx de la nuit
Et le temps d’une fuite éperdue
Aux tréfonds de l’oubli

Juste le temps d’un je t’aime
Le temps d’un je t’aime aussi
Juste le temps de courir
De rire au vent de midi

Juste le temps de sourire
A l’autre qui vous sourit
Juste le temps d’enjamber le fleuve
D’aborder dans l’euphorie

Juste le temps de dire
‘La guerre est déclarée’
Juste le temps de dire: non!
Juste le temps de dire oui.

Une abeille de cuivre chaud te foudroie
Et c’est fini
Auras-tu eu le temps
Juste le temps
Le temps d’aimer
Le temps de courir vers lui
Le temps de rire et d’éclore
Le temps de vivre.

Une minute.
Juste le temps

10)
Dom' Python
, le 07.10.2014 à 18:20

Merci à chacun(e)!

Sylvain, je ne suis personnellement pas très à l’aise avec cette idée. Je pense quant à moi qu’il est nécessaire de savoir prendre du temps pour soi, que c’est important. Le temps que je prends pour moi me permets de me construire, de me connaitre; ainsi ai-je vraiment quelque chose (quelqu’un) à offrir à l’autre. J’ai eu une mère qui était incapable de penser à elle. C’était très lourd…

Merci Anne! Comme tu n’indiques pas de référence, je pense que c’est de toi?

11)
Anne Cuneo
, le 07.10.2014 à 18:51

Je croyais que cela allait de soi, sinon j’aurais évidemment dit d’où cela venait!
Je l’avais écrit le jour où le TJ m’avait envoyée en Bosnie, et j’ai assisté (par un de ces hasards…) aux premiers coups de feu. La transformation qui s’est passée en un instant (disons quelques jours) m’a bouleversée. Tout à coup une minute pouvait faire la différence.

12)
fxc
, le 07.10.2014 à 19:56

Pour suivre Anne Cuneo, je dirais

otan suspend ton vol.

13)
Madame Poppins
, le 07.10.2014 à 20:21

Anne, en te lisant, il y a eu comme… une urgence… comme une émotion : merci !

Dominique, je suis bien d’accord avec toi : pour offrir du temps de qualité aux autres, il faut savoir s’en donner à soi-même aussi. Ce qui peut changer, c’est la quantité dont a besoin chaque individu mais je ne crois pas à l’épanouissement que par le temps offert aux autres.

14)
Sylvain
, le 07.10.2014 à 22:56

Dominique et Madame Poppins, tout est question d’équilibre, je ne prétends pas qu’il faille s’ignorer ou cesser d’exister. Je suis tout à fait d’accord avec vous sur la nécessité de prendre du temps pour se (re)construire, pour s’édifier, et apprendre à se connaître.
Mais il me semble que nous ne sommes pas assez attentifs à ce temps que nous passons hélas trop souvent à nous disperser (ou nous divertir?) plutôt qu’à nous rassembler. Et c’est fou le nombre de bonnes excuses qu’on arrive à se trouver.

Merci Anne pour ce très beau texte.