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Anniversaire

Il y avait eu, paraît-il, une quantité non négligeable de signes avant-coureurs. Mon ami Fred me l’avait dit: «de nombreux indices conduisent à penser qu’il se passera quelque chose d’important en 1984». Selon lui, diverses prédictions de fiabilités variables s’accordaient à dire que cette année-là, un événement d’une importance planétaire se produirait. Peut-être n’en aurions-nous pas connaissance de suite; peut-être l’événement lui-même passerait-il inaperçu, mais les conséquences, dans les années suivantes, seraient de nature à marquer l’histoire.

Il n’avait pas tort.

En août 1984, j’ai rencontré ma femme.

~ ~ ~

Oh, ça ne s’est pas passé sur le mode coup de foudre à la Tex Avery. Non. Ça n’a même pas été tout de suite une histoire d’amour. Ça a commencé comme une belle amitié — ce que c’est encore. Mais, en raison d’un malentendu, ça a pris une dimension différente.

Commençons, si vous le voulez bien, par le début:

Rencontre

En juillet, je faisais — comme chaque année depuis 4 ou 5 ans — une retraite de silence. À l’époque j’étais catholique engagé, animateur liturgique, et je consacrais une semaine de mes vacances à cette activité combien ressourçante qu’est la retraite de silence. Non par devoir je le précise, par goût, par plaisir.

Il existe un grand nombre de formules de «retraites de silence». Celle à laquelle je participais durait du dimanche soir au samedi matin. De la messe d’ouverture à celle de clôture, nous nous taisions; à l’exception des partages de prière et d’un éventuel entretien avec le prédicateur. Mais pas de conversations, même durant les repas.

Le prédicateur était un ami. Alors que nous échangions quelques mots à mon arrivée, une autre retraitante, qui le connaissait également et qui était aussi en avance que moi vint le saluer. Il fit les présentations.

Je me souviens comme si c’était hier d’un sourire clair, d’une voix cordiale. Bernadette est une de ces personnes dont la présence est immédiatement amicale et chaleureuse, tellement qu’on a envie de la connaître mieux. J’ai eu cette envie. Il restait du temps avant le début de la retraite; nous l’avons passé ensemble et commencé à faire connaissance. Puis, pendant une semaine, c’était silence! J’ai donc eu tout le loisir de savourer son sourire lorsque je la croisais. Et à la chapelle, j’ai eu l’occasion de l’entendre chanter — très bien — et de me dire que j’aimerais assez qu’elle vienne dans le groupe de chant que j’animais, à la paroisse de Sainte Clotilde. Elle vivait à Genève depuis peu et habitait justement dans le quartier.

À la fin de la semaine, ayant retrouvé l’usage de la parole (!), nous avons pu échanger encore quelques mots, puis nos numéros de téléphone et la promesse de nous revoir bientôt.

Amis...

Début août, de retour à Genève, elle m’a téléphoné. Nous nous sommes retrouvés au bord du lac et avons passé la soirée à faire plus ample connaissance, à partager notre vision de la vie, nous découvrant des valeurs communes. Nous allions donc nous revoir; une amitié était en train d’éclore.

Cette soirée, je m’en souviens comme si c’était hier. Non de tout ce qu’on s’est dit, mais de ce sentiment si rare et si délectable que provoque la rencontre d’une personne avec laquelle une sorte de complicité s’établit naturellement, comme si l’on se connaissait depuis longtemps. Une sorte d’évidence. Je me rappelle aussi ce rocher sur lequel nous étions assis, de cette nuit d’été dans laquelle brillaient les lumières des Fêtes de Genève, sur l’autre rive du lac.

Et bien, vous savez quoi? Cette soirée, c’était pile-poil il y a trente ans (à un ou deux jours près)!

C’est en voyant la date à laquelle François a planifié mon billet d’août que j’ai fait le rapprochement et que j’ai eu envie de partager cet anniversaire avec vous.

...et plus, car affinités!

Quelque temps après, Bernadette faisait partie du groupe de chant paroissial que j’animais. Nous nous voyions donc au minimum deux fois par semaine lors des répétitions et célébrations, que nous prolongions souvent au bistrot voisin. Un soir, lors d’un de ces «after», je lui disais être fatigué et démoralisé. Elle a proposé que nous allions prendre l’air et marcher ensemble un de ces dimanches, et, pourquoi pas, carrément piqueniquer, si le temps s’y prêtait.

Il eut le bon goût de s’y prêter.

Le dimanche suivant, nous sommes donc allés marcher ensemble pour la première fois. Nous avons piqueniqué à proximité d’un troupeau de veaux qui nous trouvaient, semble-t-il, très sympathiques, car ils se rapprochaient de nous, mine de rien. Nous nous sommes éloignés une première fois pour continuer à manger tranquillement, et, à la fin du repas, après avoir à nouveau mis un peu de distance entre le troupeau et nous, Bernadette m’a dit... qu’elle avait quelque chose à me dire.

Je résume, de mémoire:

— Dominique, je... Ta chaleur, ton regard, la façon très «tactile» avec laquelle tu me manifestes ta sympathie, tout ça m’a donné à penser que je ne t’étais pas indifférente. Mais le temps que je comprenne que c’est là ta façon d’être avec les gens que tu aimes, quelque chose s’était éveillé en moi. Et maintenant, je me demande où j’en suis, où tu en es, et quoi faire avec tout ça.

C’est très résumé, mais dans les grandes lignes c’est à peu près ça.

Boum.

Je ne m’y attendais pas.

Mais pas du tout.

Effectivement, je manifestais volontiers — et le fais encore — mon amitié par des gestes de contact: main sur l’épaule, tape câline dans le dos, bise appuyée et accompagnée d’un serrage de bras marqué, voire une véritable «embrassade» au sens propre du terme... (À l’époque, me semble-t-il, c’était moins monnaie courante qu’aujourd’hui.) J’étais célibataire depuis très longtemps et peut-être trouvais-je là un moyen de partager un peu de tendresse, sans toutefois que jamais — me semblait-il — cela ne puisse prêter à confusion. J’avais quelques amies qui me le rendaient bien, sans que jamais, je le répète, il n’y eût la moindre équivoque sur nos intentions respectives. Or là, de toute évidence, il s’était produit... comme une... équivoque!

J’étais, je l’ai dit, célibataire depuis longtemps. Pas par choix, mais parce que je ne voulais pas me mettre en couple pour ne plus être seul. Je n’envisageais pas de commencer une relation sans qu’elle ait — à mes yeux — de sérieuses chances de pouvoir durer à long terme. Par exemple, je n’aurais pas pu envisager de vivre une relation amoureuse avec une femme qui n’était pas croyante. Ma foi, à ce moment-là, était au centre de ma vie; il me paraissait tout simplement impossible d’envisager la construction d’une vie à deux sans pouvoir l’enraciner dans une foi commune, une pratique commune, une relation à un Dieu (si possible commun). Ainsi avais-je pris à deux reprises de la distance par rapport à des femmes qui me plaisaient bien, mais qui se disaient totalement athées. (Ironie du sort, c'est aujourd'hui moi qui me dis athée!)

Autre exemple: pour des raisons sans doute moins... nobles, je pense que j’aurais eu du mal à déclarer mon amour à une femme qui aurait mesuré vingt centimètres de plus que moi. C’est sans doute idiot, peut-être macho, mais c’est comme ça.

Mais là, cette femme qui me disait ressentir quelque chose pour moi, représentait (à quelques détails près) un portrait assez fidèle de ce que j’avais espéré depuis si longtemps. Sur tous les points importants, nous nous sommes découvert une complicité, une vision de la vie commune, des valeurs semblables, des aspirations complémentaires, et, last but not least, un goût commun et très prononcé pour l’humour. Parce qu’il est vrai que je n’aurais pas pu, non plus, m’engager avec une femme pour qui l’humour n’était pas important!

Dès lors, il ne m’a fallu que quelques jours pour sentir mon cœur commencer à battre pour Bernadette.

Il bat toujours.

~ ~ ~

Donc:

1984 Rencontre
1985 Cohabitation
1986 Mariage
(jetons un voile pudique sur 1987, vous voulez bien?)
1988 Naissance de notre fils

Vous le voyez donc, ce trentième anniversaire est le premier d’une série de trois, puisque l’année prochaine nous fêterons trente ans de vie commune, et la suivante nos trente ans de mariage.

Bien sûr, bien sûr, je n’oublie pas les 30 ans de notre fils, donc de notre... job de parents, mais le propos du jour est bien notre aventure de couple.

Et cette aventure est passionnante. Oh, bien sûr, après tout ce temps, ça n’est plus la même musique. Mais vous savez quoi? Je préfère celle d’aujourd’hui. La fraicheur et les élans du début ont progressivement fait place à une relation peut-être moins exaltante, mais tellement plus riche et nourrissante! Il nous arrive de qualifier notre relation de... confortable. Non comme un canapé dans lequel on se vautre, mais comme une chaise de bureau qui permettrait de travailler longtemps sans fatigue excessive. Un autre qualificatif, peut-être plus clair: notre relation est simple.

Cela signifie dans notre esprit que

  • lorsque l'un de nous a un besoin, une envie, il peut l'exprimer cash en sachant que l'autre se sentira libre d'y répondre (ou pas), dans un souci de respect à la fois de l'intérêt commun et des besoins de chacun;
  • nous avons un vocabulaire souvent commun, et quand ça n’est pas le cas, nous arrivons à nous expliquer et à clarifier le propos;
  • lorsque l’un de nous a besoin de tranquillité, de s’isoler dans sa bulle, il peut l’exprimer simplement sans avoir à mettre des gants,
  • ... et l’autre a suffisamment confiance pour ne pas se sentir menacé, rejeté;
  • nous sommes familiers avec l’idée que chacun peut avoir une zone d’intimité sur laquelle l’autre n’a aucun droit;
  • et en même temps, nous pratiquons une transparence bâtie sur la — et source de — confiance. Je fais volontiers confiance à beaucoup de gens. Mais je n’ai pas besoin de faire confiance à Bernadette puisque j’ai confiance en elle.

Tout cela, et bien d’autres choses encore, est le fruit de trente années de relation construite jour après jour, assaisonnée de tendresse, d'attention, d'estime réciproque, de patience (tant envers soi-même qu'envers l'autre), d'acceptation de nos limites, de célébration de nos ressources, d'humour... et tout cela n’a pas de prix.

Je ne pourrais pas dire à ma femme que je l’aime «comme aux premiers jours». Et c’est heureux. En trente ans, nous avons construit, entretenu, réparé, réévalué, inventé, tâtonné, corrigé le tir, exploré, nourri une relation qui, forcément, n’a plus le même goût qu’à ses débuts. Comme l'épi de blé mûr n’a plus la même couleur tendre des jeunes pousses printanières. Mais vas-y pour faire du pain avec de l’herbe!

En fait, le point sur lequel nous n’avons pas bougé, c’est que nous sommes toujours en chemin. Jamais nous n’avons considéré que ça y est, nous sommes mariés, y a plus qu’à vivre le mariage, le consommer (pouah, ce mot!), plus qu’à...

Dès le départ, nous nous sommes mis dans cet état d’esprit qui consiste à envisager notre relation comme une sorte de formation permanente. Cette idée, qui est gravée à l'intérieur de nos alliances, nous l’avions exprimée par un photomontage qui constituait la première page de notre faire-part de mariage:

 

 CoupleEnFormation

 

 

≈ ≈ ≈    Bon anniversaire, nous deux!    ≈ ≈ ≈

 

 

19 commentaires
1)
marcdiver
, le 04.08.2014 à 00:49

Magnifique témoignage, merci !

2)
PSPS
, le 04.08.2014 à 04:21

Belle histoire, en effet, qui donne sa juste valeur à la relation avec l’Autre !
Dommage qu’elle reste l’exception…

Un de mes collègues qui se remet difficilement d’un divorce douloureux m’a présenté l’autre soir à son grand fils, au sortir du bureau où je rendais une visite de courtoisie : « PS. Un copain de longue date. Lui, n’est pas marié car il eut la grande chance de ne rencontrer que des connes ou des garces ! »

La sortie impromptue me fit sourire, mais me donne à penser…
Ce matin, plus encore que les autres, après la lecture de cet émouvant témoignage. Bon anniversaire à tous les deux.

3)
Ange
, le 04.08.2014 à 06:04

Superbe, et cela fait du bien de lire cela, aujourd’hui où tant de couples se séparent. (nous, nous en sommes à plus de 20 ans de mariage, et je n’aurais pas su exprimer la vie commune ainsi, surtout le chapitre qui commence par « Tout cela, et bien d’autres choses encore, …. » : bravo)

Bonne anniversaire à vous deux (p’tete que Bernadette lit ces mots aussi ! ;-))

4)
NewAncien
, le 04.08.2014 à 06:28

Merci pour ce magnifique texte. Il met de bonne humeur pour partir au boulot.
Bon anniversaire à vous deux

5)
Gr@g
, le 04.08.2014 à 07:58

Très beau témoignage. J’aurai aimé être capable de dire avec ces mots également la relation que j’ai avec ma femme. Pas encore 10 ans de mariage, mais déjà 17 de cohabitation comme tu le dis!

6)
ysengrain
, le 04.08.2014 à 08:30

Dans les chemins de vie que parcourent les êtres vivants, il y a ceux qu’on peut, a posteriori, qualifier de communs. Dominique nous fait partager sa rencontre, générée par un chemin commun.

Alors que nous nous connaissions depuis peu, ma chère et tendre et moi nous sommes retrouvés sur la musique, Un « mask opera » de Purcell dont l’enregistrement par le Deller consort venait de sortir.

À cette époque, les amateurs de cette musique là et de ces interprètes là, ne couraient pas les rues. Presque 40 ans plus tard, je vous laisse complèter …. tout ça, tout ça.

7)
Dom' Python
, le 04.08.2014 à 09:00

Merci, merci, merci pour vos (déjà!) nombreux messages!

@Ange (et les autres):
Oui, Bernadette nous lit. J’en profite pour préciser qu’elle m’a relu avant publication. Elle est ma relectrice préférée, et certains passages de ce billet lui doivent beaucoup!

@PhB:
Non, pas à Lourdes(!); c’était à Bex, au Foyer des dents du Midi, lieu où j’allais souvent.
Une fois, j’ai croisé (ailleurs) une religieuse qui m’a demandé: « Vous étiez abbé, non? » Après un moment d’hésitation je lui ai dit que non, je n’avais jamais été prêtre. Après un moment de flottement elle a éclaté de rire et a précisé: « Non, pas abbé, mais à Bex! Je me marre encore quand j’y repense…

8)
guru
, le 04.08.2014 à 10:01

Belle trajectoire Dominique…

Pour nous, rencontre il y a 48 ans, mariage il y a 45 ans, puis la vie, compliquée toujours… mais nous sommes encore là! Il faut faire sa chance.

9)
Saluki
, le 04.08.2014 à 10:24

Quelle belle aventure !

De notre côté, nous sommes une famille recomposée comme l’on dit, ce qui nous a permis de trouver chez l’autre deux enfants tout faits mais déjà grands et aux âges imbriqués.
Nous venons de fêter nos anniversaires (identiques) et nos années de mariage.
Le cumul des trois fait cent soixante, mais nous n’avons symbolisé que notre âge et voilà ce que nous avions demandé, un genre de dressing code, en somme.
Certains, malicieux, ont quelque peu biaisé et produit des balais de moteurs électriques, des balais d’essuie-glace. Mais le compte y était presque.
(Pour François : il n’y avait pas QUE des andouillettes).

Tout cela pour dire : « La vie ne vaut rien, Mais rien ne vaut la vie ».
Ça c’est Souchon ou : « Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie ».
Ça c’est Malraux.

10)
Hervé
, le 04.08.2014 à 10:40

Vais-je tenir le pompon avec 55 ans de rencontre et 54 de mariage !? Des hauts et quelques bas, trois enfants, 7 petits-enfants, mais nous regardons toujours et encore dans la même direction !

11)
Jean-Yves
, le 04.08.2014 à 10:51

Lecture qui met du baume au cœur.
Car c’est un beau mot, cœur.
Un beau moqueur !
Très bon anniversaire.

12)
Crifan
, le 04.08.2014 à 13:53

Je me suis fait avoir comme un bleu! Je pensais à un autre événement… ;-)

Bon anniversaire!

13)
Dom' Python
, le 04.08.2014 à 18:20

@Guru
C’est vrai qu’il m’arrive de trouver que j’ai de la chance de vivre une telle trajectoire. Et tu as raison: il y a dans cette « chance » une part de reçu, mais une part importante de « fait », de tricoté maille après maille…

@Saluki
Ben ça alors! Inviter des gens à fêter vos 3 anniversaires, et les voilà qui viennent mettre les bâtons dans la roue… Mouarf!
Et si je connaissais la citation de Souchon, j’ignorait celle de Malraux. Mais les deux, a mon sens, sont très vraies. La vie est à la fois d’une grande valeur (et puissance) et d’une grande fragilité… comme le couple!

@Hervé
« …and the winner is… » 55 ans! Beau trajet! Et si vous regardez encore dans la même direction, j’espère que c’est pas seulement quand vous êtes assis devant la télé (-> je sors!)

@Jean-Yves
…et on va arroser ça avec rhum au beurre! (comment, ça, tiré par les cheveux?)

@Crifan
??? lequel?

15)
Hervé
, le 04.08.2014 à 21:29

Et si vous regardez encore dans la même direction, j’espère que c’est pas seulement quand vous êtes assis devant la télé (-> je sors!)

Nos derniers paysages
– en 2010 et 2011 : Jordanie, Syrie (une semaine avant l’explosion)
– 2012 : Vietnam
– 2013 : Argentine
– 2014 : Tanzanie
– et prévu pour 2015 : Iran
et toujours seulement à deux + guide (et pas TVguide !)

La citation n’est pas de moi, mais d’

L’amour, ce n’est pas se regarder dans les yeux, mais de regarder ensemble dans la même direction

et même en direction de la TV, pourquoi pas ?

16)
Dom' Python
, le 05.08.2014 à 09:14

Presque 40 ans plus tard, je vous laisse complèter…

…vous vibrez toujours au même diapason, à 415,30? ;-)

17)
Dom' Python
, le 05.08.2014 à 09:19

@Hervé
C’est bien à « Saint-Ex » que je faisais allusion, ainsi qu’à je ne sais plus qui, qui avait ajouté: « Alors, avec ma femme on s’aime très fort, parce que tous les soirs on regarde dans la même direction: la télé! »

Et comme tu dis: pourquoi pas?

18)
jdmuys
, le 07.08.2014 à 13:58

Au début de notre relation avec ma chère et tendre, je lui ai dit une fois:

– j’ai envie de baisers

Elle m’a regardé les yeux équarquillés, a dit « ah? », et m’a entraîné dans la chambre.

Alors je me suis rendu compte.