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Confortablement installée dans mon fauteuil…

... je songe à "mes" étudiants qui, au moment où j'écris mon billet, sont probablement relativement stressés : lundi aura lieu pour eux un examen important, en deux volets, l'un d'eux venant valider les cours que je leur ai donnés.

Durant les huit ans au cours desquels j'ai formé des adultes en emploi, j'ai eu la chance de ne jamais devoir faire passer d'examens; mon changement de poste, il y a un peu plus de dix-huit mois, a modifié cette donnée puisque je dois depuis lors contrôler l'acquisition de leurs connaissances, soit par un écrit, soit par un oral.

Je serais bien tentée de faire état du stress que représente, pour l'enseignante que je suis aujourd'hui, la mise en place d'un examen : dans le temps imparti, est-il possible, correct, légitime de poser x questions, faut-il en prévoir x+2 ou devrais-je au contraire réduire à x-1, l'énoncé du sujet est-il suffisamment clair, est-il ambigu d'une manière ou d'une autre, quel doit être exactement le niveau de difficultés dans ce type de formation, pour ce type de public, participant à l'acquisition de tel "bachelor".... autant d'interrogations qui ont agité mon petit esprit.

Je serais bien tentée de vous confier mon angoisse face aux corrections à venir dès mardi matin : les (très) mauvais résultats de certains seront-ils la preuve que j'ai "mal" transmis la matière et que, partant, la responsabilité de l'échec me revient, ou seront-t-ils au contraire le fait d'étudiants qui auront pris à la légère cette branche pourtant centrale ? Dans mes rêves les plus fous, tous réussiront très bien mais dans ce cas-là, va-t-on affirmer que mon examen était de complaisance et que j'aurais dû passer à un niveau de difficultés supérieur ?

Bref, même si les étudiants ne s'en doutent pas forcément, un examen est aussi un moment de stress pour le formateur mais étant payée pour le supporter, je ne m'étendrai pas plus avant sur ces questionnements : j'espère que je vais les gérer au fil des années à venir et que je parviendrai "prochainement" à une sorte d'état de recul-zénitude-assurance.

J'ai récemment partagé avec vous quelques tribulations sur le fait que selon moi, apprendre, c'est bien, apprendre à apprendre encore davantage. Aujourd'hui, je me demande si mon humeur n'était pas lacunaire : elle aurait certainement dû comprendre un volet "comment gérer le stress inhérent à des examens ?"

Tiens, oui, le stress, parlons-en. Il y a des stress positifs, j'en suis convaincue : concrétiser l'achat d'un appartement, par exemple, est une forme de stress, aucun notaire ne dira le contraire je crois; prendre la parole dans le cadre d'une conférence en est une autre, tout comme l'instant du départ d'un marathon pour lequel on s'est longuement entraîné. Je ne suis pas très au fait des mécanismes physiologiques que ces événements, arbitrairement choisis en guise d'exemples, déclenchent dans notre corps mais ils sont nécessaires pour obtenir une forme de concentration, de conscience et d'énergie.

A la "veille" d'un examen important, j'ai constaté plusieurs attitudes en observant mes copains d'études (il y a fort longtemps) : le déni face à l'ampleur du travail à fournir - "y a pas tant de matière que ça finalement, on a eu un seul semestre, ça peut pas être si lourd que ça", ce qui implique une bonne dose de charme ensuite pour oser, trois jours avant la date fatidique, demander aux deux meilleurs de la volée leurs résumés parfaitement agencés -, la panique pure et simple - "je ne vais jamais y arriver, c'est trop dur, de toute façon, je suis nul-le" avant même la première révision entamée, maîtrisée à grand renfort de "produits pharma" divers, allant des compléments vitaminés aux prescriptions plus "lourdes" et plus du tout inoffensives -, la stratégie mathématique - "si je me plante là,  je pourrai compenser avec l'autre partie" - et une sorte candeur - "de toute façon, ça ira".

Dans ces possibles, je n'ai pas cité ce que j'ai mis des plombes à piger, du moins à appliquer (très partiellement) : bosser régulièrement en cours d'année, pour que la préparation soit "réduite" à un passage en revue de ce qui avait déjà été compris à défaut d'avoir été totalement mémorisé.

D'un point de vue rationnel, personne ne conteste ce principe : un travail régulier est la meilleure façon de gérer le stress inhérent à un examen. Mais alors pourquoi est-ce si difficile à appliquer ? Lorsque j'étais étudiante à plein temps, j'avais toujours une bonne raison pour ne pas me pencher sur mes cahiers : une sortie avec des copines, un chagrin d'amour ou un entraînement de natation. Depuis que je suis adulte, continuant à me former, j'avance des motifs plus "sérieux" : concilier travail, famille avec trois enfants, ça laisse peu de temps libre. Malgré tout cela, j'ai quand même maté tous les épisodes de séries à "très haute teneur intellectuelle" ("scandal", "grey's anatomy" notamment) : c'est dire si je dispose de plages vacantes nonobstant un planning prétendument serré.

Est-ce à dire que l'être humain est par définition flemmard ? Faut-il au contraire voir dans ce démarrage de dernière minute le fait que la capacité de concentration est toujours bien inférieure à ce qu'on pense et que toute phase de travail doit être suivie d'une phase bien plus longue de loisirs, de détente, de repos ? 

La "vérité" est certainement une juxtaposition de ces hypothèses mais, pour ma part, je dois bien admettre qu'un facteur supplémentaire vient s'ajouter : je crois que je suis un peu "maso" puisque j'attends souvent de ressentir, pour enfin me mettre au travail, une bonne dose de... stress ! A croire que j'aime bien ça ! Et pourtant, je vous assure, c'est loin d'être plaisant puisque cela me fiche des aigreurs d'estomac, cela me contraint à des visites ostéo en raison de crispations sévères au niveau de la nuque et du dos et que, last but not least, je dors super mal.

Et vous, face à un examen, un travail à rendre, une échéance importante, guidés par l'adage "rien ne sert de courir, il faut partir à temps" ou au contraire, motivés uniquement par un sprint digne de Usain Bolt ?

14 commentaires
1)
skyroller01
, le 14.04.2014 à 06:57

Si l’être humain est flemmard par principe? Il semble que ce soit la ‘solution’ de relative facilité qui prime souvent sur toute autre réflexion… Mais, de toute façon, on le paie à un moment donné. L’être humain est peut être atteint d’une superbe flemmingite aïgue, peut-être même héréditaire et génétique ;-)

Ou bien il suffit simplement d’être intéressé par ce que l’on fait, et cela suffit à déplacer des montagnes… Éternel optimisme, je m’arrêterai à cette idée. Bonne semaine à tous.

2)
ysengrain
, le 14.04.2014 à 07:38

les (très) mauvais résultats de certains seront-ils la preuve que j’ai « mal » transmis la matière

Ben voyons !! Jamais, tes étudiants ne viennent bavarder avec toi en fin de cours afin d’éclairer des points restés obscurs, et bien entendu, tu ne leur réponds pas !!

Je ne suis pas très au fait des mécanismes physiologiques que ces événements

Alors voilà… Nombre de travaux de neurophysiologie expliquent que … tout nait dans le noyau ventro caudal du lobe frontal par une émotion. Après, vient « l’interprétation ». Tout est parfaitement et lumineusement expliqué par Antonio Damasio dans un de ses livres majeurs L’erreur de Descartes: rapidement expliqué en fait, c’est « je suis, donc je pense… »

À partir de ces constatations, chacun gère en fonction de ….travail régulier, révision forcenée au dernier moment, etc …

Est-ce à dire que l’être humain est par définition flemmard ?

D’où venons-nous ? Nous sommes des animaux un peu particuliers. Il reste en nous de ce comportement: une sorte d’agressivité dans la faim, les peurs devant l’inconnu etc.. Donc, naturellement, le comportement serait:

– je mange

– je dors

– je me reproduis … je dors …

Sauf, sauf … que nous sommes équipés comme nulle autre espèce au plan neurologique. Et donc …

Quant à mon fonctionnement personnel, je n’ai pas de règle, tantôt tortue, tantôt lièvre; mais le lièvre triche: il gamberge longuement sur le sujet avant la mise en action.

3)
iYannick
, le 14.04.2014 à 11:10

Avec une échelle flottante, un examen peut passer de trop facile à moyennement dur, et inversement.

L’enseignant fixe le 4 là où la majorité des étudiants se trouvent et déduit son barême.

Donc pour répondre à ta question du strict point de vue des examens, plusieurs de nos profs n’ont pas hésité à nous dire que l’on était une excellente volée de bachelor, notre 4 pour la majorité des examens se trouve généralement à vue de pif entre 65 et 70 % des points.

Je suis un procrastinateur de première, mais devant de tels barêmes, le pêché de paresse peut coûter chèr. Donc je m’y prends à l’avance. Mais je ne suis efficace qu’avec une certaine dose de stress, donc la combinaison des deux m’apporte de bonne performances.

4)
Migui
, le 14.04.2014 à 12:38

Dans ces possibles, je n’ai pas cité ce que j’ai mis des plombes à piger, du moins à appliquer (très partiellement) : bosser régulièrement en cours d’année, pour que la préparation soit « réduite » à un passage en revue de ce qui avait déjà été compris à défaut d’avoir été totalement mémorisé.

Si vrai et si bien dit! J’ai eu la chance de le comprendre très tôt, et mes résultats scolaires ont été à la hauteur, avec un stress réduit au minimum.

En-dehors des rarissimes génies qui n’ont peut-être pas besoin d’étudier dans la durée, ce principe est toujours valable.

5)
Dom' Python
, le 14.04.2014 à 13:32

C’est con, mais je n’avais jamais pensé à la responsabilité que représente le « calibrage » d’un examen… Bon, faut dire que j’en ai pas passé beaucoup, ayant quitté l’école à 16 ans.

Pour répondre à ta question: les deux mon capitaine!

En effet , ma tendance est de passer le plus gros du temps qui me sépare d’une échéance à me dire avec une authentique conviction qu’il faut partir à temps (ou plutôt qu’il faudrait!), puis de passer en mode lièvre lorsque je n’ai plus le choix. D’où un savant cocktail de stress et de culpabilité.

Mais je me soigne…

6)
guru
, le 14.04.2014 à 15:26

Je suis un peu comme le lièvre d’Ysengrain, j’attend le dernier moment mais… j’y pense longtemps à l’avance, ce qui fait que c’est « prémaché » et donc facile à emmagasiner.

Quant à la docimologie, cela ne m’a jamais beaucoup angoissé quand j’étais prof, je me fiais aux travaux de l’année et j’ajustais avec des oraux où j’étais parfaitement partial…

OK je sors… mais avant, je te bise MP.

7)
François Cuneo
, le 14.04.2014 à 15:43

Je pense que tu as un problème: tu fais tes examens seule.

Nous on les fait à plusieurs, avec du recul, de l’expérience sur plusieurs années.

Toi tu commences.

Ce n’est pas simple, mais ça ira déjà mieux l’an prochain!:-)

Pour le reste, je dois préparer un module de mon CAS cette semaine, je n’arrive pas à m’y mettre!

Et quand il n’y aura presque plus de temps, je le ferai, dans un stress absolu.

Comme quoi moi aussi je dois aimer ça…

8)
jpg
, le 14.04.2014 à 16:03

Le métier d’enseignant serait un des plus beaux métiers du monde … s’il n’y avait les examens.
Au total, je retiens de mon métier d’enseignant que les cours sont des temps merveilleux, mais les examens ne sont pas le meilleur souvenir, sauf pour tous les excellents étudiants et il y en a pas mal (mais avaient-ils besoin d’un professeur ?). En fait les bons étudiants s’en passent bien, les mauvais aussi du reste, avec délectation. Donc le professeur est seulement utile à la classe moyenne.
Revenons aux examens. En première session, on trouve des étudiants exceptionnels qui ont assimilé le cours d’une façon remarquable et parfois sont allés au-delà. C’est un grand bonheur.
À l’opposé, on trouve des étudiants dont la nullité -par manque de travail, d’organisation et par peu d’intérêt- pimente, colore la session. Dans les cas limites, je leur colle 0/20 en leur signalant qu’ils ont un énorme potentiel de progression.
Parfois on se dit que tant d’efforts, de longues soirées passées devant l’ordinateur pour bien présenter la matière n’ont pas porté tous les fruits escomptés. Ah les ingrats !
Une grande partie des étudiants récitent ce qu’on leur a enseigné, avec plus ou moins de bonheur. Même en sciences, certains étudiants ont tout étudié par cœur, en ayant peu ou pas du tout compris la matière. Faut-il récompenser des efforts aussi considérables qui forcent l’admiration ?
En seconde session, alors là, c’est la grisaille complète. Les meilleurs ne sont évidemment plus là, les folkloriques ne présentent plus ou ont travaillé, donc il reste ceux qui ont étudié, un peu, beaucoup, tendrement mais pas vraiment assimilé et on hésite entre 9 et 11/20, parfois on a de bonnes surprises.
Mon université organise des soutiens psychologiques, méthodologiques… gratuits pour les étudiants, mais rien, absolument rien pour ses professeurs. Or, pour qui les examens sont-ils les plus pénibles ?

9)
Madame Poppins
, le 14.04.2014 à 20:36

Skyroller01,

Il est vrai que l’intérêt qu’on porte à une matière est une motivation importante mais elle n’est pas toujours suffisante : je sèche encore et toujours sur le calcul d’une rente vieillesse et la compensation des « trous » dans les années de cotisation….

Ysengrain,

:-))) Je fais mon autiste et je file ! Non, plus sérieusement, bien entendu que je suis à disposition, bien sûr que je réponds à leurs questions mais est-ce que ça aura été suffisant, va savoir : j’ai la pile sur ma table, le temps de correction est prévu jeudi toute la journée. A suivre !

iYannick,

Tu sais que je n’avais encore jamais pensé à l’échelle flottante comme tu dis !? Et pourtant, mes profs l’ont certainement appliquée. Et comme ce n’est que la 2e fois que je fais passer cet examen, je ne sais pas s’il y a réellement une échelle flottante ou si un barème fixe a été décidé. Faut que je me renseigne : en effet, il semblerait quand même étonnant que selon la volée dans laquelle tu es, un 4 est acquis plus ou moins facilement selon si la volée est « cancre » ou « premier de classe ».

Dominique,

Je vois tellement bien ce que tu veux dire : savoir qu’il faut commencer tôt ne signifie pas qu’on va réellement commencer tôt. Et comme toi, je me soigne mais c’est timide, comme progrès.

guru,

Je prends volontiers les bises et espère atteindre prochainement ton degré de zenitude face à ces questions !

François,

C’est en effet un problème : le problème, justement, c’est que je suis la seule dans l’établissement à enseigner cette branche et que mes deux collègues juristes se gardent bien d’interférer dans ma matière non par manque d’intérêt mais parce qu’elles ont leurs propres domaines (où je serais probablement incapable d’être un soutien si elles devaient me poser des questions).

Courage pour ton module, je parie que tu vas faire un très bon travail !

jpg,

Je ne sais pas si le prof est réellement utile que pour les élèves moyens : le bon va encore progresser parce qu’il aura pris confiance, le « à la traîne » va peut-être progresser et acquérir des choses. Et les mauvais, c’est dingue, ils ne savent pas qu’ils auraient besoin d’un prof, y viennent pas aux cours ! ;-) Et j’ai de la chance, chez nous, y a des trucs qui sont organisés mais pour savoir que t’as besoin d’un tel cours, faut avoir vécu le truc et quand tu l’as vécu, ben c’est trop tard (du moins pour la volée en cours).

Bref, merci pour vos contributions, une belle période de Pâques à toutes et tous, à bientôt,

10)
Pom
, le 15.04.2014 à 07:16

Pour répondre à la question, je suis plutôt du genre sprint final …

En revanche, une fois face au mur (selon l’importance et la taille de l’examen, cela peut être 1 semaine avant ou 5 minutes avant …), je me dis que rien ne sert plus de courir et de se donner plus de pression, il faut faire avec le bagage emmagasiné jusque-là, le consolider éventuellement un peu, contenir la panique qui nous envahit pour en récolter l’énergie positive et regarder le plus objectivement possible le but final, le fait de réussir l’examen.

Ce qui m’a toujours aidé, c’est justement le fait de relativiser, de me dire que personne ne me veut du mal et qu’une personne « en face » (enseignant, examinateur…) se teste ou se fait tester aussi.
Enfin, avoir passé un bon petit paquet d’examens, de tests, d’auditions, d’entrevues, de séances … aide aussi pour l’exercice, voir qu’un test est une manière de vérifier son niveau (l’échelle est aussi positive !) à un temps déterminé … et que la vie continue ensuite !

11)
Pom
, le 15.04.2014 à 07:22

Au fait, petite question dérivative: en tant qu’enseignants, qu’est-ce qui vous satisfait le plus: que tous vos étudiants passent un examen, même très médiocrement, ou que dans l’ensemble vos étudiants montre une excellente progression, quitte à ce que certains soient largués?

12)
Tom25
, le 17.04.2014 à 13:43

Mon école d’ingénieurs était en contrôle continu, avec des sortes de partiels parfois. J’ai toujours été hyper attentif en cours (ceux de sciences en tout cas) mais je travaillais peu à coté. Je ne révisais que peu, et même pas à la dernière minute. Du coup le stress disparissait un peu au début de l’examen car je me disais que cette fois c’était vraiment trop tard pour réviser.
Du coup, j’ai été moyen – (mauvais) durant toute ma scolarité.

Au boulot j’ai plutôt la réputation inverse, je fais tout tout de suite.

13)
Madame Poppins
, le 18.04.2014 à 22:46

Pom,

Excellente question (désolée d’y répondre si tardivement).

Réflexion faite, je préfère, je crois, que certains marquent une excellente progression : ceux qui auront fait un mauvais résultat ne deviendront pas pour autant de mauvais professionnels, leur domaine comporte mille autres facettes que ma branche spécifique.

Donc, Pom, ma réponse vous évoque quoi ?

14)
Pom
, le 25.04.2014 à 00:45

Madame Poppins,

la finesse de votre réponse m’a intrigué et pourtant m’évoque la cohérence de votre réflexion !

Merci et excellente fin de semaine.