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Apprendre…

L'école, pour moi, ça évoque plein de souvenirs vraiment géniaux : il y a eu les petits billets qu'on se passait pour faire circuler une nouvelle aussi tonitruante que "Boris aime Véronique", il y a eu les fous-rires entre Anne-Claire et moi au fond de la classe, il y a  eu nos fouilles dans la poubelle de la prof pour trouver les stencils qu'elle utilisait alors (ça, c'est pour donner une indication sur mon grand âge) pour les épreuves. Plus tard, il y a eu les leçons de philo, l'histoire et la littérature, autant de cours qui m'ont rendu le monde un peu plus compréhensible.

Bref, moi, l'école au sens large, j'ai aimé (sauf la physique et la gym), au point d'ailleurs d'y aller très longtemps, changeant par deux fois de métiers et saisissant toutes les opportunités pour suivre aujourd'hui encore des formations en cours d'emploi.

Au cours des derniers mois, observant Junior (11 ans) et Mini (9 ans), j'ai pris conscience que si l'école, c'était bien pour moi, c'est parce que je correspondais EXACTEMENT à l'élève standard visé par le programme : gentille, pas trop dissipée, pas forcément bête sans être géniale, sans souci de dyslexie, avec des parents concernés et intéressés par mon apprentissage.

Junior, lui, n'entre pas dans le moule : il se passionne pour la politique et la sociologie, il adore découvrir les taux de change de différentes monnaies et leur nom et ne comprend pas pourquoi il doit faire de la couture. Moralité, il passe un temps de dingue à apprendre les cours d'eau de Suisse et fait des divisions euclidiennes à la pelle sans savoir à quoi cela peut bien servir.... il est bien loin de ses centres d'intérêt. Mini, quant à lui, ne pige rien du tout aux groupes nominaux mais serait certainement capable d'avaler le programme de math de son année en deux mois, ce qui n'est pas possible puisque tout le monde doit avancer au même rythme.

Soit. Savoir coudre un bouton est utile, mon aîné s'en rendra compte plus tard et Mini doit acquérir les bases de la grammaire, ne serait-ce que pour être capable de rédiger, bien plus tard, une lettre de postulation sans faute.

Au-delà de ces considérations sur la rigidité de l'école et sa difficulté à montrer le sens de l'apprentissage aux enfants, je constate un souci encore bien plus important : personne n'apprend à mes enfants à apprendre ! Récemment, face aux 20 pages de sciences naturelles, Junior n'avait aucune idée comment procéder pour se préparer au test de la semaine suivante; Mini n'a aucune idée comment apprendre son vocabulaire pour la dictée du jeudi matin. Et ça, je trouve que c'est grave : avant de remplir une tête, il faut lui montrer comment faire pour assimiler une matière.

Faire un résumé, avec ou sans schéma, confectionner des cartes de vocabulaire allemand, demander à un copain de réviser ensemble pour se questionner mutuellement, développer des astuces mnémotechniques, autant de pistes pour maîtriser ces nouvelles notions. Sauf que ça, personne ne leur montre, personne ne les aide à déterminer s'ils retiennent mieux ce qu'ils ont entendu ou ce qu'ils ont écrit, personne ne leur explique qu'on ne mémorise que rarement ce qu'on a juste lu, même dix fois de suite.

 Aucun prof n'a jugé nécessaire de leur démontrer qu'un test se prépare, surtout s'il est conséquent, en établissant un rétro-planning : l'examen a lieu à telle date, la matière couvre tel champ, en combien de tranches faut-il découper et combien de temps faut-il prévoir pour réviser le tout, ça, ça aurait du sens à mon avis. En effet, constater que l'élève n'a pas acquis certaines notions, c'est bien, déterminer comment il a travaillé et comment il pourrait progresser, c'est mieux. du moins, ça serait mieux.

Donc, du coup, c'est moi qui essaie de montrer à mes enfants comment on peut apprendre. Sauf que, bien des parents le confirmeront, la propension des enfants à écouter ce genre de conseils avoisine le zéro absolu : j'ai beau leur dire que je comprends leurs difficultés et qu'elles peuvent être résolues, j'ai beau leur dire que moi aussi, j'ai dû apprendre tous ces trucs et que si j'y suis arrivée, eux le peuvent aussi, rien n'y fait. Le simple conseil "si tu n'as pas compris un truc, demande au prof de répéter ou de te donner un exemple" les fait hurler et la suggestion de demander au meilleur de la classe de leur montrer comment il s'y prend leur semble grotesque.

Et du coup, insidieusement, la "démission" se pointe : après un 3 de math, Junior rechigne encore davantage à se mettre au travail pour le prochain test et Mini, après un 2,5 de géographie, est convaincu qu'il est nul. Ce qu'il n'est pas, loin s'en faut.

Et du coup, moi, je me triture encore plus le cerveau : à défaut d'aimer l'école comme cela a été mon cas, j'aimerais bien qu'ils puissent passer ce temps de façon plus sereine, pour pouvoir, un jour, choisir la voie qui leur fait le plus envie et non pas celle qui "reste" parce que les résultats n'ont pas suivi.

Bref, vous, pour apprendre, vous vous y prenez comment ?

 

 

45 commentaires
1)
papou
, le 13.01.2014 à 07:03

Allez écouter (il vient souvent en Suisse) ou lisez ses ouvrages Olivier Revol (Un ami, Neuro-pédo psychiatre de Lyon). Un de ses titres : « Même pas grave, l’échec scolaire ça se soigne » ! C’est un grand spécialiste des enfants à haut potentiel

2)
TroncheDeSnake
, le 13.01.2014 à 08:08

J’ai pas aimé l’école. Mais alors pas du tout. À tel point que j’ai mis des années à ne plus penser que ceux qui faisaient des études y étaient condamnés, faute d’avoir eu une autre idée plus intéressante.

Pourtant toutes mes maitresses et mes profs le disaient: j’avais les moyens d’avoir de bon résultats, si seulement j’avais bossé! Et si j’ai eu de bons résultats en géométrie et « math modernes », c’est parce que je comprenais facilement et que je m’y amusait; pas parce que je travaillais. Ou alors travaillai-je avec plaisir, ce qui ne me donnait pas l’impression de travailler…

J’ai donc fait un apprentissage, dans la vente. Le psychologue « orientateur professionnel » que mes parents m’ont fait consulter leur a dit « Pour Dominique, la culture, c’est ce qu’il apprend au quotidien, dans la vie, pas dans les livres. » (Ils ne m’ont rapporté cette phrase que beaucoup plus tard, de peur que je m’en serve pour justifier mon désintérêt pour l’étude.)

Avec le recul je me dis qu’à l’époque, ce qu’on apprenait avec plaisir n’avait pas grande valeur. Ce qui était important était que l’on apprenne ce qu’on voulait nous enseigner. Et le comble du mérite était d’y arriver par l’effort et la persévérance plus que par plaisir. Ce qu’on fait avec plaisir ne nous apprends pas la vie, parce que la vie n’est pas une partie de plaisir. D’ailleurs, le plaisir c’est mal.

Bon d’accord je caricature une peu, mais pas tant que ça.

Je n’ai donc pas « appris à apprendre », et je n’ai rencontré – consciemment – cette notion que beaucoup plus tard, à plus de quarante ans, lorsque j’ai lu Liberté pour apprendre de Carl R. Rogers. Et là je me suis dit que ma vie aurait peut-être connu une autre orientation si j’avais eu ce genre de prof.

Pour répondre à ta question… comment je m’y prends pour apprendre.. ben… j’sais pas trop! En fait ça vaudrait la peine que je m’y penche un de ces jours! Mais ce qui est certain, c’est que, comme disait mon grand-père à plus de 95 ans: On n’a jamais fini d’apprendre!

3)
ysengrain
, le 13.01.2014 à 09:51

Je constate que la France, championne de la production d’inégalité à l’école n’a pas l’exclusivité de la bêtise des enseignants: ne pas dispenser de discours permettant de faire apprendre. L’école, non merci. j’y ai été malheureux, sauf quand les cours de sport m’ont fait découvrir l’athlétisme (sprint) et surtout le rugby.

Je n’ai conservé qu’un souvenir positif d’un prof:Émile Tersen. j’étais en seconde, début décembre, il nous prévient: « la semaine prochaine contrôle des connaissances, n’oubliez pas d’apporter vos livres ».

J’étais assez lié au crac de notre classe: 1er en toute matière (sauf en sport). Avant tout, il s’agissait d’un garçon très intelligent doué d’une mémoire exceptionnelle. Il lui suffisait de lire une ou deux fois. Il m’avait dit que le second crac de la classe apprenait tout par coeur. Le jour du contrôle avec les livres, il a fait chou blanc.

@ MP Tu éprouves des difficultés à faire passer le « bon » message à Junior et Mini ? Comment faire passer un message positif en vue de s’intéresser à une matière dont on ne voit pas l’intérêt.

Je me suis heurté à cette barrière constamment. Le jour où un élève de ma classe a demandé au prof de nous dire quelle était l’utilité, dans la vie courante, des implications bijectives: il s’est fait virer. Alors oui, sans doute, certains élèves sont difficiles, mais que dire de certains profs ?

5)
xela
, le 13.01.2014 à 10:30

C’est moi ou j’ai juste l’impression qu’à partir d’un article et de quelques commentaires on dépeint les profs, en général, comme des incapables et des incompétents?

6)
ToTheEnd
, le 13.01.2014 à 10:39

Malgré toutes les justifications et volontés affichées, a la fin, c’est ces profs ou cette école qui n’est pas très bonne pour tes enfants car elle ne les apprend pas a apprendre…

Aujourd’hui, avec l’exigence qui caractérise notre petite civilisation, il faudrait que tous les programmes s’adaptent a chaque individu. Il faudrait que le programme et bien entendu les profs s’adaptent a chaque profil… Est ce bien raisonnable?

A l’évidence non et si tu penses que c’est ça qu’il manque a tes enfants, je parie que 20 autres parents ont une idée différente de ce qu’il faudrait pour leur gamin. Un programme est surtout développé et enseigné pour le plus grand nombre. C’est le plus important et je suis conscient que ça en laisse d’autres de côté (j’en fais partie).

Dans un avenir lointain, je pense que l’école devra se transformer pour offrir un prof virtuel a chaque élève et grâce a des tests psychologiques puissants et particuliers, le iProf proposera une formation adaptée a chaque élève et avec un taux de réussite qui frisera avec les 99%…

D’ici la, faudra un peu de patience et beaucoup de suivi.

T

7)
ToTheEnd
, le 13.01.2014 à 10:42

Xela: je suis certain que MP va s’en défendre…

T

8)
ysengrain
, le 13.01.2014 à 11:10

C’est moi ou j’ai juste l’impression qu’à partir d’un article et de quelques commentaires on dépeint les profs, en général, comme des incapables et des incompétents?

Si le boulot des profs aboutit à ce que MP rappporte ici, à l’expérience tant pour moi que pour mes enfants vécues, jusqu’à nous rendre spectateurs d’une vie qui n’est pas la nôtre, OUI, OUI, OUI.

Si, au contraire, des profs se comportent comme Emile Tersen qui nous a tant appris, alors, NON, NON

9)
Soheil
, le 13.01.2014 à 11:59

Apprendre avec plaisir ne veut pas dire apprendre sans effort. Apprendre le chinois m’a demandé beaucoup d’efforts, mais je trouvais du plaisir à fournir cet effort parce que le résultat était gratifiant. Je crois que tout est dans ce dernier mot: nous aimons ce qui est gratifiant — Henri Laborit l’a suffisamment démontré (voir à ce sujet « Mon oncle d’Amérique » d’Alain Resnais). Un enseignant qui délaisse un enfant ou qui l’humilie devant toute la classe ne lui rend pas service. L’enfant se détournera des matières qu’on lui enseigne si cet enseignement ne le valorise pas.

Enseigner est un art. On a ce don ou on ne l’a pas. On peut apprendre aux enseignants toutes les méthodes qu’on voudra (il y en a certainement d’excellentes), s’ils ne sont pas doués pour ça le résultat sera catastrophique. Un bon prof peut sauver la pire des écoles — et malheureusement le contraire est aussi vrai.

L’école de mon enfance ressemblait encore un peu (beaucoup) à celle du film « Les choristes ». Je la détestais au point que le seul fait de passer devant en voiture me donnait des crampes à l’estomac. Elle n’avait pas que du mauvais, et il aurait sans doute suffi de peu de choses pour la rendre à la fois utile et agréable.

Les enfants élevés à cette école ont tout jeté à l’égout en 1968, l’eau du bain et le bébé dedans. De réforme en réforme ils auront tout essayé et l’école qu’ont connue mes enfants ressemblait à une garderie infantilisante. Si mes enfants ont un peu de culture aujourd’hui, ce n’est pas à l’école qu’ils l’ont apprise.

Je n’étais pas fait pour l’école, mes enflants non plus. Mais, dans un monde idéal les enfants n’ont pas à être « faits » pour l’école, c’est l’école qui doit être faite pour les enfants. Sauf que le monde n’est pas idéal et que chaque société se construit une école à son image. Notre société est injuste, elle est composée en gros d’oppresseurs et d’opprimés, et son école lui ressemble.

Il reste heureusement une troisième voie, celle décrite (encore une fois) par Henri Laborit dans son livre « Eloge de la fuite », mais comme elle consiste à « fuir » hors du système ou à rester en marge de ce système, elle fait peut-être de nous des marginaux.

10)
Mirou
, le 13.01.2014 à 12:34

Bonjour !
Moi je ne comprends pas le billet de Mme Poppins comme une charge contre l’enseignement et les prof. Il s’agit juste d’une remarque, toute à fait cohérente, d’un certain manque.
Je ne sais pas comment cela se passe maintenant, mais je me souviens qu’en 5e primaire, notre prof nous a montré comment apprendre par coeur un poème, en écrivant ledit poème, puis en effaçant petit à petit des mots. C’était une révélation (j’étais incapable d’apprendre par coeur avant ça. ).

Plus tard, au gymnase, j’ai eu un cours intitulé « Apprendre à apprendre », et nous étions beaucoup d’inscrits, car bêtement, personne ne nous avais jamais parlé de ça, alors qu’au fil des ans, nous sommes censé devenir de plus en plus autonome.

Perso, j’aurais volontiers sacrifié 3h « d’économie familiale » (cuisine, ménage, repassage 6h par mois pendant un an un cycle !), contre un petit exposé sur l’organisation personnelle (retro plannings, méthodes d’apprentissage.. classement, gestion du temps, etc). Tout ça, je l’ai appris sur le tas, au fil des ans (et essuyé entre temps d’horribles notes de vocabulaire allemand, alors que j’y passais plusieurs heures pour chaque test…).

11)
François Cuneo
, le 13.01.2014 à 13:46

Bon.

D’abord, peut-être qu’apprendre à apprendre, ça pourrait être du ressort des parents. Il faudrait tout de même qu’il leur reste quelque chose.

Je suis d’accord avec TTE sur les programmes.

Ysengrain: comment réagirais-tu si j’avais remplacé « Enseignant » par « Médecin » dans ta phrase « Je constate que la France, championne de la production d’inégalité à l’école n’a pas l’exclusivité de la bêtise des enseignants: ne pas dispenser de discours permettant de faire apprendre. »?

Purée je vois déjà les bonds!

12)
levri
, le 13.01.2014 à 14:20

Pour moi l’école c’était le bagne !
En primaire j’ai toujours eu d’excellents résultat sans effort, c’était assez rigide et très sévère, mais une fois sorti de l’école je n’avais plus à y penser, sans effort j’étais presque toujours premier (si je me contentais de la seconde place les parents hurlaient). Arrivé au lycée à 9 ans (à l’époque en France les lycées étaient conçus pour les cycles longs et les collèges pour les cycles courts) j’ai commencé à me désintéresser de l’enseignement dispensé et même à le mettre en doute, afin de me redresser mes parent semblent avoir trouvé utile de m’inscrire pour les deux années suivantes dans une pension assez stricte, c’est là où j’ai affirmé mon caractère de rebelle avec trois conseils de discipline assortis de mises à pied … devant être viré mes parents ont réussis à me faire accepter pour une seconde année dans cet établissement … quatre conseils de discipline pour être finalement viré … C’est à cette époque que j’ai perdu tout respect pour l’enseignement National, et dans une certaine mesure la confiance que j’aurais pu avoir dans le monde adulte et dans les choses « établies ».
J’ai continué à changer d’établissement chaque année jusque la terminale que j’ai abandonnée en cours d’année pour prendre la route, abandonnant le milieu familial avant ma majorité.
Je ne garde pas ou très peu de vraiment bons souvenirs de ma scolarité !

Depuis des décennies le questionnement sur l’adaptation aux enfants et la pertinence de l’enseignement se pose … et rien de change, même si quelques expériences ont eu lieu comme Summerhill par exemple (http://www.summerhillschool.co.uk/).

Globalement l’enseignement est conçu pour satisfaire les besoins d’une moyenne d’enfants conformes à un certain modèle, laissant de côté ceux qui ont du mal à suivre de par leur capacités aussi bien que ceux aux possibilités très élevées qui « s’ennuient ».

Apprendre comment apprendre, c’est une idée, j’avais un fascicule des années 1970s (en Anglais) assez pertinent (de mémoire) portant ce titre, malheureusement un indélicat emprunteur n’a jamais trouvé utile de me le restituer, je ne puis fournir de lien.

13)
jpg
, le 13.01.2014 à 18:06

Nos enfants vivent dans une époque, dans un environnement, dans un système de valeurs qui n’est plus celui que nous avons connu.
Dans la formation des jeunes, l’école reste incontournable, les parents aussi au demeurant, mais l’influence de l’école et celle des parents a beaucoup diminué depuis l’avènement des moyens de diffusion de masse. En particulier avec l’informatique, un certain nombre de choses (logiciels, données, musique, …) sont devenues gratuites, alors pourquoi faire des efforts ?
Un point essentiel de ces dernières décennies a été la dégradation du statut de professeur, chose pour laquelle les chères petites têtes blondes n’ont pas une grande responsabilité. Qui veut encore être prof. actuellement ? Ou sont les instituteurs de la troisième république française qui ont tellement contribué à l’élévation de la formation du plus grand nombre ? La mise est sauvée par les femmes pour qui l’enseignement a la vertu de bien synchroniser leurs périodes de congés avec celles de leur progéniture et elles sont de très bon profs.
Au niveau des enfants, il ne faut pas leur coller une étiquette trop tôt, fût-elle de bon élève, de cancre ou de « peut mieux faire ». Cela les marque et est très lourd à porter. Croire en eux est la plus belle chose qu’on peut leur offrir.
S’ils ont des échecs, c’est douloureux pour eux d’abord, pour leurs parents ensuite (pour le prof. aussi mais c’est accessoire). Remonter la pente est difficile, la famille devient alors un point d’ancrage capital mais cela ne se fait pas tout seul.
Par expérience, j’ai pu constater que les enfants peuvent se réveiller à tout moment, parfois à 20 ans. Quand ils sentent une motivation ils deviennent des acharnés de l’effort avec de très beaux résultats. Les États-Unis -qui ne sont pas un modèle certes- abondent de cas où le jeune ne fiche rien jusqu’à 18 ans puis se réveille subitement.
L’histoire nous apprend que certains grands hommes ont été des cancres.
Winston Churchill : « Quand ni ma raison, ni mon imagination, ni mon intérêt n’étaient sollicités, je ne voulais ou ne pouvais apprendre ».
Elio di Rupo a triplé sa première année du secondaire.

Ceci dit, apprendre à apprendre me paraît peu applicable aux trop jeunes adolescents, c’est une bonne philosophie mais qui demande une certaine maturité. Même à la fac, c’est loin d’être évident pour tous.

14)
Leo_11
, le 13.01.2014 à 18:07

Apprendre à apprendre… c’est une illusion dictée par les fins pédagogues certifiés ISO…

Je viens d’en discuter avec ma petite dernière (12 ans)… elle a de la facilité… et surtout elle aime apprendre et est curieuse… donc elle s’en tire bien…

Si le tandem profs/parents arrive à intéresser et à susciter l’apprentissage par le jeu je pense que ça arrangerait bien des problèmes… rendre curieux nos têtes blondes est du ressort des parents… provoquer le jeu dans l’apprentissage, c’est les profs…

Autant pour l’un que pour l’autre c’est difficile… les parents sont pressés par leurs obligations et ne prennent peut-être plus assez de temps… les profs sont coincés par un programme qui prend de plus en plus de volume placé dans un planning hyper serré…

Ben non… je n’ai pas de solution… désolé… mais je suis preneur…

15)
Tom25
, le 13.01.2014 à 18:14

Ni premier ni dernier dans la plupart des cas, mais parfois premier parfois dernier dans certaines matières.

Ce qui me choque le plus aujourd’hui, et c’est dans ce genre de sujet comme l’enseignement que je le remarque le plus, c’est cette propension que nous avons à trouver un tiers responsable de nos échecs et nos lacunes.

Je ne garde pas spécialement de mauvais souvenirs de l’école. J’ai été (un peu) le souffre douleur d’un prof au collège. J’ai passé 3 années dans un lycée assez stricte (en internat).

Mais pour faire simple, aujourd’hui, je vois beaucoup plus le problème du coté des parents que des enseignants.

16)
Zallag
, le 13.01.2014 à 18:22

Comment apprend-on à l’école ? Bonne question, mauvaise question ?

Personne ne se demande comment on apprend à jouer au tennis, ou à nager, ou à jouer du violon parce qu’il semble évident que c’est en jouant au tennis ou en allant nager, en sortant le violon de son étui pour en jouer ; en un mot, sans baguette magique — malheureusement pour l’écrasante majorité des enseignements dits « renouvelés » — c’est, eh bien oui, en fournissant un certain effort, c’est comme ça, en prenant du temps, en clair c’est en travaillant, point barre.
C’est la plupart du temps un chemin différent qui est fréquemment emprunté, imaginé, décrété comme possible et recommandable.
On voudrait transformer le travail à l’école en l’édulcorant, en lui donnant à tout prix un aspect ludique, récréatif, sympa, enfantin ; on tente de gommer l’énergie qu’il faut y mettre, on voit se remplir les livres de maths des chères têtes blondes de gags, de trucs rigolos, on fait appel à des dessinateurs de petits personnages de BD. Mais une fois cela va s’arrêter, car il y a un moment où il faudra devenir un peu plus grand, peu à peu un adulte en somme, pour être une fois capable de survivre dans un monde de concurrence. Alors les livres d’anatomie, de droit, de biochimie, de connaissance des techniques en métallurgie, de langues étrangères vont une fois débarquer dans la formation, l’apprentissage, et il faudra … oui, travailler. Plus de petits dessins style BD.

Je pense que si les Asiatiques sortent si souvent en tête dans les classements PISA concernant de nombreuses branches, ce n’est pas seulement qu’ils aient enfin trouvé comment apprendre, c’est d’abord qu’ils apprennent.

N’en déplaise aux sociologues de l’enseignement qui n’ont jamais tenu de classe, ils me font penser aux professeurs de natation d’il y a un siècle, qui faisaient apprendre la natation aux débutants en les faisant se mettre à plat ventre sur une chaise et en exécutant des mouvements de brasse ! Ils ne les mettaient pas à l’eau.

Comment devenir bon? En s’entraînant. Comment devenir meilleur ? En s’entraînant un peu plus que les autres.

Bien sûr, parfois il y a des doués, des passionnés, des enfants, des ados qui sortent du lot.
Mais leur passion est autant de temps donné à un art, une technique, une pratique d’une langue, une matière d’étude.

Pour tenter de comprendre pourquoi certains élèves ont des difficultés en maths, il y a des essais d’explications, comme sur Vikidia, et parfois, des recherches sur ce sujet débouchent sur des constats surprenants…

Je voudrais aussi qu’on m’explique pourquoi on dit si souvent qu’il y a des personnes qui ont ou n’ont pas la bosse des maths, alors que je n’ai jamais entendu personne dire que tel ou telle élève n’avait pas la bosse de la géographie, ou de l’histoire, et qu’il fallait donc y voir la raison de ses difficultés dans ces domaines, et lui témoigner de la compréhension et un peu de compassion pour ce don de la nature dont il était dépourvu…

17)
TroncheDeSnake
, le 13.01.2014 à 18:36

Apprendre avec plaisir ne veut pas dire apprendre sans effort

Je suis entièrement d’accord avec toi! Et mon expérience est que j’ai été capable de fournir d’autant plus d’effort et faire preuve d’autant plus de persévérance que j’avais de plaisir. Et, peu à peu, je réalise que, plus que le plaisir, c’est la satisfaction (la gratification) qui compte. Mais ça, je ne l’ai appris que récemment.

18)
Ant
, le 13.01.2014 à 18:43

Je trouve le commentaire de Zallag assez juste…

De plus, il me semble que la plupart d’entre nous (vu la génération et les commentaires) n’ont pas eu de cours où l’on nous disait comment apprendre… Et il me semble que l’on s’en sort pas plus mal! Ou pas trop mal!

Je suis d’accord que l’école ne doit pas être une angoisse pour l’élève, mais je ne suis pas sûr non plus que l’école doit « impérativement » être cool, fun et un parc d’attraction…

D’une certaine manière, l’école sait l’avant monde professionnel… Et on n’y choisit pas toujours nos interlocuteurs, ni forcément les projets à mener à bien (sauf les indépendants dans une certaines mesures)…

19)
Ange
, le 13.01.2014 à 20:16

C’est très souvent le prof qui est pour beaucoup dans le plaisir d’apprendre de l’enfant. Si le prof sait bien faire passer sa matière, il attire l’attention et l’intérêt et les enfants apprennent alors sans effort, quelques oit la matière.
La question devient alors qu’est-ce qu’un bon prof/instit ? Et bah désolé, je n’ai pas la réponse, mais comme dans tout métier (ingénieur, patissier, prof,…), il y a des bons et des moins bons…

20)
Ellipse
, le 13.01.2014 à 20:23

Il faut aussi distinguer l’apprenant de l’enseignant, je vais d’abord parler que du premier.

Franchement, je ne sais pas comment j’apprends, mais voici quelques pistes :

1) La curiosité pour le sujet

2) Le bachotage (pas mon favori, mais comme mentionner plus haut, il n’y a pas que le plaisir, quoi qu’il vienne une fois que j’ai « compris »)

3) La recherche d’informations (si possibles pertinentes, mais aussi compréhensibles et plaisantes pour moi)

4) L’expérience (pas évidente chez les enfants et les adolescents, mais avec le recul je suis plus ouvert à des choses à priori inutiles dans l’apprentissage)

Et je ne sais pas non plus comment j’enseigne (ça peut faire peur à certains), mais voici des pratiques :

1) Susciter la curiosité

2) Donner un ancrage dans le réel (socio-constructivisme, mais dont je ne suis pas un évangéliste)

3) Adapter ma leçon au public

4) Faire des erreurs et laisser faire des erreurs

4) Apprendre de mes élèves

5) Pratiquer peu à peu la classe inversée (assez nouveau)

Pour moi, apprendre (au sens large) est quasiment vital, essentiel et … parfois frustrant lorsque je n’y arrive pas.

21)
Madame Poppins
, le 13.01.2014 à 22:41

Soupir tristounet…

Je suis de toute évidence non seulement « cassante » parfois, je m’exprime aussi au surplus comme un pied par écrit : non, mon but n’est pas de critiquer tous les profs (y a autant de bons profs qu’il y a de bons médecins ou de bons infirmiers, Ange le dit très bien) mais bien davantage de critiquer un système, qui ne permet pas aux profs d’avoir le temps de construire avec les élèves l’apprentissage de notions les plus diverses. On constate que les règles de grammaire ne sont pas acquises, vlan, une mauvaise note, on ne se demande pas pourquoi l’élève a été mauvais et c’est là que le bât blesse à mon avis.

Quand je lis que Mirou, c’est au gymnase (que dis-je, au GYMNASE !!!!) qu’on lui a appris à apprendre, franchement, moi ça m’attriste ! Il le dit lui-même : que de temps passé en vain pour apprendre du vocabulaire, avec certainement un sentiment d’échec à se dire « j’ai beau y passer beaucoup de temps, ça ne sert à rien ! » alors que bien des choses auraient pu être plus simples si on lui avait montré d’autres pistes, d’autres astuces.

J’ai (presque) 44 ans et je ne sais toujours pas pourquoi j’ai dû passer autant de temps à faire des calculs d’intégrale et de dérivées (ou des trucs du genre) : si on m’avait expliqué à quoi ça peut bien servir « dans la vraie vie », cela n’aurait pas été plus facile mais j’y aurais vu du sens ! Je rejoins donc Ellipse, qui trouve important de donner un ancrage dans le réel.

Et je ne fais pas partie des gens qui affirment que l’apprentissage doit obligatoirement être facile ou « fun », il y a du travail à faire mais travailler « dans le vide » sans avoir pu tester différentes méthodes, moi, ça me chagrine.

Je suis en ce moment en train de suivre les cours pour décrocher, dans deux ans, un brevet fédéral en assurances sociales : cela va me demander énormément de travail mais je sais, parce qu’on me l’a appris, ce qui fonctionne comme résumé pour moi, comme manière de travailler pour atteindre mon objectif (je l’espère). Ainsi, même si ce n’est pas une partie de plaisir, je m’astreins à aller à tous les cours, quand bien même ils ont lieu jusqu’à 21h30 parce que je sais que je retiens bien ce que j’entends, parce que je sais que j’apprends beaucoup par le biais des questions posées par les autres participants, parce que je vois alors qui a bien capté et auprès de qui je peux aller demander de l’aide; je sais que je vais devoir faire des résumés de toutes les matières sous forme de mind-map parce que je retiens bien le côté visuel et que de surcroît, je devrai les faire manuscrit : je ne retiens jamais aussi bien ce que j’ai dactylographié ! Il est inutile que je lise simplement un manuel, je ne retiendrai rien du tout si je ne fais pas un résumé manuscrit etc. Donc, de la sueur, il y aura mais je sais que ça va marcher.

Si la méthodologie était si évidente, il n’y aurait pas eu une explosion de cours obligatoires en fac les plus diverses ces derniers temps : une petite recherche google vous les montrera, dans différentes branches et dans différentes universités ! Justement parce que les étudiants ne savaient pas comment empoigner les matières, parce qu’ils ne savaient pas s’y prendre pour faire face au volume de boulot. Mais encore faut-il arriver jusqu’en fac…

Et oui, je suis bien d’accord, il faut qu’il reste des choses aux parents mais c’est admettre que tous les parents sont capables – désireux de faire cela ! J’en connais qui, pour plein de raisons, en sont incapables et pourtant, ce ne sont pas des parents démissionnaires du tout ! Et pourquoi justement remettre aux parents le volet « apprendre à apprendre » ? On pourrait se dire que c’est le civisme et l’enjeu des prochaines votations qui doit leur revenir. Ahhhh, non, ça, ça ne va pas marcher puisque nombreux sont les parents qui n’ont pas le droit de vote…. Alors, le sport, on pourrait dire que c’est aux parents de pratiquer du sport avec les enfants ou de les inscrire à des cours. Ahhh, non, ça ne va pas marcher, y a plein de parents non sportifs et d’autres qui n’ont pas les moyens de payer des cours aux enfants. Ou encore leur apprendre comment s’alimenter correctement…. Pourquoi justement apprendre à apprendre ?

En physique, j’ai dû avoir, comme moyenne générale sur toutes les années où j’ai cette branche, genre 3,25 (sur 6, la moyenne étant à 4) : jamais personne ne s’est demandé pourquoi je faisais ces notes, on se contentait toujours de me rendre ma copie avec un air navré, sous-entendu « t’as pas assez bossé, fais un effort » ! Alors que dans toutes les autres branches, j’avais de très bonnes, voire d’excellents résultats.

Finalement, une petite dédicace spéciale à Levri qui a un parcours scolaire peu « ordinaire »… et désolée de ne pas répondre individuellement, moi, les cours jusqu’à 21h30, ça me claque, surtout après une journée ordinaire de boulot…

Encore une chose, vous avais-je dit que je suis prof aussi, dans le post-obligatoire ? ;-) Depuis l’année passée (ça fait 18 mois que j’exerce ce métier), à mi-parcours d’une série de cours que je donne, je consacre 45 minutes à répondre avec les étudiants à la question « comment allez-vous faire pour vous préparer à l’examen ». Et lors de la dernière évaluation, j’ai constaté que nombreux étaient les étudiants qui avaient indiqué « ça m’a vraiment aidé que Mme Poppins nous donne des pistes pour apprendre à gérer le droit, j’avais très peur du volume d’informations à gérer, merci pour les exemples de mind-map, c’est super utile, merci pour les astuces avec les cartes etc ».

Et comme toujours, merci pour vos commentaires, riches et complets, c’est un plaisir de vous lire !

22)
Zallag
, le 13.01.2014 à 22:46

Dans l’esprit des quatre commentaires 17 à 20 ci-dessus, de TDS, Ant, Ange et Ellipse qui évoquent la curiosité, le plaisir, la manière de « faire passer », la satisfaction de l’élève qui a réussi, je ne résiste pas au plaisir d’inciter Cukiens ou -iennes à éprouver peut-être les mêmes impressions, et à résoudre un des petits problèmes, élaboré pour 2014, en vue des quarts de finale des épreuves de la Fédération Suisse des Jeux Mathématiques et Logiques.

Je vois à mes appuis scolaires un gamin de 10 ans, craintif et respectueux de la complexité qu’il attribue aux maths en général. Je le lui ai soumis. Il m’a dit, mais c’est trop long, c’est impossible de calculer tout ça, jamais j’y arriverai …

Je lui ai dit qu’il y avait une surprise quand on faisait les calculs, que c’était comme une énigme, une devinette, un imprévu soudain.

La semaine suivante, il est arrivé radieux, tout content, comme s’il avait dompté un monstre ! Positif, heureux.

Il avait trouvé, et maintenant, chaque fois je lui propose autre chose, une fois qu’on en a terminé avec ses devoirs, et chaque fois il prend un peu plus confiance en lui, recherche des petits défis de ce genre.

La suite de Mathias

Le premier nombre de Mathias est 7. Il élève 7 au carré : 7 x 7 = 49, puis il ajoute 1 à la somme des chiffres de 49, ce qui donne 4 + 9 + 1 = 14, ce qui sera le deuxième nombre de Mathias. Ensuite, à chaque étape, pour obtenir le nombre suivant, Mathias ajoutera 1 à la somme des chiffres du carré du nombre précédent.
Quel sera le millième nombre de Mathias ?

Pour nous autres Cukiens et Cukiennes, on va tenter de faire plus fort, ne soyons pas chiches : quel sera le quinze mille six cent trente-cinquième nombre de Mathias ?

23)
ysengrain
, le 13.01.2014 à 23:23

Mon commentaire amère de ce matin sur l’enseignement a été contaminé par le spectacle que nous donne les politiques depuis des années. L’économie prend toute la place et génère crise après crise depuis 40 ans. Les valeurs ne sont plus hiérarchisées et on le les enseigne plus. La misère s’étend dans tous les pays développés. Les enseignants ne sont pas fautifs directement mais les changements de programme incessants rompent la nécessaire continuité à apporter aux enseignés. L’arrogance de ces mêmes politiques nous transforme, je l’ai écrit ce matin: « On » noustransforme en spectateur d’une vie qui n’est pas/plus la nôtre.

Alors oui, François a été piqué par ce que j’ai écrit: je n’en veux à aucun enseignant. Je suis dégoûté de l’arrogance des politiques qui sont tellement cons qu’ils ne rendant même pas compte qu’ils laissent la place aux extrêmes: les extrêmes sont les rejetons de l’inculture. En France le Front National va sans doute être le premier parti de France aux prochaines élections. Ici, depuis 3 semaines, on ne parle que du bouffon Dieudonné, crétin antisémite par inculture (on retrouve la responsabilité des politiques qui n’ont pas su dire aux enseignants comment faire pour dispenser la connaissance, lumière de la sagesse.

24)
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, le 13.01.2014 à 23:40

J’ai (presque) 44 ans et je ne sais toujours pas pourquoi j’ai dû passer autant de temps à faire des calculs d’intégrale

Justement, 44 ans, c’est l’intégrale des jours que vous aurez vécus à la date de votre anniversaire. QED.

25)
M.G.
, le 14.01.2014 à 00:15

L’école de mon enfance ressemblait encore un peu (beaucoup) à celle du film « Les choristes »

Lorsque j’ai vu « Les choristes » j’ai immédiatement retrouvé l’ambiance de ce Collège de Saint-Nicolas de Buzenval (tenu par les Frères des Écoles Chrétiennes) où l’on m’avait emprisonné lorsque j’avais huit ans. J’ai l’habitude de dire que c’est là que j’avais enfin trouvé ma liberté ! Paradoxe ? Pas du tout. La discipline « était de fer », comme il se doit mais j’étais à l’abri de cette famille qui semblait me haïr, à qui je le rendais bien.

C’est là que dès le premier trimestre et pendant trois ans j’ai suivi les cours en dilettante, sans avoir l’impression de faire un quelconque effort pour terminer régulièrement premier de ma classe. Ceci au grand dam de mes professeurs qui m’adoraient pour mes résultats mais enrageaient de voir que je ne faisais aucun effort particulier pour y parvenir.

En fait, j’avais une excuse : j’avais une mémoire visuelle phénoménale, j’ai lu très tôt et beaucoup.

L’orthographe, le vocabulaire et la construction du langage que j’avais acquis dès ce plus jeune âge m’ont permis d’avaler les études secondaires en allant à l’essentiel des nouvelles matières qui figuraient aux programmes.

Cela ne m’a pas empêché de me planter au Bac (que je n’ai jamais eu) alors que j’avais attaqué Mathélem à 16 ans. Pendant les vacances, j’avais découvert autre chose que les études : la vie de chantier en plein désert, les responsabilités et une autre forme de liberté. J’ai continué sur cette voie et j’y suis resté…

Reste que l’essentiel pour les enfants qui débutent dans la vie, c’est d’apprendre à lire, à compter et à penser. Par ses dérives, ses négligences et ses lâchetés, je ne crois pas que l’école française actuelle ait la moindre chance de réussir dans sa tâche. Dommage.

Marc, l’Africain

26)
M.G.
, le 14.01.2014 à 00:32

Ici, depuis 3 semaines, on ne parle que du bouffon Dieudonné, crétin antisémite par inculture (on retrouve la responsabilité des politiques qui n’ont pas su dire aux enseignants comment faire pour dispenser la connaissance, lumière de la sagesse.

Que ce bouffon lugubre et raciste puisse encombrer le PAF depuis trois semaines est bien le signe de la dégénérescence de la société française provoquée par les idées de gauche et la lâcheté des politiques qui ne pensent qu’à leur réélection !

J’ai ressenti la charge de Nicolas Bedos contre Dieudonné samedi soir dans « On n’est pas couché » comme un exorcisme salutaire et nécessaire dont la violence est méritée dans le contexte actuel.

N’en déplaise à certains, le talent de Nicolas dépasse largement celui de son père, tant dans la dialectique que dans la diction. Il semble d’ailleurs que sans l’admettre, Papa soit un peu jaloux de son fiston, ce qui somme toute est bon signe ;-)

Marc, l’Africain

27)
Soheil
, le 14.01.2014 à 00:34

tenu par les Frères des Écoles Chrétiennes

C’est amusant, dans mon cas c’était aussi les Frères des Écoles Chrétiennes, mais au Caire, d’abord, puis à Beyrouth (mais là c’était les années 60 et déjà plus « moderne »).

Cela dit, comme je le notais, il ne fallait pas changer grand-chose pour en faire une bonne école. Juste impliquer un peu plus le cerveau droit.

28)
Soheil
, le 14.01.2014 à 01:06

quel sera le quinze millième nombre de Mathias ?

Je trouve 8: dans une boucle de 5-8-11, le 15e chiffre serait 8, et donc je suppose que c’est pareil pour le 15000e), mais je ne sais pas pourquoi.

Petit, j’aimais bien l’arithmétique et les problèmes de logique qu’elle posait (mais je faisais toujours des erreurs de calcul). J’aimais aussi les cours de géométrie — l’art de raisonner juste sur des figures fausses — et j’adorais démontrer que deux triangles étaient égaux sans pouvoir les mesurer. Mais j’ai lâché les maths quand j’ai été confronté à l’algèbre. Le prof nous a dit qu’il fallait apprendre par cœur les formules comme « (a+b)2=a2+b2+2ab » — où je voyais des formules magiques sans l’ombre d’un raisonnement. Ce n’est que dix ans après que j’ai compris que derrière l’algèbre c’était encore la géométrie qui menait le jeu et que, sous une apparence abstraite, la formule était en réalité très visuelle: un carré de côté A, un autre de côté B, et deux rectangles AB entre les deux. Si le prof nous l’avait dessinée au tableau il n’aurait pas perdu un élève.

29)
M.G.
, le 14.01.2014 à 01:29

Si le prof nous l’avait dessinée au tableau il n’aurait pas perdu un élève.

Combien de profs ont perdu un élève parce qu’ils n’ont pas su étayer un concept mathématique par l’exemple de son application pratique ?

En revanche, nous avons tous le souvenir de profs qui savaient nous passionner par quelques dessins au tableau noir pour nous inciter à réfléchir de manière logique et nous permettre de trouver nous-mêmes la conclusion de l’histoire. C’est vrai en mathématiques, en physique et même en géographie économique.

C’est d’ailleurs un truc que j’utilise encore aujourd’hui lorsque je fais un exposé technique ;-)

Marc, l’Africain

30)
ToTheEnd
, le 14.01.2014 à 01:50

mais bien davantage de critiquer un système, qui ne permet pas aux profs d’avoir le temps de construire avec les élèves l’apprentissage de notions les plus diverses. On constate que les règles de grammaire ne sont pas acquises, vlan, une mauvaise note, on ne se demande pas pourquoi l’élève a été mauvais et c’est là que le bât blesse à mon avis.

Ça sonne très Calimero et il ne manque plus que couplet sur ces gens qui meurent de faim dans le monde alors que l’occident jette 25% de sa bouffe…

On ne peut pas sauver tout le monde, en tout cas pas dans un mode classique tel que l’enseignement est proposé aujourd’hui. Tu nous cites les gens qui ont fait des bons commentaires sur ton enseignement mais il y en a peut être quelques uns qui sont passés à côté et tu n’en sais rien. Et oui, tu as fait de ton mieux pour ne pas laisser derrière toi des élèves mais il y a toujours des exceptions et malheureusement, les parents de ces grandes personnes ne savent pas qu’ils pourraient venir témoigner ici pour dire leur désarroi face à cette prof (toi donc) qui ne prend pas le temps d’apprendre à leurs gosses…

Le site RateMyTeacher fait un tabac aux USA malgré quelques dérives… En France, exclu de mettre un tel système en place… Bah oui, on pourrait se rendre compte qu’un truc tourne pas rond et le problème de ce pays, comme tout le monde le sait grâce aux merveilleux médias que nous avons, c’est son président normal, pas les gens.

Bref, je trouve tout de même que ce texte est un peu indigeste sous sa forme et sur le but. Si on prenait de la hauteur et qu’on érigeait en principe le « il faut s’adapter à tout le monde et laisser personne derrière » je ne pense pas qu’on aurait un meilleur système ou dans le cas du jour, un meilleur enseignement. Je suis même persuadé du contraire… Mais c’est un avais tout personnel.

T

31)
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, le 14.01.2014 à 06:47

Le prof nous a dit qu’il fallait apprendre par cœur les formules comme « (a+b)2=a2+b2+2ab »

Deux remarques.

1. Il est bon d’apprendre par cœur certaines formules pour des raisons d’efficacité. Mais bien sûr, il faut savoir d’où elles viennent et pouvoir les démontrer, ce qui est très aisé dans ce cas. Pour E=mc^2, c’est plus compliqué.

2. Les maths ont évolué. Il y eut une période où la géométrie était reine et écrasait les autres champs des maths. Puis sont venues les années sombres des maths modernes où il était interdit de dessiner, sauf les diagrammes de Venn car dessiner c’était représenter un cas particulier. Or il fallait nager dans l’abstraction. Cette période est révolue, actuellement on peut dessiner, représenter et l’ordinateur a grandement aidé puisqu’il y a une foultitude de logiciels qui permettent de représenter des fonctions (p. ex. sinus pour les ondes) et cela est une aide considérable pour comprendre les maths qui ont un caractère concret.

32)
M.G.
, le 14.01.2014 à 07:23

Il est bon d’apprendre par cœur certaines formules pour des raisons d’efficacité.

L’exemple typique, ce sont les tables de multiplication, qu’il est absolument nécessaire de connaître par cœur. Un récent micro-trottoir vu sur France  2 a prouvé que c’était désormais loin d’être le cas (plaisant euphémisme). J’en étais atterré. Ainsi, après la lecture et la dictée, même la base des mathématiques a disparu. Mais comment font ces gosses pour se créer cette base de connaissance qui doit leur permettre d’aller plus loin ?

Puis sont venues les années sombres des maths modernes

Ah ! Les maths modernes et en particulier la Théorie des Ensembles. On nous les a servies en Mathélem, justement (la terminale d’aujourd’hui). Le problème, c’est que le prof les découvrait en même temps que nous et semblait lui-même ne pas y comprendre grand chose…

C’est sûrement ce qui m’a incité à laisser tomber les études et vivre dans le concret des chantiers.

Aujourd’hui, mon surnom est « Docteur Béton » et je suis considéré au Sénégal et en Afrique de l’Ouest comme le spécialiste des travaux de réhabilitation et de renforcement d’ouvrages en béton.

N’ayant aucun diplôme d’ingénieur et me traitant moi-même de « Bac -1 », j’ai eu la chance de pouvoir bénéficier pendant plus de vingt ans des compétences de celui qui fut le meilleur ingénieur B.A. de Dakar pour mettre en équations le résultat de certaines de mes élucubrations, développées « au feeling » de mon expérience du terrain.

Sa disparition prématurée (saleté de cancer) fut une perte incommensurable dont je ne suis toujours pas remis aujourd’hui sur le plan affectif. J’avais cinquante-huit ans, je perdais mon maître.

Il n’y a pas d’âge pour apprendre ! Il suffit de rester curieux et de trouver un bon maître.

Marc, l’Africain

33)
fxc
, le 14.01.2014 à 10:34

Quelques soit le système d’enseignement auquel j’ai participé en dilettante( aussi les frères, les jésuites et autres) Je pense surtout que la culture c’est ce qui reste quand on a tout oublié.

par contre ne me dites pas que je suis cultivé, j’ai l’impression qu’il me pousse des carottes dans les narines, du cerfeuil dans les oreilles…

34)
ggkrail
, le 14.01.2014 à 13:24

Étant aussi enseignant dans le canton de Vaud, j’ai laissé passer un peu de temps suite à la lecture de l’article, afin de répondre à froid et de pouvoir lire dans les commentaires si j’étais le seul à le comprendre de la manière dont je l’avais compris.

Je ne vais donc pas polémiquer: comme Ysengrain, je pense que les politiques à la base des multiples réformes de l’école (et des institutions qui forment les enseignants) sont en partie responsable de la mauvaise image de l’école dans une population déboussolée. Comme dans tous les métiers du monde, certains enseignants sont bons, d’autres pas, mais à la différence du monde du travail privé, les mauvais sont toujours en place et cela énerve les parents qui travaillent dans le privé…

Les bons élèves seront toujours bons quel que soit le système. Ceux qui ont plus de peine se révéleront avec un enseignant qui les comprend, les autres non, et les commentaires confirment ce que je pense, cela est ainsi depuis longtemps (avec tout le respect que je dois aux personnes qui commentent et que je ne connais pas personnellement, mais qui sèment suffisamment d’indices permettant de supposer leur âge).

Les politiques nous mentent quand ils disent que tout le monde peut réussir. Si je me permets un parallèle avec le monde du sport, on peut tous marquer un panier au basket, on ne jouera pas en NBA pour autant. Nous ne sommes pas tous égaux face à l’école et ses apprentissages. Mais contrairement à François, je ne suis pas sûr qu’enseigner « apprendre à apprendre » soit le rôle des parents (ils pourraient soutenir mieux les enseignants, mais pour les raisons évoquées plus haut ne le font pas). Je le fais avec mes enfants, car comme Mme Poppins, je m’insurge que l’école ne le fasse pas, mais je pense que les enseignants ne sont juste plus formés à ceci, et cet état de fait est bien plus grave à mes yeux. Les institutions sont en train de produire des enseignants très bons en théorie, mais relativement mauvais en pratique, sauf pour ceux qui ont la pédagogie en eux de manière innée.

Débat sans fin à mon avis, auquel j’ai apporté ma longue contribution. Merci de m’avoir lu…

35)
Ellipse
, le 14.01.2014 à 14:12

@ysengrain & ggkrail

Tout à fait d’accord concernant les politiques, ainsi que leurs chef(fe)s de service et « experts » qui n’écoutent pas souvent les enseignants, voire pire les dédaignent.

Certes, l’école ne peut pas rester statique, mais à force de grandes réformes, les enseignants perdent une précieuse énergie dans des futilités administratives et techniques. Il manque donc aujourd’hui beaucoup de bon sens dans les prises de décision pour l’éducation.

Il est aussi vrai que l’économie dicte une partie de la formation, parfois dans le bon sens, parfois dans le mauvais.

La réussite pour tous est une belle utopie, mais en acceptant que le degré de réussite varie d’un individu à l’autre, que l’essentiel est la réalisation de son potentiel, son envie de progresser et l’acceptation de ses limites à un moment donné, alors elle devient un réel projet.

36)
Tom25
, le 14.01.2014 à 19:40

Comme dans tous les métiers du monde, certains enseignants sont bons, d’autres pas, mais à la différence du monde du travail privé, les mauvais sont toujours en place et cela énerve les parents qui travaillent dans le privé…

Là je te rassure, dans le privé aussi on se coltine de sacrés boulets …

D’après mon expérience personnelle et quand je jauge mon entourage, je trouve que si les études permettent de se trouver plus facilement un boulot intéressant, elles ne jouent pas trop sur le salaire.
Je fais actuellement un boulot ne demandant pas de diplôme particulier, et je gagne mieux ma vie que mes précédents jobs qui exigeaient un bac +5. Et dans mes amis, les mieux payés ne sont pas forcément les plus grosses têtes. Enfin si, mais alors dans le public ou dans les grosses boîtes. Là le salaire s’indexe un peu plus sur la formation suivie.

Personnellement, ça m’a tellement gonflé que j’ai lâché la rampe, et j’ai pris un boulot de commercial. Je travaille moins, c’est intellectuellement moins fatiguant, et je gagne plus. On vit dans un monde de tchatche …

37)
guru
, le 14.01.2014 à 22:54

Makarenko, Deligny, Freinet, Decroly, au secours ¡¡¡¡¡

38)
Ange
, le 15.01.2014 à 06:05

Tombé par hasard dessus ce matin (dans un article qui n’a aucun rapport), je n’ai pu me retenir de vous livrer cette phrase de Winston Churchill, extraite de ses mémoires : « À partir du moment où ne faisait pas appel ni à mon intérêt, ni à mon entendement, ni à mon imagination, je ne voulais ni ne pouvais apprendre ».
comme quoi cela ne date pas d’hier, ni n’est lié à une langue, un pays, ce qu’on retrouve aujourd’hui dans nos témoignages…

39)
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, le 15.01.2014 à 07:17

@Ange

Nous avons les mêmes bonnes lectures (cf. fin du commentaire 13).

40)
zit
, le 15.01.2014 à 11:50

Sujet bien difficile pour lequel je n’ai pas de réponse, juste un témoignage : quand je donne un cours, il n’est pas rare que quelques élèves passent un moment à tripoter leur ordinateur de poche ayant une fonction de téléphone (et pas pour prendre des notes, de toute évidence), voire carrément des qui piquent un roupillon. Et pourtant, ce sont des élèves majeurs, c’est une école d’enseignement supérieur artistique nationale dont le concours d’entrée est difficile : ils ne sont pas obligés de venir là, ils devraient être passionnés, et j’ai tendance à les trouver ramollo (pas tous, hein, il ne faut pas généraliser). Mais je suis déjà content d’avoir toute la classe présente alors que mes cours, bien qu’obligatoires, ne donnent pas lieu à une rémunération sous forme de crédit (nouveau nom des UV), alors que certains profs voient leur effectif fondre comme neige au soleil au fil de l’année…
En ce qui me concerne, je ne sais pas comment j’apprends, mais le savoir est mon moteur, j’adore apprendre des nouveaux trucs (surtout depuis que j’ai quitté l’école, assez tôt, d’ailleurs, puisque je n’ai qu’un bac plus trois –mois– ;o). Par contre, je suis lent, très lent, pour apprendre certaines choses… et ils y a des blocages très forts avec les formules à savoir par cœur : ça ne rentre pas du tout !

z (la motivation et le respect sont des choses qui me paraissent bien éloignées des préoccupations de notre société, je répêêêêêêêêêêêêête : la gloire, et ou le pognon, yaksa de vrai !)

41)
guru
, le 15.01.2014 à 14:04

@ zit: t’inquiète pas , c’était pareil pour moi à l’INSAS… mais c’est allé en augmentant avec les années. Dans les années 70 c’était moins pire, il faut dire qu’il n’y avait pas toute cette technologie de la communication virtuelle. Sur la fin (2012) ça devenait moins supportable…

42)
Tom25
, le 15.01.2014 à 22:52

Ben ça dépend pour si c’est pire ou pas. Est ce que ceux qui auraient de toutes façons dormi sont tenus éveillés par leur smartphone, ou est ce qu’il y a autant de dormeurs qu’avant, mais qu’en plus il y a des geeks des réseaux sociaux ?
:-)

43)
Anne Cuneo
, le 16.01.2014 à 18:43

En retard, comme d’habitude… sauf à l’école.
A part la première primaire, où une maîtresse dépassée (nous étions 50) régnait à la baguette au sens propre, j’ai eu quelques enseignantes qui m’ont passionnée. Une fois arrivée en Suisse, j’ai eu la chance de tomber sur quelques profs qui ont entretenu la passion d’apprendre. J’ai adoré l’école, de la première à la dernière année. Apprendre à apprendre? Ça s’est fait tout seul, il n’était pas question de décevoir des profs que j’estimais.

44)
M.G.
, le 17.01.2014 à 07:58

Apprendre à apprendre? Ça s’est fait tout seul, il n’était pas question de décevoir des profs que j’estimais.

C’est exactement de cette manière que je définirais mon rapport avec deux de mes profs tout au long du Secondaire. Être fier de leur montrer qu’ils avaient raison de me faire confiance. Mais n’est-ce pas la tendance générale des commentaires qui ont été postés ?

Marc, l’Africain

45)
ToTheEnd
, le 17.01.2014 à 14:07

Une petite lecture par hasard qui s’insère à la perfection ici:

The Case for Online Education

Un petit paragraphe qui résume tout:

The biggest problem with in-person education is that it forces a linear, one-size-fits-all teaching style.

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