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Jazz, graphisme et bavures.

Vous le savez: j'aime le jazz, et je suis aussi graphiste. Bien sûr, quand j'ai entendu ce fait divers, mon sang n'a fait qu'un tour…

C'est vrai, quand un chirurgien se trompe de jambe, ou un conducteur de locomotive se prend pour Schuhmacher, c'est tragique! Mais en général, une simple erreur dans le domaine de l'édition, une «coquille», ça prête plutôt à sourire…

Je résume: une publicité pour la garderie du Montreux Jazz Festival 2013 (parue dans le journal de ce même festival) comportait une photo d'un enfant. Et pas n'importe quel enfant: le petit Grégory, assassiné en 1984!

Et là, ça ne fait pas rire du tout. Une bourde qui pose de nombreuses questions.

Toute la presse a signalé qu'il s'agissait d'une «erreur d'une jeune graphiste, qui ne pouvait pas connaître l'histoire de ce petit garçon, né il y a 30 ans». D'autres ont fustigé les commanditaires qui n'ont pas fait leur boulot de vérification…

Mais personne n'a parlé des délais de cinglés qui règnent dans ces métiers de la communication (et qui feraient se mettre en grève immédiate les chirurgiens et les agents de conduite!). Et surtout personne n'a parlé de la profusion d'images disponibles sur la toile, réservoir immense et gratuit pour tout et n'importe quoi!

Soyons clair, tout le monde se fout de l'avertissement «cette image peut être soumise à des droits d'auteur». De toutes façons, des millions d'images sont disponibles, sans que ceux qui les ont mises sur le web ne se soucient de quoi que ce soit! Aussi ne vous étonnez pas de voir un jour votre bobine sur un site, en faisant une recherche dans Google «criminel en série»!

J'imagine la recherche effectuée par cette jeune graphiste: probablement: «enfant années 80», et ainsi elle avait la certitude que l'enfant en question serait adulte et ne verrait aucun inconvénient à voir une photo publiée vieille de 30 ans.

Finalement, les parents du petit Grégory ont accepté les excuses du festival, et cette histoire se termine pas trop mal. J'espère seulement que la jeune graphiste n'a pas été virée…

Tout cela a dû se passer, j'imagine, dans le stress absolu, comme c'est en général le cas dans ce genre de métier.

Mais voilà, il existe un moyen simple d'échapper à ce genre de problème: s'abonner à une banque d'images, comme Istockphoto, ou plein d'autres… Pour une publication presse en haute résolution, c'est un prix très modique, et l'assurance que le photographe touchera quelque chose (même si ce n'est pas beaucoup). Et surtout que l'image a été contrôlée et validée. Et il faut noter aussi que le système de recherche par mots-clés est très performant.

Il en va de même avec le graphisme, avec des sites dédiés à l'achat de «templates» pour des sites Web, pour des sommes tout aussi modiques.

Je soupçonne ceux qui piquent des photos sur «Google images» à fin de publications commerciales, de vouloir simplement faire des économies de bouts de chandelle. Avec des risques de procès à la clé! Mais aussi le risque de scier la branche sur laquelle ils sont assis.

Hélas, les graphistes et les photographes n'ont pas su protéger leur savoir-faire: maintenant tout est disponible sur le Web: templates, dessins, photos; dans cette jungle, tout le monde veut se montrer! Il n'y a plus qu'à copier et se servir… Il n'est pourtant pas compliqué de mettre des images en basse résolution, des dessins incomplets. Les compositeurs et musiciens, eux, ont réagi en faisant fermer des sites comme Megaupload…

Mais c'est vrai, on est entré dans une sorte de logique infernale, il faut montrer à tout prix ce qu'on sait faire, ou alors disparaître, noyé dans la masse. Plus aucun artiste dans la communication visuelle ne peut y échapper, désormais…

8 commentaires
1)
Cukivor
, le 30.07.2013 à 04:44

Hélas, les graphistes et les photographes n’ont pas su protéger leur savoir-faire

Facile à dire, impossible à faire, sauf à mettre un filigrane king size sur toutes les images, et encore… Disons qu’on vit une époque du “toujours moins cher” et que plus personne ne veut payer une photo, d’où la médiocrité généralisée de l’illustration de presse en France, qui a dégringolé en quelques années sous l’impulsion de certaines agences qui bradent leur production pour survivre. Ne vous méprenez pas, il y a des vrais photographes qui préfèrent ne plus travailler plutôt que vendre à perte à des “services photo” sans la moindre pudeur, et nombre de rigolos qui se prétendent photographes pros avec un boitier plastoc et un zoom premier prix et rêvent de réussite dans un métier moribond. J’en vois tous les jours, qui ne survivent que grâce au salaire de leur femme ou compagne. Les rares très bons réussiront avec beaucoup de patience, les autres finiront à Polemploi, mais le mal est fait, le droit d’auteur disparaît, les copieurs du net copieront bientôt en boucle les tonnes de médiocres pictogrammes (je n’appelle pas ça photos) sortis des iphones, aussitôt vus aussitôt oubliés…

2)
Nielle
, le 30.07.2013 à 08:03

Le droit des images et internet…

Je pense que pendant la formation des graphistes, on n’aborde pas assez le thème du Copyright.. C’est simple, en tant que polygraphe, le professeur n’en n’avait quasiment pas parlé.

Ayant fait pendant un peu de temps un grand catalogue avec des milliers de photos venant d’un peu partout, j’ai remarqué finalement que le droit de copyright fonctionne mieux qu’avant quand même. C’est devenu beaucoup délicat de piquer des images sur internet sans qu’on ne s’en rende compte. Déjà faut-il que l’image soit de bonne qualité, ce qui est vraiment pas évident à trouver sur Google. Ensuite, les photographes ont la possibilité de mettre leur copyright dans les information de la photo. Ce qui est très pratique pour connaître la provenance. Ensuite le client est devenu également plus attentif. Il précise plus facilement qui à fait les photos, ou quel copyright mettre. J’ai été plutôt assez impressionné. Et ils sont assez exigeant. (Pas tous, mais il y’en avait pas mal quand même).

Et quand on reçoit une amende de 500.- pour utilisation de photo sans l’accord du photographe ou oubli du copyright, on évite de répéter l’erreur.

On dit toujours que c’est l’erreur du graphiste.. mais je n’en suis pas si sûr.. Si je dois chercher une image sur internet pour crée quelque chose et que je ne trouve pas une “libre de droit”, j’en parlais à mon chef. souvent la réponse était la même. “C’est pas grave, la personne ne la verra pas” ou “ça coûte trop cher de la payer”. En plus, comme pour le Festival, le journal est gratuit, il faut bien sûr dépenser le moins possible.. ordre impératif des chefs aussi…

Bref, c’est un peu le serpent qui se mord la queue. Si les responsables ne veulent pas jouer le jeu, c’est le graphiste qui se prend tout dans la g……

3)
Le Corbeau
, le 30.07.2013 à 08:32

C’est la faute à la stagiaire

juriguide

Le Parisien

Les premières excuses du festival de Montreux sont ignobles et posent deux questions.

  • 1 comment un festival qui a un budget de 24 millions de francs ose-t-il faire faire des affiches à une stagiaire vraisemblablement payée au lance pierre (si elle est payée)?
  • 2 pourquoi cette stagiaire n’avait pas de tuteur pour la suivre.

du coup, les communiqués suivants ne parlent plus de stagiaire mais de “jeune graphiste” mais les journaleux ne se sont pas trop offusqués. Cela me rappelle le site

ça te feras de la pub

4)
yl
, le 30.07.2013 à 11:43

C’est l’occasion de se demander si la véritable bavure, n’est pas de laisser libre l’utilisation d’images d’enfants dans la publicité. Car même en respectant le copyright, il s’agit toujours d’une forme d’exploitation.

5)
ysengrain
, le 30.07.2013 à 12:44

Je crois que la problématique est infiniment plus large. Le monde actuel exige tout, dans l’urgence de l’immédiateté; c’est donc ainsi qu’il faut observer

Mais c’est vrai, on est entré dans une sorte de logique infernale, il faut montrer à tout prix ce qu’on sait faire, ou alors disparaître, noyé dans la masse

… et donc on utilise tous les moyens à disposition afin de satisfaire au dogme de la connerie ambiante: je twitte, je fessebouquise etc …

je vous assure qu’on peut vivre autrement

6)
Madame Poppins
, le 30.07.2013 à 16:29

même en respectant le copyright, il s’agit toujours d’une forme d’exploitation.

J’aurais tendance à être d’accord avec cette affirmation mais lorsque je vois certains parents courir les castings et les concours de Mini – Miss avec leurs enfants, je me dis que tout le monde n’adhère pas à l’adage “pour vivre heureux, vivons cachés !”

7)
Saluki
, le 30.07.2013 à 20:25

Je me souviens d’un épisode “presque” cocasse sur la Passerelle des Arts (qui enjambe la Seine au niveau de l’Académie, d’un côté, et du Louvre de l’autre). J’ai pris quelques images de Madame Saluki avec en arrière plan l’une ou l’autre rive…

Une furie s’est jetée sur moi au nom du “droit à l’image” de sa fille. Pas de chance pour elle, le semi-télé avait épargné sa créature (merci le numérique qui m’a permis de lui afficher illico la prise) et je crois bien qu’elle était, de fait, assez déçue !

8)
François Cuneo
, le 01.08.2013 à 17:16

Je crois savoir que de nombreux photographes s’opposent formellement à des sites comme iStockphoto, ils estiment être trop mal payés.

Quant à la bavure, elle est lamentable, mais je crois savoir également que l’affiche du Montreux Festival n’est pas payée au graphiste ou très très peu: c’est un honneur d’être choisi!

Comme quoi… tout s’explique!