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DXO FilmPack 4, donnez de la consistance à vos images

DxO, je l’ai testé pratiquement autant de fois que son numéro de version. La dernière fois, c’était ici.

Ce logiciel est simplement certainement le meilleur moteur de dématriçage des RAWS, ou pour le moins l’un des trois meilleurs (Lightroom, PhaseOne et lui). Certes, Nikon Capture est excellent lui aussi, mais reste cantonné aux produits Nikon.

Mais ce n’est pas de DXO dont je veux parler aujourd’hui, ou plutôt si: je ne vais pas vous parler de DxO Optics Pro, mais de l’un de ses modules, que l’on peut acquérir également en complément à Lightroom, à Photoshop, Photoshop Element ou Aperture.

Pourquoi DxO FilmPack 4?

Pour commencer, laissez-moi vous faire lire un passage du site de DXO Labs, qui fait référence à l’un des plus grands photographes actuels:

Pour le photographe de légende Sebastião Salgado, « DxO FilmPack représente un maillon indispensable à mon procédé photographique ». DxO FilmPack lui a permis de retrouver en numérique le rendu exact de sa pellicule Kodak Tri-X.

Je ne sais pas comment Salgado est passé au numérique: sa photo a tellement de matière, de grain, de beauté structurelle, que je m’imaginais qu’il resterait à jamais sur l’argentique.

C’est semble-t-il grâce à ce que sait faire DxO FilmPack que cet artiste peut continuer à rendre son émotion à travers le numérique.

FilmPack a pour mission de rendre de vos trop lisses RAW des tirages "comme on faisait du temps de l’argentique".

De par ses connaissances incroyables dans le domaine de l’analyse photographique, DXO Labs a pu reconstituer un savoir-faire qui permet de "rendre" comme le faisaient un certain nombre de grands noms du film. Nous retrouvons ainsi des pontes du noir et blanc suivants

 

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Ah, moi rien que de retrouver les TriX 400 et T-Max 100, 400 et 3200, ça m’enchante.

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Ici, un Ilford Delta 400. Jolie texture je trouve.

Bien évidemment, les films couleur sont de la partie également, tant les positifs...

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... que les négatifs...

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..., les virages:

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... et les effets de filtres de type Cookin

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Mais bon, soyons bien clairs: FilmPack nous offrait déjà pas mal de choses dans la version 3 qui me donnait entière satisfaction.

D’abord, un certain nombre de nouveaux rendus de types artistiques. Bon, je ne suis pas fana de ces choses-là, mais parfois, ça peut être utile.

Je vous laisse découvrir ces rendus sur cette page, c’est tellement dynamique ainsi que je préfère vous laisser voir que vous montrer mes propres résultats. Déjà que je n’ai pas tout essayé moi-même!

J’aime bien personnellement un certain nombre de nouveaux effets qui permettent de vieillir les images, ou de leur ajouter quelques défauts comme il y a bien longtemps.

Les fuites de lumière par exemple, blanches ou de couleur.

Tout cela est à disposition à droite, dans l’interface de FilmPack, passablement remaniée.

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Vous voyez au bout de la flèche verte les fuites de lumière dont je viens de vous parler.

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Un exemple de fuite de lumière

Au bout de la flèche orange, vous voyez le tout nouveau bouton "Monde noir et blanc/monde couleur", qui permet de focaliser sur un monde ou sur l’autre.

Tout simple, mais bien pratique!

Autre nouveauté, autres effets: les vieillissements et textures de papier sont de la partie.

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L’intensité des effets se règle à l’aide d’un simple curseur, et si l’endroit où se trouve un pli ou une rayure ne vous convient pas, vous pouvez le changer à l’aide d’un bouton nommé "déplacement".

Vous trouvez encore l’apparition de quelques cadres simples, souvent discrets, comme des cadres de type diapositive, négatif, et d’autres plus classiques d’assez bon goût, contrairement à ce qu’on trouve parfois ailleurs. Exception: le passe-partout est horrible à mon goût.

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Ici, un cadre de type Diapo noir et blanc

Enfin, toujours au rayon des nouveautés, je signale la présence d’un flou de vignettage créatif très complet, et qui donne de bons résultats.

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Cet effet de flou vous permet de mettre en valeur de manière assez fine un élément de la photo, en gardant nette une partie déterminée en plaçant le centre de ladite netteté. Tout le reste se gère de manière fine et intelligente, ce qui peut donner de beaux résultats.

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Cela dit, cet effet peut donner des impressions peu naturelles dans certains cas, puisque des plans différents seront nets (près du point de netteté), et d’autres, au même niveau que la netteté, seront flous, puisque loin du centre de netteté. Sur ce point, FilmPack ne fait pas plus de miracles qu’un utilitaire dédié comme Focus.

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Un exemple de rendu peu naturel. Il faudra donc bien choisir son sujet!

Comment utiliser FilmPack 4?

Comme les versions précédentes de ce logiciel, FilmPack 4 s’utilise comme une application autonome, ou comme plug-in pour Photoshop, Photoshop Element, Aperture ou Lightroom, mais encore comme partie intégrante de DxO.

En application autonome, vous avez accès à deux palettes: celle des réglages, comme on en trouve dans les autres logiciels, mais bien évidemment plus basiquement que ce que propose DxO 8 ou Lightroom.

Nonobstant cette simplicité, le principal est là, et dans bien des cas, cela suffit.

Et vous avez également, et bien évidemment, accès à la palette des effets, raison même d’exister de FilmPack.

J’aime beaucoup cette nouvelle interface qui permet de voir à l’avance ce que l’on va tenter de faire, à l’aide d’aperçus sous l’image principale.

Il s’agit vraiment en ce cas d’un programme très simple d’utilisation, et qui vous apportera certainement les résultats que vous attendiez.

Mais vous pouvez également utiliser FilmPack comme plug-in à Lightroom. En ce cas, Lightroom, comme avec tous les plug-ins, envoie une copie Tiff de l’image sélectionnée.

Vous vous retrouvez alors dans l’interface de FilmPack, et une fois les modifications effectuées, vous vous retrouvez dans Lightroom avec l’image empilée sur l’originale, bien évidemment non touchée.

Petit inconvénient de ce système: c’est bien un Tiff qui est utilisé, donc la souplesse est un poil moins grande qu’avec un travail sur du RAW.

Vous atteignez FilmPack par le menu "Filtres" dans Photoshop ou Photoshop Element, et là également, vous vous retrouvez dans l’interface de DxO, et un clic sur "Enregistrer" vous renvoie à l’application de départ.

Dans Aperture, vous passerez par le menu "Éditeur externe".

Mais bien évidemment, le résultat le plus parfait ou disons le plus poussé se fera à partir de DxO 8 lui-même, puisque l’intégration est alors totale et effectuée avant le développement.

Sauf que…sauf que vous ne bénéficierez pas de l’interface de FilmPack, mais resterez dans DxO, ce qui n’est d’ailleurs pas un vrai problème, tant cette interface est bien réalisée. N’empêche, c’est un peu dommage de ne pas avoir les aperçus en bas de l’écran. Selon DxO, il s’agit d’un choix délibéré pour ne pas casser le flux de travail, et pour que les gens comprennent qu’ils restent en RAW pendant toute la phase d’édition.

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Pourquoi pas.

J’en ai déjà parlé lors de mon test sur DXO 8, mais il est important de savoir que, contrairement aux anciennes versions de ce dernier, la palette FilmPack est entièrement regroupée sur ledit thème, et qu’il n’est plus besoin de chercher un peu partout où sont les commandes dédiées.

Ouf, et qu’est-ce que c’est bien!

Des mélanges créatifs intéressants

J’en ai également déjà parlé il y a quelque temps, mais ce qui est intéressant avec FilmPack, c’est que vous pouvez parfaitement croiser un virage de type Sépia avec un grain de Tri-X et un rendu d’un autre type de film.

 

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Un autre exemple: j’aime bien le grain du T-Max 3200 sur cette photo, mais le contraste était trop fort. J’ai préféré passer sur un grain 3200, mais un rendu T-Max 100, plus doux.

Et pour ceux qui n’y croient pas

Avant de terminer, j’aimerais répondre aux puristes, aux grincheux, ou aux deux en même temps qui pourraient prétendre que ces effets sont de mauvais goût, parce que "copie" de ce que font les vrais films argentiques.

  1. je déteste la plupart des filtres que l’on trouve sur iPad, ou dans la plupart des programmes qui pullulent sur nos machines, sans parles d’Instagram.
  2. je n’utiliserai peut-être pas trop souvent les filtres artistiques, pour la même raison qu’indiqué au point 1.
  3. si les passionnés d’argentique utilisent certains films et pas d’autres, c’est bien parce que leur rendu copie le précédent, et parce qu’ils savent que telle émulsion va donner tel résultat. Donc si l’on peut parvenir au même résultat numériquement, où est la différence? Salgado semble l’avoir bien compris.
  4. DxO est tellement pointu dans ses connaissances qu’il ne peut que donner entièrement satisfaction dans ses rendus. Donc si vous aimez le rendu d’un film Y reconnu par le système, vous retrouverez vraiment le même rendu sur un tirage pris par un appareil numérique une fois le fichier passé par FilmPack.

Alors, pourquoi s’en priver bon sang?

En ce qui me concerne, ça fait déjà bien longtemps que je suis convaincu!

La seule raison qui pourrait vous faire éviter un programme tel que celui testé ici, c’est si vous préférez vraiment la pureté numérique, que d’aucuns trouvent bien trop froide.

En conclusion

DxO FilmPack est vendu sous deux versions, l’Essential (49 € prix d’introduction, ensuite 79 €) et l’Expert (99 €, prix d’introduction, ensuite 129 €). Je vous laisse lire les différences ici.

Des mises à jour, selon ce que vous avez déjà, les prix étant différents, sont bien évidemment disponibles.

Que dire de ces prix?

Ils me semblent parfaitement normaux, voire limite pas onéreux en regard des services rendus, en particulier lorsqu’on effectue des tirages papier.

En effet, rappelez-vous du prix de certaines émulsions...

Un excellent produit, qui personnellement m’apporte beaucoup et, depuis des années, qui ne m’a jamais déçu.

.

 

 

23 commentaires
1)
François Cuneo
, le 21.06.2013 à 10:38

Et voilà!

J’ai oublié de mettre l’article en mode 4, soit apte à paraître…

Désolé!

2)
Arnaud
, le 21.06.2013 à 11:00

Je l’ai déjà lu en mode “admin” ;)

A+

Arnaud

3)
ysengrain
, le 21.06.2013 à 12:49

J’observe ma double réaction à DxO film pack avec étonnement que le billet de François renforce:

1- j’aime la possibilité de “rendu rugueux” du numérique apporté par DxOFP, d’une part

2- d’autre part, je perçois une sensation de grand écart entre le numérique et le rendu argentique, grand écart qui confine à l’élongation – intellectuelle ;°)) bien sûr.

4)
yfic17
, le 21.06.2013 à 13:39

Si je comprends bien, nous avons toute la magie des films argentiques sans les odeurs de la chimie !

Pour en revenir au filmpack, nous avons des appareils photo avec des pixels tout riquiqui qui lissent la photo et on fait un traitement numérique pour ajouter tout ce que nous ne voulions pas à l’époque ! That’s very funny !

5)
Blues
, le 21.06.2013 à 14:06

Merci François, c’est top ce soft ! Je ne me suis jamais intéressé à ce type de produit, mais là ça pourrai me tenter, comme le dit yfic17 “la magie des films argentiques” ça me branche bien (surtout la version expert).

Au fait en regardant leurs prix, pour moi qui ne possède aucun soft DXO, je trouve dommage de ne pas pouvoir acheter les 3 softs de DXO à un prix de bienvenue = un “Bundle attractif”.

6)
ToTheEnd
, le 21.06.2013 à 19:39

Commentons, commentons… mais de manière constructive.

Ce genre de soft me dépasse un peu car globalement, vu qu’on va vers une esthétique toujours plus épurée, j’ai de la peine à vouloir retourner en arrière et ainsi donner à une photo une impression “arriérée” (dans le sens vieille planche et vieux négatifs).

Je vais tirer un parallèle avec l’archi:

Quand on restaure une cathédrale… comment faut-il faire? Du béton et ça tiendra 100 ans? Ou il faut prendre les mêmes pierres (même carrière?), les tailler comme à l’époque (des plombes) et les installer comme d’antan (des morts je vous promets)?

Les américains ont déjà répondu à cette question et comme ils n’avaient pas “d’histoire architecturale”, ils ont fait des tonnes de cathédrales au style gothique mais entre le 18ème et 19ème siècle.

Avec la méthode classique, on recommence tout dans 30 ou 50 ans (cathédrale de Lausanne et sa mélasse merdique) mais avec la seconde méthode, ça pourrait durer 100 ans sans rénovation et l’aspect serait conserver.

Bref, ce que je veux dire, c’est que ce genre de soft donne un aspect mais ne reflète pas du tout le boulot ou la manière de l’époque avec l’équipement qu’on aurait utilisé… et je trouve que le charme est là aussi.

Est-ce que vous voyez ce que je veux dire? Ou est-il temps de boire cette bouteille que j’ai mis au frais ce matin?

J’attends vos réponses… en allant ouvrir la bouteille!

7)
Marcol
, le 21.06.2013 à 21:18

L’article est intéressant, mais je suis dubitatif sur le sens artistique de pareils stratagèmes que propose le logiciel. De la même manière, et à une autre échelle, je m’interroge sur la tendance à vouloir donner des effets de réel à travers des filtres artificiels que cela soit sur PSD ou sur Instagram.

Pourriez-vous m’éclairer sur quelle(s) raison(s) avez-vous de vouloir artificiellement retrouver en photographie numérique les caractéristiques physiques de la photographie analogique, en dehors d’une nostalgie esthétique ?

Pourquoi ne pas assumer soit la continuation de la photographie argentique avec ses aléas, ces mystères, son rituel chimique, sa chorégraphie du tirage? Soit exploiter la photographie numérique dans la richesse de sa matière (pixellisation, artefact de compression, etc.)?

Je vois pourtant une piste qui donnerait sens à l’utilisation d’effets de réel: la création d’une rhétorique photographique de l’image.

Je vous invite à lire et commenter ces deux articles: photographie de synthèse et architecture Conférence donnée à Monaco lors du festival Imagina en 2011. Et matière numérique 01 Texte qui accompagnait l’exposition à la galerie Focale à Nyon des membres de soutien en 2012.

8)
Zallag
, le 21.06.2013 à 23:58

Je comprends les remarques de Marcol en comm. 8, et l’on pourrait étendre son argumentation au son, ou au film, ou à d’autres domaines encore.

Que vaudrait par exemple un enregistrement musical, ou un DVD ayant été trituré, remixé, remasterisé avec un ensemble de techniques logicielles actuelles qui viseraient à recréer l’illusion parfaite d’écouter un disque vinyle ou d’assister à la projection “La Sortie de l’usine Lumière à Lyon”, filmée par les frères Lumière le 19 mars 1895, à la rue Saint-Victor, alors qu’on se passe un CD ou un DVD qu’on vient d’acheter ?

Je pense que ça n’aurait guère de sens, sauf à vouloir faire passer cet enregistrement pour une rareté exhumée d’un vieux grenier. Salgado n’a pas besoin de “faire du Salgado”, comme dans ses premières années, pour rester un monument de la photographie, mais je crois qu’il tient à perpétuer l’impression qu’il travaille toujours en argentique, sa marque de fabrique, et qu’il veut maintenir cette image de lui-même encore et toujours en s’imitant lui-même.

Une telle attitude ne me semble pas très différentes de celle d’un faussaire ou de certains antiquaires qui font du faux vieux. On vieillit bien des meubles neufs en les laissant à la pluie, en rouillant leurs ferrures, en les frappant avec les chaînettes ou des fils de fer afin de leur donner un aspect ancien, afin de les faire passer pour des antiquités. N’irait-on pas dans une voie similaire en photographie? Est-ce presque une tromperie? Ça y ressemble diablement, quand même. Je me pose la question.

9)
dpesch
, le 22.06.2013 à 00:42

Je suis un utilisateur et un fan des logiciels DxO que je maintiens régulièrement à jour. Je les trouvent vraiment excellents et, en cherchant, en expérimentant un peu, on peut trouver des rendus intéressants qui n’ont rien d’aussi violents ni d’aussi peu naturels que ce que DxO nous donne comme exemples. Il faut savoir garder sa souris légère dans l’utilisation de FP. Comme disait l’autre, l’excès nuit en tout…

Cependant, je dois dire que je suis, comme certains d’entre vous, surpris par cette idée de vieillir, abimer, rayer des images, y ajouter des taches, etc… (Cela dit, cela peut être amusant pour faire des pastiches de photos anciennes). Moi, qui viens de numériser environ 3000 diapositives, j’aimerais que DxO me ponde un filtre qui ENLÈVE les taches et les poussières ! Merci d’avance.

10)
maxim
, le 22.06.2013 à 09:21

Doit-on où non faire appel à des logiciels qui permettent de “dégrader” ou “améliorer” une image?

La question ne se pose guère si la technique permet de servir l’œuvre et non l’inverse… A titre individuel et de prime abord, je dirais “non” en tant que puriste, ou alors en ayant la souris légère comme dit Dpesch! A titre professionnel c’est beaucoup plus compliqué à trancher.

Donc approfondissons vu que le sujet revient de manière récurrente — sans même aller jusqu’à la question de la simulation du rendu des films et leur développement — la question commence lors du traitement des .raw, à propos de la fidélité des couleurs voire la détermination de la “balance des blancs” in-caméra et même l’exposition (pour ceux qui exposent l’histo “à droite”) voire encore éventuellement l’utilisation des “filtres créatifs” embarqués dans chaque boîtier (qui a dit “quelle horreur”?) pour ne parler que de ces aspects. Un vrai casse-tête si on mélange tout!

J’ai eu longtemps affaire à ces questions avec des “clients difficiles”, ce qui nous pousse dans nos derniers retranchements (autant comme photographe que reprograveur ou éditeur). Hors en général, ceux qui ont besoin d’images ou d’en reproduire, ne savent pas forcément «ce qu’ils se veulent» (puisqu’ils leur manque au moins le recul du pro, si ce n’est un recul relatif à la “culture de l’image”, ce d’autant que pour certains, il n’est pas étonnant de s’apercevoir qu’ils sont en phase d’expérimentation, ils ont alors de la peine à mettre de la distance entre leurs propres filtres de perception et la “représentation photographique” du sujet qu’ils ont à “servir”) mais ils savent plus facilement insidieusement dire «ce qu’ils ne veulent pas», et au moins quand c’est le cas on a encore de la chance, car entre penser que l’on sait ce que l’on se veut et en avoir pleinement conscience, il y a parfois une grosse marge de progrès (lol)

On l’a compris, c’est un domaine où l’on est en plein dans le subjectif. Partant de là, il y a deux écoles:

— l’approche pragmatique: celle qui consiste à faire de la «reprographie» — dont le seul but est de garantir la fidélité de la reproduction — et ce, dès la prise de vue (recherche de la fidélité du rendu de la lumière ambiante, et/ou de la fidélité des couleurs jusqu’à la signature de l’épreuve contractuelle) et ce, conformément aux standards de l’industrie des arts graphiques. Cela signifie le respect d’un certain nombre de contraintes, comme une standardisation des procédures, l’utilisation d’une charte grise 18% pour caler sa balance des blancs (ou une simple feuille de papier blanc), l’utilisation d’un espace couleur le plus large possible ou en fonction des besoins, l’étalonnage de toute la chaîne graphique (désormais depuis la prise de vue avec les outils actuels comme les SLT à viseurs électroniques étalonnés) jusqu’à l’utilisation normalisée des formats de fichiers .TIFF (prêts à l’impression), Dans ce cas-là d’une approche professionnelle, il y a une obligation de résultat de la part de celui qui fournit la prestation et nécessite copyproof voire scalas pour les travaux les plus pointus.

— l’approche artistique, celle qui permet tous les écarts et interprétations, mais dans ce cas, charge à l’artiste de livrer ses fichiers .TIFF, qui ne seront plus touchés par l’éditeur.

Et lorsqu’il y a une bonne synergie et confiance entre partenaires, il peut y avoir combinaison des deux approches (à n’importe quelle étape si on sait ce qu’on fait).

Donc partant de là toutes les fantaisies sont admissibles, c’est selon!

D’ailleurs il est un peu décalé de prétendre que l’on ne devrait pas revenir en arrière, ce serait omettre le facteur humain. Si par exemple il s’agirait de sortir un bouquin sur des inédits de Cartier Bresson, un tel programme deviendra incontournable si on ne veut pas trahir l’esprit de l’auteur! Quant à retrouver la chimie de l’époque… Ce type de feedback arrive régulièrement en publicité, selon la clientèle cible visée, la mise en scène et le rendu des images s’adapte en fonction d’elle-même.

DXO a des outlis fantastiques, de référence et incontournables, s’en est un, après chacun jugera en fonction de ses besoins et/ou de sa sensibilité artistique: point final.

Conclusion: Il ne serait donc guère possible de s’en passer selon les travaux. Cela tient au fait que la courbe de réponse d’un capteur est généralement linéaire (sauf Canon) alors que celle du film est/était sinusoïdale. Par ailleurs il y a une exposition optimale en numérique qui ne sera forcément pas la même qu’en argentique, puisqu’elle dépend de la plage dynamique du capteur et de l’échelle de gris disponible à chaque “pas” entre hautes et basses lumières et que tout se déterminera en fonction de la balance des blancs et de l’exposition que le photographe “s’est proposé d’atteindre”… Et ce n’est pas tout, il faudrait encore tenir compte de la «recette constructeur» qui conduit au dématriçage optimal:

— si on en revient à l’approche minimaliste et pragmatique, en principe il n’y aurait rien à faire, tout est joué à la prise de vue, en fonction de l’exposition et de la “balance des blancs”. Donc normalement, à partir de là on ne devrait plus rien toucher. Et si tant est qu’on le doive, il faudrait tenir compte dès l’exposition, de la façon dont le fichier sera traité in fine (on n’exposera pas la même chose si on veut un rendu “Kodachrome” VS “Ektachrome”, c’est une évidence)

Et ceux qui croient que l’on peut faire n’importe quoi avec un .raw se trompent lourdement.

L’ensemble de la maîtrise de tout ça est un vrai métier. Une culture de l’esthétique de l’image et des couleurs à part entière et qui peut prendre toute une vie! Rembrandt l’un des seigneurs de la maîtrise des couleurs et des clairs/obscurs, ne disait-il pas à l’automne de sa vie, dans une de ses légendaires colères: que «tout ce qu’il avait fait jusqu’alors ne valait rien et qu’il avait tout foiré» ?…

11)
giampaolo
, le 22.06.2013 à 10:39

J’ai beaucoup de peine à imaginer intégrer ce genre de logiciel dans mon flux de photographie. Je commence avec Lightroom (qui fait énormément et qui me permet de rester en raw). Le noir-blanc je le fais dans LR qui me permet à tout moment de revenir en arrière puisque je reste en mode RAW (donc pas besoin d’exporter en tif ou en jpg). Il va de soit que mon fichier raw est parfaitement bien exposé dès le départ.

Si c’est du portrait ‘beauté’, j’exporte en psd pour le reprendre dans Photoshop pour un travail de type ‘Séparation des fréquences’ + ‘Dodge&burn’. Je reviens à la fin dans LR pour exporter mon fichier auquel j’ajoute, dans LR, 15% de grain, car quand on a un fichier d’environ 9’000×7’000 pixels, la réduction de la taille donne malheureusement une impression de lissage. J’ajoute donc 15% de grain uniquement pour ‘casser’ cet effet de pseudo-lissage.

Les flous, les cadres, les effets de lumière ajoutés,, etc et tout ce qu’apportent des logiciels comme DXO, j’oublie. Donc deux logiciels et zéro plug-in externe.

Si je ne faisais pas de portraits ou de photographies ‘beauté’, LR suffirait pour absolument tout.

Si je veux des photographies à l’ancienne, je fais des photographies à l’ancienne et je sors mon vieux et fidèle Mamiya 6 dans lequel je glisse une pellicule 120.

12)
maxim
, le 22.06.2013 à 10:46

Arf, mon workflow est aussi minimaliste puisque tu en parles, je ne fais presque rien en PP (tout à la prise de vue)…

J’utilise PS et me met en CIE-lab dès que possible, pour ne pas toucher au canal de luminance, pour le b-a ba.

Je règle le contraste final (ouverture du point dans les basses lumières selon le périphérique de sortie et/ou la destination finale de la photo), puis quelques ch’tites retouches minimes et c’est à peu près tout…!

Je ne post-traite plus aucune photo, sauf celles destinées à être publiées: pas le temps!

Par contre je prends toutes mes précautions à la prise de vue: je tire plusieurs clichés de la même scène avec différents réglages in-caméra (merci le num, ça ne coûte pas cher et m’évite de passer des heures en PP). Ainsi j’utilise au max la plage dynamique du capteur ce qui déterminera tout le reste en aval question latitude de travail… (donc si d’aventure je devais insister sur la PP, je le ferais à partir d’une image bien “grasse” qui en a un maximum sous le pied… Quoi d’autre?)

13)
François Cuneo
, le 22.06.2013 à 11:42

maxim, tu ne voudrais pas devenir contributeur Cuk par hasard?

Est-ce que ça te dérange si je reprends ton commentaire pour le mettre en article ce week-end? Je trouve ton explication extrêmement bien faite.

Merci en tout cas!

14)
maxim
, le 22.06.2013 à 13:37

Ahah, merci! Pour qui était jusqu’ici un lecteur assez passif: c’est une surprise! ^^

…si par là il serait possible de se rendre utile (en espérant être suffisamment pédagogique?): comme bon te semblera, et reprends tout ce qu’il te plaira.

15)
Laurent Vera
, le 22.06.2013 à 15:14

Totalement d’accord avec maxim, c’est à la prise de vue que tout se joue. Par contre, françois, le film pack ne marche pas avec lightroom 5, impossible d’essayer le plug-in.

16)
Marcol
, le 22.06.2013 à 21:21

Hmmm…

Tout se joue à la prise de vue? Mais l’acte photographique n’existe-t-il pas de la prise de vue jusqu’à l’image mise à la vue? Bien sûr à chacun d’agir à sa guise et plus ou moins sur l’une ou l’autre étape du processus.

Quant à la technique employée… qu’importe-t-elle? Certes, il faut parfois suivre une procédure bien précise, notamment dans une optique reprographique. C’est d’ailleurs plus le protocole de prise de vue que l’image finale qui valide le caractère d’objectivité de l’image, comme l’explique bien maxim. Mais, en fait libre à chacun de triturer comme il l’entend les composants de la création de l’image.

L’important me semble être plus le sens que l’on met dans nos images, dans la création de nos images. Que raconte-t-on par ce qu’on livre au monde par nos images? Ou plutôt, que veut-on dire? Que nos images devraient avoir une portée spirituelle ou philosophique? Qu’elles devraient susciter des émotions? Qu’elles sont la démonstration de notre habileté technique? Probablement tout à la fois. Mais ne se soucier principalement que de technique et juger l’image à l’aune de sa propreté technique c’est réduire l’acte photographique à une démonstration de force. Alors parfois ça peut faire de jolies images, oui, mais juste jolies.

17)
François Cuneo
, le 22.06.2013 à 22:11

Totalement d’accord avec maxim, c’est à la prise de vue que tout se joue. Par contre, françois, le film pack ne marche pas avec lightroom 5, impossible d’essayer le plug-in.

Ben si il fonctionne! J’ai fait mon test avec, et là, je viens de ressayer, c’est tout bon!

19)
Tilékol
, le 23.06.2013 à 07:56

Excellent… Des parfums de révélateur et de fixateur me remontent aux narines, accompagnés d’”ffluves d’acide acétique…

Petite question : et pour les tirages papier ? Quelle imprimante et quel papier choisir ?

20)
giampaolo
, le 23.06.2013 à 09:15

Quand on dit que ‘tout se fait à la prise de vue’, n’est-ce pas exagéré? Tant qu’une photo numérique n’est pas développée, elle n’existe pas. A la prise de vue, on gère, autant que faire se peut, ce qui est “maîtrisable”, mais tout le reste est forcément le résultat d’un traitement informatique. Il faut distinguer ‘développement’ de ‘traitement’ de ‘retouche’.

21)
Laurent Vera
, le 23.06.2013 à 11:36

oui, giampaolo, mais il vaut mieux avoir un bon fichier de départ pour faire un bon développement.

22)
Marcol
, le 30.06.2013 à 08:56

Faire du vieux avec du neuf? Donner les qualités visuels de l’argentique à du numérique? Je ne pense pas qu’il n’y a qu’un intérêt de conservatisme ou de cohérence d’une œuvre. Il y a aussi une question de langage, de rhétorique.

La course à la précision photographique à conduit les industriels à proposer des grains de plus en plus fin, puis des pixels de plus en plus nombreux avec des couleurs de plus en plus fidèles à la réalité. Premièrement, la quantité de pixels est forcément finie, c’est donc une course qui, elle, est infinie. Elle finira donc à moment donné, par essoufflement. Deuxièmement, les couleurs de la photographie sont moins fidèles à la réalité qu’au mythe de la réalité que nous nous sommes forgés. Et puis de quelle réalité parlons-nous? De celle préexistante à notre être ou de celle, ou plutôt celles vues par les milliards de regards humains?

Aussi bien le géographe sait que la carte n’est pas le territoire, autant le photographe doit accepté que la photographie n’est pas la réalité. Peut-être que ça chagrine ceux qui ont un désir de possession, de capture du monde. Et si la photographie leur met du baume au cœur, tant mieux. Mais le monde, et donc aussi celui de la photographie, ne va pas s’arrêter pour autant.

Alors pourquoi rendre visible le pointillisme du grain et supprimer la diversité des couleurs? Simplement pour laisser place à l’imaginaire du spectateur. Ne pas tout dire, c’est laisser l’auditeur remplir les blancs à sa guise. C’est le faire participer au dialogue artistique. Ce que le photographe donne à voir ce sont ses images intérieures nourries par celle captées par son appareil photographique. Le trouble vient que ce qui est donner à voir est aussi un témoignage d’une réalité vécue.

Alors quand Salgado altère ses images numériques pour les transposer en argentique, je ne pense pas que c’est pour faire croire qu’il travaille toujours en argentique. Je suppose que c’est simplement qu’il a construit un langage, son langage avec l’argentique noir et blanc et qu’il veut continuer à parler le même langage car c’est celui qui lui permet de s’exprimer. Les considérations techniques n’ont d’autres finalités que de répondre à sa volonté.

Argentique ou numérique? N’est-ce donc pas d’abord une question de langage? Mais, bien sûr, si on à rien à dire…

23)
maxim
, le 22.09.2013 à 04:54

Bonjour,

Je signale à ceux que ça intéresse, que Sony offre en ce moment la version “DxO FilmPack 3 Essential edition”, qui émule déjà toutes les émulsions courantes de l’époque de l’argentique!

Disponible en téléchargement gratuit (jusqu’au 31 octobre):

http://www.dxo.com/intl/sony

(Attention, version apparement version non limitée dans le temps – et disponible uniquement via la page ci-dessus, car l’autre version d’évaluation sur la page en français, est limitée à 30 jours – pour Mac et PC, donc avec “Free License” non upgradable: mais c’est déjà pas si mal! Ainsi, ceux qui voudront absolument la V.4 devront la payer)

Quand à DxO Optique Pro, il est également disponible, mais pour un mois d’essai / évaluation:

http://www.dxo.com/fr/photographie/dxo-optics-pro/dxo-optics-pro-mac-confirmation-fr

Enjoy ! ;-)