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Un billet pour dire toute mon admiration…
Je connais un homme qui, durant vingt ans, a travaillé dans un service de pompes funèbres : il a accompagné des centaines de familles, il a vu plus de larmes couler que n'importe qui, il a dû parler d'obsèques avec des familles qui venaient de perdre un enfant, expliquer les formalités de rapatriement liées à un décès survenu à l'étranger. Il a travaillé la nuit, le week-end, il a fait des heures de piquet - la mort ne donne que rarement des rendez-vous précis -.

J'ai rencontré un homme, aujourd'hui décédé, qui, en raison d'une tumeur au cerveau, ne pouvait plus travailler; à ma question "qu'est-ce qui est le plus difficile pour toi dans tous ces traitements que tu subis ?", il m'a répondu "le fait de ne plus pouvoir travailler, j'aimerais tellement pouvoir retourner au boulot". Il était gardien de prison.

Dans le cadre de mon propre métier, je forme (presque) chaque semaine des femmes anonymes qui prennent en charge les personnes âgées : elles douchent, elles habillent, elles donnent à manger, elles écoutent, tant les résidents de ces établissements dits médico-sociaux que leurs proches, elles contrôlent des pansements, elles nettoient des lits souillés, elles tentent de calmer les angoisses si fréquemment inhérentes aux pathologies de l'âge avancé, elles travaillent elles aussi le week-end, la nuit de Noël et durant les jours fériés.

Si je ressens beaucoup d'admiration pour tous les professionnels qui exercent leur métier avec le sens du "boulot bien fait" - je serais capable de faire des kilomètres pour manger du bon pain et j'aime bien me regarder après une coupe de cheveux bien faite -, j'ai envie aujourd'hui de tirer mon chapeau particulièrement à toutes celles et à tous ceux qui oeuvrent quotidiennement pour le bien d'autrui, que cet autrui soit âgé, malade, incarcéré ou endeuillé. Ces professionnels travaillent "dur", souvent sans obtenir beaucoup de reconnaissance, pour un salaire loin d'être mirifique et pourtant, ils aiment leur métier.

Ces boulots, généralement physiquement difficiles, toujours moralement éprouvants, ils le font non seulement en se servant de leur formation, de leurs connaissances, au moyen de gestes souvent répétés, mais aussi en y ajoutant beaucoup de compassion, de présence, d'empathie, d'écoute, de bienveillance, en gardant un certain recul et en veillant à ne pas perdre la distance nécessaire à la qualité de la prise en charge.

Ce sont dans toutes ces qualités humaines, vécues dans mes contacts professionnels, que je puise ma propre motivation à enseigner, pour donner à celles et ceux qui placent la relation aux autres au coeur de leurs préoccupations, un tout petit outil supplémentaire dans un quotidien qui n'est pas facile et qui ne le sera jamais.

Merci !

Et vous, où puisez-vous la motivation indispensable à l'exécution de votre travail ?

12 commentaires
1)
Blues
, le 13.05.2013 à 07:26

La motivation indispensable à l’exécution de mon travail est uniquement déclenchée par le fait d’avoir du plaisir à me lever le matin pour y aller !!! Je me dis que j’ai un “chouette” job (que j’ai choisi il y a 40 ans – la passion est toujours là), que celui-ci est réalisé dans un cadre idéal (mon entreprise) et qu’il se fait dans une bonne ambiance (mes collègues).

Du moment que tous ces paramètres sont réunis, que se dire à part : que je suis conscient que j’ai bien de la chance, car ce n’est pas forcément le cas de tou(te)s.

2)
jpg
, le 13.05.2013 à 08:21

Le travail est la grandeur de l’homme.

Le travail, réservé aux esclaves sous l’empire romain, a été mis en valeur par et dans les abbayes. C’est par son travail que l’homme continue la création.

C’est aussi par son travail que l’homme tisse des contacts sociaux avec ses semblables.

Certes, il y a des travaux plus créatifs que d’autres et certains sont même carrément aliénants par leur caractère répétitif. C’est un des problèmes de nos sociétés industrielles, avec, celui, plus grave encore, des personnes qui ne trouvent pas de travail.

3)
PSPS
, le 13.05.2013 à 08:39

Depuis mon départ à la retraite au début de l’année, je participe comme bénévole à l’une des activités des Restos du Cœur deux fois par semaine, les lundi et vendredi : le service de repas chaud.

Et je fus stupéfait d’apprendre que certains de mes collègues bénévoles beaucoup plus âgés assuraient ce service chaque jour, depuis déjà une douzaine d’année !

Quand on côtoie la misère et la détresse avec cette constance sans se plaindre de la fatigue accumulée, on mérite un sacré coup de chapeau. Surtout quand on n’attend aucune récompense ni aucun remerciement.

4)
ysengrain
, le 13.05.2013 à 09:00

Avoir eu la chance de pouvoir choisir un travail passionnant requiert de pouvoir honorer cet exercice. J’ai donc donné, pendant près de 40 ans, de 16h à 18 h par jour à ce métier.

Faire évoluer les techniques, permettre aux patients condamnés à mort de pouvoir vivre, recouvrer la force, percevoir ces signes positifs, fédérer une équipe de soignants est l’ensemble des éléments de la motivation qui m’a habitée.

Retiré, maintenant, je sais que je reste habité par ces préoccupations.

5)
Migui
, le 13.05.2013 à 12:21

La motivation indispensable à l’exécution de mon travail est uniquement déclenchée par le fait d’avoir du plaisir à me lever le matin pour y aller !!! Je me dis que j’ai un “chouette” job (que j’ai choisi il y a 40 ans – la passion est toujours là), que celui-ci est réalisé dans un cadre idéal (mon entreprise) et qu’il se fait dans une bonne ambiance (mes collègues).

Du moment que tous ces paramètres sont réunis, que se dire à part : que je suis conscient que j’ai bien de la chance, car ce n’est pas forcément le cas de tou(te)s.

Bien dit, Blues! Dans mon cas, il faut juste changer le “40” en “20”, mais pour le reste, je n’aurais pas pu dire mieux!

6)
flup
, le 13.05.2013 à 14:29

De mon côté, c’est la double nature “transmission et partage” de mon travail qui nourrit cette motivation. La rencontre de l’enseignement et de la musique le permet. Pas toujours, parfois même rarement, mais il y a toujours moyen de trouver une petite étincelle pour raviver cette motivation :-)

7)
Madame Poppins
, le 13.05.2013 à 19:33

Blues, effectivement, bosser pour son compte est certainement une source certes de complications mais aussi pour beaucoup de gens moteur de satisfaction !

jpg, je connais une seule personne qui fait la même chose tous les jours, depuis 17 ans, dans le même office, avec le même but (recouvrement des créances d’impôts) et c’est de loin la personne la plus insatisfaite que je connaisse. En même temps, une petite part de répétition me permet de gérer tout ce qui est continuellement en mouvements : ça repose. Bien entendu, j’ai la chance que cette part “monotone” reste faible.

PSPS, je peux imaginer que c’est très gratifiant de pouvoir se mettre ainsi au service d’autrui et permet de rencontrer des parcours de vie étonnants, dans tous les sens du terme. Bravo à toi pour ce choix : tu aurais pu devenir président du club de bridge.

ysengrain, il en faut, de la force, pour bosser aussi dur, surtout dans un contexte où la vie n’est parfois plus qu’un filet : je me suis toujours demandée comment tu avais fait pour porter tout cela, aussi longtemps, surtout dans un contexte de tracasseries administratives qui s’ajoutent à la réelle mission !

flup, ta chance est donc de ne pas m’avoir comme élève : dans une prochaine vie, je serai une virtuose au piano mais dans l’actuelle, je crains de ne pas avoir dépassé un déchiffrement assez laborieux d’une clé de fa…. dommage d’ailleurs !

8)
Blues
, le 13.05.2013 à 21:30

Me serais-je fait mal comprendre ? Alors NON je ne bosse pas pour mon compte (mon entreprise = celle dont je fais partie où je travaille) ce qui ne m’empêche pas de me sentir “motivé-motorisé” par elle.

9)
Madame Poppins
, le 13.05.2013 à 22:32

Sorry, dans la parenthèse (mon entreprise), j’ai traduit “je suis à la tête de cette entreprise” : donc non, tu ne t’es pas fait mal comprendre, c’est moi qui ai lu des choses qui n’y étaient pas, mea culpa ! Remarque, patron ou salarié, l’essentiel est effectivement d’avoir la motiv’ en se levant le matin !

10)
TroncheDeSnake
, le 14.05.2013 à 05:53

Je partage tout à fait ton admiration, Mme Poppins. Lorsque j’allais trouver mes parents au Foyer Saint-Paul (GE) où ils ont fini leurs jours, je regardais avec beaucoup d’estime le personnel dudit foyer; leur sourire, la qualité de leur attention, leur patience, et plus tard leur présence lors du décès de mon père, puis de ma mère, m’ont marqué profondément.

Je pourrais citer encore nombre de professionnels qui me bluffent par la dimension humaine qu’il donnent à leur tâche, quelle qu’elle soit. Et même dans un métier comme le mien (la vente), moins “noble” que celui d’un infirmier ou d’une enseignante, je tiens à conserver cette dimension de service à la personne. C’est ce qui me motive.

11)
Anne L
, le 17.05.2013 à 04:55

« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie », disait Confucius ; faire un travail qui nous passionne est une véritable chance dans le monde d’aujourd’hui, tant le marché du travail est complexe, mais c’est sûrement un gage d’épanouissement, non seulement pour soi, mais également pour la société.

J’ai aimé enseigner, échanger avec mes élèves et avancer avec eux, j’ai aussi aimé interviewer des gens riches de leur histoire et de leurs passions, ou encore découvrir des milieux que je n’aurais jamais connus si je n’avais pas vécu quelque temps dans le monde du journalisme. Le monde est surprenant, déroutant quelquefois, mais souvent attachant, et nous sommes des gouttes d’eau dans ce monde-là ; autant tout faire pour que notre petite goutte soit de la plus belle eau, et même si c’est parfois difficile, il faut tenter de conserver la passion et de la transmettre. La vie m’ayant provisoirement éloignée du monde du travail, je peux vous dire qu’il me tarde de le retrouver, parce que c’est l’une des façons de sentir battre son cœur ; certes, il y en a d’autres, la vie ne se résumant pas seulement au travail.

Quand on pense que le mot travailler a pour étymologie le latin « tripaliare » qui signifie torturer, on peut dès lors imaginer l’évolution que l’histoire du travail a connue ; et j’ai bien peur qu’aujourd’hui, certaines personnes ne reviennent à une forme d’esclavage et détournent quelque peu la noblesse de ce que devrait être le travail proposé à chaque être humain.

Un grand merci, Madame Poppins, pour ce billet très émouvant !

12)
Smop
, le 24.05.2013 à 14:26

Et vous, où puisez-vous la motivation indispensable à l’exécution de votre travail ?

En cinq mots dont l’ordre d’importance varie selon le travail, le contexte et l’époque : Intérêt intellectuel, utilité, reconnaissance, rémunération, pouvoir d’influence.