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Et vous, que mangez-vous ce soir ?

Il y a un peu plus de huit ans, j'ai décidé, du jour au lendemain, de devenir végétarien. Pourtant, jusqu'à la veille et depuis toujours, j'étais un gros consommateur de viande. En France, pays de tradition culinaire par excellence, ce changement radical d'habitudes alimentaires est presque perçu comme un acte extrémiste, ou d'inspiration religieuse, voire même une "tare" ! Seuls trois à cinq pour cent des Français sont végétariens. Chaque semaine m'apporte son lot de quolibets ou d'incompréhension. Alors que dans d'autres pays au mode de vie occidental, je pense à la Grande-Bretagne ou à l'Australie par exemple, être végétarien est socialement parfaitement compris et accepté. Peut-être est-ce aussi influencé par leur approche sociopolitique communautariste, dans laquelle les différences entre groupes sociaux sont mieux respectées qu'ici-bas ?

La littérature et les ressources Internet sur le végétarisme sont pléthore, mais peu de gens font la démarche de s'y intéresser spontanément. J'ai donc pensé qu'il serait utile de tordre le cou à quelques idées reçues et de donner envie aux lecteurs de Cuk de fouiller la question. Il me semble aussi essentiel de donner quelques éléments de réflexion aux enfants, qui seront les consommateurs de demain.

 

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Qu’est-ce que le végétarisme ?

Strictement parlant, comme nous le savons tous, le végétarisme est un mode d'alimentation excluant la viande. L'étape suivante est le végétalisme, qui exclut tous les aliments d'origine animale, tels que les oeufs et les produits laitiers. Vous seriez surpris du nombre de gens qui confondent les deux, même chez des professionnels de l'alimentation. Je précise d'ailleurs que je ne suis pas un vrai végétarien au sens strict du terme, car je consomme toujours de temps à autre du poisson. Le végétarisme n'est pas un dogme, il n'impose rien. Bien au contraire, il propose des points de vue alternatifs pour s'extraire du conditionnement social et des incitations consuméristes qui servent avant tout les producteurs.

 

Pourquoi être végétarien ?

J'exclus de facto les raisons liées aux préceptes religieux, variables d'une doctrine à l'autre. Entre l'hindouisme et une partie des écoles bouddhiques qui prescrivent le végétarisme, l'islam et le judaïsme dont les codes alimentaires interdisent certains produits animaux mais imposent des méthodes d'abattage barbares, et l'absence totale d'interdits alimentaires du christianisme "moderne", on reste dans l'obscurantisme irrationnel. Je souligne cependant qu'à l'exception de l'hindouisme, le principe de sacralisation de la vie ne vaut pas pour celle des animaux. "Tu ne tueras point", quelle bonne blague ! Enfin, les religions n'en sont pas à une contradiction près...

 

Voici donc quelques arguments factuels : 

- Le système nerveux des animaux leur fait ressentir la souffrance physique, au même titre qu'à nous autres, de l'espèce humaine. Ils ressentent aussi la souffrance psychologique, ne serait-ce que par la peur liée à leur instinct de survie, que nous partageons également. Enfin, des études scientifiques sérieuses démontrent l'existence d'un certain niveau de conscience chez les animaux. Informés et sensibilisés à ces réalités, avons-nous le droit de justifier par nos habitudes alimentaires la souffrance et la cruauté envers les animaux ? À l'heure où de nombreuses interrogations autour des questions de bioéthique nous interpellent, est-il encore concevable de considérer les animaux comme des objets ? Avez-vous déjà assisté à l'abattage des animaux et fait le lien avec ce que vous mettez dans votre assiette ? Autant de bonnes questions à se poser...

 

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- La nature regorge de ressources alimentaires végétales. Pour subvenir à nos besoins nutritionnels, les protéines animales peuvent être remplacées par des légumineuses, également riches en glucides (fèves et haricots secs dont le soja, lentilles, pois secs). Elles ne contiennent ni cholestérol ni gras saturé et sont riches en fibres alimentaires, qui contribuent à la digestion et au sentiment de satiété. Afin d'assimiler les vitamines et les minéraux contenus dans les légumineuses, on les accompagne par des fruits et légumes riches en vitamine C (tomates, brocolis, poivrons, épinards, persil, oranges, citrons, fraises, kiwis, cassis). Les aliments céréaliers complets assurent l'apport en vitamines du groupe B, et la vitamine D se retrouvera dans les oeufs. Tout cela peut sembler compliqué à première vue, mais une fois les nouvelles habitudes prises, l'alimentation végétarienne devient très vite naturelle et offre une variété infinie de goûts, de couleurs et de textures. Si en plus, comme moi, vous intégrez le poisson, riche en phosphore, fer, vitamines et oligo-éléments, votre changement d'habitudes alimentaires sera aussi vite assimilé qu'oublié. La transition vers un végétarisme strict, auquel je pense de plus en plus, ou même au végétalisme, peut très bien se faire progressivement.

- L'espèce humaine est physiologiquement omnivore et nous pouvons parfaitement nous passer de viande. Contrairement aux espèces carnivores, notre dentition n'est pas adaptée à déchiqueter de la viande, notre taux d'acidité gastrique inférieur au leur et nos intestins sont beaucoup plus longs afin de pouvoir digérer les végétaux. Une fois encore, de nombreuses études ont démontré les risques liés à la consommation de viande, tels que le cancer de l'intestin, mais aussi les bienfaits du végétarisme en matière de prévention des maladies cardio-vasculaires, du diabète et de l'obésité. Plusieurs sportifs de haut niveau ont adopté des régimes végétariens, car le processus de digestion consomme moins d'énergie, et ils ont surtout besoin d'aliments à faible index glycémique tels que les céréales et les féculents. Eux aussi mettent ainsi à mal les idées reçues sur les besoins en nutriments d'origine animale. Est-il nécessaire de préciser que je n'ai moi-même eu aucune carence en quoi que ce soit depuis que je suis devenu végétarien ?

 

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- L'élevage et l'abattage des animaux posent de réels problèmes environnementaux, sous parler de leurs coûts cachés que l'on paye tous à différents niveaux. D'après les rapports officiels, à poids égal, la production de la viande de boeuf nécessite dix à quinze fois plus d'eau potable que la production végétale. Par ailleurs, une large partie de la production de protéines végétales est consommée par les animaux destinés à l'abattage. Enfin, l'élevage et ses coûts logistiques annexes posent aussi de nombreux problèmes de pollution, de destruction de l'environnement et donc de biodiversité. Je ne vais pas vous submerger de chiffres statistiques, toutes ces informations se retrouvent facilement sur Internet.

Je termine ce billet à l'heure de dîner. Au menu ce soir : écrasé de pommes de terre à la truffe, tartare de saumon fumé bio sauce gravlax accompagné d'asperges, salade d'aubergines grillées et de tomates avec ciboulette et basilic, et morceaux d'ananas frais en dessert. Tentés ?

 

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Pour en savoir plus : 400 raisons d'être végétarien pour sauver des vies et la planète 

55 commentaires
1)
guru
, le 09.05.2013 à 01:56

Chacun son sport.

2)
flup
, le 09.05.2013 à 08:56

Article intéressant.

Bien que n’étant pas du tout végétarien, quelques réflexions sur le sujet:

– dans le cadre du motif environnemental, il faut rappeler que 70% des céréales produites sur la planète le sont pour… nourrir le bétail. Bétail avant tout consommé dans les pays riches. Une petite inversion de tendance aurait très vite de gros effets (pas besoin de devenir végétarien pour ça, une diminution de la consommation de viande ferait déjà son effet).

– la qualité de la viande qu’on nous vend (mais ça s’applique malheureusement aux légumes aussi) dépend fortement d’un endroit à l’autre. Par exemple, la race bovine la plus répandue en Belgique est d’une fadeur incomparable (entre un blanc-bleu belge et un charolais, il n’y a pas photo). Si on se dirige vers le végétal, le souci est que, plus on va vers le nord, plus est faible la disponibilité de produits végétaux frais et variés (surtout en saison hivernale). Mais on déborde là aussi sur le débat “grande distribution >< petits commerçants spécialisés)

– malheureusement le poisson disponible ici (uniquement en grandes surfaces, il n’y a quasi plus de poissonniers ailleurs qu’à la côte) ne fait vraiment pas envie… Devoir aller en France ou Angleterre pour avoir du poisson correct ou un peu abordable (alors que la Belgique a un accès à la mer, quand même…), c’est triste

– personnellement, je suis au départ grand amateur de viande, mais c’est un peu comme le vin: on peut l’aimer beaucoup… en petites quantités. L’habitude de la “pièce de viande en un morceau” rend très visible la diminution de quantité de viande, à l’inverse d’une cuisine de type asiatique (viande en morceaux) où ça se voit beaucoup moins. Si on s’en tient à la viande hachée d’une sauce bolognese, la quantité familiale est passée en quelques années de 350 à 200 gr pour un repas.

– comme tu es mieux informé dans le domaine, une petite question: j’ai toujours entendu dire que, contrairement à un régime végétarien, le “végétalien” risque d’aboutir à certaines carences (certaines vitamines ou oligo-éléments non disponibles quand on se ferme aux oeufs, etc.). Qu’en est-il ?

3)
ysengrain
, le 09.05.2013 à 09:51

notre taux d’acidité gastrique inférieur au leur

Assertion douteuse

Je crois que le problème n’est pas tant d’être végétarien ou pas. Toutes les positions de vie sont respectables. Je suis infiniment plus préoccupé par la qualité des produits qu’il s’agisse de viandes, de légumes, de poissons, de fruits. Je vis en semi campagne, dans une petite ville à 30 km à l’Ouest de Paris.

Trouver un boucher digne de ce nom me coûte 5 km, des légumes et fruits 12, du poisson 6 à 7 et encore, la qualité n’est pas toujours au rendez vous … et je ne parle pas des polluants.

4)
feub
, le 09.05.2013 à 12:07

Sujet très très vaste.. Bravo Smop pour cet article et le courage tout de meme pour le publier, car comme tu le dis, spécialement en France, c’est un sujet très difficile et paradoxalement alors que le végétarisme/végétalisme n’est que compassion et amour du vivant, on se prend que des choses négatives voir des insultes ou des commentaires du genre “je fais ce que je veux” ou les classiques “je suis omnivore/carnivore et fier.”. Je vis en Italie depuis presque 3 ans maintenant et les gens sont beaucoup plus ouverts lorsque ce débat déboule, ils sont curieux, ils posent des questions et montrent de l’intéret. Bref. Je suis moi-meme vegan car meme si c’est dur à entendre, le végétarisme a presque les memes effets que d’etre omnivore au niveau de la cruauté animale. L’industrie du lait et des oeufs n’est que de la pure torture.

5)
iYannick
, le 09.05.2013 à 12:11

Personnellement, je suis un carnivore, mais je respecte le végétarisme et le végétalisme.

Mais crois qu’en matière alimentaire, c’est un peu chacun sa croix. C’est tres personnel comme choix. Je suis un défenseur des animaux, cela ne n’empêche pas d’aller me faire une entrecôte après un don au WWF.

Par contre, en Suisse, je ne sais pas si les végétariens sont aussi sous représenté qu’en France, mais le fait est que je connais un végétarien et une frugivore (un extrême), je ne mange jamais avec eux.

Parce que si je respecte leur choix, eux ne respectent pas le mien lorsque je commande de la viande au resto, s’occupant de mon assiette en me récitant peu ou prou ce qui est dans ce billet d’humeur.

Invoquer le consumérisme ? Mouais bof, sans être anthropologue je pense que je peux supposer sans risque que l’homme mange de la viande depuis des millénaires, ce qui fait, je pense, que le conditionnement économico-social est plutôt une coutume, une habitude vieille de plusieurs siècles.

Comme ysengrain, je suis davantage soucieux de la provenance de ce que je mange.

6)
feub
, le 09.05.2013 à 12:33

iYannick : tu as tout dit (toutes les conneries de base j’entends). Merci.

Je suis un défenseur des animaux, cela ne n’empêche pas d’aller me faire une entrecôte après un don au WWF.

Parfois il faut juste se taire je crois.

Parce que si je respecte leur choix, eux ne respectent pas le mien lorsque je commande de la viande au resto

Je ne sais pas ce que tu veux dire par le fait qu’ils ne te respectent pas, mais il faut comprendre quelque chose qui est une base. On ne parle pas de préférer BMW plus que Merco ou Mac over Windows et de ne pas respecter ces choix, on parle de respecter la vie, de ne pas tuer ni torturer pour un plaisir futil. C’est un réel challenge que d’etre vegan et de voir des gens (meme sa propre mère) manger de l’animal mort et de rester de marbre. Tu vois ces réactions de tes amis végés comme un non-respect par égocentrisme de ta part car c’est toi qui ne respecte pas le vivant par pur anthropocentrisme.

je peux supposer sans risque que l’homme mange de la viande depuis des millénaires

Depuis la nuit des temps on torture, on viole, on tue, donc on peut continuer? Cette satanée évocation que l’on peut faire une chose car on la pratique depuis des lustres montre un tel manque de maturité. On ne change rien alors, on vit comme au moyen-age. Au passage, tu n’es pas carnivore, tu n’as pas le système digestif d’un carnivore et tu n’as pas les dents d’un carnivore.

Personnellement je suis vegan pour la cause animale en priorité, mais je peux parler de tous les sujets liés (écologie, faim dans le monde, nutrition, bien etre personnel, bien etre animal bien sur….). Ce n’est que du bénéfice d’arreter les produits d’origine animale, ma santé n’en est que meilleure, mon énergie aussi.

7)
TroncheDeSnake
, le 09.05.2013 à 12:51

Feub, je me sens interpellé par ton commentaire.

Je suis né dans une civilisation qui mange de la viande. J’ai été élevé avec de la viande, sans excès, comme monsieur et madame Vouzémoi. La consommation de viande et de produits laitiers fait partie de ma culture. Je n’ai aucun problème à manger une entrecôte au resto et la payer avec ma Visa WWF. Donc je trouve excessif le ton de ton entrée en matière.

MAIS

Si quelqu’un venait me dire qu’il est né dans une civilisation qui lapide les femmes adultères, qui pratique l’infibulation, le sacrifice humain, ou je ne sais quoi encore, et qui me demande de ne pas le bousculer trop fort, qu’il a besoin de temps pour comprendre, etc… comment réagirais-je?

Pas simple…

8)
feub
, le 09.05.2013 à 13:26

Merci de ton commentaire TroncheDeSnake. Le ton ne m’a pas semblé excessif au vu de la teneur de la réaction (et de le philosophie) de iYannick. La première partie de ton commentaire est bien sur logique et je le comprends. Je ne suis pas né vegan, j’ai été de nombreuses années végétariens et j’ai toujours été un dingue de fromage et de produits laitiers en général. Je suis vegan depuis un an environ, après avoir “stupidement” réalisé que le végétarisme est beaucoup plus proche de l’omnivorisme (néologisme?) qu’il ne l’est du végétalisme. C’est un vaste sujet que le lait et les oeufs (et le miel, etc). Mais c’est bien d’en parler, d’avoir un dialogue ouvert sur le sujet et de ne pas tout de suite se faire du “végé”.

Ensuite tu dis

La consommation de viande et de produits laitiers fait partie de ma culture.

Je suis désolé mais cela veut dire que c’est gravé dans le marbe, à jamais? Je suis vosgien, pays du lard fumé, de la choucroute, j’ai mangé de tout ça à m’en faire péter le bide durant des années (j’adorerais encore niveau gustatif), mais j’ai aussi la capacité de réfléchir et de me rendre compte de ce que cela représente. La culture elle évolue et c’est en se bougeant que les choses avancent.

Pour le :

Je n’ai aucun problème à manger une entrecôte au resto et la payer avec ma Visa WWF

Encore une fois, c’est comme si tu donnais pour une association contre la maltraitance des enfants et que tu donnes des coups de ceinturons à tes propres enfants dans ta vie de tous les jours.

C’est un peu le phénomème des animaux de compagnies également, ces gens qui se disent “animal lovers” parce qu’ils ont un chien ou un chat – parfois qu’ils aiment plus que leur propres enfants – mais qui font cuire leur poulet ou leur cote de boeuf pour le diner. C’est d’un illogisme presque trop grand pour etre vrai.

Pour une fois, je me suis lancé à commenter sur un tel sujet sur un site qui à la base n’a rien à voir, en sachant les réactions que cela allait engendrer. Mais c’est avec une grande frustration aussi, car les sujets sont vastes et c’est impossible de parler, d’expliquer tout comme ça malheureusement….

« La cruauté envers les animaux et même déjà l’indifférence envers leur souffrance est à mon avis l’un des péchés les plus lourds de l’humanité. Il est la base de la perversité humaine. Si l’homme crée tant de souffrance, quel droit a-t-il de se plaindre de ses propres souffrances ? » – Romain Rolland (écrivain français, Prix Nobel de Littérature en 1915)

9)
Costi
, le 09.05.2013 à 13:40

Heuh… respecter la vie… Certes. Mais excusez-moi: les végétaux, ils ne sont pas vivants ? Il n’y a aucune différence de nature entre végétaux et animaux. Bref, je pense que c’est un choix de vie propre à chacun, mais des arguments irrationnels de ce type, épargnez-les nous.

10)
Alain Le Gallou
, le 09.05.2013 à 13:41

C’est avec un sourire que je lis cet article, venant de me goinfrer avec une épaule d’agneau, amoureusement badigeonné au pinceau avec un beurre clarifié avant de la mettre au four, et accompagné de petites patates dorées qui ont pataugé dans la graisse pendant la cuisson.

Une pensée pour @Flup car j’ai deux excellentes bouchées dans le village proche de chez moi, et aussi de bons légumes vendus au marché par les paysans du coin.

Je confirme ce que dit @iYannick, je cite « Parce que si je respecte leur choix, eux ne respectent pas le mien lorsque je commande de la viande au resto, s’occupant de mon assiette en me récitant peu ou prou ce qui est dans ce billet d’humeur. ». J’ai moi aussi connu cette expérience, attitude sectaire, très proche de l’extrémisme religieux.

Notez, pour ma bonne santé, j’ai au fil des années divisé par trois la quantité de viande que je mange, mais vous ne m’empêcherez pas pour le plaisir de me faire un canard à l’orange, ou un simple onglet à l’échalote, et tout dernièrement testé un feuilleté aux escargots.

11)
iYannick
, le 09.05.2013 à 13:59

@ Feub, je ne vais pas commenter ton discours (fort bien écrit au demeurant), que j’assimilerai presque à une sorte de prosélytisme alimentaire.

Avant de monter sur tes grands chevaux, lis juste ce qui figure en préambule du billet de Smop (que je ne n’ai pas félicité dans mon premier commentaire, c’est désormais chose faite).

En France, pays de tradition culinaire par excellence, ce changement radical d’habitudes alimentaires est presque perçu comme un acte extrémiste, ou d’inspiration religieuse, voire même une “tare” ! Seuls trois à cinq pour cent des Français sont végétariens. Chaque semaine m’apporte son lot de quolibets ou d’incompréhension

A voir ta réaction, ton agressivité et ton intolérance, on se demande bien pourquoi, tiens.

12)
Madame Poppins
, le 09.05.2013 à 14:48

Est-il nécessaire de préciser que je n’ai moi-même eu aucune carence en quoi que ce soit depuis que je suis devenu végétarien ?

A mon avis, oui, c’est nécessaire de le préciser parce que bon nombre de “faux” végétariens sont carencés. Le terme “faux” provient de ce que ces “faux” végétariens suppriment simplement la viande sans pour autant chercher la remplacer par d’autres aliments (que tu as cités) : donc, non, être végétarien ne carence pas mais il faut savoir comment s’y prendre pour organiser ses menus sur le long terme.

Si je comprends l’intérêt de supprimer la viande de son alimentation pour toutes sortes de raisons, je peine à comprendre l’intérêt de supprimer les produits laitiers : on ne va pas me faire croire que la vache souffre lors d’une traite. Bien sûr, les Asiatiques ne consomment pas de lait et nombreux seraient encore ceux qui ne le digèrent pas ou pas bien mais puisque mon estomac le supporte très bien (sous forme de yaourt, de lait dans mes céréales, de fromages), je ne suis pas certaine que je me porterais mieux si je n’en consommais plus.

En revanche, ce que je ne comprends pas, c’est qu’on puisse “s’engueuler” au sujet de ce que mange… autrui ! A mon sens, le “faire juste” ou “faux”, c’est pour soi-même qu’il faut l’établir, pas pour les autres : être détenteur de la “science véritable”, ça n’existe pas, je crois.

13)
TroncheDeSnake
, le 09.05.2013 à 15:01

Je suis désolé mais cela veut dire que c’est gravé dans le marbe, à jamais?

Je ne dis pas ça, je dis simplement que je suis de cette culture-là. C’est un fait. Qui n’exclue pas le questionnement que j’évoque dans la suite de mon commentaire, mais ce fait est indéniable.

Quand à la deuxième citation que tu fais (Je n’ai aucun problème à manger une entrecôte au resto et la payer avec ma Visa WWF) et ce que ta réponse (encore une fois, c’est comme si…), ça n’était pas nécessaire: Je ne revendique rien, je dis où j’en suis. Et la suite de mon commentaire est assez clair sur mon sentiment intérieur de contradiction, non?

Tout autre chose: Combien de décennies, de siècles, mettrons-nous pour découvrir la dignité des légumes et l’infamie des traitements que nos cultivateurs et maraîchers leur font subir? Mmmmnh?

14)
TroncheDeSnake
, le 09.05.2013 à 15:04

Ça fait pas mal de temps que je me dis que ce serait une bonne idée de devenir végétarien, mais entre ma résistance naturelle au changement et ma flemme… Alors merci Smop pour ce billet qui vient nourrir ma réflexion.

Une question: arrives-tu à t’en tenir aux légumes de saison?

Par ailleurs, en lisant ton lien final, j’ai pensé à cette phrase de je ne sais plus quel scientifique ou intellectuel (Hubert Reeves?) que je cite approximativement de mémoire:

Ils me font rire ceux qui parlent de sauver la planète. Elle en a vu d’autres! Et elle s’en sortira toujours, avec ou sans nous. C’est bien de nous sauver dont il s’agit!

15)
ysengrain
, le 09.05.2013 à 16:04

être détenteur de la “science véritable”, ça n’existe pas, je crois

Si la politique est une science, tu as faux ;•DD

Pour le reste, je t’approuve sans réserve. Des bises.

16)
TroncheDeSnake
, le 09.05.2013 à 16:50

on ne va pas me faire croire que la vache souffre lors d’une traite.

Non, mais je m’interroge quand même sur la part de vérité qu’il peut avoir dans cette affirmation:

L’industrie du lait et des oeufs n’est que de la pure torture.

Par ailleurs, je me rappelle avoir lu que l’espèce humaine était la seule espèce animale à consommer le lait d’autres espèces.

17)
Soheil
, le 09.05.2013 à 17:20

Si j’apporte ici mon témoignage, qui vaut ce qu’il vaut, c’est surtout pour essayer de calmer le débat… et les esprits.

Je suis végétarien depuis 36 ans. J’avais alors 26 ans et j’y pensais depuis l’âge de 18 ans. La raison principale de ce choix est une identification avec les animaux que je percevais de manière de plus en plus forte et pressante: à la vue d’une aile ou d’une cuisse de poulet, une autre image mentale venait s’y superposer, celle de ma propre main coupée et posée dans mon assiette. On peut appeler ça empathie ou compassion, ces cadavres ne me laissaient pas indifférent.

Je n’ai pas franchi le pas vers le végétalisme, mais je fais un usage très modéré des œufs et des produits laitiers (essentiellement des fromages et yogourts de brebis ou de chèvres, et des œufs provenant d’élevages en liberté).

J’ai évidemment tout entendu, que j’allais souffrir de carences graves, que j’étais un tortionnaire de légumes, le genre discours qu’entendent tous ceux qui ont fait le choix du végétarisme. A l’objection selon laquelle en mangeant un œuf je tue une vie dans l’œuf, je réponds simplement que vouloir que tous les œufs produisent des poussins et qu’il n’y ait pas d’œufs “perdus” c’est comme exiger qu’une femme ait un enfant tous les dix mois.

Pour le reste des objections, je crois qu’il est inutile de répondre. Il ne faut pas chercher à convaincre les non-végétariens par des arguments: s’ils sont convaincus c’est qu’ils sont vaincus, et ça ce n’est jamais bon. Il faut que la démarche vienne du fond de chacun de nous. Si on me pose la question, je raconte l’histoire de la main coupée. A partir de là l’idée fera son chemin. Ou pas.

Jusqu’à l’âge de six ou sept ans mes enfants n’avaient pas remarqué que je ne mangeais pas comme eux. Ils m’ont demandé si ça ne me gênait pas de les voir manger de la viande, j’ai répondu que non (même si parfois l’odeur m’incommodait). Aujourd’hui ma femme et ma fille sont devenues végétariennes, et mon fils est un carnivore occasionnel.

Ce qui est réjouissant quand on est végétarien depuis si longtemps, c’est qu’on a pu voir les mentalités évoluer dans ce qui nous paraît être le bon sens. Dans les années 70, les livres de recettes étaient rares et tristes, presque toujours sans photos (les ventes devaient être trop faibles pour justifier les coûts occasionnés par un photographe et une impression en couleurs).

Les produits à base de soja étaient quasi-introuvables et je fabriquais moi-même mon tofu en commençant par faire du lait de soja que je transformais ensuite en fromage. Aujourd’hui on le trouve dans tous les supermarchés de Suisse.

Je fais une grande consommation de graines de sésame (que je mange tel quel, à la cuillère), de graines de courge et de tournesol, de noix, amandes, noisettes et noix de cajou. Si certains sont tentés par le végétarisme et craignent les carences, qu’ils se renseignent sur l’apport de ces graines et de ces noix: je suis à peu près sûr qu’ils y trouveront presque tous les compléments nécessaires à une alimentation basée sur les fruits et légumes.

Je fais un contrôle médical chaque année et en 36 ans je n’ai constaté que deux fois une carence en vitamine B12. C’est la vitamine la plus difficile à trouver en dehors du règne animal, mais on la trouve quand même dans certaines algues, la spiruline notamment. Elle est assez chère, et il m’est arrivé de vouloir faire des économies. Pour le reste, je crois qu’il faut suivre ses envies. L’organisme sait ce dont il a besoin, mais il le dit tout bas. Il faut par moments faire le silence en soi pour l’entendre.

18)
Madame Poppins
, le 09.05.2013 à 18:11

TroncheDeSnake

Oui, nous sommes les seuls à consommer le lait d’autres espèces mais nous sommes aussi la seule espèce à avoir des MacBook Pro :-)

Cela dit, je fais bien entendu une distinction entre
a) la manière de produire, qui est une chose et qui devrait être revue, au demeurant aussi pour les légumes et l’importation de “céréales” depuis l’autre bout du monde (le quinoa est produit en Bolivie notamment)
b) le fait de consommer, avec la question “si la production est faite dans le respect de l’animal (en l’occurrence la vache et la poule), est-ce que mon corps se portera égal, moins bien ou mieux ?

Feub, en tant que vegan, pourrais-tu me dire ce qui t’interdit de consommer du miel ? Le refus de porter du cuir, d’utiliser des produits cosmétiques testés sur des animaux ou contenant des composants provenant du monde animal, je comprends mais pour le miel, je l’admets, je suis perplexe.

Ysengrain, merci pour les bises, je prends, elles tombent à pic !

19)
Alain Le Gallou
, le 09.05.2013 à 18:42

@Smop En Complément à ton article qui donne une bonne vue du dossier, peux-tu donner des références de sites offrant des recettes. Car en dehors du Gratin de thon aux légumes, Papillote Saumon fondue poireaux, Gratin de légume à la provençale de chez Picard, et de ma recette habituelle de blinis pour me faire un toast de saumon avec un peu de crème fraîche pour le dîner, j’ai peu de recettes pour les jours ou je fais maigrement. Merci d’avance.

20)
Alain Le Gallou
, le 09.05.2013 à 18:45

Oui, nous sommes les seuls à consommer le lait d’autres espèces mais nous sommes aussi la seule espèce à avoir des MacBook Pro :-)

Comment cela, n’aurais-tu pas vu cette photo célébre du petit chat qui boit le lait directement au pis de la vache.

21)
TroncheDeSnake
, le 09.05.2013 à 18:51

@feub: J’ai compris la différence entre végétarisme et végétalisme. Mais tu te dis “vegan”. Qu’est-ce a dire? Est-ce un diminutif ou est-ce encore autre chose?

22)
Philob
, le 09.05.2013 à 19:14

Je n’aime pas ces débats quand il y a des “religieux”, ça tourne au vinaigre et c’est dommage pour la nourriture.

Je mange simplement de tout, j’ai l’immense chance d’habiter en pleine campagne et d’avoir ainsi la possibilité d’avoir d’excellents produits. J’adore la viande, j’adore le lait et le fromage (lait que j’ai bu en vrac jusqu’à l’âge de 40 ans en allant le chercher directement à la laiterie et en faisant ma crème moi-même). Il faut peut-être aussi ajouter que j’habite en Suisse, et sauf erreur la réglementation concernant les élevages est plus stricte et contrôlée (élevage des poules, par exemple) qu’en France.

Je sais que je suis rempli de contradictions, mais je les assume totalement, et je sais aussi que je suis tout à fait capable de tuer moi-même un animal pour le manger (mais je ne suis pas chasseur).

La viande, je la mange modérément et je l’apprécie; il faut dire que ma grand-mère est décédée à 103 ans et donc je suis (suivre) son exemple et je mange comme elle, je peux ajouter que mon père en a 84 et ma mère 81 et qu’ils se portent très bien les deux.

Je m’inquiète bien plus pour l’homme que pour la planète, mais j’ai encore de l’instinct de survie, et je défendrai toujours plus les hommes (malgré leurs bêtises crasses parfois) que les animaux, ce n’est pas ma faute, c’est mon instinct animal …..

23)
Zallag
, le 09.05.2013 à 19:16

J’ai travaillé des années dans les laboratoires de Nestlé, dans la section de nutrition, et le sujet des fibres alimentaires, ainsi que des cancérigènes dans notre alimentation a longtemps été au centre des activités de notre section.

Je distinguerais d’emblée deux attitudes des végétariens.

D’un côté il y a ceux qui ont des attitudes basées sur une foi, une conviction intime, une attitude philosophique. Cela peut aller très loin, ressembler à des sectes parfois (pensez à l’instinctothérapie ou à certains végétaliens, il y a des quasi-gourous là-dedans, c’est dangereux comme attitude et la plupart du temps irrationnel et surtout intolérant).

De l’autre côté, il y a des nutritionnistes, des cancérologues, des médecins qui se questionnent, des épidémiologistes qui font des constats, qui publient des résultats dans les meilleurs journaux scientifiques de recherche en biologie et en médecine. Il y aurait tant à dire, mais je vais simplement évoquer des pistes. On a trouvé des associations favorables ou non entre fibres, viande rouge en comparaison avec la consommation de poisson et le cancer colorectal, ces faits sont établis depuis longtemps. Voici un article parmi d’autres qui en parle, par exemple ici.

La ligue suisse contre le cancer parle du rôle de la viande rouge dans le cadre de la prévention du cancer du colon et on peut le lire ici. On trouve plein d’articles scientifiques bien documentés sur ce sujet. Ou aussi.

C’est un domaine trop complexe et vaste, je crois, pour en parler simplement et aussi justement que possible dans un commentaire, mais j’invite ceux et celles qui s’y intéressent à rechercher des informations fiables dans des revues scientifiques reconnues comme étant d’un haut niveau, comme La Recherche, Pour la Science, ou, pour ceux qui lisent l’anglais, d’aller voir sur Pubmed ou dans des bibliothèques universitaires.

On pourrait parler écologie aussi, dans une discussion sur le végétarisme.

L’étude des populations migrantes et des pathologies liées à l’alimentation apporte aussi des enseignements intéressants, en particulier la consommation de viandes et de graisses animales. On l’a observé en étudiant les populations migrantes, entre l’Asie et l’Amérique par exemple. Après plusieurs années de vie aux États-Unis, les Asiatiques ont le même cancer du sein et du colon que les Américains, alors qu’ils en souffrent rarement dans les pays asiatiques. Il semble donc que l’alimentation joue un rôle important, à côté d’autres facteurs du mode de vie, encore peu étudiés. L’obésité, liée à l’alimentation, est également un facteur favorisant. Les Asiatiques mangent passablement plus de poisson que les Américains, peu de viande rouge, une quantité importante de légumes. Mais une fois aux Etats-Unis, si ils adoptent le comportement alimentaire local, ils adoptent avec lui les pathologies associées à une forte consommation de viande rouge.

A propos des produits laitiers.

Plus haut, on parle des produits laitiers. Ils représentent un apport important à plusieurs points de vue, mais on trouve certaines personnes qui adoptent une attitude quasi-philosophique à ce sujet, c’est leur affaire, pas la mienne. Le fait que le lait soit destiné aux jeunes mammifères ne constitue aucunement une démonstration qu’il soit nocif d’en consommer, s’il est normalement assimilé.

Ce qui arrive parfois, c’est une intolérance au lactose, le sucre du lait. Les personnes qui ne le supportent pas ne peuvent pas digérer ce sucre, elles n’ont pas l’enzyme nécessaire à le scinder en les deux sucres courants qui le composent. C’est le cas de nombreux Asiatiques mais cela peut survenir ailleurs aussi. Notamment en Afrique, mais une exception notable sont les Masaï, qui depuis toujours possèdent du bétail, des vaches qui représentent leur richesse, et eux supportent parfaitement le lait. Leur organisme s’y est adapté depuis des générations. Comme celui de la plupart des européens. Mais le lait, une fois fermenté en yoghourt, et son lactose en acide lactique, ou transformé en fromage, ne pose plus aucun problème à personne.

On trouve tout et parfois n’importe quoi sur internet si l’on ne connaît pas un peu certains domaines scientifiques, il faut garder dans toute réflexion sur le végétarisme une approche et un esprit résolument scientifiques.

Et une petite marge de préférences personnelles, peut-être un petit brin de fantaisie, et de la tolérance.

24)
François Cuneo
, le 09.05.2013 à 21:45

iYannick : tu as tout dit (toutes les conneries de base j’entends). Merci.

Tu vois feub, je ne suis pas végétarien, mais je mange le moins de viande possible. Je comprends les arguments des végétariens (moins des végétalistes). Des vegans, je ne sais pas, j’ignore ce que c’est.

En fait oui, je sais maintenant, voilà la définition de Wikipedia Le véganisme (ou veganisme) est un mode de vie fondé sur le refus de l’exploitation et de la cruauté envers les animaux. Au-delà de l’adoption d’un régime alimentaire végétalien, le véganisme condamne la consommation ou l’achat de tout produit issu d’animaux ou testé sur eux (cuir, fourrure, laine, soie, cire d’abeille, cosmétiques, loisirs, etc.). Par rapport au végétarisme et au végétalisme, qui désignent stricto sensu des régimes alimentaires, le véganisme vise plus largement un mode de vie rattaché à des choix moraux et politiques, comme ceux du mouvement des droits des animaux1. On nomme communément végane la personne qui opte pour le véganisme.

Franchement, j’ai un peu de peine avec ça.

Et là oui, ça fait un tout petit peu sectaire.

Le ton de ton commentaire face à iYannick me confirme la chose.

Oui, je comprends iYannick qui ne veut pas manger avec des gens qui ne peuvent s’empêcher de faire la morale, qui ne peuvent s’empêcher d’être prosélitistes.

C’est juste insupportable.

Cela dit, si j’étais courageux, et j’espère l’être un jour, je deviendrais végétarien.

Mais si je le deviens, je jure que je ne deviendrai pas comme toi.

A trouver l’autre con (c’est tout de même comme ça que tu interviens dans ta première phrase) parce qu’il ne fait pas comme moi.

25)
jpg
, le 09.05.2013 à 23:46

Entièrement d’accord avec François. D’une manière générale, je suis toujours étonné de l’association entre une bonne cause (ici être végétarien) et le sectarisme de certains qui la défendent. Je l’ai observé un certain nombre de fois et donc ce doit être inhérent à la nature humaine. Cela se retrouve même chez certains membres de groupes contre la violence. Allez comprendre ! Au total, la grandeur de la nature humaine, c’est l’ouverture à l’autre et la reconnaissance que l’autre est autre.

26)
RHA
, le 09.05.2013 à 23:57

Je trouve feub nullement sectaire, il fait partie – tout comme moi – des personnes pour qui la souffrance infligée à l’animal par l’homme est insupportable. Il est donc bien compréhensible que des réactions sarcastiques ou indifférentes face à la barbarie que représente l’abattage des animaux le fassent réagir.

J’ai également beaucoup de mal à supporter le cynisme des dévoreurs de cadavres, je m’abstiens de commenter en public mais l’écoeurement n’est pas bien loin.

Je ne mange plus de viande depuis des années, non pour des raisons diététiques ou écologiques, bien que sensible à la question, mais principalement pour ne pas cautionner ces atroces exécutions massives qui donnent une bien triste image de l’humanité.

Ceux qui tiennent à garnir leur assiette de toutes sortes de morceaux de viande sans s’interroger sur les traitements infligés à l’animal qu’ils s’apprêtent à dévorer sont, certes, libres de leur choix. Il n’en est pas moins qu’ils considèrent les espèces animales inférieures à la merveille faite homme, beau prétexte pour se régaler en toute conscience.

Pour ma part, je ne peux plus regarder un morceau de viande dans l’assiette d’un compagnon de table sans penser – avec une indignation contenue – au moment où la pauvre bête a agonisé.

L’homme détenait le savoir permettant d’améliorer le sort des espèces qui l’entourent. Il s’est, hélas, transformé en bourreau.

27)
Madame Poppins
, le 10.05.2013 à 00:05

principalement pour ne pas cautionner ces atroces exécutions massives qui donnent une bien triste image de l’humanité.

En d’autres termes, si je soigne mon lapin, que je lui donne de très bonnes choses à manger, que je m’en occupe très bien et que je le tue ensuite pour le manger, tu partageras ce repas ? En effet, il ne serait pas là question d’atroce exécution massive.

Plus sérieusement, tu ne manges pas non plus de moules, de crevettes ou de bigorneau ?

28)
RHA
, le 10.05.2013 à 00:10

J’aurais dû préciser que je suis également contre les exécutions individuelles, cela semblait aller de soi… Mais quand on ne veut pas comprendre le fond des choses…

29)
Madame Poppins
, le 10.05.2013 à 00:42

Tu aurais dû, en effet : ton propos était tellement précis (“atroces exécutions massives”) qu’envisager la différence était possible. Mais quand on a décidé d’être agressif… ;-)

30)
RHA
, le 10.05.2013 à 03:14

Bon, alors il n’y a pas d’atroces exécutions massives, c’est vrai. On sait bien que les veaux, boeufs, cochons, poulets et autres chanceux gambadent tranquillement et de leur plein gré vers l’abattoir et remercient chaleureusement celui qui va leur assener le coup final. Tout le monde est content, on mange bien, et vive ce monde de bisounours.

31)
Smop
, le 10.05.2013 à 05:42

Merci aux uns et aux autres pour vos commentaires, pour certains intéressants, en particulier celui de Soheil (#17).

Le mot “extrémisme”, que j’ai moi-même utilisé dans cet article, revient souvent lorsqu’on évoque ce sujet. Comme j’ai pu le lire ci-dessus, les esprits s’échauffent vite. Ce n’est guère surprenant, car il s’agit là de l’un de ces thèmes qui touchent à nos certitudes ou habitudes les plus profondément ancrées. Il me semble donc très “faiblement” humain de s’y arcbouter.

Pour ma part, lorsque je suis face à un sujet polémique heurtant mes convictions, en bon cartésien, je ne vois qu’une seule attitude constructive : faire une synthèse factuelle et aussi objective que possible, puis en tirer des conclusions rationnelles (même si celles-ci ne me plaisent pas toujours).

En adoptant cette méthode à la question de mes habitudes alimentaires, il m’a semblé facile d’arriver à ces conclusions, résumées ainsi : nous partageons beaucoup de points communs avec les animaux terrestres, en conséquence, ce qui s’applique à nous peut en grande partie s’appliquer à eux; nous pouvons très bien, voire mieux, nous nourrir essentiellement de végétaux; enfin, le seul argument factuel opposable est celui de nos habitudes. Ce dernier point est aussi le seul à être totalement subjectif et assez aisément modifiable. Je pense que quiconque refuse la validité de cette démonstration est de mauvaise foi ou intellectuellement limité, même si je conviens qu’on pourrait l’affiner avec d’autres arguments.

En écrivant cet article, je n’ai pas cherché à convaincre, ni à imposer. Juste à informer (très succinctement) et surtout à ouvrir la porte à la réflexion. Sur bien des sujets, nous n’adoptons pas spontanément la démarche de nous remettre régulièrement en question. Je suis moi-même passé par là, et je n’aurais jamais imaginé il y a dix ans me passer de viande. Ensuite, n’est pire juge que notre propre conscience… Au fond, j’ai plus de respect pour celui qui se rend sciemment coupable des pires abominations, que pour l’autre qui se lave les mains par ignorance volontaire.

En réalité, le fond du problème est qu’une immense majorité de gens estiment l’animal comme étant “inférieur” à l’homme, et de fait n’accordent aucune importance à sa souffrance ou à sa vie. En d’autres temps pas si lointains, nous acceptions une hiérarchie dans l’espèce humaine basée sur la couleur ou l’origine. Je vous laisse méditer à la validité du parallèle.

En réponse à quelques questions / commentaires :

j’ai toujours entendu dire que, contrairement à un régime végétarien, le “végétalien” risque d’aboutir à certaines carences (certaines vitamines ou oligo-éléments non disponibles quand on se ferme aux oeufs, etc.). Qu’en est-il ?

N’étant pas végétalien moi-même, je ne sais pas te répondre précisément. Il est clair qu’exclure tout aliment d’origine animale est beaucoup plus contraignant. Cela dit, certains y parviennent… Ma démarche personnelle n’est pas extrême. Il s’agit toujours de trouver un compromis entre le possible et l’idéal. Me passer de viande n’a strictement rien changé à mon mode de vie et à ma santé.

je connais un végétarien et une frugivore (un extrême), je ne mange jamais avec eux. Parce que si je respecte leur choix, eux ne respectent pas le mien lorsque je commande de la viande au resto

L’intolérance existe partout. Néanmoins, je peux comprendre que l’on soit dérangé. Lorsque je passe devant une rôtisserie, je trouve l’odeur franchement dégueulasse, car j’en ai perdu l’habitude.

Une question: arrives-tu à t’en tenir aux légumes de saison?

En Complément à ton article qui donne une bonne vue du dossier, peux-tu donner des références de sites offrant des recettes.

Pour être tout à fait franc, je ne fais pas de courses, ne cuisine pas, et mange souvent dehors. Chez moi, je ne prends que des choses simples : toutes sortes de tofu nature ou préparés, quelques légumes et féculents, des salades de crudités, du saumon fumé ou du thon cru, des oeufs au petit déjeuner, parfois du fromage, et de l’eau. En dehors de ne pas manger de viande, je bois très peu d’alcool et je fais aussi très attention à ma ligne ! Cependant, j’ai vu des trucs sympas sur le site Le gourmet végétarien.

32)
Alain Le Gallou
, le 10.05.2013 à 08:18

J’ai trouvé perdu dans un coin du site « Le gourmet végétarien » un PDF de 35 pages donnant fort détail sur l’historique, choix des farines pour le Secrets_Pizza_Italienne

Ceci dit, pour les non courageux, la Pizza Jambon Speck, Roquette, Mozzarella 7.50€ de chez Picard est très bonne. Attention à ne pas trop cuire.

33)
Zallag
, le 10.05.2013 à 08:47

Finalement, il me semble que la discussion oscille entre l’image et le rôle des animaux dans notre société d’abondance, de surabondance même, et notre alimentation.

Et l’on parle maintenant plus d’idéologies diverses que de nutrition, comme si la plupart des intervenants ne voyaient pas que le végétarisme est aussi un secteur de notre alimentation, de notre métabolisme. Bizarre …

Allons-y, avec cet extrait qui me semblerait convenir dans notre discussion.

On peut qualifier trois grandes tendances à l’anthropomorphisme.

Un anthropomorphisme anodin et raisonné, qui consiste éventuellement à parler à son chien. Cela relève plus du contact auditif/verbal, à des moments souvent identiques, le jeu, la promenade.Un anthropomorphisme exacerbé, qui consiste à considérer l’animal comme un membre de la famille, avec les mêmes droits, les mêmes activités, les mêmes sensations. Le respect du chien n’existe plus, il perd le repère de la meute et du rôle du chef, l’animal est complètement déstabilisé. C’est le réflexe de peluchisation.L’anthropomorphisme militant, à l’excès, avec actions violentes pour la libération d’animaux en captivité, végétarisme ou végétalisme et parfois, actes “terroristes”, (pose de bombes dans la boîte aux lettres de personnes travaillant pour un laboratoire utilisant des animaux pour expériences). La limite de ce militantisme est l’excès qui dessert la cause plus qu’il ne la soutient, prônant parfois l’éradication de certaines races au motif de leur handicap, le Sherpei et ses maladies de peau, maladies souvent douloureuses et lourdes, limitant aussi la vie de ce chien à quelques petites années. Le problème de cet objectif est qu’il se rapproche de théories exprimées par des régimes totalitaires, concernant les races, notamment la race humaine en la circonstance. Le dérapage peut alors être sournoisement en embuscade. C’est une dérive sectaire dangereuse car totalitaire et radicale. Elle est vide de tout raisonnement.

34)
Tom25
, le 10.05.2013 à 08:59

J’ai moi aussi été surpris par cete agressivité :

iYannick : tu as tout dit (toutes les conneries de base j’entends). Merci.

Tout comme par ce commentaire :

J’ai également beaucoup de mal à supporter le cynisme des dévoreurs de cadavres, je m’abstiens de commenter en public mais l’écoeurement n’est pas bien loin.

Ceci dit, je peux comprendre votre agacement. Et comme cela a été dit plus haut, vous ne défendez pas votre manière de vivre mais les animaux. Néanmoins, le règne animal n’est pas tendre non plus, quand on voit les lions chasser les zèbres et autres herbivores.

Je mange de la viande, mais il vrai que je culpabilise. Je ne sais pas si j’assume par contre, je ne vois pas trop ce que veut dire assumer ici. Mais comme dans bien des cas, comme beaucoup de gens sur biens des sujets, je me dis qu’il y a pire. Je pense à la chasse aux requins où on les rejette à l’eau vivant après leur avoir coupé les ailerons, la chasse à la baleine etc. Les élevages en batterie me dégouttent également.

Concernant le lait de vache, c’est également cruel puisqu’il faut que la vache ait un veau, et qu’on tue le veau afin de prélever le lait à sa place.

35)
ToTheEnd
, le 10.05.2013 à 09:15

C’est la fête.

Je mange tout à l’exception de quelques trucs… et je trouve que ça permet de varier son alimentation. Ceci dit, si je devais tuer moi même une bête (même un poisson), il serait possible que je devienne végétarien.

Maintenant, je ne connais aucun sportif de haut niveau végétarien et plusieurs de nos ancêtres avaient plus de protéines dans les os que des félins… ce qui fait dire à pas mal de scientifiques que sans un apport hautement protéiné, notre espèce ne se serait pas autant développée au niveau physique et cérébral.

Vivement le beau temps et le retour du bbq.

36)
Zallag
, le 10.05.2013 à 09:20

Là, je ne suis pas d’accord avec cette opinion.

Néanmoins, le règne animal n’est pas tendre non plus, quand on voit les lions chasser les zèbres et autres herbivores.

Aucun animal ne tue par cruauté, sauf l’homme, qui est un animal, et qui tue ses semblables en dehors de tout souci nutritionnel. La nature n’a pas fait les lions végétariens, ils ne sont pas des herbivores, sais-tu cela ? Et les hirondelles qui dévorent vivantes les mouches et les moustiques, sont-elles cruelles ? Et les mésanges qui se repaissent de chenilles, le sont-elles ? L’anthropomorphisme, dans ce sens, est une perversité, parce qu’on voit tout avec des yeux humains, comme si nous étions les seuls à exister au monde et comme si chacun, animaux inclus, devait fonctionner sur notre modèle.

Allez, il faut cesser d’accuser les animaux de cruauté sous prétexte que leur nature est de faire partie d’une chaîne alimentaire qui va des uns aux autres en consommant des végétaux ou des autres animaux pour aboutir à nous qui sommes et resterons toujours les superprédateurs absolus, puisque nous bousillons en plus l’environnement de tous les êtres vivants, celui des plantes comme des animaux, celui des animaux comme celui des autres humains.

Et j’admire les Boshimans, qui parlent à l’antilope qu’ils achèvent en s’excusant auprès d’elle de mettre fin à son existence, qu’ils la remercient, qu’ils vont grâce à elle pouvoir survivre dans le désert, et qui souhaitent à son esprit de s’en aller dans le ciel.

37)
iYannick
, le 10.05.2013 à 09:44

le seul argument factuel opposable est celui de nos habitudes. Ce dernier point est aussi le seul à être totalement subjectif et assez aisément modifiable. Je pense que quiconque refuse la validité de cette démonstration est de mauvaise fois ou intellectuellement limité, même si je conviens qu’on pourrait l’affiner avec d’autres arguments.

Tout à fait d’accord avec toi, d’ailleurs si on appelle ça une habitude et pas une obligation, c’est bien parce que c’est modifiable. Toutefois, dire que cela l’est aisément, je ne sais pas. Plus une habitude est ancrée, plus elle est difficile à renverser.

Sans tenir compte d’une foule d’autres paramètres, comme l’éducation, la société dans laquelle on vit etc etc.

La chose dont je suis certain, c’est que devenir Végé [insérer suffixe], c’est avant tout une question de courage, de renverser l’habitude déjà, mais surtout de s’organiser autour de cela ensuite. Et c’est pour ça que je respecte les choix des végétariens et des végétaliens. Et surtout que je pense que je ne pourrai pas le devenir.

Par contre dès que l’on parle de veganisme, comme François j’ai un peu plus de peine. Il n’y a qu’à voir les commentaires ci-dessus.

38)
Inconnu
, le 10.05.2013 à 09:46

TTE Je sais pas si les sportifs de haut niveau sont un argument pertinant, vu que ( foin d’hypocrisie) il sont tous “chargés”. Pour rire ; je vois bien un sportif de “haut niveau” végétarien mais chargé à la taurine ( RedBull…).

Effectivement une petite séance de “je tue et mange un animal” serait peut-être un passage éducatif édifiant. Combien de fois lors de parties genre méchoui ai-je vu les “saintes âmes” snober les tueurs, découpeurs, avec un lourd regard réprobateur, mais s’empifrer ensuite.

Smop, je crois que la denture humaine est pas un bon argument, les canines sont encore les dents les plus solidement implantée chez l’humain, et ce n’est pas des dents dont la fonction est de ruminer ;o) De toutes façons c’est un biais auquel on fait dire ce que l’on veut, exemple = Les dents de sagesse sont devenue inutiles, dégénérées, et les canines toujours vaillantes, on pourrait faire un biais fumeux pour en conclure que l’on DOIT être carnivore et que c’est notre évolution qui le commande ;o)

Perso, je pense aussi que l’on a un régime bcp trop carné, et que l’argument écologique, médical, est valable et mérite que l’on se penche sur nos préjugés ( sans les délires religieux de la deep-ecologie).

Je vais donc me faire végétarien, mais pour faire bonne mesure, un saucisson de panda de temps en temps ;o)

39)
Modane
, le 10.05.2013 à 10:04

Sans doute traumatisé par la longue fréquentation subie de maniaques du crudivorisme et de la galaxie vegan, j’ai beaucoup de mal à supporter la culpabilisation sous-jacente à ce type de prosélytisme, postulant la plupart du temps que celui qui ne fait pas partie du mouvement est un attardé que des élus, en toute bonne conscience, se doivent de rééduquer. Après longue et mûre réflexion, me définissant comme un mammifère omnivore et responsable, j’assume ce que je mange, quoi que ce soit, me sachant capable d’être prédateur, et non seulement charognard.

Et le cri du poireau qu’on arrache me vrille à chaque fois les nerfs.

40)
Tom25
, le 10.05.2013 à 10:19

Zallag, nous parlions de nourriture, je comparais donc un Lion qui tue pour se nourrir avec un homme qui tue pour manger également. Le Lion aussi mange quelques morceaux et s’en va une fois repu. L’homme gâche beaucoup plus, et ne respecte pas sa proie, là-dessus je suis entièrement d’accord. Mais j’hésite à stopper net toute consommation de viande chez les humains.

J’avais vu dans une émission que c’est de manger de la viande cuite qui avait fait faire un bon au cerveau de l’homme. Les protéines (celles bonnes pour le cerveau) présentes en grande quantité dans la viande s’assimilent bien mieux quand celle-ci est cuite. Là ils parlaient de cuisson, mais de cuisson de viande.

Par contre, si je devais militer pour l’arrêt de consommation de viande, je commencerais par militer pour manger de la viande humaine. L’incinération est hyper énergivore et polluante, et laisser tout ça pourrir dans un trou n’est pas bien malin. Et à ceux qui sont contre je rétorquerais que si je comprends bien, à leur yeux, même un homme mort a plus de valeur qu’un animal vivant ?
Quand je peux, plutôt que d’aller à l’encontre des gens, je préfère pousser leur raisonnement à l’extrême.

41)
Origenius
, le 10.05.2013 à 10:49

Salut

Deux ou trois petites choses, rapidement.

L’être social que je suis, ou que nous sommes, n’oublie pas que si la nourriture est aussi un acte culturel, elle est l’occasion de nouer, de renforcer des liens sociaux à l’occasion de repas amicaux, familiaux etc. (J’ai eu l’occasion de nouer une forte amitié en dégustant un ragout de chi… au kimtchi — désolé, mais cette amitié est solide, et c’était bon.) Quel dommage que la dimension humaine (relationnelle) soit remise en cause à l’occasion même de ce qui est censé l’entretenir. Ceci se vérifie depuis la solitude du MacDo jusqu’à l’intransigeance idéologique irrespectueuse des êtres vivants (au moins humains).

L’être culturel que je suis, ou que nous sommes, n’en est pas moins naturel. Je suis inséré dans un écosystème, à propos duquel je peux même avoir une pensée réfléchie, mais duquel je ne peux me soustraire tout à fait.

L’être mortel que je suis, ou que nous sommes, a-t-il si peur de sa mort ? Au point que la mort des animaux elle-même soit ressentie comme dégoutante, inacceptable, etc. C’est de ma propre mort que je parle, ou bien ?

42)
Smop
, le 10.05.2013 à 14:26

Ceci dit, je peux comprendre votre agacement. Et comme cela a été dit plus haut, vous ne défendez pas votre manière de vivre mais les animaux. Néanmoins, le règne animal n’est pas tendre non plus, quand on voit les lions chasser les zèbres et autres herbivores.

Le sujet a dévié, comme souvent, vers le statut des animaux. Ce n’est pas le seul enjeu du végétarisme, son versant écologique est également essentiel. Mais beaucoup de végétariens le sont devenus, comme moi, par le biais de leur rapport aux animaux. Quant à comparer le fonctionnement du monde animal, il y a un gap profond entre la chasse des carnivores, qui sont physiologiquement équipés pour ça et dont c’est le seul moyen de subsistance, et l’élevage de commodité par l’homme, en masse, et dans des conditions souvent effroyables. Sans parler de la chasse, en tant que “sport”…

je ne connais aucun sportif de haut niveau végétarien

Un peu de lecture : sur le Huffingtonpost et sur Rue89. J’ai volontairement évité les sites militants engagés, mais tu trouveras bien d’autres exemples ailleurs.

Effectivement une petite séance de “je tue et mange un animal” serait peut-être un passage éducatif édifiant. Combien de fois lors de parties genre méchoui ai-je vu les “saintes âmes” snober les tueurs, découpeurs, avec un lourd regard réprobateur, mais s’empifrer ensuite.

Intégrer à l’éducation scolaire l’enseignement des processus alimentaires humains serait très certainement une grande avancée en la matière. Cela permettrait une créer le lien entre ce qu’il y a dans l’assiette et sa provenance. Tout le monde aurait à y gagner, sauf sans doute les producteurs…

Par contre, si je devais militer pour l’arrêt de consommation de viande, je commencerais par militer pour manger de la viande humaine. L’incinération est hyper énergivore et polluante, et laisser tout ça pourrir dans un trou n’est pas bien malin. Et à ceux qui sont contre je rétorquerais que si je comprends bien, à leur yeux, même un homme mort a plus de valeur qu’un animal vivant ?

Ton raisonnement se tient, mais les verrous psychologiques face à l’anthropophagie sont bien plus forts que ceux du végétarisme… En allant plus loin dans les propositions dérangeantes, l’ingénierie génétique permettrait sans doute de créer de la “viande” artificielle.

L’être social que je suis, ou que nous sommes, n’oublie pas que si la nourriture est aussi un acte culturel, elle est l’occasion de nouer, de renforcer des liens sociaux à l’occasion de repas amicaux, familiaux etc.

Nous sommes d’accord, mais tu évoques toi-même la “nourriture”, pas la viande. Les végétariens ont eux aussi une vie sociale, tu sais ! Je ne vois donc pas très bien le rapport.

L’être mortel que je suis, ou que nous sommes, a-t-il si peur de sa mort ?

Il n’est pas seulement question de mort, car nous retournons tous un jour au néant d’où nous sortons. Il s’agit plutôt de préservation de la seule chose que nous ne savons pas encore créer, la vie dans son unicité. Par ailleurs, avant même de parler de mort, il est question de souffrances physiques et psychologiques infligées sans réelle justification à des êtres vivants et “sentants”.

Imagine donc un nourrisson humain placé dès sa naissance en captivité, gavé quelques mois au lait chargé en hormones de croissance, maltraité, éventuellement mutilé, et finalement égorgé et saigné pour en faire des steaks… Objectivement, hors considérations morales, quelle différence verrais-tu avec le sort commun des animaux d’élevage ?

43)
Madame Poppins
, le 10.05.2013 à 15:16

Ton raisonnement se tient, mais les verrous psychologiques face à l’anthropophagie sont bien plus forts que ceux du végétarisme…

Je me souviens du tollé provoqué par un restaurant qui voulait utiliser du lait maternel dans des crèmes ou desserts. Et là, franchement, si je n’en vois pas l’intérêt, je peux vous garantir que ni la femme ni le nourrisson ne pâtiraient d’une extraction de ce lait puisque le corps humain en produit toujours plus quand la quantité sollicitée est grande.

Au-delà du physiologique, je ne me verrais pas manger ce gâteau : j’ai goûté le lait que mes enfants buvaient si goulûment, je l’ai trouvé pas bon du tout !

Pour avoir vécu durant 4 ans avec un pêcheur professionnel, je sais que je n’ai aucun mal à tuer des poissons mais je ne sais pas si je serais capable de tuer un lapin par exemple.

44)
Renan Fuhrimann
, le 10.05.2013 à 15:44

A la base, je ne voulais pas répondre à tout cela, mais au final, c’est plus fort que moi !

Concernant l’enjeu écologique du végétarisme et tout ses dérivés plus ou moins sectaires : Est-il plus écologique d’importer des fruits et légumes venant de partout dans le monde (traités avec tout ce que Mansanto sait faire de mieux) ou manger de la viande produite localement par un agriculteur respectant ses bêtes (dans un pays comme la Suisse, où c’est connu, il manque régulièrement de l’eau) ? Il faut avoir un minimum de cohérence ! Je mange quasiment que des produits de saison et locaux, je vais chez mon boucher de village qui travaille avec les paysans du coin. La question de l’eau ? Elle prendrai son importance si on était dans un pays en état de sécheresse, mais en Suisse c’est pas le cas !

Tout cela me fait tellement penser aux écologistes allemands qui, après avoir obtenu l’abolition du nucléaire, se plaignent que l’Allemagne est devenu la première productrice de CO2 d’Europe à cause de l’utilisation des usines à charbon… Et ces même verts accusent maintenant les voitures allemandes et la vitesse illimitée sur les rares autoroutes l’autorisant encore. Tout en se déplaçant comme C. Duflaux, en voiture sans catalyseur et consommant plus que 4 Prosche réunies !

Si on pousse encore le bouchon un peu plus loin, lorsqu’on croise des végétaliens extrémistes comme l’on en a vu un ou deux dans ces commentaires. Est-ce que ceux-ci refusent aussi TOUS les médicaments, du vaccin en passant par le traitement du cancer ? Bien évidement que non, car lorsqu’il s’agit de sauver leur propre vie, leurs considérations pour les pauvres animaux (dont on a eu besoin pour développer les médicaments) s’envolent très rapidement.

Au final, ce qui me dérange, ce n’est pas le style de vie qui est propre à chacun, mais c’est l’intégrisme et surtout le manque de cohérence. Oui je mange de la viande mais non, je suis quasiment certains qu’aucun des produits carnés que j’achète viennent des exploitations ignobles et industrialisées. Pourquoi ? Car j’achète le strict minimum au super-marché, je favorise les paysans locaux et surtout, je cuisine un maximum moi-même.

Bon je retourne écrire mon article de demain, sinon François va perdre les derniers cheveux qui lui restent !

45)
ToTheEnd
, le 10.05.2013 à 16:56

Bon je retourne écrire mon article de demain, sinon François va perdre les derniers cheveux qui lui restent !

Parce qu’il en a encore?

Un peu de lecture : sur le Huffingtonpost et sur Rue89. J’ai volontairement évité les sites militants engagés, mais tu trouveras bien d’autres exemples ailleurs.

Intéressant mais tous les mecs/filles que j’ai reconnu dans les sports que je connais, ils ont eu du succès il y a 15 ou 20 ans au moins.

Je ne sais pas s’il y a des types végétariens qui sont actuellement dans le top 10 au tennis, au 100 mètres, vélo de vitesse, etc. mais si j’ai fait cette remarque, c’est parce que j’ai connu un type qui faisait de la compet de haut niveau et qui était végétarien jusqu’au jour où il en a eu marre de devoir bosser 3x plus que les autres pour des résultats médiocres… en réintroduisant de la viande dans son alimentation, il a eu des résultats impressionnants dans les 3 mois qui ont suivi.

Maintenant, soyons clairs, pour la plupart des gens qui passent la journée avec le cul rivé à une chaise, je suis convaincu qu’une alimentation végétarienne variée fera très bien l’affaire… après, comme Renan, je pense qu’il faut faire attention au végétarien qui bouffe des trucs du monde entier pour bien varier sa bouffe mais qui affirme qu’il fait ça pour sauver la planète.

46)
jpg
, le 10.05.2013 à 16:57

+1 pour le commentaire de Renan Fuhrimann.

Et comment combattre l’intégrisme ? Grave question de société, mais si capitale pour un mieux vivre-ensemble.

47)
Anne Cuneo
, le 10.05.2013 à 17:46

A la base, je ne voulais pas répondre à tout cela, mais au final, c’est plus fort que moi !

Moi non plus, mais pour moi aussi!

En revanche, ce que je ne comprends pas, c’est qu’on puisse “s’engueuler” au sujet de ce que mange… autrui ! A mon sens, le “faire juste” ou “faux”, c’est pour soi-même qu’il faut l’établir, pas pour les autres : être détenteur de la “science véritable”, ça n’existe pas, je crois.

Lorsque j’ai vu ce sujet sur mon téléphone hier (j’étais en route), je me suis demandé s’il allait être ignoré, ou si comme d’hab… C’est comme d’hab. Je le constate en atterrissant ce soir.

Lorsque j’étais enceinte, pour éviter une complication imminente, on m’a déconseillé le sel. On m’a également fait remarquer que le vin n’était pas indiqué pour le bébé. Mais mon gynécologue m’a tout de même dit: «Au nom du ciel, si une fois vous avez envie de manger une tranche de lard salé ou de boire un coup de rouge, mangez et buvez tout de même. Rien n’est plus nocif que la frustration.»

J’ai été très étonnée de remarquer que sans sel les choses n’étaient pas insipides, elles avaient un autre goût. Aujourd’hui encore je mange et je cuisine avec peu de sel (je mets la salière sur la table pour qui veut). Boire plus d’un verre de temps à autre n’a jamais été un problème pour moi. N’empêche que j’en ai entendues, des choses, lorsque je refusais le rouge ou le blanc aux repas, lorsque je cuisinais sans sel. Et ça insistait, et ça insistait, et ton bébé aimera sans doute un coup de rouge, c’est un des pires souvenirs de l’époque de ma grossesse.

Mais la cerise sur le gâteau est venue 10 ans plus tard. J’avais eu le cancer, j’étais condamnée à brève échéance. Mon cancérologue dit: «Mettons toutes les chances de notre côté: que diriez-vous de ne pas manger de viande pendant un an? Ça ne sert peut-être à rien, mais bon… Et si en cours de route vous avez besoin d’un steak rouge, allez-y tout de même, rien n’est aussi nocif que les frustrations.» J’ai accepté l’expérience, pendant un an j’ai mangé légumes et céréales de saison, de proximité, j’ai redécouvert les saisons, et tout d’un coup cela faisait deux ans, puis trois…

Je n’ai jamais souffert de frustration-beefsteak: par contre, il a fallu que je me tape toutes les remarques, tous les rires gras, tous les prêches sectaires des carnivores – j’ai fini par me dire que mon abstention, qui ne les regardait en rien, devait leur donner mauvaise conscience, mais pourquoi? Je ne crois pas que la souffrance des animaux les préoccupait. Quant à la question que – qui sait? – cela aurait pu contribuer à ma survie, elle les laissait froid, ou tout au plus méchamment ironiques.

Aujourd’hui, je suis revenue à un usage modéré de la viande, dont je n’ai tout simplement, la plupart du temps, pas envie. Et si un gigot me tente, je le mange. Je ne fais de grandes déclarations à personne, et lorsqu’on me pose des questions, j’explique.

Au final, ce qui me dérange, ce n’est pas le style de vie qui est propre à chacun, mais c’est l’intégrisme

Bien dit, c’est exactement cela.

48)
Tom25
, le 10.05.2013 à 18:09

Lorsque j’étais enceinte, pour éviter une complication imminente, on m’a déconseillé le sel. On m’a également fait remarquer que le vin n’était pas indiqué pour le bébé.

A propos des cheveux de François :

Parce qu’il en a encore?

Donc sel et vin sont mauvais pour les cheveux des bébés devenu grand

49)
Hervé
, le 10.05.2013 à 20:27

Tom : François n’est pas le fils d’Anne, mais son neveu !!!!

On finira par le savoir !

50)
Tom25
, le 10.05.2013 à 23:59

Oups pardon, mais je m’y perds moi dans l’arbre généalogique Cuneo. :-)))

51)
Madame Poppins
, le 11.05.2013 à 01:20

Tom25, mange plus de et moins de et tu t’y retrouveras !

52)
guru
, le 11.05.2013 à 04:31

Qu’on exécute tous les intégristes !!!

53)
Hervé
, le 11.05.2013 à 12:01

Finalement, le problème est assez simple. Il suffit de savoir si on met l’espèce animale humaine dans la catégorie des vaches, moutons, poules, lapins voire singes ou dans celle des lions, tigres, lynx, jaguars voire vautours ou hyènes.

54)
Tom25
, le 11.05.2013 à 15:50

Qu’on exécute tous les intégristes !!!

D’accord, mais à la seule condition qu’on les mange. Faut pas gâcher !

55)
M.G.
, le 01.03.2017 à 05:23

Et j’admire les Boshimans, qui parlent à l’antilope qu’ils achèvent en s’excusant auprès d’elle de mettre fin à son existence, qu’ils la remercient, qu’ils vont grâce à elle pouvoir survivre dans le désert, et qui souhaitent à son esprit de s’en aller dans le ciel.

Au Moyen-Âge, à la fin d’une chasse à courre, lorsque sonnait l’hallali le Maître d’équipage de la vénerie se dégantait par respect du gibier avant de le « servir » avec sa dague.