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«La vérité sort de la bouche des enfants.» (Platon et Jésus)

Elles vivaient à Rorschach, on voyait la frontière de leurs fenêtres, et elles assistaient chaque jour au spectacle des juifs et autres Allemands menacés par les nazis (mais surtout des juifs) être refoulés.

Depuis que, pour écrire «La Tempête des heures», dont je vous avais offert le début ici, je me suis intéressée au quotidien de la Suisse en guerre (1939-1945), je suis sensibilisée à ce type de problème.

Aussi ai-je sauté sur l'histoire de Rosmarie De Lucca, 85 ans, une des vingt-deux signataires de 14 ans, en 1942, d'une lettre dont, comme tant d'autres, j'ai découvert l'existence dans la presse alémanique.

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Messieurs les Conseillers fédéraux, Nous nous sentons tenues de vous apprendre que nous, écolières, sommes extrêmement indignées que l'on renvoie sans pitié les réfugiés à leur misère. A-t-on complètement oublié que Jésus a dit: «Ce que vous faites au plus petit d'entre vous, vous le faites à moi-même»? Nous n'aurions jamais imaginé que la Suisse, cette île de paix, qui prétend être clémente, puisse chasser au-delà de la frontière comme des chiens ces pauvres hères tremblants et gelés. [...] Nous n'arrivons pas à croire que vous avez reçu l'ordre de ne plus accueillir de juifs [...] de les renvoyer à une mort certaine. (Lettre du 7 septembre 1940, signée par 22 élèves de la Classe 2c) La lettre entière peut être lue en cliquant sur le lien ci-dessus.

A vrai dire, même ses signataires (la plupart sont mortes entre temps) l'avaient oubliée, n'était-ce que l'organisation Documents diplomatiques suisses (dodis.ch), qui étudie et publie les documents diplomatiques l'a déterrée, ainsi que le rapport d'enquête qu'elle a provoqué.

«Nous étions quotidiennement les témoins du traitement inhumain qui était fait à ces gens», dit aujourd’hui Rosmarie De Lucca, d'une voix véhémente. «On a discuté: on pourrait faire quelque chose, commençons par une lettre. Nous ne comprenions pas qu’on puisse chasser autant de gens dont on savait qu'on les envoyait à la mort, parce qu’à ce moment-là on savait, on avait déjà vu les photos des camps de concentration, en Suisse. Il ne faut pas qu’ils viennent dire on ne savait pas, on savait parfaitement. Peut-être pas tout le monde, mais il y avait assez de gens qui savaient.»

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La classe secondaire 2c 1942 de Rorschach. 22 des 32 élèves ont signé la lettre au Conseil fédéral. Rosmarie de Lucca est la fille debout avec les lunettes noires (photo zVg)

Le Conseiller fédéral von Steiger, à qui on l'avait donnée puisqu'il était en charge du dossier des réfugiés, avait montré la lettre aux autres conseillers fédéraux. En apprenant que M. von Steiger avait l'intention de répondre aux jeunes filles, son collègue M. Pilet-Golaz avait eu cette étonnante réaction:

«Je ne vous cacherai pas que j'admire la patience dont vous faites preuve en procédant comme vous en avez l'intention, écrit-il. Je sais bien que vous êtes un «jeune conseiller fédéral». Personnellement, je ne l'aurais plus. J'ai perdu l'illusion qu'en «dorant trop la pilule» au peuple suisse, on le rende plus compréhensif.»

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Edouard von Steiger, «jeune conseiller fédéral» qui avait 61 ans en 1942, fait débat aujourd'hui encore. Il a été inflexible avec les juifs, il avait de la sympathie pour l'Allemagne d'après 1933, et on a même dit qu'il devait son poste de conseiller fédéral à la pression de Berlin. Mais certains historiens disent qu'il faut être prudent, et le juger avec les critères de son temps. (Photo officielle, sans indication)

M. Etter conseille de ne pas répondre aux jeunes filles, mais d'essayer de savoir d'où exactement vient la lettre.

La réponse du Conseil fédéral a-t-elle été envoyée? A qui? En tout cas le brouillon se trouve dans les documents diplomatiques, corrigé (et sans doute écrit) par M. von Steiger, et je recommande vivement à ceux d'entre vous qui savent l'allemand de lire ce modèle de condescendance, de cynisme, de mauvaise foi – de bêtise dirais-je même, et de totale absence d'empathie, c'est édifiant.

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Ma chère jeune Suissesse, cher Enseignant, Tu as sonné les cloches au Conseil fédéral, tu l'a couvert de reproches, tu lui as fait comprendre que tu n'es pas d'accord avec son attitude face à la question des réfugiés- Je ne sais ni d'où tu tires ta sagesse ni qui t'a renseignée. Je ne sais pas si ceux qui t'ont conseillée ont vraiment pris leurs informations à la meilleure source. ...

 Von Steiger, qui a mal pris la lettre des élèves, écrit à ces «futures ménagères dévouées» que le jour où elles seraient forcées de recevoir chez elles, en dépit du manque de place, des hôtes indésirables, elles rougiraient d'avoir osé faire des reproches au Conseil fédéral qui travaillait jour et nuit pour qu'elles puissent vivre en paix!

«C’est honteux, une lettre pareille», dit Mme De Lucca. «Un conseiller fédéral, écrire ça! Il nous accuse d’avoir conspiré avec notre prof, avec nos parents, ou avec je ne sais qui, il n’a juste pas compris que nous savions écrire par nous-mêmes.»

Cela dit, il avait beau les prendre pour des bécasses, M. von Steiger avait lâché sur ces hardies écolières une nuée de policiers fédéraux. Dangereuses comploteuses? Idiotes manipulées par de sinistres adultes?

«Les policiers sont venus à l’école, ils ont interrogé le directeur, puis ils nous ont entendues les unes après les autres, ils voulaient tout savoir. Nous avions simplement écrit une lettre, ils nous ont dit que nous ne comprenions rien à rien. Ils nous ont traitées de demeurées. »

L’enquête n'avait abouti qu'à l'évidence: une classe d'adolescentes avait agi selon sa conscience, sans consulter ni professeurs ni parents.  

Mme de Lucca s'énerve encore en y repensant. «[Le sort fait aux juifs à la frontière] n'était pas un secret. On avait dit: fini, maintenant plus personne n’entre, on les renvoie. Nous on a trouvé que ça ne marchait pas. On ne pouvait pas dire, maintenant on ferme, alors qu’on savait qu’ils seraient tués. Un petit nombre ont réussi à fuir en Amérique. Mais la plupart de ceux qui ont été renvoyés n’ont pas survécu. Ce von Steiger était un nazi», dit-elle.

Et elle conclut avec un sourire en coin qu'en tout cas parents, enseignants et autorités locales n'avaient fait aucun reproche. «Faut croire qu'ils étaient d'accord, même si on avait fait ça derrière leur dos.»

Pourquoi je vous raconte cette histoire? 

Venant à la suite des dizaines de témoignages lus pour écrire mon roman «La tempête des heures», elle m'a émue.

Tout d'abord, elle illustre quelque chose sur quoi j'insiste depuis longtemps, moi qui ne suis pourtant pas Suisse de souche: quand on condamne l'attitude de «la Suisse» pendant la 2e Guerre mondiale, on fait un amalgame. Il y a eu la Suisse officielle et industrielle et ses comportements répréhensibles. Et il y a eu les innombrables Suisses qui n'acceptaient pas de fermer les yeux face à la misère du monde et plus particulièrement des juifs. Ceux-là ont écrit, parlé, agi, et ont refusé d'accepter ce que von Steiger écrit avec assurance aux écolières: «Mes actes sont justifiés, je ne crains pas la critique.»

L'autre fait confirmé par Mme de Lucca est que le «On ne savait pas» par lequel les autorités ont justifié par la suite les renvois est bidon. Si des écolières de 14 ans savaient, les autorités ne pouvaient ignorer. En 1942, M. von Steiger disposait même de photos des camps d’extermination avec leurs monceaux de cadavres juifs. 

Quant aux camps de concentration, ils étaient connus depuis 1934. Le comédien Wolfgang Langhoff, réchappé par miracle de l'un d’eux, les raconte dans «Les Soldats du Marais». Paru en Suisse, traduit en dix langues, dont le français, ce livre fut un bestseller.

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Rosmarie De Lucca aujourd'hui. A l'époque, elle s'appelait Gansner, son nom de jeune fille (photo Jan Derrer)

Lorsque protagonistes et témoins disparaissent, le devoir de mémoire passe aux générations suivantes. C’est un peu comme si Rosmarie de Lucca nous passait le flambeau des 22 de Rorschach. A nous maintenant de demander des comptes à M. von Steiger. Il n'est jamais trop tard, à condition de savoir tirer les leçons du passé.

Si l'on s'intéresse à la politique de la Suisse face à la Shoa, et aux réfugiés, on peut consulter le dossier ad hoc des Documents diplomatiques suisses.

 

PS. Une version beaucoup plus courte de cet article a paru dans le journal 24 Heures de Lausanne en février. J'avais dû beaucoup me restreindre par manque de place, je propose donc aux cukiens cette histoire telle que j'aurais voulu l'écrire. Et, bien entendu, j'y ajoute les illustrations.

Avec un jour de retard (pour laisser la primeur à Cuk à qui il était destiné), vous trouverez également ce texte sur mon blog (identique, cette fois), dans l'idée que ceux qui me connaissent ne lisent pas tous cuk.ch – c'est regrettable, je sais, mais c'est un fait en dépit de toute la pub que je fais à cuk...

30 commentaires
1)
fxc
, le 12.03.2013 à 00:31

Bonjour Anne,

Les suisses de l’époque faisaient-ils une sorte de ségrégation entre les juifs et les non juifs, j’ai le souvenir d’une plaque de remerciements d’un militaire anglais, aviateur je crois, qui avait été hébergé à Adelboden.

2)
Anne Cuneo
, le 12.03.2013 à 08:01

Les suisses de l’époque faisaient-ils une sorte de ségrégation entre les juifs et les non juifs

Les antisémites du genre de von Steiger faisaient la distinction, le reste de la population, comme mon histoire le démontre, beaucoup moins, ou pas du tout. Par ailleurs, à partir du moment où von Steiger (car c’était lui) a décrété que «la barque était pleine» il est devenu presque impossible aussi pour les non juifs de passer la frontière normalement.

J’ai aussi vu la plaque du militaire. Il était tombé du ciel, et était resté caché dans la population, sinon il n’aurait pas été expulsé, mais mis dans un camp, puisque c’était un militaire.

3)
Inconnu
, le 12.03.2013 à 09:16

Ce qui s’est passé à cette époque a évidemment été terrible, mais je plaide pour un parité entre les billets traitant de cette période et ceux (actuellement inexistants) traitant de la façon dont ce rabachage (non dans le sens où tu en parles tout le temps, non, c’est même la première fois que je lis quelque chose à ce sujet ici, mais il apparait que la Shoah est le sujet politiquement correct obligatoire dans la plupart des media qui se proclament “non-engagés”) occulte le traitement similaire que subissent les Palestiniens depuis 1946.

Je propose ainsi aux Cukiens de se pencher sur les excellents films d’Eran Riklis (La Fiancée Syrienne , Les Citronniers , et bientôt Zaytoun ) puisqu’il ne semble aujourd’hui possible qu’à des Israéliens de souche de dénoncer publiquement les excès de leurs propres dirigeants.

4)
ysengrain
, le 12.03.2013 à 10:04

Un regard attentif sur l’Histoire montre qu’il y a toujours eu des salauds, et qu’on est pas près de s’en débarrasser: il y a eu et il y aura encore des Von Steiger; depuis le temps qu’on les dénonce, après, est-ce encore efficace. On ne peut pas changer le mental d’un salaud. Il est salaud parce que sa construction mentale n’existe et qu’il n’existe que par la haine qui l’habite. Ils sont psychiatriques et devraient être traités comme tels.

mais il apparait que la Shoah est le sujet politiquement correct obligatoire dans la plupart des media qui se proclament “non-engagés”) occulte le traitement similaire que subissent les Palestiniens depuis 1946.

Pleinement d’accord. La récente diffusion sur Arte de The Gatekeepers, – 5 anciens directeurs du Shin Beth – le confirme sans aucune exception.

5)
Yves_M
, le 12.03.2013 à 11:19

Bonjour,

Les réactions de Korbo et ysengrain m’ont fait bondir ! Et même si je n’aime pas beaucoup parler politique, je me vois contraint de réagir pour contrer les mensonges que colporte (peut-être de bonne foi) la propagande antisioniste. Une chose est de critiquer la politique des gouvernements successifs israéliens, une autre en est de dénier le droit à l’existence de l’État d’Israël. Quant à ceux qui font un parallèle entre la Shoah et une lutte (souvent cruelle) à caractère nationaliste qui met aux prises deux peuples, je préfère ne pas dire ici ce que j’en pense. Juste résumer leur raisonnement pervers : pourquoi parler encore et encore du crime que les juifs ont subi alors qu’eux-mêmes en commettent un d’une cruauté au moins égale envers le peuple palestinien ? (Oserais-je dire que tous les juifs ne sont pas israéliens ?)

Deux états pour deux peuples, il n’y a pas d’autre solution.

Sur cette série de cartes non sourcée, je renvoie aux propos de Jonathan Simon Sellem :

Dans cette série de 4 cartes, la première est très certainement la plus frappante. Elle suggère qu’en 1946, la quasi-totalité du territoire se situant entre la méditerranée et le Jourdain appartenait à un Etat Palestinien. Les terres désignées comme étant « sous contrôle israélien » sont également ridicule puisque l’Etat d’Israël a été créé 2 ans plus tard. Par ailleurs, ces terres « israéliennes » ne représentent qu’au maximum 5% de la surface globale du territoire désigné. Ces terres que l’on ne pourrait pas non plus nommer « juive » ou « arabe » étaient, je tiens à le préciser pour ceux qui l’auraient oublier, britannique. Tout comme l’autre partie du Jourdain (la Jordanie actuelle) qui à été volontairement tronquée pour cacher le fait que 78% de la Palestine Mandataire est aujourd’hui au main d’une nation inventée en même temps qu’Israël. Quoi qu’il en soit, à cette époque les juifs vivaient déjà sur tout le territoire Britannique y compris sur des terres aujourd’hui considérés comme étant des « colonies » (Sauf à Hébron ou les juifs ont étés massacrés en 1929).

Le but de cette carte de propagande est de suggérer qu’un pays arabe appelé la «Palestine» existait en 1946 et qu’il a été pillé par les impérialistes juifs. Non seulement il n’y avait pas de pays tels que la « Palestine » en 1946 mais en plus, il n’y a jamais eu de toute l’histoire de l’humanité un tel pays. Avant la conquête britannique de Jérusalem, la Palestine était une sous-province de l’Empire ottoman. (Et après le départ des Britanniques, bien sûr, la Jordanie et l’Égypte se déplacèrent pour occuper Gaza et la Judée-Samarie.)

En outre, que l’on nomme ces territoires « israéliens-palestiniens » ou « juifs-arabes » aurait été le même mensonge. Les parties blanches ne montrent que les terres juives privées mais la partie verte ne représente pas les propriétés privées arabes. Le vert, c’est « tout le reste » (bien que rien ne le précise!). Dans la réalité de 1946 et selon les archives britanniques, 75% des terres du mandat (dont les terres actuellement jordaniennes) étaient de propriété publique et l’ensemble de ces terres y compris celle de la « ligne verte » (exceptées celles de Transjordanie) sont devenues israélienne après la guerre d’indépendance.La seconde carte est celle de la division votée par l’ONU pour la création d’un Etat Juif et d’un Etat Arabe. C’est simplement la division du mandat Britannique. Mais personne ne rappel que si les Juifs acceptèrent le partage de la Palestine, les Arabes l’ont rejetée. Quand Israël a proclamé son indépendance, les Arabes ont cherché à éliminer physiquement l’État juif, mais, à leur grand chagrin, ils ont échoué. Et tout ce qu’il se passe aujourd’hui, toutes les décisions arabes contemporaines ne sont qu’une simple continuité de la politique arabe de 1948.La troisième carte est tout aussi fausse que les deux premières puisque non seulement il n’y avait toujours pas d’Etat Palestinien… Mais en plus c’est la Transjordanie (ou Jordanie) qui occupait la « Cisjordanie » actuelle avec le plein accord des dirigeants palestiniens actuel. Quant à Gaza, c’est l’Egypte qui s’occupait des affaires courantes.Enfin, la dernière carte est presque aussi immonde que la première…. Sauf que là, personne –je dis bien personne » ne peut vérifier avec exactitude ce qui est dit. Depuis 1999 la bande de Gaza est devenue « complètement verte » (mais que la carte est toujours diffusée aujourd’hui avec cette anachronie). Et les Territoires Disputés de l’ouest sont aujourd’hui bien plus étendus que la carte le prétend. Par exemple, les terres qui séparent Jéricho (la tache verte à l’extrême droite de la carte) de la banlieue de Ramallah appartiennent pleinement aux palestiniens. Les habitants de Jéricho ont d’ailleurs leurs propres routes directes pour rejoindre les deux villes, ce qui ne serait pas le cas si les palestiniens n’étaient pas maitres de leur territoire.

6)
ToTheEnd
, le 12.03.2013 à 11:34

korbo: si tu n’es pas satisfait de la balance de traitement entre ce que tu peux lire ici et ce que tu aimerais lire, j’ai plusieurs recommandations à te faire comme de devenir contributeur, ouvrir ton journal, etc. Par contre, tes jérémiades à la sauce abonné du journal Le Monde… à noter l’excellent documentaire The Gatekeepers.

Je peux difficilement juger une histoire qui s’est déroulée il y a maintenant plus de 60 ans mais plus je voyage, plus je vois ce qui se passe chez nos voisins, plus j’éprouve une certaine satisfaction à être ici. Bien entendu, tout n’est pas parfait mais comparé à ailleurs…

PS: après 2 posts sur un article parlant de la Suisse en 39-45, j’ai l’impression que ce file va devenir un truc israelo-palestinien… super.

7)
Inconnu
, le 12.03.2013 à 11:52

ToTheEnd: merci mais j’ai déjà contribué et je me suis fait insulter, parfois même Ad Hominem, d’où ce retour sous un pseudo. Et oui, les rédacteurs le diront aussi, des fois c’est dur d’être bénévole.

Pour ceux qui m’auront reconnu, merci de respecter mon anonymat.

Note que je ne discute pas de la qualité de l’article de Anne, je me permettais juste de constater qu’on tombait dans ce que je déplore être un “sujet facile”, sans chercher à insinuer que c’est systématique.

j’ai l’impression que ce file va devenir un truc israelo-palestinien… super.

Meuh non.

Mais je ne suis pas d’accord avec la source de Yves… Un journaliste politicien binational Français-Israélien résident principalement en Israël, je ne peux pas en accepter l’analyse.

8)
levri
, le 12.03.2013 à 13:15

je ne suis pas d’accord avec la source de Yves… Un journaliste politicien binational Français-Israélien résident principalement en Israël, je ne peux pas en accepter l’analyse.

Critique peu crédible de la part de quelqu’un insistant sur le fait qu’il poste sous un autre pseudo que celui qu’il utilisait ici habituellement … mais ne tient qu’à lui de nous fournir sa nationalité et son lieu de résidence (et toute information témoignant de sa qualité) afin que nous puissions “juger” de la pertinence de ses propos …

PS : ça faisait vraiment très longtemps que je n’étais pas passé ;)

9)
Inconnu
, le 12.03.2013 à 13:22

@levri: je ne vois pas ce que mon anonymat a à voir avec la teneur de mon argumentation dans le cas présent.

et puis, entre un anonyme qu’il ne tient qu’à toi d’ignorer (ne me dis quand même pas que tu n’es réapparu que pour me tancer de ta “superbe verve”) ou ce “nous” que tu désignes comme “juge”, je dois avouer que j’aurais moins peur du premier qui au moins ne suggère pas une ostracisation sous des prétextes politiquement corrects…

10)
ToTheEnd
, le 12.03.2013 à 14:18

Holà Levri, le roi des visons! Comment ça se passe? Toujours tous tes doigts pour taper?

korbo: il n’y a pas un qui a raison et un qui a tord… ces deux populations via les instances qui les représentent préfèrent à l’évidence s’entretuer que de faire la paix et on peut citer des milliers d’exemples pour étayer ce propos dans un sens comme dans l’autre. Ces faits étant acquis, je pense qu’on peut donc tranquillement rester sur le sujet du jour…

11)
Inconnu
, le 12.03.2013 à 14:25

@TTE: nous sommes à peu près d’accord, dans le sens où, je présume qu’il ne faut pas généraliser et dans chacune des populations concernées, il y a une minorité qui pousse le reste à vivre ce cauchemard permanent…

Ah si quand même: on écrit “tort” ;)

@Anne: Les jeunes personnes qui ont eux l’honorable initiative d’alerter ce grmblgrmbl de Von Steiger de l’injustice dont souffraient les immigrants ont elles vu leur effort reconnu, à part bien sûr dans le cadre de ton chouette article? Ont-elles, en particulier, rejoint les rangs des Justes? Même si leur effort a öté vain, il me semble qu’elles ont agi à la limite de leurs possibilités, non?

12)
Anne Cuneo
, le 12.03.2013 à 15:48

Je suis en voyage et n’avais pas accès à internet avant. Halte-là, les amis: j’ai voulu parler d’une histoire qui a à faire avec la Suisse, et qui, même si certains la trouvent «rabachée» n’en préoccupe pas moins en ce moment.

Je ne peux pas accepter que parce qiu’on parle de la Shoa, on vienne reprocher qu’on ne parle pas des palestiniens. D’ailleurs, je ne parlais même pas de la Shoa, mais de l’attitude de la Suisse face à l’immigration pendant la guerre.

Ne me prêtez pas des intentions que je n’ai pas!

13)
Anne Cuneo
, le 12.03.2013 à 15:52

@Anne: Les jeunes personnes qui ont eux l’honorable initiative d’alerter ce grmblgrmbl Von Steiger de l’injustice dont souffraient les immigrants ont elles vu leur effort reconnu, à part bien sûr dans le cadre de ton chouette article? Ont-elles, en particulier, rejoint les rangs des Justes? Même si leur effort a öté vain, il me semble qu’elles ont agi à la limite de leurs possibilités, non?

Non, Mme De Lucca y a pensé toute sa vie, elle sait que certaines de ses amies aussi, mais si elle a été envoyée, la lettre de von Steiger n’a été reçue que par l’une des fillettes. Et une fois l’enquête ridicule de von Steiger terminée, cela sest perdu, jusqu’a ce que ça ressorte dans la publication des Documents diplomatiques (à parcourir, il y a plein de choses de ce genre dedans.)

Je ne peux reprendre ce fil que ce soir assez tard.

14)
Madame Poppins
, le 12.03.2013 à 16:10

J’aime le regard de cette femme, aujourd’hui certainement grand-mère et je me prends à rêver que d’autres adolescent-es puissent avoir son courage à travers le monde ! Merci Anne pour ce billet !

15)
Zallag
, le 12.03.2013 à 16:13

il y a une minorité qui pousse le reste à vivre ce cauchemard permanent… Ah si quand même: on écrit “tort” ;)

Et d’autre part, on écrit cauchemar ;)

16)
Inconnu
, le 12.03.2013 à 16:27

Au temps pour moi :) J’ai plus souvent tort que je ne fais de cauchemars :)

17)
Argos
, le 12.03.2013 à 16:27

Il y a en Suisse des personnes qui se sont indignées du traitement réservé à ceux qui tentaient de se réfugier en Suisse. On les connait peu et cela n’apparaissait pas dans les journaux, mais par le bouche-à-oreilles chez pas mal de gens. Et ceux qui voulaient savoir savaient. Mais s’il était impossible d’accueillir ces réfugiés dans des familles, dès 1945 de nombreux rescapés se sont vu aider par des Suisses, avant souvent d partir pour le Canada ou les Etats-Unis. Korbo : on parle ici de la Suisse et pas de la Palestine.

18)
Argos
, le 12.03.2013 à 16:41

Les cartes de la Palestine proposée par Korbo semblent inclure une petite manipulation.La première indique en vert une Palestine qui n’existait pas. Celle du plan de partage, refusé par les cinq pays arabes qui déclencheront le premier conflit, évoque une partie arabe et une partie juive, avec Jérusalem géré par l’UNU. La Palestine, c’est l’ensemble des deux Etats. Certes ce ne sont que des mots, mais les mots peuvent parfois être mortels.

19)
Inconnu
, le 12.03.2013 à 16:45

@Argos: bon, faut savoir, on en parle ou on n’en parle pas?

Personnellement je pense que tout a déjà été dit: c’est un terrain glissant que je regrette un peu d’avoir introduit dans ce fil cela porte en effet un certain préjudice à Anne, du fait du sujet qu’elle comptait réellement présenter.

20)
Yves_M
, le 12.03.2013 à 16:55

Ce qui m’a toujours fasciné et interrogé c’est cette faculté à agir avec bonté en mettant en péril au mieux sa tranquillité et au pire sa vie alors que le contexte pousse à agir avec indifférence et égoïsme ou même avec toute la cruauté dont l’être humain peut être capable. Je pense que chacun d’entre-nous a naturellement cette propension à mal agir, à des degrés divers (caractère) mais que l’éducation peut et doit contribuer à la faire percevoir et ensuite à la maîtriser autant que faire se peut.

Si j’ai réagi aussi vivement aux propos de Korbo, c’est qu’en colportant des interprétations mensongères (les cartes) et en produisant un discours qui renvoie dos à dos juifs et nazis (les juifs agissent avec la même cruauté que les nazis, ils ne valent donc pas mieux et ont a tort de s’apitoyer sur le sort qui leur a été fait), il contribue à attiser les haines. Il n’y a d’ailleurs plus d’enfants juifs dans les collèges français des quartiers difficiles.

21)
Inconnu
, le 12.03.2013 à 16:58

Yves, je trouve que tu m’attribues des torts assez dérangeants.

22)
Yves_M
, le 12.03.2013 à 17:16

mais il apparait que la Shoah est le sujet politiquement correct obligatoire dans la plupart des media qui se proclament “non-engagés”) occulte le traitement similaire que subissent les Palestiniens depuis 1946.

Chacun jugera.

Je n’ai aucune animosité à ton égard. Je veux juste dénoncer un discours que j’entends de plus en plus et en provenance de tous les bords.

23)
Anne Cuneo
, le 12.03.2013 à 18:50

NON,NON,NON, ce n’est pas ici le lieu… On a dit qu’on s’en tenait au coup de chapeau à des fillettes courageuses.

Ce qui m’a toujours fasciné et interrogé c’est cette faculté à agir avec bonté en mettant en péril au mieux sa tranquillité et au pire sa vie alors que le contexte pousse à agir avec indifférence et égoïsme ou même avec toute la cruauté dont l’être humain peut être capable.

Le propos de ce billet, c’est exactement celui-là.

24)
Inconnu
, le 12.03.2013 à 20:34

Ce qui m’a toujours fasciné et interrogé c’est cette faculté à agir avec bonté en mettant en péril au mieux sa tranquillité et au pire sa vie alors que le contexte pousse à agir avec indifférence et égoïsme ou même avec toute la cruauté dont l’être humain peut être capable.

1) Je ne suis pas sûr que ces jeunes personnes aient risqué jusqu’à leur vie, voire leur liberté, on est en Suisse, non? Ou alors j’ai manqué un obscur épisode de l’Helvétie ww2-esque.

2) Les jeunes sont idéalistes. En groupe, ils sont capables du meilleur (et de nos jours, également du pire).

Dans tous les cas, l’anecdote est remarquable.

25)
Alain Le Gallou
, le 12.03.2013 à 20:37

Mais personne ne rappel que si les Juifs acceptèrent le partage de la Palestine, les Arabes l’ont rejetée.

Sauf erreur de ma part, les Arabes y habitaient quand l’ONU a décidé de donner un territoire aux Juifs.

Tout le monde trouve normal que les Indiens aient mis dehors les Anglais qui les avaient colonisés. Je trouve légitime que les Palestiniens ne veuillent pas être colonisés. D’autant plus que l’ONU a voté une résolution exigeant le retrait des colonies il y a déjà de nombreuses années.

Résolution que l’état d’Israël méprise, et applique la politique définie par la phrase célèbre de Mme Golda Mier « les Palestiniens n’existent pas. ».

Les Outous c’était un génocide brutal, les Tibétains par les Chinois, les Palestiniens par l’état d’Israël, c’est pour moi des génocides à petit feu.

Je suis fatigué du politiquement correct, cité dans plusieurs commentaires. Et si vous voulez me demander de quel bord je penche, c’est du côté des Tibétains et des Palestiniens.

26)
levri
, le 12.03.2013 à 21:19

@ ToTheEnd : mais oui il me reste des doigts ! ils sont même devenus assez civilisés, il était temps !

Pour le reste, effectivement il serait préférable d’en rester au sujet, Anne l’avait bien traité, il n’y avait pas grand chose à ajouter, sinon des remerciements pour cet exposé.

27)
François Cuneo
, le 12.03.2013 à 21:37

Eh ben dis-donc…

Géniales, ces élèves. Cela fait plaisir de voir leur courage.

Par contre au niveau du Conseil Fédéral…

Dommage que ça dérape très vite au niveau des commentaires.

Merci à TTE d’avoir essayer de calmer le jeu.

Et étonnant de voir revenir tous ces commentateurs que je n’avais plus lu depuis des années!

Comme quoi dès qu’on parle de politique.

Merci Anne.

28)
Yves_M
, le 12.03.2013 à 21:43

@ Alain Le Gallou

Peut-être pas une erreur mais certainement un manque de connaissance : des Arabes ET des Juifs habitaient cette lointaine province de l’empire ottoman. Et les Juifs depuis bien plus longtemps que les Arabes.

Un extrait d’un débat entre Edgar Morin et Cornelius Castoriadis (le Monde, 19 mars 1991, in La montée de l’insignifiance, les carrefours du labyrinthe IV). (On peut dire que Castoriadis avait le don de la lucidité et ne maniait pas la langue de bois) :

… [] Mais, derrière tout cela se pose la relation entre le monde islamique et l’Occident. D’une part, il y a la formidable mythologisation des Arabes par eux-mêmes, qui se présentent toujours comme des éternelles victimes de l’Histoire. Or, s’il y a eu une nation conquérante, du VIIe siècle au XIe siècle, ce sont bien les Arabes. Les Arabes ne poussaient pas naturellement sur les pentes de l’Atlas au Maroc, ils étaient en Arabie. En Égypte, il n’y avait pas un seul Arabe. La situation actuelle est le résultat, d’abord, d’une conquête et de la conversion plus ou moins forcée des populations soumises ; puis de la colonisation des Arabes non par l’Occident, mais par leurs coreligionnaires, les Turcs, pendant des siècles ; enfin de la semi-colonisation occidentale pendant une période comparativement beaucoup plus courte.[]

Les nations arabes ont refusé le plan de partage et se sont lancées à l’assaut de ce nouvel état reconnu internationalement. Bien mal leur en a pris. Le nationalisme des Arabes de Palestine s’est construit parallèlement et en opposition au nationalisme juif. Le fait est que ce peuple existe désormais et qu’il serait raisonnable de lui octroyer une terre aux frontières reconnues internationalement… mais à côté d’Israël et pas à sa place. Les Arabes de Palestine ont gardé leur langue, leurs coutumes et leurs religions (même si les chrétiens sont désormais menacés). Ils ont leurs écoles. C’est pourquoi, la comparaison avec le Tibet ne me paraît pas pertinente et l’emploi du terme génocide pour qualifier le conflit qui oppose Palestiniens et Israéliens totalement déplacé.

29)
Anne Cuneo
, le 12.03.2013 à 23:28

Si j’avais imaginé que mon histoire provoquerait ce débat-là… Ce n’est pas que le débat en soi me dérange. Mais cuk n’est pas le lieu pour l’avoir. A partir de minuit, le texte est sur mon blog, passez là pour continuer svp.

30)
zit
, le 14.03.2013 à 15:41

Merci pour cette anecdote, les enfants sont parfois charmants, mais comment se fait–il que seulement certains le restent passés à l’âge adulte ?

Mais je m’insurge, pourquoi ne parle–t–on jamais de la catastrophe de Fukushima, et de l’impossibilité pour enfants qui en sont originaires de faire des analyses médicales ailleurs au Japon que là où on leur dit qu’il faut qu’ils les fassent, c’est incroyable, ce site qui parle toujours des macs, et jamais de caramel au beurre salé, oui, on nous ment, la VÉRITÉ est travestie, que dis–je, transsexualisée…

C’est incroyable ce qui peut se passer dans la tête de certaines personnes quand même !

z (Anne, ton ignoble tentative d’amener le débat sur ton blog plutôt qu’ici a lamentablement échoué, je répêêêêêêêêêêêêête : 0 commentaires à l’heure où j’écris ces lignes ;o)

ps :par contre, l’histoire des fukushimiens est vraie aussi :–(