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Un retour sur les ondes avec un billet « militant »…
A mon retour de voyage, parce que vous écrire m'a manqué durant ces presque dix mois de silence, j'ai demandé à François s'il était d'accord que je reprenne "mes lundis en quinzaine". Sa réponse ? Vous l'avez sous les yeux.

J'avais en effet des idées plein la tête, des souvenirs au fond des yeux et du coeur, l'envie de vous parler de cette émotion ressentie alors que je regardais la mer briller de mille feux et servir d'écrin à Dubrovnik (Croatie), le désir de vous narrer la fascination qu'a exercée sur moi le site archéologique d'Arikanda (Turquie).

Bien que définitivement athée, je ressentais le besoin de vous confier ces minutes de calme parfait vécu dans la mosquée d'Edirne (Turquie), au dessus de laquelle volaient des chauve-souris. J'avais noté sur mon billet "raconter la mort joyeuse au nord de la Roumanie", tout comme, d'ailleurs, "l'art à Veliko Tarnovo" (Bulgarie).

Tenez, j'avais même prévu de vous décrire les mini-jupes affolantes et les décolletés vertigineux des jeunes Bulgares, c'est dire si je voulais tout partager avec vous !

Bref, j'avais les ingrédients pour une série de billets, "vues d'ailleurs" : il n'en sera toutefois rien, du moins aujourd'hui !

Alors que j'étais sur le point de me mettre au clavier, j'ai renoncé à mes projets en raison de... 10 secondes ! Oui, je sais, 10 secondes, ce n'est rien du tout. N'empêche, ces 10 secondes - peut-être s'agit-il en réalité de 25 secondes, il est des moments où il est difficile de mesurer le temps - me hantent encore, trois jours après les avoir vécues.

Alors que je marchais à Morges, petite bourgade tranquille et un peu snob de Suisse romande, je l'ai entendue avant même de la voir : elle hurlait, elle vociférait, vomissant sa rage, sa colère, par des propos à la fois incohérents et tellement limpides "y a plus d'amour, je te déteste, dégage, t'es un salaud !"

Juste avant que je n'arrive à sa hauteur, elle s'est retournée, m'a regardée sans me voir et j'ai bien failli trébucher, saisie d'effroi : qui avait bien pu faire ça à cette femme ?

De son visage, il ne restait qu'une masse violette, tuméfiée au point qu'elle peinait à ouvrir les yeux; de son nez, de travers, coulait de la morve, qui se mêlait à ses larmes. Sur sa gorge, des marques, des griffures profondes...

Et moi, de penser, le coeur serré "ce n'est pas arrivé juste maintenant, il n'y a pas de sang sur son visage !"

C'est con, hein, de penser un truc pareil ! Surtout que ça n'y changeait rien, que ce soit arrivé deux jours ou une heure avant : j'ai passé mon chemin ! Je n'ai pas su quoi dire, je n'ai pas su quoi faire pour cette femme qui, pourtant, de toute évidence, avait besoin d'aide, totalement seule au milieu de la chaussée.

Depuis lors, le souvenir de cette femme me poursuit : j'aurais dû m'arrêter et tant pis si je n'avais rien d'intelligent à lui transmettre. J'aurais au moins pu lui faire savoir, justement, que je ne savais ni quoi dire, ni quoi faire mais que j'étais là, tout simplement.

Une belle connerie en fait, une telle idée : elle était de toute évidence tellement seule que quelqu'un avait pu la cogner à ce point !

De toute façon, je parie qu'elle m'aurait envoyé bouler, qu'elle m'aurait hurlé dessus en me demandant de m'occuper de mes affaires. D'ailleurs, c'est ce que j'ai fait : je me suis tellement bien occupée de mes affaires qu'elle n'a jamais su qu'il y avait au moins une personne, parmi les passants, qui se préoccupait de son sort.

Remarquez, se sentir concerné sans rien faire, c'est franchement nul. Autant consacrer son temps à autre chose : lorsqu'on affirme être touché par une situation, on agit, même modestement, même juste à son échelle.

Ainsi, comme je sais qu'il est trop tard pour aider cette femme, je me cache derrière un billet militant contre la violence imposée aux femmes, qu'elles soient riches ou pauvres, cultivées ou analphabètes.

Je ne crois pas que cette journée internationale changera quoi que ce soit au sort de toutes celles qui, jour après jour, mois après mois, subissent les coups, les viols, les humiliations mais je pense qu'il est indispensable que nous prenions, toutes et tous, pleinement conscience de l'ampleur de ce phénomène, auquel les politiques réagissent en ouvrant au compte-goutte des maisons d'accueil pour les femmes et leurs enfants, et en laissant sur le carreau les auteurs de ces violences.

Je ne sais pas si la première cause de mortalité des femmes est réellement la violence ou s'il s'agit de l'accident cardio-vasculaire, les réponses de "google" étant confuses à ce sujet : le seul fait que 140 femmes soient mortes sous les coups en France me tord les boyaux ! Comment peut-il en aller ainsi dans le pays de la Convention européenne des droits de l'Homme ?

Qu'on passe son chemin ou qu'on s'arrête à côté de cette femme, la question qui me taraude est "que pouvons-nous faire, vous, moi, concrètement, pour que cette violence cesse et pour qu'il ne soit plus nécessaire de prévoir de 25 novembre ?"

31 commentaires
1)
fxc
, le 05.11.2012 à 00:34

Parole de Femmes Battues:

Tabassée à mort par amour,

Parait qu’c’est courant de nos jours

Le métier d’épouse n’est pas sur

Quand on est la femme d’un vrai dur.

Mais celle qu’il appelle sa trainee

D’infidelite soupconnee

A pourtant aime ce debris

Qui la frappe a bras raccourcit.

Oui c’est a toutes les femmes battues

Qui jusqu’a present se sont tues

Frappees a mort par un sale con,

Que je dedie cette chanson.

Au commissariat du quartier

La femme tumefiee et l’epoux

Sont debout devant le brigadier

Qui soupire et dit : “encore vous !

Votre mari present, chere madame,

Pretent qu’vous l’avez bien cherche,

Pourquoi faire alors tout un drame ?

Vous n’etes pas tellment amochee !”

Oui c’est a toutes les femmes battues

Qui jusqu’a present se sont tues

Frappees a mort par un sale con,

Que je dedie cette chanson.

Il pretend qu’vous estes econome

Du tissu qui cache vos rondeurs

En vous corrigeant, c’est en somme

Qu’il apaise un peu sa rancoeur.

Rentrez tous les deux vous coucher

Ca va s’regler sur l’oreiller

Les voisins n’vont pas protester

En d’vinant pourquoi vous criez !

Oui c’est a toutes les femmes battues

Qui jusqu’a present se sont tues

Frapees a mort par un sale con,

Que je dedie cette chanson.

Tant qu’les voies de fait sont benignes

Des blessures ouvertes ou des bleus,

Pour nous, policiers, la consigne

C’est de n’pas sevir pour si peu.

S’il vous etouffait sous la couette,

S’il vous etranglait de ses mains,

Nous pourrions ouvrir une enquete,

Vous n’seriez pas morte pour rien !

Oui c’est a toutes les femmes battues

Qui jusqu’a present se sont tues

Frappees a mort par un sale con

Que je dedie cette chanson.

Pierre Perret

PS C’est une copie du texte de la chanson glanée sur le net, je ne sais pas pourquoi les accents ont été oubliés.

PS 2 le titre de l’album d’ou vient cet extrait:”femmes grillagées”

Pierre Perret

2)
François Cuneo
, le 05.11.2012 à 07:13

Bonjour Madame Poppins.

Comment dire… Bienvenue et content de te retrouver.

Mais bon, c’est un peu léger comme commentaire suite à ce que tu as écrit.

C’est vrai qu’intervenir dans la rue, que ce soit pour l’histoire que tu racontes, ou pour une bagarre, ou pire, pour un viol me taraude l’esprit.

Aurai-je, en particulier dans le dernier cas, la force, le courage de défendre la victime?

J’aimerais bien, mais je n’en suis pas sûr.

Lorsqu’on lit dans les journaux qu’une personne s’est fait attaquer dans le train, et que personne n’a réagi, bien évidemment que je me dis que ce sont de beaux salauds, mais ces gens-là auraient certainement dit la même chose en lisant l’article, s’ils n’avaient pas été dans la situation.

C’est la violence tout entière qu’il faut éradiquer, mais c’est vrai qu’à tout prendre, commençons par celle contre les femmes. Comme tu le montres, elle n’est pas qu’en Afghanistan, elle est aussi chez nous.

Malheureusement.

3)
ysengrain
, le 05.11.2012 à 07:59

Qu’on passe son chemin ou qu’on s’arrête à côté de cette femme, la question qui me taraude est “que pouvons-nous faire, vous, moi, concrètement, pour que cette violence cesse et pour qu’il ne soit plus nécessaire de prévoir de 25 novembre ?”

La violence, cette violence n’est pas réservée aux femmes. Elle est celle de Caïn envers Abel, celle de l’incompréhension, celle du mec/nana qui ne sait plus son nom tant la souffrance est immense, celle du mononeuronal syrien et de tous ses frères en comportement.

N’écris plus cette violence parce que la dénomination générique en atténue la portée, mais CES violences.

Une piste de solution; réduire le stock de bombes nucléaires en en faisant péter sur la tête de ces abrutis. J’arrête, je deviens violent.

4)
Philob
, le 05.11.2012 à 08:02

Je déteste la violence, et pourtant, je suis sûr que j’ai forcément dû être violent une fois ou l’autre (en tout cas verbalement). Je déteste la violence, car je suis très désarmé devant elle; je suis de constitution fluette, alors j’ai appris à courir, mais surtout à négocier et à désamorcer.

Que faire ? Déjà, apprendre à gérer nos propres accès de rogne et se donner du temps pour écouter l’autre. Mais dans le cas que tu présentes, malheureusement, je crois bien que la personne devait être trop dans sa propre colère contre l’autre pour pouvoir “entendre” l’aide d’une autre personne.

Ce que tu as fait est déjà immense, tu n’as pas “effacé” ce que tu as vu et senti et tu en parles, tu le partages, le pire étant avant tout l’indifférence.

PS merci FXC pour le rappel, dans ce même album, la chanson “femmes grillagées”, est une des choses les plus intelligente que je n’ai jamais entendue comme chanson engagée, une finesse, une justesse, une force, c’est absolument incroyable et si efficace ………. que l’on ne l’entend très peu sur les ondes

5)
djtrance
, le 05.11.2012 à 08:37

Il y a une dizaine d’années, je me baladais dans les rues de Lausanne lorsque j’aperçois dans une ruelle un “homme” en train de tabasser une femme. Sans réfléchir, je me suis interposé et j’ai dû en venir aux mains. Fort heureusement j’avais pris le dessus…

Or, aujourd’hui, qui ne me dis pas que cet “homme” ne se balade pas avec une arme, un couteau ou tout autre chose et que ma vie risquerait d’être sacrifié pour cela. Je devrais donc réfléchir à deux fois avant de m’interposer. Mais quoi qu’il arrive, j’en avertirais au préalable les forces de l’ordre.

Paix à toutes ces femmes qui sont victimes de la faiblesse de ces “hommes”…

Merci pour ce billet Mââââme Poppins et bon retour!

7)
Diego
, le 05.11.2012 à 09:13

Trois pensées :

– Fléau sans frontière, sans religion, sans classe sociale.

– Montrer de la compassion, oui, s’interposer, non

– Pour les hispanophones, une autre très belle chanson sur le thème

8)
infisxc
, le 05.11.2012 à 09:21

Bonjour Madame Poppins. Tu m’as manqué.

Merci fxc pour cette belle chanson. Je n’ai pas envie d’ajouter quelque chose.

9)
Crunch Crunch
, le 05.11.2012 à 09:33

Quelle horreur… Personnellement, je n’ai jamais compris pourquoi certaines personnes sont violentes, et en battent d’autres…

Je suis triste pour cette femme, et je te comprends, Madame Poppins, que 3 jours après ces instants ceux-ci te hantent encore…

L’être humain a encore beaucoup a apprendre et faire. Espérons qu’il deviennent meilleur avec le temps. Espérons que l’évolution et la “nature” sélectionnera les êtres qui privilégie la “paix” et sont capable d’empathie…

10)
Runmac
, le 05.11.2012 à 09:50

d’une ile au fond de l’océan Indien, Bravo pour pour votre billet MMe Poppins.

Le courage dont vous parlez nous l’avons tous manqué, un jour ou l’autre.

11)
coacoa
, le 05.11.2012 à 09:58

J’avais écrit une très très très modeste “chanson” il y a une quinzaine d’années, elle m’est revenue ce matin en vous lisant. Ca s’appelait “dire”

Dire qu’il ose faire semblant de rien

Dire qu’il ose même serrer des mains

Avec ses mains sales qu’il porte contre les siens

Et dire qu’on l’aime bien

Dire que Monsieur sourit à ses voisins

Dire qu’il dit que « le bruit, c’est le chien »

Dire qu’on le croit, on dit « portez-vous bien »

« De même, merci, à demain »

Et elle, elle tremble, couchée

Sur le carreau

De la cuisine

Ou de la salle de bains

Tenant l’enfant

Le serrant trop

Séchant ses larmes contre son sein

Dire qu’il ose encore se regarder

Dire qu’il rit quand il fait son marché

Quand il raconte que « sa femme est tombée

Encore une fois dans l’escalier »

Dire que ce soir quand il va rentrer

Après avoir souri toute la journée

Dire que ce soir ça va recommencer

Et que le monde va tourner

Et elle, elle l’attendra

Comme tous les soirs

Elle aura

Préparé le dîner

Avec dans les yeux

Un peu d’espoir

« Oh ! Pourvu qu’il soit fatigué ! »

Moi je sais tout, pourtant je ne fais rien

Où est le mal et où est le bien ?

Si des gens comme lui y’en a tout plein

Des gens comme moi y’en a combien ?

12)
Saluki
, le 05.11.2012 à 10:02

Bienvenue chez toi, à la maison, M’aame !

Le commentaire de 5-djtrance me rappelle l’histoire du père d’une amie.

Il y a quarante ans, il avait une DS 23…, ce vrai colosse, capable de porter un sac de ciment sous chaque bras, aperçoit dans une ruelle d’Aubervilliers un type en train de “corriger” à coups de ceinture une femme qui hurlait.

Il descend de voiture, attrape le type et le balance contre un mur où il dégouline jusqu’au sol. C’est alors que la dame se précipite sur lui et le frappe avec sa chaussure, talon en avant, en proférant :

– Laisse mon homme tranquille quand il me corrige !

Il y a perdu un œil.

14)
ysengrain
, le 05.11.2012 à 10:25

Une piste pour essayer de comprendre: l’éthologie

15)
Modane
, le 05.11.2012 à 11:24

Bienvenue, Miss Mary! Pour le reste…

J’ai eu l’occasion de m’interposer, une fois. Dans une petite rue de quartier pauvre, dans le XIX°; je débouchais d’une autre. Elle était déjà à terre, à moitié sur la chaussée et il la bourrait de coups de pieds. Je me suis précipité vers eux en hurlant. Heureusement, le mec était lâche et il a reculé tout de suite en bredouillant pour se justifier : “J’ai le droit… C’est ma femme…” et il s’est barré.

Je me suis tourné vers la femme pour l’aider à se relever. J’ai tout de suite vu deux choses : il était hors de question que je l’aide, et elle était très vexée que j’aie chassé son mari. Il y avait convention, et j’étais un intrus. Il m’en est resté une interrogation sans réponse…

16)
FromStart
, le 05.11.2012 à 11:30

Votre billet me touche. Je pense que nous ressentons tous une fois ou l’autre ce sentiment de profonde lâcheté, qui nous bouscule et nous remet en question. Ce sont souvent des situations auxquels nous ne sommes pas préparés, inhabituelles, emotion-ifères peur, lâcheté,… et qui requièrent une décision immédiate. Tout cela ensemble est assez déstabilisant en-soi, au point de nous paralyser. Le plus important à mes yeux est “qu’est-ce que je ferai si cela m’arrivait de nouveau?”. En quelque sorte se préparer, diminuer la charge émotionnelle, avoir déjà une réponse à “et si elle refuse mon aide, éventuellement violemment?” etc… Facile à dire, maintenant je n’ai jamais eu l’expérience d’une deuxième fois… Et du coup, bien malin qui pourrait dire ce que je ferai…

17)
Zallag
, le 05.11.2012 à 13:09

Je vois parfois dans les trains ou lieux publics publics des scènes de cette sorte, bien qu’infiniment moins graves, parfois ce sont juste des incivilités, mais à mon avis elles portent en elles des germes de violence latente.

Intervenir ? Pas si simple. Parfois je me dis que le monde animal a trouvé une solution, mais que nous autres humains serions assez peu capables de l’appliquer, c’est la collaboration.

Par exemple cinq ou six hyènes, ensemble, risquent de sérieusement blesser une lionne si elles souhaitent lui ôter sa proie. Une commence par la mordre à une patte arrière, et recule. La lionne se retourne, et se fait mordre à nouveau, cette fois par une autre hyène. Toutes restent autour d’elle, elle va fuir et leur laissera le terrain.

Si, dans une situation un peu similaire, transposée dans la vie humaine de tous les jours, cinq ou six hommes se levaient en même temps, s’approchaient du violent verbal, du gars qui taillade le caoutchouc d’un dossier de siège de bus, des ados qui briment un plus petit, du dragueur lourd et insistant, du malotru diffusant des décibels qui gênent tout le monde, jouissant de son impunité et de la lâcheté craintive et parfois compréhensible des voyageurs, alors le cas serait réglé sans violence, simplement par un effet de dissuasion extrêmement efficace.

Aurais-je le courage, une fois, de dire à voix forte dans le bus ou le train :”Eh les mecs, vous voyez ce qui se passe là-bas ? Allez, on se lève, on va lui dire deux mots”. Ce serait soit la honte de ma vie, soit un souvenir qui me resterait et aux autres aussi, sans doute.

Mais quand on est seul(e), c’est vraiment différent. Et, je le crains, insoluble.

18)
infisxc
, le 05.11.2012 à 17:47

@coacoa : j’aime beaucoup. Et tant qu’on est dans les chansons sur le sujet, ton texte m’en a rappelé une autre : « Je passais par hasard » de Yves Jamait.

http://www.youtube.com/watch?v=YMMWA8HS72k

19)
guru
, le 05.11.2012 à 19:22

N’importe quelle insulte est une violence!

20)
mff
, le 05.11.2012 à 20:16

Je deteste l’agressivité sous toute ses formes

mais

En ce qui concerne cette situation à Morges, ne serait-ce pas sous la drogue ? :(((((((((((

21)
Tom25
, le 05.11.2012 à 20:56

Heureux de te retrouver Mme Poppins. Je pense que nous sommes nombreux à être “lâches”. Nous espérons éviter d’être les témoins de ce genre de situation autant que possible. Et les anecdotes racontées nous montrent qu’il est parfois bien délicat d’aider les victimes. Tu n’as pas ignoré cette dame, tu n’as pas détourné le regard, tu ne te serais pas sauvée si elle avait demandé ton aide. Bref, tu n’as pas à rougir de ta réaction, d’après moi.

22)
Madame Poppins
, le 05.11.2012 à 20:58

Même si le sujet est grave, quel plaisir que celui de vous retrouver; j’aime vos commentaires, vos apports, votre partage d’expérience et de vécus.

fxc, Diego, j’avais ces deux chansons en tête pendant que j’écrivais mon billet : elles ont le don de me mettre les larmes aux yeux.

François, merci à toi de m’ouvrir à nouveau tes colonnes et non, je ne sais pas ce que je ferais en cas d’agression dans un train par exemple. Quant à éradiquer la violence, je pense qu’il y a du boulot déjà dans les classes, où prennent racine les violences ultérieures. Je me demande si le corps enseignant est toujours bien armé face à ces problématiques qui semblent gagner en importance depuis plusieurs années.

Ysengrain, tu as tellement raison : il ne s’agit pas d’une mais des violences et non, tu as à nouveau raison de le souligner, la violence n’a pas pour seules victimes les femmes puisqu’elle touche aussi les enfants, les personnes âgées…. bref, tout le monde !

Philob, gérer ses propres accès de rogne, déjà rien que ça, y a du boulot : qu’est-ce que je peux m’énerver contre mes enfants ! Et je trouve que j’en deviens verbalement violente (et inadéquate) ! Je cherche, inlassablement, le moyen de ne pas craquer lorsque je trouve Tom Pouce (bientôt 3 ans) en train de dessiner au feutre contre les murs, après avoir éteint le serveur, après avoir renversé mon café, fait couler le jus de pomme sur le carrelage de la cuisine, après avoir déchiré le livre de son frère et rempli à ras bord l’évier de la cuisine pendant que j’étais sous la douche….

djtrance, heureusement que ta réaction spontanée est restée sans conséquence pour toi ! Et en effet, il n’est malheureusement pas absurde d’envisager que cet homme puisse être armé ! Donc potentiellement dangereux pour la femme concernée mais aussi pour toute personne intervenant.

Crunch Crunch, avec un tel pseudo, tu dois être doux comme le chocolat :-)

Runmac, je me doute bien que je ne suis pas la seule, la question du “pourquoi” me reste quand même ! Une île au fond de l’océan indien, ça fait rêver…

coacoa, votre texte est une réussite, magnifique, franchement bravo !

Saluki, il est difficile à comprendre, ce besoin pour certaines victimes, de continuer à croire que l’histoire, qui à un moment donné, était belle, porteuse de bien, pourrait revenir : c’est en souvenir de ce qui a été que les victimes continuent de rester avec leur bourreau, quand bien même l’entourage les supplie de partir.

Modane, je pense en effet que l’interrogation sans réponse est celle que nous avons, nous qui ne resterions pas en cas de violence : comment peut-on, justement, rester. Franchement, je ne sais pas; d’ailleurs, je tente tellement de comprendre que je vais, l’année prochaine, suivre un CAS sur les aspects médico-légaux dans le domaine de la violence interpersonnelle : je reviendrai peut-être ensuite avec une “suite” à ce billet.

FromStart, en effet, lorsqu’on a réfléchi à des choses, sous différents angles, avec différents interlocuteurs, on est souvent plus à même de réagir lorsque la situation se présente : ainsi, jusqu’à ce fameux vendredi, je ne m’étais jamais posée la question “je fais quoi si….”. Là, je ne sais toujours pas très bien mais je sais (j’espère) que je ferai quelque chose.

Zallag, l’idée de prendre à partie les autres personnes présentes est certainement une excellente idée, je vais la garder dans un coin de ma tête.

mff, je me suis demandée si la femme, alors qu’elle hurlait, était ou non sous l’emprise de l’alcool; la drogue, je l’admets, je n’y ai pas pensé mais peu importe ou raison de plus : si elle était shootée, elle aurait eu encore plus besoin d’aide.

Vous savez ce qui m’interpelle, c’est que la victime, on la plaint, on lui offre de la compassion, on a de la sympathie pour elle. Mais pour l’auteur ? On fait quoi ? Rien ! On le met en taule si d’aventure, ses faits sont connus mais au-delà de ça, on ne fait rien, rien du tout ! Et pourtant, je ne crois pas que ces hommes (la plupart du temps, même si je vais assister prochainement à une conférence sur les hommes victimes de violences domestiques) soient juste des “salauds” “gratuitement” : la Suisse ne s’est pas dotée de moyens réels pour leur venir en aide. La Belgique, elle, a des moyens qui vont un peu plus loin, avec un juge qui peut imposer la participation à un groupe, avec psy, lors de la comparution devant l’autorité judiciaire.

Bref, le sujet est vaste et je suis contente d’avoir échangé avec vous autour de ces questions.

A bientôt, promis, avec un topic plus gai !

23)
djtrance
, le 05.11.2012 à 22:13

Un topic plus gai? C’est d’actualité au moins :))

24)
Philob
, le 05.11.2012 à 23:27

Mme MP, n’oubliez pas que l’oiseau tombe rarement loin du nid.

Vous deviez être une charmante gamine !

25)
Zallag
, le 06.11.2012 à 09:19

Merci du soin et de l’attention que vous prenez de répondre, non pas à tous, mais à chacun.

Mais pour l’auteur ? On fait quoi ? Rien ! On le met en taule si d’aventure, ses faits sont connus mais au-delà de ça, on ne fait rien, rien du tout ! Et pourtant, je ne crois pas que ces hommes (la plupart du temps, même si je vais assister prochainement à une conférence sur les hommes victimes de violences domestiques) soient juste des “salauds” “gratuitement”

Il y a ceci dans la région, c’est un début.

26)
Crunch Crunch
, le 06.11.2012 à 09:34

@ Madame Poppins: Hi hi Je ne sais pas si je suis aussi si doux que ça (si seulement) mais le chocolat est vraiment bon, effectivement :-)

En tout cas, dans la vie, je met la violence le plus loin de moi possible ! De même, effectivement et si d’aventure dans la vie, je devais me trouver dans une relation de couple violente: Je partirais.

A bientôt sur Cuk.ch ! Superbe site, riche en découvertes, ouverture d’esprit. J’adore ! Merci François et tous les autres :-)

27)
mff
, le 06.11.2012 à 11:12

Il y a malheureusement les violents de nature mais aussi

Les violents caché krakrakra dans les milieux familiaux d’apparence si bien et si gentils/poli/croyants/ souriants/ Beurkkkkk….

Mais beaucoup dans le milieu de la drogue ou l’alcool etc…, Morges, Lausanne, Yverdon, Vevey,Zürich , Genève pour en citer quelques-uns . En ce qui concerne Morges je ne serait pas étonnée du tout mais alors pas du tout! que cela vienne du milieu de la drogue , Morges peut-être petite ville Bourgeoise en surface mais pas autant que cela lorsque l’on à écarté les ””bons”” citoyens ;)

Tiens une partie du texte est tronqué lorsque je publie alors je le recole ici

Les violents caché krakrakra dans les milieux familiaux d'apparence si bien et si  gentils/poli/croyants/ souriants/ Beurkkkkk....

Encore tronqué! pourtant je le voie en entier lorsque je veux le modifier,

si bien ,et si gentil/poli/souriants est tronqué !

28)
Lémanic
, le 07.11.2012 à 10:41

… J’ai frôlé ma souris, la page a changé et mon commentaire s’est envolé.

Ayant été confronté a des situations similaires, il est vrai que l’on est jamais prêt à cela. Tant notre propre réaction que celle de la personne en face peut être imprévisible. J’ai dû une fois maîtriser une femme, que je ne connaissais pas, hystérique et dépoitraillée, (sous l’influence d’alcool et de stupéfiants), qui avait agressé sa soeur, son beau frère et leur enfant. Maintenir à terre cette femme à demi nue en attendant l’arrivée de la police pendant de longues minutes a été une expérience assez choquante. Si je n’avais pas connu les lieux, je ne crois pas que je serais intervenu. Je ne m’étais jamais imaginé dans une telle situation. Dans un lieu public, je ne serai sans doute pas intervenu. Je comprends dès lors le malaise de Mme Poppins et je ne crois pas qu’il y ait de solution tout prête. Les situations de ce genre sont tellement inattendues et variées que rien ne nous y prépare vraiment (à moins d’être dans la police et d’en avoir l’expérience).

Pour finir en musique, écoutez le dernier abd-al-malik (ma jolie) qui traite du sujet avec un langage poétique et moderne d’exception. Sa chanson “c’est du lourd” est également – à mes yeux – assez exceptionnelle. Lémanic

29)
zit
, le 08.11.2012 à 23:29

Ah bin bienvenue à nouveau parmi nous ici, Mââââââme P., même si c’est pour commencer par un sujet grave. Difficile, de supporter la violence du monde qui nous entoure (c’est l’effet Siddhartha), sauf que tout le monde ou presque vit dans une bulle de violence externe, celle de la télévision, des médias en général, des jeux vidéos, tout en n’y étant confronté que très rarement IRL, en vrai. Et là, c’est un choc, forcément.

Une réaction possible est la cécité, comme si bien décrit dans un des sketches des « Nouveaux monstres » dans lequel, Marcello Mastoiani, témoin d’un meurtre au couteau bien saignant en bas de chez lui, rentre tranquillement après avoir déverrouillé ses multiples serrures de sécurité pour s’attabler devant un bon petit plat de spaghetti Bolognaise après avoir répondu à sa femme que oui, journée ordinaire, tout en regardant des horreurs au Jité.

Les témoignages de Saluki et Modane laissent songeurs…

z (qui déteste la violence, je répêêêêêêêêêête : mais ya des fois où…)

mff, c’est encore une des joyeuseté de textile, s’il y a une espace au début d’un paragraphe, le texte est décalé vers la droite, il change de police de caractères pour une police de type « machine à écrire », et est forcément coupé à la fin de la ligne, même s’il y a trois pages,

comme ça pour la police, il faut aller au bout de ligne pour qu'enfin ça me la coupe
...pe

Je me suis permis de corriger cet effet de style involontaire dans sa première itération.

30)
mff
, le 09.11.2012 à 20:00

Merci Zit :)

Donc si l’information va jusqu’à mon cerveau: il ne faut pas mettre d’espace au début d’un paragraphe, juste ?

Merci :)

31)
levri
, le 13.11.2012 à 11:43

Content de te revoir Mââme Poppins !

Bien souvent ceux qui sont violents sont aussi lâches, il se permettent d’agresser les plus faibles parce qu’on les laisse faire.

J’ai l’avantage d’avoir une carrure raisonnable et de garder mon sang froid si je me fâche, je m’en suis toujours sorti sans avoir à jouer des poings ou pire. En jouant l’intimidation psychologique plusieurs fois je me suis interposé, mais à chaque fois c’était réfléchi, s’interposer sans réflexion peut être pire que de s’abstenir.

La violence est part essentielle de certaines cultures, j’ai côtoyé des gens qui trouvaient absolument naturel de donner la mort à ceux qui avaient trahi leur confiance, pas si simple d’argumenter afin de contrebalancer un comportement considéré comme allant de soi.

La société trop souvent conditionne à la violence, aucun propriétaire de TV n’y échappe.

PS : ajoutez des guillemets où il vous plaît …