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Enfin le succès!…

Tout a commencé avec Roubidou et les Ragnagnas. J'écrivais pourtant depuis longtemps. J'avais déjà publié, à compte d'auteur, une dizaine d'ouvrages argumentés dignes des meilleurs. Métempsychose des radicelles avait eu un certain succès au Festival du Livre de Trouffignac le Long, et Vacuité des karmas extrêmes du Bhoutan comparés avait été sélectionné à la Foire aux écrivains de Montpellier, pas celui-là, l'autre, à côté de Massingy les Sémur. En bourgogne, donc, terre d'écrivains et de culture.

Mon polar, Ton regard me fait darder la molécule, plongée noire au coeur des systèmes informatiques de La Poste, avait emporté l'adhésion de mes amis les plus chers, et mon drame écologique Mécomènes en danger avait été remarqué par Marcel, standardiste au WWF.

Je m'apprêtais donc à une longue vie d'auteur respectable car incompris, donc quasi maudit, quand Petit-Modane, un jour, oublia son livre de contes, celui sans lequel il ne peut pas dormir. C'est curieux comment les drames arrivent subrepticement. Une idée du destin.

À la vue des cernes grandissant sous les yeux de mon fils adoré, le délic se fit, et un récit m'arriva, d'une traite, comme un message divin. Ce fut Robidou et les Ragnagnas, ou les Tribulations philosophiques d'un culbuto au pays des petits pois.

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Je l'écrivis, bouillonnant, exalté, d'une traite. Et le grand éclat de rire de mon fils, à sa lecture, sa confidence que "j'étais quelqu'un de vraiment pas comme tout le monde", m'inspira la conviction que j'avais enfin trouvé mon style, ce qui fût confirmé par l'oeil incrédule et le silence, enfin, de Madame Modane, sans doute terrassée par le génie intrinsèque du récit, voire de l'auteur. Alleluiah!

Faisant lire à l'entour le magnifique ouvrage, les propositions, d'un seul coup, fusèrent. Le restaurant Macrobiotique Communautaire me demanda immédiatement de recopier son menu, à mon style, évidemment, puisque j'avais un traitement de texte.

Puis Roger, du Centre Culturel de Massy sous Argonne, me demanda de faire le scénario de son prochain album de coloriage pour les huit-dix ans. Pas encore la consécration, mais enfin une reconnaissance.

Et c'est là que les agences de publicité me contactèrent une par une. Nul autre que moi, disaient-ils, ne saurait ainsi remettre en question d'une façon aussi sauvage les conventions sociales actuelles. Surtout à ce tarif.

Je fis successivement les Rillettes Patachon, eh oui, "Patachon, c'est trop bon", dans la cuisine hi-tech, c'est moi!, les pommes de terre du Lubéron, "Pommes de terre du Lubéron, trop cool trop bon", et la graisse de chaîne à vélo Botul, "Botul, c'est trop vraiment pas nul!", ce dernier dédicacé à Zit, hommage au connaisseur, pour Marcel Ruffian Publicité.

Des projets, il y en a maintenant à la pelle. La réécriture complète du Grand catalogue de la Redoute en bas-roumain et le rewriting complet de ce prodige de la littérature :  Nomenclature mondiale des boulons de quinze ne sont que des prémices, un avant goût. Je le sais : une carrière m'attend.

Et puis il y a Griffouillou échangiste, un roman de jeunesse, inachevé, que je vais pouvoir retravailler, et qui devrait m'ouvrir les portes de la télé, comme Ardisson, Rikiki et Fripouillet sautent sur Katmandou ayant malheureusement été refusé par la Warner. Mais je vais paufiner...

Autant dire, cher lecteur, que je ne sais plus où donner de la tête.  C'est certainement pour cela que depuis quelques temps, mes chroniques sur Cuk se font plus exigeantes, plus essentielles. Ah! Lecteur! Ne m'en veut pas : avec le succès, la rigueur de l'écrivain doit prendre le pas! C'est une question d'éthique!...

18 commentaires
1)
Saluki
, le 06.06.2012 à 01:11

C’est une question d’éthique

Ça se règle facilement

2)
Philob
, le 06.06.2012 à 06:39

Modane, merci, tu éclaires mon réveil. C’est le moment de retrouver la clef de la porte de la Maison Pataphysique ( ou en Suisse : le Centre de Recherches Périphériscopiques) , car tu y seras bien.

4)
ysengrain
, le 06.06.2012 à 08:25

Je reprends cette

À genoux et tête découverte

5)
Caplan
, le 06.06.2012 à 08:39

… Ou alors le Générateur de titres de BD

Exemples:

Modane et la salopette glacée

Modane et le briseur complémentaire

Modane et le cheval hypocoristique

Modane et les revanches paralysées

les Triangles de Modane

Modane et les contrées nues

6)
Gustaf
, le 06.06.2012 à 10:32

…et puis les vocations… les vocations que cet ouvrage fera naître…

7)
Inconnu
, le 06.06.2012 à 10:39

Je me doutais bien que Modane avait un rapport avec Botul

8)
TroncheDeSnake
, le 06.06.2012 à 11:38

La Métempsycose des radicelles est mon livre de chevet. J’impatiente de découvrir ce nouvel opus!

(Monsieur Jardinier)

9)
levri
, le 06.06.2012 à 11:58

N’est ce pas trop régulé comme histoire pour des enfants ?

10)
Smop
, le 06.06.2012 à 13:17

Modane, où trouve-t-on “Ton regard me fait darder la molécule” ?

Caplan, excellent le générateur de titres ;-)

11)
zit
, le 06.06.2012 à 17:36

Ton regard me fait darder la molécule se passe–t–il au célèbre Centre de Lecture Informatique des Titres Optiques? #

En tout cas, avec des titres pareils, le succès était une évidence (si le contenu est aussi savoureux que l’emballage).

Par contre, je m’insurge, je gémis, je m’indigne, je grince : je ne fonctionne pas à la Botul, moi, pour graisser ma chaîne, il n’y a que la graisse Igol qui compte, parce qu’Avec Igol, on rigole !.

z (alors que c’est bien connu, qu’Avec Botul, on s’en… je répêêêêêêêêêêête : non, non, je suis déjà loin ;o).

# Acronyme savoureux à tous les points de vue

PS : j’attends avec impatience mon exemplaire tiré sur vélin blanc de Rives numéroté (le 13, j’aime bien le 13, ou alors le 1024, c’est sympa, aussi, 1024, ou alors le 42, s’il n’est pas déjà réservé) de la Nomenclature mondiale des boulons de quinze dédicacé !

12)
Modane
, le 06.06.2012 à 17:48

Saluki, je jette immédiatement mes bouquins sur ce sujet. Je ne garderai que les textes fondateurs de ces deux écoles de l’éthique : la Sköl, et la Diur.

Philob, ne cherche pas plus longtemps cette clé : je l’ai rangée avec celle du champ de tir!

Caplan, merci beaucoup pour ces outils indispensables. Ceci dit, si tu me trouvais directement un générateur de bouquins, je gagnerais beaucoup plus de temps…

Ysengrain, dois-je comprendre que vous bûtes ce texte comme du petit lait de Montrachet?

Ah! Les vocations!… Je compte beaucoup sur les boulons de quinze pour çà…

Haddock, il y a bien rapport avec Botul, mais Marie-Hélène, et seulement une fois par semaine, en général le mardi. Mais comment diable le sais-tu?

Tronchedesnake, sois heureux : le tome deux doit paraître prochainement aux Éditions Jaray-Devaux sous le titre Samsara du boudin blanc. Une bible!…

Levri, c’est l’éditeur qui a voulu. À l’origine, le titre était plus didactique : 12 règles pour une année pleine. Un genre d’almanach, en quelque sorte…

13)
Modane
, le 06.06.2012 à 17:51

Zit, connaisseur en diable! Veux-tu que nous co-écrivions le prochain film de Ruffian Productions? C’est une promotion pour le beurre en motte!

14)
Saluki
, le 06.06.2012 à 18:07

Je n’ai aucun mérite à poster le premier en ces temps : je suis à GMT —7 ! C’est juste après la sieste…

15)
zit
, le 06.06.2012 à 19:42

Yaisssse ! Chuis chaud ! Surtout si je peux en profiter pour m’écrire un petit rôle drôle à ma (dé)mesure…

z (le casting commence quand ? je répêêêêêêêêêêêêête : paske ça aussi, c’est important !)

PS : et le titre est tout trouvé : Le beurre en motte, ça me botte

PS 2 : en tout cas, moi, ça m’épate, l’éthique.

16)
pter
, le 07.06.2012 à 06:04

excellent, excellent. je vous admire tous pour ces traits d’humour. je vous envis. quel genie! et je reste calme (ne me prenez pas pour une guimauve, hein) merci pour ce grand bain de soleil!

17)
Jean-Yves
, le 08.06.2012 à 16:53

Je plussoie, ô combien, au commentaire d’Ysengrain (4).

Ah ! Il y a de l’Alphonse Allais, de l’Alexandre Vialatte et du Pierre Desproges là.

Alphonse Allais pour la sublime couverture de cette œuvre, qui n’est pas sans rappeler ce tableau fameux “Récolte de la tomate sur le bord de la mer Rouge par des cardinaux apoplectiques”. Et à parier que cette jeune et méconnue maison d’édition va faire un carton… rouge !

Alexandre Vialatte et Pierre Desproges pour le style.

Un vrai moment de plaisir. Merci !