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La Nuit (européenne) des Musées

Le 20 mai dernier a eu lieu la Nuit Européenne des Musées.

Le hasard des p’tites fêtes entre Amis nous a conduits à Sens, Capitale des Gaules, bien plus que Lyon.
Et voici pourquoi.
Au Moyen-Âge, ses archevêques portent le titre de “Primat des Gaules et de Germanie”! !..Et les évêques de Paris, Chartres, Orléans, Troyes ou autres lieux distants lui rendaient comptes, au sens de tribut.
Et ce, jusqu’en 1622. Les archevêques avaient alors un petit pied-à-terre à Paris, l’Hôtel de Sens, cher à mon cœur en ce qu’il abrite aujourd’hui la Bibliothèque Forney où mon papa passait des heures, et moi tout gamin avec lui, pour se perfectionner dans son métier d’ébéniste.

La ville est bâtie sur le plan de la cité romaine, avec, au centre-ville des rues perpendiculaires, le cardo et le decumanus. Les autres rues sont parallèles à l’un ou l’autre de ces axes. Il demeure des vestiges de la muraille et singulièrement des tours, bien évidemment habitées de longue date.

On a coutume de dire que les Sarrazins furent arrêtés à Poitiers en 732. Oui, mais cela ne les empêcha point de piller Sens la même année, soit quelques parallèles plus au nord.

En 1135, la construction d’une nouvelle cathédrale est décidée, ce sera la première d’un nouveau style, plus lumineux, plus élancé, dit gothique.

Rien que ceci nous a donné envie de terminer l’après-midi par une visite de cet édifice avant d’aller faire un tour au Musée, abrité dans la résidence des archevêques, toute voisine.

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Chez les Saluki, on ne fait pas les choses à moitié, donc, par mimétisme, nos amis également. Nos Sénonais (habitants de Sens), Jean-Pierre et Inès, avaient donc commis un érudit local pour nous offrir une visite privée de la cathédrale.

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Face au plan du lieu, le guide et les auditeurs.

En 1793, un groupe de marseillais, chantant peut-être déjà une rengaine qui allait devenir populaire, était de passage à Sens, allant vers le Rhin, et décapita toutes les statues de la façade, sauf une.

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La statue de St Étienne fut préservée parce que coiffée du bonnet phrygien !

Ce fut une belle occasion de voir, préservé de la bêtise iconoclaste, un exemplaire rarissime de la subtile statuaire champenoise

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Suivons le Guide.

Le cœur était séparé de la nef par un jubé aujourd’hui disparu.

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La grille a été heureusement préservée.

Bon nombre de techniques de la ferronnerie ont paradoxalement été perdues aujourd’hui, ce qui pose problème dans la restauration de certaines pièces des monuments historiques.

Un des bonheurs visuels de cette cathédrale sont les vitraux qui la parent et l’éclairent.

À ce propos, il est des temps que les jeunes d’ici n’ont point connu.
Pour tenter de rendre la bonne luminosité d’un vitrail, équipé de mes M ou de mon EOS1N, le “bracketting” s’imposait (il y avait même une fonction dédiée chez Canon qui prenait trois images en séquence avec des ouvertures variables).
Aujourd’hui, un coup de curseur dans LR suffit à évacuer le problème.

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Les deux rosaces des transepts traduisent la rivalité de leurs “sponsors” : “Moi je l’ai plus grande que toi !”

Il y a une particularité très singulière en ce lieu. D’une manière générale un vitrail est une fresque exemplaire qui relate une histoire qui doit “élever” l’esprit de celui qui le lit. Cela se fait de gauche à droite et de bas en haut.

Très rarement il y a eu des verrières qui se lisent de haut en bas, comme le Bon Samaritain de Bourges, et ici. Ne dites pas au BossPatrond’Ici, que l’image qui suit affiche un poids conséquent, il paie la bande passante… Mais elle en vaut vraiment la peine.

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N’hésitez pas à agrandir l’image.

Un outil vite indispensable lors de la visite de tels monuments doit permettre d’examiner en détail un objet distant. La bonne Maison Leica permet de ne pas avoir à emporter des jumelles de marine. Et procure un grossissement meilleur qu’un 400 mm !

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Le Monovid 8×20 à l’œuvre

Le “patron” du lieu est l’Archevêque. On voit ci-dessous les armoiries du prélat en place, Mgr Patenôtre (il faut le faire…). La liste de ses prédécesseurs est bien longue.

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Il trône sur la cathèdre, d’où le nom du lieu.

Les bâtisseurs de cathédrales étaient de grands artistes, sans réelles connaissances “mathématiques” de la résistance des matériaux, cf les écroulements de pans entiers des constructions, on verra plus avant le cas de Sens, mais avec une indéniable créativité.

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Admirons la fantaisie de cette croisée d’ogives avec pas moins de cinq clefs de voûte !

Le bonheur annexe ou essentiel, selon les tempéraments de chacun, est d’écouter la narration d’un guide aussi érudit que passionné.

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Où : “Quand le regard pétille !”

Avoir un tel guide ouvre aussi les grilles autrement inaccessibles, en particulier cette chapelle.

En 1765, le roi Louis XV perd son fils, le Dauphin, donc appelé à lui succéder, emporté par une maladie alors incurable, la tuberculose. Quelques mois plus tard, son épouse qui l’avait soigné avec amour, dérogeant aux règles du protocole, succombe à son tour parce que la tuberculose est…contagieuse. Ceci induit deux choses : le successeur de Louis XV sera son petit-fils, un certain Louis XVI, aux talents notoires d’horloger; et le chagrin du deuil aidant, la construction d’un catafalque somptueux vient emplir une chapelle latérale de la cathédrale de Sens. Preuve, s’il en était, de la considération que le souverain apportait à ce lieu, de ne pas enterrer à Saint-Denis sa descendance.

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Les deux côtés du monument portent les marques visibles des symboles des Lumières.

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Le blason du Dauphin comporte … des dauphins.

Au moment de quitter le lieu, une petite figure haut perchée dans les colonnes nargue le pécheur qui sommeille en nous :

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C’est l’excommunié qui rappelle le sort qui attend celui qui va à l’encontre des préceptes…

Vous allez m’objecter : “Et la nuit des Musées, c’est pour quand ?”

Maintenant, si vous avez une réclamation à formuler, écrivez-moi :

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N’oubliez pas votre marteau-piqueur pour la poster…

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Vous avez su attendre, ou vous avez le scroll facile, nous y voilà :

Le Musée jouxte la cathédrale : c’est l’ancien palais épiscopal.

Il possède de très larges collections issues de fouilles pratiquées sur des villas gallo-romaines ou des implantations plus anciennes.
Le parti-pris de la soirée est de faire découvrir les cinq … sens.
Des groupes s’ébranlent de demi-heure en demi-heure, et nous avons la chance d’être guidés par Madame le Conservateur, en personne.

L’humour bien connu du Saluki est sans prise sur la Dame quand je lui fais remarquer qu’aux cinq sens, il manque Camille, le sixième, à l’appel.

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Madame le Conservateur

La première station a pour objet l’Ouïe. Le brouhaha du forum romain est recréé par quelques membres du personnel du Musée, leurs amis et enfants.

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On s’y croirait.

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Le public est complice.

J’aurais pu piéger le lectorat, même averti de cuk. La photo du jardin de l’archevéché est prise presque à la nuit complètement tombée : pensez-donc, 0,8 seconde à 5,6 en 1600 ISO. Encore un coup de LR ;°)

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Méfions nous donc, d’une manière générale, de ce que les images veulent bien nous faire croire.

Pour ce qui est du Toucher, pas d’images car c’est un petit coup de farfouillette sous un drap auquel nous avons échappé.

L’Odorat nous a inquiété : faire brûler de l’encens et des feuilles de laurier sans exciter les détecteurs de fumée relève de la gageure ou du mauvais réglage ;°).
Nous avons évité le réveil des Sprinklers…

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Dans le genre Vestale…

La Vue, à elle seule vaut le déplacement à Sens pour admirer cette tapisserie de l’École flamande. Elle représente l’Annonciation. Une charmante jeune fille l’incarne la Vierge en attente de la Nouvelle.

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Un petit coup de projo à ne pas faire durer pour la santé des couleurs.

Tant pis à nouveau pour la bande passante, je ne résiste pas au plaisir de vous faire découvrir le détail du travail des lissiers d’antan.

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Un régal.

Pour ce qui est du Goût, j’ai dû faire face à un TRÈS cruel dilemme.
Soit, je vous portraiturais la délicieuse créature qui nous a présenté des truffes au chocolat délicieuses, et je passais devant la glace, étant donné l’empressement des foules à s’en saisir ; soit je la jouais au Saluki courant la gazelle et je conquérais ma proie de haute lutte.

Devinez mon choix.

Première conclusion :

Par l’entrebâillement d’une fenêtre, le côté sud de la cathédrale se dévoile à nos yeux.

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En sortant, la dissymétrie de la façade est mise en évidence. La tour sud s’est écroulée quand on a voulu la rehausser, un toît devait prendre place sur la tour Nord. Heureusement, la patte de Viollet-Le-Duc ne s’est pas appesantie sur l’ouvrage : à Paris, la flèche de Notre-Dame est son forfait le plus manifeste. Là le budget a heureusement fait défaut !

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ravalement en cours…

À une heure de Paris par l’autoroute A5, il y a une perle qui ne demande qu’à être ramassée par vos yeux et votre sensibilité. N’hésitez surtout pas, et croyez-moi.
Je ne suis pas parrainé par le Syndicat d’Initiative local.

Peut-être serez-vous tellement subjugués par ce lieu que, comme la majorité des Senonais, vous allez croire que le fleuve qui coule à Paris n’est pas la Seine mais bel et bien l’Yonne, la rivière qui irrigue Sens, et qui affiche un étiage bien supérieur au confluent de Montereau.

Deuxième conclusion :

J’ai écrit ce “bouche-trou” à partir d’une base arrière située à quelque six fuseaux horaires de ma Champagne. Je rassure le Boss d’emblée : on y trouve même des andouillettes de qualité et une soixantaine de marques de champagne, y compris les plus rares, détaxe îlienne oblige sûrement autant que la présence de “nouveaux Russes”…

J’ai l’habitude d’écrire mes humeurs en ouvrant deux écrans sur la même machine et singulièrement sur mon iMac27 de bureau, flanqué de son écran secondaire : celui de la saisie, avec la fenêtre en “Textile” ou html brut et un autre obtenu en envoyant l’enregistrement d’un côté et rafraîchissant l’affichage de l’autre.

Quand on n’a qu’un MBA et un iPad, on peut y arriver, à la condition de ne pas se tromper. Vous avez compris que j’ai dû ressaisir la quasi totalité de mon écrit : j’ai mis à jour à partir de l’iPad, je n’aurais pas dû, et ce que j’avais laborieusement saisi à partir du MBA s’est ÷envolé÷.

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Bon, il y a pire comme conditions de travail en ce moment, particulièrement en Émilie-Romagne.

Et, puisque nous sommes aussi dans le domaine du burlesque, l’affichage serait-il compromis par l’abus de Ti’Ponch? Que nenni, c’est bien le gag de la combinaison avec le photoscope de l’iPhone :

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Et poutant l’image s’affiche correctement à partir du DD mais aussi dans l’iPad…

Comprenne qui pourra/voudra.

3 commentaires
1)
fxc
, le 11.06.2012 à 19:14

Merci pour cet article fort passionnant.

Un autre édifice de ce type, Bourges exceptionnel à plus d’un titre, ayant en son sein une horloge astronomique ici, son palais Jacques Coeur, ses marais, et son musée des meilleurs ouvriers de France, liste non exhaustive des merveilles de cette ville chargée d’histoire

2)
Modane
, le 11.06.2012 à 21:16

0,8 seconde à 5,6 en 1600 ISO

Le résultat est sympa. On dirait un autochrome!

3)
zit
, le 12.06.2012 à 18:44

Alors pour le vitrail qui se lit à l’envers, j’ai la solution : sur les photos d’en haut, y sont tous à poil, c’est réservé aux grands !

z (sans foie ni loi, je répêêêêêêêêêête : la crise de foi ne passera pas par moi)