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La Quête de l’Absolu Numérique dans le Farfelu Argentique.

Encore des histoires de couleurs.

Vous vous en souvenez peut–être, j'ai changé il y a peu de temps mon Nikon D300s qui me donnait pourtant presque entière satisfaction, pour le tout riquiqui Nikon V1. Presque entière satisfaction, hormis un petit souci de rendu des couleurs dont je vous avais parlé il y a un moment, notamment en photos de concert, et particulièrement en ce qui concerne le rendu des rouges et de certaines couleurs apparentées.

Donc, ce problème, qui me dérangeait déjà pas mal pour les photos de concert (surtout qu'en argentique, j'ai parfois un rendu de rouges absolument magnifique, incomparable), mais là, pour photographier mon kiloptyque, le rendu de certaines couleurs était vraiment trop pitoyable, tellement loin de la réalité, en particulier pour certaines couleurs du côté du violet (et donc du magenta aussi) et du rouge, soit aux deux extrémités du spectre visible, j'en parle d'ailleurs déjà dans l'article sus–mentionné consacré au V1. Et le V1, bien que supérieur au D 300s, est encore largué sur certaines couleurs, toujours dans la même partie du spectre. J'ai donc décidé d'essayer le plus de capteurs possibles pour voir s'il n'y en avait pas un qui s'en sortait un peu mieux que les autres, c'est l'objet de l'article du jour.

Bon le plus de capteurs possibles, mais en restant dans des appareils « raisonnables », que peuvent s'offrir des amateurs qui aiment vraiment ça (et qui comme moi, n'ont pas, par exemple, de budget « véhicule polluant » ;o). Donc, pas de dos numériques Hasselblad ou Phase One, ni Leaf, ni même le Leica S2, on restera dans un budget à moins de 6000 € pour le boîtier. Ça pourrait être intéressant de confronter ces bêtes de studio à ce test, mais je n'ai pas eu le temps d'en faire plus, et j'avoue que je ne suis pas vraiment amateur du moyen format, je préfère de loin la chambre...

Attention, je ne dit pas qu'en argentique tout est parfait de ce point de vue, je me souviens même d'articles (dans Chasseur d'images) parlant d'un effet connu sur une fleur violette (ou pourpre, je ne sait plus trop) qui devenait, quel que soit le film, bleue (l'effet portait d'ailleurs le nom de la fleur, dont je n'arrive pas à me rappeler du nom), cependant, en argentique, il suffisait de changer de film pour changer de rendu des couleurs, c'était quand même bien plus évolutif et moins coûteux que de devoir changer d'appareil photo ! Et puis ces couleurs que les numériques ne voient pas, mes yeux les voient parfaitement sur les films argentiques qui composent ma mosaïque de 1024 images, et je ne suis pas le seul à les voir (j'ai vérifié ;o).

Le test.

J'ai pu emprunter quelques uns des meilleurs appareils du moment, juste quelques heures, le temps de faire quelques images du kiloptyque (malheureusement rien d'autre, pas eu le temps). Comme je n'ai pas pu emprunter tous les appareils en même temps, le cadrage choisi n'est pas toujours identique, mais je me suis focalisé à chaque fois sur les deux parties que je savais difficiles à rendre, vers le bas, sur la droite, comme sur la gauche, une série complète était amputée d'une bonne partie des couleurs en faisant l'intérêt. L'avantage avec ce sujet, c'est la parfaite reproductibilité des couleurs entre chaque test, et puis, je l'ai facilement sous la main... Enfin, sous l'objectif.

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Entourées en vert, les deux zones posant le plus grave problème, la flèche montre l'image sélectionnée (on notera que la partie centrale, avec le vert et le cyan, est largement surexposée, mais ce sont les zones précitées qui nous intéressent, qui elles, sont correctes (pas facile à reproduire, cette cochonnerie !).

Donc la suite en images, à chaque fois, je suis parti du raw, sensibilité minimum, avec un bracketing important à la prise de vues, choisissant toujours l'image qui me paraissait avoir le meilleur rendu pour les couleurs qui fâchent. Malheureusement, bien que sur pied, je n'ai pas eu la bonne idée d'activer le retardateur et je ne disposais pas de télécommande, les temps de pose étant plutôt critiques (entre 1/10 et 1 seconde), j'ai parfois un petit manque de netteté, mais ce n'est pas l'objet du test. Par ailleurs, à cause de la différence de taille des capteurs et du cadrage, les images extraites (toujours la même) sont parfois malheureusement toutes petites, mais elles permettent quand même de se faire une assez bonne idée pour ce qui concerne la chromie. Pour finir, ce n'est pas facile de juger pour vous qui ne connaissez (à part certains) pas l'original, ce n'est pas vraiment facile pour moi non plus, vu qu'il n'y a pas d'ordinateur dans mon atelier, et que de toute façons, je suis actuellement en vacance à la campagne (plus souvent chevauchant mon dragon que derrière un ordinateur), je travaille donc de mémoire, mais j'ai tellement photographié ces images là que je pense m'en souvenir assez bien...

Donc, par ordre alphabétique :

(en vue d'économiser de la bande passante, les images ont été réduites à 1600 pixels en dimension maximale)

Canon Eos 5 D Mk III + 90 TSE :

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La partie droite

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La partie gauche

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Détail à droite

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Détail à gauche

Fuji X Pro 1 + 1,4/35 :

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La partie droite

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La partie gauche

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Détail à droite

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Détail à gauche

Leica M9 + 1,4/50 :

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La partie droite

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La partie gauche

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Détail à droite

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Détail à gauche

Nikon D 4 + 2,8/55 Micro Nikkor :

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La partie droite

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La partie gauche

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Détail à droite

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Nikon D 4 + 2/105 AF DC :

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La partie droite

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La partie gauche

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 Détail à droite

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Détail à gauche

 

Nikon D 800 + 2/105 AF DC :

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La partie droite

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La partie gauche

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Détail à droite

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Détail à gauche

 

Olympus OM–D EM–5 + 12-50 :

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La partie droite

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La partie gauche

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Détail à droite

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Détail à gauche

 

Panasonic DMC–GX1 + 14–42 :

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La partie droite

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La partie gauche

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Détail à droite

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Détail à gauche

Tous ensembleu, tous ensembleu !

Bin oui, pas évident de se rendre compte comme ça, regardons les donc en groupe, pour voir :

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La droite :

  • L'Olympus (Oly01) est le seul vraiment complètement à côté de la plaque, c'est le seul à ne vraiment pas voir le magenta, qu'il transforme en bleu (exactement comme on peu l'observer en concert, quand un magnifique violet se transforme en bleu pâle avec rien dans le sac). Et encore, c'est un poil mieux que les Nikon D 300 s ou V1.
  • Le D4 (D401 et D 403) est celui qui donne de loin le plus de détails dans les ombres, tout comme dans les hautes lumières aussi, j'aurais quand même tendance à trouver qu'il est presque un poil trop magenta, mais c'est par rapport aux autres, pas mal du tout, donc.
  • Le 5 D Mk III (Can01) et le D 800 (D80001) sont vraiment très proches l'un de l'autre en chromie, bien que l'on voie ici la preuve de la meilleure dynamique du Nikon dans les hautes lumières (un poil cramées par le Canon), très bon résultat pour les deux.
  • Le Leica (Lei01) et le Panasonic (P01) sont aussi très proches (qui a dit, «Étonnant, non ?»), les seuls aussi avec le Fuji à ne pas rendre les ombres bleutées (est–ce la vérité, j'en ai un peu l'impression, mais il faudrait que je vérifie sur place). Le Leica me fait une super bonne impression pour ce qui est, à la fois du velouté des dégradés, comme du micro–contraste (c'est le seul de tout le test à ne pas baver sur le tout petit nuage dans la zone claire juste au dessus de la bulle).
  • Pour ce qui est du Fuji (Fuji01), l'image est malheureusement trop petite pour faire une bonne comparaison, mais il a l'air d'être vraiment excellent, très nuancé et très juste.

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La gauche (petite erreur dans le choix de l'image du Panasonic, mais on est de toute façon dans une série vraiment très similaire) :

  • Ce sont clairement les Nikon D4 (D402 et D404) et D800 (D80002) qui tirent le mieux leur épingle du jeu, avec un plus indéniable pour le D4, d'ailleurs.
  • Suivis de peu par le Fuji (Fuji02), ainsi que le Canon (Can02) et l'Olympus (Oly02), dans cet ordre qualitatif il me semble (c'est vraiment dommage cette différence d'échelle).
  • Le Leica (Lei02) et le Panasonic (P02) sont fortement à la traine, un poil mieux pour le Leica, mais pas fameux quand même.

Il faut noter que c'est sur cette série que le D300s donnait les plus mauvais résultats.

Conclusion

Bon, bin je crois que c'est clair, hormis l'Olympus un poil décevant, les boîtiers de la cuvée 2012 (Canon Eos 5 D MkIII, Fuji X Pro 1 et Nikon D4 et D800) on fait un gros progrès dans le rendu de certaines couleurs (il était temps). Le Leica M9, bien que trois ans leur ainé n'est vraiment pas ridicule (c'est le seul à être équipé d'un capteur CCD, tous les autres étant des CMOS) et le Panasonic de 2011 s'en sort à moitié bien. À voir ce que ça va nous donner comme résultats en concert, les photos que nous a montré François TheBigBossD'Ici du Rock 'n Poche me laissent un peu sur ma faim à ce sujet (je ne parle pas de la qualité des images, hein, juste une interrogation qui subsiste pour les couleurs), certes, les rouges ne sont plus infâmes, mais paraissent un peu marronasse, et je soupçonne certains magnifiques bleus d'avoir été plus purpurins...

Donc progrès il y a eu, importants... Mais quand même, je trouve un poil frustrant (vu que je n'ai pas du tout les moyens de me l'offrir) que le D4, le meilleur (à mon sens) de ce petit test, soit aussi, et de loin, le plus cher (le Leica mis à part, mais on n'est pas loin, à 5% près).

Grand absent, le Sony Nex 7 dont j'ai oublié les images quelque part dans mon disque dur à la ville, ce dont je suis absolument confus, je ferais une mise à jour dès que possible.

11 commentaires
1)
ysengrain
, le 12.09.2012 à 07:30

Et bien, ça c’est THE test.

On pourrait souhaiter de l’inspiration aux journalistes pro.

Enfin, le kiloptyque, oui, pourquoi pas ? mais les mires du commerce genre Passport Checker, ça ne va pas ?

2)
Inconnu
, le 12.09.2012 à 08:07

Un vol de papillons colorés dans un univers ravagé par la DXOmania ;o)

3)
iaka
, le 12.09.2012 à 09:22

Test très intéressant. Juste un peu frustré que les optiques utilisées sur l’Olympus et le Panasonic ne soient pas vraiment au niveau des autres (focales fixes bien lumineuses). Ils n’ont droit qu’aux pauvres zoom kits bon marchés… La qualité de l’objectif doit quand même pas mal influencer les résultat non ?

4)
lacardere
, le 12.09.2012 à 09:37

” je me souviens même d’articles (dans Chasseur d’images) parlant d’un effet connu sur une fleur violette (ou pourpre, je ne sait plus trop) qui devenait, quel que soit le film, bleue (l’effet portait d’ailleurs le nom de la fleur, dont je n’arrive pas à me rappeler du nom)”

C’est de l’effet “Ageratum” dont il est question.

5)
Stilgar
, le 12.09.2012 à 11:45

Concernant le Nex 7, c’est dommage car justement les Sony (Minolta) sont réputés pour leur colorimétrie.

Sinon superbe article instructif.

6)
Caplan
, le 12.09.2012 à 12:03

Moralité: Vive le noir et blanc!

7)
Modane
, le 12.09.2012 à 21:23

Oui, très intéressant. C’est Roland Serbielle qui va être content!

8)
François Cuneo
, le 12.09.2012 à 21:39

Moi le problème, c’est que je ne comprends pas où c’est “juste”!

Mais quel travail de nouveau, bravo!

9)
guru
, le 12.09.2012 à 23:16

J’attends la mise à jour pour le NEX7. Beau travail!

10)
zit
, le 13.09.2012 à 15:11

ysengrain, des tests avec les mires fourmillent, bien plus sérieusement élaborés, sur DPP, par exemple, mais ces mires ne reflètent absolument pas la réalité du problème auquel sont confrontés les capteurs avec le kiloptyque : une charte opaque a toute les chances d’être très bien rendue par la plupart des appareils, et ce, depuis un moment, car c’est sur quoi s’appuient (enfin, je l’espère) les fabricants de capteurs et les développeurs des logiciels internes des appareils quand ils les conçoivent. Le problème, avec les lumières de scène, et le kiloptyque, c’est que contrairement aux chartes qui sont des référents opaques, dont la photo est prise en lumière 100 % réfléchie, il s’agit là de couleurs lumières incidentes (je ne sais pas si ce sont les termes exacts à employer, mais c’est comme ça que je le vois, de même qu’avec une cellule à main, je ferais toujours une mesure en lumière incidente, les réflex ne mesurent qu’en lumière réfléchie). Et, apparemment, ça change tout, je pense d’ailleurs que les fabricants ne sont pas à blâmer, ils font le maximum pour que le résultat fourni soit le meilleur possible, mais que ce problème ne leur a juste pas effleuré l’esprit (ou alors, il trop difficile à résoudre, pour un nombre d’utilisateur en souffrant somme toute assez restreint), je pense que je pourrais louer un kiloptyque à un constructeur suffisemment décidé pour régler ce problème sans qu’il en aie nécessairement les outils lui permettant de le faire ;o).

Passant, j’aime bien, les papillons ;o).

iaka, oui, moi aussi, j’aurais bien aimé pouvoir les tester avec d’autres optiques, mais je pense que ça n’aurait eu que peu d’incidence sur le rendu colorimétrique, le piqué, la distorsion, le vignettage, oui, mais pas la chromie, et puis, c’est unanime, les pauvres zooms des kits bon marché, hormis une distorsion phénoménale en grand angle, sont en général excellents (bien que peu lumineux, mais de toute façon, j’ai fait tous les test à Ø8 ou Ø11). D’ailleurs, l’un comme l’autres ne s’en sortent pas trop mal, moins bons que les meilleurs, mais meilleurs que ce que j’avais eu jusqu’à présent.

lacardere, hraaa, merci ! je savais bien que je pouvais faire confiance aux lecteurs de cuk pour ça ! D’ailleurs, c’est un peu à cause ce mot sur lequel je buttais depuis un moment que je n’ai pas écrit ce test plus tôt, mais ma mémoire n’était pas si épouvantable, puisque j’avais fait des recherches sur «aguerapante», j’y étais presque ;o).

Caplan, je n’ai pas fait un film noir et blanc depuis plus de 20 ans, et pourtant, quand je vais à Paris Photo, par exemple, je ne tombe en arrêt que (ou presque) devant des images dépourvues de couleur, «Étonnant, non ?».

Modane, je n’ai pas le plaisir de connaître ce monsieur, mais une rapide recherche m’a appris qu’il émargeait chez les jaunes (mais les rouges n’ont pas à rougir, ni à magentir de leur résultat ;o).

François, je suis d’accord, je l’ai d’ailleurs exprimé en préambule, sans avoir l’original sous les yeux, c’est bien difficile de se faire une idée, mais, en gros, le détail gauche, avec un appareil d’ancienne génération donnait un résultat presque uniformément bleu, pire encore que ce qu’en montrent le Panasonic et le Leica, l’appareil était aveugle pour une couleur, et parfois, ça joue à très peu de choses…

Oui, guru, dès que je suis de retour dans les environs de la plus belle capitale que la France elle a au monde, j’essaye de remettre la main sur ces images du Nex 7, qui doit ne pas être trop mauvais, puisque c’est Sony qui fabrique la plupart des capteurs équipant les Nikon…

z (que ça amuserait beaucoup de débarquer à la Photokina avec son kiloptyque sous le bras, je répêêêêêêêêêête : et organiser le super concours du capteur le plus juste… ;o)

11)
Inconnu
, le 13.09.2012 à 15:51

en… passant: Pour l’effet ageranium et ton test, Zit.

Ce serait touffu à creuser, mais cela, en dehors du fameux effet, il y a celui, notable sur les photos de concert, et de plus en plus avec la généralisation des éclairage à LED ( pauvres en spectre) = Se superposent les carences des sources et des capteurs ( qui “surexposent” selon, une composante, notament pour atteindre les hautes sensibilités).

L’effet agéramium post-argentique ?

En ce sens, ton test est biaisé je pense. Mais je garde la “composante poétique” ;o)