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Auschwitz, 66 ans après…

En octobre 2011, cinq jours après ma visite de la zone de sécurité de Tchernobyl, je suis allé voir cet autre cimetière de l’humanité.

Que peut-on écrire sur les camps de concentration nazis qui n’ait pas déjà été écrit ? Comment traduire en mots ce que l’on peut ressentir en visitant de tels lieux ? J’y ai réfléchi tout au long des quatre heures que j’ai passées à arpenter les allées et baraquements des camps d’Auschwitz I et d’Auschwitz II Birkenau et je n’ai pas trouvé de réponse à cette question. Comme pour Tchernobyl, cette expérience ne peut que se vivre. Nous avons tous vu et revu mille fois ces images de la folie humaine, mais être sur place et superposer mentalement les plans de « Nuit et Brouillard » ou de « Shoah » à la réalité matérielle des lieux est une expérience indescriptible. Et encore, cette visite reste supportable car il manque une pièce au puzzle. D’une certaine façon, notre esprit nous empêche de « ressentir ». On ne peut se mettre mentalement ni à la place du bourreau, ni à celle de la victime. De fait, on se retrouve dans une autre dimension, simplement intellectuelle, de spectateur.

Je dois avouer que l’idée de faire cette visite me mettait mal à l’aise. Contrairement aux questions que je me posais avant d’aller à Tchernobyl, ici, il ne s’agit pas de voyeurisme, mais d’un refus inconscient de matérialiser l’inconcevable. Et c’est peut-être précisément pour cela que cette visite est nécessaire. Simone Veil écrivit « De la place que la libération d'Auschwitz occupera dans la conscience historique européenne, dépend largement ce que sera l'Europe future ».

Il n’en reste pas moins qu'il est difficile de trouver les mots justes pour partager cette expérience. J’ai parcouru sur plusieurs blogs les textes d’autres visiteurs d’Auschwitz, et même si certains sont très bien écrits, aucun ne parvient, à mon sens, à restituer la réalité des choses. Je n’aurai pas la prétention de mieux faire et m’en tiendrai donc à une simple description de déroulement de la visite et de quelques jalons factuels ou historiques.

 

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"Le travail rend libre"

La ville d’Oswiecim, le nom polonais d’Auschwitz, se situe à environ 70 km à l’ouest de Cracovie. Il fait gris et brumeux ce dimanche matin. Sur le parking, de nombreux véhicules ont des plaques étrangères. Près d’un million et demi de personnes visitent Auschwitz chaque année. Auschwitz I, le premier camp de concentration, ouvert en juin 1940 sur l’emplacement d’une ancienne caserne polonaise, a été transformé en musée, et le recours à un guide est obligatoire. L'accompagnatrice est une femme polonaise, d’une cinquantaine d’années, très digne. Sa maîtrise de la langue française est quasiment parfaite. Son visage semble habité par une profonde mélancolie. Elle me regarde souvent, probablement à cause de ma grande taille, et ses yeux clairs, presque translucides, me parlent autant que ses mots. Elle restera avec le groupe pendant les quatre heures que dure la visite puis s’éclipsera très discrètement, sans chercher reconnaissance ni gratification. Répéter tous les jours les mêmes descriptions de l’horreur ne doit pas être une tâche facile.

 

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Auschwitz I

Nous commençons par nous arrêter devant le portail du camp, surmonté de la célèbre et sinistre inscription « Arbeit macht frei » (Le travail rend libre). De chaque coté de ce portail partent les deux clôtures de barbelés électrifiés, encadrées par des miradors en bois. Nous visiterons ensuite trois ou quatre baraquements, dont le plus oppressant est celui où est exposée une partie des effets personnels des victimes du camp. On y découvre des montagnes de valises, le nom de leur propriétaire peint en blanc dessus, évoquant autant de pierres tombales. Plus loin, des dizaines de milliers de paires de chaussures, de lunettes, d’articles de toilette. Plus sinistre encore sont les sacs de cheveux. Les têtes étaient rasées et les cheveux utilisés par l’industrie textile allemande… Quelques milliers de photographies anthropométriques sont exposées dans un long couloir blanc, mentionnant le nom du détenu, sa date de naissance, sa date d’arrivée dans le camp et la date de sa mort, parfois seulement quelques jours après son arrivée. Il y a là des enfants, des jeunes, des moins jeunes, des vieillards, des hommes, des femmes. Rapidement, les photos furent remplacées par un numéro tatoué sur le bras gauche, rendant plus facile l’identification de ces corps décharnés ayant perdu toute apparence humaine.

 

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Les premières victimes d'Auschwitz I

Le bloc 10, qui n’avait d’hôpital que le nom, était celui où les médecins SS se livraient, entre autres, à des castrations, des stérilisations ou encore à des expérimentations pseudo-scientifiques sur les nouveaux-nés. Le sinistre docteur Josef Mengele, surnommé « L’ange de la mort », s’intéressait particulièrement aux enfants jumeaux. Nous traversons l’allée au bout de laquelle étaient abattus chaque jour, d’une balle dans la tête, les détenus condamnés à mort par le tribunal du camp. Celui-ci siégeait dans le bloc 11, la « prison », dans le sous-sol duquel eurent lieu les premières expériences de gazage au Zyklon B, sur des centaines de prisonniers de guerre russes et de malades. Dans ce même bâtiment, des cellules étaient réservées aux condamnés à mort par inanition (privation de nourriture). Les plus résistants étaient achevés par une injection de phénol dans le coeur…

 

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Le mur des exécutions, entre les blocs 10 et 11

A la fin de la visite du camp-musée d’Auschwitz I, nous passons devant la potence où fut pendu en avril 1947 Rudolf Höss, le commandant du camp. Une cinquantaine de mètres plus loin, nous pénétrons en silence dans le bloc d’extermination et traversons la chambre à gaz et la salle attenante où se trouvent les trois fours crématoires. Ce bâtiment ayant été reconverti en abri anti-aérien en 1943, il a été reconstitué à l’identique après la guerre, avec les éléments originaux restés sur place. Certains visiteurs du groupe s’attardent, moi pas.

 

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Auschwitz I

Il est 14h15 et nous en sommes à la moitié de notre visite. Auschwitz est en fait un immense complexe composé de trois camps principaux et d’une quarantaine de camps secondaires. Les trois principaux sont Auschwitz I, le camp « souche » original, Auschwitz II Birkenau, qui compta jusqu’à 90000 détenus, et Auschwitz III Monowitz, ce dernier fournissant la main d’oeuvre au groupe industriel allemand IG Farben. Celui-ci a construit une usine à proximité du camp d’Auschwitz III Monowitz et exploite 10000 détenus. La seconde partie de la visite va nous mener au camp d’extermination d’Auschwitz II Birkenau, distant de trois kilomètres. Pour nous y rendre, nous prenons un bus qui assure la navette toutes les trente minutes.

 

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Auschwitz II Birkenau

Le camp d’extermination d’Auschwitz II Birkenau s’étend à perte de vue. Il couvre une superficie de 170 hectares et a été construit dans une zone marécageuse, à l’emplacement du village de Brzezinka, détruit pour l’occasion. Contrairement à Auschwitz I, aménagé en musée, Auschwitz II a été laissé en l’état, ce qui lui donne une dimension émotionnelle encore plus forte. Le camp est séparé en deux parties, l’une pour les hommes, avec des baraquements en bois, et l’autre pour les femmes, avec des baraquements en brique. Les deux parties sont dans la même enceinte, entourée de miradors, mais isolées l’une de l’autre par des clôtures de barbelés électrifiés. Au centre, se trouve la voie de chemin de fer, prolongée jusqu’à l’intérieur du camp en 1944. C’est là qu’arrivaient les déportés dans des wagons à bestiaux, après plusieurs jours de voyage dans des conditions épouvantables. Certains succombaient en route, de faim, de maladie ou d’asphyxie. Parmi ceux qui arrivaient vivants, seuls 10% étaient internés dans le camp. Tous les autres étaient directement envoyés à la mort dans les quatre chambres à gaz, puis leurs corps étaient incinérés dans les crématoires. La sélection, totalement arbitraire, était faite à la descente du train par les médecins SS. Les femmes enceintes, les enfants et les vieillards étaient systématiquement envoyés aux chambres à gaz. Ceux qui n’étaient pas gazés mouraient rapidement d’épuisement, de froid (-30° en hiver), de malnutrition ou de maladie (typhus en particulier), lorsqu’ils n’étaient pas simplement abattus. Les détenus étaient tous soumis au travail forcé. On estime que sur le 1,3 million de personnes qui sont entrées à Auschwitz, environ 1,1 million n’en sont pas ressorties vivantes.

 

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Auschwitz II Birkenau : un baraquememt réservé aux hommes

Dans la partie du camp réservée aux hommes, une rangée de baraquements a été reconstruite, le bois ayant été récupéré après la guerre pour en faire du combustible. Des autres baraquements, il ne reste que le contour de l’emplacement et le tunnel central de chauffage. Nous avons visité l’une des baraques dortoir ainsi que les latrines. Il m’est impossible de décrire ici les inimaginables conditions de survie des détenus. Les nombreuses photos disponibles sur le réseau Internet valent dix mille mots.

Nous nous sommes ensuite dirigés vers l’emplacement des chambres à gaz, souterraines ici, et de leurs crématoriums. Il n’en reste plus que des ruines, les nazis ayant tout dynamité à l’approche de l’Armée Rouge, fin 1944. A proximité, quatre stèles anonymes ont été érigées près d’un petit cratère au fond duquel stagne un peu d’eau. On a retrouvé là quelques cendres appartenant à quatre corps humains. Au bout du camp, près de l’emplacement des chambres à gaz, un monument a été dressé et 21 plaques commémoratives ont été posées, avec le même texte en autant de langues différentes : « Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants, en majorité des Juifs de divers pays d’Europe, soit à jamais pour l’humanité un cri de désespoir et un avertissement. Auschwitz – Birkenau 1940 – 1945″.

 

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Ruines du crématorium II

Sur le chemin du retour, le long des voies de chemin de fer, nous nous sommes arrêtés à l’un des baraquements en briques qui était occupés par des femmes. Le sol creusé portait toujours les stigmates de leurs souffrances.

Là s’est achevée silencieusement ma visite.

 

Crédit photos : Thibaut BdlP (sauf Arbeit Macht Frei)

22 commentaires
1)
Saluki
, le 13.02.2012 à 00:36

C’est un endroit emblématique.

Mais il n’y a pas besoin d’aller si loin : Natzweiller, en Alsace, c’est à deux pas. Et là, on ne peut pas dire : C’était bien loin, là-bas en Pologne…
Il n’y a même pas besoin de quitter son écran

Et c’est chez nous. N’oublions pas et surtout pas tant qu’il existe des grappilleurs de ces idées-là à qui on n’a pas encore cloué le bec.

2)
Inconnu
, le 13.02.2012 à 05:27

Oui, nous avons en France le camp de Natzwiller-Struthof. Je me souviens y avoir été avec un groupe d’adolescents qui en avaient été marqués…

3)
Caplan
, le 13.02.2012 à 07:53

Merci Smop. Sur le même sujet, je viens de terminer le livre MetaMaus.

Présentation de l’éditeur.Vingt-cinq ans après la publication de MAUS (prix Pulitzer 1992), Art Spiegelman revient sur le chef-d’oeuvre qui a changé à jamais notre vision de la littérature, de la bande-dessinée et de l’Holocauste. Art Spiegelman explore les questions cruciales soulevées par MAUS (Pourquoi l’Holocauste? Pourquoi les souris? Pourquoi la BD?) et propose une oeuvre essentielle sur le processus de création. METAMAUS est accompagné d’un DVD comprenant la version numérisée de L’intégrale MAUS : un survivant raconte, assortie d’archives sonores très fournies des enregistrements de son père, survivant des camps, de documents historiques, ainsi que d’une multitude de carnets personnels et de croquis. Intime et fascinant, METAMAUS est appelé à devenir un véritable classique.

Je m’étais procuré le premier tome de MAUS en 1987 et cette BD, qui est un sommet de complexité et de sensibilité, est restée l’un de mes livres de chevet. Si vous ne l’avez pas encore lue, vous avez manqué quelque chose, non seulement en rapport avec l’Holocauste, mais beaucoup plus largement sur le problème de la conscience.

5)
djtrance
, le 13.02.2012 à 08:53

Quel témoignage! Poignant!

Ces lieux chargés d’histoire, souvent tragiques… Ca en est presque bouleversant. Cela me fait penser à la presqu’île de Spinalonga, en Crète, que j’ai visité dernièrement dont l’histoire, le lieu, les témoignages m’ont plus que touchés.

6)
Tristan Boy de la Tour
, le 13.02.2012 à 09:21

Magnifique reportage, merci Smop.

J’ai visité il y a plus de dix ans le camp de Dachau, j’ai ressenti la même chose… A l’entrée il y avait des groupes rigolards, genre touristes faisant les attractions du coin! A la sortie, ça ne rigolait plus du tout…

Je me suis toujours demandé pourquoi des gens voulaient absolument nier l’existence des chambres à gaz. Peut-être faire comme-ci les internés des camps étaient de simples victimes de guerre? Et expliquer ensuite que la guerre ne peut en aucun cas générer un génocide? Probablement aussi «expliquer» que les vainqueurs de la barbarie nazie, ce sont eux les salauds, les menteurs, les comploteurs, que c’était mieux avant, quand le petit moustachu était au pouvoir, on avait du travail, des autoroutes etc… «C’était mieux avant», on nous ressort ça à chaque catastrophe, chaque génocide, comme s’il n’y avait rien à apprendre, qu’on ne pouvait rien y faire…

Pauvre humanité!

7)
Lothera
, le 13.02.2012 à 20:48

Ne j’aimais oublier

8)
Anne Cuneo
, le 13.02.2012 à 20:50

J’ai visité ée camp de Mauthausen, où soit dit en passant ont péri plusieurs membres de ma famille (grande-tante, grand-oncle, petits-cousins), pour un reportage que je faisais sur sa libération. Entre parenthèses, il faudra que je vous refasse ce reportage ici, c’est une histoire absolument incroyable. Heureusement que j’étais avec une équipe solide, car au bout d’un moment je n’ai plus supporté. Je ne rigolais pas en entrant, mais en sortant j’étais en sanglots.

9)
Gisors
, le 13.02.2012 à 21:53

Il y également le livre beau et poignant de Daniel Mendelsohn, «Les disparus» .

10)
ReReX
, le 14.02.2012 à 18:25

J’ai un “problème” avec ces photos. Je les trouve belles, et ça me perturbe de trouver une quelconque forme de beauté dans cette atrocité.

11)
Tom25
, le 14.02.2012 à 21:03

Comment peut on hair à ce point ? En arriver à de telles atrocités ?
J’arrive à m’expliquer des coups de folies, des pétages de plombs de quelques secondes voire de quelques minutes, mais là !?
La majorité des tortionaires le faisaient-ils par peur, ou étaient-ils convaincus de bien agir ?

12)
jesopog
, le 14.02.2012 à 22:39

Les immenses souffrances des innombrables victimes du nazisme, malgré les difficultés, les épreuves rencontrées par tous ceux qui, néanmoins, avec persévérance, ont tenu et réussi à témoigner, sont maintenant portées par une mémoire dont la légitimité n’est pas contestable. Livres, films, débats dans les médias, lieux de mémoire, etc… y contribuent.

Pour moi – démarche personnelle, mais pas originale pour autant – s’est très vite imposé le besoin de savoir ce qu’avaient été, au juste, les crimes du communisme – cet autre totalitarisme anti-humaniste du XXe siècle. Pour s’en faire un idée, je vous suggère de lire ces auteurs, grâce auxquels j’ai personnellement beaucoup appris : Alexandre Soljenitsyne, Varlam Chalamov, Evguénia Guinzbourg, Nathan Chtcharansky, etc… Et, plus récemment : Julius Margolin : “Voyage au pays des Ze-Ka”, Le Bruit du Temps Éditeur, 2010.

En Occident, il semblerait que nous n’avons pas une conscience historique à la hauteur de l’immense drame qui s’est réellement passé. Pour ne prendre qu’un seul exemple : en ex-Urss, l’équivalent d’Auschwitz n’existe pas.

13)
jesopog
, le 14.02.2012 à 22:42

Je rajoute : l’équivalent d’Auschwitz n’existe pas comme lieu de mémoire et de recueillement. [mes excuses]

14)
Tom25
, le 15.02.2012 à 09:49

Oui, d’ailleurs, dans les émissions relatant la fin de la guerre 39-45, on parle souvent des centaines de milliers (millions ?) de soldats Allemands partis dans les prisons Russes dont seulement 10% sont revenus. Et il est bien questions des soldats, pas des gardiens des camps de la mort.
Mon grand-père, qui a passé quasiment toute la guerre (soit 5 ans environ) dans les prisons Allemandes, ne m’a jamais dit de mal de l’armée Allemande. Bien entendu il parlait de la Wehrmacht et non des SS. Il y avait une sorte de compassion car tous subissaient la guerre. C’est pourquoi je m’interroge sur l’attitude des Russes.
Mon grand père disait aussi que lorsqu’ils avaient évacué le camp de prisionniers situé à l’est de l’Europe suite à l’avancé des Russes, ils n’étaient que peu surveillés. D’abord, comme il le disait, ils marchaient dans la bonne direction (vers l’ouest), mais aussi, ils préféraient rester prisonniers des Allemands que de se mettre à la merci des Russes. Ces derniers leur coupaient les doigts pour leur voler leur bagues.

Donc oui, moi aussi je suis surpris que l’on parle aussi peu des soviétiques.

15)
lucienpochet
, le 15.02.2012 à 11:08

J’ai un peu de mal à toujours entendre la critique communisme=nazisme ! Dans tous les pays du bloc occidentale, que l’on me cite un seul coco qui ai été persécuteur ! Des brigades Internationales à la résistance ils ont tujours été là, et peut-être aussi dans un futur proche avec la renaissance des Ligues dans toute l’Europe. Après la défense du “pauvre soldat allemand” différent des SS est une fausse idée, en 2010/2011 une exposition allemande a été réalisé sur les crimes de la Wehrmacht. Regardez en Gréce, Yougoslavie, Albanie, etc… Cet amalgame permet aujourd’hui les discours des pires personnages, toujours des victimes désignées : juifs, roms, arabes, communistes, homo, la liste est sans fin et déjà présente dans les camps, malgré votre distinction de camp de travail et de concentration, la fin était la même ! Et un peu de respect pour les victimes et les combattants civils et militaires.

16)
zit
, le 15.02.2012 à 12:27

Allez donc écouter Joseph Bialot sur le sujet, c’est tout frais (22 janvier 2012) :

Ya pas de tombes à Auschwitz, ya eu un million de morts, environ, et ya pas de tombes, tout s’est passé en nuages. Une de mes grandes revendications, qui n’aboutira jamais, moi je veux qu’on ferme Birkenau. Que Aushwitz soit transformé en musée, un truc à touristes, à touristes et à mémoire aussi, faut moduler, mais à Birkenau, vous marchez sur des cendres humaines, la terre est imprégnée de cendres, et moi, j’aimerais bien qu’on ferme, et qu’on plante des arbres, et qu’on ferme sa gueule…

z (rien à ajouter, je répêêêêêêêêêêêête : […])

17)
jesopog
, le 15.02.2012 à 12:59

« communisme=nazisme »

Cette analogie, en effet, est farouchement contestée et totalement rejetée par l’obédience communiste pour laquelle les crimes, si tant est qu’il faille les nommer comme tels, selon eux, seraient néanmoins excusables, en raison des louables intentions, les fins dernières promises par l’idéologie. Ce ne serait donc que la méthode… qui aurait “dérapé”. Explication qui ferait peu de cas des propos de Lénine lui-même qui, après la prise du pouvoir en novembre 1917, avouait déjà que les objectifs ne seraient jamais atteints et que le mensonge serait inévitable.

Vassili Grossman, correspondant de guerre soviétique (en particulier à Stalingrad), dans son roman “Vie et Destin”, fut amené à rapprocher les deux totalitarismes.

Margarete Buber-Neumann, par ses deux récits : “Déportée en Sibérie” puis “Déportée à Ravensbrück” y avait exposé, après en avoir vécu les deux expériences, la réalité des camps nazis et des camps soviétiques – tout à fait similaire.

Ne pas oublier Katyn, en Bielorussie, où les bolcheviks ont assassinés, froidement, d’une balle dans la nuque — des milliers de personnes — à savoir les officiers polonais et les élites civiles faits prisonniers après l’attaque de la Pologne par l’Urss en septembre 1939. Crime, par parenthèse, qui ne sera finalement “avoué” que tardivement… par Boris Eltsine.

Au sujet des Brigades internationales, qui furent décidées par le Komintern et qui passèrent ipso-facto sous la coupe du NKVD, elles ont été le bras armé de la politique extérieure stalinienne. La pureté des intentions des engagés volontaires dans les BI ne fait aucun doute. C’est pourquoi, il est si triste et écœurant de constater a posteriori que l’on se soit servi d’eux avec autant de mépris.

George Orwell dans son “Hommage à la Catalogne”, écrit en 1938 après son passage de combattant volontaire au sein des BI, aborde cette question.

Certains auteurs, par exemple Hugh Thomas dans son livre “La Guerre d’Espagne, mentionne l’épuration pratiquée par les agents du NKVD au détriment des autres composantes, combattant dans le camp républicain.

Merci à tous ceux qui auront bien voulu me lire de ne pas me considérer comme un “donneur de leçon” mais plutôt comme un “amoureux de l’Histoire”, pour qui les faits sont toujours plus importants que les “mythes”.

18)
lucienpochet
, le 15.02.2012 à 14:12

Je connais ces arguments jesopog, mais en fait ils sont toujours sous l’angle idéologie et non pas d’individus. Tu parle des Brigades Internationales, lorsque j’étais ado, j’en ai rencontré un qui était mineur à carmaux et qui était parti se battre contre “LA BETE” et c’est un peu court de dire qu’il s’était trompé ! Car je ne plains pas le manque de signatures pour M. Lepen ! Le Conseil de la Résistance avait bien fait les choses et petit à petit on rogne les mesures prises et on arrive même à en plaindre l’extrême droite alors que l’on observe l’application en Hongrie au sein de l’Europe qui méprise les Grecques !

Mais dans ces camps, ils avaient des numéros mais pour nous ils étaient des personnes et c’est à travers des poèmes que l’on comprend mieux :

L’affiche rouge – Louis Aragon – Léo Ferré

Vous n’aviez réclamé la gloire ni les larmes Ni l’orgue ni la prière aux agonisants Onze ans déjà que cela passe vite onze ans Vous vous étiez servi simplement de vos armes La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants L’affiche qui semblait une tache de sang Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos photos “Morts pour la France” Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre A la fin février pour vos derniers moments Et c’est alors que l’un de vous dit calmement Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie Adieu la lumière et le vent Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erévan.

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline Que la nature est belle et que le coeur me fend La justice viendra sur nos pas triomphants Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois, amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant

ou Nuit et brouillard – Jean Ferrat :

Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent

Ils se croyaient des hommes, n’étaient plus que des nombres Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés Dès que la main retombe il ne reste qu’une ombre Ils ne devaient jamais plus revoir un été

La fuite monotone et sans hâte du temps Survivre encore un jour, une heure, obstinément Combien de tours de roues, d’arrêts et de départs Qui n’en finissent pas de distiller l’espoir

Ils s’appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou D’autres ne priaient pas, mais qu’importe le ciel Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux

Ils n’arrivaient pas tous à la fin du voyage Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux Ils essaient d’oublier, étonnés qu’à leur âge Les veines de leurs bras soient devenues si bleues

Les Allemands guettaient du haut des miradors La lune se taisait comme vous vous taisiez En regardant au loin, en regardant dehors Votre chair était tendre à leurs chiens policiers

On me dit à présent que ces mots n’ont plus cours Qu’il vaut mieux ne chanter que des chansons d’amour Que le sang sèche vite en entrant dans l’histoire Et qu’il ne sert à rien de prendre une guitare

Mais qui donc est de taille à pouvoir m’arrêter ? L’ombre s’est faite humaine, aujourd’hui c’est l’été Je twisterais les mots s’il fallait les twister Pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez

Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent

19)
jesopog
, le 15.02.2012 à 15:21

« c’est un peu court de dire qu’il s’était trompé ! »

Si vous relisez bien ce que j’ai écrit, je dit exactement le contraire, à savoir qu’il a été trompé, que l’on s’est servi de lui — comme de beaucoup d’autres, qui ont pu en garder rancune, avouée ou non, parce que non avouable à soi-même.

Je ne sais à l’avance si le lien passera dans mon message. Il s’agit de l’hymne des combattants sur le front de l’Èbre. En souvenir ému de cette épisode de la Guerre d’Espagne, je tente :

http://www.deljehier.levillage.org/telechargements/el_ejercito_del_ebro.mp3

P.S. : Rassurez-vous, je n’ai aucune accointance avec les droites — extrêmes ou pas, qu’elles soient française ou hongroise ou d’ailleurs.

22)
lnk
, le 16.02.2012 à 23:15

Pardon pour le doublon, je me suis pris les pieds dans le tapis.