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Le Cloud: La tête dans les nuages en espérant

S’il y a un sujet qui revient souvent sur le devant de l’actualité, c’est bien le Cloud. Décliné à toutes les sauces, jamais un mot n’a finalement donné lieu à autant d’interprétations. Au risque de me joindre au brouhaha ambiant, je vous propose ci-dessous ma propre compréhension de ce terme et de ses conséquences proches sur nos vies numériques.

Petit historique

Le nuage a commencé comme une métaphore pour Internet, simple pictogramme pour représenter le réseau  de serveurs et PCs interconnectés, lui-même hérité des opérateurs télécom représentant ainsi leur infrastructure, ceci depuis les années 90.

Toutefois, la véritable arrivée du cloud il y à moins de cinq ans fut la conséquence de la disponibilité de certaines technologies permettant (enfin) l’accès à des ressources informatiques de la même façon que pour d’autres « utilités » telles que l’eau, le gaz ou l’électricité : au débit.

Bien que n’étant pas vraiment un expert IT, il me semble cependant que durant de nombreuses des années, le défi permanent des responsables des systèmes d’informations était de bâtir des infrastructures dimensionnées pour anticiper les besoins à venir et les charges maximales au meilleur prix. Cela revient quelque peu à sur dimensionner votre dressing en prévision des habits que vous allez y stocker tout en minimisant la surface occupée dans votre appartement (désolé pour l’exemple...). Ne serait-il pas plus simple d’obtenir une capacité de stockage de vêtements, à la volée, suivant vos séances de shopping (augmentation) et de recyclage (réduction) ?

D’après une étude réalisée par McKinsey en 2009, le taux moyen d’utilisation des serveurs dans les centres de calcul des entreprises était de 10% ! Autant dire que 90% du temps, les serveurs ne servaient à rien si ce n’est qu’à grever le budget IT et chauffer l’atmosphère… A titre de comparaison, à la même époque, Google arrivait déjà à un taux d’utilisation de près de 35%.

De plus, ce constat pouvait être étendu en plus du temps CPU (évalué à 45$/CPU par mois), aux capacités de stockage (0.10$/Go/mois) et de trafic réseau (0.34$/Go/mois). En effet, de la même façon qu’il s’agit d’anticiper les besoins en terme de calcul (CPU), l’entreprise doit relever le même défi pour ses bases de données et le volume de données échangées avec le reste du monde ; tout comme losque vous devez choisir un forfait data pour votre téléphone mobile (150Mo ou 3Go ?).

Fut ainsi inventé le cloud computing permettant de consolider les besoins de plusieurs entreprises dans de grands « data centers » grâce à la standardisation de l’architecture CPU (Intel principalement), de la virtualisation permettant de faire fonctionner plusieurs serveurs sur un même ordinateur, et de la généralisation des bases de données SQL. En plus des coûts physiques (serveur, disque et fibre optique), de par la grande standardisation des matériels, le besoin en personnel diminuait d’autant : de 140 serveurs par administrateur, on passait alors à plus de 1000 !

La pile du cloud

A partir de cette virtualisation des capacités informatiques (CPU, stockage et réseau), s’est développé progressivement une organisation en couche des acteurs proposant leur valeur ajoutée dans un joyeux désordre propre aux nouveaux eldorados, allègrement financés par des VCs flairant le bon placement. Il existe plusieurs visions de cette pile, je vous présente ici celle sur laquelle j’ai travaillé.

Tout d’abord, le cloud computing devint « Infrastructure as a Service » (IaaS) ou simplement « Infrastructure » ; les serveurs, bases de données et accès réseau étant rendu virtuels et facturés à l’usage. C’est le cas pour Amazon qui propose l’utilisation de sa propre infrastructure avec Amazon Web Services.

Afin de gérer efficacement la perpétuelle évolution des besoins IT, des sociétés ont commencé à proposer des solutions pour concevoir et gérer ces infrastructures virtuelles, créant ou tuant ainsi des instances de serveur suivant des règles préétablies, et équilibrant les échanges entre les différents nœuds du réseau. On parle alors de la couche « Platform as a Service » (PaaS) ou « Plateforme » qui au fil du temps s’est enrichie avec des services aux entreprises tels que la facturation, la gestion de l’identité (Facebook) ou l’analyse de performance. Bien souvent cette offre est complétée par un jeu d’API permettant l’intégration logicielle. Google avec son App Engine est un des principaux fournisseurs de PaaS.

Puis arrive la partie service proprement dite. Initialement appelée « Application as a Service » (AaaS), elle propose un accès à la demande de licences et fonctionnalités permettant de s’adapter aux besoins variables de l’entreprise ; l’utilisation principale restant la gestion de la clientèle (CRM) et des ressources de l’entreprise (ERP). Cependant, je préfère de parler de la couche « Service » car il ne s’agit pas forcément de proposer l’accès à un logiciel mais surtout de proposer une solution complète à un besoin, tel que la gestion de votre réseau social avec Facebook.

Reste le problème de l’interface avec l’utilisateur final. Initialement, l’accès se faisait grâce au navigateur web, tels que pour les offres de PeopleSoft, SAP, Facebook, Amazon, etc. Cependant, dans le cadre d’une expérience plus satisfaisante, en particulier sur des plateformes mobiles, des applications clientes sont développées pour accéder aux services du cloud. Dans le cadre de Facebook, on peut par défaut accéder à son compte à partir de n’importe quel navigateur web, mais surtout à l’aide d’applications plus ou moins intégrées dans l’OS hôte. Ainsi, Facebook dispose de sa propre « app » sur iPhone, d’un plug-in pour MeeGo et est directement intégré dans Windows Phone. Il s’agit là de la couche « Client » qui va déterminer en grande partie la qualité de l’expérience de l’utilisateur final : du web pour les entreprises, les employés n’ayant pas le luxe de pouvoir choisir entre différents clients, à la multitude d'apps telles que pour Twitter sur iPhone.

D’un point de vue économique, la monétisation de chaque couche de la pile du cloud est sensiblement différente de celle des autres. Pour ma part, je considère qu’il existe quatre modèles de monétisation :

  • publicité (modèle indirect)
  • transactionnel (direct)
  • abonnement (direct)
  • à l’usage (direct)

La table ci-dessous illustre la difficulté de construire un écosystème Cloud rentable car il s’agit de transformer des flux financiers indirect et transactionnel en abonnement et à l’usage (diagonale).

Couche Publicité Transactionnel Abonnement A l'usage
Client X X    
Service X x X x
Plateforme     X X
Infrastructure     X

Le cloud grand-public

Jusqu’à présent les solutions basées sur la pile du cloud proposées aux consommateurs que nous sommes étaient limitées à des domaines bien précis, tel que les réseaux sociaux (Facebook), le partage de photos (Picassa) ou de fichiers (Dropbox). Avec la présence d’un nombre grandissant de bidules électroniques dans nos foyers, nous nous retrouvons devant le problème de la gestion de nos données personnelles, la synchronisation fonctionnant rarement au delà de deux nœuds, téléphone et PC par exemple.

Ainsi, Apple propose aujourd’hui une collection de services regroupés sous le nom iCloud pour gérer vos contacts, agendas, courriels, photos et documents (iCloud), votre musique (iTunes Match), et vos fichiers (MobileMe ?) ; ceux-ci accessibles à partir de vos iPhone, iPad et Mac. On peut facilement anticiper un service équivalent chez Microsoft avec des clients pour Windows Phone, Slate, Xbox et PC. Je me suis laissé dire que certains opérateurs télécoms développent également des offres similaires pour leurs clients…

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Mais que faire lorsque vous avez un Windows Phone, un Mac, un iPad et une Xbox chez vous avec la « box » d’accès internet de votre opérateur ? Pour l’instant, rien à part prier… ou bidouiller en créant des passerelles plus ou moins solides entre un cloud et un autre, le client étant responsable des échanges, et surtout de longues séances de désespoir ! Car il est vrai que le « personal cloud » est le nouveau cheval de Troie qui va vous faire rester ad vitam æternam chez un fournisseur. En fait, il manque chez chacun des acteurs du marché (Apple, Microsoft, Google, etc.) la possibilité d’interconnecter leurs offres avec d’autres et surtout de quitter leurs nuages en récupérant les données que vous y avez déposé !

image

ou iRain?

Cette situation est principalement due au caractère vertical des offres, couvrant bien souvent trois voire quatre couches de la pile, et surtout à la volonté hégémonique de ces sociétés voulant se garantir une nouvelle rente après celle de l’OS qui équipait vos PCs.

Je terminerai donc par une mise en garde : avant de choisir l’une ou l’autre des solutions de personal cloud qui vous est proposée, sachez que vous en serez tributaire pour longtemps !

10 commentaires
1)
F1oren
, le 31.01.2012 à 08:25

la présentation générale est intéressante mais la dernière partie semble un peu légère ex :

iCloud fonctionne sur Windows

le mélange Dropbox (fichiers) + Google App (mails, documents, contacts etc) permet d’avoir une solution cloud cross plateforme, synchronisée

OVH propose aussi sa solution cloud multiplateforme http://www.ovh.fr/hubiC/

2)
FraggyFred
, le 31.01.2012 à 09:47

Bonjour

OVH “prépare une offre” car les clients Mac et Linux viendront après le client Win qui est lui même en béta Seul le client iOS est actuellement dispo (et il est simplissime) On sent bien que le Cloud sera la prochaine étape et chacun avance ses pions

DropBox, bein que simple, (couplé à Plaxo) reste mon favori actuel avant de passer à 10.7 et tester iCloud

Bonne journée

3)
Arnaud
, le 31.01.2012 à 10:00

@F1oren: effectivement, iCloud est disponible sur Windows. Il n’empêche que la synchronisation d’un Cloud à un autre se fait par le client et donc pose un risque de duplication ou perte de données (j’en ai fait l’amère expérience avec iCloud/Google). Amitiés, Arnaud

4)
ysengrain
, le 31.01.2012 à 10:57

Excellente présentation, suffisamment pédagogique pour mettre au clair des caractèritiques touffues, fouillis et qui reposent, du côté de l’offre, sur la méconnaissance du public – dont je fais partie.

Je terminerai donc par une mise en garde : avant de choisir l’une ou l’autre des solutions de personal cloud qui vous est proposée, sachez que vous en serez tributaire pour longtemps !

C’est le problème général du choix qui se pose en matière d’informatique plus qu’ailleurs. Nous sommes actuellement, pour une bonne partie d’entre nous arrimés à nos Macs et autres ordinateurs. Depuis quelques années, il y a les iBidules et autres smartphones. Apple a même inventé un iQuelquechose que les experts ont bien du mal à ranger dans une catégorie l’iPad, bien sûr. Même “accrochement” avec les automobiles sans référence à une marque.

J’ai choisi – pas sûr que le verbe choisir soit approprié – iCloud, parce que je possède 2 iBidules et un MacBookPro. Ce choix est naturel. C’est la stratégie halo de Steve Jobs.

Enfin et pour paraphraser gentiment la fin de l’article. Il y a une solution pour sortir d’un Cloud: un bon coup de iWind ;•)))

5)
pter
, le 31.01.2012 à 15:58

Merci Arnaud pour cette introduction au “Clouding”! Je suis entrain de regarder de pres des solutions pour entreprise (virer mon serveur interne et mettre mon openERP sur un cloud…). Je rejoint donc Ysengrain: le problème du choix, car la soluce d’aujourd’hui peut être une prise de tête dans pas si longtemps vu que c’est plus ou moins captif par pourvoyeur de nuage.

6)
François Cuneo
, le 31.01.2012 à 21:06

Merci Arnaud!

Que dire des gens qui ont mis toutes leurs données sur MegaUpload, qui n’y ont plus accès (site bloqué) et qui apprennent que leurs données vont être détruites cette semaine?

Des fois, je me dis que si un truc comme ça arrive avec Evernote, je ne suis déjà pas dans la M…

Cela dit, Evernote n’est pas illégal, je sais, et je paie pour.

7)
cerock
, le 01.02.2012 à 09:38

@François… Un autre avantage de Evernote ou de Dropbox… Tu as une copie local de tes données ainsi qu’un bon backup sur timemachine. Donc je ne pense pas que le risque de perdre toutes tes données soir réel. Ou alors je n’utilise pas leurs services correctement ;)

8)
Guillôme
, le 01.02.2012 à 10:03

Tu as une copie local de tes données ainsi qu’un bon backup sur timemachine. Donc je ne pense pas que le risque de perdre toutes tes données soir réel.

Oh que si!

D’une part, timemachine n’est pas un backup suffisant(Lire le chapitre Le piège de Time Machine ici)

D’autre part, la copie locale de Dropbox est une synchronisation des données dans le Cloud. Ce qui veut dire, que si l’on efface par erreur dans Dropbox, ou que les données sont altérées ou modifiées par erreur, alors l’effacement ou l’erreur sera propagée sur la copie locale (synchro) sauf à se rendre compte tout de suite du problème et à désactiver la synchro avec le(s) dosssier(s) locaux.

Reste que pour moi, deux éléments essentiels du Cloud ne sont pas abordés :

  • La confidentialité des données, c’est à dire pouvoir crypter localement et automatiquement avant envoie sur des serveurs distant (ce qui n’est pas le cas de Dropbox qui peut décrypter vos données)
  • La disponibilité des données, c’est à dire les garanties de moyen pour être sûr que le prestataire ne fermera pas le service, ne perdra pas les données et dédommagera ses clients en cas de panne (une garantie verbale de fiabilité ne vaut pas grand chose à mon avis vu les précédents avec de grandes sociétés).

Aujourd’hui, il n’existe pas de solution de Cloud qui réponde à ces deux problématiques essentielles à mes yeux.

9)
ToTheEnd
, le 01.02.2012 à 16:17

Pour moi, toutes les boites offrent une commodité, soit un accès aux données depuis n’importe quel appareil. Ce qu’elles n’offrent pas, c’est un disque distant avec toutes ses données et que du côté de l’utilisateur, il n’y a plus rien à faire. Si c’est pratique de se connecter à des données depuis n’importe quel appareil, c’est bien à l’utilisateur de prendre ses précautions en terme de backup et/ou redondance des données.

Pour ce qui est de la confidentialité, j’ai toujours l’impression que tout le monde se prend pour 007 ou je ne sais quel sujet de sa majesté et qu’il doit protéger les plus grands et bien sûr, les plus obscurs secrets de la terre… dans la réalité, cacher ses recettes de cuisine, correspondances ou la dernière photo de ses gosses, ce n’est pas ce qui est le plus sensible au monde.

10)
François Cuneo
, le 01.02.2012 à 16:20

Guillôme, Dropbox permet de revenir comme TimeMachine à des versions précédentes.