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De l’influence de Jean Paul Sartre…

Jean Paul Sartre, philosophe de profession, a laissé dans notre fond culturel bien plus de traces qu'on l'imaginerait. Ou alors, il récupérait de la locution au kilomètre. C'est au choix de votre parti-pris. Ainsi : "L' enfer, c'est les autres" a été soit immensément repris, soit immensément pompé.

 

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Sartre

 

Pablo Picasso, durant sa période bleue, avait coutume de dire : "L'enfer, c'est les ocres."

Les agraires préfèrent dire, eux : "L'enfer, c'est l'épeautre" , certainement en référence au manque de blé en période de disette bancaire.

Jésus, lui, disait : "L'enfer, c'est l'apôtre". Il tenait ça, se dit-il, du métier de son père, charpentier, donc, qui lui parlait toujours de l'apôtre qu'on a dans l'oeil, et de la paille dans l'oeil du voisin, blague que Jésus ne comprit jamais. Mais il n'était pas non plus vraiment réputé pour son humour.

Dans le domaine animal, il se dit : "L'enfer, c'est les orques". Mais il n'y a quasiment que les phoques pour dire çà. Et les nains, surtout ceux qui escortent des hobbits dans des contrées obscures. Mais il y en a peu. Surtout dans le domaine animal.

On connait aussi un "L'enfer, c'est les côtes" des cuisiniers maladroits, gâte-sauces et autres marmiteux, maîtres-queux et brideurs de pintades, ainsi que "L'enfer, c'est les cotres" des marins occasionnels qui n'aiment que les sloops, mais qui pratiquent néanmoins aussi l'expression précédente, de préférence près du granit.

Évidemment, c'est à ne pas confondre avec "L'envers, c'est les côtes" qu'utilisent les tailleurs quand on tient du velours côtelé en dépit du bon sens, ni avec "L'enfer, c'est les fautes", de Petit-Modane se plaignant de son prof de français, et encore moins avec "Lambert, c'est un autre", que je dis moi-même quand le postier se trompe de boîte.

Nous passerons sur "L'enfer, c'est les orgues" qu'utilisent les Barbares de Barbarie, les musiciens profanes et les contrebassistes, et "L'enfer, c'est les vôtres", des mamans à qui l'on reproche une progéniture bruyante.

Tout çà pour vous dire...

Tout çà pour vous dire que le français est une langue foncièrement interprétable. Surtout avec un peu de mauvaise foi et d'approximation. On finit toujours par en tirer quelque chose, et surtout des sortes d'équivalences littéraires bien roboratives.

 

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Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine

Soit un poème bien connu, Le Lac, de mon très bon copain Alphonse, dont je vous donne ici un vers :

Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez... Blablabla...

 

Ô temps est d'abord, inutile de vous dire, rudement mal orthographié. Il s'agit en réalité de "autant", synonyme de "pareil". Suspendre veut dire accrocher, le vol est un brigandage. Heure se prononçant comme heurt, qui veut dire secousse, et propice, à l'examen, semblant un peu scabreux, nous arrivons à un ver quasiment égal à l'original, nous disant à peu près ceci :

 

"Pareil! Accroche ton brigandage, et vous, secousses scabreuses!

Blablabla..."

Ce qui ne veut pas dire grand chose, sinon que c'est bien la preuve que quand on dit que Lamartine est un poète romantique, c'est très, mais alors très exagéré.

Je vous propose maintenant de réaliser par vous-même quelques équivalences littéraires, dans le quart d'heure qui vient, que vous voudrez bien graver dans le bronze des commentaires, afin d'aider Cuk.ch à faire souffler comme un zéphyr sur le monde enchanté de la culture. Vous en serez remerciés par les générations futures.

11 commentaires
1)
jpg
, le 04.05.2011 à 00:19

En tant qu’enseignant, j’aurais aimé trouver le vers suivant dans son intégralité: “Suspendez votre cours”

2)
fxc
, le 04.05.2011 à 05:52

Version normale

“Ô temps ! suspends ton vol,”

Version militaire

“Otan suspends tes vols,”

3)
Inconnu
, le 04.05.2011 à 08:59

À Toulouse il déclament : “Autan suspends ton vol”

4)
Saluki
, le 04.05.2011 à 09:35

@Haddock

N’est-ce pas plutôt : “Autan en emporte le vent” ?

5)
henrif
, le 04.05.2011 à 22:07

Sur le web, “l’enfer, c’est les médiocres”…

6)
zit
, le 05.05.2011 à 07:42

« Le paradis, c’est moi ! »

z (soyons positifs, je répêêêêêêêêêête : de toute façon, les autres, je m’en fiche)

Hot, Ann ! suce, prends ton veule époux, beurre prépuce…

(Désolé !)

7)
Zallag
, le 05.05.2011 à 08:54

Un des directeurs du Gymnase de la Cité, à Lausanne, était connu pour ses carambolages verbaux (certains ont été recueillis par un de mes condisciples sous le titre déRappages) qui ont laissé des traces indélébiles dans la mémoire de nombreux gymnasiens, dans les années 60.

J’ai même l’impression qu’on lui a prêté certains dictons, tels que “la moutarde me sort des gonds”, “c’est la goutte d’eau qui a mis le feu aux poudres”,”Le noeud de la solution, c’est la clé du problème!” et autres phrases définitivement restées célèbres. mais celle-ci était vraie, je le jure : “A force de m’interrompre, vous allez me faire lâcher un fil”.

8)
Krynn
, le 05.05.2011 à 10:28

Cette phrase a toujours mal été interprétée. Ô rage ! ô désespoir ! ô viellesse ennemie !

En réalité, c est ca: Orage, eau des Es poires

Quand il y a de l orage dans une région des Ardennes. Ca rempli un petit ruisseau qui est surnommé Es. Et cela booste le développement des poiriers.

9)
Modane
, le 05.05.2011 à 11:26

Très bon! Voilà qui est prometteur! Une autre!

10)
flup
, le 07.05.2011 à 07:13

Dans la version “cuisinier japonais apprenant le latin”, il y aurait :

Ô tempura, ô mauvaise

11)
Modane
, le 09.05.2011 à 14:48

Celle là, je la garde pour mon usage personnel! :)