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Statut d’indépendant(e) ou condition de salarié(e)…
"Quand t'es, comme moi, mariée à un indépendant, faut être vraiment très souple et ne pas compter sur l'aide de son mec pour les enfants, un indépendant, ça bosse comme un fou, matin, midi, soir, week-end compris" me disait une de mes connaissances l'autre jour.

Et moi - autant l'admettre - de penser un peu mesquinement que Mister bosse certes un tout petit peu moins d'heures par semaine que ledit mari mais que ces heures, si elles peuvent théoriquement être reprises en congé d'une durée équivalente, n'entraîneront jamais une augmentation de notre niveau de vie. Remarquez, il me va assez bien, notre niveau, donc pas de quoi me plaindre, mais n'empêche : elle a un peu tendance à oublier, la connaissance, que la maison au bord du lac, avec vue sur les Alpes, c'est justement grâce à toutes ces heures faites "matin, midi, soir, week-end compris" qu'elle a pu y emménager. Pendant ce temps, notre appartement, lui, nous offre une "vue talus"...

D'accord, l'anecdote est un peu caricaturale et pas forcément représentative des différences entre le statut d'indépendant(e) et la condition de salarié(e). N'empêche, fallait bien commencer quelque part pour savoir ce qui peut bien motiver une personne, dont la profession peut s'exercer aussi bien en libéral qu'en entreprise au sens large, à opter pour le "je serai mon propre patron".

Certes, la perspective d'avoir des possibilités de gain limitées par sa propre force de travail - à condition d'être un bourreau du travail - est plus tentante que le plafonnement rapide d'un salaire dans une grille étatique, dont les classes sont aussi figées que le sourire de la Joconde.

Certes. C'est oublier toutefois un peu vite que l'indépendant ne vit ou ne survit que grâce à ses clients, lesquels sont parfois aussi mauvais payeurs. Ainsi, le salarié ne porte pas, du moins pas directement, le risque économique et son salaire sera, mois après mois, identique et, surtout, stable. Elément plutôt agréable lorsqu'on a des enfants, lorsqu'il s'agit de faire des projections et déterminer ce qu'on peut se permettre ou ce à quoi il faut renoncer.

Lorsque L'Impératrice - surnom donné à notre cheffe de service - me bloque le dos avec sa manière incohérente de diriger l'équipe, je me mets parfois à rêver : "ah, plus de chef-fe, ça serait vraiment top". La bulle de mon rêve éclate toutefois très vite, surtout lorsque j'écoute mes amies indépendantes, lesquelles sont confrontées à bien des clients "un vrai boulet, parano et vulgaire", "celui-là, si je pouvais, je lui bouclerais le téléphone au nez tellement y m'agace". Comme quoi, c'est juste l'appellation, chef ou client, qui change et chacun a son lot d'emmerdeurs.

Comprendre comment fonctionne une couverture accidents (LAA), quels sont les pourcentages en vigueur dans une caisse de pensions (LPP) n'est pas forcément facile lorsqu'on signe un contrat de travail pour la première fois; n'empêche, c'est toujours plus simple que de devoir faire des choix, surtout en matière de couverture maladie - indemnités journalières - lorsqu'on est indépendant : les primes sont importantes, les différences entre les contrats disponibles sur le marché parfois inexplicables et il n'est guère aisé de spéculer sur son état de santé futur.

Alors que pour certains, ça a toujours été clair "exclu que je sois salarié, je me mets à mon compte dès que j'ai terminé ma formation", d'autres ont besoin de plus de temps, de recul et d'expérience avant de se lancer, justement à cause de ce risque économique qui peut finir par contraindre un indépendant à fermer boutique. N'empêche, peu importe le moment de l'envol, je me demande s'il y a dès le départ chez tous les indépendants un trait de caractère commun, une même motivation "faire comme je l'entends" ou si c'est par profession, par corps de métier qu'il faut chercher les similitudes.

Ce qui est certain, c'est que réunir les papiers nécessaires à l'obtention du statut d'indépendant, en Suisse, c'est à vous faire aimer votre condition de salarié, tellement cela déclenche de paperasse ! Je ne me promets pas grand-chose de ce statut puisque je devrai me limiter à quelques rares mandats par année - pour ne pas prétériter les intérêts de mon employeur - mais j'espère pouvoir ainsi contribuer un tant soit peu au financement du congé sabbatique et familial prévu pour mars 2012.

Une chose est également certaine : j'ai bossé tout le dimanche à cause d'un mandat et ça, je l'admets, c'était pas du tout agréable, avec la sensation d'avoir passé à côté de ma famille ce week-end.

Et vous, indépendant(e) ou salarié(e) ? Par choix ou par contrainte ?

14 commentaires
1)
Mirou
, le 11.04.2011 à 00:18

Indépendant du domaine cultuel. Au niveau rémunération, ça veut dire “travailler plus, pour gagner moins” dimanche compris. Mais bon. La liberté, ça n’a as de prix!

2)
Ritchie
, le 11.04.2011 à 00:45

Indépendant !

En fait, ça faisait un moment qu’on me suggérait de devenir indépendant. Je crois qu’il faut des pré-dispositions :

– Le sens du service – c’est primordial, si votre client vous demande d’aller peindre la girafe pour XXX euros par jour et que le dit tarif vous va, alors pourquoi pas ! Rien ne vous empêche de chercher autre chose entre-temps et de vous préparer à quitter son navire…

– Les heures ! Là, ça dépend vraiment des clients, moi je ne fais pas plus d’heures que si j’étais salarié. Indépendant ne veut pas dire esclave ! En revanche, rien ne vous empêche d’avoir plusieurs contrats en parallèle, mais là c’est sûr faudra faire plus d’heures au total.

– Mentalité ! C’est un autre état d’esprit, et surtout une autre façon de voir les choses. Bcp de dépenses sont soustraites de votre chiffre d’affaire. En gros, vous pouvez déduire certaines choses AVANT que les impôts passent ! Donc, ces dépenses sont payées à taux 1.0 (puisque déduites des revenus avant impôts) que vous auriez de toute façon payés (en tant que salarié) après avoir payé vos impôts. Exemple, en France, qqun qui paie 50 % d’impôts et de charges, doit gagné 2x le montant pour achat qqch en tant que salarié (1x pour payer les impôts et 1x pour payer le bien). Quand on commence à calculer toutes les dépenses qui peuvent passer dans son activité, on arrive vite à y voir un certain avantage.

– Avantages/désavantages :

—Vacances, on prend ce que l’on a besoin. Déjà, pour certains comme moi, 5 semaines de vacance, c’est trop. Les RTT, mince encore trop. On sait plus quoi faire de toutes ces journées, et ce n’est pas avec un salaire d’employé que l’on peut partir au bout du monde 6 ou 7 semaines par année !! Moi, 3 ou 4 semaines par année me suffisent. D’autres, qui ont bien négocié leur contrat pourront partir 3 mois par année !

—Formation, on fait (et se paie) celle que l’on veut sans avoir à demander à son patron !! 100 % déductible de son chiffre d’affaire ! Je m’en suis fait refuser plusieurs quand j’étais salarié !

—Pas de problème géographique, la plupart du temps en France vous n’avez pas le droit de refuser que l’on vous envoie pour une mission à l’autre bout du pays. En indép. pas de soucis, on signe le contrat en connaissance de cause !

Pour finir, il faut un sacré carnet d’adresse pour avoir contrat sur contrat. L’idéal étant des missions longues. Je commence une mission d’un an et demi environ demain matin !! Là, on peut commencer à faire qques projets. Quand on est sur des missions courtes, faut réussir à en mettre de côté pour un trou de 6 mois à 1 an. Donc, il faut bien évaluer sa consommation mensuelle minimale (loyer, bouffe, transport, autres charges). Si on peut commencer avec des missions longues pendant 2 à 3 ans et se faire “son assurance chomage perso.” c’est cool, ensuite on pourra faire diminuer la durée qui fait aussi augmenter le tarif !

Conclusion : à 46 ans, je suis passé en indép., je regrette seulement de ne pas l’avoir fait plus tôt ! (PS: je suis Canadien indépendant en France, côté paperasse ça doit approcher la Suisse ;-)

3)
Smop
, le 11.04.2011 à 02:25

J’ai travaillé à peu près sept ans comme salarié, dix ans en profession libérale et six ans entre les deux (en intérim, via un cabinet de consultants, ou indépendant mais en poste fixe). Pour moi, et sans aucun doute, le salariat est la pire des alternatives.

Etre indépendant, c’est :

– Voir le rapport direct entre le travail fourni et sa rémunération. L’indépendant est seul maître de sa réussite. C’est beaucoup moins vrai pour le salarié, surtout dans les grandes entreprises.

– Etre stimulé par la “précarité” du statut. Ce “stress” oblige d’être le meilleur possible et de se remettre en permanence en question. La routine n’existe pas.

– Bénéficier d’un statut à part dans l’entreprise, qui donne à la fois autorité, mais aussi distance vis-à-vis des mesquineries et autres considérations “politiques”.

– Pouvoir choisir, dans une certaine mesure, ses clients, ses méthodes de travail, son emploi du temps.

– Beaucoup plus intéressant financièrement, que ce soit par la rémunération perçue ou par l’optimisation fiscale que ce statut permet.

Cela dit, je suis conscient que certaines spécialités professionnelles se prêtent mieux à l’indépendance que d’autres. Je connais aussi des indépendants qui rament. Ils ont parfois du mal à être crédibles face à leurs concurrents, n’ont pas confiance en eux, ont un carnet d’adresses limité, ne savent pas se vendre, ou sont rebutés par les aspects administratifs (qui sont pourtant bien plus simples qu’on ne le croit).

4)
Philob
, le 11.04.2011 à 07:37

Salarié, mais vraiment très indépendant dans mon travail (j’ai la chance d’avoir une place “faite sur mesure”); je suis conscient de ma chance, car j’ai tous les avantages du salarié et une bonne partie des avantages d’un travail indépendant, ce qui veut dire aussi que je fais mes propres horaires, mais ils sont liés forcément au rythme de mes collègues.

Le plus gros avantage, c’est que mon indépendance relative m’oblige à être performant (si je veux conserver mon job et surtout l’indépendance de mon job) et c’est vraiment une puissante motivation. Ayant horreur des paperasseries inutiles (et des cravates), je n’étais vraisemblablement pas fait pour être indépendant.

J’ai par contre toujours fait mes choix de place de travail en plaçant l’aspect financier en dernière position (j’ai même accepté un travail bien moins payé), c’est aussi une forme d’indépendance. Je n’ai jamais cru que l’on pouvait avoir le beurre et l’argent du beurre.

Je dois quand même avoir l’âme d’un indépendant, car ça ne me gêne pas de parler du travail, de penser au travail, parfois même de vite répondre à un mail le dimanche; je veux dire que, contrairement à certains salariés, je n’ai pas besoin de “changer d’habit ” ou de personnalité dès que je quitte mon travail, je suis le même à la maison et au turbin; je n’ai jamais aimé me couper en deux.

5)
Marc2004
, le 11.04.2011 à 07:50

Dans mon milieu professionnel, pour être indépendant il faut:

-aimer travailler seul = ne pas aimer le travail en équipe.

-bien posséder le “faire savoir” (le savoir faire étant considéré comme une évidence).

-ne pas confondre chiffre d’affaire et bénéfice

Inversement, le travail salarié demande:

-aimer le travail en équipe

-accepter d’avoir un chef

-rien n’interdit d’être un peu “nounours”,

-il faut juste penser à ses impôts.

Mais dans tous les cas, il faut être compétent et performant…

Ceux qui ne sont pas à la bonne place sont malheureux et empoisonnent la vie des autres. Bonne journée.

6)
Ellipse
, le 11.04.2011 à 09:08

Tout comme Philob, j’ai la chance d’avoir une très grande indépendance en étant salarié. Bon, j’ai activement attendu pour en arriver là.

Je m’impose d’être performant (et j’en retire un certain plaisir) et je choisis partiellement mon temps de travail tout en respectant mon contrat.

La satisfaction de mes “clients” est mon thermomètre, et j’essaie d’anticiper les problèmes autant que faire se peut.

Honnêtement je ne crois pas que je sois taillé pour être un vrai indépendant, pas plus qu’un vrai salarié. Une éventualité serait un team d’indépendant.

Mes parents étaient indépendants, mais nous faisaient participer à l’entreprise et nous partions en vacances, donc c’est compatible avec la vie de famille.

Par contre, ils ne gagnaient pas énormément d’argent, certes assez pour vivre, mais pas dans le luxe, à mon avis plus une question de modestie que de réel désir.

Ils n’ont jamais comptés leurs heures, ainsi ils ont pu prendre leur retraite un peu plus tôt, payer un peu le prix côté santé (il y a pire !) tout en étant à l’abri du besoin.

Finalement ce qui compte, c’est que les personnes fassent honnêtement leur travail, avec indépendance d’esprit, amour de la chose bien faite et respect mutuel.

Ceci dit la conclusion de Marc2004 me plaît assez, tout en précisant que j’estime avoir beaucoup de chance de ne pas être un ouvrier chinois, ou même, un working poor d’ici.

7)
Mirou
, le 11.04.2011 à 11:41

Bon à part ça, Mme Poppins, je vous souhaite un grand succès dans vos aventures indépendantes, qui si je le comprends bien, sont une porte ouverte à votre future année “off”. Décidément, le lundi sur cuk va devenir de plus en plus passionnant !

Mais alors moi, ça a pas été compliqué du tout, de devenir indépendant…

8)
Alexandre
, le 11.04.2011 à 13:18

indépendant, pour plus de liberté.

9)
monmac
, le 11.04.2011 à 15:09

Indépendant depuis plus de 7 ans dans le domaine des arts graphiques et le web design et, accessoirement, l’assistance Mac. Que du bonheur, y compris celui de pouvoir bosser les dimanches et aller boire des cafés (ou s’allonger sur le sofa pour une petite sieste) en semaine :-)

En comparaison avec mes emplois salariés précédents, je gagne mieux et travaille moins. Mais cela demande des choix de vie, comme celui de maintenir un niveau de vie modeste ou aimer la flexibilité dans les horaires. C’est également un certain état d’esprit de préférer conserver un espace et du temps pour soi plutôt que d’entrer dans une dynamique de stress et de croissance. D’ailleurs j’ai des potes qui ont suivi le même chemin, décidés à trouver un certain équilibre après des années en agence sous pression; pourtant ils ont vite reproduit le même schéma que celui qui régnait dans leur emploi.

Comme quoi c’est avant tout la personne et le caractère qui dictent le mode de vie, pas seulement les conditions de travail. Bon, il faudrait peut-être demander à ma femme ce qu’elle en pense…

10)
Ellipse
, le 11.04.2011 à 19:26

@ah-mac

Effectivement, la famille (au sens large) a une importance déterminante sur les choix de job.

11)
Benoit Launay
, le 11.04.2011 à 22:29

Après sept années au sein d’un grand groupe industriel, j’ai dit « au revoir » aux primes, 35 heures et pressions sociales pour tenter l’aventure d’une activité indépendante.

La décision a été prise avec mon épouse qui se voyait offrir un poste intéressant mais… 800 km au Sud. Nous avions besoin de bouger et avons dit « bingo ! ». À Madame un vrai poste et un projet professionnel sympa après toutes ses années d’études de médecine pour se retrouver sans vacataire sur Paris. À moi la liberté et l’aventure qui me manquaient.

Le double changement géographique et professionnel n’est pas de plus évident. Cependant, je commence à voir comment me gérer ;) À suivre…

12)
zit
, le 12.04.2011 à 09:55

Les deux, salarié, et indépendant, comme ça, je ne cours pas après le client, j’attend qu’il vienne jusqu’à moi.

z (mais c’est vrai que du point de vue paperasse, que indépendant, quelle galère, je répêêêêêêêêêête : j’aime pas les paperasses !)

13)
Smop
, le 12.04.2011 à 10:00

mais c’est vrai que du point de vue paperasse, que indépendant, quelle galère, je répêêêêêêêêêête : j’aime pas les paperasses !

Ce fut peut-être vrai avant, mais ça ne l’est plus, surtout depuis la loi sur la modernisation de l’économie de 2008. Beaucoup de formalités se font en ligne, le capital social pour les sociétés à responsabilité limitée est réduit au maximum, et ainsi de suite. Sans parler des SAS qui offrent une grande souplesse.

14)
Saluki
, le 12.04.2011 à 16:08

J’ai longtemps été tenté par le statut d’indépendant. Et reculé devant le confort donné par le statut de cadre dit “supérieur”. Et reculé aussi, car j’avais vécu des fins de mois difficiles chez mes parents artisans.

Le jour où, à 50 ans, on m’a dit : “Tu es trop vieux et trop cher pour être DG plus longtemps” et que je me suis trouvé avec ma caissette -et mon MacPortable – au coin de la rue, j’ai gambergé quelque temps et je ne me suis résolu à me mettre “à mon compte” qu’après plusieurs mois d’essai “en perruque” chez un copain qui m’a accueilli et offert de travailler ainsi pendant quelques mois, le temps de me garnir le carnet d’adresses.

Je ne le regrette pas et ai accompli des missions intéressantes de 15 jours à 18 mois, avec des rémunérations …variables qui m’ont permis de vivre décemment pendant quinze ans de la sorte.

Maintenant, à la retraite, je continue ET pour le fun ET pour me maintenir les neurones en ordre de marche ET pour consommer de bons vins plutôt que de la piquette, en guise d’exemple gustatif.