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Avoir des enfants, ça change quoi ?
La semaine passée, je suis allée manger avec un ami qui aimerait bien devenir papa, tout en se demandant bien sûr si c’est “une bonne idée”. Comme j’ai parfois un sens aigu de la formule, je lui ai très doctement dit que “avoir des enfants, ça change rien, avoir des enfants, ça change tout”.

Je sais, fallait oser, une explication aussi conne. N’empêche, c’est moins débile qu’il n’y paraît, du moins en ce qui me concerne.

Avant d’être mère, j’adorais écouter Mozart, j’assumais d’aimer certains morceaux du “top 10 du classique”, j’évitais scrupuleusement la “musique pour ascenseur”, j’aurais vendu mon âme au diable pour savoir danser le tango, j’aurais donné encore plus cher pour être capable de laisser mes doigts courir sur les touches d’un piano...

Dix ans et trois enfants plus tard, je ne sais toujours pas lire couramment une partition et je suis contente de n’avoir pas acheté de robe à paillettes – elle serait trop étroite aujourd’hui – mais pour le surplus, franchement, “tout pareil” qu’avant de devenir mère.

En revanche, le 1er février 2003, je n’ai pas seulement donné la vie à Junior, j’ai également découvert des sentiments forts, violents, qui parfois me font peur. Et lorsque je vais embrasser mes enfants avant d’aller me coucher, lorsque je les regarde dormir, mon coeur bat toujours très fort : oui, leur présence dans ma vie change tout.

Dans un registre plus léger, le fait d’avoir des enfants a modifié quelque chose d’important : mes vacances. De plongeurs fanatiques, Mister et moi sommes devenus des mordus des déplacements à la vitesse de l’escargot, où le trajet n’est pas seulement une longue succession de restoroutes et de kilomètres avalés à la hâte mais une partie importante du voyage. Au point d’ailleurs d’acquérir de troisième main Hedwige, un camping-car.

Il y a quelques semaines, une idée, d’abord folle puis très rapidement fascinante, a germé dans l’esprit des époux Poppins : “et si on prenait un congé sabbatique de cinq mois environ pour partir en famille, à la vitesse de nos envies et du moteur de Hedwige ?”

Et depuis le début de l’année 2011, il n’est pas rare que nous passions nos soirées entre guides de voyage et cartes de géo, ce qui ne manque pas de faire fuser des “tu crois que c’est bien, la Roumanie ?”, “tu t’imagines que la Bulgarie, c’est beau ?”

Au-delà de l’excitation, il y a quand même une question plus sérieuses, qui, pour l’heure, est sans réponse mais qui a son importance : “jusqu’où pouvons-nous aller avec trois enfants ?”

En effet, le but de ce voyage serait de sortir des sentiers battus, pas de viser des records d’adrénaline, encore moins de partir six ans au lieu de quelques mois.

Tenez, vous iriez, vous, flâner avec vos enfants en Syrie, en direction de l’Irak, en Ukraine ou encore en Moldavie ? La Géorgie, franchement, quand on prend conscience que même googlemaps n’a rien à montrer, on se dit que ça doit être un peu “craignos”, comme endroit.

Si j’en crois mon cher gouvernement, partir, c’est pas prudent, tout simplement. Après avoir lu les recommandations du DFAE, on se dit que le monde qui nous entoure est résolument hostile et qu’il vaut mieux rester dans son chalet.

Si j’en crois les deux grands-mères, partir, c’est bien, à condition que ça soit quinze jours, en France, au bord de la mer, au mois de juillet.

Si j’en crois notre banquier, partir, c’est bien mais il ne faut pas oublier que l’administration cantonale des impôts, justement, ne nous oubliera pas, même l’année où notre revenu annuel sera divisé par deux.

Si j’en crois mon employeur, partir, c’est bien, à condition d’avoir déposé une demande officielle, au moyen du formulaire idoine bien entendu.

Nullement découragée par tous ces rabat-joie, je retiens surtout la sagesse populaire, selon laquelle “les voyages forment la jeunesse”; dommage que la vox populi n’ait jamais précisé comment établir le parcours !

Vous, depuis que vous voyagez avec des (petits) enfants, comment établissez-vous l’itinéraire de vos escapades ?

19 commentaires
1)
ggkrail
, le 31.01.2011 à 00:28

Nous, dans six mois, départ en famille pour une année autour de la planète. Deux enfants de 7 et 9 ans, 8 ans de réflexions plus ou (beaucoup) moins intensives, puis un jour la décision: en 2011, on part! Asie du Sud-Est, Océanie, Amérique du Sud. Choix en fonction de nos envies, des dangers politiques, des dangers sanitaires, du coût de la vie aussi, des saisons un peu.

2)
Inconnu
, le 31.01.2011 à 06:27

Jattendrais que mes enfants soient plus grand (5 ans pour le plus petit) pour envisager un périple

3)
Philob
, le 31.01.2011 à 07:40

Heureusement que les enfants changent tout, sinon pourquoi en faire ;-) ?

Partir pour 2 semaines dans le sud de la France cela demande autant d’habits et de matériel que partir 5 mois; la différence ce sont plutôt tous les tracas administratifs et une certaine culpabilité, peut-être !

Je ne suis jamais parti plus que 3 semaines avec mes enfants, mais je n’avais vraiment pas les moyens financiers et, probablement, je n’en ai pas non plus ressenti le besoin, en fait je n’ai jamais ressenti le besoin d’absolument aller voir ailleurs; quand c’est arrivé, c’était bien, mais jamais indispensable.

Parfois j’ai l’impression que certaines personnes partent en pensant que ça sera mieux, c’est une fuite en quelque sorte, mais tôt ou tard il faudra affronter à nouveau ce que l’on fuit.

Par contre, j’aurai bien aimé avoir 5 mois à consacrer uniquement à mes enfants, mais sans ressentir le besoin de partir.

Bon voyage !

4)
Blues
, le 31.01.2011 à 08:46

J’en ai déjà parlé ici, mais pusique le sujet est “en plein dedans” … A l’époque (les années 80) il était plutôt facile de partir en donnant congé à son entreprise sans penser au lendemain, puisqu’on retrouvait du travail en quelques semaines sans problème aucun.

Premier départ en famille en 1984 à voir ici (les Indes par la route en 2 CV sur 8 mois, avec notre fille de 2 ans)

Plus tard (en 1988), l’hiver à la chotte au Maroc pendant 4 mois en bus camping, avec 2 enfants (6 et 2 ans)

L’année d’après (en 1989), rebelotte-idem, le Maroc pendant 4 mois en bus camping, avec 2 enfants et demi (7 et 3 ans + le troisième en gestation)

5)
coacoa
, le 31.01.2011 à 09:04

Ben ça, si je m’y attendais…

Je suis allé voir les photos de votre périple en Inde, Blues, et v’là-t’y pas que ça m’a mis les larmes aux yeux.

“Ils ont fait ça”, et de penser aux territoires sans limites, à ces innombrables possibles qui sont à portée de main.

Quelle que soit la route, la vie est un voyage.

Mieux, une aventure.

Et de vous imaginer vous fabriquer des souvenirs inoubliables, Madame Poppins, les hommes de votre vie à vos côtés.

Et v’là-ty pas que ça me remouille les mirettes.

6)
Joël (exGlimind)
, le 31.01.2011 à 10:50

l’article est très sympa, comme toujours avec Mme Poppins. Mais aujourd’hui, ma lecture a surtout été détournée sur le périple de Blues. Énorme!

7)
Mirou
, le 31.01.2011 à 11:23

Moi je dis faut le faire. Loin la culpabilité, la peur et tout ça. Vous et les enfants en apprendront tellement plus sur la vie qu’en restant à l’école ou au boulot !

8)
Leo_11
, le 31.01.2011 à 12:10

Ben moi je dis à qui veut bien l’entendre que d’avoir des enfants ça empêche de devenir trop vite un vieux con…

9)
Matkinson
, le 31.01.2011 à 14:30

Blues… Ton reportage est superbe! D’autant plus que des récits de cette époque sur internet, ben… y en a pas des masses! Grand merci donc pour ce lien.

Puis Madame Poppins, pour les enfants, je ne peux pas dire. Je n’ai pas encore d’enfants. Ça ne saurait trop tarder mais ce n’est pas encore le cas. ;-)

10)
Alexandre
, le 31.01.2011 à 15:30

Blues: magnifique votre périple en famille…

Madame Poppins, bien dit: “je n’ai pas seulement donné la vie à Junior, j’ai également découvert des sentiments forts, violents, qui parfois me font peur. Et lorsque je vais embrasser mes enfants avant d’aller me coucher, lorsque je les regarde dormir, mon coeur bat toujours très fort : oui, leur présence dans ma vie change tout.”

ça résume tout.

11)
ysengrain
, le 31.01.2011 à 17:21

Je suis scotché de constater qu’on parte de

avoir des enfants, ça change rien, avoir des enfants, ça change tout

pour arriver à

et si on prenait un congé sabbatique de cinq mois environ pour partir en famille, à la vitesse de nos envies et du moteur de Hedwige ?

Habile manoeuvre d’explication, et il n’y a pas de teasing dans ce propos.

Le choix d’une telle aventure est empreint de liberté. L’établissement de l’itinéraire pourrait donc ne répondre qu’à cet aspect; oui, mais…. les enfants. Je ne donnerais aucune opinion, avis, conseil. Quand je suis parti, c’était il y a longtemps, seul, et à moto.

Le seul élément que je puisse communiquer est l’expérience d’un photographe ami Michael Levy sur l’Ouzbekistan.

Tu nous raconteras, dis ?

12)
Blues
, le 31.01.2011 à 20:38

Ben dis donc, c’est pas un “manche” ton ami-photographe (superbes images… je me délecte) merci de nous avoir fait partager son RoadTrip, je vais encore passer bien du temps sur son site , c’est le rêve.

Pour en revenir à l’histoire du choix (ou non) de prendre un long congé et de partir (avec ou sans enfants), moi je dis : il faut savoir être fou des fois et éviter les prises de têtes, au risque de regretter plus tard de ne pas l’avoir fait !!! Mme Poppins (comme d’hab) se pose trop de questions, alors qu’il suffit juste de se lancer pour prendre cette ch’tite décision qui changera tout.

Bonne chance ! (j’vous dis pas toutes les critiques qu’on s’est ramassées à chaque fois qu’on a annoncé qu’on partait… autant de la famille que des amis, si on les avais écoutés… heum, y’avait encore pas internet et les commentaires de chez Cuk)

____

Pour finir, j’ai une petite histoire un peu hors contexte (pathético – comique) à raconter… On a un pote qui pendant des années nous bassinait qu’il prendra un jour un long congé pour se faire un bon trip en solo et bla, bla, bla … Il a mis 10 ans à partir. Finalement il a atterri le matin à Bombay, l’après-midi il était assis dans un bistro, au même moment y’a eu un échange entre deux mafias locales et il s’est ramassé 2 balles perdues dans une jambe, le lendemain il était rapatrié-de retour en Suisse ! Il n’est plus jamais reparti ! (c’est con la vie).

13)
fxc
, le 31.01.2011 à 20:44

Ben moi je dis à qui veut bien l’entendre que d’avoir des enfants ça empêche de devenir trop vite un vieux con…

à qui le dis-tu, et franchement dans le cas contraire ta petite pétole te le ferra vite comprendre (:D

14)
plussoie
, le 01.02.2011 à 07:52

Folle envie, envie de fous. Si vous préparez un itinéraire c’est positif, si vous justifiez l’expédition : peut-être revoir “Retour d’Afrique” d’Alain Tanner ? Bonne chance.

15)
Madame Poppins
, le 01.02.2011 à 21:24

ggkrail, tu résumes exactement l’équation : “envies, dangers politiques et sanitaires, coût de la vie, saisons”, pas facile de réunir tout ça sous un seul “toit”. Quoi qu’il en soit, excellent voyage !

Renaud, idéalement, j’aimerais bien que Tom Pouce ait 5 ans mais alors, Junior aura douze ans et pour l’avoir vécu par l’intermédiaire d’amis, c’est un âge où un départ “loin des copains”, c’est pas facile-facile.

Philob, culpabilité ? De quoi, à cause de quoi ? Parce qu’on a la chance de partir ? Ca serait le comble, ça !

Blues, j’ai été captivée, trop la classe, merci mille fois pour le lien. Question “conne” : vu l’âge de votre puce, vous avez pris une écharpe de portage pour les ballades ou avez-vous réussi à mettre une poussette dans votre palace ? Parce que franchement, à cet âge-là, un enfant ne marche pas très longtemps, même s’il est bon marcheur. Mille mercis aussi pour les photos, trop bien.

Coacoa, j’aime bien l’idée d’une vie qui est un voyage…. parce qu’on peut le faire même en restant à la maison mais parfois, il est bon de voir comment c’est ailleurs.

Glimind, et faut l’admettre, le périple de Blues vaut le détour ! Et merci pour le compliment quant à l’intérêt de mes billets :-)

Mirou, faut avouer qu’avec une prof qui écrit “je respecte les enfants et les adultes qui m’entoure”, dactylographié et collé dans l’agenda des enfants, sous “charte”, y a de quoi en apprendre davantage sur les routes….

Leo_11, moi, j’ai un avantage, je suis une “jeune” mère (mais bon, déjà conne) :-)))

Matkinson, j’espère que cet enfant viendra bientôt illuminer les dimanches matins (qui, durant quelques temps, commencent vers 6h30….) :-)

Alexandre, pour moi, oui, en effet.

Ysengrain, tu devrais le savoir depuis le temps : je ne suis pas à une contradiction près, je ne suis pas à un paradoxe près :-))) Et toi, ton périple, il était comment ? Et oui, bien sûr que je vous raconterai, j’ai pas prévu de rendre mon tablier à cuk (mais bon, hein, on n’est pas encore parti même si petit à petit, les choses se mettent en place)….

Blues, crois-moi ou non, c’est pas un choix, les mille et une questions que je me pose de trop…. c’est un défaut de fabrication de mon cerveau et le SAV ne peut plus rien !

plussoie, la chance, on l’a déjà de pouvoir envisager et rêver ce voyage ! Mais merci pour les voeux !

16)
Blues
, le 02.02.2011 à 07:55

Alors non, pas d’écharpe de portage genre “Snugli” ou autre (on a des mollets de vieux Suisses dans la famille = on tient et on aime bien la marche). Par contre dans les rues étroites ou en cas de fatigue j’ai souvent porté ma fille sur mes épaules. Autrement pour les longues balades tu auras remarqué cette photo-là avec le pousse-pousse pliable (déposé sur le toit de la 2cv quand non-utilisé). En fait ce pousse-pousse est devenu inutile au milieu du trip, on l’a vendu au Népal. Donc oui à 2 et demi un enfant peut marcher sur de longue distances.

17)
Madame Poppins
, le 02.02.2011 à 08:34

Blues, on doit avoir les mêmes mollets :-) J’avais bien vu la photo “poussette” mais je n’étais pas certaine que ça soit la vôtre. Merci pour ces précisions : j’adore l’idée que c’est Mister qui va porter Tom Pouce et pas moi !

18)
jibu
, le 02.02.2011 à 20:29

Intéressant votre future trip à la Blues… Je ne me souvient plus des âges de tes enfants par contre ?(histoire de bien situer le niveau de délire) D’un point de vue administratif; ça doit pas être simple d’obtenir un congé scolaire pour ces gamins? si ? et sinon, ce qu’il me fait peur dans ces histoire de long voyage c’est que je n’arrive pas à imaginer un retour au monde “normal” ensuite… ça me semble impossible. Comment fais-tu Blues pour ne pas tout envoyer péter et recommencer?

19)
Blues
, le 03.02.2011 à 09:03

Salut Jibu,

Alors sache que nous avions rencontrés (à l’époque) quelques couples de Suisses en long congé avec de grands enfants (qui normalement auraient dus êtres scolarisés et pour qui ils avaient obtenus un long congé de leur canton / NE et JURA pour ces cas-)… en échange ces familles avaient avec eux un planning de leçons à faire avec leurs enfants, tous les 2 ou 3 mois ils retournaient des tests/check pour montrer que leur enfants suivaient le programme, c’est donc possible. De toute façon, pour les gamins quoi qu’il en soit (même si décalés lors de leur retour) rien d’autre ne vaut une expérience pareille !

Dans mon/notre cas, depuis qu’on s’est stabilisés (avec 4 enfants à nourrir c’était pas évident de tout envoyer péter), ça a été difficile de pouvoir repartir (boulot pas évident à retrouver, etc…). Mais là dans 3 ans (lorsque le petit dernier sera casé avec un job / les 3 autres sont déjà indépendants depuis longtemps) on sera à nouveau entièrement libre de nos mouvements… alors oui, on en parle et on fait des projets… Mais à 55 ans on ne voyagera plus de la même façon qu’à l’époque (dans des trucs à 2 balles), car depuis, un certain confort est devenu nécessaire (rien qu’un bon lit déjà) et puis je pense qu’on prendra moins de risques, ce sera donc moins instinctif et improvisé (avec l’âge on devient plus peureux et mieux organisés / ce qui n’est pas forcément un avantage).

_

EDIT : je parlais ci-dessus de prendra moins de risque… En 84 à la période où on est parti, la région était une poudrière (elle l’est encore d’ailleurs) :

– en Iran : Komeiny et les intégristes étaient au pouvoir, en plus l’Iran était en guerre contre l’Irak (couvre-feu et autres tensions). Ce fut complexe d’avoir un carnet de passage et un visa de transit.

– au Pakistan (région Baloutchistan) : l’Afganistan était occupé par les Russes, depuis Quetta, on voyait des bombes éclater pendant la nuit…

– au moment de notre arrivée à la frontière Indienne : du à l’assassinat tout frais d’Indira Ghandi par des extrémistes Sikhs, nous avons du nous faire escorter par l’armée pour traverser le Panjab (Etat des Sikhs)

– catastrophe chimique à Bhopal: la nuit tragique du 2 décembre 1984 (l’affaire Union Carbide)… le lendemain, sans le savoir nous sommes passés tout près (apparemment pas de séquelles 25 ans après)

Si je dis on devient peureux, c’est avec le recul, je pense qu’aujourd’hui je ne me lancerais pas à parcourir des régions chaudes/à risques.