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Le Gordel, manifestation cycliste flamande autour de Bruxelles

Décidément ces derniers temps, je suis en veine d'articles sur mon pays d'accueil, la Belgique, et ses problèmes communautaires. Mais c'est ici tellement d'actualité… Alors, après avoir présenté lesdits problèmes communautaires dans un premier article, un deuxième et un troisième, je vais en aborder un avatar qui se présente à l'actualité belge tous les premiers dimanches de septembre : le Gordel, dont on fête dimanche prochain le trentième anniversaire.

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Si vous avez bien suivi mes précédents articles, vous vous rappelerez que la capitale de Belgique, Bruxelles, est une région à part entière, officiellement bilingue français-néerlandais bien que largement francophone dans les faits, mais complètement enclavée en région flamande unilingue néerlandophone, et ce alors que la région wallonne unilingue francophone ne se trouve qu'à quatre ou cinq kilomètres, comme l'illustre approximativement cette carte (la Flandre est en vert clair, la Wallonie en vert moins clair : voyez où se trouve Bruxelles) :

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La « périphérie » immédiate de la région bruxelloise est donc sise en Flandre. Mais elle comprend aussi six « communes à facilités », où les autorités flamandes sont censées correspondre en français avec les habitants francophones qui le souhaitent. Et, surtout, phénomène classique des grandes villes, les habitant de Bruxelles ont tendance à fuir la capitale pour sa périphérie, aux terrains plus verts et surtout moins chers.

Ces habitants étant francophones pour la plupart, la périphérie flamande de Bruxelles (Vlaamse Rand en néerlandais) a donc tendance à se franciser, et la plupart des politiques francophones proposent en conséquence de rattacher les communes concernées, et notamment les communes à facilités, à la région Bruxelloise.

Ce qui ne plaît pas du tout, on s'en doute, aux Flamands et à leurs politiques, mais encore moins aux Flamingants, les partisans de plus d'autonomie, voire de l'indépendance flamande. Selon eux, l'extension de la capitale au cours du siècle dernier, phénomène qu'ils appellent « tâche d'huile » (olievlek), a déjà coûté trop de son territoire à la Moeder Vlaanderen, la Mère Flandre, et il n'est surtout pas question qu'elle s'étende encore. Bruxelles, originellement néerlandophone mais aujourd'hui essentiellement francophone je le répète, se trouve donc enfermé dans ce que les hommes politiques engagés dans la « défense » des francophones appellent le « carcan » : une périphérie appartenant à la région flamande.

Un petit groupe de Flamingants, a eu en 1981 une idée originale pour défendre ce « carcan » ou cette « terre flamande sacrée » selon les points de vue : organiser une randonnée cycliste faisant le tour de la capitale bruxelloise, sans jamais y entrer, et sans jamais passer en Wallonie non plus, toujours en restant sur le sol de la région flamande. Et, par principe, cette randonnée devait passer par les six communes à facilités.

Ils appelèrent assez logiquement cette randonnée d'une centaine de kilomètres De Gordel, « la ceinture » en néerlandais, puisqu'il s'agissait d'entourer Bruxelles. Partie symboliquement de Rhode-Saint-Genèse, la seule commune à facilité jouxtant à la fois Bruxelles et la Wallonie, cette première randonnée, se voulant 100 % pacifique mais ne cachant pas son militantisme flamingant, a attiré environ un millier de participants.

L'idée est restée, et d'année en année, tous les premiers dimanches de septembre, de plus en plus de gens sont venus participer au Gordel. Chaque année, maintenant, ce sont entre 50 000 et 100 000 personnes qui y participent ! Toujours pacifiquement, mais pas tous pour faire le tour de la capitale à vélo. Le Gordel a en effet bien évolué dans sa conception : de simple (quoique longue) randonnée cycliste militante autour de Bruxelles, elle est devenue tout un ensemble de randonnées cyclistes, pour vélos de route comme pour vélos tout-terrain ou citadins, mais aussi de randonnées pédestres, toutes organisées ce même premier dimanche de septembre.

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Des Gordelaars piétons…

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et d'autres Gordelaars, cyclistes.

Parallèlement, des attractions fixes (spectacles, concerts…) sont organisées dans quatre communes réparties dans le Vlaamse Rand : Rhode-Saint-Genèse encore, Overijse, Zaventem et Dilbeek. C'est de ces quatre communes que partent toutes les randonnées, sauf une dont je vais reparler. Tout ceci est maintenant géré et organisé par l'organisme flamand en charge du sport, le Bloso, et soutenue donc par les autorités flamandes.

Les randonnées sportives sont ouvertes à tous, y compris aux Francophones. Elles sont proposées à un prix volontairement réduit (cinq euros si on s'inscrit à l'avance, sept euros le jour même), et sont de longueurs et de difficultés très variables pour attirer le plus de monde possible. Mais elles ont deux points communs obligatoires : elles doivent se dérouler (à une petite exception près, la même que précédemment) dans cette fameuse périphérie flamande de Bruxelles, et la langue officielle de l'organisation est le néerlandais, exclusivement. On chercherait en vain une trace de français ou même d'anglais dans les écriteaux de l'événément.

Parmi ces randonnées, c'est toujours le Gordel « classique », les cent bornes autour de Bruxelles à vélo, qui attirent le plus de monde : environ 15 000 cyclos chaque année. L'idée fondatrice reste la même : rappeler à tous et en particulier aux Bruxellois que la périphérie flamande de Bruxelles est et doit rester flamande.

Cette randonnée cycliste est devenue tellement traditionnelle en Flandre qu'un parcours fléché permanent a été tracé autour de Bruxelles, la Gordelroute, qui reprend grosso modo l'itinéraire suivi par le Gordel classique le premier dimanche de septembre. Les cyclistes intéressés peuvent donc faire toute l'année le Gordel indépendamment de toute organisation, donc sans avoir à se coltiner toute la foule…

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Un des fléchages de la Gordelroute

Le message politique communautaire n'échappe évidemment pas à l'autre camp, celui des Belges francophones. Et certains militants engagés de ce côté n'hésitent pas, à l'occasion du Gordel, de semer un peu la panique parmi les cyclistes en jetant ici et là des clous ou des punaises sur le parcours, ou en faussant les fléchages de l'organisation… Laquelle fait son possible pour réparer les dégâts aussi vite que possible.

Ceci dit, les « sabotages » de ce genre sont relativement rares, et la plupart des participants font leur balade sans dommage. D'un autre côté, les militants flamingants se sont fait petit à petit noyer dans la masse de participants pour la plupart complètement apolitiques, qui ne pensent ce jour-là qu'à profiter d'une organisation d'une ampleur et d'une qualité logistique exceptionnelle et à passer un agréable dimanche sportif.

Cela n'empêche pas bien sûr ces quelques militants flamingants de faire particulièrement entendre leur voix ce jour-là : distributions de drapeaux et de tracts, stands militants, participation de leurs politiques aux différentes randonnées, etc. Le tout restant heureusement bon enfant. Certains hommes politiques flamands non flamingants, comme les deux derniers premiers ministres belges en exercice, sont des participants fidèles. On trouve également parmi les Gordelaars une (faible) minorité de Francophones attirés eux aussi par les possibilités sportives ouvertes ce jour-là. Certains ne se privent d'ailleurs pas de parler français pendant leurs randos, sans provoquer de vagues pour autant.

Mais cette année, peut-être y aura-t-il plus de tensions communautaires au Gordel. D'une part, je l'ai dit, c'est son trentième anniversaire, et d'autre part, la Belgique est en pleine négociation de pré-formation gouvernementale, et ces négociations sont au point mort, suite encore aux différents entre partis flamands et francophones. Parmi ces partis, le plus important est aujourd'hui, justement, le parti nationaliste flamand, la N-VA…

À noter une contre-manifestation sportive intéressante organisée par un édile bruxellois le même jour : la Bretelle/De Bretel.

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Pacifique également, mais bilingue, cette balade cycliste se définit comme complémentaire au Gordel/ceinture en voulant, elle, expressément renforcer les liens entre Bruxelles et sa périphérie. D'où son nom de « Bretelle » particulièrement bien choisi en cette circonstance :-). Elle utilise donc un parcours s'étendant aussi bien sur Bruxelles que la périphérie, sans recouper celui du Gordel pour éviter d'éventuels accrochages… La Bretelle en est à sa troisième édition cette année. Mais elle est encore loin d'avoir la même ampleur que sa concurrente, puisqu'elle n'attend au mieux qu'un millier de participants.

Et ma pomme là-dedans ?

Hé bien, depuis 2006 j'y participe, à ce Gordel. Fanatique de vélo comme je l'ai déjà évoqué ici-même, et étant Bruxellois à l'époque, l'événement ne pouvait que m'interpeller, et cette année-là je me suis lancé. En me demandant si j'allais me faire lyncher en raison de mon néerlandais à l'accent français à couper au couteau. Mais tout s'est bien passé (à part une chute sur un de ces passages pavés dont le pays a le secret), et j'ai bouclé mes 100 bornes, comme les deux années suivantes.

L'année dernière, devenu Tournaisien entre-temps, j'ai varié un peu et participé au « Gordel pour cyclotouristes ». C'est la plus longue randonnée organisée ce même jour, et c'est la seule à s'éloigner nettement de la périphérie bruxelloise. En effet, elle part d'Audenarde (Oudenaarde), belle petite ville flamande à 30 km au nord-est de Tournai et à 70 km à l'ouest de Bruxelles, va jusqu'à Dilbeek dans la périphérie ouest de Bruxelles, et s'en retourne à Audenarde, soit 140 bornes dans un paysage agréable et vallonné. On peut la faire aussi dans le sens Dilbeek-Audenarde-Dilbeek.

L'attraction principale de cette rando n'a rien à voir avec le communautaire (quasiment absent de tout ce trajet, et tant mieux) : c'est le mur de Grammont (Muur van Geraardsbergen), une colline pavée que les participants du Tour des Flandres connaissent bien, et qu'un Suisse nommé Fabian Cancellara adore particulièrement… Elle ne fait qu'une borne environ, mais c'est une borne (mal) pavée et avec des pentes allant jusqu'à 20 %.

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Un passage du Muur.

Toute la journée, un chronométrage de la montée du Muur est mis en place pour les participants du Gordel des cyclotouristes. Votre serviteur, pourtant non compétiteur, s'est pris au jeu de cette course de côte mais a moyennement apprécié la séance de marteau-piqueur qui allait avec. Allez hop, n'ayons pas peur du ridicule : j'ai été pris en photo ce jour-là pendant l'ascension, comme tous les participants, et voilà ce que ça a donné, et qui a fait sourire en coin mes relations non cyclistes :

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Pas évident de changer de braquet sur ce genre de « revêtement »…

Cette année, ma participation est par contre peu probable : un de mes genoux « couinant » depuis une semaine (le temps pourri ayant régné ici ce mois d'août n'y est sûrement pas étranger…), il est au repos actuellement.

Mais je suivrai avec attention l'actualité politique du jour. Elle contribuera à l'ambiance pour certains participants à la manifestation, à n'en pas douter. C'est ce dimanche donc, wait and see.

Bonne fin d'été à tous, et rendez-vous au prochain article, où je reviendrai à un autre de mes thèmes favoris. ;-)

33 commentaires
1)
dpesch
, le 02.09.2010 à 01:28

Cher Franck,

Tu dis : “Toutes ces randonnées sportives…”.

Ton titre est plus exact : “Manifestation cycliste autour de Bruxelles”.

Je re-cites Philippe Geluck (déjà cité – et plus complètement – en commentaire n° 28 de ton troisième article) : “On nous dit qu’une majorité de Flamands tient encore à ce que j’aime dans la Belgique. Mais alors, j’aimerais bien qu’ils me le montrent! Or, c’est tout le contraire qui se passe. Qu’ils me le montrent le 13 juin par les urnes. Qu’ils me le disent dans la presse. Qu’ils me le montrent en arrêtant toutes ces mesures “anti-francophones”. Qu’ils me le montrent en arrêtant de participer par dizaines de milliers au Gordel, cette “promenade” cycliste autour de Bruxelles. Des pères et mères de famille avec leurs enfants font le tour de Bruxelles à vélo, pour bien dire aux Bruxellois francophones: vous êtes nos prisonniers, on vous encercle! Sous couvert d’une randonnée familiale, c’est une manifestation de mépris et de haine.”

2)
Franck Pastor
, le 02.09.2010 à 07:03

Manifestation, randonnées sportives : c’est aussi bien l’une que l’autre, ou les deux, selon le point de vue du participant.

Des pères et mères de famille avec leurs enfants font le tour de Bruxelles à vélo, pour bien dire aux Bruxellois francophones: vous êtes nos prisonniers, on vous encercle! Sous couvert d’une randonnée familiale, c’est une manifestation de mépris et de haine.”

Geluck n’a pas dû beaucoup visiter le Gordel ni discuter avec les Gordelaars. Ce qu’il dit est l’interprétation de quelqu’un qui vit le Gordel à travers la plupart des médias francophones, lesquels prennent ce qui les arrangent dans le côté manifestation du Gordel, c’est à dire ce qui rapporte, le sensationnel.

C’est vrai, cette interprétation vaut pour quelques malades mentaux parmi les Flamingants, lesquels — les Flamingants — doivent représenter un cycliste sur dix… Mais même chez la plupart des Flamingants, les créateurs de cette journée spéciale il faut quand même le dire, ce n’est pas une « manifestation de mépris et de haine ». C’est un avatar de leur peur. Leur peur de Bruxelles, tout aussi conditionnée chez eux par leur médias et leur propres politiques, d’ailleurs. Leur peur d’être francisé, leur peur pour leur chère « patrie flamande » de perdre encore d’autres communes en faveur de Bruxelles « l’impure », « la francophone ».

Moi le Francophone qui y participe, je n’ai jamais ressenti ni mépris ni haine dans ces randonnées, et ce n’est pas faute d’avoir discuté avec les participants, la première année parfois en français pour mieux me faire comprendre. Et sauf cette première année, je ne me suis jamais fait reconnaître comme Français. Sans même parler des quelques Belges francophones, père, mère et enfants, même minoritaires, qui y participent aussi… et qui ne se gênent pas pour y parler leur langue.

3)
fxc
, le 02.09.2010 à 07:07

Pour être un gordel, en belgique, c’est un fameux gordel…

4)
archeos
, le 02.09.2010 à 08:22

la masse de participants pour la plupart complètement apolitiques, qui ne pensent ce jour-là qu’à profiter d’une organisation

Mouais : personnellement, je suis passionné d’histoire, du Moyen Âge et Jeanne d’Arc m’intéresse. Mais même si la Fête Jeanne d’Arc du premier dimanche de mai devenait « bon enfant », je pense que je n’irai jamais, parce qu’à la base, c’est organisé par le FN, et ça ne ferait que lui rapporter.

5)
Franck Pastor
, le 02.09.2010 à 08:33

Je ne mettrais pas sur le même plan le FN raciste et xénophobe et les organisateurs du Gordel qui veulent conserver la périphérie en Flandre. Ces organisateurs ne sont pas pour autant membres du Vlaams Belang, l’équivalent du FN en Flandre. Ou si certains le sont (ça reste possible), ce n’est pas le VB qui organise le Gordel, mais le Bloso, l’organisme flamand en charge du sport. J’ai donc la conscience tranquille quand je participe au Gordel, même si leur message ne m’intéresse pas. Par contre, l’IJzerbedevaart, le pélerinage de l’Yser, non merci, pas pour moi…

6)
Emilou
, le 02.09.2010 à 10:23

Gordel ou pas, les flamands ont votés en majorité pour l’extrémisme et ainsi pour le démantèlement de la Belgique. Oubliant notre histoire, la Flandre refuse toute solidarité.

Je pense que nous sommes arrivés à un point de non retour, la Belgique de papa, la Belgique tout court, c’est terminé.

La Wallonie, voire la région Wallonie-Bruxelles ne sont pas économiquement viables. Un rattachement à la France semble inéluctable, dans le sens de l’histoire d’ailleurs, j’adore mon pays, l’idée de sa scission m’attriste à plus d’un titre.

Cette discussion sur l’inanité ou non du Gordel, me scie. Vraiment nous n’en sommes plus là. On nous fait croire que la Belgique peut encore exister ce n’est qu’affirmations de quelques hommes politiques wallons espérant encore garder leur pouvoir ou nostalgie de quelques autres wallons qui croient encore au père noël. Quelle naïveté de croire que le Gordel serait une charmante promenade même si le tour de Bruxelles est superbe. Je ne crois pas que cette randonnée soit un avatar des peurs flamandes, ce n’est ni plus ni moins une provocation parmi tant d’autres.

Au lieu de nous appesantir sur notre beau passé, les wallons( dont je suis) via certains politiques réalistes et non intéressés, devraient se focaliser sur les modalités de notre séparation et celles d’un inévitable rattachement à la France. J’en crève de penser à cette extrême solution, mais foin de mes sentiments, il faut en finir avec ces discours lénifiants qui prônent un illusoire maintien d’une Belgique unie.

Franck Pastor votre article m’irrite profondément même s’il s’y pointent quelques accents de vérité. En vous lisant je ressens la peur qu’ont certains wallons de voir le pays éclater, de voir leurs intérêts économiques compromis. Bon sang, nous n’en sommes plus là, cessons de geindre et pensons une fois pour toute à un autre avenir et plus vite sera le mieux, la Flandre ne transigera plus, elle est devenue incontournable en négociations à sens unique. On ne négocie plus avec la Flandre ou alors on veut se faire baiser, c’est personnellement une faute de goût que je ne commettrai pas.

7)
Franck Pastor
, le 02.09.2010 à 10:36

Au lieu de nous appesantir sur notre beau passé, les wallons( dont je suis) via certains politiques réalistes et non intéressés, devraient se focaliser sur les modalités de notre séparation et celles d’un inévitable rattachement à la Flandre.

Joli lapsus ;-)

Je ne crois pas que cette randonnée soit un avatar des peurs flamandes, ce n’est ni plus ni moins une provocation parmi tant d’autres.

Ça, c’est comme on le perçoit du côté des Francophones sensibles au communautaires. Et c’est sûrement ce que souhaite la part flamingante du Gordel, celle qui veut marquer son territoire. Les autres Francophones comme les autres Flamands s’en fichent éperdument. Comme la majorité des Belges se fiche éperdument de la politique et que leur pays éclate, d’ailleurs. Elle vote pour qui passe bien à la télé, De Wever par exemple au nord.

Franck Pastor votre article m’irrite profondément même s’il si pointe quelques accents de vérité. En vous lisant je ressens la peur qu’ont les wallons de voir le pays éclater, de voir leurs intérêts économiques compromis.

Je ne suis pas Wallon, je ne suis même pas Belge, même si je me sens proche du point de vue de bien des Bruxellois. Mais je ne vois pas trop d’où peut suinter dans cet article quelque peur que ce soit de ma part. Mes points de vue sur ce qui se passe plus généralement dans la politique belge actuelle, et mes craintes là-dessus, je les ai largement donnés dans les articles précédents et dans leurs commentaires, pas ici. Désolé si cet article-là t’irrite pour ça !

8)
Emilou
, le 02.09.2010 à 11:02

Franck vous avez tout dit,” je ne suis ni wallon, ni belge”. La solution aux problèmes belges du moment conditionne MON avenir et j’y tiens. Dès lors je me crois autorisé de donner mon avis même si, en apparence, il ne fait pas partie du politiquement correct.

Ma véritable peur est qu’à force de compromis et de compromissions on s’enlise dans un immobilisme préjudiciable pour tous.

Le formateur Elio Di Rupo, homme de valeur pourtant, est l’archétype de ceux qui en faisant durer le plaisir d’être belge construit le mur sur lequel, sous peu, nous buterons, il n’est pas le seul, hélas, à nous y précipiter.

Dans votre article, Franck, je ne vois suinter aucune peur, ce n’est pas le sens de mon intervention. Ce qui m’irrite c’est de voir que l’on peu encore oser croire que des manifestations comme le Gordel sont sans arrière pensée. Je n’ai pas lu vos précédents articles, j’ai probablement tort, mais mon souci est bien ailleurs : mon avenir compromis par cette aberration de l’intelligence que l’on nomme extrémisme et hélas par une majorité des flamands qui y adhèrent ou tout au moins qui ont voté pour (par conviction ou par ignorance ou par bêtise).

PS : aucun lapsus dans ma confusion entre France et Flandre, que nenni, simple distraction, j’en suis très coutumier.

9)
photoad
, le 02.09.2010 à 12:09

Je ne peux qu’ approuver les commentaires d’ EMILE VERSCHUEREN. Je pense exactement la même chose : quand, dans un couple, un des deux, n’ en veut manifestement plus de cette union, pourquoi continuer à faire sans arrêt, des concessions qui ne serviront à rien sauf à préparer les prochaines revendications ? Pour les non-initiés, je leur fait remarquer que les drapeaux que l’ on agite lors des courses cyclistes belges et autres ( comme à PARIS-ROUBAIX ) sont des drapeaux flamingants et non ceux de la FLANDRE. Avant le passage, ils distribue des milliers de petits drapeaux, et les étrangers ne s’ imaginent pas qu’ ils agitent un drapeau d’ une FLANDRE nauséabonde et méprisante pour l’ autre communauté. Et ceci, n’ est qu’ un de ces nombreux camouflets que les Wallons doivent subir. Dans ce cas, pourquoi encore aller en vacances, à la côte belge ( officiellement apellée vlaamse kunst ) , et, de plus, pour y être mal accueilli, et pourquoi encore utiliser l’ aéroport de ZAVENTEM ??? Ce que je déplore, c’ est que la majorité de nos hommes politiques faisait comme si tout allait bien ( et fait encore semblant de croire que tout est possible ) et surtout, qu’ ils n’ ont pas de plan B … Je souhaite bonne chance, aux prochaines générations ! Et dire que la BELGIQUE, avec la création de la SECA en 1950 ( sauf erreur ), puis du BENELUX, est un des piliers fondateurs de cette EUROPE. A quoi cela sert-il de faire une EUROPE unie, alors, que les flamingants rejettent la deuxième communauté de leur propre pays ?

10)
flup
, le 02.09.2010 à 12:14

La plupart des gens qui participent au Gordel sont effectivement là pour l’aspect “sport” ou “détente”. J’ai eu l’occasion de le voir en habitant pendant 20 ans dans une des communes de départ (Zaventem).

Ce qui est plus dérangeant, c’est que la classe politique flamande utilise le nombre de participants comme un soutien aux revendications nationalistes.

11)
Franck Pastor
, le 02.09.2010 à 12:43

@ Émile : bien sûr que le Gordel a un arrière-plan politique, je n’en fais pas mystère : « la périphérie ne devra jamais être bruxelloise ». Et cette arrière-pensée est exploitée comme il convient par les gens que cela intéresse, et souvent étendue jusqu’aux revendications nationalistes. Mais je le répète, l’énorme majorité des participant s’en balance éperdument, de cet arrière-plan politique. Ils n’y trouvent certes aucun inconvénient, que la périphérie bruxelloise reste flamande, mais ils ne viennent pas au Gordel pour cela.

@ Photoad : il y a effectivement deux types de drapeaux flamands. Si le lion a des griffes et une langue rouges c’est le drapeau officiel. L’autre, avec un lion entièrement noir, est le drapeau nationaliste. Autant le savoir.

L’appelation Vlaamse kust (pas kunst, ça signifie « art », et la côte belge est globalement trop moche pour mériter un tel honneur ;-)) est dûe à un des pires nationalistes qui soit, actuellement ministre du tourisme flamand : j’ai nommé Geert… Bourgeois (arf !), psychorigide parmi les psychorigides. Mais les touristes francophones s’en foutent des c… de ce monsieur, du moment qu’ils sont toujours bien accueillis… et c’est toujours le cas pour l’immense majorité d’entre eux. Quant à Zaventem, je n’y suis allé qu’une seule fois, pour voir que tout y était bilingue.

@ flup : Hé oui, le Gordel reste une caisse de résonance pour les politiques flamands spécialisés dans le communautaire. Les uns pour réclamer la scission de B-HV et la fin des facilités, ce qui cadre parfaitement avec la raison profonde de l’existence du Gordel, les autres pour rappeler leurs convictions autonomistes ou nationalistes. Qu’est-ce qui pourrait les empêcher d’aboyer, de toutes façons ? Ils aboient, la caravane des cyclos passe…

C’est pour cela que je suis très content de l’initiative de « la Bretelle » : les partisans d’un Bruxelles plus étendu ou tout simplement d’une relation plus étroite entre Bruxelles et sa périphérie peuvent en profiter aussi pour se faire entendre, le même jour. C’est ça la démocratie, chacun proclame son point de vue. J’espère que cette « Bretelle » se renforcera, au point qu’on ne puisse plus parler à l’avenir de la « ceinture » (Gordel) de Bruxelles sans sa « bretelle ». :-)

12)
Foyan
, le 02.09.2010 à 12:45

Bref, en “Gelbique”, on est prié de ne pas confondre Gordel et B… ! ;-)

13)
Filou53
, le 02.09.2010 à 12:47

Je ne peux (malheureusement) qu’abonder dans le sens d’Emile V et de PhotoAd…

J’ai le sentiment qu’en Belgique, nous sommes devenus les ‘Juifs’ des flamands: (je ne suis aucunement antisémite, je précise)

tout est de notre faute, nous sommes des fainéants, nous leur coûtons très chers… etc, etc…

Sous peu, nous devrons sans doute porter l’étoile en allant en Flandre (je ne sais plus quelle était la couleur de celle-ci pour les prisonniers politiques, c’est pas le bleu ? ).

Si tous les flamands ne sont pas comme cela, OU sont-ils ? J’ai beau chercher, j’en vois rarement qui défendent leurs compatriotes wallons…

14)
Emilou
, le 02.09.2010 à 15:00

Franck, Oh que non, j’ai toujours estimé que notre belle côte avait été saccagée et je le regrette vivement. J’espère, pour nos amis flamands que le réchauffement climatique ne mettra pas à plat cette masse ignoble de briques et de béton quoi que ? Certes certes,Ils n’ont pas la palme du mauvais goût, Bruxelles (ma belle) a été mise à mal par un ancien bourgmestre bien bruxellois (VDB pour ne pas le citer) avec les chancres que l’on connaît.

Concernant toujours ce Gordel (Foyan, j’ai failli me fourvoyer), bien entendu que des familles entières saisissent la balle au bon et font innocemment ce beau parcourt du Gordel, une aubaine pour les enfants. Les flamingants les utilisent surtout pour que leur forfait ait un semblant d’honorabilité….

Geert Bourgeois, Emile Verschueren, curieux ces noms de famille belges ! Le premier est flamingant le deuxième wallon plus que modéré…mais pas dupe. Cela vient du bon vieux temps où les migrations se faisaient dans les deux sens.

Allons,nos-èstans fîrs di nosse pitite patrèye,….Vola poqwè! Vola poqwè qu’on-z-èst fîr d’ èsse Walon! (Nous sommes fiers de notre Wallonie…voilà pourquoi l’on est fier d’être Wallons!) que donc nos wallons restent fiers et agissent dans le bon sens….en France ils resteront wallons, comme” les bretons, les basques……

PS : Ce n’est pas parce qu’ on ne se fait pas reconnaître comme français en Flandre que l’on n’est pas assez rapidement démasqué, l’oreille flamande sait être aiguisée, l’accent (ou les accents) français, cela se repère vite…comme l’accent (les accents) belge en France.

15)
dpesch
, le 02.09.2010 à 18:43

Aucune surprise : je suis évidement en adéquation avec Emile et Photoad.

Geert Bourgeois, que tu évoques Franck est un ancien membre de la Volksunie et il a fondé la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA) avec Bart de Wever. Ce sont tous deux des nationalistes flamingants. Mais eux le disent clairement. Ce qui n’est pas le cas de Messieurs Leterme et Van Rompuy (Hermann, ancien premier et actuel président de l’UE) qui ont des positions très proches de la N-VA, mais jouent les consensuels.

45% des électeurs flamands ont voté pour des nationalistes purs et durs et affichés, les autres ont voté pour des nationalistes qui se cachent plus ou moins.

Voici ce qu’écrit aujourd’hui un ancien porte parole du CdH (les Chrétiens francophones), je cite :

“LETTRE OUVERTE A NAPOLEON BONABART DE WEVER QUI PREND LES FRANCOPHONES POUR DES CARBONADES.

Salut Bart,

On se connaît un peu. En 2007, nous avons échangé quelques idées dans les salons de Val Duchesse. Les autres négociaient à côté l’étrange Orange Bleue.

Nous avions trouvé une sorte de complicité sur l’analyse de la situation : « j’ai raison et Milquet aussi», disais-tu; « Delpérée donne des leçons et on n’est pas là pour ça», rêvais-tu à juste titre; « la fin de la Belgique, je ne la vivrai peut-être pas, je respecte le système démocratique », assurais-tu. Charmant. Presque.

1 000 jours et deux élections plus tard.

Tu as compris et restes fidèle à ce que beaucoup d’autres n’arrivent pas à appliquer : la communication politique doit être simple. Et c’est sa principale difficulté parce qu’en Belgique tout est compliqué. Mais elle doit se baser aussi sur des principes de réalité, de cohérence, d’honnêteté intellectuelle et de crédibilité au risque un jour de passer de l’efficacité à la débilité.

La communication politique doit donc être simple mais pas simpliste.

Et Bart, tu es aujourd’hui un communicant simple et simpliste. Car quoi ?

« Di Rupo doit lâcher sa communauté »… Simple en effet comme argument, c’est le prix pour devenir 1er ministre. Quelle logique implacable ! Mais cela signifie que Wallons !, Bruxellois !, vous ne méritez même pas d’être défendus, au contraire du pire des criminels. Vous êtes une sous marque pour ne pas dire une sous race. Ça, c’est pire que du simplisme.

Autre revendication simple de Bart, négocions rien qu’entre PS et NVA… te faire voir celui qui ne suit pas. Electeurs de Ecolo, du cdH voire du MR vous avez élu des presse-boutons mono-neuronaux, qui n’ont rien à dire, privés qu’ils sont de tout libre examen et de toute pensée libre. Toi, Napoléon Bonabart, Empereur de droit divin. A 12h15, Di Rupo dit non à ta formule à deux ; 18 heures, peu importe, tu lances ton exigence. En Belgique comme au tennis, il faut être au moins deux pour monter sur le terrain. Et voilà que tu joues au jokari politique. En réalité, tu veux être tout seul. Définitivement, tu es un petit polisson.

Par ailleurs, Jules Verne prédisait lui le tour du monde en 80 jours et il t’a fallu 80 jours pour te rendre compte que ce serait bien d’écrire les accords. Avec toi, Phileas Fogg n’aurait jamais vu le jour. Voyage en Bartsurdie où un gouvernement n’est éternellement pas pour demain.

Autrement plus cocasse. Même les journalistes francophones de RTL et de la RTBF ne pouvaient pas lundi te poser de questions. Leurs confrères flamands ont dû les poser à leur place. Les scribouillards de la langue de Voltaire n’ont plus accès à toi, ô toi, nouveau maître de la langue de Vondel.

Enfin, pour terminer l’apologie de ton discours : « pas de chèque en blanc pour Bruxelles ! » Bien sûr, encore une évidence communicationnelle. Mais, attention, Bart, les chèques en bois et en noir sont beaucoup plus dangereux.

Bref, Bart, tu te Kadhafises. A l’instar du dictateur lybien qui proclamait cette semaine que la majorité des italiens devraient se convertir à l’Islam, tu prends juste les francophones pour des carbonades… qu’il suffirait de fondre ou de flamandiser.

Au plaisir de te lire, Alain Raviart, chroniqueur et très ancien porte-parole de Joëlle 2 septembre 2010.”

Me concernant, j’ai quitté la Belgique pour la France en 1975 car je savais déjà à quel point les flamingants allaient foutre la m…e dans les années suivantes. J’ai, de 69 à 73, milité au FdF (qui était encore le Front des Francophones et n’était pas encore libéral !) et l’un de mes camarades de parti (il s’appelait Jacques Georgin) a été assassiné par des partisans de la Volksunie à coup de pied de table de bistro !

Je suis heureux de vivre aujourd’hui dans le midi de la France. Mais j’ai encore de la famille à Bruxelles et des amis dans les communes à facilités. Plusieurs d’entre eux cherchent déjà une résidence en France…

Ils choisissent l’exil, comme de nombreux juifs allemands l’ont fait avant la dernière guerre !

C’est à eux que je pense et à mes ex-compatriotes francophones de Bruxelles, bien sûr, mais aussi de Flandres (il y en a pas mal !) qui vont devoir subir les diktats de ces Messieurs les Flamingants (cf Jacques Brel). Et cela m’attriste profondément.

Habitant Sète, je suis sensible aux citations de Brassens et je complète :

… et si tôt qu’on est plus de quatre on est une bande de c…s.

Franck, il faut arrêter de défendre l’indéfendable !

16)
zit
, le 02.09.2010 à 19:54

Pfouuuu, déjà, un kilomètre de pavés, c’est long, un kilomètre avec des pentes à 20 %, c’est trèèèèès long, mais un kilomètre de pavés avec des pentes à 20 %, je laisse !

z (quand aux problèmes intra–communautaires, je passe aussi, je répêêêêêêêêêête : seule la bêtise n’a pas de frontières)

17)
fxc
, le 02.09.2010 à 20:55

Les Flamingands, chanson comique !

Messieurs les Flamingants
J’ai deux mots à vous rire
Il y a trop longtemps
Que vous me faites frire
À vous souffler dans le cul
Pour devenir autobus
Vous voilà acrobates
Mais vraiment rien de plus

Nazis durant les guerres
Et catholiques entre elles
Vous oscillez sans cesse
Du fusil au missel
Vos regards sont lointains
Votre humour est exsangue
Bien qu’y aient des rues à Gand
Qui pissent dans les deux langues
Tu vois quand j’pense à vous
J’aime que rien ne se perde
Messieurs les Flamingants
Je vous emmerde

Vous salissez la Flandre
Mais la Flandre vous juge.
Voyez la mer du nord
Elle s’est enfuie de Bruges.
Cessez de me gonfler
Mes vieilles roubignoles
Avec votre art flamand-italo-espagnol.
Vous êtes tellement tellement
Beaucoup trop lourds
Que quand les soirs d’orage
Des chinois cultivés
Me demandent d’où je suis,
Je réponds fatigué
Et les larmes aux dents :
“Ik ben van Luxembourg”.
Et si aux jeunes femmes,
On ose un chant flamand,
Elle s’envolent en rêvant
Aux oiseaux roses et blancs

Et je vous interdis
D’espérer que jamais à Londres
Sous la pluie on puisse
Vous croire anglais
Et je vous interdis
À New-York ou Milan
D’éructer Messeigneurs
Autrement qu’en flamand
Vous n’aurez pas l’air cons
Vraiment pas cons du tout
Et moi je m’interdis
De dire que je m’en fous
Et je vous interdis
D’obliger nos enfants
Qui ne vous ont rien fait
À aboyer flamand
Et si mes frères se taisent
Et bien tant pis pour elles.
Je chante persiste et signe :
Je m’appelle Jacques Brel ….

CE TEXTE A PLUS DE 30 ANS ET D’ACTUALITE, UN VISIONNAIRE CE MONSIEUR BREL

18)
Franck Pastor
, le 02.09.2010 à 20:57

Pfiou, dpesch, tu ne crois pas que tu exagères ? Quand ai-je défendu l’indéfendable ?

Et d’ailleurs, c’est quoi l’indéfendable, ici ? Le tabassage de Jacques Georgin il y a quarante ans (par des sbires du Vlaamse Militanten Orde et pas par des militants de la Volksunie) ? Bien sûr que c’est indéfendable ! Le Gordel ? Excuse-moi, mais mettre dans le même sac le Gordel et la mort de Jacques Georgin comme tu sembles le faire, ou Herman Van Rompuy et Bart De Wever et le Vlaams Belang, c’est perdre toute nuance. Je n’ai de sympathie pour rien ni personne dans cette liste, mais j’ai bien plus de répulsion pour le VMO et pour le Vlaams Belang que pour Bart De Wever, et bien plus pour ce dernier que pour Herman Van Rompuy.

Quant au fondement communautaire du Gordel (que le Vlaamse rand reste à la région flamande), voilà ce que j’en pense, si ça n’a pas été clair : qu’ils la gardent s’ils y tiennent, ça n’empêchera pas les francophones de Bruxelles de s’y établir et personne ne les fera changer de langue maternelle.

Voilà. Si j’ai mérité la damnation éternelle par le FDF avec ces points de vue, je m’en fiche tellement que cela donne une idée de l’infini.

19)
Franck Pastor
, le 02.09.2010 à 21:04

@ fxc : j’ai mis les balises HTML nécessaires pour que le texte de Brel apparaisse bien ;-) J’aime bien d’ailleurs, à part le fait qu’il dise que le flamand s’aboie. C’est une langue comme une autre. Enfin, on devrait dire le néerlandais, et ses dialectes en Flandre…

NB : ce texte, recherche Google aidant, n’a pas vingt ans mais plus de trente. Il date de 77, un peu avant sa mort.

20)
Franck Pastor
, le 02.09.2010 à 21:04

@ Zit : tu devrais essayer un jour, juste pour dire : je l’ai fait !

21)
dpesch
, le 02.09.2010 à 22:08

Non, Franck, Georgin a bien été tué par des militants de la Volksunie. Je collais, comme lui, des affiches électorales à 200 m de l’endroit où cela s’est passé et j’étais avec lui lorsqu’il a expiré !

Le Gordel n’est encore pour l’instant qu’une manifestation imaginée pour bien montrer que la Flandre encercle Bruxelles. C’est une forme d’intimidation, de démonstration de force. Elle n’a pas encore fait de victimes. Espérons que cela dure…

Je ne perds pas le sens de la nuance, tous ces messieurs sont les héritiers des extrémistes flamands qui empoisonnent la vie des Bruxellois depuis des lustres. Herman van Rompuy n’est pas différent de son frère Eric, il habite Rhode St Genèse (commune à facilités) et n’a pas bougé l’extrémité du bout de son petit doigt pour que le bourgmestre (maire) élu démocratiquement soit nommé par le gouvernement flamand. C’est un flamingant qui fait semblant d’être, à l’inverse de son frangin, modéré.

Je crois que les francophones de la périphérie bruxelloise se foutent pas mal de ce que tu peux penser : ils ne souhaitent pas, eux, être vendus à la Flandre au prétexte fallacieux qu’ils ont soi-disant envahi ce morceau de Flandre. Pour rappel, le tracé de la frontière linguistique s’est fait sans eux ! Et pourtant, ils étaient déjà là !

Bien sûr, à la maison, les gens pourront toujours parler le français, le javanais, le turc ou le mandarin, mais en dehors, ils devront aboyer flamand (je persiste et signe !).

J’ai eu un prof de néerlandais, un Flamand de Gent, qui disais : “L’italien se chante, le français se parle et le flamand se crache”

Personne n’a une véritable idée de l’infini. Et je me contrefous aussi “sidéralement” de ce que peut penser le FdF de ta prose (s’il te lit).

22)
fxc
, le 02.09.2010 à 22:23

JMerci pour les balises, je pige rien à tous ces bidules…. j’dois avoir du sang flamand sans doute.

23)
Franck Pastor
, le 02.09.2010 à 22:32

@ dpesch : la bourgmestre de Rhode-Saint-Genèse, Myriam Delacroix-Rollin, a été nommée, elle. Les bourgmestres non nommés sont ceux de Linkebeek, Kraainem et Wezembeek-Oppem. Moi, pour cette affaire, je les renvoie dos à dos (gouvernement flamand avec sa stupide et vexatoire circulaire Peeters et bourgmestres inutilement frondeurs).

Désolé pour l’erreur concernant Georgin, si tu étais là ta parole a plus de poids que les compte-rendus de ce drame.

Et il disait quoi du néerlandais, ton Flamand de Gent ? ;-) Parce que c’est ce qu’il était censé enseigner, après tout, pas le « flamand ». Sérieusement, un gars qui méprisait à ce point la langue qu’il enseignait ne méritait pas d’être à ce poste.

Quant à parler flamand/néerlandais, si un jour j’habite dans le coin, tant qu’il s’agit de ne le parler qu’avec les autorités (maison communale…), ça ne me posera aucun problème. Je ne suis pas aussi sourcilleux là-dessus que certains Francophones de Belgique, et n’ai aucun complexe vis-à-vis du néerlandais. Quand j’étais Bruxellois, je m’arrangeais pour éviter de recevoir des papiers en français et les avoir en néerlandais, ou au moins bilingues, pour m’entraîner.

Si par contre on m’oblige à utiliser le néerlandais dans la rue ou dans toute sphère privée, là je m’insurgerai et deviendrai militant.

24)
Franck Pastor
, le 03.09.2010 à 08:50

Entendu ce matin aux infos de « Radio Één », la principale radio publique flamande, de la part de Carla Galle, chargée de l’organisation du Gordel au Bloso : si l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde se retrouvait scindé après les négociations, le Gordel ne serait peut-être pas organisé l’année prochaine. Preuve s’il en est de la connotation politique de l’événement.

Suggestion à Carla Galle : si c’est le cas, fusionnez avec la « Bretelle » et proposez un véritable événement sportif bilingue avec des randonnées à cheval sur Bruxelles, Flandre et Wallonie. Vous feriez grand plaisir à à la grande majorité des participants de ces deux événements. Mais bon, je crois que je prêche dans le désert : depuis quand les administrateurs de ce pays se soucient-ils de leurs administrés ? ;-/

Et puis, en plus, les négociations de pré-formation (sic) gouvernementale sont dans l’impasse actuellement.

25)
dpesch
, le 03.09.2010 à 09:08

@ Franck :

Au temps pour moi pour cette petite erreur. Mais ces bourgmestres, ont-ils été élus démocratiquement ou non ?

Mon prof de néerlandais ne faisait pas tant de nuances. D’ailleurs le néerlandais se parle avec différents accents aussi bien en Belgique qu’aux Pays-Bas. Celui d’Amsterdam est plus doux, car on ne roule pas les R là-bas. Mais en Frise (nord), c’est plus rocailleux… Je ne pense pas qu’il méprisait sa langue maternelle, il faisait un simple constat. Et c’était un bon prof, que tu juges un peu vite non-méritant.

Si par contre on m’oblige à utiliser le néerlandais dans la rue ou dans toute sphère privée, là je m’insurgerai et deviendrai militant.

Mais c’est ce qui se passe à Dilbeek ou Overijse entr’autres : certains habitants n’osent plus répondre en français lorsqu’on leur demande un renseignement dans cette langue. Certains commerçants refusent de servir les clients qui leur parlent français, voire même ceux qui, faisant l’effort de leur parler néerlandais, ont un accent français trop prononcé. Les francophones de la périphérie bruxelloise subissent quotidiennement ce genre de vexations. Cela peut devenir très agaçant au bout d’un moment…

Quant au Gordel, c’est une manifestation tellement communautariste et politique que voici ce qu’en dit aujourd’hui Carla Galle, administratrice générale du Bloso (je cite “Le Soir”, quotidien francophone):

“Le trentième Gordel qui se déroule dimanche pourrait être le dernier. « Si un accord communautaire global est trouvé, il ne se fera plus », explique Carla Galle, administratrice générale auprès du Bloso qui organise la parade cycliste dans la périphérie bruxelloise.

En d’autres termes, si les négociateurs politiques trouvent une solution au problème de BHV, cette manifestation qui attire en moyenne 80.000 participants, ne serait vraisemblablement plus organisée. « Le Gordel est aussi un événement purement sportif et festif. Mais, il est aussi inextricablement lié à l’engagement flamand dans les communes de la périphérie », a expliqué Mme Galle dans les journaux Gazet van Antwerpen et Het Belang van Limburg.”

C’est limpide, non ?

Cela dit, je te propose d’arrêter là nos diatribes : nous ne serons sans doute jamais d’accord et nous ne trouverons jamais de limites à nos arguments en faveur ou en défaveur des uns ou des autres…

Personnellement, je souhaite (mais ce serait aux Belges d’en décider par voie de référendum) une séparation à l’amiable, un divorce en bonne et due forme aussi juste que possible.

Ou alors, que les Flamands prennent leurs responsabilités, qu’ils déclarent leur indépendance et que chacune des communautés fasse face à son avenir et le gère au mieux. Mais il ne faudra pas oublier (vendre ???) les francophones des communes à facilités de Bruxelles : il faudra leur demander, à eux aussi, leur avis !

26)
photoad
, le 03.09.2010 à 23:18

Pour que nos amis suisses comprennent ce que les wallons doivent subir: vous êtes vaudois et vous avez une promotion au siège principal de votre société à ZURICH. Tout naturellement, vous chercher une habitation. Et bien les autorités alémaniques, vont vous empêcher de pouvoir faire cet achat sur LEUR sol. C’ est ce qui se passe pour un wallon qui travaille sur BRUXELLES. L’ autorité flamande fait même pression et chantage ( et ils le reconnaissent ), au niveau des promoteurs immobiliers afin qu’ ils ne fassent aucune vente à un wallon. Dans une commune de la périphérie bruxelloise, les autorités flamandes ont mis à pied, un entraineur de footbal parce qu’ il donnait ses injonctions en français ( normal, tous les joueurs sont francophones ).Titre de LA LIBRE de ce jour : seulement 5 % de flamands à BRUXELLES. Les étudiants wallons ont été mis dehors ( wallen buiten ) de notre université de LOUVAIN ( pardon de LEUVEN ). Ce fut sanglant ! Et une partie du clergé flamand était partie prenante …. Ceci dit, cette déroute a été positivée par la construction d’ une toute nouvelle ville universitaire : LOUVAIN-LA-NEUVE ( une réussite ). FRANCK, tu es étranger et tu n’ auras pas à subir les humiliations du quidam wallon. Tu es français, tu demandes ton chemin, on te répondra. Et moi, qui ai une plaque belge, on ne me répondra pas ou on m’ enverra dans la mauvaise direction. OK à ZAVENTEM, qui est aéroport international, il y a forcément des inscriptions en français et en anglais. Mais l’ ambiance n’ est pas la même, pour moi belge francophone, au comptoir d’ enregistrement et au passage de police. Autres tracasseries pour les francophones de la périphérie : les fonctionnaires, même si ils sont bilingues et disposés à vous aider dans votre langue, sont obligés de n’ utiliser uniquement que le flamand, et tous les formulaires et courriers seront rédigés en flamand …. Dernièrement, les autorités flamandes voulaient imposer le contrôle des écoles francophones de son territoire par des inspecteurs flamands … Tout ce laïus, afin que nos lecteurs français et suisses, comprennent toutes les tracasseries, mesquineries, que les flamands imposent aux francophones. Et croire que le gordel n’ est pas une humiliation de plus, de la part des flamingants sur les wallons …

27)
photoad
, le 03.09.2010 à 23:21

Et dire que notre devise nationale, c’ est : ” L’ UNION FAIT LA FORCE “

28)
Franck Pastor
, le 04.09.2010 à 11:39

Dpesch, photoad, je suis Français, mais apparemment ça s’entend de moins en moins, après 10 ans. Au début de ma présence en Belgique, on me demandait toujours si j’étais Français, et même Québecois (si !), mais plus guère maintenant. J’ai pris le vocabulaire du pays, jusqu’à dire spontanément « savoir » au lieu de « pouvoir », et même certaines particularités de prononciation, par exemple les « ui » qui se prononcent « oui ». Et la plaque de ma voiture est belge.

Tout ça pour dire que je ne suis pas persuadé que les Flamands m’identifient encore comme Français, même si c’est possible. Et puis de toutes façons je leur parle néerlandais, sauf exception. Par exemple dans certains commerces de vélo, où je ne maîtrise pas tous les termes techniques. C’est dans ce cas souvent le commerçant qui passe le premier au français, d’ailleurs.

Au final, je n’ai jamais subi de pressions ni de vexations. Par contre, parmi mes relations francophones (françaises ou belges), chacune de celles qui ne parle pas ou peu néerlandais a eu effectivement à un moment ou à un autre maille à partir en Flandre avec quelqu’un qui refusait grossièrement de leur parler français. C’est même arrivé à Bruxelles, dans un cas. Lamentable.

La pression sur les promoteurs immobiliers s’exercerait de la part des édiles pour réserver les nouvelles habitations à des gens qui parlent correctement néerlandais, pas à des Flamands. Du moins c’est ce qu’ils disent aux maisons communales de Gooik, Overijse ou Vilvorde, par exemple. Mais cette pression est de toutes façons illégale et scandaleuse, et même bien des Flamands s’en indignent ! J’en connais un qui vote Vlaams Belang mais qui maudit ce genre de pressions parce qu’il tient à faire des affaires avec qui il veut, y compris avec des Francophones si ça lui chante. On n’a pas fini de parler de ça, je crois. Mais ça ne leur sert à rien : il y a toujours plus de Francophones dans la périphérie, malgré toutes les vexations. Empêchez un chat d’entrer par la porte, il passera par la fenêtre.

Dpesch, le referendum est anticonstitutionnel ici, tu le sais bien. Ça a été bien pratique pour les gouvernants partisans du détricotage de la Belgique : ils n’ont jamais eu à consulter le peuple pour leurs refontes successives de l’état belge, alors que ça aurait été systématique dans d’autres pays démocratiques. Maintenant on est peut-être au point de non-retour, mais il n’y aura de toutes façons pas de referendum.

29)
dpesch
, le 04.09.2010 à 13:20

Dpesch, le referendum est anticonstitutionnel ici, tu le sais bien. Ça a été bien pratique pour les gouvernants partisans du détricotage de la Belgique : ils n’ont jamais eu à consulter le peuple pour leurs refontes successives de l’état belge, alors que ça aurait été systématique dans d’autres pays démocratiques. Maintenant on est peut-être au point de non-retour, mais il n’y aura de toutes façons pas de referendum.

Bien sûr, je le sais, mais :

De toutes les manières, pour changer légalement quoique ce soit à la forme politique actuelle du pays il faudra des transformations constitutionnelles et donc une majorité des 2/3 au parlement fédéral, que ce soit une formule à la Di Rupo ou à la Bart De Wever (un aménagement ou une scission). Dès lors on pourrait, si l’on en a la volonté, intégrer le référendum dans cette révision constitutionnelle. Ou bien il faudrait avoir recours à un coup d’état, ce qui semble assez peu probable dans la Belgique d’aujourd’hui qui reste malgré tout un état de droit.

Je rappelle quand même qu’en 1950 la question royale (retour au palais de Léopold III après son comportement durant la guerre) a débouché sur une “Consultation Populaire” dont le résultat comptait pour du beurre mais qui a quand même conduit à l’abdication du Souverain en faveur de son fils Baudouin. Il est d’ailleurs assez surprenant de noter qu’une forte majorité de Flamands s’étaient alors prononcé pour le retour du Roi aux affaires et qu’ils sont devenus aujourd’hui majoritairement républicains. A l’inverse, les Wallons et les Bruxellois s’étaient prononcés assez violemment contre alors qu’ils sont maintenant plus indifférents.

Rien n’empêcherait donc une consultation de ce genre aujourd’hui et sans révision constitutionnelle.

Il faut aussi noter que si des négociations devaient commencer en vue d’une séparation, elles seront d’une âpreté, d’une vilolence et d’une difficulté telles que cela durerait des mois, voire des années. Un seul tout petit exemple : il faut imaginer qu’il faudra partager les œuvres d’art qui sont conservées dans les Musées Royaux d’Art, les ossements des dinosaures qui sont conservés à Tervueren, les armes et les costumes militaires conservé au Palais du Cinquantenaire, les animaux qui sont reclus au zoo d’Antwerpen, etc… On va passer de joyeux moments !

Mais ce coup-ci, je m’arrête… Il faut maintenant attendre ce qui va se passer suite au rejet des propositions de Di Rupo par le CD&V et la N-VA. Les Belges ont voté le 17 juin, nous sommes le 4 septembre, cela donne une idée de combien de temps vont prendre les prochaines négociations en vue de former un gouvernement qui soit en capacité de réformer, quelque soit le but de cette réforme !

30)
Divama
, le 06.09.2010 à 14:38

Bonjour, et d’abord bravo pour ces articles que je viens de découvrir. C’est une assez juste façon de résumer la Belgique et c’est un sacré travail que de l’avoir fait. Je voudrais juste apporter quelques précisions… – D’abord, vous avez raison, la classe dirigeante, dès avant 1830 et jusque 1920 était francophone. Ou plutôt, pour être plus juste, francophile. Car elle réunissait des hommes de Bruxelles, Liège, Charleroi, mais aussi de Antwerpen, Oostende, Gent, Leuven… Bref, qu’elle soit du nord, du centre ou du Sud, la bourgeoisie était francophile. Le peuple lui parlait des dialectes locaux : dialectes flamands, dialectes wallons ou un peu des deux mélangé qui à donné le dialecte bruxellois, le brusselère. C’est donc la bourgeoisie qui en 1830 a combattu Guillaume d’Orange qui, en cherchant à la “flamandiser”, cherchait ainsi à contrôler la classe dirigeante francophile. On parle ainsi de “révolution bourgeoise” en 1830. C’est aussi pour se protéger à l’avenir des visées de Guillaume dOrange que cette même bourgeoisie dirigeante a décidé d’imposer le français comme langue nationale de la Belgique. Conséquence, les populations ont été forcées d’apprendre le français à l’école. Les flamands, comme les wallons, comme les brusselères. Cette francisation forcée du pays devait permettre à cette bourgeoisie d’imposer plus facilement son autorité sur l’ensemble du territoire. – On ne peut pas dire que le wallon est plus proche du français que le flamand. Ce n’est pas vrai. Si les paysans wallons ont accepté de se convertir au français, ce n’est pas par facilité mais par commodité. La Wallonie devenait le berceau de la prospérité belge à cette époque et cette prospérité était liée au “parler français”. Pour les wallons, il y avait un intérêt économique évident. N’oublions pas qu’en 1900, la Belgique était la troisième nation économiquement la plus forte au monde (oui, oui, devant la France) grâce à ses aciéries, charbonnages, chemin de fer, or, diamants et produit chimique (en gros grâce à Cokerill, Solvay et la colonisation du Congo) elle rayonnait dans le monde. Or, ces sociétés se trouvaient à Liège et Charleroi, puis Bruxelles – un peu Anvers par la suite. La Flandre restait surtout paysanne. Les flamands n’avaient donc aucun intérêt à se convertir au français. Sauf à émigrer à Liège ou Charleroi (ce que des milliers ont fait) pour devenir ouvrier. Le taux de scolarité était par ailleurs très bas. Voilà pourquoi et comment au-delà de la bourgeoisie de l’ensemble du pays qui parlait déjà le français, lentement mais sûrement le sud et Bruxelles se sont converti et pas le nord. A noter que la prospérité économique et financière de la Belgique a été le fait des wallons et Bruxellois jusqu’en 1960. Ce n’est qu’au début des années 70 que le phénomène s’est inversé… – J’ai lu, dans le texte d’un intervenant, que des flamands qui, en 1918, ne comprenaient pas les ordres des officiers qui parlaient le français, ce qui abouti à une tuerie. C’est tout à fait vrai. Il faut juste préciser deux choses : ces officiers n’étaient pas liégeois ou namurois, mais gantois, anversois ou d’une autre garnison du nord de la Belgique. Il s’agissait donc de flamands qui menaient des troupes flamandes. En faire le grief aujourd’hui aux wallons (comme le font certains hommes politiques et journalistes flamands) est une façon de réécrire l’histoire. Il s’agissait plus d’un problème de classes sociales que d’un problème strictement linguistique. Deuxième chose, le même “événement” est arrivé avec des troupes wallonnes qui ne comprenaient pas plus les ordres donné en français par leur officier. Mais là ou les mouvements politiques flamingants en ont fait un symbole de leur lutte contre la francisation, les wallons l’ont rangé à tort ou a raison parmi les accidents oubliés de leur histoire. – Enfin, il faut savoir que c’est l’arrivée du suffrage universel qui a fortement changé la donne en Belgique. Les flamands, catholiques et paysans avaient une natalité bien évidemment supérieure au wallons et bruxellois. Ils sont vite devenus plus nombreux. Leur poids politique a rapidement progressé pour devenir supérieur au poids politique wallon et bruxellois. La toute première revendication économique “flamande” a été d’exiger et d’obtenir une loi obligeant toute entreprise à être installée à Bruxelles si elle voulait recevoir une commande de l’Etat Belge. A l’époque, Solvay et Cokerill étaient nées et installées en Wallonie, je le rappelle. Cela a eu deux conséquences. La première est, lentement mais sûrement, un déplacement de la prospérité vers Bruxelles et la périphérie bruxelloise (en Flandre, donc). La deuxième (non prévue par les hommes politiques flamands de l’époque), c’est la francisation définitive de Bruxelles. Car, effectivement, les sièges sociaux des entreprises wallonnes ont déménagés à Bruxelles, mais avec leur cadres et dirigeants… francophones.

31)
Franck Pastor
, le 06.09.2010 à 22:05

Hé bien finalement, je l’ai fait aussi cette année, le Gordel. Enfin le Gordel voor Wielertoeristen, le Gordel pour cyclotouristes, comme l’année dernière.

Rien à signaler de particulier sur ce Gordel-là qui ne fait pas le tour de Bruxelles. Audenarde-Dilbeek-Audenarde donc. Le communautaire était aux abonnés absents sur tout le trajet, sauf à Dilbeek même, haut lieu du Flamingantisme dans la périphérie de Bruxelles, avec son affreux slogan Dilbeek, waar Vlamingen thuis zijn « Dilbeek, où les Flamands sont chez eux » (et les autres alors ?). À Dilbeek donc, des militants distribuaient des slogans réclamant la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde sans compromis et des stickers frappés du lion flamingant.

Anecdote qui m’a fait plaisir : à Dilbeek justement, un de ceux qui distribuaient les autocollants et qui demandait à un très jeune Flamand s’il en voulait s’est fait envoyer paître avec un franc et massif ABSOLUUT NIET !, absolument pas !

Sur le plan sportif et touristique : mon genou a eu le bon goût de me laisser tranquille, en particulier au mur de Grammont :-). Ceux qui disent que la Flandre, c’est tout plat, n’ont jamais fait de vélo dans ce coin-là, justement appelé « Ardennes flamandes » entre Audenarde et Grammont (Grammont est à mi-chemin entre Audenarde et Dilbeek). Entre Grammont et Dilbeek, les collines sont moins accentuées mais tout aussi nombreuses, ce coin est appelé Pajottenland (aucune idée de ce que ça peut signifier). Les paysages y sont vraiment agréables. Et si les dénivelées des collines sont finalement limitées (maximum 100 m), leur incessante répétition use à la longue. Pour preuve, la grande majorité des vélos étaient montés en triple plateau hier.

Pour le Gordel en général et toutes ses randonnées, on a recensé environ 80 000 participants, soit un succès dans la ligne des années précédentes. Un peu plus de clous et de punaises que d’habitude sur les routes du Gordel classique, celui qui ceinture Bruxelles, mais à croire que ça fait partie du folklore parce que ça n’émeut pas grand’monde. Et les politiques Flamingants ont répondu présent, sauf, exception remarquée, Bart De Wever lui-même, le chef des nationalises Flamands de la N-VA.

@ Divama : pas grand’chose à dire sur le reste de votre intervention, mais par contre j’ai toujours eu beaucoup de mal croire à cet histoire d’ordres en français qui n’auraient pas compris par les soldats pendant la première guerre mondiale. Au début, peut-être. Mais le vocabulaire militaire n’est pas si étendu que ça, et les interprètes possibles devaient foisonner, sous-offs ou soldats. Ça me paraît donc vraiment incroyable que ce problème ait eu l’ampleur que les Flamingants lui ont donné !

32)
Divama
, le 08.09.2010 à 11:05

@ Franck Pastor. Pour cette histoire d’ordre, il faut se reporter à l’époque : il y avait un vrai mépris de classe sociale entre les officiers issus des classes bourgeoises et les soldats, issus de la paysannerie. C’était tout de même une époque où on envoyait les soldats à la boucherie. Plus que les ordres qu’ils ne comprenaient pas, ces soldats flamands et wallons demandaient des explications (dans leur patois) avant de se faire envoyer au massacre face aux mitrailleuses allemandes et en recevait sous forme de vocifération en français. C’est cela qu’ils “ne comprenaient pas”. Encore une fois, les partis flamingants/flamands d’aujourd’hui ré-interprètent à la façon d’un problème linguistique ce qui était un hiatus de classe sociale. Une révolte contre ces bourgeois qui envoyaient à la mort des centaines de paysans wallons et flamands juste pour essayer de “gagner” une tranchée.