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Rapports de reproduction

Avant la macro.

Avant d'arriver au rapport un sur un (qui je le répêêêêêêêêêête, fait correspondre un centimètre de sujet à un centimètre sur le film ou le capteur), on est dans ce qui s'appelle la proxy–photographie.

Avec la possibilité de recadrer sévèrement que permet un numérique doté de nombreux pixels, on a déjà des objets du quotidien qui nous apparaissent très différents de l'aspect qu'on leur connaît. 

Avec quel matériel peut–on faire ça ?

Tout d'abord, de nombreux zooms offrent une mise au point minimum intéressante à leur focale la plus longue (oui, je sais qu'elle n'est pas si longue que ça à la mise au point mini ;o). Mais l'inconvénient principal d'un zoom, c'est son manque de luminosité à la focale la plus longue, même les trucs « pro » mythiques n'ouvrent qu'à 2.8 alors qu'un 50 mm de base ouvre à 1.8.

C'est d'ailleurs le petit 1,8/50 Nikon qui m'a servi pour ce test fleuve, car bien que ça ne soit pas un objectif macro, en lui rajoutant quelques petits trucs, machins et bidules ici ou là, on a déjà des possibilités de s'amuser très étendues pour un coût très modique (bin oui, il parait que c'est la crise !).

Je vous prie par avance de m'excuser pour la pauvreté des images illustrant cet article : tout d'abord, c'est extrêmement chronophage, et puis je m'y suis pris comme un manche, ayant perdu beaucoup de temps à faire des photos inutilisables pour cause de mauvaise méthode... Je n'ai donc pas eu trop le temps de faire autre chose que des photos sans aucun autre intérêt que pour des mesures de rapport de reproduction, j'essayerais de me rattraper pour la suite (bin oui, yaura une suite !).

Quand on n'a pas de méthode, on perd du temps : j'avais commencé par faire des photos d'une grille avec des carrés de cinq millimètres (comme toujours ici, un clic sur l'image l'ouvrira en plus grand dans une nouvelle fenêtre, Je tiens à préciser que toutes les photos illustrant l'articles sont des RAW bruts, sans aucun réglage ni accentuation, on gagne donc beaucoup plus à 100% que ce que l'on voit à l'écran avec un petit post traitement.) : 

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Donc la grille, elle donne une bonne idée de la distorsion, et on peut calculer le rapport d'agrandissement en comptant les carrés...

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Comme ça... un peu fastidieux...

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Et plus très précis quand on en arrive là !

Et évidemment, ce n'est qu'après avoir fait toutes les photos, chacune notée avec l'objectif, le machin, le truc ou le bidule en plus, ainsi que la distance de mise au point, le tirage, et fait toutes les mesures en comptant mes petits carrés comme ci–dessus que je me suis aperçu que c'était pas terrible... misère ! Enfin, ne dit–on pas que l'apprentissage par l'erreur est le plus efficace ?

J'ai donc ajouté un petit réglet sur ma grille, bien plus précis et rapide :

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Ici, le Nikon 1,8/50 à sa mise au point minimum de 45 cm, un rapide calcul (149 mm cadrés divisé par la taille du capteur du D300, soit 24 mm) nous donne 1/6,20 comme rapport de reproduction. Comme on le verra plus loin, plus on augmente le rapport de reproduction, moins la précision de ce calcul est juste, mon réglet n'étant gradué qu'en demi millimètres.

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La même à 100%, ça grossis déjà un peu...

J'ai noté à chaque fois la distance de mise au point, non pas, traditionnellement en optique, entre le sujet et le plan du film, mais plutôt, entre l'avant de l'objectif et le sujet. En pratique, c'est cette distance qui compte le plus car plus elle est réduite, plus on a du mal à éclairer son sujet. J'ai fait tous les tests de cette série avec l'objectif réglé sur la mise au point minimum, sur les premiers essais, avec la grille seule, je les avais aussi fait avec la mise au point réglée sur l'infini, en fait, aux rapports de reproduction les plus importants, ça ne change presque rien. Je ne les ai donc pas refaites en double !

Bon, maintenant qu'on a la méthode, voyons ce que ça donne avec les trucs :

Les trucs : les bonnettes à la loupes.

Les bonnettes sont des filtres se vissant à l'avant de l'objectif agissant comme des loupes. Moyen le plus économique permettant de se rapprocher du sujet, j'ai pu en emprunter toute une série pour cet article. Elles sont différenciées par leur grossissement, noté en dioptries positives de +1 à +4, dans ma série de bonnettes de test, j'en ai même une sans marque ni précision quand à son coefficient marquée seulement « Macro lens ».

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Les quelques bonnettes que j'ai pu tester...

La qualité est–elle au rendez–vous ? Tout de suite, la réponse en images :

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Bonnette 1 dioptrie, RR (je noterais par paresse RR pour rapport de reproduction) = 1/4,5 MAP (pour distance de mise au point entre l'avant de l'objectif et le sujet net) = 25 cm

Ça grossis déjà un peu...

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Mais à 100% l'image est un peu molassonne.

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Bonnette 2 dioptries, RR = 1/3,7 MAP = 21 cm

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À 100%, c'est encore mou, et on a quand même aussi une perte de contraste...

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Vieille bonnette Nikon N°2 pas de dioptrie indiquée RR = 1/3,1 MAP = 17 cm

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On gagne un peu en contraste, mais on a aussi gagné un poil d'aberration chromatique (si vous ne voyez pas ce que c'est, attendez un peu ;–).

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Bonnette 4 dioptries RR = 1/2,7 MAP 14 cm

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À 100%, c'est très mou, et l'aberration chromatique est plus sensible (pour ceux qui ne voient pas ce que c'est, attendez, j'ai dit ;o)

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Bonnette Hoya 4 dioptries HMC RR = 1/2,8 MAP 14 cm

Des résultats très proche de la 4 dioptries sans marque...

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À 100%, sensiblement plus contrastée et un poil plus de détails que la sans marque, aberration chromatique en hausse aussi (que ceux qui n'ont pas idée de ce qu'est l'aberration chromatique veuillent bien patienter encore un chouia ;^)

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Bonnette « Macro Lens » RR = 1/1,6 MAP 9 cm

Ouais, c'est sûr que ça grossis beaucoup (apparemment, les « Macro Lens » font 10 dioptries), mais, et la qualité ?

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Bon, non seulement c'est pas très net, mais là, vous la voyez, la magnifique aberration chromatique ? (les franges bleu/cyan du côté gauche des lignes noires, et rouge/jaune du côté droit)

Pouah !

Voilà pour les trucs que j'ai pu tester, un photographe exigeant qui a testé les mêmes bonnettes sans marque (et qui les a toutes trouvées pouah !) vient d'essayer une bonnette B+W et il en a été très satisfait, il existe aussi des bonnettes achromatiques composées de deux lentilles traitées multicouches, réduisant ainsi de beaucoup l'aberration chromatique. On augmentera ainsi très fortement la qualité et aussi le prix de la chose.

Les machins : les tubes allonge.

Disponibles à un prix modique dans toutes les montures sous la marque Kenko, dans deux longueurs chez Canon et dans trois tailles chez Nikon, il s'agit tout simplement de tubes vides (sans optique, c'est pourquoi la marque importe peu) qui permettent, en les montant entre l'appareil et l'objectif, d'augmenter le tirage mécanique, et donc de se rapprocher du sujet. Les Nikon en ma possession (PK11, PK12 et PK13) augmentent respectivement le tirage de 8 mm, de 14 mm et de 27,5 mm (les Kenko font 12 mm, 20 mm et 36 mm). On peut les utiliser soit individuellement, soit par deux ou les trois, ce qui nous fait quelque chose comme sept possibilités de tirage différentes. 

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Les machins, le bidule et quelques trucmuches.

Là, ça ne rigole plus, contrairement aux bonnettes qui ne changent rien à la luminosité, chaque augmentation du tirage optique fait perdre un peu de lumière. Et comme la profondeur de champ devient presque inexistante, on a tout intérêt à utiliser un machin comme ça :

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Un banc d'approche (plus d'explication sur le sujet dans mon article susmentionné –tout en bas–).

Voyons en images : 

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Avec la PK 11 tirage supplémentaire de 8 mm, RR = 1/3,2 MAP 17 cm

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À 100%, c'est quand même bien plus croustillant qu'avec les bonnettes

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Avec la PK 11 et la PK 12, tirage supplémentaire de 22 mm RR = 1/1,67

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Ça se confirme, à 100%, c'est vraiment bien meilleur qu'avec les bonnettes, le détail est là, le contraste aussi, et ça grossis quand même déjà pas mal...

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Avec les trois bonnettes, tirage supplémentaire de 49,5 mm (presque la longueur de la focale, comme par hasard), RR = 1,15/1 MAP = 6 cm

Beaurk ! keskispasse, c'est un poil surex, non ?

Ah, ouais, après vérification, c'est la présélection qui ne fonctionne plus sur la PK 13, le diaphragme reste ouvert à pleine ouverture. Pas trop grave car je ne l'utilise jamais de cette façon là, mais plutôt comme vous allez le voir plus loin...

En tout cas, ça y est, on est dans la vraie macro ! on a dépassé le rapport 1/1.

Bien que l'investissement soit plus important que pour les bonnettes, on a quand même une qualité vraiment au top pour un coût quand même modéré. Faudrait voir ce que donnent ces fameuses bonnettes achromatiques, parce qu'elles sont quand même d'un emploi plus pratique que les tubes allonge, mais pour moi, la qualité prime quand même sur le confort.

 

Le bidule : une bague de retournement...

Bon, là, je suis désolé, mais ce chapitre ne s'adresse qu'aux nikonistes, le bidule étant commercialisé par Nikon sous le nom de BR2 (pour un objectif d'un diamètre de filetage de 52 mm) ou BR5 (pour du 62 mm).

Il s'agit tout simplement d'une bague avec d'un côté une baïonnette Nikon mâle (comme sur un objectif), et de l'autre un filetage mâle dans le diamètre qui convient à la plupart des objectifs que l'on peut avoir à monter comme ça, ici, notre petit 50 mm est en 52 mm de diamètre...

Pour l'utiliser avec souplesse, il est impératif d'avoir aussi une BR 4 (je crois que sa nouvelle référence, c'est BR 6), une bague venant se monter au niveau de la baïonnette de l'objectif (la partie qui normalement est en contact avec le boîtier et qui là se retrouve toute nue) et qui a pour fonction d'assurer la présélection du diaphragme (de le fermer à la valeur choisie quoi). Sans elle, on est tout le temps diaphragme fermé à l'ouverture sélectionnée, alors que la visée à pleine ouverture est quand même plus confortable, et il faut fermer manuellement le diaphragme à l'ouverture que l'on souhaite, alors que là, un petit geste sur le bouton idoine suffit... Évidemment, cela suppose que l'on dispose d'un objectif encore pourvu d'une bague de diaphragme à l'ancienne, et pas une de ces saloperies de monture G qui ne permettent que « ouvert à fond » ou « fermé à fond ».

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Juste la BR2 avec le 50 mm monté dessus, ça dépote ! RR = 1/1,37 MAP = 11 cm

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C'est très net !

Le bidule et les trucs.

Essayons donc la BR2 avec les bonnettes montées sur l'objectif retourné grâce cette fois à la BR3, bague ayant d'un côté une baïonnette femelle (comme sur les boîtiers) et un filetage femelle (comme à l'avant des objectifs) en 52 mm (plus une bague de réduction de filetage du 58 au 52 parce que mes bonnettes, hormis la Nikon N°2, sont dans ce diamètre là).

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Avec la bonnette + 1 dioptrie, ça grossis un peu plus : RR = 1/1,25 MAP = 7,5 cm

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La qualité reste correcte, mais le peu de gain en grossissement n'offre pas beaucoup d'intérêt.

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Avec la bonnette + 2 dioptries, ça grossis encore un peu plus : RR = 1/1,17 MAP = 7 cm

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Mais ça devient aussi moins net...

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La bonnette Nikon N°2 grossis encore plus RR = 1/1,08 MAP = 7 cm

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À 100%, c'est meilleur qu'avec la précédente du point de vue définition et contraste, mais l'aberration chromatique arrive...

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Avec la bonnette + 4 dioptries RR = 1/1 et MAP = 6 cm

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Ça se ramollit quand même sérieusement à 100%.

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Avec la bonnette + 4 dioptries Hoya HMC RR = 1/1 et MAP = 6 cm

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À 100%, comme tout à l'heure, c'est un poil plus net que la sans marque, mais aussi avec plus d'aberration chromatique.

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Avec la « Macro Lens », on dépasse le rapport 1/1 avec un RR = 1,3/1 MAP = 5 cm

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Mais l'image est floue et l'aberration chromatique toujours aussi monstrueuse..

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Rions un peu avec les 5 bonnettes montées ensembles (soit + 21 dioptries, si mes calculs sont justes) RR = 1,79/1 MAP 2,5 cm

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Sans commentaire ! ;o)

Ici non plus, je n'ai pas été vraiment convaincu par les bonnettes, même si la Nikon N° 2 et la Hoya sont un poil meilleures que les autres, c'est quand même pas glorieux.

Le bidule et les machins maintenant.

Voyons maintenant la bague de retournement montée sur les tubes allonge, on devrait arriver à quelque chose de spectaculaire...

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BR2 et PK 11 RR = 1/1,2 MAP 9 cm

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À 100 %, c'est impeccable, et on est presque au rapport 1/1...

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BR2 + PK 12 RR = 1/1 MAP = 8 cm

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Ça y est ! enfin de la  vraie macro, et c'est bien net à 100 %.

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BR2 + PK 11 + PK 12 RR = 1,15/1 MAP 7,5 cm

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À 100 %, c'est toujours très bon, et on a dépassé le rapport 1/1.

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BR2 + PK 13 RR = 1,3/1 MAP = 7 cm

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Toujours très bien à 100 %.

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BR2 + PK11 + PK 12 + PK 13 (la totale !) RR = 1,72/1 MAP = 6 cm

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À 100 %, on s'approche de la limite de précision du réglet, avec toujours plus de détails.

On a bien ici le duo gagnant, le truc et les machins combinés offrent un grossissement très important tout en conservant une qualité optique de très bon niveau. Bien sûr, la très faible profondeur de champ rend la mise au point compliquée, d'autant plus que l'augmentation du tirage nous fait perdre une précieuse lumière, heureusement que l'exposition est gérée « Thru The Lens » !

D'ailleurs, avant d'aller plus loin, je vous propose une petite pause récréative concernant la méthode de prise de vue.

Interlude.

Avec les technologies modernes, la prise de vue en macro est grandement simplifiée par les automatismes extrêmement performants d'exposition au flash. En pratique, un flash esclave (SB 800) très proche du sujet est commandé en TTL par le flash intégré du boîtier. Le réflecteur du SB 800 est réglé sur son zoom maximum pour en augmenter la puissance.

À part sur les premières photos dans lesquelles on sent un léger déséquilibre chromatique entre le flash situé à droite du sujet et la gauche de l'image un poil plus jaune (lumière ambiante), la taille du réflecteur du flash par rapport à la surface cadrée nous donne une lumière diffuse légèrement orientée qui convient assez bien à tous types de sujets.

Plus on augmentera le rapport de reproduction, plus la taille du réflecteur deviendra proportionnellement plus grande par rapport au sujet, ce qui est un petit peu ennuyeux si l'on souhaite faire ressortir le relief du sujet par une lumière dure produisant des ombres. Cependant, plus on augmente le rapport de reproduction, moins on a de profondeur de champ, ainsi, les ombres que l'on pourrait produire avec une source ponctuelle seraient vite floues... Je réfléchis quand même à un dispositif permettant de mieux contrôler la lumière...

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Le dispositif de prise de vue en image.

Retour vers le bidule.

Jusqu'à présent, on est resté sagement avec un 50 mm, des trucs, un bidule et des machins. J'ai néanmoins entendu parler du fait que plus l'objectif retourné était grand angle, plus le rapport d'agrandissement était important...

Or il se trouve que j'ai un magnifique petit 2,8/20 AIS qui roupille dans un placard depuis que j'ai le 14-24 (qui lui est largement supérieur). Voyons donc ce que ça donne, avec la BR 2 (et une bague, rare mais indispensable, de réduction objectif 62 mm/filtre 52 mm).

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2,8/20  Ø 11 + BR 2 RR = 3,7/1 MAP = 4 cm

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Ah, oui, c'est quand même très spectaculaire !

Et maintenant, avec les trois machins :

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2,8/20 Ø 11 + BR2 + PK11 + PK12 + PK 13 RR = 5,88/1  MAP = 4 cm

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Le grossissement est énorme, mais on sent quand même une perte de netteté,probablement due au fait qu'il s'agit d'un objectif conçu pour couvrir le format 24 x 36, et non, comme c'est le cas ici, une surface bien inférieure (4 mm de large, soit neuf fois moins). On est donc sans doute aux limites de la résolution de l'objectif...

Dans le temps (il y a vraiment très longtemps), Canon et Olympus proposaient des objectifs spéciaux conçus pour être montés à l'envers sur un soufflet (et dont on ne pouvait rien faire d'autre), le résultat doit être meilleur. Je vais essayer de trouver quelque chose...

Déjà, qu'est–ce que je pourrais trouver comme plus grand angle ?

Chez Nikon, il y a le fish–eye 10,5 qui pourrait faire l'affaire...

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Mais il n'a pas de filetage à l'avant pour monter un filtre...

Qu'à cela ne tienne, on ne va pas s'arrêter pour un détail aussi trivial...

C'est le moment de bricoler un peu :

Cuk gadget N° 6

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Un bout de tube en carton d'un diamètre légèrement supérieur, de nombreuses couches de gaffer à l'intérieur pour que l'objectif rentre en forçant un peu... De l'autre côté, un petit peu moins de gaffer et la bague 62/52 (montée d'un filtre dont j'ai ôté le verre pour allonger un peu la chose) s'ajuste parfaitement de l'autre côté.

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Et voilà le travail !

Bon, évidemment, j'aurais pu utiliser un tube en métal, mais c'est ce que j'avais sous la main...

Et ça donne quoi ?

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Nikon 10,5 mm + BR 2 RR = 9,09/1 MAP = 4 cm

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Bon, à 100 %, c'est pas bien net...

Et avec les machins ?

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Nikon 10,5 mm + BR 2 + PK11 + PK12 + PK 13 RR = 11/1 MAP = 4 cm

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À 100 %, c'est plus que mou ici aussi.

Bon, déjà, ce dispositif bouffe une lumière pas possible, il à fallu que je dispose une lumière d'appoint pour faire la mise au point, car, en dehors du plan de netteté, on y voit rien du tout. Et puis je crois que le manque de netteté vient aussi (surtout ?) de la diffraction. Comme le 10,5 est un objectif « G » (entendez par là : « bon, maintenant que le diaphragme se commande électriquement depuis le boîtier plus la peine de se casser la tête à mettre une bague qui permette de le contrôler sur l'objectif »), la BR 4 ne permet que deux position : « ouvert à fond » pour faire la mise au point, et « fermé à fond » pour prendre la photo, or, « fermé à fond », c'est aussi là où l'image perd parfois beaucoup de qualité à cause de la diffraction... ZUT !

Et à pleine ouverture, bien que plus « net », c'est pas terrible non plus :

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Nikon 10,5 mm + BR 2 RR = 9,09/1 MAP = 4 cm

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À 100 % bien que l'on distingue plus de détails, on gagne aussi un peu d'aberration chromatique...

Enfin on n'est plus non plus dans la macro, avec des rapports de reproduction pareils, on arrive dans la  « micro–photographie ». Cependant, c'est assez rigolo et je pense que je vais continuer à m'amuser longtemps dans cette zone étrange (sans pour autant acheter un microscope, c'est la bidouille et essayer de comprendre qui est rigolo).

Un dernier petit truc...

En faisant des recherches sur le ouaibe pour cet article, je suis aussi tombé sur une pratique exotique rigolote, très peu coûteuse et permettant d'obtenir de très bons rapports de reproduction avec une excellente qualité d'image...

Il s'agit d'un accouplement « contre nature » de deux objectifs tête bêche, une longue focale sur le boîtier, et un 50 mm inversé vissé sur le filetage avant.

Évidemment, aucune bague 52 mm mâle/ 52 mm mâle n'existe dans le commerce...

Donc, puisque vous avez été sages, voici :

 Cuk gadget N°7

Une bague de retournement maison.

Le site où j'ai vu cette méthode mise en œuvre suggérait d'utiliser deux montures de filtres justes collées entre elles. Déjà, je n'aime pas trop la colle, ça finit toujours par lâcher, et puis il me paraissait difficile d'assurer une parfaite planéité d'un filtre par rapport à l'autre, j'ai donc commandé :

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Deux bagues pour porte filtre Cokin P, une en 52 mm et une autre en 77 mm, comme ça, je peux varier, avec des bagues de réduction, le diamètre d'une des deux optiques.

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J'ai toute une collection de bagues (la boutique où je les commande se demande d'ailleurs ce que je peut bien trafiquer avec ;o)

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Une toute petite mèche, le tout petit taraud approprié, et les toutes petites vis qui vont avec...

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Et clac, au cinquième (sur six prévus), c'est le drame : le taraud se brise net !

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Détail de l'assemblage avant de couper la vis (et de donner un bon coup de lime pour fignoler)

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Voilà la bague terminée (avec deux bouts de taraud à la place de deux vis, il a cassé une seconde fois !).

Du coup, j'ai acheté un jeu de trois tarauds (un ébaucheur, un intermédiaire et un finisseur), indispensable quand on taraude à la main, le taraud seul est appelé taraud machine, et nécessite... une machine !

Et ça donne quoi, en photo ?

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Déjà, le 50 mm monté sur un 2,8/105 Micro–Nikkor...

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Ouaf ! j'ai laissé le diaphragme à Ø 5,6 sur le 105, ça vignette un poil !

Donc, on ouvre à fond l'objectif monté sur le boîtier...

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2,8/105 (Ø2,8)  (MAP réglée sur l'infini) + 1,4/50 Ø11RR = 2,08/1  MAP = 4 cm (ça vignette encore un peu, mais c'est tolérable).

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Ça décoiffe !

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2,8/105 Ø2,8 (MAP réglée au minimum sur 0,31 m) + 1,4/50 Ø11 RR = 2,4/1  MAP = 2 cm

Je ne sais pas si vous lisez encore les légendes, mais ici, c'est la seule fois où la distance lentille de l'objectif/sujet est inférieure à (environ) 4 cm, là, à 2 cm ça devient assez compliqué d'éclairer le sujet...

C'est assez surprenant, d'ailleurs, quel que soit le rapport de reproduction, quelle que soit l'optique (le 50 mm, le 20 mm, le 10,5 mm), quand l'optique est retournée, la distance de mise au point entre la lentille arrière et le sujet est  toujours de 4 centimètres (environ).

Et c'est justement la distance (quand l'objectif est monté normalement) entre la lentille arrière et le plan du film dans l'appareil ! 

Là, avec le tirage du 2,8/105 mm pour arriver à la mise au point minimum de 0,31 m, ce n'est plus le cas, et c'est moins pratique (ça doit être différent avec le nouveau 2,8/105 VR, qui est Internal Focus).

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C'est fichtrement bon aussi !

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Enfin, sur ma plus longue focale, un 2,8/180 AF–ED

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2,8/180 Ø2,8 (MAP réglée sur l'infini) + 50 Ø11 RR = 3,37/1 MAP = 4cm

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Là aussi, c'est excellent !

Bon, comme le 2,8/180 est IF, on peut passer à la mise au point mini sans qu'il s'allonge :

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2,8/180 Ø2,8 (MAP réglée au minimum, sur 1,5 m) + 50 Ø11 RR = 4/1 MAP = 4cm

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Bon, c'est pour l'instant le meilleur ratio entre rapport de reproduction et piqué que j'aie obtenu, bien fait d'essayer !

 

Pour finir en images...

En attendant la suite (je vous avais prévenus) de cette exploration de la macro–photographie (ça suffit pour aujourd'hui, non ?), je vais quand même vous montrer quelques images pour vous faire patienter...

Ici, les images ont été prises avec un rapport de reproduction très important ( de 11/1 à 22/1) un peu retravaillées (niveaux, accentuation) :

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Une pointe d'épingle, trèèèèèès long à cadrer, je vous expliquerais...

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La pointe d'un stylo bic et son encre noire (?!)

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Le tranchant d'un cutter, émoussé.

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Une plante...

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... habitée !

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Détail d'une impression jet d'encre.

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Un bout de verre cassé...

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La même chose un peu plus loin.

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui.

(à suivre...)

(pas tout de suite, la suite,

ça fait quand même au moins un an,

que j'ai commencé...)

17 commentaires
1)
Tom25
, le 23.03.2010 à 08:51

C’est bien la première fois que j’écris le premier commentaire.

Je ne suis pas très doué ni très impliqué dans la photo, mais je dois te féliciter pour toutes tes manipulations et les instruments que tu te fabriques.

La pointe de l’épée est vraiment pointue ou pas ? Du coup c’est trompeur, elle parait ronde évidemment avec le grossissement mais est ce une pointe aiguisée ? Si le rapport est le même que pour le bic alors la pointe de l’épée doit être très pointue. D’ailleurs ce bic, je me demandais un œil de quoi c’était ce truc dégueu.

2)
Joël (exGlimind)
, le 23.03.2010 à 09:42

Super intéressant, merci. Un gros plaisir à lire ça. Je bosse avec des optiques de pointe un peu tous les jours, mais je fais pas vraiment de photo…

3)
fxc
, le 23.03.2010 à 10:02

Super boulot, tu as dû en passer des heures pour le faire merci, cela remet en mémoire les trucs utilisés du temps de l’argentique ou pas très riche nous retournions l’optique sur le boitier un peu de scotch et la proxi pas chère.

Combien de kg de contrepoids sur le pied avec le dernier montage, je répèè………..

4)
Bigalo
, le 23.03.2010 à 10:21

Pas le temps maintenant de lire sérieusement l’article. Je le ferai ce soir.

Je voulais juste te signaler une inversion :

Ici, les images ont été prises avec un rapport de reproduction très important ( de 1/11 à 1/22) un peu retravaillées (niveaux, accentuation) :

Il faut bien évidemment lire de 11/1 à 22/1. C’est surtout cette partie qui m’intéressera. C’est pour quand ?

5)
zit
, le 23.03.2010 à 11:26

Tom 25, la pointe de l’épingle (de couturier) est très pointue, effectivement, mais à ce rapport d’agrandissement là, elle parait, comme tu le souligne, ronde.

Glimind, ravi que tu aie pris « un gros plaisir » à la lecture de mon article, je craignais d’être hors concours dans la catégorie « Article le plus chiant de tous les temps ».

fxc, oui, très beaucoup de temps, rien que pour cadrer la pointe de l’épingle, il faut bien 20 minutes (mais je progresse dans cette voie là, on en reparlera). Sinon, je n’utilise pas de trépied, mais un système que je dévoilerais dans la suite de l’article…

Bigalo, merci, je m’étais planté sur toute la ligne (quand on est nul en maths…), c’est corrigé maintenant.

Pour les très gros rapports, faut encore que j’expérimente, ça peut prendre encore un moment (ça fait à peut près un an que j’ai commencé « sérieusement »).

z (apprendre en s’amusant, je répêêêêêêêêête : s’amuser en apprenant)

6)
Guillôme
, le 23.03.2010 à 12:21

C’est fou, je connaissais pas les bagues de retournement et, je n’aurai pas forcément tout de suite pensé à des bagues allonges ou des bonnettes pour la macro!

Dingue ce que tu arrives à faire zit, tu as l’air d’un vrai passionné de la photo!

Mais qu’attendent les magazines photos pour se lancer dans des essais à la Zit plutôt que de nous parler pour la nième fois du boitier Z qui va sortir dans 2 mois à 10.000 Eur…

C’est bien simple, je n’achète presque plus de magazine photo car j’ai soit l’impression d’acheter un catalogue Les 3 Suisses, soit j’ai l’impression d’acheter une version imprimée de la sélection photo Flicker du mois…

Sinon, Zit, je n’ai pas vérifié tes chiffres ni tes légendes au cas où tu aies fais des erreurs :p

7)
Pierre.G.
, le 23.03.2010 à 14:39

J’ai tout lu, dans l’ensemble tu as pas mal fait d’essais qui remontent en fait aux premiers reflex, notamment l’inversion, mais ce peut être une bonne chose que de rappeler tout cela. Je ferais juste un commentaire lorsque tu te demandes pourquoi il n’y a pas plus d’objos à grande ouverture, simple comme tout, le poids, en F2,8 un 100mm dépasse les 500 grammes, en F1,8 il atteint le kilo, et pour un zoom tu doubles allègrement ce poids et 17-50 d’après ce que pèse un bon F2,8 actuellement. Pour ce qui est de la lumière disponible avec des bagues, il y a deux solutions, soit augmenter la focale utilisée, soit recourir à un flash à têtes réglables. Je ferai à l’occasion un petit truc sur le soufflet à bascule et excentrement dans le forum photo s’il y a des amateurs.

8)
Modane
, le 23.03.2010 à 21:00

Waow! Ébouriffant!

9)
François Cuneo
, le 23.03.2010 à 21:08

Une année pour faire ça???

Ça me semble un minimum!

Bravo, et merci pour tous les trucs.

Tu es toujours aussi fou toi!:-)

J’adore.

10)
yfic17
, le 23.03.2010 à 21:33

Bravo pour cette démonstration. Ça redonne envie de se plonger de nouveau dans la macro, voire la micro-macro !

11)
zit
, le 25.03.2010 à 09:01

Guillôme, personne n’a d’intérêt à ce que ces pratiques soient connues : c’est pas assez cher !

Et puis d’autre part, pratiquer la photo comme cela demande quand même beaucoup de patience, et le pire, c’est de trouver des sujets qui rendent bien dans les très forts rapports de reproduction : comme on n’a presque pas de profondeur de champ, c’est souvent décevant… et comme c’est très long à mettre en œuvre, on peut vite se décourager…

Pierre G. mais oui, des vielles pratiques « oubliées », c’est ça, le progrès !

Sinon, je ne me demande pas pourquoi il n’y a pas de cailloux lumineux, je constate seulement (la luminosité étant directement liée à un rapport entre la focale et le diamètre de la lentille frontale, la « pupille d’entrée »). Et si je m’en plains (du manque de luminosité), c’est surtout pour la visée, où dans les rapports extrêmes, tant qu’on n’est pas net, c’est le noir absolu, dans le viseur, comme s’il y avait un bouchon sur l’objectif ! (sinon, pour le soufflet, chuuuuut, j’en parlerais dans la suite…)

François, ça fait un an que j’ai commencé, mais je n’ai pas fait que ça, quand même !

yfic17, content d’avoir réveillé cette envie ;o)

z (si être fou, c’est ne pas être normé, normal, alors oui, je suis complètement fou, je répêêêêêêêêêêêête : la norme, ça fait peur…)

12)
Pierre.G.
, le 26.03.2010 à 11:20

Je pense que tu connais le système Novoflex, la Rolls des soufflets mais avec un prix tel que seul TTE doit pouvoir se l’offrir…

13)
zit
, le 27.03.2010 à 08:28

Ah, Novoflex, très zouli, oui…

Mais j’ai un Nikon PB4 qui fait bascule et décentrement horizontal, c’est déjà pas mal…

z (c’est rigolo, les soufflets, je répêêêêêêêêêêête : mais chuuuuuuut !)

14)
guymayor
, le 14.05.2010 à 18:38

Bonjour,

Remarquable travail!!

Je suis un (presque ex) photographe scientifique spécialisés entre autre en macro et micro photo ou video (y compris video HD)

Pour ceux qui désirent explorer la macro/micro, et qui n’ont ni la patience ni le matériel de zit, il exste des solutions low cost formidable de simplicité et de qualité par rapport à leur prix, p.ex:

http://www.bodelin.com/proscopehr/ http://www.bodelin.com/proscopehr/how_it_works/

Kit de base avec optique 50x: 279$ environ

Avec ce matériel, on part en forêt avec un portable (mac dans mon case, et on fait des films de fourmis ou de tout au monde les doigts dans le nez.

Comme indiqué, un des problèmes principaux de la macro/micro est la profondeur de champ. Il existe de très bonnes solutions de technique de prises de vues et de filtres digitaux pour tourner autour de cette difficulté.

Je suis à disposition pour plus d’info, mais cela dépasse le cadre d’un commentaire

Guy Mayor

15)
jeanflash
, le 19.07.2010 à 01:31

jeanflash

16)
jeanflash
, le 19.07.2010 à 01:33

l’adresse d’un petit site où Zit serait (presque “mon Maître à penser” tellement il conçoit les choses comme je les imagines : – sans prises de tête, – on test, ça marche, tan mieux!, ça va pas on recommence autrement :D, – toujours dans un esprit de “débrouille pas cher du tout” pour des résultats tous à fait satisfaisants ;) et surtout on se fait plaisir :D!! Merci Zit

17)
jeanflash
, le 19.07.2010 à 01:33

l’adresse d’un petit site où Zit serait (presque “mon Maître à penser” tellement il conçoit les choses comme je les imagines : – sans prises de tête, – on test, ça marche, tan mieux!, ça va pas on recommence autrement :D, – toujours dans un esprit de “débrouille pas cher du tout” pour des résultats tous à fait satisfaisants ;) et surtout on se fait plaisir :D!! Merci Zit