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Ghostbusters 2, la revanche des pare–soleils

Tout faux, ou presque !

Le mois dernier, je vous ai parlé de mes histoires de fantômes...

Tout d'abord, je tiens à vous prier de m'excuser d'en reparler si ça ne vous a pas intéressé, ça ne vous intéressera pas plus aujourd'hui.

Et puis, si j'en reparle, c'est que j'ai, dans l'article sus–mentionné, fait quelques erreurs funestes et regrettables :

  • Une erreur de géométrie dans mon gabarit.
  • Une erreur optique dans les tests de pare–soleil.

Ça fait beaucoup pour un seul homme, surtout sur un site aussi sérieux que cuk.ch.

Je vais donc, avec encore toutes mes excuses, essayer de rétablir la vérité.

Un peu de géométrie.

Bon, je suis vraiment une quiche en maths, et pourtant, j'étais bien fier du raisonnement qui m'avait permis, croyais–je, de mesurer les angles d'incidence de mon flash fabricateur de fantômes. Mais si le gabarit permettait effectivement de reproduire toujours le même angle d'incidence de la lumière vers l'objectif, les angles étaient complètement faux. J'en ai parlé (de mon idée que je trouvais chouette) à mon ami Bob, qui enseigne les mathématiques et qui m'a expliqué une histoire de Tangente, que sur le coup, j'avais très bien compris, mais qui maintenant me parait assez obscure, tout ça pour dire que si mon idée était chouette, elle n'en était pas moins, géométriquement, complètement fausse...

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Donc l'ancien gabarit, le faux.

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Le nouveau gabarit, parfaitement juste (si Illustrator ne se trompe pas plus que moi).

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Côte à côte...

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Et l'un sur l'autre, effectivement, ils ne sont pas tout à fait d'accord...

Voilà enfin la vérité rétablie sur ce point. La fausseté des angles n'était pas très importante, c'est surtout la reproductibilité qui importait, mais quand même, soyons précis (ça m'étonne quand même que personne n'ait levé le lièvre en commentaire, une erreur si flagrante pour un matheux... un moment d'inattention ? un désir d'indulgence ?).

Beaucoup plus grave était la seconde erreur, mais quand on est une quiche en maths...

On est aussi (souvent) une quiche en physique.

Et l'optique, c'est de la physique...

Et ce problème grave était tout bête : j'ai fait toutes les photos de test de l'article avec un D300, appareil au format de capteur 17 x 24...

Avec des optiques (hormis le 18–70) prévues pour couvrir le 24 x 36...

Et des pare–soleils appropriés aux optiques...

Sur un appareil 24 x 36...

Vous voyez où je veux en venir ?

L'angle de champ horizontal couvert par un objectif de 50 mm de focale avec un capteur 24 x 36 est de 41.24°, alors que le même objectif sur un capteur 17 x 24 (APS, DX) ne couvre plus qu'un champ de 27.49° (heuuu, si j'obtiens ces chiffres, c'est grâce à cet article de Wikipedia qui donne la formule de calcul).

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Un petit dessin ?

On voit bien ici que le pare–soleil adapté à un objectif pour un capteur 24 x 36 sera bien moins efficace avec un petit capteur. D'ailleurs, les deux nouvelles optiques 24 x 36 annoncées dimanche par Sigma proposent un pare–soleil adaptable aux capteurs petit format. Une bien bonne idée.

Donc, nouveau test avec les mêmes optiques...

Sur un D700.

Même conditions de test que la dernière fois, l'appareil est juste plus près du sujet, angle de champ plus large oblige.

Voyons comment se comporte le Nikon 1.4/50 AF sans paresoleil :

(comme toujours, sur cuk.ch –et « Nulle part ailleurs ! »–, un clic sur les images permet de les ouvrir en grand, c'est plus précis, surtout pour les comparatifs avec plein d'images dedans)

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Les fantômes arrivent dès 40° (légèrement sur le bord gauche), très présents à 48° (on voit bien la forme hexagonale caractéristique d'un diaphragme à six lamelles), franchement gênants à 56° et plus qu'envahissants après.

On notera quand même que le flare est beaucoup plus présent qu'avec le D300 !

Voyons maintenant l'efficacité du pare–soleil :

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Ah, bin ça marche vraiment bien là !

La différence est spectaculaire, mais sans doute est–ce dû au fait que le flare est bien plus prononcé sur ce boîtier et avec cette optique.

Le 1,4/50 Zeiss, maintenant :

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C'est beaucoup moins marqué qu'avec le Nikon ! on a un léger fantôme circulaire (diaphragme à neuf lamelles) jaunâtre à 48° (à droite, sur la porte du meuble), un poil plus prononcé et plus dans les bleus à 56°, un voile général à 64° qui s'accentue après.

Et avec le pare–soleil ?

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Parfait à 48°, il semblerait par contre qu'à 56° on soit légèrement plus clair et moins contraste avec le pare–soleil que sans, zut alors !

Bon, sur le D700, le Zeiss se comporte bien mieux que le Nikon. Formule optique (Planar), traitement des lentilles (le Nikon est quand même une « assez vieille » optique, une quinzaine d'années), construction mécanique (diaphragme à neuf lamelles) c'est dans ces cas extrêmes que la différence de qualité se voit le plus.

Passons maintenant à une optique moderne avec traitement Nanocristal, le Nikon 2.8/24–70 AFS N règlé sur 50 mm de focale, évidemment :

Sans son volumineux pare–soleil pour commencer :

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Encore parfait à 40°, un très léger voile jaunâtre à l'extrême droite et à l'extrême gauche du champ à 48°, un voile prononcé sur toute l'image et un tout petit fantôme ayant la forme du réflecteur du flash à 56°, on regagne du contraste (significativement) à 64° et premier vrai fantôme circulaire à partir de 72°, tout en gardant une assez bonne image (toutes proportions gardées), même à 80°, l'image n'est pas encore détruite, ça fonctionne vraiment bien ce traitement !

Voyons maintenant si l'énorme pare–soleil « tulipe » est efficace :

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Ah, bin oui ! L'image est à peine dégradée à 64°, le pare–soleil ne perdant son efficacité que quand le flash est dans le champ, à 72° et 80°.

Ici aussi, comme avec le Zeiss, mais dans les deux cas extrêmes (72° et 80°), l'image sans pare–soleil est un poil plus contrastée que celle avec, on a donc une augmentation du flare par des reflets parasites dans le pare–soleil, un petit coup de velours noir à l'intérieur du pare–soleil réglerait peut–être ça...

Il faut noter que le cas du 2,8/24–70 est particulier : sa formule optique (similaire chez Canon et Nikon) fait qu'il est plus long à la focale la plus courte (24 mm) et plus court à la focale la plus longue (70 mm). Le pare–soleil devient d'autant plus efficace qu'il est fixé sur la partie de l'objectif qui ne bouge pas quand on zoome, bravo, messieurs les ingénieurs !

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La preuve en image, de gauche à droite : l'énorme pare–soleil du 24–70, le 24–70 et l'assez gros Zeiss avec son pare–soleil en place.

Voyons maintenant de plus près ce 24–70 avec et sans pare–soleil :

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Impeccable, le pare–soleil, mais en observant les feuilles à gauche, on s'apperçoit que le léger flare (à 48° sans pare–soleil), loin de dégrader l'image, permette de gagner beaucoup de détails dans les ombres...

Compliqué, cette affaire...

D'autant plus que bien qu'exceptionnel avec une source de flare proche de l'axe optique, le 24–70 est le seul objectif de ce test à souffrir (très légèrement, il est vrai) d'une lumière très rasante (sans son pare–soleil) :

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À 16° on notera une légère perte de contraste sur toute l'image, plus prononcée à gauche, à l'opposé de la provenance de la lumière parasite...

Comparons pour voir les trois cailloux :

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À 48°, seul le 50 mm Nikon souffre beaucoup sans paresoleil, on notera quand même le contraste et la définition (sur la vignette agrandie) bien supérieur du 50 mm Zeiss (ahhh, les focales fixes, légères, compactes, maniables, de prix raisonnable et d'une qualité tellement supérieure...).

Pas de comparatif à 56°, le flash, dans le test du 50 mm Nikon sans paresoleil, n'est pas parti, et je ne m'en étais pas rendu compte (et je n'ai pas envie de tout remettre en place pour une seule image, d'autant plus que j'aurais bien du mal à remettre l'appareil exactement au même endroit, et que donc les résultats ne seraient pas vraiment les mêmes, et que donc il faudrait que je refasse toutes les prises de vues... Non, non, non, sans façons !).

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À 64°, seul le 2,8/24–70 s'en sort encore, grâce à son traitement Nanocristal, on notera aussi la bizarrerie du Zeiss dont le pare–soleil augmente l'effet du flare sous cette incidence.

Conclusion :

En premier lieu, en tant que rédacteur, bien réfléchir avant d'agir m'aurais évité de faire deux fois le boulot...

Je vous présente encore mes plus plates excuses pour les imprécisions de l'article précédent.

Concernant le second problème (l'inefficacité du pare–soleil des optiques conçues pour le 24 x 36 utilisées sur un appareil à petit capteur), vous n'avez même pas pu crier au scandale, puisque je n'avais pas indiqué avec quel appareil les photos avaient été prises (bon, maintenant, vous pouvez...).

Ensuite, ces nouveaux tests confirment l'indispensabilité du pare–soleil, en intérieur comme en extérieur, dont l'efficacité peut encore être améliorée en mettant un cache opaque (noir, de préférence) dans le prolongement du paresoleil et à la limite extérieure du champ de l'objectif.

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Comme ça, par exemple.

Bon, je suis content d'avoir réhabilité les pare–soleils et je pense en avoir fini pour un moment avec le flare. Il reste bien deux ou trois trucs que j'aimerais essayer (comme le nouveau Nikon 1,4/50 AFS G qui doit avoir un meilleur traitement optique que son ancetre testé ici par exemple, et voir si ça n'est pas différent en argentique, puisqu'on a vu que la même optique réagissait différement en fonction du boîtier utilisé).

Mais là, c'est tout pour aujourd'hui.

Mis à jour le 24/02 à 12h08 avec des schémas plus précis ;o)

(merci Guillôme)

 

 

 

11 commentaires
1)
jpg
, le 23.02.2010 à 00:11

MercI. Un sujet photographique. Ils se font si rares de nos jours! Et des essais, des considérations d’optique. Bravo.

2)
Tom25
, le 23.02.2010 à 08:45

Je n’ai pas lu ton précédent article sur le sujet, sinon j’aurais remarqué l’erreur ! Tu pense bien :•D

En Math ça va, en photo je suis bien moins calé.

3)
Guillôme
, le 23.02.2010 à 10:28

Personnellement, je n’avais même pas cherché à voir s’il y avait une erreur ou pas pour deux raisons (dont une que tu donnes) :

  • seul la méthode d’un angle identique pour test est importante, pas l’angle proprement dit, l’impact qualitatif rapidement étant plus significatif que la mesure de l’angle qui produit la dégradation maximale;
  • le pare-soleil n’est pas forcément adapté au capteur et/ou à l’objectif… en ce domaine, on fait souvent avec les moyens du bords

Pour le pare-soleil, je précise :

  • d’une part, on peut avoir des objectifs 24×36 avec paresoleil adhoc que l’on utilise sur du “petit format” sans possibilité d’un paresoleil plus adapté
  • si l’on utilise un zoom, le paresoleil ne sera optimale qu’à une certaine focale, donc je ne suis pas sûr que l’on puisse se protéger au mieux de l’effet, l’essentiel est de le connaitre et de tenter de le maitriser…
  • enfin, je ne parle même pas des objectifs à monture multimarque ou des paresoleils que l’on recycle sur un objectif de même diamètre…

Bref, avoir un paresoleil “inadapté” me semble presque un critère de test objectif ;)

Maintenant, si tu veux absolument qu’on traque l’erreur et la correction, tes schémas avec le champ couvert son faux, puisque les rayons convergent dans l’objectif (centre optique), et l’angle de champ se mesure à la surface de l’objectif.

Autre erreur, c’est d’affirmer qu’un 50mm, c’est un angle de champ de 41.24° environ alors même que les focales sont des faux c…ls et qu’un 50mm peut faire 46°, 44° ou 42°!!!

En tout cas, j’adore tes articles zit, tu donnes l’envie à chaque fois de prendre mon reflex et de partir à l’aventure ;)

Merci

4)
Chichille
, le 23.02.2010 à 12:05

bien réfléchir avant d’agir

Ça me rappelle vaguement quelqu’un du côté du Faubourg Saint-Honoré, mais qui ? Ah! la! la! C’est dur de perdre la mémoire !

5)
Modane
, le 23.02.2010 à 19:15

Ardu, mais instructif!

6)
François Cuneo
, le 23.02.2010 à 22:55

Tout comme Modane, je dirai même plus: ardu mais instructif!

Merci!

7)
zit
, le 24.02.2010 à 10:23

jpg, content de t’avoir intéressé. Concernant les optiques, je trouve quand même intéressant de savoir comment « ça fonctionne » : comprendre quelles sont les conditions de lumière qui ont provoqué une mauvaise (ou une bonne) image devrait permettre, à la longue, de s’améliorer ;–).

Tom25, je comprends mieux, maintenant ! ;–D

Guillôme, on est bien d’accord, dans ce cas, peu importe la précision de la mesure de l’angle, du moment qu’on puisse reproduire le plus précisément un angle donné. Mais je ne pouvais pas laisser passer ça en connaissant mon erreur (hraaa, l’honnêteté doit avoir un truc incompatible avec l’orgueil).

Concernant le pare–soleil approprié au format, c’est sûr que c’est plus compliqué avec des optiques 24×36 sur un petit capteur, mais connaissant le rapport de recadrage de la focale, on peut essayer de trouver quelque chose, l’idéal étant d’utiliser un compendium :

à régler avant chaque photo… pas top en reportage…

ARGHHHH ! encore une erreur débusquée par le sagace Guillôme ! Bon, je vais de ce pas refaire les schémas…

Et tiens, concernant le formidable article que tu mentionnes, j’ai l’impression qu’il a été lu chez Chasseur d’images, vu qu’on a droit à une pleine page consacrée au mauvais rapport de reproduction maximum du nouveau Nikon AFS 2,8/70-200 VR II G IF ED N, d’ailleurs, ils disent même en préambule qu’on trouve des articles sur le ouaibe dont les auteurs ne comprennent rien aux lois de l’optique <;oD !

Bon, avec toi, ça en fait au moins deux qui apprécient mes « papiers », je vais donc continuer… Je ne fais pas la course au chiffre, et tant que le PATRON ne m’enlève pas mon login dans l’admin, je vais partir sur le « qui ne dit rien consent ». Par contre, j’apprécie les commentaires par leur qualité, comme l’erreur que tu relèves sur mon schéma : ça permet d’avancer…

Chichille, je ne vois pas du tout à qui tu me compare…

Modane, François, ardu, mais hardi, les gars, gardons les ardents rayons hors de nos images !

z (paske si ça vous plais pas… je répêêêêêêêête : j’aurais du mal à vous entretenir des frasques des pipoles)

8)
zit
, le 24.02.2010 à 12:13

Ayé, j’ai mis à jour les schémas, en espérant qu’ils soient bons, cette fois ;o).

z (votre serviteur, je répêêêêêêêêêête : il suffit de demander gentiment ;–)

9)
fxc
, le 24.02.2010 à 14:37

Merci pour ces éclaircissements.

10)
XXé
, le 26.02.2010 à 00:40

Ouahou ! Impressionnant !

Merci pour toutes ces infos, continue.

Didier

11)
Pierre.G.
, le 28.02.2010 à 12:10

Effectivement très bien documenté, je vais mesurer les pare-soleil gigantesques des CZ en ma possession par curiosité, mais il sont vraiment très longs et bien sur doublés de velours floqué comme c’était déjà le standard des Minolta G auparavant, tu peux continuer en tous cas, merci de ces éclaircissement. ;-)