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Zurich en guerre: exposition et réflexion

Ceux d'entre vous (une minorité, à mon avis) qui lisent le quotidien lausannois 24Heures et qui auraient vu ma chronique de samedi sauront ce qui a mis en route cette réflexion. En face de chez moi à Zurich une petite exposition commémore le début de la Deuxième Guerre mondiale, ou plutôt ce que les Zurichois ont fait dès 1938, au moment où ils ont jugé que la guerre serait inévitable.

Ce que j'ai pu écrire dans 24Heures cependant (sur 2900 signes, à peine une page A4) ne me permettait pas de vraiment partager avec les lecteurs la réflexion que cette visite a provoquée. Je le fais donc ici.

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La première chose qui frappe: en 1939, la paisible Zurich ressemble à un champ de bataille prêt à l'assaut. Des barbelés partout.

 

Il faut dire que cette exposition ne vient pas seule. Il y a quelques années déjà qu'on découvre que la Deuxième Guerre mondiale n'est pas derrière nous dans la psyché collective.

On a toujours commémoré des anniversaires: je me souviens notamment celui, très émouvant, en 1996, des survivants des quelque 800 volontaires suisses dans la Guerre d'Espagne de 1936: la plupart ne faisaient pas de politique, ils étaient partis par générosité, pour un idéal, et une fois rentrés en Suisse ils ont été accueillis comme des criminels: certains ont fait de la prison (désertion, enrôlement dans une armée étrangère - eh oui), ils se sont retrouvés sur des listes noires, et presque tous ont eu une vie et une carrière professionnelle difficiles, marquées en tout temps par leur geste de jeunesse. Mais soixante ans plus tard, ils étaient encore fiers de leur geste. «C'est en Espagne que j'ai compris que l'homme n'est pas seulement sur terre pour se remplir la panse», m'avait dit alors l'un d'eux.

Ce qui frappe, dans ce genre de manifestation, c'est la coupure entre l'officialité et toute une partie de la population: les commémorations sont fréquentées non seulement par les intéressés, mais par toute une population beaucoup plus jeune, qui approuve le geste qui avait paru fou des 800 volontaires. On apprend alors qu'ils avaient des appuis dans la population. Et de nombreux politiciens, au fil du temps, se sont battus pour qu'ils soient réhabilités. Ils l'ont été - il y a quelques semaines. Il en reste bien peu, et les quelques survivants ne sont pas reconnaissants: trop tard et trop peu, disent-ils à juste titre.

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Lucien Tronchet, témoin solidaire: il n'était pas parti avec les autres, il leur apportait des armes. Il a fait le voyage Genève-Espagne plus d'une fois.

 

Et je ne parlerai même pas des Suisses qui ont décidé d'aller se battre contre l'Allemagne nazie dans la Résistance française. Eux aussi ont été traités comme des traîtres, ont fait de la prison, et ce n'est que maintenant qu'on parle timidement de les réhabiliter. Pour presque tous, pour tous peut-être, ce sera à titre posthume.

La coupure entre les officiels et le citoyen ordinaire était particulièrement frappante dans la série d'interviews faite pour l'extraordinaire exposition, accompagnée d'une série de DVD appelée L'Histoire, c'est moi. Dans un sursaut de lucidité, et encore juste à temps, un groupe inspiré par l'histoire orale, sous la direction du cinéaste Frédéric Gonseth et de quelques historiens, a recueilli 550 témoignages de citoyens ordinaires ou d'ex-officiels qui avaient vécu la Deuxième Guerre mondiale. C'est là que j'ai compris, personnellement, qu'il ne s'agit pas de confondre le gros de la population suisse avec les requins de la finance ou de la politique prêts à toutes sortes de compromis et de turpitudes pour faire du bénéfice à n'importe quel prix. Je ne saurais trop recommander le visionnement des DVD, que l'on trouve ici.

Le front de la Limmat: Zurich pendant la 2e Guerre mondiale

L'exposition actuelle aux Archives communales de la ville de Zurich rappelle quelque chose que les francophones semblent avoir ressenti avec une moins grande urgence. L'angoisse était présente à Lausanne ou à Genève, certes - mais les Zurichois ressentaient un danger de plus que les Romands (et ce n'est pas pour rien que quelques Juifs zurichois ont préféré, par prudence, passer la guerre en Suisse romande): le réveil brusque d'un certain nombre de consciences est venu en mars 1938, lorsque Hitler a annexé l'Autriche (l'«Anschluss», traduction du mot annexion) en prenant pour prétexte que c'était pays germanique et en tenant des discours tonitruants sur «le grand Reich germanique»; les Alémaniques (des Germains) se sont sentis visés directement.

Or, par le fait qu'ils n'étaient pas, comme l'Allemand de la rue, complètement noyés dans la propagande officielle, beaucoup de simples citoyens suisses étaient vite devenus antinazis (les premières manifestations antinazies datent de 1932 déjà, avant la prise de pouvoir d'Hitler).

En 1938, les Alémaniques ont considéré que le danger d'être annexés était, pour la Suisse alémanique du moins, très réel. D'autant plus réel qu'une fois l'annexion de l'Autriche réussie, Hitler a commencé à parler d'annexer les Sudètes, partie germanophone de la Tchécoslovaquie. De là à vouloir annexer Zurich et Bâle, il n'y avait qu'un pas. C'est du moins ce que de nombreux Alémaniques craignaient.

Ce que documente l'exposition «Limmatfront, Stadt im Kriegszustand» (Le front de la Limmat, une ville en état de guerre), c'est la détermination des Zurichois (pris en exemple, car il en allait sans doute de même dans les autres villes du pays): contrairement aux Autrichiens, qui s'étaient jetés dans les bras du Reich sans combat, les Zurichois entendaient se défendre.

Et dès avant le 30 août 1939 (le jour de la mobilisation générale, la Mob, comme on dit familièrement), Zurich s'est transformée.

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Des barbelés dans le centre historique…

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… des barbelés le long du fleuve Limmat…

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… des barbelés dans le centre commercial…

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… des obstacles antichars dans les quartiers d'habitation…

 

Il y avait des bunkers, camouflés dans les quartiers en constructions innocentes, des abris antiaériens, qui ont pris une signification toute particulière lorsqu'en 1940 les Anglais ont bombardé Wipkingen, quartier industriel dans lequel ils voyaient peut-être des industries qui participaient à l'effort de guerre allemand. La frontière allemande était proche, et à mesure que la Wehrmacht avançait, le pays était de plus en pris dans un étau. Et la plus grande partie de l'étau était fasciste (Allemagne, Autriche, bientôt Italie - et le régime de Vichy ne valait pas mieux). Il était régulièrement question d'une invasion nazie de la Suisse. Des plans d'évacuation de la population entière étaient prêts.

L'exposition zurichoise montre, entre autres, les préparatifs d'évacuation. On y voit les rues assombries par crainte des bombardements - une ville sur le qui-vive, en somme.

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Une ville sombre, des soldats partout…

Le jour de l'inauguration, il y avait beaucoup de personnes âgées qui avaient vécu la guerre lorsqu'elles étaient enfants, et il y avait deux ou trois très vieux messieurs qui étaient jeunes soldats en 1939.

«Vous ne vous rendez pas compte, rétrospectivement», m'a expliqué Monsieur Herbert Wyler, droit comme un piquet, «lorsque vous voyez tout ça, vous savez ce qui s'est passé ensuite, mais nous, on était là, dans ce tunnel. A Berne ils savaient peut-être que la Suisse était la banque des Allemands et qu'Hitler n'envahirait pas parce que ce n'était pas dans son intérêt, mais à nous ils ne le disaient pas. A nous, on disait que l'ennemi était partout, et il était effectivement tout autour de la Suisse, nous étions convaincus qu'ils auraient pu venir d'un moment à l'autre.»

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«Avec ce canon de DCA, j'ai tiré en 1943-45» Commentaire dans le Livre d'or de l'exposition

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Et voilà le canon…

Décidément, gouverner par la peur n'est pas une invention récente. Pendant six bonnes années, les Zurichois ont vécu comme ça, les hommes jeunes au front, les autres tentant de joindre les deux bouts, toujours prêts à quitter Zurich. Si jamais les nazis étaient arrivés, ils auraient trouvé une ville vide - à part bien entendu l'armée, qui se serait battue pied à pied.

Tout cela revient à l'esprit en visitant l'exposition des Archives communales zurichoises - qui n'ont malheureusement pas eu la bonne idée de la mettre intégralement sur internet comme le font d'autres (ce serait facile, le matériel photographique et les documents sont simples à scanner). Mais si vous passez à Zurich, faites-y un saut: c'est ouvert tous les jours de 8 heures à 17 heures, le samedi de 10 à 18, et c'est gratuit (Stadtarchiv, Neumarkt 4).

Vous serez transportés dans un temps que vous n'avez pas pu connaître, mais qui, qu'on en soit conscient ou non, a laissé des traces et des cicatrices tant dans la vie sociale que dans la mémoire collective - sans parler de ceux qui l'ont vécu, toujours moins nombreux, mais témoins vivants d'un cauchemar dont on aimerait pouvoir dire: plus jamais ça!

 

 

Source des illustrations: photographies de l'exposition «Limmatfront» rephotographiées par la soussignée.

21 commentaires
1)
Caplan
, le 16.12.2008 à 07:49

Merci pour cette visite de l’expo zurichoise. On a ainsi une idée du “climat” qui y régnait à cette époque. Mes grands-parents m’en ont beaucoup parlé.

Il y a quelques jours, j’ai parlé de Maurice Bavaud, qui a tenté de tuer le mal à la racine il y a 70 ans.

Milsabor!

2)
FredX
, le 16.12.2008 à 09:29

Mais il n’y a pas eu de faits de guerre à proprement parlé en suisse ?? Ou alors j’ai mal écouté pendant mes cours…

3)
bgc
, le 16.12.2008 à 09:37

Merci Anne pour ces aspects que peu connaissaient.

Toujours, ou souvent pareil: une centaine de personnes à l’origine de ce genre d’horreurs, et des millions qui sont obligés de suivre, d’obéir, de haïr, de tuer des gens qui sont (ou auraient pu être) des amis, de séparer parfois une femme et un homme qui s’aiment d’Amour, mais devraient se haïr, car ils sont nés dans deux pays différents, qu’une centaine d’individus a déclaré “pays ennemis”; dans quel but? L’argent? le pouvoir? Tout ça au nom de…la Patrie? Mais la vraie Patrie n’est-elle pas La Terre?

Et toutes ces horreurs n’ont pas servi d’exemple, puisque ça continue de nos jours, mais…ailleurs.

4)
levri
, le 16.12.2008 à 10:06

Merci Anne, de nous exposer un fait historique peu connu hors des frontières Helvètes.

5)
shuffle
, le 16.12.2008 à 10:27

Attention, Anne: la photo n’est pas celle de Lucien Tronchet, mais celle de André BOESIGER, décédé récemment.

6)
Anne Cuneo
, le 16.12.2008 à 11:24

Mais il n’y a pas eu de faits de guerre à proprement parlé en suisse ?? Ou alors j’ai mal écouté pendant mes cours…

Il n’y a pas eu d’invasion. Mais, tu l’as vu dans la photo, il y a eu des bombardements alliés, plusieurs même. Officiellement qualifiés d’«erreurs», mais toujours pris, par le Suisse ordinaire de bon sens, pour des avertissements: vous travaillez pour l’industrie de guerre allemande, et nous le savons – nous bombardons donc vos usines.

A part ça, le fait qu’en Suisse la guerre n’a pas été cruelle ne veut pas dire qu’elle n’a pas eu lieu. A part la peur constante d’être envahis par Hitler, considéré comme un fou imprévisible, il y a eu les privations, le service militaire – certains pères de famille ont passé trois ans dans des fortins à garder la frontière. Ils sont restés en vie, mais l’un d’eux disait, dans «L’histoire c’est moi»: «Ils auraient pu venir à n’importe quels moments, pensions-nous tous. Pendant trois ans, je n’ai jamais dormi que d’une oreille, je n’ai jamais été sûr le soir que je me réveillerais le matin, jamais été sûr le matin que je verrais le soir.» C’est peut-être mois dévastateur que d’être en plein champ de bataille, mais dans les interviews d’histoire orale, on a pu mesurer combien les gens avaient été marqués.

8)
Anne Cuneo
, le 16.12.2008 à 13:38

J’ai corrigé, merci, vous trouverez maintenant à sa bonne place Lucien Tronchet, la faute à je ne sais plus quel site, qui m’avait vendu Boesiger pour Tronchet. Comme je ne les ai connus ni l’un ni l’autre, comme je n’avais vu (ou ne me souvenais pas avoir vu) la photo ni de l’un ni de l’autre… Bref, mille excuses, c’est réparé.

Car c’est bien de Lucien Tronchet dont je voulais parler. On m’a dit qu’il était un esprit «aussi aventureux que Jack London» dans sa jeunesse, et que ses voyages dans l’Espagne en guerre étaient de véritables folies qui auraient pu cent fois lui coûter la vie.

9)
Guillôme
, le 16.12.2008 à 14:06

C’est clair que ces moments d’histoire sont toujours source d’horreur.

Je ne connais pas cette période Suisse et je pense qu’il faut voir les DVD, les expositions… pour entrevoir la chose.

En tout cas, je comprends l’émotion que cela peut susciter. Je connaissais l’histoire du bombardement d’Hiroshima et Nagasaki mais cela a prit tout son sens quand j’ai visité le musée de la mémoire au Japon, là j’ai entrevue l’horreur de la chose.

10)
shuffle
, le 16.12.2008 à 18:11

André Boesiger était un sacré bonhomme aussi: il faut lire ses mémoires ! Au contraire de Tronchet, qui a pris le virage de la social-démocratie, André Boesiger est resté anar jusqu’à sa mort. Il a fait partie durant et après la guerre du même réseau que Tronchet (soutien aux résistants, etc).

11)
Filou53
, le 16.12.2008 à 22:59

Merci pour cet article.

Pour moi, petit belge, la non-participation de la Suisse à la guerre a surtout semblé être une affaire de gros sous.

Visiblement, pour les suisses eux-mêmes, ce n’était pas du tout cela.

Autant le savoir…

12)
CHD
, le 17.12.2008 à 00:16

Cela sonne comme un début de BD: “nous sommes en 1940 après Jésus-Christ ; toute l’Europe est occupée par les Nazies… Toute ? Non ! Car une confédération peuplé d’irréductibles Hélvètes résiste encore et toujours à l’envahisseur”. Pour ceux qui n’auraient pas suivit, je précise que les Helvètes étaient bien des Gaulois. Bon, j’adore la Suisse (j’y ai fait plusieurs années d’études), mais il faut pas pousser mémé dans les orties. Certains historiens Suisse ont un avis plus que sévère sur le rôle de ce pays pendant la seconde guerre mondiale. Si la Suisse n’a pas été belligérante (du moins si l’on ferme les yeux les unités auxiliaires envoyées assister les allemands sur le front russe), elle n’a pas été neutre politiquement et (surtout) économiquement. Pour rappel, la Suisse a été condamnée à payer des dommages de guerre dont le montant étaient d’ailleurs ridiculement faible compte tenu de de la gravité des faits (mais le problème du moment était Staline et non plus Hitler). Alors oui la mob’ a sans aucun doute été une période difficile (pas autant qu’ailleurs), mais au final la Suisse en est sortie plus riche que jamais. D’ailleurs rien n’a changé, il y a des dizaines de conflits de part le monde et le suisse moyen s’en porte très bien et accueille à bras ouvert des champions hors catégorie tels que Marc Rich ou Viktor Bout .

13)
marcdiver
, le 17.12.2008 à 00:36

Si la Suisse n’a pas été belligérante (du moins si l’on ferme les yeux les unités auxiliaires envoyées assister les allemands sur le front russe)

Bonjour, loin de moi l’idée de lancer une polémique sur le rôle de la Suisse durant la 2e guerre, mais je suis passionné d’histoire notamment du 20e siècle, et je n’ai jamais entendu parler d’une telle chose. Pourrais-tu nous en dire plus ? D’où tiens-tu ces affirmations ?

14)
Anne Cuneo
, le 17.12.2008 à 08:22

Je voudrais insister sur le fait que mon article n’est pas destiné à défendre la Suisse officielle pendant la guerre. Je considère que, entre le mec qui a inventé le J dans le passeport des Juifs, le ministre de la justice qui était l’avocat de l’ambassade allemande avant la guerre, le discours défaitiste d’un autre ministre qui invitait pratiquement les Suisses à se comporter comme des Nazis, j’ai le jugement le plus sévère, et certains de leurs actes sont impardonnable.

Et je ne parle pas non plus des industriels qui ont travaillé pour l’effort de guerre allemand, ou de ceux qui ont carrément installé leurs usines de l’autre côté du Rhin pour qu’elles soient en Allemagne – et où ils ont employé des travailleurs forcés (voir les films de Frédéric Gonseth sur le sujet).

Ce que je tente (modestement) de dire, c’est que pour le petit Suisse de la rue la guerre a certes été moins dure qu’en France, en Allemagne, en Russie, en Pologne etc., mais qu’elle a aussi été vécue dans la difficulté – on ne va pas mesurer l’intensité du malheur, tout de même pour faire des reproches à ceux qui ont vécu un malheur moins intense.

@ marcdiver Je ne sais pas ce que CHD entend par unité auxiliaires sur le front russe. Si ce sont les employés de la Croix-Rouge qui ont été PIEGES par les Nazis (ils sont partis pour soigner y compris les Russes et ont été mis de force au service des Allemands – ici aussi, voir le film de Frédéric Gonseth), il se trompe.

Mais par ailleurs, dans tous les pays anti-nazis il y a eu de petites minorités nazies qui rêvaient du grand Reich qui se sont engagés dans l’armée allemande. Il y en a eu dans tous les pays.

Il y a de nombreux livres sur le sujet, je n’ai pas le temps de chercher des références maintenant, si j’y arrive, je le ferai avant la nuit (mais j’ai une journée très chargée).

15)
CHD
, le 17.12.2008 à 09:58

@macdriver je parle bien d’auxiliaire et non pas de combattant même s’ils sont relativement proche du front. Cela va des experts militaires, ingénieurs et techniciens, jusqu’aux fameux éléments de la croix-rouge. Pour ces derniers, je ne sais pas trop quoi en penser, c’est comme pour les “malgré-nous” en France, il y a des détails qui mériteraient explication (par exemple, je me suis toujours demandé comment on pouvait être enrôlé de force ou accidentellement dans les divisions SS alors que celles-ci se vantaient d’appliquer des critères de recrutement très sévère, m’enfin je m’écarte du sujet). Sinon pour les sources, je ne me souvient plus vraiment des titres des ouvrages (cela fait un moment que j’ai quitté la Suisse), par contre, il y avait des articles dans Horizons (la revue du FNRS), une émission de la TSR qui doit être un des films cités par Anne Cuneo, etc.

16)
Anne Cuneo
, le 17.12.2008 à 12:02

je parle bien d’auxiliaire et non pas de combattant même s’ils sont relativement proche du front. Cela va des experts militaires, techniciens, jusqu’aux fameux éléments de la croix-rouge. Pour ces derniers, je ne sais pas trop quoi en penser

Dans ce cas-là, il faut voir Mission en Enfer, le film de Frédéric Gonseth. Son site est ici . Une fois que vous y êtes, cliquez sur Mission en enfer, vous aurez quelques explications – et pour comprendre comment ça s’est passé, pour se demander ce qu’on aurait fait soi-même si on s’était trouvé catapulté malgré soi dans une telle situation, , commandez le film. Il est très très bon.

17)
marcdiver
, le 17.12.2008 à 13:30

Merci à vous deux, j’ai commandé le DVD.

18)
CHD
, le 17.12.2008 à 16:15

Merci pour le lien. Pour ceux que cette période intéresse, il est important de noter que la Suisse n’était pas un cas unique. Par exemple, la Suède était elle aussi non belligérante, avec une neutralité molle, plus ou moins affirmée selon que l’interlocuteur était Hitler, Staline ou Churchill. Quand à la situation de la Finlande elle était particulièrement singulière (avec une guerre dans la guerre).

19)
CHD
, le 17.12.2008 à 17:39

Mais au fait, il existe une blague à sortir à ce sujet (mais je suis malheureusement incapable de prendre l’accent du Gros-de-Vaud qui va si bien) : Tiens, pourquoi Hitler n’a pas envahi la Suisse ? Parce qu’il y avait un million de fusils qui l’attendaient derrière les crêtes pardi ! Enfin bon, Hilter aurait envoyé deux millions d’hommes, et alors… Ben, on aurait tiré deux fois !

Il va sans dire que dans la réalité la Suisse risquait surtout un blocus.

20)
Anne Cuneo
, le 17.12.2008 à 19:53

Il va sans dire que dans la réalité la Suisse risquait surtout un blocus.

Je répèèèèèèète, comme dit notre ami Zit: c’est facile de dire ça aujourd’hui. Sur le moment, pour la population qui ignorait les magouilles d’un exécutif dont une partie avait de regrettables tendances collaborationnistes, ne savait pas qu’elle risquait «surtout le blocus». Elle pensait avoir à tout moment à craindre une invasion, avec sa cohorte de malheurs. Et chacun de nous en a fait l’expérience un jour: lorsqu’on attend la catastrophe, c’est presque aussi dur que lorsqu’elle se produit. Et pour eux, la catastrophe c’était la perte de leur pays, de leur vie peut-être.

L’intérêt des expositions comme celle dont je parle, ou d’une entreprise comme L’Histoire c’est moi, c’est de mettre en lumière le fait que même ceux qui étaient préservés ne se sentaient pas à l’abri.

@ marcdiver Je n’ai pas eu le temps de chercher des bouquins, mais je te conseille encore le site de L’Histoire c’est moi . Et si cela t’intéresse, là aussi tu as la possibilité d’acquérir des DVD (ou d’aller voir l’expo).

21)
CHD
, le 17.12.2008 à 23:12

J’ai dit le contraire ? Ma remarque portait uniquement sur cette blague qui reprend à la lettre la doctrine selon laquelle Hitler, pour soumettre la Suisse, n’avait d’autre choix que celui d’une offensive militaire. Mais en pratique, une fois la Suisse complètement isolée, toutes les cartes étaient jouées. Dans ce contexte les dirigeants Suisses s’en sont globalement pas trop mal sorti. Facile à dire après coup, mais même (et surtout) à l’époque, je suis persuadé qu’il était facile d’imaginer les effets dévastateur qu’aurait eu un blocus d’une année ou deux… Au début de la guerre, ni la neutralité, ni l’or n’auraient pu sauver la Suisse. Le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg sont là pour le prouver. La ligne Maginot étant pratiquement infranchissable (les allemands puis, et dans une moindre mesure, les américains , n’ont pas été très brillants dans leurs tentatives de percées frontales, même en étant en net sureffectif) il fallait donc la contourner et c’était soit par la Belgique, soit par la Suisse. Même si pour des raisons évidentes l’Allemagne devait occuper les Pays-Bas et la Belgique, le risque n’était pas nul, ce qui m’amène à penser que la Mob s’imposait. Au mieux cela permettait de conforter Hitler dans son choix et donc de sauver momentanément la Suisse au détriment de la Belgique (c’est cynique mais c’est l’avantage de la neutralité), au pire cela permettait de ralentir l’envahisseur, le temps que les troupes franço-britanniques arrivent en renfort. J’ignore totalement si un tel accord de “garantie militaire” (sorte d’alliance conditionnelle) existait alors entre la France et la Suisse, mais je crois savoir qu’il y en eu un durant la guerre froide.