Finie la rigolade, aujourd'hui, c'est boulot, c'est vidéo! Je sors du SATIS, le Salon des technologies et solutions audiovisuelles, qui cette année était couplé à deux autres salons: le SIEL (Salon International de l’Evènementiel et du Loisir)et le Radio! (Rendez‐vous Annuel des Décideurs Indépendants des Ondes). Quatre jours de rencontres professionnelles autour de l'audiovisuel, donc, de la scène, et de la radio.

EX3 (Sony)

Pour tout vous dire, j'en rapporte une sensation mitigée. Beaux matériels, certes, tous les constructeurs y étaient, mais j'y ai trouvé une ambiance morose et une fréquentation étonnamment basse pour la réunion de trois salons. Il est vrai que je n'y étais pas allé depuis quelques années et que seul le retour de Gobelins, l'école de l'image, qui y faisait une opération de communication, m'y a ramené. Mais je m'attendais à une ambiance plus festive. Pour avoir jubilé, lors de ma dernière visite, autour des dernières nouveautés, de nouveautés jubilatoires, cette année, je n'ai pas trouvé.

HPX 171 (Panasonic)

Ne me faites pas dire qu'il n'y avait pas de nouvelles caméras ou de nouveaux clusters pour le calcul temps réel. Il y en avait. Mais on trouvait surtout des perfectionnements mineurs de matériels déjà existants, rien qui nécessite le déplacement ou dont on n'ait déjà entendu parler dans les gazettes. D'ailleurs, le premier soin des vendeurs étaient de prendre vos coordonnées pour un rendez vous ultérieur dans leur show room.

Ah si!...

Si si si!... Il y a un truc qui a fait un tabac! Et j'étais drôlement fier, parce que c'était chez moi! Pour le stand Gobelins, dont je m'occupais, donc, la société Ayrton, spécialisée dans le matériel d'éclairage à leds, m'avait prêté un écran à diodes, transparent, modulable, le Dream Panel Ghost.

Inhabituel...

Habituellement, les écrans de ce genre sont tristes et lourds, se montant par plaques opaques, en fond de scène ou en volumes. Là, c'est vraiment différent.

Le DreamPanel Ghost est constitué de plaques de plexiglass, légères, d'environ trente sept centimètres de côté, qui se montent en rideau par un système ingénieux de tringles. Chaque plaque arbore seize diodes de coté, deux cents cinquante six en tout, ce qui permet de fabriquer l'écran à la cote dont on a besoin. Là, le stand n'était pas grand, nous avons pu monter six rangs de cinq colonnes, ce qui donnait à l'écran une taille de quatre-vingt seize pixels sur quatre-vingt (nonante six par huitante?), pour des dimensions de trois mètres sur deux.

Vous me direz : "La vidéo, ce n'est pas 720 par 576, normalement?". Je vous répondrai que si, mais que là c'est particulier...

Discret et sobre, il n'est là qu'à 60% de sa puissance (Photo : Didier Pilon)

Ce type d'écran est fait pour les TRÈS grands formats de projection, du type Rolling Stones ou Madonna, avec des scènes immenses, même avec un pitch minuscule de 23 mm, le pitch étant l'écart entre chaque diode. Pour du Dv, en respectant l'échelle (720x576, un pixel = une diode) il faudrait monter un Ghost de près de dix sept mètres de large sur treize de haut. Je vous dis pour une diffusion HD? Quarante quatre mètres et demi de large pour les 1920 points!

Un peu de technique, vraiment peu...

Ces plaques sont commandées par des cartes pilotées par un serveur maison. Et devinez par quoi on diffuse? Un MacBookPro, relié au serveur en DVI. Tout simple.

On commence par allumer le serveur pour qu'il soit reconnu au boot comme deuxième écran. On allume le mac, on règle le deuxième écran en 640x480, et on lance un mediaserveur du type Arkaos VJ, qui normalement sert au VJing. On lance les modules de commande de plaques, on demande la visualisation plein écran sur le deuxième écran, et c'est parti! D'autant plus facilement que le VJ Arkaos reconnait les .mov, même H264!

Le Ghost, chez Axente... (Photo : Didier Pilon)

Trop simple, vous dites vous. Oui. Mais le problème, c'est la taille inhabituelle du mur. Sur le stand nous somme en 96x80, ce qui n'est ni standard, ni même proportionnel au format habituel. Il a donc fallu travailler au format DV sous Final Cut Pro, mais sur une partie seulement de l'image, de façon à pouvoir jouer ensuite avec la mise à l'échelle et le recadrage, heureusement disponibles dans le logiciel d'Arkaos.

Un truc pour les videographes...

Préparer la vidéo pour ce type d'écran est un vrai challenge, si vous voulez rester lisible. Là, nous l'utilisions pour décrire les spécificités de l'école. Il ne m'a pas fallu moins de quatre essais pour y réussir. Pensez... Que voulez vous écrire, avec style, sur 96 pixels?

La led a une réponse très différente d'une diode d'écran LCD. En cas de faible intensité, la chroma a tendance à partir, au profit du gris de la Led éteinte. C'est assez curieux. Mais une fois habitué, c'est un vrai plaisir. Cet écran a une vraie personnalité dans le rendu. Puissant et délicat à la fois, beau même éteint (on dirait alors un kakemono stylé), cela ne m'étonnerait pas que ce Dream Panel Ghost devienne un réel outil pour les scénographes.

Transparent... (Photo : Didier Pilon)

En tous cas, merci à Ayrton pour le prêt amical. C'était une expérience enrichissante.
Et j'en profite pour préciser:
- que le VJ Archaos existe en évaluation non taguée mais limitée dans le temps
- que je ne touche pas de royalties ou de commission sur ces produits! ;D