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Le bonheur est chose légère

Il est mercredi, 23h33, j'avais une humeur pour demain.

Pas le temps de la corriger…

Et puis elle parlait de la TV HD, et je n'ai pas envie de parler de TV HD finalement.

Je rentre à l'instant d'une soirée à Lausanne, MA ville, celle dans laquelle j'ai vécu pendant plus de vingt ans. J'ai retrouvé MON festival de la Cité, un des derniers festivals gratuits de Suisse. Je l'avais abandonné ce festival, pendant quelques années, parce que j'en avais un peu marre de voir la bière prendre le dessus sur la culture, en particulier le dernier week-end.

Les choses semblent avoir été en partie reprises en mains.

Et puis, entre-temps, je me suis mis à aimer la bière…

Mercredi soir, là, avec Juliette, Basile, ma femme, nous nous sommes assis sur les escaliers du château, devant la grande scène.

Juste au pied des escaliers, un homme en noir, Thomas il s'appelle je crois, de la compagnie Réverbère.

Un jongleur, mais un jongleur comique, un homme de spectacle complet, qui nous fait d'abord mourir de rire, puis nous épate avec des cuillères, des lunettes, et son diabolo. Rien que pour lui, j'aurais fait des kilomètres.

Faites attention, il est ce soir (jeudi) à nouveau au festival, sur la place du Château à nouveau, à 19h45.

Placez-vous sur les escaliers, et prenez du plaisir. Il jouera tout près de vous.

Cette prestation a été suivie par notre Sarclo national.

Très sympa, comme d'habitude.

J'adore Sarclo.

En rappel, il nous a chanté, de notre poète disparu Jean Villard Gilles, dont je vous recommande le poème le plus connu: La Venoge (ici récité par Gilles lui-même, un must!). une autre de ses oeuvres les plus magnifiques, Le Bonheur.

Le lien ci-dessus vous mène directement sur une vidéo Youtube, montrant Sarcloret chantant cette magnifique chanson. Passez par dessus le son un peu limite, essayez de vous laisser transporter par ces paroles et cette mélodie délicieuses. 

 

Le bonheur

Paroles et Musique: Gilles (Jean Villard)   1948
autres interprètes: Sarclo (1993)
note: Nom de scène des duettistes : Gilles & Urfer.


Quand l'aurore aux accents
D'une flûte champêtre
Saute sur ma fenêtre
Annonçant le beau temps
Quand au sommet du jour
Le soleil, dans sa force
Fier et bombant le torse
Fait rouler son tambour
Ou quand le soir descend
En posant sur la ville
Ses douces mains tranquilles
Dans mon ravissement
Je pense à ce bonheur
Dont nous rêvons sans cesse
Mais la simple sagesse
Me dit avec douceur

Le bonheur est chose légère
Que toujours, notre cœur poursuit
Mais en vain, comme la chimère
On croit le saisir, il s'enfuit
Il n'est rien qu'une ombre fugace
Un instant, un rayon furtif
Un oiseau merveilleux qui passe
Ravissant mais jamais captif
Le bonheur est chose légère
Il est là comme un feu brûlant
Mais peut-on saisir la lumière
Le feu, l'éclair, l'ombre ou le vent

En ce siècle de peur
De misère et de guerre
Il est pourtant sur terre
De très simples bonheurs
Ils sont là sous la main
Faits de très humbles choses
Le parfum d'une rose
Un beau regard humain
C'est le souffle léger
De l'enfant qui sommeille
C'est l'amitié qui veille
Et le pain partagé
Et puis voici qu'un jour
Le bonheur qu'on envie
Entre dans notre vie
Sur l'aile de l'amour

Le bonheur, dans le grand silence
De la nuit, c'est sur le chemin
Le bruit clair de ton pas qui danse
gt;Ta main que je tiens dans ma main
Le bonheur, c'est toi, source vive
De l'amour, dans son vert printemps
Quand la nuit, dans mes bras captive
J'entends ton doux gémissement
Le bonheur, c'est de croire encore
Amants, que nous verrons un jour
Resplendir l'éternelle aurore
Qui sait, d'un immortel amour...

Cette chanson tout soudainement, sous le soleil couchant, dans cette tiédeur, cette convivialité, ces retrouvailles avec ma ville, a pris tout son sens.

Juste quelques minutes, j'avais le sentiment de pouvoir le saisir, ce bonheur, même s'il s'est un peu enfui ensuite.

Mais pouvoir avoir cette impression de plénitude, je dois dire que c'est quelque chose de rare, que l'on obtient quand tout est, avec un peu de magie, réuni pour que ÇA nous arrive.

Et cette impression de plénitude, je me rends bien compte que je la ressens lorsque je suis dans la vraie vie, même si c'est rare, mais jamais devant un écran.

Plus je vais en avant, plus l'informatique, je me dis que là n'est pas vraiment ma vie.

Bon, il est 0h07, j'ai sept minutes de retard, faut que je mette en ligne.

Je vous laisse…

17 commentaires
1)
Sparhawk
, le 10.07.2008 à 00:41

Que dire après ça? Merci pour ces magnifiques mots François. J’ai trop souvent le même sentiment ces derniers temps quand bien même l’écran est mon quotidien professionnel et privé aussi (que fais-je à 0h40 sur cuk.ch ;o) )

2)
Okazou
, le 10.07.2008 à 00:55

Le bonheur n’aime pas qu’on lui coure après. Poursuivre le bonheur, c’est courir après le vent. Le bonheur aime surprendre celui qui ne l’attend pas. Et puis s’en va…

3)
Ishar
, le 10.07.2008 à 01:29

Le bonheur de Gilles ! Quand j’étais mioche, à l’école on nous obligeait à apprendre par coeur des poésies en espérant peut-être ainsi nous faire apprécier les belles lettres ! Pour le dyslexique que je suis l’exercice s’est vite transformé en cauchemar absolu. Un jour pourtant, la maîtresse nous fit copier ce poème de Jean Villard Gilles. Et bien tout vaurien que j’étais vu mes notes d’orthographe, de lecture et de poésie, ce texte m’avait troublé. Je n’ai jamais su vraiment pourquoi et je m’en fiche : il me plaît toujours autant.

Quant au Festival de la Cité je ne saurais partager ton avis. Pour moi il est cette année plus que jamais un festival bouffe, bière et spectacles moyens. Il y a toujours autant de stands “gastronomiques” mais des places réservées aux spectacles ont été supprimées. En particulier la coure des Druides où se produisaient les compagnies de danse et des artistes peu bruyants. On dira ce qu’on voudra mais si on supprime des places, il y a moins de spectacle. Comme beaucoup, j’appréciais ces endroits un peu à part où l’on pouvait jouir d’un minimum d’intimité avec les artistes, loin du flot continuel des badauds s’arrêtant une ou deux minutes avant de repartir ailleurs. A voir la foule déambuler d’un stand bouffe à un stand bière à un stand glace… il devient difficile de pouvoir apprécier un spectacle dans de bonnes conditions à moins d’arriver très en avance. Dommage mais c’est aussi ça le festival.

4)
François Cuneo
, le 10.07.2008 à 06:42

Ishar, tu as peut-être raison, c’est vrai que l’on voit beaucoup d’énormes tentes 1664.

D’un autre côté, c’est un peu comme la pub dans Google, c’est ça qui fait fonctionner le festival.

Ce que j’apprécie aussi, c’est qu’on n’a pas l’impression de se faire voler à chaque stand. Visiblement, les ordres sont stricts: les prix doivent être corrects, on surveille, comme à Nyon.

5)
benoit
, le 10.07.2008 à 09:23

et si après cette semaine cukienne fortement littéraire vous vous sentez pris par une passion soudaine pour la poésie, vous pouvez toujours vous rendre sur un site créé par un patron de SSII orientée internet, fou de poésie et qui recense une grosse quantité d’oeuvres francophones (dont une trentaine de suisses).

Poésie

6)
Caplan
, le 10.07.2008 à 09:31

Ah! Le bonheur, chanté par Albert Urfer, c’est kek chose! Mes parents avaient tous les super 45 tours de Gilles & Urfer. J’écoutais La Gonflée en boucle…

J’ai eu le grand bonheur(!) de voir Gilles à la Fête à la Chanson Romande, il y a… pas mal d’années. A la demande générale et très pressante de l’assistance, il a dit La Venoge. Ça reste pour moi un très, très grand moment. La plus grande émotion ressentie lors d’un spectacle.

Milsabor!

7)
Zallag
, le 10.07.2008 à 09:53

Vous savez quoi, vous qui me précédez dans cette colonne?

Ça fait du bien, comme un souffle léger, de découvrir tel ou tel chroniqueur ou intervenant souvent lu par ici, se montrant un rien différent de l’idée forcément fragmentaire qu’on pourrait en avoir en d’autres circonstances, et qui se révèle capable de s’éloigner en cette belle matinée des gigas, des logiciels, même du Mac…

Bien sûr je le sais, on a tous nos facettes diverses, c’est bien de les laisser refléter d’autres images, comme cette fois, pour exprimer d’autres émotions. Chacun de nous se montre ainsi plus vrai, plus proche des autres.

L’esprit des vacances, peut-être?

8)
François Cuneo
, le 10.07.2008 à 10:04

Tu sais Caplan, j’ai l’intégrale de Gilles et Urfer. Ça fait un joli coffret.

Je viens d’écouter la chanson chantée par Sarclo, dans le lien, en suivant les paroles sur l’humeur.

Ce truc, c’est trop beau.

Je suis un peu tout seul dans mon local de fournitures scolaire, j’aurais eu l’air un peu con de chialer bêtement si quelqu’un était entré…

Heureusement, personne n’est venu.

9)
Roger Cuneo
, le 10.07.2008 à 10:26

Et cette impression de plénitude, je me rends bien compte que je la ressens lorsque je suis dans la vraie vie, même si c’est rare, mais jamais devant un écran.

Plus je vais en avant, plus l’informatique, je me dis que là n’est pas vraiment ma vie.

François, juste au moment où j’avais décidé de mettre toute mon énergie à percer les secrets de cette machine infernale…

Bon, je retourne en poésie… et tant pis pour le progrès…

Petits, les enfants veulent imiter leur père, c’est normal que plus tard ce soient les grand-pères qui pédalent derrière les enfants.

C’est vrai que Le Bonheur est un beau poème et c’est vrai aussi que les poèmes sont un vrai bonheur.

10)
XXé
, le 10.07.2008 à 11:03

Je ne regrette qu’une chose, c’est de ne pas savoir m’exprimer de cette manière…
Donc, François, merci…

DIdier

PS :

J’adore Sarclo.

Sarclo-zi ? Tu l’apprécie maintenant ? Il veut faire comme Carla ?

(vous fatiguez pas, je suis déjà loin… ;-) )

11)
Marcolivier
, le 10.07.2008 à 12:42

Ahlala, magnifique. Merci François de me rappeler ce beau poême de Gilles que j’ai découvert début juin au théâtre de Vidy, chanté par Sarcloret justement, en compagnie de Michel Bühler et du pianiste Gaspard Glaus.

Magnifique spectacle, que de rires, et cette chanson m’a littéralement bouleversée. Et j’ai cherché à la retrouver, sans succès. Cette humeur est donc providentielle. A se demander si une humeur peut faire le bonheur…

Le bonheur, comme un instant d’éternité.

12)
Modane
, le 10.07.2008 à 14:19

Je nous trouves bien graves et sensibles, ces temps ci. La douceur de l’été?… Je viens de lire çà, je vous le rapporte :

“Dès qu’un homme cherche le bonheur il est condamné à ne pas le trouver. Quand il paraît être dans l’avenir, songez-y bien, c’est que vous l’avez déjà. Espérer, c’est être heureux.”

C’est d’Alain. Amitiés à tous!

13)
ToTheEnd
, le 10.07.2008 à 15:21

L’informatique n’est qu’un outil… comme la pioche, la pelle, le tracteur.

Bien bête et malheureux est celui qui pense que c’est une fin en soit.

T

14)
nic
, le 10.07.2008 à 15:26

Ishar. la cour des druides est indisponible cause travaux. la danse etait les premiers jours du festival sous l’arche du pont bessieres, qui lui est redevenu disponible après quelques années. donc cette année sous l’arche il y a la danse les premiers jours et le jazz à partir de hier soir. j’ai lu des articles où ils expliquaient que c’est une année de transition, si j’ai bien compris ça sera un tout nouveau comité qui organisera les prochaines editions. j’ai perdu le premiers soir un magnifique spectacle de danse (c’est ma femme, ma fille et des amies qui m’ont dit) hier soir j’ai vu le premier set de pierre-luc vallet avec les grands marc erbetta et phillippe aerts, pas mal! je n’ai pas aimé l’invitée au violon, je n’aima pas du tout le vibrato au violon dans ce contexte… après j’ai bien aimé les concerts de MiNa et redwood sur la place du chateau

ciao, n

16)
pelerin
, le 12.07.2008 à 09:28

Le lien ci-dessus vous mène directement sur une vidéo Youtube, montrant Sarcloret chantant cette magnifique chanson. Passez par dessus le son un peu limite, essayez de vous laisser transporter par ces paroles et cette mélodie délicieuses.

Et voici un autre lien qui mène à une vidéo des archives de la Télévision Suisse Romande montrant Albert Urfer interprétant Le Bonheur à l’occasion d’une émission spéciale de Carrefour.

PS Ils sont forts, chez Google. L’humeur de FC du 10-07-2008 était déjà répertoriée chez eux deux jours plus tard…

17)
Regibus
, le 08.11.2012 à 09:54

Quel merveilleux texte. Non seulement merveilleux, mais brillant. Le lâcher prise que je pratique depuis un certain temps considère justement le bonheur comme ne pouvant être saisi, mais seulement vécu, accepté, tout simplement donné pour un moment. Charge à nous d’être heureux et ainsi de voir ce(s) bonheur(s)(plus souvent)lorsqu’il passe près, tout près de nous.