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La Vermine – un feuilleton sur Cuk

Autrefois – et jusqu’à il y a une vingtaine d’années, aucun journal qui se respectait ne sortait sans son feuilleton. De Balzac à Dickens, de Wilkie Collins à Dumas ou Zola, tout au long du XIXe siècle, les plus grands romans devenus depuis des classiques ont, à travers toute l’Europe, d’abord été lus par épisodes. J’ai proposé à François qu’on remette cette coutume séculaire à l’honneur et il a accepté (même si mon texte n’est pas un classique, ah, ah…). Aussi, à partir de cette fin de semaine, vous aurez de la lecture le dimanche. Par épisodes je mettrai en ligne une fable de circonstance: La Vermine.

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La photo de couverture est l’œuvre de Marie-France Zurlinden, notre mff: je l’ai rencontrée au dernier Cuk-day, elle m’avait donné le nom du site où elle publie quelques-unes de ses photos, où je l’ai trouvée.

Pourquoi une fable de circonstance? Parce que, nous autres Suisses, sommes à la veille d’une votation qui d’une certaine manière rappelle celle qui a provoqué l’existence de ce petit bouquin. On vote le 1er juin. Si la proposition passe, alors l’obtention de la nationalité suisse pourra être soumise au vote populaire, si les citoyens d’une commune en décident ainsi (NDLR: modification faite sur le texte original suite au commentaire de Sparhawk), et il sera impossible de recourir contre les décisions des communes. Divers spécialistes en droit constitutionnel affirment que la nouvelle loi sera inapplicable, ne serait-ce que parce que, si le texte en était adopté, il faudrait compter avec la condamnation de la Cour européenne de Strasbourg, que la Suisse n’aurait d’autre choix que d’accepter.

Je n’entre pas dans le débat juridique, qui me dépasse. Mais les relents populistes de ce projet font remonter de vieux souvenirs, souvent douloureux. Il faut croire que je ne suis pas la seule à faire l’association, puisque ce sont des lecteurs de La Vermine qui m’ont, de façon répétée, incitée à la ressortir ce petit livre depuis longtemps épuisé du rayon poussiéreux où il dormait.

Pourquoi La Vermine

Je vous décris la situation au printemps 1970, vue par une jeune femme (moi) chez qui le souvenir ce que cela signifiait d’être une immigrée quasi clandestine était encore frais.

Une initiative avait été lancée alors contre «la surpopulation étrangère» et beaucoup d’immigrés étaient menacés d’expulsion si elle passait. L’indignation de la communauté immigrée (et d’une partie de l’opinion suisse) était profonde.

Fin 1969, début 1970 la campagne battait son plein. La «surpopulation», due à la haute conjoncture qui faisait que la Suisse avait connu une prospérité qui commençait tout juste à fléchir, mais qui créait la possibilité du chômage, était constituée de travailleurs principalement italiens dont un grand nombre étaient saisonniers. L’initiative aurait eu pour conséquence de transformer un grand nombre de permis de travail illimités en permis saisonniers, et quelques voix extrêmes réclamaient même que tous les travailleurs étrangers fussent saisonniers.

Dans cette ambiance tendue, un drame est encore venu jeter de l’huile sur le feu.

L’année précédente, à Sankt-Moritz, trois Suisses avaient assassiné Attilio Tonola, un ouvrier italien, pour la seule raison qu’il était italien, et qu’«ils n’aimaient pas les Italiens». Cela avait eu des échos jusqu’à Rome, à la Chambre des députés, et dans les procès-verbaux nous lisons:

«Les interpellants demandent au ministre des Affaires étrangères et au ministre du Travail:

  1. s’ils ont l’intention d’intervenir auprès du gouvernement suisse à la suite de l’ignoble assassinat de l’ouvrier italien Attilio Tonola, agressé par trois citoyens suisses alémaniques, advenu en novembre 1968;
  2. s’il n’y aurait pas lieu d’organiser une enquête approfondie sur la réalité inquiétante que vivent les travailleurs émigrés italiens en Suisse. L’assassinat de Sankt-Moritz constitue un rappel sérieux de cette réalité trouble du monde helvétique caractérisée par le mépris et par l’hostilité d’une partie de la population, le plus souvent alémanique, envers les travailleurs étrangers. Mépris et hostilité se transforment souvent en haine déclarée. Les interpellants aimeraient que les ministres compétents leur fassent savoir si l’agression et l’assassinat [d’Attilio Tonola] sont provoqués par la fureur xénophobe aveugle, autrement dit s’il s’agit uniquement d’une conséquence extrême de la peur de la surpopulation étrangère à la suite de la campagne contre les étrangers, ou si d’autres motifs entrent en compte.»

Le procès s’est déroulé les 1er et 2 mars 1969, et a été suivi avec attention par l’alors très nombreuse communauté italienne. Deux circonstances ont particulièrement frappé les esprits (le mien compris): le fait que l’agression se fût déroulée aux cris de «chaibe Chink» (intraduisible sinon, approximativement, par «Magut de merde»), et le fait que, après l’avoir frappé puis bourré de coups de pied alors qu’il était déjà au sol, les trois hommes aient caché Tonola dans un coin; l’ont-ils cru déjà mort? Quoi qu’il en soit, il n’a pas tardé à rendre l’âme, étouffé par son propre sang. «Ils l’ont laissé crever comme un chien», disait-on dans la communauté italienne. La presse suisse a fait peu de cas de ce qui n’était pour elle qu’un fait divers. Mais, chez les immigrés, l’indignation s’est transformée en fureur à l’énoncé du jugement. L’assassinat a été requalifié en rixe (les Italiens sont bagarreurs, c’est connu, ironisait-on avec amertume dans les milieux de l’émigration): le plus actif des assassins, Erich Bernardsgrutter, électricien de son métier, était condamné à deux ans de prison; quant aux frères Joseph et Armin Schmid, l’un (Joseph) était condamné à quinze mois de prison, et l’autre (Armin) était carrément acquitté. Les trois hommes avaient des antécédents judiciaires et Armin avait déjà fait de la prison. On apprenait dans le même temps que Mme Tonola et ses quatre enfants ne recevraient pas un sou des assurances, puisqu’il s’agissait d’une simple bagarre qui avait mal tourné.

«À la Bourse de Zurich, Tonola vaut deux cygnes et seize merles», écrivait un correspondant en mettant en parallèle la condamnation des trois agresseurs et celle, advenue au même moment, d’un braconnier.

Ce verdict allait provoquer une nouvelle interpellation à la Chambre italienne des députés :

«À la suite de la scandaleuse et inquiétante nouvelle de la faible condamnation des citoyens suisses Bernardsgrutter et Joseph Schmid et de l’acquittement d’Armin Schmid pour crime de lésions graves avec possibilité d’issue fatale et non-secours à personne en danger qui ont provoqué la mort du citoyen italien Attilio Tonola, les soussignés désirent savoir si le ministre des Affaires étrangères, et celui du Travail et de la Prévoyance sociale, ont l’intention d’interpeller le gouvernement helvétique pour qu’il protège avec vigueur les émigrés italiens en Suisse. Le gouvernement devrait chercher à obtenir des modifications aux conventions actuelles, et en proposer de nouvelles, ainsi que des accords prévoyant l’affirmation des droits démocratiques des travailleurs italiens, l’adoption de mesures et d’interventions directes pour favoriser le regroupement familial des travailleurs émigrés avec leurs familles, ainsi que la protection de la personnalité et de l’intégrité physique des travailleurs italiens, sujets à une constante et odieuse discrimination sociale de nature clairement raciste, et dont la gravité a même été évoquée récemment par le Conseil fédéral suisse».

J’étais, moi, à l’abri: j’avais épousé un architecte suisse et avais ainsi obtenu la nationalité helvétique. J’avais même réussi, à la force du poignet, à réaliser mon rêve d’enfant et à faire des études de lettres. J’étais professeur dans l’enseignement secondaire et n’évoquais que prudemment mon pays d’origine. C’est que les années d’enfance vécues dans une zone grise, sur une série de mensonges et de cachotteries, étaient encore très présentes à mon esprit. Ma mère était saisonnière et n’aurait pas eu le droit de me faire venir en Suisse, où j’étais tout de même semi-clandestine. J’étais à la merci du moindre faux pas et, sans vouloir entrer ici dans les détails, disons que j’avais failli plusieurs fois me faire expulser. Le mariage m’avait «sauvée», à la dernière minute. Pendant ces années d’enfance et d’adolescence, j’avais tout entendu: dans la cour des écoles que j’avais fréquentées on m’a assuré que les «maguts» étaient tous crasseux, tous voleurs, tous prêts à assassiner père et mère… J’en passe. Nous étions encore traités, à l’orée des années 1970, comme le sont aujourd’hui les immigrés et les sans-papiers, qui viennent désormais du monde entier.

En fait, ce qui se manifestait alors, ce n’était pas plus qu’aujourd’hui une hostilité spécifique envers les Italiens : c’était cette culture du bouc émissaire qui crée «l’autre», afin d’avoir quelqu’un à rendre responsable de ses insuffisances et de ses problèmes.

Dans son essai, L’Orda, revenant sur une époque désormais obsolète, puisque l’Italie est devenue elle-même pays d’accueil, l’écrivain italien Gian Antonio Stella l’exprime très bien:

«Lorsque les “Albanais” c’était nous», écrit-il, «nous émigrions illégalement par centaines de milliers, on nous lynchait en nous accusant d’être des voleurs de travail, nous étions tous mafieux et criminels. Lorsque les “Albanais” c’était nous, nous vendions nos enfants aux ogres ambulants, nous organisions la traite des Blanches, nous semions terreur et anarchie en assassinant chefs d’État et pauvres passants, et nous étions si sales qu’on nous interdisait même la salle d’attente de troisième classe. Lorsque les “Albanais” c’était nous, nous portions sur le dos le poids de siècles de famine, d’ignorance et de stéréotypes infamants… Nous étions les Albanais des autres, hier encore – parce que nous étions différents.»

Beaucoup d’ex-immigrés considèrent que ces propos pourraient tout aussi bien convenir aux Suisses; auraient-ils oublié, remarque-t-on sur un ton acerbe, que les Suisses aussi ont dû, pendant des siècles, quitter leurs vallées arides et partir au loin en quête de pain? Eux aussi, ajoute-t-on, ont été un jour les Italiens ou les Albanais des autres.

Après cette esquisse de la situation, j’en reviens à ma colère du Nouvel-An 1970. La radio, les journaux, les tracts qu’on nous donnait dans la rue, ceux qu’on nous envoyait par la poste, martelaient le message de James Schwarzenbach et de son Action nationale. Chacun de nous, Suisses et non-Suisses, connaissait quelqu’un qui aurait dû quitter le pays si l’initiative avait été acceptée, et à ce moment-là il n’était pas du tout évident qu’elle ne passerait pas. Certes, elle a été rejetée, mais 46 % des votants, avec une participation de plus de 70 % des électeurs (les femmes n’allaient obtenir le droit de vote qu’un an plus tard), l’ont acceptée. À lire le matériel de propagande de l’Action nationale (qui allait changer son nom quelques années plus tard en Démocrates suisses), on est frappé par les ressemblances avec ce que disent ou écrivent aujourd’hui certains membres de l’Union démocratique du centre (UDC), la droite dure pour vous autres non Suisses. Ce sont eux qui ont ramené le souvenir de la colère de l’époque.

La réédition

Depuis quelque temps, les lecteurs les plus divers me demandent ce qu’est devenue La Vermine.

«Ce serait peut-être un livre pour la situation présente», m’a-t-on dit de plus en plus souvent. J’ai fini par fouiller dans mes archives, par retrouver un exemplaire de l’édition originale. Je l’ai relu. J’ai été étonnée de constater à quel point cette fable était actuelle. Il suffirait de changer quelques expressions aujourd’hui devenues moins compréhensibles. De nos jours, les «Albanais» (les Arabes, les Africains, les Chinois, les Indiens, etc., etc.), ce ne sont plus les Italiens, qui ne constituent désormais qu’une forte minorité, largement acceptée, et dont les deuxième et troisième générations connaissent encore tout juste leurs origines. Mais ce qui est dit de «l’autre» par les tenants d’une certaine mentalité politique n’a pas changé. L’Union démocratique du centre (UDC) n’existait pas encore en 1970, elle n’est née que quelques années plus tard, mais il est pratiquement certain qu’elle a recruté dans les rangs des 46 % de Suisses qui avaient accepté l’Initiative sur la surpopulation étrangère. Les idées n’ont pas changé – seule la cible est différente.

Le discours politique actuel et ses aléas mettent en évidence que, presque deux générations plus tard, nous distinguons encore parmi nous des «moutons noirs» que nous rendons responsables de tous les maux, et qu’une politique populiste utilise pour faire peur et pour pouvoir dire : votez pour «nous»; nous vous protégerons contre «eux». Le discours même que tenait, il y a plus de trente-cinq ans, «Jacques Bolomet», le narrateur du roman.

De l’idée à la réédition

La Vermine a été écrite en quelques semaines. L’idée a surgi vers fin 1969, le livre étant en vente en avril 1970. Il s’agissait en effet de le distribuer largement avant la votation, pour qu’il soit utile.

Le livre a été vendu à la fois dans les librairies et au coin des rues, de façon militante. Je ne me souviens plus exactement du tirage: plusieurs milliers d’exemplaires, en tout cas, qui ont été rapidement épuisés. Il a paru en feuilleton dans le périodique Emigrazione italiana. Deux cinéastes (Pierre Nicole et Willi Hermann) ont tenté d’en faire un film, mais n’ont pas réussi à financer leur entreprise. J’avais fait la connaissance de Max Frisch et j’avais sollicité son autorisation de citer un passage de Monsieur Bonhomme et les incendiaires. Avant de me la donner, il avait voulu lire le manuscrit, qui lui avait plu : il avait décrété qu’il aurait fallu en faire un texte dramatique, auquel il allait «réfléchir». On en a pas mal discuté par la suite, mais cela non plus, ne s’est pas fait.

Pendant toutes ces années, il s’est régulièrement trouvé des lecteurs pour me parler de La Vermine, et ce sont ces lecteurs qui m’ont encouragée à rééditer ce petit roman.

Pour cette réédition, j’ai fait le travail de lectorat qui a manqué la fois précédente, faute de moyens et de temps: j’ai supprimé les maladresses, j’ai changé quelques termes afin de les rendre clairs pour ceux qui les avaient oubliés ou jamais connus plutôt que de mettre des notes en bas de page (irritantes dans un roman). Mais je n’ai pas touché à l’histoire, qui reste telle qu’elle était à l’origine.

Précisions

Les explications qui précèdent sont essentiellement tirées la postface du texte que vous allez pouvoir lire pendant quelques dimanches. Vous pourrez lire la postface en entier à la fin de la publication (comme de juste, puisque c’est une postface). Cette publication se fait en accord avec mon éditeur, Bernard Campiche), qui a republié le roman le mois dernier, et auprès de qui on peut l’acheter (il est aussi dans les librairies, bien entendu). Tant pour lui que pour moi, il s’agit ici une expérience: publier sur internet, dans son intégralité, un livre qui existe par ailleurs sur papier. Si ça marche, c’est-à-dire si cela vous plaît, on pourra tenter un autre texte – qui sait, un polar à suspense peut-être?

Quoi qu’il en soit, je signale que ce texte est copyright; le propriétaire du copyright est Bernard Campiche Tous ses droits en tant qu’éditeur et tous les miens en tant qu’auteur restent réservés.

Là-dessus, je vous dis: à dimanche, et bonne lecture. Et s’il vous plaît: vos impressions m’intéressent.

33 commentaires
1)
Sparhawk
, le 15.05.2008 à 02:34

Très bonne humeur, émouvante, dommage qu’il y ait une imprécision quant à la votation du 1er mai: “Si la proposition (faite par la droite dure) passe, l’obtention de la nationalité suisse sera soumise au vote populaire à niveau communal”. C’est faux. Si la proposition passe, alors l’obtention de la nationalité suisse pourra être soumise au vote populaire, SI les citoyens d’une commune en décident ainsi. En fait, ils auront le libre choix de désigner qui sera compétent en cette matière: l’exécutif communal, l’assemblée communale, les citoyens ou tout autre organisme. Je précise pour nos amis étrangers que cette initiative a été soumise au vote parce que ce mode d’attribution de la citoyenneté suisse était appliqué dans quelques communes suisse alémanique et que le tribunal fédéral l’a déclaré inconstitutionnel. Cette façon de procéder peut s’envisager dans de petites communes où tout le monde se connaît, mais est inapplicable dès que la commune comporte plus de quelques milliers d’habitants. Et même dans les petites communes, il y a le risque du “délit de sale gueule”: un étranger correct sous tout rapports, mais peu enclin à se mêler aux autochtones (par ex.) pourra se voir refuser la nationalité suisse, alors qu’un autre, roublard, opportuniste, hypocrite sera accepté. Et ce n’est pas juste. Raison pour laquelle je vais voter contre cette initiative et vous recommande de faire de même.

Alors, si je suis contre, pourquoi ai-je contredit Anne Cuneo? Simplement en application de ce principe de Voltaire: « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » Il faut dire les choses telles qu’elles sont. Et dans le cas présent, les opposants martèlent tous ce que Anne nous a dit. Or, c’est contre-productif. Les premiers sondages montrent que l’initiative sera acceptée. Il faut donc impérativement convaincre la frange de la population disant oui du bout des lèvres. En leur opposant des arguments manifestement faux pour qui s’intéresse un tant soit peu au texte de loi voté, on ne va pas les convaincre de changer d’avis.

Autrement, je me réjouis de lire La Vermine. L’humeur d’Anne m’a fait pensé à ce que j’ai entendu dans mon adolescence en Valais (Le Valais partageant une frontière avec l’Italie et ayant énormément besoin de main d’œuvre lors de la construction des nombreux barrages dans les années 60, il y avait beaucoup de travailleurs italiens). On était juste sorti de cette période où les Italiens étaient mal vus, j’avais des camarades d’origine italienne et ils ne subissaient pas de discriminations, mais certaines personnes m’avaient raconté comment cela se passait à l’époque: quand une équipe du village descendait en plaine le samedi, malheur à l’Italien qui osait draguer une fille du village. Les hommes lui cassaient la figure! Que j’étais heureux de ne pas être 15 ans plus vieux, déjà que j’avais de la peine avec la mentalité de l’époque…

2)
François Cuneo
, le 15.05.2008 à 06:48

Lorsque je lis cette humeur, je me dis qu’on ne tire jamais les leçons du passé.

Nous répétons toujours les mêmes âneries. Comment laisser au peuple, ou plutôt, comme l’écrit Sparhawk, permettre de laisser au peuple ce choix de la naturalisation?

Il est clair que tous les noms proposés finissant en “ic” par exemple, seront refusés, sans que le 95 % des votants ne les connaissent.

C’est vrai qu’en Suisse, l’Action Nationale a plus ou moins disparu. Elle a été en grande partie absorbée par l’UDC.

J’ai le même sentiment face à tout ce qui venait de l’un, comme de ce qui vient de l’autre.

Le dégoût.

3)
Anne Cuneo
, le 15.05.2008 à 07:22

Merci à Sparhawk de corriger mon imprécision, ou pour mieux dire de compléter mon texte. J’avais réfléchi à mettre le texte du projet de loi sur lequel on va voter dans l’humeur, et j’y ai renoncé par crainte que ce ne soit trop long. Mais il est vrai que mon résumé de la chose est trop rapide, ce qui le rend imprécis.

4)
Franck_Pastor
, le 15.05.2008 à 08:19

La photo de couverture est l’œuvre de Marie-France Zurlinden, notre mf:

Juste pour savoir : qu’est-ce qu’une « mf » ?

5)
Puzzo
, le 15.05.2008 à 08:34

Juste pour savoir : qu’est-ce qu’une « mf » ?

Je pense que Anne voulait parler de mff (tu peux voir son profil du forum ICI )

Pour ce qui est des votations, mon enveloppe de vote a déjà été expédiée pour être sûre de ne pas l’envoyer en retard et avec une belle croix sur la case du NON!

Je me réjouis de pouvoir te lire le dimanche!

6)
Anne Cuneo
, le 15.05.2008 à 08:40

Voui, je voulais bien dire mff – encore une imprécision! L’important, de toute façon, c’est que nous parlons de la même personne. Allez voir sur son site, elle fait des photos magnifiques.

7)
Emilou
, le 15.05.2008 à 08:48

L’émigration en Europe atteint des chiffres dont l’ampleur provoque chez certains des peurs tout à fait irrationnelles. On attribue souvent les mauvais records du pouvoir d’achat à l’afflux d’étrangers dont on dit qu’ils profitent du système. On attribue aux allochtones tous les problèmes d’insécurité urbaine et autres. On reproche à une certaine catégorie d’émigrés le manque de volonté d’intégration. On s’inquiète de voir les islamistes propager la haine chez nous.

Le problème de la main d’œuvre en Europe de « l’ouest » est réel, soit parce que le chômage est jugé plus rentable par certains, soit par ce que les professions dites en salopette sont méprisées. Dans ce contexte l’émigration constitue un réservoir de mains d’œuvre dont notre économie profite largement. Nous parquons nos étrangers dans des ghettos propices à la délinquance pour s’étonner après coup que nos prisons voient en nombre croissant des pensionnaires non indigènes. Ces mêmes ghettos n’incitent guère certaines communautés à parler la langue du pays d’accueil. Les délits de sales gueules sont bien réels. L’islamisme « pur » et dur est un réel problème, nous ne pouvons pas accepter qu’il propage dans nos pays des discours de haine, de terreur….. mais ce phénomène ne concerne en rien le gros de l’émigration. Nos politiques intérieures d’accueil sont déplorables, elles exacerbent notre racisme primaire. Notre mauvaise foi crasse de croire que l’étranger est intrinsèquement mauvais en est renforcée. Notre sens critique est biaisé par l’improvisation récurrente en matière de politique d’accueil de nos gouvernants. Les peurs ancestrales de l’étranger dont une certaine littérature fait écho ne sont pas faites pour nous inciter à plus de tolérance.

Je peux comprendre la frilosité du peuple suisse, sans l’excuser, vis à vis d’une émigration mise à mal par leurs voisins européens.

8)
François Cuneo
, le 15.05.2008 à 08:51

J’ai fait les changements nécessaires dans le texte. Mf devient mff et j’ai modifié “le résumé de la chose” avec indication du changement.

9)
Anne Cuneo
, le 15.05.2008 à 09:06

Personnellement, le problème me semble être global: la migration des peuples direction nourriture est une constante de l’humanité depuis la nuit des temps, et devrait être envisagée GLOBALEMENT (pour une fois, globalisation prend tout son sens) et non pays par pays. Ne serait-ce qu’en se préoccupant des économies émergentes autrement que pour les utiliser afin de faire des surprofits dans les pays industrialisés.

Les «solutions» préconisées dans chacun de nos pays séparément sont égoïstes et inappropriées, parce que c’est PETIT, et ça ne s’attaque pas au problème global de fond.

10)
nic
, le 15.05.2008 à 09:09

super! merci anne! ce que j’aime d’internet, lire (ou ecouter) des choses, si je les trouve bien, me donne envie de les acheter! par exemple j’ai envie d’acheter ce livre, comme j’ai envie d’acheter les cd que mes copains me font decouvrir en me passant des mp3. je suis né en 1970, j’ai vecu au tessin, ma mere italienne et mon pere fils d’un pere italien; j’ai marié une italienne, fille de siciliens emigrés en suisse à la fin des années ‘60: j’ai souvent ecouté des histoires de cette periode. ça m’interesse beaucoup de lire ce livre!

je signale juste une faute dans le premier lien vers le site de l’editeur campiche (une t de trop dans le lien) et il me semble que la phrase: ” Tant pour lui que pour moi, il s’agit ici une expérience… ” manque de quelquechose

bonne journée ciao, n

11)
Saluki
, le 15.05.2008 à 09:45

Une de mes bonnes amies, sicilienne établie dans le nord de la France, avec un bon sens de l’humour aimait (aime?) dire:

“Qu’est-ce que c’est que ces Pouilleux qui viennent ôter le pain de la bouche des Piémontais !”

Elle-même (Ciao, Rosalia!) est blonde aux yeux bleus, preuve du périple des Vikings jusque là. Elle est trop jeune pour être une moraine du débarquement américin de 1943…

12)
ysengrain
, le 15.05.2008 à 10:28

Les racistes -et donc les xénophobes – sont des gens qui se trompent de colère. Signé Pierre Desproges

13)
levri
, le 15.05.2008 à 10:37

@ Saluki : pas sur que la “blonditude” viennent d’une invasion Viking … je crois me souvenir que les Peuples d’origine Celtes occupaient l’Europe (peut être même l’Afrique du Nord). Des îlots de population blonde ou rousse aux yeux clairs subsistent dans certaines parties de l’Italie et de l’Espagne. Il y eut aussi les migrations Vandales jusqu’à l’Afrique du Nord les premiers siècles de notre ère.

… À prendre avec des pincettes, ma mémoire n’est pas parfaite, et j’ai cette sale manie de ne rien noter …

J’écoute Invasion de Burning Spear sur l’album Marcus Garvey/Garvey’s Ghost

PS : “une moraine du débarquement américain de 1943” ? les Américains blonds n’ont séduit ni violé personne! … des soldats noirs ont été jugés pour viol!

14)
François Cuneo
, le 15.05.2008 à 10:40

je signale juste une faute dans le premier lien vers le site de l’editeur campiche (une t de trop dans le lien)

Corrigé, merci.

15)
zit
, le 15.05.2008 à 11:40

Chouette ! Merci Anne, et merci Grand CUK, je vais attendre dimanche avec impatience ;–)

Le problème de “l’autre” n’est pas simple, quand on voit que l’étranger, ça peut être le voisin, le village de l’autre côté de la rue, le département d’à côté, une région limitrophe, voire un pays aux antipodes, et pourtant nous sommes tous issus du même œuf… Vive la diversité et le brassage, et non aux frontières.

z (bonne chance pour cette votation, je répêêêêêête: puissent les Suisses écouter leur cœur…)

16)
Filou53
, le 15.05.2008 à 12:55

Réaction rapide et à chaud (c’est l’heure de table au boulot):

merci pour cette belle initative. Dans ma région, en Belgique, les ‘Macaronis’ comme on appelait alors souvent les Italiens, ont dû aussi en voir de dures dans les années d’après guerre. Maintenant qu’ils sont bien ‘intégrés’, d’autres ont pris leur place, qu’ironie du sort, eux aussi, traitent parfois de sales étrangers…

Le retour de la droite dans pas mal de pays (dont l’Italie récemment) fait froid dans le dos. En Belgique, nous ne faisons hélas pas exception avec un Front National (heureusement bien maladroit) en région francophone et surtout avec le Vlaams Belang (et qq associés) très con-quérants en région néerlandophone. Tous ces nazillons me font vraiment bien peur, surtout du côté flamand où, un jour proche, sans doute, les wallons devront porter l’étoile…

Espérons qu’avec des initiatives comme la vôtre, un peu partout, les gens prendront conscience du danger, mais …

17)
Anne Cuneo
, le 15.05.2008 à 20:28

les Italiens, ont dû aussi en voir de dures dans les années d’après guerre. Maintenant qu’ils sont bien ‘intégrés’, d’autres ont pris leur place, qu’ironie du sort, eux aussi, traitent parfois de sales étrangers…

C’est une des choses que je considère les plus incompréhensibles, et qui m’irritent particulièrement: de voir des immigrés de 2e génération être xénophobes. A Zurich, un des grands leaders de l’Union démocratique du centre, qui est artisan, est virulent contre les étrangers: c’est un Italien, son père est arrivé en Suisse comme saisonnier.

Mes propres souvenirs d’enfant de saisonnier ont toujours bouché pour moi le chemin du racisme, de l’exploitation, et j’ai toujours fait un effort pour avoir le moins de préjugés possibles (j’en ai bien sûr, tout le monde en a). Les persécutés à cause de leur race qui deviennent racistes ont toujours été pour moi inexcusables. Comme le dit François plus haut, tirer les leçons de l’histoire, y compris de l’histoire immédiate, c’est indispensable pour aller de l’avant.

19)
levri
, le 15.05.2008 à 21:23

Il me semble avoir lu quelque part dans ce fil que “de tout temps, il y a eu des flux migratoires”, oui, et aussi dans la majorité des cas cela s’appelait des invasions, et les populations essayaient de se défendre.

À partir de quel pourcentage de la population autochtone, les immigrants deviennent ils des envahisseurs? Encore faut il voir le pourcentage pour un pays, et le pourcentage dans une ville donnée. Il y a sûrement des gens qui ne sont nullement “racistes” face à leur voisin d’une couleur différente, mais qui seront cependant vigoureusement contre une immigration de masse.

Je ne suis pas Suisse et n’aurais pas à voter, mais je trouve que chez vous comme dans d’autres pays on simplifie un peu trop dans un sens comme dans l’autre.

20)
Minos
, le 15.05.2008 à 21:59

Bonjour à tous,

Je voudrais juste répondre à levri: les “flux migratoires” ont souvent été liés à des invasions, mais pas toujours dans le sens où tu m’entends. Dans tous les grands empires, par exemple, la capitale attirait des peuples divers et variés, qui n’avaient pas forcément grand-chose à voir (culturellement) avec les “locaux”. De la même façon, il ne me viendrait pas à l’esprit de qualifier d’invasion les importations (c’est comme cela que c’était vécu par les organisateur, je n’emploie pas le terme à des fins polémiques ;-) ) d’esclaves.

On pourrait aussi parler des Roms, et à titre plus personnel, ma famille a quitté le Tyrol pour l’actuelle Lorraine au XVème siècle (je savais bien qu’un jour ça servirait d’avoir un oncle passionné de généalogie :-) ), sans qu’ils n’aient envahi quoi que ce soit. Plus généralement, ce n’est pas parce qu’on en a moins de traces aujourd’hui qu’une immigration pacifique n’a pas toujours existé…

21)
Karim
, le 15.05.2008 à 22:21

Il est clair que tous les noms proposés finissant en “ic” par exemple, seront refusés, sans que le 95 % des votants ne les connaissent.

Tiens ? J’ignorais que chez vous c’était les noms en “ic”. J’ai précisément un nom en ic, que je tiens évidemment de mon père qui est bien immigré, mais à Berlin, et comme je suis heureusement né en France de mère française quoique petite fille de flamande, je vais de ce pas reprocher à ma copine suisse dont le nom commence et finit par Rey qu’elle mange le pain des français certes fils d’immigré mais pas en France, et d’arrière petit-fils d’immigré en France mais de Flandre où l’on est souvent blond, et… non, merde, c’est trop compliqué. Merci Anne de nous proposer ce feuilleton !

22)
Tristanb
, le 15.05.2008 à 22:39

Il y a eu beaucoup d’initiatives xénophobes en Suisse, toutes refusées, et on pourrait se dire que cette fois, si elle est acceptée, ce ne serait pas si grave, car tellement extrémiste qu’elle serait invalidée par la cour européenne des Droits de l’Homme…

Oui mais, cette fois c’est vraiment grave, et je m’explique:

– Tout d’abord elle ne s’attaque pas au petit dealer balkanique ou africain sans permis d’établissement, mais bien à ceux qui ont fait l’effort de s’intégrer, après de longues années de permis C. Le message envoyé à ces gens, en cas d’acceptation, est terrifiant: «Vous avez gravi tous les échelons pour avoir le passeport à croix blanche, mais nous, Suisses, nous avons le droit de ne pas vous aimer, de bien vous le faire sentir par des décisions arbitraires, et accessoirement de lutter pour la pureté de la race» (pour ceux qui n’auraient pas saisi le sens de l’affiche appelant à voter oui)

– La notion de décision politique concernant la naturalisation est tout aussi monstrueuse: en démocratie directe, le peuple vote des lois, élit des députés, mais n’impose pas le mode de vie et les choix des individus. Ou alors c’est sans fin, ou pourrait voter sur l’attribution des diplômes de médecin pour en limiter le nombre, voter le nombre d’années de prison pour les criminels, et j’en passe… Je constate hélas que cette vision de l’attribution de la nationalité dépasse les cercles de l’UDC, puisque notre conseiller d’Etat Leuba, libéral (humaniste?) s’est déclaré séduit par cette idée, même s’il votera non à l’initiative…

– Enfin, l’impossibilité de faire recours relève de la même logique: il n’y a rien à expliquer, rien a justifier, le peuple a raison. Si vous n’êtes pas content, retournez dans votre pays! Cette façon de penser des milieux UDC est typique. Ils cherchent à diaboliser l’administration comme étant anti-démocratique, dans tous les domaines: santé, formation, culture, etc…

Il y a quelques temps, j’ai essayé de discuter avec un militant UDC. Débat impossible, il était persuadé que le Conseil Fédéral était impliqué dans un complot contre la Suisse, visant à y faire venir des milliers d’étrangers pour relancer la natalité, la consommation, et bien sûr l’intégration de gré ou de force à l’Europe cosmopolite.

En ce sens, je pense que la situation est pire que dans les années 70, lors de l’initiative Schwarzenbach, car il me semble qu’à l’époque les arguments tournaient plutôt autour de la concurrence salariale entre ouvriers. Tandis que maintenant on est dans les fantasmes les plus délirants, rappelant assez les années 30.

Tristan

23)
levri
, le 15.05.2008 à 23:00

@ Minos : Ta famille a émigré au XVème du Tyrol vers la Lorraine, OK, elle a sûrement été bien accueillie. ;)

… mais qu’en aurait il été si elle avait fait partie d’un flot migratoire de 50 000 personnes par exemple ?

… Tes “importations” d’esclaves ont vraisemblablement été perçues comme une invasion au même titre que celle des Européens par les habitants de certaines îles …

… Les immigrants Hans du Tibet furent critiqués récemment (ce sont des envahisseurs qui ne respectent pas la culture du Tibet), par les mêmes qui trouvent “normal” que nous ouvrions libéralement nos frontières à ceux qui sont attirés par nos conditions de vie “supérieures”.

Je répète, ce n’est pas si simple. ;)

24)
Sparhawk
, le 15.05.2008 à 23:06

Il est vrai qu’on pourrait concevoir la naturalisation par les urnes dans de petites communes, où l’effet inverse du rejet pourrait se produire (comme avec Adem Salihi , à Bassins), mais ce qui est inacceptable, c’est l’impossibilité de recourir. Comme si le peuple avait toujours raison… N’oublions pas que la démocratie est loin d’être parfaite et est parfois, comme Desproges le disait: “la pire des dictatures parce qu’elle est la dictature exercée par le plus grand nombre sur la minorité”. Hitler et Mussolini ont été élus démocratiquement, ainsi que G. W. Bush. Le système actuel de naturalisation est déjà exigeant: il faut qu’à la fois la commune, le canton et la Confédération donnent leur accord. Et l’étranger ne doit pas avoir de casier judiciaire, ce qui peut être parfois injuste. Imaginez un étranger qui dans sa jeunesse a fait quelques erreurs, a été condamné à une petite peine avec sursis. Depuis, jeunesse s’est passée, il s’est assagi et vingt ans plus tard demande la naturalisation. Refusée à cause de ses erreurs de jeunesse! Vous trouvez cela normal? Arrivant à la quarantaine, j’en connais des gars de mon âge (suisses) qui autour de 20 ans ont fait les 400 coups et qui maintenant sont parfaitement intégrés et des citoyens respectables.

Il y a autre chose là derrière: la population suisse ayant le droit de vote est majoritairement à droite et près de 30% sont UDC. Qu’en est-il de la population étrangère? Je n’ai pas de chiffres, mais il me semble qu’elle est majoritairement de gauche. Or en leur donnant le droit de vote, on renforce la gauche. Voilà le problème…

25)
Mirou
, le 16.05.2008 à 12:05

C’est un très joli cadeau que vous nous faites là, Anne. Vivement Dimanche !

Mon enveloppe de vote est prête à partir à la poste. Pour une fois, un vrai “Neinsager” !

26)
François Cuneo
, le 17.05.2008 à 08:12

Tristan, excellente argumentation. Merci.

27)
ToTheEnd
, le 17.05.2008 à 13:31

Bon, pas facile de réagir aujourd’hui car j’ai une de ces gueules de bois… je vous dis que ça (post Balelec).

Ce sujet me touche puisque je suis également enfant d’immigré, même pas né ici (Lisbonne pour ceux que ça intéresse). J’avais 18 mois quand mes parents se sont installés ici dans des circonstances particulières.

Pour commencer, il faut comprendre que la Suisse – comme beaucoup de pays – a toujours compté pas mal d’étrangers. Pour mieux visualiser ce que j’affirme, voici un graphique qui résume le pourcentage d’étrangers en Suisse depuis 1900:

Pour parler chiffres deux secondes et remettre les choses dans leur contexte, la Suisse compte aujourd’hui 7.5 millions d’habitants dont 1.55 millions d’étrangers.

Comme tout le monde peut le voir, le phénomène d’avoir des étrangers en Suisse n’est pas nouveau… il a tout simplement été amplifié ces dernières années à cause des conflits qui ont eu lieu non loin de chez nous et qui ont fortement influencé les flux migratoires.

Par exemple, les ressortissants Yougoslaves étaient, dans les années 90, 100’000 (c’était 10% des étrangers). Aujourd’hui, avec l’éclatement de ce pays et les guerres qui s’y sont déroulées, la Suisse compte pratiquement 330’000 Croates, Bosniaques, etc. A ce jour, l’ensemble de ces communautés représente 22% des étrangers… ce qui en fait, mathématiquement, la première communauté étrangère du pays même si les Italiens restent, théoriquement, la première communauté étrangère avec 19% du total des étrangers (en baisse constante depuis 10 ans).

Comme beaucoup de pays, ça fait longtemps que la Suisse voit sa démographie augmenter grâce aux étrangers.

Globalement, un pays évolue grâce aux influences des étrangers. Par exemple, aujourd’hui on trouve des restaurants italiens dans tous les coins… et probablement que bon nombre de membres de l’UDC aiment manger italien. Dans les années 60, je pense que beaucoup de membres de partis extrémistes de droite auraient préférés se suicider que de manger italien.

Ce n’est qu’un exemple mais il reflète bien les aspects positifs qu’une communauté peut apporter à une autre communauté en se mélangeant.

L’UDC est maladroit et aimerait que le pays se renferme sur lui-même comme si ce faisant, ça allait régler tous nos problèmes. C’est bien mal comprendre nos problèmes actuels ainsi que ce qui découlerait d’un tel renfermement. La solution serait certainement pire que le mal (pour peu qu’il y ait un mal dans la présence d’étrangers sur notre sol).

Ceci dit, la Suisse à elle seule ne peut pas régler tous les flux migratoires régionaux ou internationaux. Elle doit donc mettre à jour sa législation en matière de gestion des étrangers et je pense que c’est un processus normal qui doit avoir lieu avec un maximum de rigueur et de sérénité.

Cette réflexion ne peut pas venir d’un parti qui est géré par une bande de guignols avec un cerveau aussi développé que mon chien quand il voit de la nourriture à portée de sa bouche.

Enfin, je dis ça d’autant plus librement que maintenant que je voyage énormément, je suis en mesure de comparer différents pays et leurs méthodes d’intégration des étrangers. C’est très intéressant et ça fait réfléchir à notre situation.

Ne reproduisons pas les erreurs de nos voisins et ne voyons pas les étrangers comme un “problème” ou un “danger” pour la culture suisse mais bien comme une opportunité pour notre évolution.

T

28)
levri
, le 17.05.2008 à 13:58

@ ToTheEnd : en France nous avons aussi du côte de 20 % “d’étrangers” (étrangers ou issus de familles dont au moins un des parents est étranger) la moitié issue de ressortissants Européens (en diminution), l’autre principalement d’Afrique du Nord. (je dis ça de mémoire)

heu … tu trouves que c’est une évolution toi que la France soit le plus gros consommateur de pizzas par tête d’habitant ? :D

29)
mff
, le 19.05.2008 à 12:27

Merci Anne :)

Je vais aller acheter le livre, il est plus pratique pour moi de lire les pieds en l’air ;)

_PS: pour le site: Il est tout en “cafouillis” :(

je l’aie retouchée comme j’ai pu :(    Je me dis que souvent qu’il faut que je me
mette à tricoter du HTML pour le refaire mais cela ne va pas plus loin :(

Mon “faiseur de site préféré” a succombé au crabe :(((((((

30)
pikereplik
, le 24.05.2008 à 22:35

Bonjour,

J’ai été suffisamment tenté : j’ai tout simplement acheté la réédition de ce livre, que je viens de commencer de lire. Il faudra que je revienne pour réagir ! En attendant, et vu qu’il y a eu des réflexions sur les chiffres en rapport avec le débat sur les naturalisations, je ne peux que souhaiter que vous veniez voir le petit article que j’ai écrit pour remettre en cause les statistiques diffusées par l’UDC : http://pikereplik.unblog.fr/2008/05/02/ludc-et-ses-statistiques/

A bientôt

Dani

31)
nic
, le 17.07.2008 à 16:59

ça y est! j’ai acheté hier le livre chez payot, en vue d’une semaine à la mer! j’ai resisté depuis le 15 mai, quand tu as annoncé la publication, et je n’ai pas lu ici sur cuk! je me rejouis de le lire les pieds dans l’eau salée, en italie

merci

ciao, n

32)
nic
, le 17.07.2008 à 17:08

je veut juste rajouter que je n’ai pas lu ici simplement parce que je prefere avoir un livre à lire sous le parasol avec une carte postale comme marque page. mais je trouve que c’est une tres bonne initiative de publier en forme de feuilleton sur cuk!

ciao, n

33)
pikereplik
, le 30.07.2008 à 14:55

Lu et approuvé ! J’aime beaucoup ce livre… J’envisage de le faire lire à mes élèves (très actuel !)