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Mozart : avant ou après Amadeus ?

L’autre jour, je discutais musique, histoire, culture, etc. avec un collègue d’université. On en arrive vite à disserter sur les “vertus” de la musique en matière de concentration (très utile en période pré-examens), et à un moment, il me demande si j’ai vu le film Amadeus.

Oui je l’ai vu. Et je ne l’ai pas vraiment aimé. Certes, en tant que divertissement, ce film est très bien ; les décors et les costumes sont magnifiques de même que le jeu des acteurs. Historiquement, par contre, le film romance trop à mon sens et, pire, invente même des choses qui ne sont jamais arrivées. La concurrence que se livraient Mozart et Salieri a été inventée de toute pièce ainsi que cette fausse idée concernant l’éventuel meurtre de Mozart par Salieri, par exemple. Autre détail, peu important certes : Mozart était gaucher, et non droitier. Alors oui, aucun film n’est exempt de défaut, mais sur un sujet qui me tient à coeur, ça a eu plus de mal à passer. C’est tout. Je suis certain que cela vous arrive aussi.

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Jaquette du DVD du film

Introduction et mise en garde

Loin de moi l’idée de blâmer Hollywood (Amadeus n’est ni une pure biographie ni un mauvais film, après tout) ou la prétention d’oser tenter de rétablir la vérité, qui malgré tout n’a pas totalement été mise à nu (ce qui est visuellement très fâcheux, vous en conviendrez). De même, je ne vais pas mettre Mozart sur un piédestal, quand bien même il le mériterait absolument. Néanmoins, beaucoup de personnes n’ont que peu d’idées sur l’histoire de sa vie, et dans ce beaucoup là, trop ont vu Amadeus et ne connaissent Mozart qu’à travers le film et (éventuellement) sa musique. Je ne prétends pas tout savoir à son sujet, bien au contraire, mais comme mon père l’a fait pour moi, je voulais partager avec vous ce qu’il m’a appris et expliqué et défendre, en quelques sortes, le génie qui m’a paru quelque peu “bafoué” (ou en tout cas pas grandi) dans le long métrage de Forman...

Donc voilà l’histoire de la vie de Wolfgang Amadeus Mozart, telle que mon père me l’a racontée des dizaines de fois et telle que je l’ai apprise. Je me suis basé sur ma propre mémoire (enfin, ce qu’il en reste1) pour vous la raconter à nouveau, tout en ayant recours à quelques précieux livres pour l’exactitude des dates entre autres menus détails, seuls ces livres ayant suffisamment de crédit face à Internet. Inutile donc de comparer “mon” histoire à celle de Wikipédia (je vous donnerai toutefois des liens qui peuvent aider à une meilleure compréhension) ou à ce que vous trouverez sur le web. Elle ne sera pas meilleure, sûrement moins complète, mais plus sentimentale et racontée à ma manière, avec les détails dont je me rappelle et qui feront peut-être la différence avec vos propres connaissances ou découvertes.

Peut-être regarderez vous Amadeus autrement après la lecture de cet article.

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En personne

Mozart en 4 lignes

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) est un compositeur allemand (et non autrichien). Il est considéré comme le plus grand et le plus créatif génie musical de tous les temps. Avec Joseph Haydn et Beethoven, il était le principal compositeur du genre classique (et un peu romantique) du XVIIIe siècle. Mozart est mort avant son 36e anniversaire, mais il nous a laissé 626 œuvres.

L’enfance et les voyages

Wolfgang est né à Salzburg (ville allemande à l’époque) le 27 janvier 1756. Baptisé le lendemain même de sa naissance, il reçoit les noms de Johannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus. Il n’utilisera cependant ses deux premiers prénoms qu’en de très rares occasions. Il traduira quand même Theophilus en latin, ce qui a donné Amadeus.

Son père, Léopold, était le chef de l’orchestre local, et aussi l’auteur d’un important livre, le Traité de l’art du violon, rapidement devenu une référence en la matière. Léopold était très méticuleux et pédagogue, mais un petit compositeur. On ne parle pas beaucoup, voire pas du tout, de la mère du petit prodige, Anna Maria. En effet, elle a eu très peu d’influence sur son enfant car son mari s’occupait tout le temps de l’éducation intellectuelle et disciplinaire de ses enfants. Wolfgang avait des frères et sœurs, mais ils sont tous morts, faute d’hygiène et de soins. Seule survivante, Maria Anna, surnommée Nannerl, de 4 ans et demi son aînée.

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Maria Anna

Dès l’âge de 3 ans, Wolfgang a manifesté d’exceptionnelles dispositions musicales, assistant avec intérêt aux leçons de sa sœur et cherchant à son tour sur le clavecin “les notes qui s’aiment”. Aussitôt que son père eut découvert son instinct musical infaillible, sa mémoire prodigieuse, la finesse et la justesse de son oreille (dite “oreille absolue”), il a décidé d’en faire un musicien et de se consacrer à l’éducation générale et musicale de ses enfants. Wolfgang n’a eu aucun autre maître.

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Léopold, Wolfgang et Maria Anna

En 1762, Wolfgang commence à composer des petits menuets, des concertos pour piano et violon et des piécettes. Autant dire qu’il commence à composer avant même de savoir écrire. Puis viennent les premiers concerts en public. Et enfin les voyages. La fierté que Léopold ressentait envers son fils était si grande, qu’il l’a “exhibé” lors de son premier voyage à Vienne, en 1762, capitale de l’Empire. La deuxième tournée musicale a duré 3 ans (1763-1766) : il passe à Francfort, Bruxelles, Paris, Londres, La Haie, Amsterdam, Lyon, Genève et même à Lausanne. La vie de Wolfgang sera beaucoup faite de voyages, surtout pendant sa jeunesse. Au cours de ceux-ci, Wolfgang faisait des démonstrations absolument époustouflantes de ses talents (il a joué et improvisé des morceaux choisis par thèmes à ce moment, le clavier recouvert d’un voile) et jouait lors de concerts d’église.

Mais tous ces voyages que Léopold organisait servaient surtout à parfaire l’instruction musicale de son fils. Car il se passe un changement musical radical dans le monde. Petit à petit, on va substituer le piano-forte au clavecin, car le piano permet des nuances expressives plus variées que le clavecin. Au niveau orchestral naissent les principes modernes de la dynamique, c’est-à-dire des phrasés, crescendos ou decrescendos, force ou douceur. Depuis 1750, on entre dans une ère musicale nouvelle. Mais Wolfgang restera à cheval entre l’ancien régime musical et le nouveau.

Le jeune homme prodige

De retour en Allemagne, il rencontre Joseph Haydn, un autre très grand compositeur, qui dira alors à Léopold, le père de Mozart :

Je vous le dis devant Dieu, en honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne ou de nom, il a du goût, et en outre la plus grande science de la composition.

Les années de 1769 à 1773 seront marquées par des séjours en Italie. Pendant cette période, il se plongera dans la musique chantée de l’opéra italien. À partir de ce moment, Wolfgang restera un maître incontesté dans les ensembles d’opéras et dans la science de la polyphonie vocale.

En 1777, alors qu’il entreprenait un autre voyage à Paris, accompagné seulement de sa mère, cette dernière meurt pendant le voyage. Il connaîtra une déception amoureuse avec Aloysia Weber, et il sera ignoré des milieux musicaux de la capitale française car “on ne retrouve plus en lui le petit prodige d’antan”.

De 1779 à 1782, Wolfgang pose les fondations de son évolution future : concertos pour piano, sonates pour violon et piano, sérénades qui font éclater les limites du genre. Il quitte son employeur, l’archevêque Colloredo, chez qui il était considéré comme un laquais, et s’installe sans ressources à Vienne. Son père le désapprouve et prend plus mal encore les fiançailles de Wolfgang avec Constance Weber (sœur cadette de la fameuse Aloysia Weber), qu’il juge indigne de lui. Wolfgang épousera Constance le 3 août 1782. Le jeune couple connaît alors les difficultés financières qui ne les lâcheront plus, depuis leur mariage jusqu’à leur mort. Les emplois fixes demeurent introuvables, et les concerts et opéras, malgré leurs succès triomphaux, ne permettent pas à Wolfgang et à Constance d’équilibrer leur budget.

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Constance Mozart

À la fin de 1784, Wolfgang entre à la franc-maçonnerie. (La franc-maçonnerie, si mes souvenirs sont bons, est une sorte de société secrète, dans laquelle on trouve riches et pauvres, qui “travaille à améliorer le monde”. Elle connaît un grand succès en France, mais elle est très mal vue par le pouvoir impérial autrichien.)

En septembre 1787, Wolfgang s’installe à Prague avec sa femme, afin de finir la composition de Don Giovanni (un de ses plus grands opéras) dont la première représentation est triomphale. Cependant, les crises successives de Wolfgang ne faisaient qu’empirer, ainsi que sa situation financière. Son état de santé s’aggrave, et Wolfgang devient obsédé par l’idée de mourir, surtout après le décès de son père, survenu dans la même année.

Requiem

L’année qui a précédé sa mort (1790) a été un véritable désert au niveau musical : quelques compositions dont un opéra comique des plus célèbres, Cosi fan tutte. Mais, en 1791, naissent deux opéras : La Flûte Enchantée (oeuvre franc-maçonnique par excellence) et La Clémence de Titus ainsi que le fameux Requiem (Messe des morts) inachevé. Après le surmenage de l’été, Mozart subit une profonde crise de dépression. Devenu sujet à des évanouissements, il était persuadé qu’il travaillait à son propre Requiem. On considère cette oeuvre comme son testament musical.

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Manuscrit du Requiem

Âgé de trente-six ans à peine, le plus extraordinaire génie de l’histoire de la musique du monde s’est éteint dans la nuit du 4 au 5 décembre 1791, à 1 heure du matin, d’une forme de typhus (fièvre jaune). Le surmenage physique et intellectuel a sans doute favorisé la progression de la maladie.

Le 6 décembre à 15h00, son corps a été transporté à St Étienne pour une misérable cérémonie, sans pompe et sans une note de musique (le fait d’être franc-maçon était très mal vu à l’époque, et l’empereur Joseph II les emprisonnait. Ils n’avaient pas de croix sur leur tombe, car la plupart étaient jetés dans une fosse commune). Süssmayer, Salieri et trois autres amis ont suivi le cercueil jusqu’aux portes de la ville. La légende raconte que la tempête leur a fait alors rebrousser chemin ou que seul un chien a suivi le cortège. Sa femme, trop malade et émue, n’a assisté ni à la cérémonie, ni à l’enterrement. C’est ainsi que les restes de Mozart ont été ensevelis dans la fosse commune au cimetière St Marx.

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La statue de Mozart, à Vienne

Sa musique

– Quel est le plus grand des musiciens ? demanda-t-on un jour à Rossini.
– Beethoven ! répondit-il.
– Et Mozart, alors ? et il dit :
– Oh, lui, c’est l’unique.

Mozart nous a laissé en tout 626 œuvres. (Pour se donner une idée, en 30 ans environ de composition, cela nous fait une moyenne de 20 créations par année.) Un homme, Koechel, un musicographe autrichien du XIXe siècle, les a classées par ordre chronologique et thématique. Ce classement permet de désigner les œuvres de Mozart, non par leur numéro d’opus (“ouvrage” en latin, indication utilisée pour désigner un morceau de musique avec son numéro dans l’œuvre complète d’un compositeur), mais par celui qui leur a été attribué par Koechel. Alfred Einstein avait même remanié ce classement.

Chopin, avant de mourir, dit à ses amis de lui jouer une sonate. Ils ont commencé alors à lui jouer une de ses propres sonates. Il s’est alors écrié : – Oh non ! Pas la mienne ! Jouez moi de la vraie musique : celle de Mozart.

Mozart a aussi réussi un exploit phénoménal dans sa carrière : la synthèse de deux siècles de musique ! Il est parvenu à fusionner 200 ans de styles de musique ! Il a été le seul à nous apporter des choses que les autres compositeurs n’ont pas pu nous donner. Il est arrivé à mettre une puissance dans sa musique qui ne laisse personne indifférent (pas même les enfants encore dans le ventre de leur mère). Il communiquait grâce à la musique. Chaque œuvre de Mozart est poétique et a sa poésie propre. Tous les compositeurs ont un style différent, mais tous se ressemblent un peu, m’a dit un jour mon père. Mozart, lui, a créé son propre style, un style très spécifique. Il a mêlé ses sentiments à sa musique. Il lui a donné toute sa force, sa douceur, son esprit, sa passion. Connaissant la période à laquelle il a écrit telle ou telle oeuvre, on peut ressentir dans sa musique ce qu’il a vécu.

Je le dis souvent, je le redirai encore une fois. Si certains d’entre vous peuvent se procurer le concerto pour clarinette Kv. 622 de Mozart, faites le, écoutez le deuxième mouvement (Adagio) et imaginez Mozart le composant, quelques semaines avant de mourir. Ça me tire des larmes tellement c’est beau, émouvant et terriblement triste.

Quand je pense que l’empereur Joseph II a osé lui reprocher qu’il mettait trop de notes dans ses compositions… Ça me fait mal rien que d’y penser. Preuve en est que Mozart a été passablement incompris par les “grands” de son époque.

D’ailleurs, saviez-vous que l’opéra La flûte enchantée avait été composé pour le “peuple” et non pour un riche mécène, sûrement à cause de sa nature franc-maçonnique très prononcée (le chiffre 3 revient en permanence sur scène comme musicalement ; on y trouve les éléments fondamentaux tels que l’air, le feu, l’eau, la terre ; l’initiation).

Conclusion

Voilà, j’espère ne rien avoir oublié. Encore une fois, je n’ai pas dit que le film était faux. Dans l’ensemble, il est plutôt véridique et permet de se faire une idée du compositeur, mais pour moi, trop d’éléments font injustement passer Mozart pour un rigolo, parfois une bête de cirque alors que le génie me semble trop occulté, malgré les démonstrations de virtuosité faites.

Si certains se sentent l’âme musicienne, l’intégralité de l’oeuvre de Mozart sous forme de partitions est disponible ici, et gratuitement, pour autant qu’on en fasse pas un usage commercial, etc. (conditions usuelles en quelque sorte).

De même, je vous conseille vivement la lecture d’un livre de Julien Burgonde (il n’était pas barbare) intitulé Icare et la flûte enchantée. Un petit chef d’oeuvre que j’ai lu sur recommandation de mon paternel. J’ai été en-chan-té. Comme toujours, à lire tout en écoutant du Mozart (et vice versa).

J’espère également ne pas avoir été aussi pompeux et conformiste que mon père lorsqu’il racontait ça à son fils de 14 ans, peu réceptif à l’époque. :-)

1 Merci au boss de céans de m’avoir rappelé qu’il fallait que j’écrive un article pour aujourd’hui, avec mes révisions d’examens universitaires, j’avais totalement oublié cette tâche. :-)

51 commentaires
1)
levri
, le 08.05.2008 à 01:11

Que de superlatifs ! … “le plus grand musicien de tous les temps” ? bah, c’est quand même affaire de goût, personnellement, ma mère pianiste m’a presque dégoûté de Mozart dès tout petit, et j’ai mis des années avant d’avoir envie de le réécouter. ;)

Sinon je n’ai jamais eu envie d’aller voir le film, qui ne m’inspire pas.

Merci pour ta remise des pendules à l’heure. :D

J’écoute Mozart Ballet de Frank Zappa sur l’album You Can’t Do That On Stage Anymore Vol 5

2)
PhilSim
, le 08.05.2008 à 02:29

Effectivement, que de superlatifs…

Il me semble que l’admiration portée à Mozart tient pour beaucoup du politiquement (ou putôt musicologiquement) correct… Essayez de dire à quelqu’un que vous n’appréciez pas particulièrement et voyez la mine surprise, décontenancée, voire carrément réprobatrice de l’interlocuteur qui se demande de quel univers parallèle vous débarquez… Quand je pense qu’on parle et reparle à l’infini d’un personnage né il y a plus de 250 ans…

À ce propos, l’année 2006 a été l’occasion de célébrer tous azimuts l’anniversaire de Mozart (mais aussi de Schostakowitch, sauf qu’on en a infiniment moins parlé); on nous en a donc rebattu les oreilles, en musique et en paroles. J’espérais qu’il y aurait ensuite une accalmie durant quelques temps, mais non… Comme quoi, essayez de jeter Mozart par la porte, il revient par le fenêtre…

Mon compositeur préféré est Schubert (le concepteur des Schubertiades qu’est votre père vous en a sans aucun doute aussi parlé), suivi de près par Schostakowitch; tous deux arrivent à prendre aux tripes avec une économie de moyens, là où beaucoup (je n’ose pas dire trop) de notes de Mozart ont tendance à faire “joli”.

Allez, sans rancune, et merci…

3)
THG
, le 08.05.2008 à 06:15

je pense que ce film est très important parce qu’il a probablement aidé à éveiller ou réveiller l’intérêt de beaucoup pour la musique classique.

c’est un film très drôle, enlevé et dynamique. le seul regret, c’est que c’est chanté en anglais (dans la VO, je me souviens pas des VF).

4)
François Cuneo
, le 08.05.2008 à 06:36

Le boss te remercie d’avoir consacré ton dimanche à cet article!:-)

Très bien d’ailleurs.

Moi aussi j’ai bien aimé le film. Dommage que l’opposition Salieri-Mozart passe à l’avant-plan, si en plus ce n’est pas vrai…

Cela dit je suis d’accord avec THG, il a dû éveiller plein de monde à la musique classique, même hypothèse de départ est fausse.

Merci aussi à ton papa, pour l’histoire qu’il a racontée, et tout ce qu’il a fait pour la musique classique dans notre pays et ailleurs.

5)
Caplan
, le 08.05.2008 à 07:36

Il me semble que l’admiration portée à Mozart tient pour beaucoup du politiquement (ou putôt musicologiquement) correct…

Oui, ça me frappe. Chaque fois qu’on demande à un personnage public ce qu’il écoute comme musique, il répond “du Mozart!” C’est sans risque et ça fait plus posé!

Milsabor!

6)
djtrance
, le 08.05.2008 à 08:11

Quel article François, tu m’en avais parlé, mais là… :) Et j’aime bien le lien avec les partitions, c’est génial de faire ça!

Je suis pas très classique, je serais plutôt Jazz, Soul, etc. mais ton article me donne quand même l’envie de regarder le film, pour découvrir…

7)
Argos
, le 08.05.2008 à 08:13

D’abord, on rappelle que l’antagonisme Salieri – Mozart a son origine dans un texte de Pouchkine: “Mozart et Salieri”. Sur ce thème, Peter Shaffer a écrit une pièce, Amadeus, que Roman Polanski mettra en scène et interprétera aux côtés de François Perrier. L’inspiration, moins, qu’hollywoodienne, est pragoise, puisque le tchèque Milos Forman reconstituera la Vienne de la fin du dix-huitième siècle à Prague. C’était avant que les bobos de toutes sortes n’envahissent la ville. Mozart signe souvent ses compositions Wolfgang Amédée, et non Amadeus. Il suffit de comparer les oeuvres de Salieri, par exemple ses opéras ou ses concertos de piano, fort honnêtes au demeurant, pour être convaincu de l’absolu génie de Mozart. On entre dans une autre dimension de la musique, que tous les autres, Beethoven y compris, tenteront d’approcher sans tout à fait l’atteindre. Les tonnes de littérature et de commentaires sirupeux n’ont cependant pas arrangé les choses; ni les Mozartkugeln au chocolat vendues dans les supermarchés. Il faut oublier ces scories pour s’approcher de ce diamant. Aujourd’hui, l’interprétation de Mozart est en train de changer grâce à l’influence des “baroqueux”. Mais les dernières symphonies par Bruno Walter, certains concertos pour piano par Maria Yudina,Don Giovanni par Mitropoulos ou Cosi fan tutte par Karajan restent de géniales interprétations. Enfin qui sait que Casanova, qui connaissait le sujet, vint à Prague sur appel de son ami da Ponte pour donner un petit coup de main à Mozart pour le Don Giovanni?

8)
Franck_Pastor
, le 08.05.2008 à 08:39

Pour faire suite à ce que dit Argos, il m’a semblé que le point principal du film « Amadeus » n’était pas tant de faire une biographie de Mozart (d’ailleurs le rôle principal est bien celui de Salieri), mais d’opposer les notions de génie et de simple talent…

Dans le registre pinaillage, cette phrase m’a laissé perplexe :

Petit à petit, on va substituer le clavecin au piano-forte, car le piano permet des nuances expressives plus variées que le clavecin.

Dans ce cas, il faudrait écrire « Petit à petit, on va substituer le piano-forte au clavecin », non ?

9)
Emilou
, le 08.05.2008 à 08:51

Mozart à fait de l’ombre à Salieri c’est certain. Prêter à ce dernier des sentiments de jalousie, de vengeance jusqu’au meurtre est une injustice impardonnable de la part de Milos Forman. Donnons à son film le mérite d’avoir rendu Mozart plus populaire et d’avoir fait connaître Salieri.

10)
ysengrain
, le 08.05.2008 à 08:59

Les dires d’Argos me vont très bien, je n’aurais pas dit mieux. Quelques petites remarques qui n’enlèvent rien à l’excellente qualité du papier: “Mozart était gaucher, et non droitier”. Je ne connaissais pas ce détail. Avez-vous une source à me confier ? Un point me gêne: j’ai le souvenir d’avoir vu un tableau (hélas je ne retrouve pas) dont on dit que l’enfant qui joue du violon serait Mozart. Or il n’est clairement pas gaucher. “car le piano permet des nuances expressives plus variées que le clavecin” Attention, terrain miné. Il s’agit de deux instruments aussi différents qu’une flûte à bec et un tambour warrata. Je passe sur “Il est considéré comme le plus grand et le plus créatif génie musical de tous les temps.” mais je trouve à y redire. “s’est éteint dans la nuit du 4 au 5 décembre 1791, à 1 heure du matin, d’une forme de typhus (fièvre jaune)”: 2 remarques. Le typhus est une maladie d’origine bactérienne (rickettsiose) véhiculée par les rats. Cette maladie sévit toujours par épidémie. La fièvre jaune est une maladie virale (le virus amaril) qui n’a jamais sévi en Europe. On l’appelle parfois typhus amaril. D’où la confusion possible. En aucun cas, ces 2 maladies n’évoluent sur un long temps. Votre texte indique le contraire. Enfin, il se dit aussi, et c’est plus plausible médicalement parlant, qu’il est mort d’insuffisance rénale. En témoigne un tableau où est vu son profil gauche. L’original, mais le temps n’a t il pas modifié les couleurs, le montre avec le teint si particulier aux insuffisants rénaux.

11)
Inconnu
, le 08.05.2008 à 09:08

Merci Franck_Pastor, c’est corrigé ! :-)

Merci également à Philippe Simon et aux autres pour leurs commentaires. Désolé donc de remettre le couvert avec Mozart, néanmoins, il convient quand même de le mettre à la place qui lui est due. J’aurais pu vous faire un exposé sur un autre compositeur, mais mon père ne m’en a pas autant parlé… Et comme je l’ai dit, je me base essentiellement sur ce dont je me souviens. Mon père a toujours vu en moi un petit Mozart (que je ne suis pas), c’était ma façon à moi de l’en remercier, bien que je sache pertinemment qu’il ne me lira pas.

De même, une personne qui n’apprécie pas Mozart, ça ne me choque aucunement. Des goûts et des couleurs. Mais quand j’en entends qui me disent que la musique classique, c’est de la m** en boîte, ça m’irrite un chouia… Peut-être que cela “fait plus posé” de dire qu’on écoute du Mozart, d’un autre côté, quel mal y a-t-il à écouter le compositeur le plus célèbre (avec Beethoven, entre autres) ? La musique de Mozart plaît à énormément de monde. En admettant que toutes les personnes écoutant du Mozart le font vraiment et ne disent pas cela pour faire musicalement correct, c’est pour moi une preuve suffisante du génie qu’il était : sa musique plaisait plus ou moins à son époque, et aujourd’hui elle rassemble des foules incroyable. Etait-il en avance sur son temps ?

Quant à Schubert, évidemment que mon père m’en a parlé. Je n’en écoute toutefois pas. Schostakowitch, j’en ai quelques CD. De même pour Berlioz, Bizet, Chopin, Mendelssohn, Wagner, Bruckner, Haydn, Brahms, Bach, Händel, et j’en passe.

Levri, oui Mozart est le plus grand musicien de tous les temps. Et non ce n’est pas qu’une affaire de goûts. Ce n’est pas parce que je n’aime pas les oeuvres d’un peintre que je ne peux pas reconnaître que c’est le plus grand. Je ne veux pas comparer Mozart à Beethoven, ou à d’autres compositeurs. Mais, en conjuguant l’analyse de sa musique à l’histoire de sa vie, je ne parviens pas à décerner ce “titre” à quelqu’autre compositeur.

12)
Inconnu
, le 08.05.2008 à 09:18

Ysengrain, j’ai bien averti au début de mon texte que je vous faisais part de ce dont je me souviens au sujet des histoires que mon père (musicien professionnel et passionné) m’a racontées. En aucun cas j’affirme ce que j’ai écrit. Je ne suis pas médecin, ni musicien (un peu quand même) et il est fort probable que j’aie fait des erreurs, et des contradictions.

Je me permets de comparer le clavecin au piano forte car ce sont deux instruments avec un clavier, certes aux sonorités et conception très différentes.

Quant au fait que Mozart était gaucher, je n’ai pas d’autre source que mon père, du fait que je n’ai pas poussé la recherche encore plus loin. Si ce détail vous empêche de dormir et remet beaucoup de choses en question, je veux bien faire un effort pour vous en donner une preuve. Mais du fait qu’on n’a déjà que peu de certitudes concernant sa mort, je doute qu’on trouvera des éléments affirmant avec un degré zéro d’incertitude qu’il était bien gaucher.

Mais, cela n’ajoute-t-il pas un petit quelque chose de s’imaginer un Mozart gaucher, chose répandue et commune de nos jours mais qui l’était moins à l’époque ?

13)
Gr@g
, le 08.05.2008 à 09:23

Comme l’a dit Argos, le film est une adaptation d’une pièce théâtre, et une adaptation fort bien faite. J’ai vu le film étant ado, et la pièce il y a 2 ans, avec Michel Aumont et Lauren Deutch.

Les 2 fois, j’ai été scié par les qualités romanesque de cette histoire captivante. Même fausse, la rivalité avec Salieri présente tout de même celui-ci autant comme un jaloux que comme celui qui réalise le génie du jeune Mozart.

Après, s’il est incontestable que Mozart est un génie de la musique, le mettre pareillement sur un pied d’estale m’énerve également au plus haut point, comme s’il était le seul compositeur classique à retenir. Personnellement, je préfère Beethoven, dont on peut également sentir les émotions qui le parcourait au moment de l’écriture, les problème d’ouïe en plus. Mais j’aime également Tchaikowski, Dvorjak, Bach.

Malgré tout merci pour ce très bel article!

et regardez ce film, il en vaut la peine… bien plus que Ludwig van B. (avec un superbe Gary Oldman, mais une histoire faiblarde)

14)
levri
, le 08.05.2008 à 09:31

Levri, oui Mozart est le plus grand musicien de tous les temps. Et non ce n’est pas qu’une affaire de goûts. Ce n’est pas parce que je n’aime pas les oeuvres d’un peintre que je ne peux pas reconnaître que c’est le plus grand.

… Moi aussi je sais reconnaître l’aspect qualitatif relatif à une culture de quelque chose ou de quelqu’un (même si ce n’est pas dans mes goûts). Ce qui me choque c’est le superlatif, combien de musiciens géniaux nous sont inconnus, car il ne sont pas de notre culture ou n’ont jamais écrit leur musique ?

Quid de la suprématie supposée de la musique “Classique” Occidentale sur toutes les autres formes de musique ?

PS : j’avais parlé de “goût” pour être gentil… ;)

désolé, mon chauffeur m’attend depuis quelques minutes déjà et je dois m’absenter …

15)
Inconnu
, le 08.05.2008 à 09:38

Après, s’il est incontestable que Mozart est un génie de la musique, le mettre pareillement sur un pied d’estale m’énerve également au plus haut point, comme s’il était le seul compositeur classique à retenir.

C’est justement là l’erreur : qu’entend-on par musique classique ? La musique sans guitare électrique ou la musique de la période post-baroque ? D’ailleurs, je tiens à préciser que la musique de Mozart est plus romantique que classique. Donc dans “sa période musicale”, Mozart peut être mis sur pied d’estale.

Et puis, au risque de me répéter encore…

Elle ne sera pas meilleure, sûrement moins complète, mais plus sentimentale et racontée à ma manière, avec les détails dont je me rappelle et qui feront peut-être la différence avec vos propres connaissances ou découvertes.

16)
Argos
, le 08.05.2008 à 10:14

Merci François Charlet pour lancer cette discussion sur Mozart. Dire que la musique classique occidentale est à l’évidence la plus riche de toutes se heurtent à nombre de tenants du politiquement correct. Pour eux, il n’y a pas de hiérarchie entre les sons improvisés sur un tambour en Nouvelle Guinée et le Requiem de Mozart. Libre à eux de ne pas entendre la différence. J’adore quelques grands interprètes du santour, j’aime les sons de l’oud ou zarb, Frank Zappa m’enchante, mais le corps représenté par neuf siècles de création musicale en Occident représente une aventure unique.

17)
Saluki
, le 08.05.2008 à 10:26

Une petite pour la soif:

Nous allions chercher un Saluki chez l’éleveur.
Son nom au Livre des Origines était: Musidorian’s Vindhia Yubal. Pas trop facile pour le rappel.

La veille nous sommes allés voir “Amadeus” et le lendemain le lévrier était surnommé “Wolfgang”, c’est lui que vous voyez sur mon avatar.

Ce qui ne veut pas dire que nous ayons du mépris pour ce compositeur, nous sommes abonnés La Leçon de Musique.

Bon, va falloir aller à la célébration du 8 mai.

18)
Inconnu
, le 08.05.2008 à 10:44

Oh mais je ne considère vraiment pas la musique occidentale comme supérieure à une autre ! Je suis très ouverts aux autres musiques ! J’aimerais beaucoup aller écouter un opéra chinois, d’ailleurs… C’est vrai qu’au niveau des harmonies, le tam-tam n’est pas l’instrument qui est symptomatique à cet égard… Mais cela n’empêche pas que l’histoire qui est derrière l’instrument, la personne qui en joue et, éventuellement, la personne qui a “composé” ce dont on joue, soient extraordinaires également !

19)
caesar morituri
, le 08.05.2008 à 10:49

@Philippe Simon

Entendu à Radio Moscou du temps du petit père des peuples:

“Un de nos auditeurs nous demande quelle est la prononciation correcte, Schumann ou Schubert? A cet auditeur, nous répondons: la seule prononciation correcte est Chostakovitch!”

20)
Argos
, le 08.05.2008 à 11:08

Ave Cesar! Le petit père des peuple avait écrit une critique dévastatrice dans la Pravda de la Lady Macbeth de Chostakovitch qui a quelques temps craint pour sa vie. Il préférait Mozart, en particulier les concertos interprétés par Maria Yudina.

21)
Soheil
, le 08.05.2008 à 11:52

Merci pour cet article. Même si, avec le temps, je me suis éloigné de la musique romantique et n’écoute pour ainsi dire plus que de la musique d’avant 1750 (mort de Bach) et d’après 1950, je dois reconnaître qu’il y a de très belles choses chez Mozart, les oeuvres de la maturité surtout. Les mythes qui entourent certains artistes leur font toujours beaucoup de tort. Pour Mozart c’est l’image de l’enfant prodige, et celle de l’artiste foudroyé en pleine jeunesse — bien sûr Mozart est mort à l’âge 36 ans, bien sûr ce n’est pas un âge pour mourir, mais Schubert est mort à 31 ans et on n’en fait pas pour autant un symbole de jeunesse. Si on demande à des gens de citer des musiciens morts jeunes, les plus cités seront sans doute Mozart et Chopin (mort à 39 ans). Telle est la force des images, et pour moi le mérite du film de Forman était justement de dépoussiérer certaines images et certaines perruques.

Une dernière chose: il faudrait rectifier le lien renvoyant à l’article de Wikipedia sur Einstein. Le bon lien devrait être http://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_Einstein (c’est en effet le musicologue Alfred Einstein qui a révisé le catalogue de Koechel, et non son presque homonyme Albert).

22)
Iris
, le 08.05.2008 à 12:11

Quand le film est sorti, j’étais allée le voir avec mes élèves( 10 ans). Eh, bien , sur le chemin du retour, ils chantonnaient tous les airs qu’ils venaient d’entendre! Il ne doit pas y avoir des masses de gamins qui chantent l’air de la reine de la nuit en rentrant chez eux!

Il y a quelques mois, le film a passé à la TV et j’ai commencé à regarder alors que mes 2 ados étaient dans la pièce. D’abord un peu distants, ils sont restés jusqu’au bout.

Pour ces raisons, je trouve que le film est bien fait, même si je comprends les réticences concernant les vérités historiques. C’est un film que j’aime beaucoup en particulier la scène où Mozart alité dicte les dernières notes à Salieri et qu’au fur et à mesure de l’écriture, on entend les différents groupes d’instruments. Ça donne une idée du bouillonnenement qui agite le cerveau d’un compositeur.

23)
Saluki
, le 08.05.2008 à 12:26

sur le chemin du retour, ils chantonnaient tous les airs qu’ils venaient d’entendre

Exactement la même chose pour mes enfants ! Merci, Iris, je l’avais oublié.

Du coup, il me revient aussi, quand nous sommes allés voir “La flûte Enchantée (Trollflöjten) de Bergman, à sa sortie vers 1975-76, mais là les gamins étaient vraiment trop jeunes et c’était nous qui jouions à Papagena et Papageno…

24)
Argos
, le 08.05.2008 à 12:38

Les enfants sont extraordinairement réceptifs à la musique classique, malheureusement, les adultes ne font rien pour les encourager. Au contraire, ils s’emploient souvent à les en éloigner.

25)
levri
, le 08.05.2008 à 14:09

Les enfants sont extraordinairement réceptifs à la musique classique

Normal, c’est une musique simple et très structurée, adaptée à notre civilisation …

J’avais fait des CDs de Mozart pour une petite fille de 3 ou 4 ans, et pour s’endormir il lui fallait son “petit Mozart” (en cover j’avais imprimé Mozart enfant)… mais je lui avais aussi fait des Cds des Doors et de Matching Mole (l’album éponyme) qu’elle adorait également. Elle a grandi, Matching Mole est toujours dans ses favoris, je ne pense pas qu’elle écoute encore Mozart. ;)

PS et oui je suis de retour, après avoir manipulé quelques dizaines de sacs de gravier … et j’asticote :D

J’écoute calmozart de Hugh Hopper sur l’album Jazzloops

Ensuite, nu sur ma terrasse Sud, je m’offrirai au soleil en écoutant : O Caroline de Matching Mole sur l’album du même nom, avec sa belle cover aux taupes en charolaises et robe de chambre à carreaux …

26)
djtrance
, le 08.05.2008 à 14:31

Ensuite, nu sur ma terrasse Sud, je m’offrirai au soleil

Mais on veut pas savoir!!!!!!!!!!!! :P

27)
Argos
, le 08.05.2008 à 14:58

Moi j’écoute La Mort et la jeune fille de Schubert et c’est ma femme qui prend le soleil sur la terrasse. Plus estétique à mon avis.

28)
Inconnu
, le 08.05.2008 à 15:15

Et moi je vais écouter l’assistante du prof’ de droit public débiter sa correction des Travaux Pratiques n° 8… C’est pas aussi mélodieux que le dernier mouvement de la neuvième de Beethoven…

29)
Argos
, le 08.05.2008 à 15:25

Mon affreux esprit de contradiction me pousserait à prétendre que qualifier de mélodieux le dernier mouvement de la Neuvième n’est peut-être pas ce qui convient. En revanche, mélodieux s’applique parfaitement à certaines pages de Mozart Pour une très grande interprétation de la Neuvième, Furtwängler, mais non pas à Bayreuth en 1951, mais à Lucerne en 54 avec le Philharmonia.

30)
levri
, le 08.05.2008 à 15:28

ah oui, ce n’est pas un jour férié en Suisse … Les inconvénients de la neutralité … :P

J’écoute The Sunnyside Of The Street des Pogues sur l’album Hell’s Ditch

@ DJ : Molière est toujours d’actualité.

@ Argos : l’esthétique est dans l’œil de celui qui regarde …

31)
Argos
, le 08.05.2008 à 16:03

L’esthétique est aussi dans l’oreille. Et pas besoin chez moi de jours fériés pour s’installer sur la terrasse ou dans le jardin. Et ici, la victoire,c’est le 9. On fait jamais rien comme tout le monde. Actuellement je grave un CD de musique baroque bolivienne. Un enchantement.

32)
Inconnu
, le 08.05.2008 à 16:26

@ Argos : alors c’est l’avant dernier mouvement… Je ne me souviens plus, ça fait quelques jours que je l’ai écoutée, je confonds sans doute. Mais c’était vers la fin… :-)

33)
nicos
, le 08.05.2008 à 17:43

ah ca y est je l’ai retrouvé la référence que je cherchais, grace à la mention de la piece de theatre avec Michel Aumont! Car toutes ces anecdotes m’ont fait penser à la série télévisée (5 episodes je crois) sur Mozart de Marcel Bluwal avec Michel Bouquet et Michel Aumont (entre autres). Vachement bien, et loin du spectaculaire Amadeus (qu’au reste j’ai beaucoup aimé, justement pour ce cote spectaculaire!). Je ne sais pas si c’est edité en DVD, mais ca en vaut la peine (et d’ailleurs le récit de Francois renvoit quasi fidèlement aux images et scènes de la série, donc son père l’a surement vu lui aussi!)

Ah et puis les tambours par rapport aux musiques occidentales. Pour l’anecdote, j’ai eu la chance de voir les Tambours du Burundi en vrai, dans leur environnement, les collines du Burundi d’avant les massacres. Le spectacle n’est pas que leur musique, ou plutot leur rythme. Le spectacle, c’est la troupe et l’histoire de la vie, du travail des champs, des moissons, c’est tout ca. C’est aussi tout leur village autour d’eux, qui connaissent leur performance par coeur pour l’avoir vue des milliers de fois, mais qui vibrent, dansent et chantent avec la troupe comme si c’etait la premiere fois. Des musiques qui viennent de loin, qui n’ont peut etre pas les 7-8 siecles de murissement des musiques occidentales, mais qui trimballent un autre vécu. Et quelles emotions! En CD, ca n’est vraiment pas pareil…

34)
Inconnu
, le 08.05.2008 à 17:57

d’ailleurs le récit de Francois renvoit quasi fidèlement aux images et scènes de la série, donc son père l’a surement vu lui aussi!

Connaissant mon père et son “amour” pour la télévision, ça m’étonnerait beaucoup qu’il ait vu cette série (il n’est vraiment pas du genre à suivre régulièrement des émissions). Quant à moi, je n’ai pas vu non plus cette série mais j’avoue être assez curieux !

Et si mon récit renvoie fidèlement aux images et scènes de la série, ce n’est vraiment que pure coïncidence. Je savais qu’il y avait un film (Amadeus) pour l’avoir vu, mais alors vraiment j’ignorais qu’une telle série existait !

36)
Argos
, le 08.05.2008 à 19:14

La série réalisée par Marcel Bluwal date de 1982. Elle n’a à ma connaissance jamais été reprise sur DVD. Elle avait été diffusée sur TF1. Ca fait tout drôle non? C’était l’époque de la première présidence de Mitterrand et on pensait encore que la télévision pouvait avoir un rôle culturel. TF1 passait aussi Droit de réponse, de Michel Polac, une des meilleures émissions en direct jamais réalisée sur la télévision française. Tous les talk shows actuels, en comparaison, sont pitoyables.

37)
Médard
, le 08.05.2008 à 21:36

On peut aussi aller voir sur ARTE “le petit Amadeus” (plutôt à destination des enfants ;-)) Je le vois grâce à ARTE+7, où on peut revoir certaines émissions diffusées sur ARTE (sinon, je n’ai pas la télé…)

38)
Inconnu
, le 08.05.2008 à 22:59

Magnifique article.

Comme quoi sur Cuk on trouve toujours son bonheur.

Une petite précision sous forme d’une nuance, la Franc-Maçonnerie est une société discrète et pas secrète. Les curieux peuvent aller chez http://www.g-o-s.ch/sommaire.php ou chez http://www.freimaurerei.ch/f/index-f.htm

Merci pour le compliment, ça me fait plaisir ! :-)

Et merci pour la précision concernant la franc-maçonnerie ! Ce n’est pas un thème que j’ai vraiment “étudié et approfondi” d’où mon ignorance un peu crasse…

39)
bgc
, le 08.05.2008 à 23:29

Merci François Charlet pour l’émotion et la passion que vous transmettez avec des mots simples. Cette sincérité est aussi une très …belle musique.

Je viens de “tomber” par hasard sur une voix qui m’a ému. (Habituellement, le chant dit “classique” ne me fait pas “vibrer”). J’ai pensé qu’il fallait signaler ici qu’une musique, quelle qu’elle soit prenait toute sa valeur selon le ou les interprètes. Et même si c’est un peu hors sujet, j’ai eu envie de vous faire partager cela:

C’est ici

40)
fxprod
, le 08.05.2008 à 23:42

Je vais faire mes courses cet après-midi dans une grande surface, à la caisse je reçois un cd de musique classique en cadeau, je le place dans le lecteur de la voiture, le 1° morceau du Mozart, cela m’a vraiment surpris après cet excellent billet de François Charlet.

41)
Inconnu
, le 09.05.2008 à 00:48

Une dernière chose: il faudrait rectifier le lien renvoyant à l’article de Wikipedia sur Einstein. Le bon lien devrait être http://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_Einstein (c’est en effet le musicologue Alfred Einstein qui a révisé le catalogue de Koechel, et non son presque homonyme Albert).

Corrigé ! Et merci encore pour votre mail ! :-)

Et merci encore pour tous vos commentaires qui me touchent et me font très plaisir…

@ bgc : j’ai l’impression d’entendre les commentaires qu’on fait à mon père quand il parle de musique…

42)
Okazou
, le 09.05.2008 à 01:36

« Tous les talk shows actuels, en comparaison, sont pitoyables. »

Tu ne regardes sans doute pas « Ce soir (ou jamais !) » sur France 3, excellente émission de débat excellemment animée par l’excellentissime Frédéric Taddéi. ;-)

•••

Merci François pour ce joli papier sur Mozart. Sans être un de ses amateurs les plus acharnés (mais j’adore le Requiem que je peux écouter en boucle pendant des heures) je me sens désarmé face à lui, incapable de trouver un angle qui permettrait d’être un peu critique. Bas les armes !

43)
Argos
, le 09.05.2008 à 09:13

Okazou, tu ne regardais pas Polac dans ses grands moments. En plus, c’était superbement réalisé. Taddei, c’est bien terne en comparaison. Et l’émission de Polac a été supprimée parce qu’il disait à l’antenne que TF1,rachetée par Bouygues, c’était une télé de m… (il entendait une télé de maçon, bien sûr…)

44)
zit
, le 09.05.2008 à 11:01

Ah, oui, merci François, j’aime beaucoup aussi, en particulier le “Tuba mirum” du requiem dans la version dirigée par Peter Schreier, mais aussi ses Opéra, c’est vrai que la Reine de la nuit… Mais en classique, les interprétations sont bien sûr très importantes: Le clavier bien tempéré (de Bach) interprété par Murray Perahia me semble bien pâle (voire chiant, attention, je ne dis pas qu’il joue mal!), comparé à la fougue d’un Glenn Gould, et là, ça devient sioux, de savoir laquelle des nombreuses versions d’une oeuvre on va aimer…

z (c’est Mozart qui rencontre Bach dans les rues de Vienne –bon d’accord, il est né 6 ans après la mort de Bach, mais bon, on fait ce qu’on veut, c’est moi qui raconte– et ils décident d’aller boire un coup, le serveur demande à Bach ce qu’il veut boire, il dit: un baby et Mozart dit, bin moi aussi, un baby comme Bach, je répêêêêêête: c’est phonétique)

45)
Anne Cuneo
, le 09.05.2008 à 15:43

Je sens que je vais mettre les pieds dans le plat… Après avoir vu Amadeus (qui est un film anglais, quel que soit le fric qui l’a produit), j’ai lu la correspondance de Mozart de A à Z, et je me suis penchée sur Salieri.

L’attitude de Salieri face à Mozart n’était pas aussi haïneuse que le film la fait (pour des raisons de tension dramatique – un film historique de fiction n’est jamais à 100% exact, justement parce qu’il faut créer une tension dramatique), mais Salieri n’était pas un type particulièrement sympa. Si on compare les bras grand ouverts de Haydn tout au long de la vie de Mozart (et après sa mort Haydn a dit que ce jeunôt qu’il avait vu naître était son maître), la réserve de Salieri frappe. Il n’avait pas vraiment de sourires à perdre pour le “petit”.

Le fait que Mozart était gaucher et non droitier… excuse-moi, mais le comédien qui le joue est très Mozart, et s’il était droitier, c’était tout de même le moindre détail. Je trouve que le film rend bien l’esprit du compositeur, c’est un spectacle magnifique, et la musique est sublime.

Et enfin, je voudrais contredire l’affirmation que Mozart n’était pas un rigolo: lisez ses lettres, et vous vous convaincrez du contraire. Coluche aussi était dépressif, ça ne l’empêchait pas d’avoir un sens aigu de l’humour et d’être drôle. J’ai souvent ri en lisant les lettres de Mozart, je ne les ai pas sous la main et ne peux pas donner d’exemple. Il ne faut pas confondre le côté dépressif des gens avec leur capacité à faire rire les autres: il y a des gens qui font ça très bien, ne serait-ce que pour masquer qu’ils vont mal.

Cela dit, à moi aussi Mozart tire les larmes, et quand j’écoute le Requiem je n’arrive même pas à boire un café, ça me prend complètement. Mais chez Mozart, tout me touche. Il est le seul. J’aime beaucoup de morceaux de musique classique, de beaucoup de compositeurs, mais chez Mozart je les aime tous.

46)
Anne Cuneo
, le 09.05.2008 à 15:49

Je suis sous Windows, mes à-la-ligne n’ont pas pris et mon texte est tout d’un bloc. J’ai voulu y ajouter une phrase, mais je crois qu’elle n’a pas été prise en compte.

J’avais donc voulu dire que le film Amadeus rend très bien l’esprit de Mozart à mon avis, en dépit de ses inexactitudes. Mozart avait beaucoup d’ennemis dans le monde musical, même s’ils ne s’appelaient pas Salieri. Le comédien est étonnant (il a si bien incarné Mozart que plus personne ne lui a donné de rôle dans un film par la suite, tant il était typé) et la musique sublime.

47)
Okazou
, le 09.05.2008 à 19:33

« Okazou, tu ne regardais pas Polac dans ses grands moments. En plus, c’était superbement réalisé. Taddei, c’est bien terne en comparaison. »

Au contraire, je n’ai pas raté une émission de Polac, ce grand bazar anar ou la libre parole n’était pas qu’un mot. Une merveille de télévision.
Taddéi n’est pas Polac, bien sûr, et son émission est plus calme, sans doute. Quoique ne manquant pas de moments forts. L’intérêt des sujets traités, la qualité des invités (et la composition du plateau), leur renouvellement (aucun invité n’a reçu d’abonnement, comme souvent ailleurs : maudits éditorialistes qui squattent à tout va les plateaux !), les interventions très intelligentes, très maîtrisées et très ciblées de Taddéi (un grand pro dans son art) font que « Ce soir (ou jamais !) » est devenue une des mes émissions préférées aujourd’hui. Elles sont rares.

48)
bgc
, le 09.05.2008 à 19:52

Un jour, il y a pas mal d’années, la veille d’un départ pour les USA, j’écoutais pour la première fois un enregistrement du Requiem de Mozart. Et tout à coup, je me suis surpris à penser ( si, si , ça m’arrive) :”Mais qu’est-ce que je vais faire aux USA? Tout ce dont je peux rêver est là, dans cette musique”.

Je suis quand même parti. Mais jamais, ensuite, je n’ai ressenti cela en ré-écoutant le Requiem. Mystère…

Et maintenant, une autre petite séquence émotion. Le rapport avec Mozart? le jeune âge, peut-être :-))

Voici Connie

49)
Inconnu
, le 09.05.2008 à 21:32

@ Anne : je n’ai aucunement critiqué le jeu des acteurs bien au contraire, si tu me relis…

Concernant le fait que Mozart était gaucher, j’ai aussi précisé que c’était un détail peu important.

Quant à Mozart qui passe pour un rigolo, j’ai également lu quelques unes de ses lettres (son père, notamment) et il plaisantait beaucoup parfois. Mais le terme rigolo était peut-être inapproprié… Je ne sais pas vraiment comment le dire autrement…

D’ailleurs, Anne, j’attendais un commentaire de ta part avec impatience et appréhension, vu que je me doutais que tu connaissais aussi un peu (voire bien) le sujet. :-)

50)
coacoa
, le 13.05.2008 à 10:14

Je ne sais pas qui est le plus grand compositeur de tous les temps, et sans doute ne le saurai-je jamais vraiment.

Cela dit, je partage tout à fait l’avis de Mstislav Rostropovitch, « Une seule goutte de Bach vaut une citerne d’autre musique » .

Je n’échangerais mon baril de Bach contre aucune autre lessive.

51)
Idefix
, le 21.07.2008 à 23:23

Merci pour cet article que j’ai découvert un peu par hasard, et qui est fort intéressant.

J’ai eu le même ressenti sur le film, qui est tellement bien fait que l’on a l’impression que c’est vrai, malgré toutes les libertés prises avec la réalité historique. C’est vrai que le scénario retenu sert l’intrigue du film, mais je ne compte plus le nombre de personnes qui ont pris ça comme argent comptant.

Sinon, même si Mozart n’est pas mon compositeur préféré (devancé par Beethoven, Schubert et Bach), il s’agit bien d’un authentique génie de la musique. Ce qui m’impressionne le plus c’est qu’il a été capable, après avoir écouté le Miséréré de Claudio Allegri , de le retranscrire intégralement par écrit une fois rentré chez lui. La partition de cette oeuvre était en effet tenue secrète et ne pouvait donc être interprétée qu’en un seul endroit (je ne me souviens plus très bien où je crois que c’est en Italie). Comme quoi on peut Mozart a aussi inventé le piratage musical, mais lui n’avait pas de magnétophone !

Pour le concerto pour clarinette, je “l’entends” très bien, et oui ce deuxième mouvement est superbe. Je conseillerai vivement à titre personnel le concerto pour piano n°23, surtout le deuxième mouvement (l’Andante) qui confine au sublime et qui moi aussi me tire les larmes des yeux…

Sinon j’aime bien la phrase célèbre : après une musique de Mozart, le silence qui suit est encore de Mozart…