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Le bonheur – professionnel – est-il dans un pré ou un avion ?
Vous vous en souvenez peut-être, Enfant et Adolescent doivent tous subir la même question : "et toi, qu'est-ce que tu veux faire quand tu seras grand ?"

Pour ma part, à cette question, j'ai répondu au fil des années "nageuse de course", "maman", "assistante sociale", "écrivain", "chirurgienne", "journaliste" et "traductrice".

Ainsi, un jour, Adolescent(e), ayant atteint l'âge adulte, devient informaticien, infirmière, linguiste ou encore réceptionniste, boulanger, graphiste, couturière, historienne, peut-être aiguilleur du ciel, cuisinier ou opticienne.

Le seul métier de ma liste d'enfant que j'ai acquis est celui de traductrice, que j'ai rapidement trouvé trop difficile pour moi : alors que je pensais que les compétences d'un traducteur seraient autant de "ponts entre les peuples" (on est grandiloquent à 18 ans), j'ai réalisé que je n'étais pas faite pour la "solitude", même si elle était relative, face à un texte dont je n'étais pas l'auteur et avec lequel je n'étais pas forcément d'accord.

Parfois, Adulte conserve la même profession durant tout son cursus, évoluant d'employeur en employeur, ajoutant des compétences particulières à sa formation de base au gré de ses tâches mais restant toujours ou horloger ou coiffeur.

D'autres personnes en revanche changent complètement de domaine d'activité, de gré ou de force, par choix ou parce que leur métier ne leur convient plus, respectivement ne leur plaît plus. Parce que je ne me voyais pas passer ma vie avec mes dictionnaires comme seuls interlocuteurs, je suis devenue assistante de direction.

A mon grand étonnement, ce premier revirement professionnel a suscité quelques réactions, allant toutes dans le même sens : "franchement, t'as tort de changer de métier, traductrice, c'est quand même beaucoup mieux qu'assistante de direction".

Ce qui m'amène forcément à la première question : "qu'est-ce qu'un métier bien" ?

J'ai exercé la profession d'assistante de direction durant un peu moins de deux ans pour finalement admettre que si je m'amusais relativement bien, notamment grâce à la présence de supérieurs pas trop conventionnels et d'une collègue en or, je ne me voyais pas répondre au téléphone et organiser des voyages d'affaires jusqu'à la fin de ma vie. Repartie sur les bancs de la fac de droit, j'ai à nouveau entendu passablement de commentaires, très "élogieux" cette fois-ci : "avec des études de droit, au moins, tu vas pouvoir faire carrière" !

Ce qui me conduit inexorablement à la deuxième question : "que signifie faire carrière ?"

A l'interrogation initiale, je répondrais qu'un métier est "bien" (pour moi) lorsque différents critères sont cumulativement remplis : je pense notamment à "contacts fréquents" (dans l'entreprise ou avec des partenaires externes), "indépendance" (dans l'organisation, dans l'exécution), "variété dans les tâches", "évolution de la profession". Cette liste fait, je l'admets, abstraction d'un point essentiel : "se sentir capable d'acquérir les connaissances nécessaires à la profession". Parce que si la profession de médecin remplit toutes les exigences citées, je sais que jamais, je n'aurais été capable de devenir pédiatre, cardiologue ou dermatologue : la vision du sang me fait tourner de l'oeil et l'odeur du "vomi" me soulève le coeur !

Je sais toutefois que dans l'esprit de beaucoup de gens, le terme de "métier bien" signifie "métier ayant un certain prestige" : ainsi, il existe beaucoup de personnes qui considèrent que fleuriste, c'est "moins bien" qu'instrumentiste en salle d'opération ou que luthier est "mieux" que contrôleur des finances. J'ai toujours pensé et continue de croire qu'un tel classement est stérile et navrant.

La question de la "carrière" est, à mes yeux, nettement plus intéressante. A vingt ans, "faire carrière" signifiait pour moi avoir la possibilité de me consacrer en gros corps et âme à ma profession, pour devenir une espèce de "pointure" dans ma branche. A trente ans, j'ai réalisé que tous les succès professionnels du monde n'étaient pas grand-chose si le temps libre (loisirs, famille, sport, culture) était entièrement englouti par les dossiers et les affaires à traiter, un chèque mensuel conséquent ne permettant pas d'acheter des amis et des soirées passées à refaire le monde autour d'un bon repas.

Aujourd'hui, à presque quarante ans, je dirais que je ne fais pas une carrière "classique" puisque que je ne publie pas d'articles juridiques allant passer à la postérité et que mes avis de droit n'intéressent que mon voisin de bureau. En revanche, ayant trouvé un emploi à temps partiel qui me captive tout en me laissant le temps de me spécialiser en dessins de dragons et en circuits de voitures avec mes deux enfants, je répondrais que oui, je fais une "sorte" de carrière, dans un équilibre parfois précaire : certaines séances indispensables m'imposent de supprimer de temps en temps le cours de judo de mon aîné et certaines réunions de parents me conduisent à ne pas participer à une conférence d'un prof de droit émérite.

Et vous ? Votre métier est-il de ceux qu'on considère comme "bien" parce que jouissant d'une certaine considération (je n'ai jamais entendu un chef d'orchestre se faire incendier par son voisin de table lors d'un dîner mondain) ou devez-vous, au contraire, subir éternellement les mêmes remarques "franchement, les flics, y sont jamais là quand il faut mais pour vous coller une bûche parce que vous avez dépassé de douze minutes le temps de stationnement autorisé, y sont forts !", avec le sempiternel "les profs, y sont quand même gonflés de faire la grève, quand on sait les vacances dont ils bénéficient !"

Et vous ? Estimez-vous "faire carrière" ou avez-vous le sentiment d'être englué dans un train-train qui vous mine le moral ?

Une chose est sûre : si vous avez le temps de me lire en ce lundi durant les heures dites "ouvrables", c'est que vous avez un métier qui vous laisse parfois quelques minutes de répit !

53 commentaires
1)
tabaluga72
, le 04.02.2008 à 00:40

Bonjour ;-)

Voilà moi, mon métier me permet de rentrer tard le soir et de lire les articles de CUK bien avant les autres. De plus quand je rentre, je peux faire ce que je veux, ma femme dors déjà. Donc je peux mettre les pieds sur la table en buvant des bières et en regardant la télé.

Je travaille la majorité des week-ends donc j’échappe au sortie shopping et autres repas de famille. De plus tous les étés je bosse, alors pas de problème de bouchons pour moi.

Bref que du bonheur.

Et oui, je suis cuisinier. Plutôt chef de cuisine, ce qui veux dire aussi du boulot à la maison. J’aime cusinier, j’aime mon métier, mais plus je vieilli, plus je considère que ma vie familiale est bien plus importante. Pour en rajouter il m’est de plus en plus difficile de supporter le vie à part que je mène, et de ne pas voir ma femme tous les soirs et tous les week-ends.

Le métier de cuisinier dans le pays où je travaille n’est pas très bien considéré. En fait devient cuisinier celui qui ne peux pas faire autre chose. Mais je suis Français, et là c’est pas pareil.Ça aide beaucoup.

Je ne sais pas ce que c’est de faire carrière dans la cuisine. Est-ce que c’est c’est devenir chef de cuisine? Travailler dans un restaurant étoilé? Avoir son propre restaurant? Sortir un bouquin? Si il y un autre cuisinier dans le coin, venez à mon secours.

Yannick

2)
levri
, le 04.02.2008 à 00:48

Pendant longtemps j’ai fait uniquement ce qui me plaisait, avec le résultat accessoire de gagner parfois de quoi subvenir très largement à mes besoins, et à d’autre moments de devoir envisager un boulot “alimentaire” pour quelques mois.

Je trouve qu’un métier “bien” ou “pas”, c’est juste une manière de voir dénuée de sens! Ce qui est bon pour l’un ne le sera pas pour l’autre, et un éboueur est tout aussi utile qu’un médecin.

Faire carrière, je n’y ai jamais pensé. Si j’ai le temps de lire, c’est que je l’ai “pris”, je ne dors pas beaucoup et cette heure n’est pas ouvrable :D

Voili, j’ai complété le questionnaire de Maame Poppins ;)

J’écoute Welcome To The Working Week d’ Elvis Costello sur l’album My Aim is True

3)
Anapi
, le 04.02.2008 à 03:11

Un jour, un DRH a qui je posais la question de la ‘carrière’ dans son entreprise m’a dit ceci : “L’ambition se mesure aux sacrifices que l’on peut faire supporter à sa famille.” Et la carrière s’en déduisait. J’ai dit merci sans façon, et depuis je fais ma carrière à moi.

Je croise depuis des tas de gens qui font effectivement carrière au sens de ce DRH. Leur famille n’est pas toujours brillante, mais plus que ça j’ai constaté que ces gens arrivent parfois aigris à la retraite. Ils ont pour certains choisi des postes qui ne leur plaisaient pas, uniquement parce qu’ils menaient à d’autres postes du même genre mais mieux considérés. Une vie entière à déménager pour courir après la considération… et se rendre compte qu’on n’a rien fait de sa vie, à part remuer.

4)
François Cuneo
, le 04.02.2008 à 05:32

J’ai vu une enseignante dire à un élève “Si tu continues à ne rien faire, tu finiras caissière à la Migros”.

Super, surtout que la maman de l’enfant était… caissière à la Migros.

Personnellement, le boulot idéal, à part le fait d’être décalé tout le temps, comme tabaluga72, c’est boulanger. J’adore les boulangers, j’adore la matière de la pâte à pain, je trouve qu’un bon boulanger est un vrai artiste.

Quant à mon métier, instituteur, tu posais la question Madame Poppins, de savoir si nous n’en avions pas marre de nous voir balancer les mêmes “vous êtes bien assez payés, vous avez de grandes vacances, et vous faites la grève”, je ne répondrai qu’une chose…

Allez voir le commentaire de ToTheEnd par rapport à mon passage sur le D3 que je retranscris ici “Je comprends mieux ces manifestations maintenant… pas facile de suivre ces évolutions technologiques avec un salaire d’instit.”

Je suis un peu fatigué de tout ça…

Comment ça manque d’humour?

Mais au bout d’un moment, on en n’a plus… C’est comme les gags sur les chauves, quand t’es chauve, ben au 5000e gag, on sourit pour ne pas vexer l’autre, mais on en a gentiment ras la patate…

5)
jeeper
, le 04.02.2008 à 07:24

J’ai toujours voulu voler, depuis ce que l’on appelle “la plus tendre enfance”, et j’ai passé ma vie à voler, satisfaisant ma vocation d’enfant dans une vie professionnelle d’adulte bien remplie. Je ne me suis jamais ennuyé un seul instant, même plutôt éclaté dans mon travail, et je continue !

Soyez rassuré, je mesure certes ma chance exceptionnelle, mais il n’y a pas eu que la chance: il a fallu bosser dur, les licences, les contrôles, les complications de l’entreprise et ses situations ou la politique intérieure l’emporte sur la raison … Il m’a souvent fallu me battre, batailler très fort même parfois … Mais je crois que quand on veut très très fort faire quelque chose, il ne faut jamais lâcher et on finit par y arriver !

Allez, je redécolle dans pas longtemps :o)

6)
coacoa
, le 04.02.2008 à 07:52

Ah ben moi, j’exerce un métier perçu de manière paradoxale…

– Qu’est-ce que vous faites dans la vie ?

– Je fais du théâtre.

– Ah, magnifique, quelle chance ! Et comme métier ?

– Ben, c’est mon métier…

– Ah ?! (grimace gênée)

Mon métier est à la fois très bien considéré (“Ah, artiste ! Le plus beau métier du monde !”) et à la fois totalement déprécié (“ces gens qui ne foutent rien et qui sont tout le temps au chômage”).

Je ne sais pas si cela a vraiment à voir avec tout ça, mais je conseille à ceux qui en ont le temps, l’envie ou la curiosité d’aller lire cet entretien essentiel avec Gilles Deleuze, philosophe.

Et si cela vous intéresse, ce magnifique entretien (quand la télévision faisait des choses intéressantes) extrait de l’abécédaire du même Deleuze. (Si vous trouvez ça trop long, placez le curseur sous la lettre “t” du mot résistance, c’est beau, terrifiant et jouissif à la fois… “S’il n’y avait pas les arts… Mais la vulgarité des gens…”).

Je crois qu’il explique mieux que je ne saurai jamais le faire les raisons qui conduisent nos gestes créateurs, ni nécessaires, si futiles.

7)
Gr@g
, le 04.02.2008 à 07:56

ma définition du terme de carrière est plutôt celle-ci: “la trajectoire professionnelle”. Donc, nous faisons tous une carrière…

J’aurais envie de parler des notions suivantes, sources de débats entre les “anciens” et les “modernes” de mon métier (animateur socioculturel): “vivre pour travailler ou travailler pour vivre?”

Je suis clairement partisan de la notion du travail pour vivre, car si le travail permet d’être valorisé, de sortir du cercle familial, … et de gagner de l’argent (quoique travail = argent???), je suis ce que je suis avant tout grâce à ma vie privée. Ce qui n’est pas évident avec un boulot comme le mien, avec des horaires plutôt irréguliers (soirs, week-end, mais sans le côté récurrents de ces horaires comme boulanger ou cuisinier). Ma femme est institutrice, dont c’est encore assez facile de s’organiser. Je suis par contre admiratif d’une collègue qui vit avec un chauffeur de transport public… là, l’organisation de la vie privée devient complexe…

Mon métier est également source de stéréotypes fatigants, mais encore davantage de réelles méconnaissances. J’ai construit peu à peu plusieurs manière de l’expliquer, selon les connaissances et les avis concernants les métiers du social de mes interlocuteurs… et cela, pour l’instant, ne m’use plus, car en expliquant ce que je fais, j’ai l’impression d’aider à faire reconnaître mon métier.

8)
Caplan
, le 04.02.2008 à 07:59

J’ai toujours voulu voler, depuis ce que l’on appelle “la plus tendre enfance”, et j’ai passé ma vie à voler,…

Ah? Tu bosses à la Société Générale?

Je suis instit’ et j’aime bien rigoler de temps en temps, même avec mes élèves!… ;-)

Milsabor!

9)
Roger Baudet
, le 04.02.2008 à 09:18

La notion de “faire carrière”, c’est l’investissement que chacun voudra bien fournir pour une profession.

La notion de “prestige” d’un métier est beaucoup plus insidieuse, car variable. L’instituteur a passé du statut de “dépositaire du savoir” à celui de “planqué”. Médecin ou avocat, c’est sérieusement en perte de vitesse, car “ça eu payé, mais ça paye de moins en moins” ! Policier scientifique, ça remonte bien ces temps, notamment grâce au séries télé ! Le bâtiment, après des années de mépris, commence à retrouver de l’intérêt chez certains jeunes.

Bien sûr, tout cela devrait être absurde, mais nous subissons de plein fouet ces jugements de valeurs et cela peut peser sur le moral. On a beau aimer son métier, si les autres ne l’apprécie pas, c’est dur à vivre.

Comme je suis “artiste” comme coacoa, je pratique une profession “douche-écossaise”. Quand la carrière va bien, vous êtes le roi, celui qu’on admire. Quand elle va moins bien, vous êtes “celui qu’il faut éviter car totalement inintéressant”. J’ai plusieurs copains qui passent régulièrement d’un état à l’autre !

10)
Marc2004
, le 04.02.2008 à 09:42

Et si c’était tout simplement “faire bien” son métier la clé du bonheur professionnel?

Je fais le métier choisi pendant l’enfance (classe de 3è). Il m’a donné de grandes satisfactions, du stress et des coups de blues, comme tout le monde… je m’applique à le faire “bien”, et cela formate en fin du compte le “retentissement familial” et la “carrière” dont vous parlez Mme Poppins.

Ma grande fille (terminale S) se lance dans le même métier l’année prochaine (du moins elle va essayer). Mon fils (en seconde) envisage aussi la même chose (il a encore le temps). Quelque part cela doit avoir du sens, non? Pourtant, en plus des journées, il y a aussi des nuits et des WE de travail: le retentissement familial n’est pas toujours la charge de travail ou l’absence. Ce peux aussi être l’image rendue de ce travail. Quand à la carrière, le seul vrai piège est le syndrome de Peters.

C’est vrai qu’à 64 ans, le corps souffre davantage; c’est vrai que les jeunes ne vous font pas de cadeaux; c’est vrai que…mais c’est aussi ça être vivant.

Je le crois vraiment: faire bien ce que l’on a à faire vous rend heureux professionnellement. Ce qui n’empêche pas les hauts et les bas, mais aide à les surmonter. Bonne journée.

11)
Eniotna
, le 04.02.2008 à 09:50

Ah ben, ça va finir par ne plus m’étonner qu’à demi. Comme souvent quand nos deux éminents cukiens sont présents, je me retrouve aussi bien dans un aspect du billet de M’ame Pop’ que dans une facette du commentaire de François. Ben oui, comme François, mon métier de rêve à douze ans c’était boulanger. Je prenais mon pied en triturant la bonne pâte à pleines mains, puis en épiant longuement, menton sur les poings devant le four, brunir lentement la brioche, le cake ou la tarte dont les enivrants effluves m’annonçaient déjà les félicités à venir. Mais voilà, c’était toujours la narine humide et un mouchoir à portée de main: eh oui, j’étais allergique à la farine… Alors, faute de prières suffisamment insistantes à Saint Honoré patron des boulangers et Saint Michel patron des pâtissiers, j’ai dû remballer mon cube de levure et mon rouleau à pâte.

Les deux compères m’ayant donc posé un lapin (en pâte à tresse), c’est vers leur collègue Saint Jérôme que je me suis tourné. Après bien des slaloms c’est vrai, mais il m’accueillait les bras grands ouverts au bas de la pente. Je vois une main qui se lève, dans le fond…? Non, ce n’est pas le patron des skieurs, mais celui des tra…? Des tra…? Oui, bravo, des traducteurs, il y en a au moins un qui suit. Voilà, c’est ici que je croise la route de Madame Poppins! Sauf que, pour en arriver là, je suis passé tour à tour par les cases “employé de banque”, “responsable des examens psychotechniques pour futurs conducteurs de véhicules à moteur de l’armée” (y en a un peu plus, je vous le mets quand même?), “rédacteur du journal du personnel” et “porte-parole d’une grande entreprise”, notamment, mais que tout me ramenait à ma passion de l’écrit et des langues, bref à la traduction.

Là où je peine à te suivre, m’ame Pop’, c’est quand tu pointes le doigt sur l’aspect solitaire du traducteur. Car ce n’est qu’une apparence. Certes beaucoup, tant parmi ceux qui travaillent en entreprise que parmi les indépendants, ont plutôt tendance à se retirer dans leur bulle, les yeux rivés sur leur écran. Mais il leur faut bien de temps à autre aller consulter un document, poser une question à un collègue plus calé sur le sujet du moment, aller voir un spécialiste du domaine ou lui téléphoner – c’est l’essence même du métier. Bien sûr tous n’ont sans doute pas la patience ni la motivation d’être toujours aussi consciencieux (il y a heureusement beaucoup de tradocteurs, mais hélas trop de trouducteurs…). Un “vrai” traducteur le reste en général après avoir quitté le bureau: autour de lui tout est matière à curiosité, toute information peut servir un jour ou l’autre. Pour être crédible et efficace dans le métier, il faut souvent en savoir plus (ou à tout le moins autant) que l’auteur sur le thème à traiter, aussi bien pour comprendre en profondeur le texte original que pour en déceler les éventuelles incohérences et finalement en restituer l’essence et la mettre à la portée du public visé sans trahir l’auteur.

Le traducteur est donc en général habité par une soif de savoir et de comprendre qui l’amène à s’intéresser beaucoup, à lire beaucoup, à sortir autant que possible. Alors même s’il semble souvent recroquevillé sous sa carapace avec juste un mégot écrasé et un fond de café froid qui dépassent, le bougre (ou la bougresse, tant il est vrai que la parité va finir par être une revendication masculine dans la profession…) cache en général bien son jeu!

Voilà voilà, je digresse, je tartine, et pendant ce temps ma prochaine traduction attend. Allez zou, c’est lundi, on y va!

Eniotna

12)
Saluki
, le 04.02.2008 à 09:53

J’ai d’abord eu les dents qui rayaient le parquet ( normal, pour un soixantehuitard et vu sa taille disent les mauvaises langues).

Ensuite j’ai pensé que la satisfaction du travail bien fait et du bonheur familial suffisaient et j’ai réorienté ma “carrière” en fonction de ces critères.

J’y ai ajouté sur le tard “contribuer au bien de la Cité”.

Je me regarde dans la glace sans ciller en me rasant.

13)
alec6
, le 04.02.2008 à 09:57

Excellent Caplan !

Bon… je retourne à mon “métier” de designer. Y parait que c’est à la mode…

Merci pour les liens Coacoa…

14)
alec6
, le 04.02.2008 à 11:08

Je viens de lire et d’écouter les liens donnés par Coacoa vers les interviews et conférences de Gilles Deleuze. Ses textes sont incontournables.

Créer, c’est vraiment résister, résister à la médiocrité, à la bêtise… résister au temps comme le dit Malraux (L’art est un anti destin).

15)
Leo_11
, le 04.02.2008 à 12:26

J’ai une profession qui avait de la valeur du temps du Roi Soleil… regardez le Nôtre qui était fort apprécié par son boss (Louis donc…) puis elle est devenue la profession du “bobet” du village dévalorisée à l’extrême… donc on me disait « t’es jardinier…??? » avec un certain dédain… j’ai même un ancien collègue qui s’est vu refusé une poignée de main car “jardinier” par un médecin… triste…

J’ai croisé passablement d’architectes sur des chantiers qui me disaient « vous êtes le jardinier vous ? Vous avec quoi comme titre ? Ah une maîtrise fédérale quand même ?? »

Puis je suis devenu enseignant de branches techniques pour les apprentis dans une école professionnelle… et du coup je suis passé dans le camp des “Monsieurs”…

C’est fou comme un “titre” ou une légère bifurcation professionnelle peut donner de la valeur à une personne…

Lorsque je travaillais dans les bureaux techniques des entreprises de paysagisme je faisait des journées de 12heures au minimum et je n’ai pas vu grandir mes enfants… alors maintenant c’est vrai que j’ai un horaire à rendre jaloux tous les ouvriers du pays, c’est vrai que j’ai la chance d’avoir beaucoup de vacances… mais ma vie de famille s’en ressent… c’est que du bonheur… et ma petite Bubulle (6 ans) en profite un max, les autres sont maintenant tous de jeunes adultes, mais il en bénéficient également…

Oh comme je te comprends François…

16)
JCP
, le 04.02.2008 à 12:32

Mme Poppins c’est le Delarue de Cuk!

17)
coacoa
, le 04.02.2008 à 12:34

Merci pour les liens Coacoa…

Avec grand plaisir.

18)
FT'e
, le 04.02.2008 à 12:58

C’est fou comme un “titre” ou une légère bifurcation professionnelle peut donner de la valeur à une personne…

Ah ! s’il n’y avait que ça. Les habits, la voiture, la montre, ou même la couleur de la carte de crédit changent beaucoup de choses. C’est d’un crétin.

Je suis développeur. C’est mon job, ma passion, et j’en suis passablement content. Je suis aussi entrepreneur, depuis toujours. C’est incroyable la difference de réactions entre “j’écris des logiciels” (ah ouai, bof), “j’écris des logiciels sur Mac” (tiens, sympa ! c’est pas commun) ou “j’ai ma propre entreprise de développement” (wouaou). Ces temps, j’aime répondre que je bosse chez moi à 80% pour passer du temps en famille. Regards étonnés et changement de sujet, ça n’intéresse pas vraiment.

Mais je peux comprendre ces réactions, d’autant que moi-même, je l’avoue bien que ça ne me fasse pas plaisir, j’ai les mêmes échelles de valeurs préconçues et stupides. Je lutte contre très fort et j’essaie de ne pas transmettre ma stupidité à mes enfants.

Par contre ce que je ne comprends pas, c’est la différence de traitement que j’ai observée entre “je sors ma visa classique” et “je sors ma visa gold”, en particulier dans les aéroports. Le billet business class, c’est une chose, mais le billet business class + carte gold = applatissage et accompagnement au VIP lounge. Sans que je n’ai rien demandé.

Mais finalement, ce que je trouve le plus affligeant pour ne pas dire odieux, c’est la différence de traitement entre “je suis maman à la maison” et “je suis papa à la maison”. Le premier ne sussite bie souvent aucun intérêt ni respect alors que le second débouche sur une conversation animée avec en conclusion que c’est un choix respectable et pas facile. Je ne sais pas comment le prendre à dire vrai. C’est un incroyable mélange d’irrespect, de sexisme et d’un je ne sais quoi d’insultant, comme si les hommes étaient moins capables à la maison que les femmes et que c’est un plus grand effort pour eux.

Mais quelle était la question déjà ? Ah oui, le bonheur professionnel. Je ne vais pas entrer dans une discussion philosophique sur la course au bonheur, disons simplement que je ne crois pas au Bonheur. J’ai pu maintenir un équilibre entre mon travail, mes loisirs et surtout ma famille, et ma famille et moi-même nous en portons fort bien. Je crois que tout est là, dans cet équilibre délicat. C’est à la fois très simple et très compliqué. :)

19)
ysengrain
, le 04.02.2008 à 13:50

A titre anecdotique, on disait que “faire la Carrière” était être diplomate et avoir une fonction aux ministère des affaires étrangères.

Je connais de manière plus ou moins proche 3 professions -Infirmière -luthier -médecin Il me semble qu’on peut adjoindre aux 3, l’adjectif “bien”. Il s’agit de métiers, me semble t il, qui inspire une certaine forme de respect. Pourtant, la majorité des diplômé(e)s infirmières ne terminent, en France, pas leur carrière dans ce métier. Difficultés d’exercice, dureté du travail, des horaires, salaires.. La grande majorité des luthiers et autres facteurs d’instruments (les vrais, pas les rares qu’on voit à la télé), travaillent comme des fous sans sécurité (pas de commande=pas de boulot), pratiquement sans aucune reconnaissance soit médiatique, sans citation dans la majorité des livrets de CD. Et pourtant, les luthiers font carrière. Médecin: il y a une telle variété de type d’exercice qu’il est difficile d’y trouver un tronc commun. Il semble que la dégradation des conditions de travail soit la préoccupation à l’ordre du jour. Est ce un métier bien ? Je ne crois plus. Au temps où le médecin seul était au centre de la prise en charge, c’était “un métier bien”. Le niveau de la prise en charge de nos jours dilue en la multipliant les éléments de cette prise en charge. La considération “métier bien” me parait diluée d’autant. Pourtant rares sont ceux qui quittent le métier. Ils modifient leur pratique, justement parce que les nécessités de la prise en charge le demandent.

Alors, faire carrière c’est durer ? c’est continuer malgré les inconvénients ?

20)
coacoa
, le 04.02.2008 à 14:28

Pour en revenir à la question posée dans le titre, en réfléchissant, je me rends compte qu’il y a dans l’énoncé même quelque chose qui profondément m’intrigue depuis longtemps, c’est la question d’un bonheur “professionnel”, présupposant qu’il est une chose en soi.

Le “métier”, tel qu’il nous est représenté depuis toujours, c’est “ce avec quoi on gagne sa vie”, comme un “objet”, une “chose”, alors qu’il est – à mon sens et au vu du nombre d’heure qu’on lui consacre – une composante de la vie, “in-distinguable”. Pour moi, le “bonheur professionnel” n’a de sens que dans la perspective d’un “bonheur global” (je n’ai pas d’autre mot sous la main, mais sans doute tout cela a-t-il à voir avec la joie), dans la réalisation de ce que nous sommes amenés à être.

Je dis tout cela parce que je suis étonné de voir, entendre et lire combien de gens (dont de mes proches) se plaignent d’avoir “un boulot de merde”. Je ne les blâme pas, au contraire, et je les plains. Mais à aucun moment on ne leur a posé la “question” du travail.

Qu’est-ce que le “travail” ?

Les seules questions que l’on nous pose (des interrogations plutôt que des “questions”, d’ailleurs), c’est “qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?”. Mais qu’est-ce que “travailler” ? Qu’est-ce que cela a à voir (ou non) avec le fait de “devenir quelqu’un” ?

Cette distinction “vie/travail”, “réalisation professionnelle/bonheur global” est intéressante. On “partitionne” : métro, boulot, dodo, corps, esprit, gauche, droite. Ne divise-t-on pas pour mieux régner ?

“On est tous obligés de travailler pour gagner sa vie” qu’on m’a toujours dit. Qu’est-ce que “gagner sa vie” ? Gagner quoi ? Quelle quête ?

Dans les différentes formations que j’ai entamées (j’en ai même terminées certaines :-), nous n’avons que rarement abordé ces “vraies” questions. Je suis persuadé (c’est une conviction intime, en aucun cas une vérité) que potentiellement, elles contiennent les germes de la révolte.

21)
loulou
, le 04.02.2008 à 14:31

Un métier « bien » ? la définition est forcément très personnelle; pour moi, un métier est bien lorsqu’il sait se faire discret. Par là, j’entends qu’il doit apporter sa contribution à la recherche d’un équilibre de vie, sans prendre plus de place que nécessaire. Une des conséquences est la suivante : il faut qu’il soit suffisamment rémunéré pour que, même exercé à temps partiel, il permette de vivre décemment. J’attends également de lui qu’il me laisse de l’autonomie, de l’indépendance et qu’il m’offre une palette d’activités suffisamment variée.

Sur la base de ces critères, je suis arrivé à la conclusion qu’il fallait étudier un certain temps; il semble en effet qu’il y ait un lien, dont la justification est discutable, entre la durée des études et l’indépendance, notamment financière, que procure le métier qu’on exerce. J’ai, Madame Poppins, la même formation que toi, et en fonction des informations que tu distilles avec le temps, de plus en plus l’impression qu’on était en même temps sur les mêmes bancs… Cette formation, je ne l’ai pas utilisée comme un tremplin vers une carrière au sens où on l’entend en général. Ce qui m’amène à la deuxième partie de la réflexion : une carrière ?

Ma « carrière », c’est réussir à trouver un sens… à ma vie ! Actuellement, cette recherche prend la forme d’une quête vers l’Equilibre, entre le moi conjoint, le moi parent, le moi employé et finalement l’individu que je suis resté malgré toutes ces nouvelles attributions; entre le lien au couple, le cocon familial, la sphère professionnelle et ce type qui surnage tant bien que mal là dedans. Dans ce contexte, ma carrière au sens étroit, soit professionnelle, se déroule « tranquillement » en tant que simple collaborateur auprès d’une administration publique. J’y trouve une certaine indépendance, un employeur compréhensif envers mes obligations familiales, des tâches variées et une rétribution qui, même à temps partiel, me permet de contribuer raisonnablement aux besoins financiers de ma famille.

Voilà pour la description objective. Si on laisse la parole à l’ego, celui-ci dira comme il est parfois difficile d’être ainsi limité dans ses aspirations professionnelles, car ce n’est pas avec ce genre de poste qu’on va briller au firmament et révolutionner le monde. Il souffrira en lisant dans une revue spécialisée le CV d’un ancien collègue qui a donné plus de moyens à ses ambitions, constatera qu’en travaillant à temps partiel, on n’est ni tout à fait ici, ni tout à fait là, et finalement bien seul lorsqu’il s’agit de comprendre pourquoi, parfois, on se sent dépassé.

Mais l’un dans l’autre, ce parcours m’a donné la possibilité de faire des choix, et je suis bien heureux de ceux que j’ai faits jusqu’à présent ! à vrai dire, si je regarde en arrière, je vois que je me trouve là où je souhaitais être il y a quinze ans; une fois sur place, on constate toutefois que le point de vue est en partie différent que ce qu’on imaginait, mais que la vue / vie est belle !

22)
Tartopom
, le 04.02.2008 à 14:45

Comme Coacoa et Roger Baudet, j’ai une profession artistique. Pour rien au monde je ne ferais autre chose, même si je gagnais à l’Euromillion. C’est une chance d’avoir fait de sa passion son métier. Quand je vois tous les gens qui s’ennuient au travail et qui ne pensent qu’à leurs prochaines vacances… Moi, chaque matin, je sais pourquoi je me lève. Quand on est habité par une passion, je trouve que la question du “sens de la vie” devient futile, ou en tout cas, secondaire (j’ai toujours trouvé idiot, dans le film “le dîner de cons”, qu’on se moque des types qui font la collection des boomerangs ou construisent des tours Eiffel en allumettes: ce sont eux qui ont de la chance, ils ont une passion. La plupart du temps, les gens dépriment parce qu’ils s’ennuient).

23)
alec6
, le 04.02.2008 à 15:21

Merci m’sieur Henry !

Ces gens qui courent au grand galop
En auto, métro ou vélo
Vont-ils voir un film rigolo
Mais non, ils vont à leur boulot

Refrain
Le travail c’est la santé
Rien faire c’est la conserver
Les prisonniers du boulot
N’ font pas de vieux os.

Ils bossent onze mois pour les vacances
Et sont crevés quand elles commencent
Un mois plus tard, ils sont costauds
Mais faut reprendre le boulot

Dir’ qu’il y a des gens en pagaille
Qui courent sans cesse après le travail
Moi le travail me court après
Il n’est pas près de m’rattraper.

Maintenant dans le plus p’tit village
Les gens travaillent comme des sauvages
Pour se payer tout le confort
Quand ils l’ont, eh bien, ils sont morts.

Hommes d’affaires et meneurs de foule
Travaillent à en perdre la boule
Et meurent d’une maladie de cœur
C’est très rare chez les pétanqueurs.

24)
ToTheEnd
, le 04.02.2008 à 17:42

Rhhhoooo François, on peut rigoler ou bien? Je suis moi même un type qui mets de l’argent dans des niaiseries et ce n’est pas tellement de ça que je me moquais.

Ma remarque était plutôt liée à l’oisiveté débordante de ces manifestants.

Pour revenir au sujet, le beau ou grand métier reflète certainement plus la mentalité de nos grand-pères avec 80% des gens dans le secteur primaire que de la génération d’aujourd’hui. A l’époque, on travaillait aux champs, à la fabrique ou il y avait les autres, ceux qui étudiaient et devenaient médecin, avocat ou que sais-je encore.

Aujourd’hui, alors que près de 80% des gens travaillent dans le secondaire et tertiaire, les choses ont bien changé et tant mieux.

Enfin, il faut savoir que plus de 60% des gens ne travaillent pas dans la branche qu’ils ont étudié.

Pour moi, un “métier bien” reflète avant tout une “personne bien” qui sait faire la part des choses et s’intéresse autant à son expérience professionnelle que privée. Il y a là un équilibre à trouver qui n’est pas facile à mon sens.

T

25)
jeeper
, le 04.02.2008 à 18:13

Ah? Tu bosses à la Société Générale?

Comment t’as deviné ?

26)
jibu
, le 04.02.2008 à 19:44

Mde ils sont bien tes articles Mme Poppins, chaque lundi je me réjouis. Merci. Ma vie actuellement est une fuite, j’ai l’impression de tomber entre le boulot et le privé c’est paniquant. Tout vas pas trop mal dans les deux mondes pourtant. Mais Stop please. une pause, une vrai…

27)
Mirou
, le 04.02.2008 à 21:15

Bonsoir Madame Poppins,

Je m’adresse à vous directement, car ayant travaillé toute la journée (enfin la définition de travail étant ce qu’elle est), je n’ai pas eu le temps de correctement lire tous les commentaires pour répondre à tout le monde. J’ai juste parcouru.

Il y a un petit moment que je me questionne sur le sujet. J’en viens tout de suite à ma réponse, naïve. Mais dont je suis plutôt fier, parce que je la trouve bien formulée:

“Si on donnait enfin à tout le monde la possibilité de faire ce qui lui plaît dans la vie, le monde irait beaucoup mieux.”

Ce à quoi rajoute:

Tout être humain qui ne jouit pas librement de 70% de son temps doit être considéré comme un esclave.

Je m’explique.

D’une part j’ai été élevé par un vrai “workaholic”: mon père a passé une grande partie de sa vie dans son garage, autant pour des clients, que pour lui (il s’est construit une voiture de A à Z….). J’ai longtemps pris cela pour de “l’abandon de Famille”, mais je crois depuis un moment qu’en fait, il aimait vraiment ça.

D’autre part, j’ai eu droit à une “expérience de travail traumatisante” pour moi. Me retrouver assis à un bureau sans comprendre ce que j’y faisais, dans une entreprise dont le but m’échappait totalement. Par là j’ai compris que ce n’était pas le salaire qui m’intéressait dans un boulot, mais le but. J’ai donc démissionné, et deux ans après je lutte toujours pour retrouver une certaine forme de confiance en moi.

Pour revenir à mon auto citation. Je sais que c’est naïf, et probablement qu’on est bien loin de cette utopie-là. On me rétorquera déjà qu’il y a plein de métiers “ingrats que personne ne peut avoir envie de faire mais il faut bien que quelqu’un les fasse.” Et bien je suis pas sur. Personnellement, je ne pourrais pas être Caissier (A la Migros passe encore, mais chez Denner non merci): je ne suis pas assez méticuleux, et je m’ennuie vite. Mais la caissière de ma Migros, franchement, faudrait que je lui demande pour être sur mais, elle donne vraiment l’impression d’aimer ce qu’elle fait. Même choses pour les Contrôleurs des trains. J’ai fait concierge un temps et j’ai bien aimé, et depuis il m’arrive de rêver à faire éboueur. Pour un temps du moins. Donc, non seulement il n’y a pas de sots métiers, mais en plus je pense qu’il y a un métier pour chacun, et du monde pour chaque métier. ça c’était pour le “si on donnait la possibilité à tout le monde de faire ce qui lui plaît dans la vie”.

Maintenant, je travaille dans un milieu qui paie soit peu, soit pas. J’essaie de ne plus réfléchir par “ce mandat va me rapporter”, mais par “ce projet m’intéresse.” Et ça va vous paraître dingue (si vous lisez encore), mais depuis, je n’ai plus de soucis d’argent. D’une part, il vient plus facilement, parce que si je fais qqc par passion, je le fais bien, donc ça se sait, donc on me redemande, donc on me paie (enfin j’espère), d’autre part, comme le bonheur (dont parlait Coacoa plus haut), devient total dans ma vie (professionnelle et hors travail), je n’éprouve plus du tout de besoin de dépenser à tout va pour “ce manteau-que-je-mérite, cet ordinateur-dont-j’ai-besoin, ou de “critiquer-cette-grosse-conne-parce-que-je-suis-mal-dans-ma-peau. Bref. Je fais ce qu’il me plaît. Je ne suis plus frustré. Je réfléchis mieux, je suis plus posé.

Et si tout le monde faisait ça, je suis certain que le monde irait mieux. Donc pour en revenir à la question de base: franchement, “carrière”, “bon métier”, franchement, ça ne doit pas être un critère. Ce qui est important c’est de faire ce qui est bien pour soit: Homme au foyer, femme-grenouille, éboueuse, ou homme sage-femme… Tant qu’on y est bien…

28)
Mirou
, le 04.02.2008 à 21:23

PS: Coacoa vient de m’interdire de rentrer à la maison si je fais Eboueur un jour. Et bien, quand je pense qu’il a lu Deleuze toute la journée pour en arriver là…. :-)

29)
coacoa
, le 04.02.2008 à 21:26

Je vous jure…

30)
Madame Poppins
, le 04.02.2008 à 21:50

Tabaluga72, Etre “décalé” au niveau horaire, c’est le genre de choses qu’on classe dans la rubrique “pas très grave” quand on se passionne pour un métier à 18 ans : je me doute bien que des années plus tard, cela n’est pas évident à gérer au quotidien. Est-ce pour cette raison que les professions “décalées au niveau horaire” se fréquentent si souvent entre elles ? Je ne saurai répondre à la question de savoir ce qu’est la “carrière” dans le monde de la restauration mais je me dis qu’avoir un ami chef de cuisine, ça doit être drôlement sympa…

Levri :-))) rarement vu une personne qui dort aussi peu souvent que toi ! Quant à l’éboueur, franchement, sans lui, que serions-nous ! Un sociologue allemand avait fait une étude (sur laquelle je n’arrive plus à mettre la main malheureusement) montrant ce qui se passerait en Allemagne si toutes ces professions si mal considérées débrayaient pour 48 heures : une catastrophe sans nom ! Plus de poubelles vidées, plus de courrier trié, plus de viande dans les rayons etc etc….

Anapi, ce qu’ils restent à ces gens qui ont fait tellement de sacrifices et qui en ont imposé autant à leur famille, ce sont souvent des regrets et des photos… sur lesquelles ils ne sont pas parce qu’ils étaient au boulot, manquant Noël, les premiers pas du premier, la remise de diplôme du second….

François, cheveu ou pas cheveu, faut encore avoir la “bonne” couleur…. les gags sur les blondes, ça finit aussi par lasser ! Même si dans mon cas, je suis bel et bien la blonde de service en matière informatique !

Jeeper, voilà un commentaire qui ferait rêver bien des jeunes : pilote tient quand même le haut du panier chez beaucoup, non ? Et je me doute bien que pour atteindre cette part de rêve, il y a aussi eu le boulot, les épreuves à passer et… les chambres d’hôtel, les horaires irréguliers et les réunions de famille manquées pour cause de plan de vol !

Coacoa, combien d’artistes ont dû entendre dans leur vie “tu feras artiste si tu veux mais d’abord, t’apprends un vrai métier”…. Je file découvrir les liens mis après avoir répondu aux commentaires, tu as éveillé ma curiosité !

Gr@g, bien sûr que je travaille pour vivre et je ne vis pas pour travailler mais je dois l’admettre, je ne pourrais que difficilement mettre du coeur dans une activité qui ne me plaît pas, quand bien même elle me nourrirait.

Caplan :-))) je suis convaincue que souvent, tu dois rire et faire rire : ton regard sur la vie est tellement surprenant, ta capacité à rebondir tellement géniale !

Roger Baudet, ça étonne toujours quand je dis que j’ai des copains avocats indépendants qui ne “tournent pas” et qui prennent des fonctions “alimentaires” dont ils n’ont en principe pas envie ! Comme tu dis, “ça eut payé” ! Et effectivement, il n’est pas facile de se détacher du regard des autres, même si on apprécie son métier.

Marc2004, si seulement tout le monde pouvait avoir cette conception de la vie professionnelle : faire bien son job ! Seulement voilà, pour pouvoir bien faire son métier, il faut aussi en avoir les moyens et ne pas être pressé comme un citron, par des délais, par des restrictions budgétaires…. et là, gare aux coups de blues et à la perte de motivation !

Eniotna, je suis bien d’accord, le traducteur doit être toujours à l’affût, suivre l’évolution dans plein de domaines mais franchement, quand tu es employé dans une entreprise qui produit du texte au kilomètre, tournant toujours autour du même sujet, franchement, l’ennui est inévitable, à un moment donné. Bien sûr, il est alors temps de changer de crémerie mais la position même du traducteur, en bout de chaîne (il traduit le texte une fois que celui-ci a été validé par douze sous-groupes de travail, agréé par trois comités), généralement pour “hier”, sans pouvoir donner son avis, je ne trouve pas cela facile. Quant à la revendication de la parité, elle me rappelle tellement mes années d’études : les rares hommes étaient “choyés” par toutes les femmes, ils étaient juste heu-reux ! Et notre fac assaillie par les physiciens, cruellement “en manque” de représentation féminine ;-)

Saluki, t’avais un bon dentiste ? J’aime bien cette expression “se regarder dans la glace sans ciller” !

Alec6, voilà bien un métier qui, dans l’esprit des gens “non initiés” comme moi signifie à peu près tout et son contraire…. Je l’avoue, j’ai du mal à imaginer le quotidien d’un designer…. ok, je m’en doute, il commence sa journée par un café, comme moi ! Mais ensuite ?

Leo_11, c’est quand même navrant que le terme à lui seul suffise à “cataloguer” la personne ! Et dire que ces mêmes personnes changent d’attitude parce qu’il y a le “maîtrise fédérale”…. Quand j’étais assistante de direction, je disais souvent “je suis secrétaire” : la personne qui faisait la moue à ce moment-là, merci, elle m’avait rendu service, je savais à quoi m’en tenir : je continue à ne pas lui prêter attention, même si maintenant, “avocate”, elle trouve ça bien…

JCP, j’hésite, j’hésite, je ne sais comment le prendre : mon sujet est-il réellement aussi “racoleur” que ceux de Delarue ? Mince alors parce que telle n’était pas mon intention !

FT’e, voilà le gouffre entre “je suis ceci-cela” et “je suis chef de l’entreprise ceci-cela”…. à nouveau, navrant ! J’ai peine à croire que tu sois du genre à avoir les mêmes échelles, ça ne cadre pas avec ce que tu écris et comment tu te décris. “Malheureusement”, je n’ai jamais eu de visa gold….. Quant à la différence “maman au foyer”, “papa au foyer”, c’est comme “mère au parc” et “père au parc” : la première se trouve là où elle est supposée être, le second suscite regards attendris… de la part des autres femmes !

Ysengrain, peut-être que faire carrière, c’est continuer à penser que ce qu’on fait a de la valeur ! Mais il faut une sacrée dose de force de caractère quand au manque de considération s’ajoute, comme tu le signales, un manque de reconnaissance salariale et un manque de valorisation des compétences !

Coacoa, je comprends très bien ta notion de “bonheur global”; n’empêche, quand dans ma vie, il m’est arrivée de me sentir paumée, j’étais très contente de me retrouver dans un job qui me plaisait : il ne compensait pas mon “malheur” privé mais il m’a permis de me sentir bien dans une partie importante de ma journée.

Loulou, sur les mêmes bancs en même temps ? Je suis donc piètre “détective”…. mais comme je le comprends, cet apparent “hiatus” entre le CV de l’ancien copain de fac “qui a réussi” et l’équilibre personnel – privé…

Tartopom, moi non plus, je ne ferais pas autre chose si je gagnais à l’euromillion mais certaines choses seraient plus faciles, faut quand même l’admettre ! Mais c’est certain, je ne ferais quand même pas des tours Eiffel en allumettes ;-)

Alec6, ils sont terribles, ces gens qui font deux choses dans la vie : parler des vacances passées et rêver de celles à venir…

ToTheEnd, le bonheur est-il réellement dans un avion et dans une chambre d’hôtel ? je l’avoue, j’ai un peu pensé à toi en choisissant le titre du billet…. J’ai fréquenté beaucoup de chambres d’hôtel dans mon job précédent et qu’est-ce que je l’ai trouvée lourde, cette solitude entre deux avions, dans ces chambres de chaînes d’hôtel qui se ressemblent toutes… Pas toi ?

Jibu, trop d’écarts entre ces deux mondes, qui ne sont pas “perméables” ? Parfois, il faut qu’ils soient un tout petit peu plus “perméables” l’un à l’autre pour qu’on ne puisse pas tomber entre les deux…. Quant à la fuite, devant quoi ? Devant qui ?

Vraiment, je ne me lasse pas de ces échanges et de ces parcours tellement différents, c’est tellement passionnant à lire et à découvrir ! Merci !

MP qui ne se relit pas, désolée !

31)
Madame Poppins
, le 04.02.2008 à 21:58

Mirou, tu sais où on habite : c’est bruyant avec les deux “gnômes” mais y a de la place, on t’accueille volontiers le cas échéant ;-)

Et oui, tu as raison, il faut chercher d’abord l’intérêt puis l’argent, je suis entièrement d’accord. Mais je peine à faire abstraction de cette règle depuis que j’ai des enfants : d’une part parce que, n’ayant plus que mes seules “fesses” à vêtir, je ressens davantage de “pression” à trouver un emploi, d’autre part parce que justement, ces enfants, j’ai envie de pouvoir les voir aussi le plus possible, d’où à nouveau l’importance de trouver un job qui me permet de gagner ma vie à temps partiel… J’espère que cette confiance en toi va revenir : les effets négatifs d’un emploi sont paradoxalement à la fois bien connus et si méconnus… et les effets peuvent se faire sentir tellement longtemps….

32)
zit
, le 04.02.2008 à 22:32

Moi, chuis content!

Ici, maintenant, là–bas, à la maison, au(x) travail(s, sic), ailleurs, toujours… Sans doute la chance, peut–être des substances dont j’aurais abusé il y a vingt et quelques années, des rencontres aussi…

Des métiers j’en ai eu un paquet: assistant photographe (dans la haute couture), peintre (en bâtiment), à la plonge, puis serveur, à Tokio, vendeur de yoyos lumineux, vendeur de pin’s à la sauvette pendant les JO d’Albertville (le record: -17 C° à Val d’Isère et 25000 FFr de chiffre d’affaire en un jour!), vendeur de T–Shirts aux festivals du film de Deauville et de Cannes, puis marchand d’appareils de photographie, et photographe de scène, et maintenant, dans l’enseignement de la photographie, et j’en passe… Mais toujours une volonté de bien faire, honnêtement, sans vraiment penser à une “carrière”, en me laissant glisser au gré du courant, toujours en essayant de m’intéresser à ce que je faisais, et surtout en apprenant toujours quelque chose, ne pas tomber dans la routine, aller de l’avant, c’est le plus important, je crois: essayer, sans esprit de compétition, de faire toujours mieux. C’est mon côté paresseux: plus on est performant, moins on en a à faire!

Sinon, pilote, c’est sûr, j’en ai rêvé (j’ai même failli être hôtesse de l’air ;o).

FT’e, la Visa gold, ils la donnent à n’importe qui, aujourd’hui, c’est la noire qui en impose, la “Infinite”… beuark!

z (le travail, c’est la santé, je répêêeêêête: rien faire c’est la conserver…)

33)
FT'e
, le 04.02.2008 à 23:11

J’ai peine à croire que tu sois du genre à avoir les mêmes échelles, ça ne cadre pas avec ce que tu écris et comment tu te décris.

Je me suis exprimé un peu vite je suppose. C’est gentil d’avoir de la peine à le croire, et quelque part, ça me rassure. Je ne suis pas perdu, mon autothérapie fonctionne… Je voulais dire que je préfère imaginer ma fille aller à l’université plus tard que de devenir coiffeuse par exemple. Ce n’est pas une question de personne, juste de métier.

Quant à la différence “maman au foyer”, “papa au foyer”, c’est comme “mère au parc” et “père au parc” : la première se trouve là où elle est supposée être, le second suscite regards attendris… de la part des autres femmes !

Tellement vrai ! Lorsque je vais au signal de Bougy, au zoo, au parc, en semaine avec ma fille, je me sens un peu seul :)). Mais c’est troublant de constater que les femmes sont parfois aussi sexistes que les hommes.

Les 8 mois de congé paternité que je me suis octroyé sont certainement la période de ma vie que j’ai le plus apprécié. Dommage que ce ne soit pas dans les moeurs en Suisse et que ce qui est possible dans les pays nordiques ne le soit pas aussi ici. Mais je ne regrette pourtant pas d’avoir repris le travail.

FT’e, la Visa gold, ils la donnent à n’importe qui, aujourd’hui, c’est la noire qui en impose, la “Infinite”… beuark!

Je ne la connaissais pas celle-là. Il faut dire que le sujet, dans la liste de mes préoccupations, vient juste après l’étude dans son milieu naturel des habitudes alimentaires du lombric d’Estonie.

34)
tabaluga72
, le 05.02.2008 à 00:12

Pour en rajouter un peu. J’ai adoré mon métier quand j’étais jeune et célibataire. Surtout quand j’ai travaillé en Irlande pendant 6 ans. Boulot sympa, horaires décalés mais tous les soirs la fête… Bref ça ne gênait personne.

Et puis je me suis marié. Et parfois ne voir ma femme qu’une seule fois par semaine alors qu’on vit ensemble, c’est énervant. Quoique tous les soirs c’est énervant aussi ;-)

PS : avoir un ami chef de cuisine c’est sympa, quand les amis viennent manger chez moi. Ils sont sûr de manger aussi bien qu’au resto pour pas cher, et en plus avec du bon vin. Mais quand je dois aller manger chez quelqu’un, ça les stresse, ils guettent le moindre de mes gestes. Est-ce que j’aime? Est-ce que je n’aime pas? Ils attendent mon verdict :-) Bref, suspense insoutenable pour chaque plat!

35)
tabaluga72
, le 05.02.2008 à 00:25

Re PS : Je voulais devenir Cuisinier depuis l’âge de mes 10 ans je crois. Mais j’ai eu d’autre rêves comme explorateur, Reporter photo ou encore Ethologue. Que des métiers de plein air.

36)
Madame Poppins
, le 05.02.2008 à 01:08

Zit, j’adore le vendeur de yoyos lumineux, c’est très éclairant comme image !

FT’e, elle y ferait quoi, le cas échéant, sur les bancs d’une fac dont elle ne veut pas ? Rêver d’un métier qui lui permettrait de mettre ses talents à profit ? J’en ai connu, des gens qui ont “fait des études” tout en rêvant d’autre chose…. elles étaient longues, les heures de cours… Mais je le reconnais : je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que mes enfants puissent pousser toutes les portes qu’ils souhaitent pour atteindre le métier qui leur plaît et comme souvent, on ne sait pas avant longtemps ce qu’on veut, je sais que je veillerai à ce que les portes de certaines formations ne soient pas fermées….

Y a des lombrics, en Estonie ?

Tabaluga72 :-))) Je devrais proposer à Diego de devenir cuisinier, je crois que parfois, ça le fatigue de voir sa femme tous les soirs ! Et je vais te présenter à mes enfants : le cadet dit de lui “je suis cuisinier” et l’aîné veut devenir explorateur (depuis une semaine !)

38)
Médard
, le 05.02.2008 à 11:41

Bonjour ! J’aime bien votre question ;-)

On a justement un gamin en classe de 3e… et la question de “L’orientation” se pose avec acuité ! Tiens, en voilà un thème de discussion ;-)

Nous, on est respectivement prof, et secrétaire d’administration. J’aimais mon boulot – en théorie – la pratique est trop frustrante ; il faut se couler dans le moule, et comme disent les Japonais, le clou qui dépasse, on tape dessus ;-> Et c’est ce qui m’est arrivé (non, je n’ai pas donné une gifle ;-)))) Ma femme fait son boulot consciencieusement, mais ne l’aime pas… Il faut bien gagner sa croûte !

Pour en revenir au fiston, il n’a aucune idée (astronaute, c’est foutu : il est myope ;->)

39)
jibu
, le 05.02.2008 à 14:13

Mme Poppins:, trop d’écarts entre ces deux mondes, qui ne sont pas “perméables” ? Parfois, il faut qu’ils soient un tout petit peu plus “perméables” l’un à l’autre pour qu’on ne puisse pas tomber entre les deux…. Quant à la fuite, devant quoi ? Devant qui ?

Je ne crois pas qu’il y ai trop d’écarts entre les 2. C’est juste qu’il n’y ait jamais de pause qui devient usant. Faut toujours faire plus, aller plus vite. Un projet est terminé que 3 autres ce dessinent déjà; et ça autant dans le privé qu’au travail.

Vous avez pas ça vous ?

40)
pat3
, le 05.02.2008 à 16:25

Pfou que t’en as des questions qui font causer, Miss Pops!

Je me rends compte, avec le temps qui passe, que mon métier de rêve c’est… écriveur. Je veux dire, rédacteur-écrivain-scénariste-traducteur-et-parfois-poète-et-aussi-essayiste.

Mais voilà: j’ai eu mon premier gamin, j’avais 23 ans, fallait qu’on mange, et faut toujours, maintenant qu’ils sont deux gaillards, et qu’une troisième nous fait languir depuis quelques jours.

Alors j’ai choisi la voix de la raison: les études plutôt que le chant, être pion plutôt qu’animateur (et pourtant, j’ai adoré ce boulot, mais 3000FF pour se lever tous les matins à 5h, contre 5800FF pour deux jours deux nuits, quand au bout t’as une femme et un fils…)

Ma vie n’est faite que de ces choix, qui parfois me pèsent, parfois pas. Parfois, je me dis que je perds mon temps en prof de fac-en-grève 5 années sur six (on peut être optimiste: 5 semestres sur 12 :-/). Parfois, je me dis que j’aurais dû faire plus suer les miens avec LA photo que je voulais faire, le film – LE bout de vidéo – que je voulais tourner. Et parfois, je me dis que je suis trop fier de voir mon fils danser, même si c’est au détriment du lycée, de voir mes deux grands… grandir.

Mon meilleur métier, aujourd’hui? Papa, je crois (c’est ma femme, et mes enfants qui me le disent, moi… je manque un peu de recul).

Aujourd’hui je me sens bon prof mais moyen chercheur, parce que les efforts fournis pour le premier se lisent dans les yeux et les sourires des étudiant-e-s que j’ai en face, alors que les efforts pour le second ne t’amène qu’à ergoter sans fin sur des détails ésotériques avec des frustrés sans humour.

Ce qui me pèse, je crois, le plus aujourd’hui, c’est la responsabilité, parce que c’est un manteau que je porte depuis très, trop longtemps… Je rêve souvent d’une semaine tout seul, à aller dans un festival de ciné, ou de BD, ou à écouter de la zique à fond la caisse en plein air… mais ça tombe toujours au milieu des exams, des copies, ou une autre connerie du genre, et là, je me sens responsable, vis-à-vis des étudiants, et là, je peux ne pas dormir de deux nuits pour rendre un article, ou mettre en ligne et au propre le corrigé que j’ai promis; il fut un temps où c’était pour du montage vidéo que je ne dormais pas… ou pour rédiger les articles fiévreux du journal d’un festival.

Je rêve parfois d’une vie sans famille, sans repas du soir, où je pourrais me réveiller à trois heures du mat pour bosser… Je rêve d’une semaine par an, tout seul, à faire ce que je veux, pas dormir, surtout, vaquer avec mon camescope en bandoulière, mon appareil photo au vent, écrire entre trois et six heures du mat (ah, les aubes qui nous cueillent, reclus, au travail, devant l’ordi… j’adore).

Mais je crains qu’une semaine devienne un mois, le mois un an, et qu’au final je fasse partie de ces milliers de disparus sans laisser d’adresse…

Et pourtant j’aime ma femme, mes enfants (j’aime déjà ma dernière, pas encore née). Je crois, pour répondre à ta question, que le problème, le seul, est celui de l’équilibre entre tous ces “mois” aux envies contradictoires…

Mon plus mauvais métier, c’est être moi; j’ai vraiment du mal à retrouver celui que j’étais, doué et insouciant. Mais n’est ce pas juste une nostalgie de la jeunesse, qui file, comme on sait? Le “forty blues” qui se prépare (plus que deux mois), bien costaud, bien lourd?

T’en as des questions, Mary…

41)
zit
, le 05.02.2008 à 23:57

A part ça, j’ai longtemps insisté (gentiment, hein) auprès de junior pour qu’il choisisse plombier, électricien ou menuisier, vu la difficulté que l’on éprouve à trouver et garder un de ces oiseaux rares, je pense que c’est un bon filon (surtout quand on voit les devis qu’ils font!). Il ne m’a bien sûr pas écouté, il veut être… scénariste (sans doute pour me voir retourner au cinéma ;o).

z (toute ma vie, j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air, je répêêêête, toute ma vie, j’ai rêvé…)

42)
ToTheEnd
, le 06.02.2008 à 00:05

MP: et bien, au moins on pense à moi pour le titre!

J’aurais bien du mal à parler de mon métier ou de mon dernier choix professionnel car tout ça est encore trop neuf. Un truc est sûr, il est en train de me changer et je ne sais pas trop à quoi va ressembler l’arrivée.

A l’heure actuelle, cette vie me va j’adore ce job. C’est évident, j’aimerais avoir plus de temps pour moi, mes potes, mes loisirs, etc. Mais dormir de temps à autre dans des superbes hôtels, ça me plaît surtout quand le style ressemble à chez moi.

Bien sûr, tout ça, c’est pour un temps. Dans quelques siècles, je vais bien rigoler en regardant tout ça mais pour le moment, faut que j’aille me coucher car j’ai un vol demain matin à 7h00…

T

43)
Madame Poppins
, le 06.02.2008 à 09:11

Médard, même comme prof, il faut se couler dans le moule ? ça veut donc dire qu’il y a des enseignants qui seraient bien plus “drôles” s’ils pouvaient s’exprimer ? ça rassure l’élève que j’ai été durant des années et des années ;-) Et pour astronaute, finalement, c’est pas plus mal, tu peux jamais emmener ta copine !

Jibu, le côté manque de pause, ohhhhhh oui, je connais et c’est, je crois, l’une des principales sources d’insatisfaction dans ma vie.

Pat3, en grève 5 semestres sur 12 ? c’est finalement un miracle que la face permette quand même d’apprendre quelque chose ! Je me demande bien ce que tu enseignes parce que moi, les profs de fac qui m’ont fait sourire ont été assez rares ! Quant à cette semaine “tout seul avec soi-même et son rythme et ses envies”….. soupir…. j’en rêve aussi, depuis moins longtemps que toi. Pour ma part, je sais toutefois que mes enfants me manqueraient même si ce matin, là, tout de suite, je pourrais les envoyer en orbite ! J’espère que la naissance de la troisième se passera bien et que tu viendras nous l’annoncer !

Zit, c’est ce qui me fait marrer avec mon métier : c’est fou ce qu’il s’exporte mal ! Si je devais quitter la Suisse, je reviendrais à ma profession première, traductrice, parce que le droit suisse du travail, en France, ça ne me serait pas très utile ! Tandis qu’un plombier, une coiffeuse, ça bouge bien plus facilement.

Le vol à 7h00, c’est le cauchemar ! Courage, TTE !

44)
Médard
, le 06.02.2008 à 09:59

Madame Poppins : Médard, même comme prof, il faut se couler dans le moule ? ça veut donc dire qu’il y a des enseignants qui seraient bien plus “drôles” s’ils pouvaient s’exprimer ? ça rassure l’élève que j’ai été durant des années et des années ;-)

C’est tout-à-fait cela… On entre dans le bureau du chefW Inspecteur avec son idée, on ressort avec l’idée du ChefW Inspecteur ;->

Sérieusement, on n’est pas payés pour avoir des idées sur la bonne (?) façon d’enseigner, mais pour appliquer la méthode officielle… Bon, on peut s’en écarter un peu, à condition de donner des gages ;-> Etre un peu “souple”, quoi… pas vraiment mon tempérament, accepter un (petit) chef au-dessus de moi ; surtout s’il n’en a pas la “justification” (pas le mot exact).

Ce qui est marrant (?) c’est qu’au moment de 68* j’étais “contre” ces idiots qui m’empêchaient de passer mon bac [ça vous donne une idée de mon âge de vieux c…]

Et au moment de commencer à enseigner, plein de belles idées ;-))) ce sont les élèves qui m’ont forcé à endosser le rôle de prof !!!

Et la schtrasse aussi, bien sûr…

Bon, dix ans après, je commence à pouvoir en reparler………

  • tiens j’ai entendu récemment l’intégralité de la sortie de Notre Seigneur sur mai 68… hallucinant !
45)
pat3
, le 06.02.2008 à 19:38

Pat3, en grève 5 semestres sur 12 ? c’est finalement un miracle que la face permette quand même d’apprendre quelque chose !

à qui le dis-tu! J’ai beaucoup de mal a oublier la dernière “grève” (plutôt, le dernier blocage, puisque dans mon université les grèves ne se font plus que comme ça – on pourrait se rendre compte que les grévistes sont peu nombreux, sinon). J’ai aussi beaucoup gueulé, ici, par exemple cette fois-ci pire qu’avant, et rejoint un collectif de profs débloqueurs (oui, ça existe !!!) créé par des raslebolistes aussi énervés et lassés que moi.

Je me demande bien ce que tu enseignes parce que moi, les profs de fac qui m’ont fait sourire ont été assez rares !

euh… la sémiotique, pourquoi? :-) Ma signature renvoie à mon site “d’accompagnement pédagogique”, si tu veux en savoir plus! (ou ici et en plus rapide) .

Quant à cette semaine “tout seul avec soi-même et son rythme et ses envies”….. soupir…. j’en rêve aussi, depuis moins longtemps que toi. Pour ma part, je sais toutefois que mes enfants me manqueraient

moi aussi, mais pas au point que je m’en languisse, et surtout, assez pour que je sois super content de les retrouver après.

46)
Karim
, le 07.02.2008 à 19:05

« Il n’est pas d’individu plus fatalement malavisé que celui qui consume la plus grande partie de sa vie à la gagner. » Henry D. THOREAU : La vie sans principes.

« Le propre du travail, c’est d’être forcé » ALAIN

« Rien ne sert d’être vivant, s’il faut que l’on travaille. » André BRETON

« L’esclavage humain a atteint son point culminant à notre époque sous forme de travail librement salarié. » George BERNARD SHAW

« La vie n’est pas le travail : travailler sans cesse rend fou. » Charles DE GAULLE

« L’Homme est un être de désir. Le travail ne peut qu’assouvir des besoins. Rares sont les privilégiés qui réussissent à satisfaire les seconds en répondant au premier. Ceux-là ne travaillent jamais. » Henri LABORIT : Éloge de la fuite.

« Que reste-t-il d’étincelle humaine, c’est-à-dire de créativité possible, chez un être tiré du sommeil à six heures chaque matin, cahoté dans les trains de banlieue, assourdi par les fracas des machines, lessivé, bué par les cadences, les gestes privés de sens, le contrôle statique, et rejeté vers la fin du jour dans les halls de gare, cathédrales de départ pour l’enfer des semaines et l’infime paradis des week-ends, où la foule communie dans la fatigue et l’abrutissement ? (…) De la force vive déchiquetée brutalement à la déchirure béante de la vieillesse, la vie craque de partout sous les coups du travail forcé. » Raul VANEIGEM : Traité du savoir-vivre à l’usage des jeunes générations.

« L’amour du travail bien fait et le goût de la promotion dans le travail sont aujourd’hui la marque indélébile de la veulerie et de la soumission la plus stupide. » Raul VANEIGEM : Ibid.

« L’organisation du travail et l’organisation des loisirs referment les ciseaux castrateurs chargés d’améliorer la race des chiens soumis. » Raul VANEIGEM : Ibid.

« Se rendre à un travail, c’est se constituer prisonnier. » Anonyme

« Si tu as envie de travailler, assieds-toi et attends que ça passe. » Proverbe corse

« Le travail est l’opium du peuple… Je ne veux pas mourir drogué. » Boris VIAN

« On dit qu’il y a trois millions de personnes qui veulent du travail. C’est pas vrai, de l’argent leur suffirait. » COLUCHE

« En napolitain, le mot travailler n’existe pas. On dit fatigare. » Roberto ROSSELLINI

« L’homme est né pour le travail comme l’oiseau pour voler. » La bible (Le livre de Job)

«Arbeit macht frei » (Le travail rend libre) Inscription à l’entrée des camps nazis

« Travail, famille, patrie » Devise du régime de Vichy

Le travail est, dans notre société, pour nous, au coeur du lien social. Nous ne voulons pas une société d’assistance, mais une société fondée sur le travail et l’activité productrice. Lionel JOSPIN

« La “société du travail” de Jospin a deux slogans ; travailleurs, craignez le chômage et fermez vos gueules ! Chômeurs, humiliez-vous pour mendier un emploi que vous n’aurez pas. Pas de “plein emploi”, une vie bien remplie ! » Des chômeurs/meuses actifs/ves de l’Assemblée de Jussieu.

« J’avais pris l’habitude de regarder autour de moi, d’observer ceux que je côtoyais dans la rue, dans le métro, au petit restaurant où je prenais mes repas de midi. Qu’avais-je vu ? des gueules tristes, des regards fatigués, des individus usés par un travail mal payé, mais bien obligés de le faire pour survivre, ne pouvant s’offrir que le strict minimum. (…) Des êtres connaissant leur avenir puisque n’en ayant pas. Des robots exploités et fichés, respectueux des lois plus par peur que par honnêteté morale. Des soumis, des vaincus, des esclaves du réveille-matin. J’en faisais partie par obligation, mais je me sentais étranger à ces gens-là. Je n’acceptais pas que ma vie soit réglée d’avance ou décidée par d’autres. » Jacques MESRINE

« Nous n’avons plus de travail à perdre. Qu’attendons-nous ? » Un chômeur (Bourg-en-Bresse, le 18/01/98)

« Quand le travailleur s’endort il est bercé par l’insomnie et quand son réveil le réveille il trouve chaque jour devant son lit la sale gueule du travail qui ricane qui se fout de lui » Jacques PREVERT : « Le paysage changeur », Paroles.

« Le travail est probablement ce qu’il y a sur cette terre de plus bas et de plus ignoble. Il n’est pas possible de regarder un travailleur sans maudire ce qui a fait que cet homme travaille, alors qu’il pourrait nager, dormir dans l’herbe ou simplement lire ou faire l’amour avec sa femme. » Boris VIAN

« Chômeurs, salariés, feignants, chenapans même combat » Slogan de la manifestation du 27 janvier 1998 à Paris.

« “Le travail rend libre” disait-on. Eh bien non ! On reconnaît le niveau de liberté d’un individu non à sa capacité à travailler servilement, afin de consommer servilement, mais à son degré d’épanouissement dans les activités et les loisirs qu’il aura définis librement et en toute conscience. Laissons tomber le partage du travail, et vive le partage des bons moments ! Pour une révolution ludique et choisie ! » GIGN (Groupe d’Intervention Gaillardement Nuisible), Bordeaux, février 1998

« Si le chômeur est malheureux, ce n’est pas parce qu’il n’a pas de travail, mais parce qu’il n’a pas d’argent. Ne disons donc plus demandeur d’emploi mais “demandeur d’argent” ; plus “recherche active d’emploi”, mais : “recherche active d’argent”. » Chômeurs heureux de Berlin : Rapport d’inactivité n°1, 1996.

« Le travail est un meurtre en série, un génocide. Le travail tuera, directement ou directement, tous ceux qui lisent ces lignes. Dans ce pays, le travail fait chaque année entre 14 000 et 25 000 morts, plus de deux millions d’handicapés, 20 à 25 millions de blessés. C’est bien ce qui s’appelle un meurtre ! » Bob BLACK : Travailler, moi ? Jamais !

« Les économistes s’en vont répéter aux ouvriers : travaillez pour augmenter la richesse nationale ! Et cependant un économiste, Destutt de Tracy, répond : les nations pauvres, c’est là où le peuple est à son aise ; les nations riches, c’est là où il est ordinairement pauvre. Mais assourdis et idiotisés par leur propres hurlements, les économistes de répondre : travaillez, travaillez toujours pour créer votre bien-être ! Travaillez pour que, devenant plus pauvres, vous ayez plus de raisons de travailler et d’être misérables. » Paul LAFARGUE : Le Droit à la paresse

« Jamais nous ne travaillerons. » Arthur RIMBAUD

« Abolition du travail aliéné. » Guy DEBORD

« Dès qu’il n’existe pas de contrainte physique ou autre, le travail est fui comme la peste. » Karl MARX : Manuscrit de 1844

« Dans la glorification du “travail”, dans les infatigables discours sur la “bénédiction du travail”, je vois la même arrière-pensée que dans les louanges des actes impersonnels et conformes à l’intérêt général : la crainte de tout ce qui est individuel. On se rend maintenant très bien compte, à l’aspect du travail — c’est-à-dire de ce dur labeur du matin au soir — que c’est là la meilleure police, qu’elle tient chacun en bride et qu’elle s’entend vigoureusement à entraver le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance. Car le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires, et la soustrait à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l’amour et à la haine, il place toujours devant les yeux un but minime et accorde des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société, où l’on travaille sans cesse durement, jouira d’une plus grande sécurité : et c’est la sécurité que l’on adore maintenant comme divinité suprême. » Friedrich NIETZSCHE : Aurore

« Les pauvres croient […] que le travail ennoblit, libère. La noblesse d’un mineur au fond de son puits, d’un mitron dans la boulangerie ou d’un terrassier dans une tranchée, les frappe d’admiration, les séduit. On leur a tant répété que l’outil est sacré qu’on a fini par les en convaincre. Le plus beau geste de l’homme est celui qui soulève un fardeau, agite un instrument, pensent-ils. “Moi, je travaille”, déclarent-ils, avec une fierté douloureuse et lamentable. La qualité de bête de somme semble, à leurs yeux, rapprocher de l’idéal humain. Il ne faudrait pas aller leur dire que le travail n’ennoblit pas et ne libère point ; que l’être qui s’étiquette Travailleur restreint, par ce fait même, ses facultés et ses aspirations d’homme ; que, pour punir les voleurs et autres malfaiteurs et les forcer à rentrer en eux-mêmes, on les condamne au travail, on fait d’eux des ouvriers. Ils refuseraient de vous croire. Il y a, surtout, une conviction qui leur est chère, c’est que le travail, tel qu’il existe, est absolument nécessaire. On n’imagine pas une pareille sottise. La plus grande partie du labeur actuel est complètement inutile. Par suite de l’absence totale de solidarité dans les relations humaines, par suite de l’application générale de la doctrine imbécile qui prétend que la concurrence est féconde, les nouveaux moyens d’action que des découvertes quotidiennes placent au service de l’humanité sont dédaignés, oubliés. La concurrence est stérile, restreint l’esprit d’initiative au lieu de le développer. » Georges DARIEN : La Belle France

« Les hommes travaillent généralement trop pour pouvoir encore rester eux-mêmes. Le travail : une malédiction que l’homme a transformée en volupté. Oeuvrer de toutes ses forces pour le seul amour du travail, tirer de la joie d’un effort qui ne mène qu’à des accomplissements sans valeur, estimer qu’on ne peut se réaliser autrement que par le labeur incessant — voilà une chose révoltante et incompréhensible. Le travail permanent et soutenu abrutit, banalise et rend impersonnel. Le centre d’intérêt de l’individu se déplace de son milieu subjectif vers une fade objectivité ; l’homme se désintéresse alors de son propre destin, de son évolution intérieure, pour s’attacher à n’importe quoi : l’œuvre véritable, qui devrait être une activité de permanente transfiguration, est devenue un moyen d’extériorisation qui lui fait quitter l’intime de son être. Il est significatif que le travail en soit venu à désigner une activité purement extérieure : aussi l’homme ne s’y réalise-t-il pas — il réalise. » Emil CIORAN : Sur les cimes du désespoir

Le travail est à la racine de tout ce qui est laid. O. Wilde

La paresse est la mère de la perfection. id.

Fondée sur le manque d’imagination, l’action est la ressource suprême des gens qui ne savent pas rêver. id.

L’action est la chose la plus simple du monde. Elle est le refuge des gens qui n’ont rien à faire. id.

et enfin, Chaque fois, le soir, quand je pense à mes défauts, je m’endors tout de suite. id.

47)
Okazou
, le 08.02.2008 à 06:17

Merci, Karim, pour cette intéressante façon d’aborder le problème du travail. On pourrait relancer le fil là-dessus.

Travail imposé et travail consenti. Religion du travail et travail nécessaire. On pourrait aussi se demander à qui profite le travail comme on dirait : « À qui profite le crime ? »

Travailler plus pour gagner la même chose, c’est-à-dire moins, travailler plus longtemps, travailler plus souvent (le dimanche), travailler plus durement. Tous ce fatras idéologique libéral asséné par l’agité de l’Élysée et dispensé par les médias de la complaisance va immanquablement relancer le balancier dans l’autre sens, comme un retour de manivelle : une baisse de la durée du travail à 32 heures rapidement avant de continuer le mouvement vers toujours moins de travail.

Heureusement pour l’économie libérale, les junkies piqués aux gadgets ne sont pas encore prêts à accepter la désintox. D’ailleurs, c’est quoi, la métadone pour se sortir de la surconsommation ? Un bon krach boursier international, façon séisme financier ravageur ?

48)
zit
, le 08.02.2008 à 11:35

Superbe travail, Karim, merci!

;-)

z (le travail, c’est la santé, je répêêêêête: rien faire c’est la conserver)

49)
Karim
, le 08.02.2008 à 12:35

Superbe travail, Karim

“Merci de bien vouloir respecter les règles élémentaires de la netiquette (pas d’attaque grossière ou diffamatoire”

;-)

50)
Madame Poppins
, le 08.02.2008 à 14:50

Zit et Karim ;-)))))

Bref, même quand on aime son job (vous voyez, j’évite le terme “travail”) et qu’on a réussi à trouver une sorte d’équilibre entre boulot et vie personnelle, l’équation n’est pas simple.

Allez, c’est presque le week-end, courage à ceux qui bossent (de nuit notamment), à bientôt,

51)
tabaluga72
, le 09.02.2008 à 01:47

Bon voilà, je voudrais rajouter des petites choses depuis la dernière fois.

Moi et ma femme on arrive pas à trouver cet équilibre entre travail et vie privée. Surtout du fait de mon boulot.

Ici, en Pologne je le déteste. ils ont réussi à me faire détester la cuisine, alors qu’un petit restaurant pour lequel j’ai travaillé à Lille m’avait fait adoré mon métier (Melting Pot, place de l’opéra, allez-y si vous êtes de passage, c’est vraiment bon!). Mais là n’est pas le problème.

La restauration c’est un boulot de célibataire, ou de couples qui vivent la même chose. On se voit un ou deux soir par semaine, une moitié de week-end sur 5-6, de plus à force de vivre décalé, chacun de nous deux à pris ses petites habitudes, qui les peu de jours que nous passons ensemble créaient des problèmes.

Votre article m’a fait réfléchir sur cette problématique. Quoi de plus important?

C’est vrai que le boulot est important. Mais s’il amène à une vie privée au rabais à quoi bon? Le but du mariage, d’après moi, et de partager sa vie avec sa femme, de se parler de vive voix, pas avec iChat. En ce moment le partage est inexistant.

Et puis je me vois mal avoir des enfants avec un tel boulot. – Tu fais quel âge aujourd’hui alors? – 15 ans papa. – Quoi? Déja?

Donc votre humeur n’a fait que développer ce qui me trottait dans la tête depuis mon mariage. Changer de métier.

52)
ToTheEnd
, le 09.02.2008 à 18:35

La citation la plus intéressante est celle de Coluche… en effet, donnez moi de l’argent et moi j’arrête de bosser demain… lundi en fait puisque mon CEO est de passage.

Le fait est qu’un boulot prend normalement 8 heures par jour, le sommeil 8, les transports et autres niaiseries au moins 2. Il reste donc 6 heures sur 24 pour s’occuper des siens.

Il est donc normal de consacrer du temps à son travail et donc de bien le choisir… mais c’est clair, c’est pas facile de toujours tout concilier.

T

53)
Madame Poppins
, le 10.02.2008 à 08:31

Tabaluga,

Désolée, je ne vois le commentaire qu’à l’instant.

Avant de changer de métier, ne serait-il pas possible d’envisager de la cuisine dans des lieux plus “stables” et moins décalés au niveau horaire ? Restaurant scolaire, cantine de crèche, repas pour sportifs de haut niveau dans des lieux d’entraînement etc…. Bien sûr, le sportif, il bouffe aussi le dimanche mais la crèche, en principe, elle est fermée le soir et le week-end.

Excellente continuation et de toute façon, même si on a des horaires de “fonctionnaire”, on a toujours l’impression de ne pas voir ses enfants assez, je crois. Avec le paradoxe que lorsqu’on passe du temps avec eux, c’est fou ce qu’on peut parfois s’énerver….

TTE, alors, qu’est-ce qu’il a dit, ton CEO ?