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Démocratie et liberté de l’information

Nos amis belges nous disent combien il est difficile aujourd’hui de décrypter la situation politique. Cette illisibilité elle-même est difficile à comprendre tant les paramètres en jeu concourent au flou ambiant.
La situation en Suisse vient d’évoluer brusquement sans que les observateurs aient pu la prévoir.
Quant à la France, elle se bat pour comprendre ce qui se cache derrière l’affluence, l’incroyable tourbillon de messages provenant du plus haut du pouvoir où l’apparence de pouvoir politique semble l’emporter sur la réalité des actions politiques.
Au plan mondial, la confusion est également la norme où chaque région du globe vit une situation qui ne peut désormais être comprise que si l’on parvient à différencier les effets dont la cause est endogène, intérieure à la nation, de ceux dont la cause est exogène, extérieure à la nation.

Bref, un vilain brouillard règne sur la planète qui empêche le citoyen, où qu’il soit, de comprendre son présent or, il ne peut y avoir de réalité et d’efficacité démocratique si le citoyen ne dispose pas d’une bonne perception et d’une bonne compréhension de son environnement.

Démocratie et médias sont indissociables

Les obstacles à la perception du citoyen sont nombreux et ils tiennent essentiellement du mensonge, de la falsification, de l’artifice, en deux mots, de la malhonnêteté intellectuelle de ceux qui ont un intérêt, personnel ou pas, à enfumer le citoyen en le manipulant pour qu’il ne puisse opposer un point de vue qui pourrait affecter les visées des menteurs et se réapproprier un pouvoir dont la démocratie lui dit pourtant qu’il est le seul dépositaire puisqu’en démocratie l’organisation de la société est toute tendue vers le bien-être des citoyens qui la composent.

Encore est-il nécessaire d’offrir au citoyen les moyens, les outils nécessaires à la constitution non faussée de son idée du monde en général et de la société à laquelle il appartient en particulier.

Ces outils mis à la disposition du citoyen par la société sont multiples et regroupés dans ce que l’on nomme les médias, qui sont littéralement les moyens qui permettent au citoyen, via les informations que les médias lui font parvenir, de comprendre son environnement social pour, ensuite, agir sur lui aux fins de le façonner, en modifier ou en maintenir les orientations.

On le voit, il n’est pas de démocratie sans le grain à moudre qu’est l’information, il n’est donc pas de démocratie sans les médias qui dispensent cette information.

Information et indépendance des médias

Les médias se développent à travers plusieurs supports : la presse, la radio, la télévision et depuis peu, la Toile (le World Wide Web). De la qualité, c’est-à-dire de la justesse, de l’exactitude, de la pertinence du contenu de ces supports dépend la qualité de la démocratie.

La qualité de l’information ne vaut que par la liberté de son expression.

La liberté d’expression est interdite ou limitée dans les régimes totalitaires ou à tendance totalitaire. Lorsque l’information subit une censure absolue, lorsqu’elle est contrôlée, muselée, ou bridée, nous savons que nous sommes dans un pays où règne le despotisme, l’absolutisme, le fascisme ou la tyrannie. Lorsque l’information subit une censure relative ou une autocensure, nous savons que nous sommes dans un pays où la démocratie doit encore mener son combat.

La censure, cette tentative de priver le citoyen de l’information qui lui est indispensable à l’édification de sa pensée sociale et politique, est multiforme. Elle ne prend pas de gants sous les régimes autoritaires francs où elle peut être revendiquée par le pouvoir (laïc ou religieux) qui estime ou assure détenir la seule vérité possible. Elle est beaucoup plus louvoyante et sournoise sous les régimes qui se réclament de la démocratie. Elle est inexistante dans les pays démocratiques.

La censure est revendiquée dans les régimes autoritaires par l’exigence de stabilité nécessaire à l’évolution du pays. On censure au nom de l’efficacité, au nom de la morale, au nom de la religion, au nom de l’économie, au nom du peuple et même au nom de la liberté et de la démocratie. On censure pour ne pas mettre le pouvoir dans l’embarras, on censure par conservatisme, on censure pour ne pas heurter les consciences, on censure pour échapper au débat des idées, on censure pour fuir la confrontation, on censure pour contourner une réalité, etc. Qu’importe la raison, le motif, la valeur de la cause, on censure toujours par excès d’autorité. La censure est exercée par une minorité (réduite éventuellement à l’unité) dotée du pouvoir de la mettre en œuvre contre une majorité dont on a usurpé le pouvoir et qui n’en peut mais.

La censure est un renforcement du pouvoir de celui qui la pratique et une perte de liberté et de pouvoir pour celui qui la subit.
Il n’est pas de censure gratuite et désintéressée. On peut même affirmer que l’intérêt est le moteur de la censure, sa raison d’être.

La démocratie est le gouvernement du peuple par lui-même et ce système de gouvernement, qui garantit le contrôle du pouvoir à l’ensemble des citoyens n’est prisé ni par ceux qui ne souhaitent pas partager ce pouvoir, ni par ceux qui y voient un risque de devoir se soumettre, de devoir rendre des comptes au pouvoir de tous. Ceux-là, pour parvenir à leurs fins, doivent parvenir à contrôler la démocratie ou, au moins, la contenir :

  • Pour contrôler la démocratie, il suffit de contrôler l’information ;
  • Pour contrôler l’information, il suffit de contrôler les médias qui la diffusent ;
  • Pour contrôler les médias, ils suffit de les acheter.

En effet, se dit le politicien, quel journal critiquera mon action s’il m’appartient ou appartient à un de mes amis ? Quelle chaîne de télévision, se dit l’affairiste, osera critiquer mes produits si je lui achète des espaces publicitaires ?

Alors, les marchands achètent les journaux, les radios et les télévisions. Et puisqu’ils ne les achètent pas pour perdre de l’argent ils les introduisent en bourse. Le média change alors de facto de nature. Chargé d’informer le public, il est désormais chargé de dégager des bénéfices pour ses actionnaires. La liberté d’expression du media est désormais, dans le meilleur des cas, limitée à ce qui est étranger à la sphère d’influence de son propriétaire qui est, elle, protégée par la censure.

Lorsque tous les médias sont contrôlés par le pouvoir marchand, que leur indépendance leur a échappé, que l’information ne dispose plus de la liberté nécessaire à son expression, la démocratie a disparu, de fait.

Chassez la liberté d’expression et d’information, elle revient au galop

L’homme n’est pas un animal domestique soumis à un maître quel qu’il soit. Lorsque sa liberté est contrainte, il l’affranchit et nulle force ne peut résister à son besoin d’apprendre pour comprendre et d’exprimer, d’échanger, de partager. À l’oppression, quel que soit son mode d’expression, répond la solidarité dans l’action.

Lorsque les marchands (d’armes ou de béton) font main basse sur l’indispensable outil démocratique qu’est l’information, le citoyen s’approprie la Toile. Il innove, invente, il crée un nouveau média libre et accessible. Les sites naissent comme des champignons : blogs, sites dédiés, encyclopédies, outils du savoir, partage de la connaissance.

Aujourd’hui, quelques journaux sont restés indépendants et libres d’expression mais c’est sur la Toile que l’on peut espérer trouver ce qui permettra au citoyen de comprendre, à la fois le monde et son environnement proche.

C’est ce nouvel univers d’information et d’expression qu’il appartient aujourd’hui aux citoyens que nous sommes de défendre bec et ongles.

20 commentaires
1)
Saluki
, le 21.12.2007 à 01:12

Ah, il a fallu attendre jus qu’à presque une heure du mat’ pour découvrir l’article vanté par le Bossd’Ici.

Eh bien cette attente n’aura pas été vaine, l’analyse se tient.

Cependant, c’est toujours dans les détails que le diable va se nicher.
Dans les bonnes démokratures de l’autre côté de la Méditerranée, l’autocensure, voire la belle et bonne censure assumée, est encore la règle pour la lecture directe. On m’a appris à y” lire dans le filigrane” au fur et à mesure de mes séjours.

Ecrire au détour de la relation du discours du Premier Ministre que “Gepetto aurait reconnu son enfant sur l’estrade” est plus percutant que dire “Le premier ministre a menti pendant trois quarts d’heure” et la censure inculte ne le comprend pas, comme nombre de lecteurs aussi, ne nous leurrons point. Dire que des départs de feu de forêt ont eu lieu en biais dans les montagnes se lit: bombardements au napalm.

Voili.

Toutes les chaînes de radio de style économique parlent aujourd’hui (euh…hier) de la crise du “Monde”. Ce bon journal qui faisait trois colonnes je crois sur les difficultés du “Figaro” glisse quinze lignes sur la démission des trois têtes de son Directoire…

2)
Okazou
, le 21.12.2007 à 06:28

Le Monde > Quand le climat est tendu, et il l’est, inutile de risquer l’explosion en affichant des faits que d’autres contesteront. Au fond, tout le monde cherche une solution sans faire trop de vague, direction et Société des rédacteurs ont donc intérêt à la jouer discrète. Il y en a un qui se réjouit de tout ça, c’est le plagiaire marchand de pruneaux et accessoirement président du Conseil de surveillance, le grand nuisble Alain Minc. Vivement le printemps, qu’il se casse !

Voici tout de même des nouvelles internes via l’AFP.

3)
mackloug
, le 21.12.2007 à 08:26

Salut Okazou,

Ton discours semblait tenir la route… jusqu’à ce que tu nous sortes ton commentaire. Il existe donc bien des cas de censure tolérés quand ça concerne un journal que tu lis ?

Ne commence t-elle pas là… la censure.

Et plus que les médias, c’est l’éducation et notre capacité à apprendre à nos enfants (et aux plus grands d’ailleurs aussi) à ouvrir les yeux pour construire leur propre idée d’un sujet, qui sont les garants d’une démocratie.

Le Figaro et Libération présenterons un même sujet avec des approches différentes. Est-ce parce que le Figaro est plutôt d’une tendance opposée à la tienne qu’il censure pour autant ? Je ne le crois pas.

Enfin, un dernier aspect à prendre en compte. Ces méchants marchands qui achètent les journaux dans le grand complot que tu dénonces à longueur de temps, ne serait-ils pas ceux qui te permettent de lire ces mêmes nouvelles censurées. Que les investisseurs se retirent d’un journal et tu en trouveras encore combien en kiosque ?

Moi j’aurais plutôt tendance à penser que les propriétaires des journaux sont de grands opportunistes qui savent aller dans le sens du vent… Si un jour ce qui reste de la gauche revient au pouvoir tu verras que beaucoup de média penseront subitement à gauche. Et c’est logique !

Dès lors qu’il faut vendre, on essaye de coller à la demande du client. Or si le client est majoritairement à gauche, on ne va pas lui vendre de la salade de droite qu’il n’achètera pas. Le pragmatisme du marché est une réalité que la gauche à beaucoup de mal à accepter.

On en revient au début de mon discours, c’est l’éducation et l’ouverture d’esprit qui sont les garants d’une démocratie. La presse n’en est qu’un outil. Je parcours un peu Evene et je tombe sur la citation du jour qui colle à l’humeur de cuk :

L’esprit c’est comme un parachute : s’il reste fermé, on s’écrase.

4)
Photovive
, le 21.12.2007 à 08:31

Merci à OKAZOU pour cette excellente analyse.

Un paramètre oublié toutefois, l’honnêteté des journalistes, soit par vénalité, soit par aveuglement idéologique, soit simplement pour faire monter l”audience.

5)
benoit
, le 21.12.2007 à 09:09

Ton discours semblait tenir la route… jusqu’à ce que tu nous sortes ton commentaire. Il existe donc bien des cas de censure tolérés quand ça concerne un journal que tu lis ?

Elle est où la censure dans ce cas là ?

Le Monde ne s’interdit pas de parler de ses problèmes internes, que je sache.

Quand à la Toile, espace de liberté certes mais qui demande de la part de ses utilisateurs beaucoup beaucoup de recul et de sens critique. L’”affaire Manaudou” (dont soit-dit en passant je me brosse le nombril avec le pinceau de l’indifférence) tout comme l”affaire” de cette malheureuse gagnante du Millionnaire ridiculisée aux yeux de la France entière pour une prestation qui n’aurait jamais du voir le jour montrent les limites de cette liberté.

Benoit

6)
mackloug
, le 21.12.2007 à 09:21

Citation de mackloug

Ton discours semblait tenir la route… jusqu’à ce que tu nous sortes ton commentaire. Il existe donc bien des cas de censure tolérés quand ça concerne un journal que tu lis ?

Elle est où la censure dans ce cas là ?

3 colonnes quand on parle du concurrent, 15 lignes quand on parle de ses problèmes… Je soulignais juste qu’on ne peut pas crier à la censure et “comprendre” ce genre de pratique.

7)
Mirou
, le 21.12.2007 à 09:59

En même temps, je comprends que le Monde n’ait pas la distance critique nécessaire pour analyser soi-même la crise qui fait rage en interne…. Qu’à fait le Figaro à ce sujet ?

Très bon article mis à part ça. Bravo !

8)
Anne Cuneo
, le 21.12.2007 à 12:38

Dans les censures, il ne faut pas oublier l’auto-censure: par peur de perdre son job, pour dire la chose sans fioritures. Et lorsqu’on parle de la Toile, il me semble qu’il faille être très attentifs à ce que les puissants ne se l’approprient pas. Le fonctionnement d’internet est, en dernière analyse, pas apparente au premier abord, très centralisé. Mais il est vrai que pour l’instant c’est un instrument formidable: aux Etats-Unis, en ce moment, les blogs politiques représentent en fait la seule presse libre.

9)
Okazou
, le 21.12.2007 à 16:47

« Ton discours semblait tenir la route… jusqu’à ce que tu nous sortes ton commentaire. Il existe donc bien des cas de censure tolérés quand ça concerne un journal que tu lis ?

Ne commence t-elle pas là… la censure. »

Le Monde, c’est moi qui l’ai censuré. Depuis que la direction a adopté et soutenu les politiques libérales contre une grande partie de ses lecteurs avec l’arrivée de Colombani et Minc.

Et puis il faut que tu apprennes à lire, mackloug. Si tu comptes être correctement informé de ce qu’il se passe au Monde alors, lis le Figaro. Et réciproquement. C’est ce qu’on fait quand on sait lire.

Tu sembles tenir à maintenir une opposition gauche-droite comme si elle avait encore un sens. La censure n’a pas d’opinion politique, elle est appliquée par des gens que la démocratie dérange.

10)
Okazou
, le 21.12.2007 à 17:07

« Un paramètre oublié toutefois, l’honnêteté des journalistes, soit par vénalité, soit par aveuglement idéologique, soit simplement pour faire monter l”audience. »

… ou à la lâcheté et encore beaucoup d’autres « bonnes » raisons.

Il en est des journalistes comme des autres professions. Un plombier, un juge ou un flic peuvent faire leur boulot avec conscience ou le bâcler. Ils peuvent être exigeants ou laxistes, compétents ou incapables, honnêtes ou malhonnêtes.

Bien sûr, certaines professions sont plus sensibles que d’autres et les journalistes ont de telles responsabilités qu’il faut être exigeants avec leur travail. S’il fallait faire le ménage chez les journalistes il y aurait du boulot.

Le site qui permet de comprendre le problème du laisser-aller dans le journalisme : ACRIMED. où on en apprend des vertes et des pas mûres.

11)
Okazou
, le 21.12.2007 à 17:28

« Dans les censures, il ne faut pas oublier l’auto-censure: par peur de perdre son job, pour dire la chose sans fioritures. »

La meilleure façon de défendre son emploi est de bosser le plus correctement possible et d’en défendre l’éthique avec volonté et courage dans une union solide avec ses collègues. Si tu ne suis pas ce chemin, tu n’es de toute façon plus journaliste. Quel que soit son domaine d’activité on ne peut céder au chantage. La dignité de l’homme n’est pas monayable, l’homme digne est un résistant par nature.

« Et lorsqu’on parle de la Toile, il me semble qu’il faille être très attentifs à ce que les puissants ne se l’approprient pas. »

Nous avons eu un échantillon des risques encourus dans un chaud débat précédent.

Il suffit de voir comment les affairistes s’y prennent. Dans Le canard enchaîné du 12/12/07, on retrouve Bolloré, qui avait invité son ami Sarko dans une croisière méditerranéenne après son élection et quelques mauvaises langues (dont la-mienne) avaient prédit quelque avantage à venir de la part du pouvoir pour renvoyer l’ascenseur. Bolloré est justement en train de racheter le service français de l’agence Associated Press et il envisage ensuite de s’attaquer à l’Agence France Presse !

On peut dire que Sarko et Bolloré ont simplement décidé de s’attaquer directement à la source pour avoir la main sur l’information. Ce n’est pas grave, c’est gravissime.

12)
colibri
, le 21.12.2007 à 20:50

“Moi..” “Je…” disait un dindon…

13)
colibri
, le 21.12.2007 à 20:51

ding! dong!

..

.

14)
Argos
, le 22.12.2007 à 09:18

Comme disait l’ami Albert, il faut toujours relativiser. On parle souvent des affreux marchands qui s’emparent des médias pour les museler. Le pire d’entre eux serait Ruppert Murdoch, qui vient de se payer le Financial Times et qui, en plus, est un copain de Bush. Et bien voilà, dans mon coin du Caucase, il y a un oligarque qui avait créé une chaîne de télévision en garantissant à la rédaction une absolue liberté d’expression. La situation se compliquant dans le pays, il a confié ses actions à Murdoch, qui a assumé la même garantie. La chaîne ayant été considérée comme beaucoup trop critique par le pouvoir, celui-ci l’a fait fermer et prendre d’assaut par les forces spéciales, qui en ont détruit l’équipement technique. Conséquence: Murdoch, fâché d’être attaqué dans sa propriété, s’est senti une vocation de démocrate, et a agité quelques sonnettes. Résultats des courses: le Président du coin remet son mandat en jeu, et la chaîne de télévision émet à nouveau en toute indépendance après que Murdoch ait fourni un nouvel équipement. Certes, le Président va très probablement gagner les prochaines élections, mais ce ne sera pas la faute à Murdoch

15)
Tom25
, le 22.12.2007 à 17:13

La meilleure façon de défendre son emploi est de bosser le plus correctement possible et d’en défendre l’éthique avec volonté et courage dans une union solide avec ses collègues.

Je dirais plutôt devrait être. Car tu conviendras que ce n’est malheureusement pas toujours le cas.

16)
zit
, le 23.12.2007 à 20:27

Information rime avec suspicion.

Et suspicion avec paranoïa: voilà un bel article sur cuk au sujet de la liberté d’information sur la toile, je souhaite y déposer un commentaire, et v’la–t–y pas que ça ne fonctionne pas!
Vendredi soir, ça semblait bloqué à treize, et impossible d’ajouter mon grain de poivre: Anastasia a frappé en Helvétie! l’horreur absolue, l’inquiétude quand à l’intégrité physique du BOSS, qui ne laisserait pas passer ça! Puis d’autres chats à caresser, puis essai de relevage de ma boîte de courriel qui m’explique courtoisement qu’elle est dans l’incapacité de se soumettre à mes envies tant que je n’aurais pas activé “javascript” dans les préférences de mon butineur…

Mais bon sang, mais c’est bien sur! m’exclamais–je! j’avais désactivé la chose pour consulter le bulletin météo envahi de réclames plus qu’intrusives!

Réactivation et… cuk accepte à nouveau ma prose (tant pis pour vous ;o).

z (information rime avec lobotomisation, je répêêêêête: je ne crois en rien, même (surtout) ce que l’on me donne à voir)

17)
Patrick_C
, le 24.12.2007 à 02:04

Je risque peut-être de partir en une réponse philosophique mais j’ai du mal avec deux notions portées aux nues par beaucoup:

– l’indépendance: indépendant de qui, de quoi? C’est la grande mode de certains de se proclamer indépendant et toi même tu annonces que sur internet on trouve des indépendants. Ceux qui se proclament indépendants haut et fort me font le même effet que l’adjonction du terme démocratique au mot république : une redondance louche. Deux exemples typiques adulés par certains milieux: Acrimed se proclame les détenteurs “d’une critique indépendante, radicale et intransigeante”. Cette critique est-elle si indépendante? Quand on voit que tous leurs textes sont orientés politiquement (annoncé par le coté radical), on peut se demander à quel point ils sont indépendants des mouvements d’extrême gauche. Deuxième exemple, toutes les CRII qui se sont créé à la suite de la CRIIRAD : elles se proclament toutes dans leur titre comme indépendante, mais le sont-elles vraiment? La CRIIRAD pourrait-elle sortir un rapport favorable au nucléaire? La CRIIGEN serait-elle capable de sortir un rapport sur les bienfaits des OGM?

– l’objectivité: notion aussi foireuse car impossible à atteindre mais annoncée par les journalistes eux-même. Aucun article n’est véritablement objectif, il résulte d’un ensemble de choix que le journaliste fait. Il reste aux lecteurs à faire une opinion en cumulant plusieurs subjectivités.

On en revient à l’importance de la liberté d’expression qui permettra la diversité des subjectivités produite par une grande diversité de média dépendant de personnes et de moyens variés avec des liens divers.

18)
Okazou
, le 24.12.2007 à 06:11

« – l’indépendance: indépendant de qui, de quoi? »

Indépendance, autonomie, liberté. Affranchissement, émancipation, insoumission, un dictionnaire des synonymes pourrait répondre à ma place.

Quand on parle d’indépendance de la presse, il est très clair que l’on parle du risque d’une presse soumise. Soumise à l’argent, soumise au pouvoir politique. Est-il vraiment besoin de revenir là-dessus ? Je ne crois pas.

« Ceux qui se proclament indépendants haut et fort me font le même effet que l’adjonction du terme démocratique au mot république : une redondance louche. »

Ici, nous rencontrons un problème de vocabulaire. Les mots ont un sens et s’il existe un mot « république » et un mot « démocratie » ce n’est pas pour éviter les répétitions dans l’expression mais simplement parce que ces mots recouvrent des notions bien distinctes.

Non, une république n’est pas forcément démocratique. Pour définir ce qu’est une république le plus facile est de dire ce qu’elle n’est pas :-)

Une république n’est pas une monarchie, ni une théocratie.

La république (du latin res publica) c’est la gestion du bien public par le peuple, la souveraineté du peuple sur le bien commun. On remarquera au passage que sans bien public il n’y a pas de république.
La république est définie par le droit, la loi.

La démocratie (du grec democratia), quant à elle, n’est pas une autocratie, ni une dictature, ni une oligarchie, ni une royauté, ni un totalitarisme.

La démocratie est un système de gouvernement dans lequel l’ensemble des citoyens exerce le pouvoir politique.

« Acrimed se proclame les détenteurs “d’une critique indépendante, radicale et intransigeante”. Cette critique est-elle si indépendante? »

Sans l’ombre d’un doute ACRIMED (Action CRItique MEDias) est indépendant du pouvoir financier et du pouvoir politique.
Tu sembles confondre pouvoir et caractère politiques. Le caractère politique d’ACRIMED n’est pas à droite, c’est aussi sûr que l’est son indépendance de tout pouvoir politique.

Tu viens de découvrir, peut-être avec effroi, que la neutralité n’existe pas. Ce n’est même pas une chimère. Que vaudrait un journaliste qui n’aurait pas de penchant politique ? Sur quelles valeurs s’appuierait-il pour relater les faits de société dont il nous fait part ? Sur quoi fonderait-il sa critique ?Ceux qui se réfèrent à la neutralité politique voient ordinairement leur cœur porter à droite. Quand on est de gauche, on annonce la couleur.

« – l’objectivité: notion aussi foireuse car impossible à atteindre »

Pas du tout. L’objectivité, c’est entre toi et toi, qu’elle joue. C’est ton honnêteté personnelle que tu mets en jeu et sur laquelle tu t’appuies pour être objectif. Être objectif n’interdit en rien de se planter copieusement. Avec l’objectivité l’enjeu n’est ni l’abscence d’erreur, ni la vérité.

« On en revient à l’importance de la liberté d’expression qui permettra la diversité des subjectivités produite par une grande diversité de média dépendant de personnes et de moyens variés avec des liens divers. »

Nous sommes (enfin) bien d’accord.

19)
Patrick_C
, le 26.12.2007 à 01:16

“Sans l’ombre d’un doute ACRIMED (Action CRItique MEDias) est indépendant du pouvoir financier et du pouvoir politique. Tu sembles confondre pouvoir et caractère politiques. Le caractère politique d’ACRIMED n’est pas à droite, c’est aussi sûr que l’est son indépendance de tout pouvoir politique.”

Non. Elle n’est pas indépendante des pouvoirs politiques d’extrême gauche qui ne sont pas anodins ni impuissants (j’attends de la voir critiquer un syndicat comme Sud qui est tout sauf anodin et impuissant politiquement). Derrière tes grands mots, il te reste à découvrir que le pouvoir politique n’est pas que celui que détient le Nicolas et ses compères, mais aussi le pouvoir qu’ont ceux qui ont un tout petit peu la main sur un manette qui va changer la vie de la société. A titre d’exemple, désignerais-tu les apiculteurs comme un pouvoir politique? A priori, on se dirait que non. Sauf que voilà, il y a des sous au milieu (pas beaucoup) et la possibilité d’avoir la main sur leur octroi:

http://www.agriculture-environnement.fr/Pourquoi-la-recherche-apicole.html

Au passage, tu noteras que dans cet article, on parle de l’indépendance mise en cause du travail de chercheurs: les apiculteurs mettent en doute l’indépendance de ceux qui ne vont pas dans le bon sens, mais alors quelle est l’indépendance des autres chercheurs qui vont dans le bon sens avec les bonnes subventions…? A partir de là, merci de me démontrer sur le même principe que des gens comme ACRIMED sont effectivement indépendants de tout pouvoir politique… qu’ils n’ont aucun lien avec des syndicats qui auraient la main sur au choix, des comités d’entreprise assez riche, des postes dans les instances de négociations paritaires… A trop voir le pouvoir comme unique et étatique, tu laisses de coté les autres pouvoirs pour donner un blanc sain à ceux que tu penses indépendants.

Dans ma conclusion, j’ai bien mis le fait que tes médias sont tous dépendants d’un pouvoir (politique, qui s’occupe de la vie de la cité) qu’ils vont défendre (consciemment ou pas): les journalistes écrivent mal sur leurs avantages, les syndicalistes cachés derrières un site d’action critique des médias écrivent mal sur les syndicats, les journalistes financiers d’un groupe industriel écrivent mal sur le groupe en question. Ou du moins, pour l’ensemble de ces personnes, il y a doute sur le mélange d’intérêt. Bon, j’ai du mal avec les boutons au dessus car j’ai beau cliquer sur citation, rien ne se passe.

20)
Okazou
, le 27.12.2007 à 19:04

J’ai failli passer à côté de ta réaction. Excuse mon retard.

« Non. Elle [Acrimed] n’est pas indépendante des pouvoirs politiques d’extrême gauche qui ne sont pas anodins ni impuissants »

D’abord, l’extrême-gauche d’aujourd’hui n’est rien de plus, rien d’autre que la gauche d’hier, celle du Front populaire (congés payés), celle du Conseil national de la Résistance (Sécurité sociale) et, peu ou prou, celle de l’Union de la gauche a son arrivée au pouvoir en 1981. Tu parles d’une gauche révolutionnaire !

Il te reste à démontrer (bon courage !) qu’Acrimed est le bras armé de l’extrême-gauche française. Tu te fourvoies. Si tu t’imagines qu’il te suffit de brandir ton crucifix et tes gousses d’ail en t’époumonant : « Extrême-gauche ! » pour te débarrasser d’une pensée de gauche qui te donne de l’urticaire, tu repasseras. Ou bien tu disposes d’éléments tangibles, bien réels, bien costauds qui démontrent que Acrimed n’est qu’un nid de gauchistes (selon la définition de Lénine ?) et tu dois nous en faire part, ou bien tu ne souhaites, comme le premier Sarkozy venu, que déconsidérer, dénigrer le travail de journalistes qui prennent le risque d’exposer leurs écrits à ta critique.

Acrimed nous fournit, à nous qui sommes attachés à la démocratie et à une information non biaisée, une excellente critique des medias et il suffit de lire leurs travaux pour s’en convaincre. C’est franchement spectaculaire ! Impossible d’y voir la main de Trotsky.

« A titre d’exemple, désignerais-tu les apiculteurs comme un pouvoir politique? »

J’ai lu attentivement l’excellent texte du lien que tu nous donnes sur l’apiculture et, si j’ai beaucoup appris, je ne vois là qu’une sorte de comportement général dans la recherche où la quête de crédits est une lutte permanente. L’essentiel est bien que la recherche reste publique en France. Les pressions des milieux professionnels, quelle que soit leur origine, auront toujours cours et je ne vois pas bien le problème de la mortalité des abeilles (chimie, virus, acariens…) réglé autrement que par des recherches tous azimuts et surtout en coordination et coopération entre les différents labos.

L’ennemi sera toujours du côté de la recherche du profit tant qu’on considèrera celui-ci comme la finalité du travail des hommes. Erreur mortelle.