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Pour rebondir lorsque la vie vous colle des baffes
Tout a commencé une nuit, j'avais alors vint-quatre ans, par un cauchemar, qui m'a étranglée, qui m'a laissée paniquée, épuisée. Durant des mois, il a joué à cache-cache avec moi, me tombant parfois dessus plusieurs nuits de suite ou disparaissant quelques semaines pour revenir juste au moment où je le pensais envolé pour toujours.

Un soir, j'ai réalisé que j'avais peur d'aller dormir. Et que depuis dix jours, je terminais mes journées par un verre de vin rouge, pour pouvoir m'endormir plus facilement.

Ce constat m'a fait encore plus peur que le cauchemar lui-même : assise en face de cette bouteille, entamée seule dans ma petite cuisine en pleine semaine, je me voyais déjà alcoolique, à boire de l'alcool non par plaisir mais par une sorte de besoin malsain.

Le lendemain matin, cernée et relativement angoissée, j'ai foncé chez ma médecin généraliste, avec une demande assez floue "faites quelque chose, ça ne va pas". Je suis repartie avec, dans ma poche, écrit sur un petit bout de papier, le nom d'un psychiatre. Une espèce de déception, pour moi qui pensais qu'elle allait me prescrire des "pilules-miracle" : je les aurais préférées, je crois, à un "docteur de la tête", bien qu'étant très réfractaire aux médicaments.

J'ai eu du mal à prendre rendez-vous, beaucoup même. "Franchement, faut être fou pour aller chez un psy et non, je ne suis pas folle" me disais-je. "Tu fais des études de droit, tes résultats sont excellents : si ça, c'est pas la preuve que tu vas bien, je ne sais pas ce qu'il te faut", me rappelait une petite voix. "T'es peut-être pas folle mais là, ça va plus, tu peux pas continuer comme ça" me disait l'autre partie de moi. Et je ne pouvais pas le nier : je ne me sentais pas bien malgré mes réussites objectives.

Treize ans plus tard, je me souviens encore de l'odeur du tapis coco dans la salle d'attente, je me souviens encore du nombre de marches entre la rue et l'entrée du cabinet - 14 -.

Lors de la première séance, mon tour venu, je me suis assise en face d'un homme avec lequel je n'avais eu qu'un bref contact téléphonique après avoir pris mon courage à deux mains, et j'ai attendu qu'il me pose la question que je supposais habituelle "qu'est-ce qui vous amène ?"

Sur ce point-là, je ne m'étais pas trompée : il m'a bel et bien demandé quelle était la raison de ma venue. Cette simple phrase a entraîné un flot de paroles, assez décousues, au-travers desquelles j'ai tenté de résumer et mon mal-être et mon désir féroce d'aller mieux, d'aller autrement, sans savoir exactement ce que signifiait "autrement", mon angoisse d'être étouffée par ce cauchemar qui n'était que l'émergence de mon parcours de vie : je venais d'être confrontée à la mort de cinq personnes très chères en cinq ans et j'en étais arrivée à croire que je "portais malheur" et que me fréquenter signifiait immanquablement "mourir bientôt" : la seule image que j'avais de moi était celle d'une jeune femme "tout le temps" en noir, debout devant une tombe, en train de répondre à des dizaines de cartes de condoléances.

Il m'a fallu bien des séances pour me défaire de cette panique que provoquaient en moi quelques minutes de retard : chaque fois qu'une personne n'arrivait pas à l'heure précise annoncée, j'attendais l'appel de la police "pouvez-vous venir reconnaître le corps qui se trouve à la morgue ?" J'en étais au point que je n'envisageais même plus un problème de trafic, un retard de correspondance de trains ou un appel de dernière minute.

Il m'a fallu bien des séances pour comprendre que le deuil est une chose, la "réorganisation" de mes relations à autrui une autre, la difficulté principale n'étant pas induite par le décès mais par mon rapport aux vivants. Il m'a fallu des mois de séances prises "en cachette" pour oser dire haut et fort "je consulte un psy" et il m'a fallu au moins aussi longtemps pour ne plus me sentir agressée par des commentaires comme "mais franchement, qu'est-ce qu'il peut bien t'apporter, ce toubib, la vie continue, faut pas se larmoyer sur le passé, faut aller de l'avant".

Bien sûr, j'aurais pu faire du sport, me lancer des défis physiques, j'aurais pu prendre des cours de yoga ou m'offrir le luxe d'un voyage sac au dos dans les contrées les plus exotiques de la planète. Je ne l'ai pas fait, faute de goût pour l'effort et pour le sport; je ne l'ai pas fait, faute de réelle motivation pour sortir de mon environnement à la fois connu et pourtant devenu trop "étroit" pour moi.

Et en lieu et place de ces autres "méthodes" pour rebondir, j'ai fait "de l'ordre dans mon salon" durant un peu moins de trois ans, par la parole, par le silence parfois, face à cet homme qui fumait une cigarette sans filtre avant la séance, cigarette qui laissait toujours quelques volutes dans la pièce lorsque j'entrais, le vendredi tous les quinze jours, "sauf durant les vacances scolaires".

J'ai ensuite continué mon chemin, devenant épouse, avocate, employée, mère, dans un "salon" que je trouvais agréable à vivre.

Restaient toutefois un "grenier" et une "cave", que je n'avais pas visités, pour plein de raisons. Pièces que je visite maintenant depuis deux ans, les jeudi et les vendredi matins, de nouveau "sauf durant les vacances scolaires", dans un étrange chassé-croisé entre passé et présent, pour un avenir que je rêve plus "léger", pour déposer entre les mains d'un homme qui n'est que mon miroir ce que j'ai comme craintes et comme espoirs.

Je ne sais pas où va me conduire ce voyage mais je sais vers qui : moi, dans ce que j'ai de fort et de faible, de beau et de moins "avouable", pour devenir une adulte qui ne sera jamais à l'abri des coups du destin mais qui, toujours, saura rebondir sans être captive de son parcours.

Alors que tout a commencé par un cauchemar, j'ai aujourd'hui un rêve : que chacun puisse trouver le moyen de faire face à ces baffes que la vie distribue immanquablement, aux bons comme aux mauvais élèves, pour pouvoir "digérer" au mieux ces événements qui ouvrent des plaies, pour que, à défaut de "disparaître", elles laissent des cicatrices qu'un chirurgien esthétique ne renierait pas.

Si je ne suis toujours pas convaincue que forcément, "à quelque chose, tout malheur est bon", j'ai fini par comprendre que effectivement, "ceux que le malheur n'abat point, il les instruit."

Et vous, comment avez-vous fait face à ces malheurs qui ne vous ont pas abattus ?

57 commentaires
1)
Inconnu
, le 14.01.2008 à 00:47

Je pars simplement du principe que toute expérience est “bonne à prendre”.

Mais disons que je garde tout pour moi… J’explose tout seul. C’est comme le stress : je ne le montre pas, car je ne vois pas l’intérêt de le partager avec les autres. Pour mes gros problèmes, c’est pareil. Je n’y pense pas. Je trouve la société assez égoïste comme ça alors pourquoi aller embêter une personne (pas un psy, ou médecin ou autre) avec mes problèmes ? Oui tout le monde a des amis, moi aussi.

Au contraire, je joue l’altruiste. J’écoute les autres mais je ne leur demande rien en échange. Ca me fait plaisir et ça me fait du bien de voir que les autres vont bien autour de moi, et grâce à moi. Alors je ne vais pas leur plomber leur bonheur avec mes malheurs que, finalement, je règle toujours tout seul. J’aime faire les choses à ma manière, et aussi, je déteste que quelqu’un me donne des conseils sur ma vie.

Donc pour répondre à ta question, Mary, je ne fais rien. J’oublie. Je laisse couler. Je me trouve une occupation qui m’occupe l’esprit… Si possible, une occupation solitaire.

2)
Jonathan
, le 14.01.2008 à 04:23

Tout d’abord bravo, Madame Poppins, d’avoir réussi à en parler !

En ce qui me concerne, c’est un livre, qui, il y a très longtemps, a complétement changé ma vie ! Ca concernait la pensée positive, d’après Emile Couet ! Je le lisait sans plus, trouvant les théories intéréssentes, jusqu’au jour ou j’ai testé sur moi ! Ca été un énorme déclic ! A partir de ce moment, j’ai compris la puissance de la pensée et ces effets, même physique, puisque en ce qui me concerne, il s’agissait de problèmes lié à la maladie !

Et depuis lors, je n’ai vu un médecin qu’une seule fois, en 20 ans, pour un contrôle ! Pas mal pour une personne qui à passé son enfance à l’hopital avec une opération du coeur à 14 ans !

La vie m’a fait comprendre que tout n’était qu’un problème d’interprétation. Une image assez forte à l’époque montrait 2 enfants qui était surpris par une grosse vague. L’un pleurait et l’autre rigolait. Devant le même “drame”, 2 réactions totalement opposée simplement par la façon de percevoir ce dernier !

Ca peut paraître “facile”, dit comme ça, mais c’est l’exact reproduction de ce qui ce passe dans les événements d’une vie ! Vous avez totalement le choix de l’interprétation d’un événement !

Une dépréssion par exemple, ce crée assez facilement: c’est la perte d’équilibre entre les pensées positives et les négatives. Si vous ni prenez garde, plus l’équilibre ce creuse, plus vous vous enfoncer et donc plus il est difficile de s’en sortir. Mais que ce passe-t’il une fois conscient du processus ?

On prend conscience que le bonheur ce crée tout aussi facilement ! Et ce, quelque soit l’environnement ! Pour ma défence, je dirais, regardez le sourir d’enfants affricains des bidons villes, qui n’on absolument rien, aucun avenir, et qui pourtant sourie à la vie ! C’est une chose qui avait beaucoup impréssionné Philippe Roch, dont je viens de finir le livre et qui était à la tête de l’office fédéral de l’environnement. Comparé avec le sourir de nos enfants super gâter, qui on tout et plus… Ca donne une bonne idée de la puissance qui est en nous et de l’indépendance par rapport à son environnement !

La cerise sur le gâteau, si je puis dire, c’est que plus on intègre le mécanisme, plus on arrive immanquablement au… lâcher prise ! C’est l’arme absolue qui seule est capable de vous faire passer au travers de toutes les embûches de la vie sans subir ces émotions. Ca permet de manière consciente, de rester intact face à ces événements.

A mon sens, la meilleurs manière d’avoir un avis, c’est de le vérifier par soi-même ! Tester pendant une journée la pensée positive (vaut mieux commencer par celle-là ;). Ce n’est pas si facile qu’on pourrait le croire, car ça demande d’être conscient de l’instant présent, mais ça ne coûte rien d’essayer et il y a tout à gagner :)

Pascal

PS: J’utilise le nom jonathan pour ne pas oublier un film qui m’a “réveillé”, si je puis dire: jonathan livingstone. Donc rien à voir avec mon véritable prénom…

3)
Leo_11
, le 14.01.2008 à 06:15

Comme d’hab’… bien écrit, fort et prenant… j’aime ces lundis qui démarrent avec tes billets Madame P…

Pour ma part… je ne sais pas… bien qu’ayant perdu ma mère alors que j’avais pas encore 4 ans (mon père s’est remarié par la suite) je suis un optimiste né… Non, non, je ne vais pas dire que rien ne peux m’atteindre mais lorsqu’un coup de bluse (pas toi Bluse) vient me chatouiller, je vais dans ma “caverne”, je fais quelque chose seul (surf, lecture… je dors) et il disparaît tout seul très rapidement… je crois que je fais partie des chanceux e ce monde…

4)
François Cuneo
, le 14.01.2008 à 06:35

Merci d’avoir écrit tout ça ici.

Ce ne doit pas être facile de “sortir” tout ça autrement qu’en face de ton psy justement.

La preuve, je ne peux absolument pas répondre à ta question.

Blocage total dans ma tête.

5)
ManiX
, le 14.01.2008 à 07:10

Pour l’instant, il n’est pas encore certain que les malheurs ne m’abattent pas. Comme vous, je me contente de me battre.

6)
Gr@g
, le 14.01.2008 à 07:14

je rejoins leo_11, les lundis qui débutent par vos billets madame Poppins.

Surtout quand cela demande autant d’acceptation de ce qu’on est au fond de nous-même.

Pour ma part, sans avoir jamais lu Couet comme Jonathan, je suis partisan d’un état d’esprit positif, que je différencie de l’optimisme. Être positif, pour moi, c’est réussir à trouver des raisons de grandir (apprendre, évoluer, voire comprendre si l’on est doué) pour ne pas être abattu par le malheur, et au contraire le surpasser. Et le surpasser, ce n’est pas l’oublier, ou le mettre de côté… c’est l’accepter, c’est faire avec.

Dans ce processus d’acceptation, il y a deux sphères qui interragissent: – notre propre fonctionnement intérieur – notre environnement (social, familial…).

Si les 2 ne sont pas combinés, la “vraie” acceptation n’est pas totale. Chacun de nous va être différent, dans le sens que certains ont peu besoin de l’environnement pour surpasser le malheur, alors que d’autres ont au contraire surtout besoin des autres. L’important est que quelque soit la proportion dont nous avons besoin de ces 2 sphères, l’équilibre soit trouvé.

En fait, je dis ça comme si c’était une vérité absolue… mais ce n’est que mon avis…

7)
ToTheEnd
, le 14.01.2008 à 07:53

Je ne sortirai qu’une phrase que j’ai lue hier soir dans un bistrot à un après-ski:

“Avec le bon vin

Pas besoin de médecin”

Voilà, c’était ma contribution du lundi.

T

8)
ysengrain
, le 14.01.2008 à 08:03

Je ne crois pas qu’il y ait une réponse universelle, passe partout. Certains éprouvent le besoin de parler. Pour d’autres ” je ne fais rien. J’oublie. Je laisse couler. Je me trouve une occupation qui m’occupe l’esprit… Si possible, une occupation solitaire” …. ou bien la mutité est la seule expression “Ce ne doit pas être facile de “sortir” tout ça autrement qu’en face de ton psy justement. La preuve, je ne peux absolument pas répondre à ta question.” (N’y vois rien de personnel François)

Ce sont des schémas d’organisation mentale. L’un d’entre eux, que je n’ai pas expérimenté, est ce que j’appelle “la cocotte-minute”. L’eau bout, et la pression est régulée par la valve. Sauf qu’un jour, le chauffage a augmenté , où que la valve est encrassée et ça pète au nez. Le cauchemar que cite MP est un bon exemple. Un exemple récent vécu dans mon entourage implique un homme de 35 ans, marié, 2 enfants, aimant, le meilleur mari du monde, zen comme l’est le judoka de haut niveau qu’il est. Sa mère, infâme, immonde l’a tant perturbé qu’il y a 5 ans il a quitté la métropole et s’est installé dans l’île de la Réunion. Sa mère vient de mourir. Notre ami est en loques mentales, négligeant sa famille.

Je crois qu’il faut être assez simple, quand le besoin s’en fait sentir, il faut aller consulter un “Docteur de la tête” comme on va consulter quand on a mal aux pieds ou … Le “Docteur de la tête” peut revêtir plusieurs aspects: le sport, une passion un peu dévorante. Trop souvent, il y a un blocage à aller consulter car 1- ça fait peur (moi fou, pensez-donc …) 2- notre éducation et donc ce qui nous a été transmis, n’intègre pas le recours auprès d’un “psy-quelquechose”: on n’a absolument pas conscience de l’importance de la parole apaisante. Le fait de dire, non seulement ses maux, mais aussi son organisation mentale a un effet très positif. C’est là le point de rencontre avec la pensée positive 3- trop souvent, on rencontre le schéma vécu par MP qui va consulter le généraliste en quête des pilules miracles. Celles ci n’ont pas d’autre effet que de minimiser la sensibilité, le ressenti. En clair, on réduit le feu sous la cocotte-minute. Aucun médicament n’a jamais permis de guérir un trouble comme ceux décrits ici. La publicité médicale, et c’est un autre débat, veut nous le faire croire, mais c’est totalement archi-faux.

Certains sont assez exceptionnels pour s’auto-introspecter. Je connais, un homme, qui est un être unique tant dans son comportement “ordinaire” que dans l’intelligence des autres qui a cette capacité.

L’univers mental peut sans doute être comparé à un iceberg: ce qui surnage, tout le monde le voit; sous le niveau de flottaison se passe tout: la masse est si importante qu’elle équilibre toute la structure, mais elle comporte des glaces de différents âges, qualité, dureté, etc… Le boulot du psy-quelquechose est d’introspecter ce qui est sous le niveau de flottaison.

Le deuil: je ne crois pas qu’un événement impliquant une perte, quelle que soit la nature de la perte puisse être géré autrement que: que vais-je faire avec ce qui reste. L’inconvénient de cette position est qu’elle ne laisse pas beaucoup de place à la perte qui peut-être plus que prégnante.

P.S. Un dernier mot: allez chercher un blog où on peut passer des coups de gueule du boss aux spoonfuls of sugar de Madame Poppins (qui nous en a privé aujourd’hui). On est bien sur cuk ainsi que sur les tribulations.

9)
jibu
, le 14.01.2008 à 08:12

he bé… rien à ajouter, comme francois je peux rien dire de plus. Comme d’autre aussi je suis impressionné par la façon dont c’est écrit- prenant.

10)
Roger Baudet
, le 14.01.2008 à 08:36

Jolie Humeur, Madame Poppins.

11)
coacoa
, le 14.01.2008 à 08:48

En y réfléchissant bien, je crois avoir adopté, sans vraiment saisir l’importance de l’exercice, une “méthode” qui m’a été utile très tôt.

A l’âge de 7 ans, mes parents étant de confession catholique (et absolument pas pratiquants), j’ai fait ma Première communion. Je me souviens d’un jour précis où, après ma première confession (qui fut aussi la dernière), le curé (qui avait un gros nez rouge) m’a demandé de faire une promesse à Dieu. Sans trop réfléchir, j’ai promis que je prierais tous les soirs pour “le remercier”.

Cette “prière”, très très tôt, a pris la forme suivante : je déroulais ma journée et disais “merci” (étant incapable de réciter le Notre Père, j’ai improvisé).

Le jour de la mort de mon grand-père (j’avais 9 ans), après avoir dit “merci”, je me suis demandé “Merci pour quoi, pour avoir tué mon grand-père ?”. Persuadé qu’il y avait forcément une “bonne raison” dans chaque décision divine, j’ai passé une partie de la nuit à réfléchir. J’ai finalement trouvé une réponse. “Cette épreuve est sur mon chemin pour m’apprendre à grandir”. J’ai alors pu redire mon “merci” quotidien en sachant pourquoi je le disais.

J’ai poursuivi cet exercice “à la Couet” tous les soirs, sans exception, jusqu’à l’âge de 22 ans où, après avoir lu et étudié “Don Juan” de Molière, comme son héros, j’ai “abandonné” la foi. Sans plus aucun “contrat divin”, j’ai perdu l’habitude de cette “prière” quotidienne.

Je le regrette parfois, je suis persuadé qu’elle m’aura permis de traverser un certain nombre d’événements avec une certaine philosophie que je qualifierais de “positive”. Surtout durant l’adolescence où certaines questions identitaires ont été fortes.

Cela dit, en y songeant, je pense avoir gardé le pli.

12)
pilote.ka
, le 14.01.2008 à 09:17

Ce que décrit Mme Poppins c’est une psychanalyse réussie, psychanalyse qu’elle continuera toute sa vie parce ce que de nouvelles strates s’ajouteront sans cesse à son inconscient. Mais si c’était une solution miracle ça se saurait! Car des fois ça marche et des fois on n’obtient pas de résultats probants.

Dire “à condition d’y mettre un peu de volonté tout peut s’arranger” est bien évidemment totalement ridicule:

Vous avez totalement le choix de l’interprétation d’un événement !

Désolé Jonhatan. Je ne connais pas ton âge mais tu finiras j’espère par comprendre que nous ne sommes pas des dieux, et que le feu brûle provocant du même coup une sensation de douleur.

Bref, ayant eu moi-même des rapports avec un psy, je voudrais dire qu’il n’y a pas de solution idéale. Quand on voit une personne qui tombe vraiment dans une dépression nerveuse grave ça fait peur car elles ont vraiment le psychisme complètement ravagé. Et là les médicaments sont aussi indispensables que les entretiens avec un psy.

Par rapport a quelqu’un sur lequel s’est abattue une dépression nerveuse, la démarche de Mme Poppins ressemble à une recherche de confort émotionnel. Elle a droit de le trouver comme elle le veut mais ce n’est pas une solution toute faite qu’on pourrait appliquer à tous les troubles psychologiques.

13)
Caplan
, le 14.01.2008 à 09:34

En primeur, voici le tout nouveau CukDivan:

En peau de Leopard, évidemment! ;-)

Milsabor!

14)
nic
, le 14.01.2008 à 09:46

to the end, tu etait aux paccots hier?

madame, je me demande si le fait d’en parler publiquement ici, ça ne fait pas encore mieux que d’en parler à son psy. à l’envers c’est peut etre le fait d’etre suivi par un psy qui te permet d’en parler publiquement…

ciao, n

15)
Saluki
, le 14.01.2008 à 09:51

Comme tout un chacun, j’ai vécu un lot de bonheurs et de merdes en alternance voire en accumulation par points singuliers.

Je n’ai pas trop envie d’en raconter les détails, mais j’en ai parcouru deux majeurs.
Le premier, c’est la simultanéité d’annonce à trois heures près d’une promotion fulgurante en changeant de parcours professionnel et du cancer de la mère de mes enfants. La vision positive est que nous avons habitué nos enfants à plus d’autonomie et que, quand huit ans plus tard, elle est partie, ils étaient bien dans leur tête.

Le deuxième c’est la situation exactement inverse, sauf que, depuis six ans et grâce à Madame Saluki, j’ai traité l’affection à la fois par la méthode Deproges et le mépris et que je compte bien enfumer les lecteurs de cuk avec mes histoires de qat-qat et de photos aussi longtemps qu’il y aura des piles dans mon clavier à la DentBleue.

16)
A.DOU
, le 14.01.2008 à 09:57

Fantastique article ! Merci Madame ! Nous manquons de compréhension, d’ acceptation réelle de la part de nos semblables, nous perdons notre confiance, et nous efforçons de nous montrer sous un éclairage différent de notre moi profond. C’ est pourquoi AUSSI, CUK, avec son esprit de tolérance et de grande famille où nous partageons joies et déceptions, doutes et espoirs, séduit autant d’ internautes. Merci à vous tous de nous faire du bien !

17)
Jérémie
, le 14.01.2008 à 10:02

J’ai aussi fait un petit bout de psychanalyse. deux ans et un chouilla. Ben… j’en garde pas un très bon souvenir. J’ai senti à plus d’une reprise que le psy jugeait certains points de ce que je lui partageais. Entre autre, lorsque je lui parlais de la place que prend la religion pour bibi. Il apparait que ce psy ne tienne pas la religion pour quelque chose de valable. Être jugé de la sorte, a changé la vision que j’avais de la thérapie. J’ai arrêté net, car je ne sentais pas de respect pour ce que je livrais là. Depuis, je sais que j’aurai besoin d’un débriefing sorte certaines choses… Le hic, c’est que cette expérience a bloqué quelque chose! (paradoxal, pour un psy, non?) Cela dit, je suis heureux que cela ait pu être d’un quelconque secours à plus d’un.

Et je rejoins Leo_11, le Sieur Cuk et tout les autres pour te féliciter pour l’honnêteté et la fraîcheur d’un telle confession. Chapeau bas!

18)
alec6
, le 14.01.2008 à 10:03

TTE, je n’en attendais pas moins de toi ! mais le divan de Caplan en sus serait un must !

D’ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué, le tiroir sous le divan est placé là pour planquer les bouteilles et les verres, mais vu sa hauteur, il y est impossible de ranger une bouteille ouverte…

19)
gerbaud
, le 14.01.2008 à 10:08

Merci, Mme Poppins. Eclairant et courageux.

Ma tentative de compréhension de l’univers passe par la notion d’échelle. Nous sommes tous formés de molécules et nous sommes tous une molécule de quelque chose de plus grand. De même pour notre Terre, notre galaxie, etc., selon cette hypothèse. C’est ma seule manière de comprendre qu’on ne peut pas comprendre jusqu’où s’étend l’univers.

Ça me permet de m’imaginer que notre galaxie peut être, par exemple, une molécule “d’air” que respire une créature immensément plus grande. Et ça me permet de relativiser, de prendre un peu de distance quand c’est nécessaire, d’intercaler un peu d’humour. (En même temps, ça m’impressionne !)

Dans le même esprit, je m’abstiens de juger de la taille des problèmes des autres …et des miens, car c’est vrai, l’existence n’est que l’interprétation qu’on s’en fait.

Et oui, François, il est parfois difficile d’aborder ce vaste sujet, mais si pour vous la cocotte-minute a un grain de sable dans le sifflet ;-) c’est vraiment le moment de vous y mettre ! En choisissant soigneusement votre “miroir” et sa forme. J’ai connu un petit gars de 3 ans qui ne s’entendait pas avec sa maman de jour et qui n’osait pas en parler. Un soir, il a proposé à son entourage de faire un jeu: il a distribué les rôles; lui était la maman de jour et il a commencé à crier et être brutal envers nous. Il nous montrait ce qu’il vivait pendant la journée. (Bien sûr, toute ressemblance…)

Sûrement aussi, il est bon de se rappeler le vol lumineux de Jonathan Sea Gull… O la la ce que ma contribution est schématique pour un tel sujet !

Elle vaut pas la peine d’être survécue, la survie ?

Gerbaud

21)
Anapi
, le 14.01.2008 à 11:09

Je rejoins Johnathan (#2) par un chemin un peu différent. Le Bouddhisme propose d’ailleurs une forme de discipline mentale assez proche de la pensée positive, avec quelques milliers d’années de pratiques comme support.

Lacher prise, c’est ranger son égo dans sa poche une bonne fois pour toute, et comprendre qu’on n’est pas la chose la plus importante du monde. Ranger l’égo permet de mettre en oeuvre une démarche altruiste avec sincérité, et de réaliser en aidant les autres que c’est le meilleur chemin pour parvenir à son propre bonheur.

Faites l’expérience : quand êtes vous heureux ? Vraiment heureux, pas euphorique, excité ou ayant satisfait un désir qui sera remplacé par un autre le lendemain ? Pour moi, et pour d’autres, c’est quand vous avez vraiment aidé quelqu’un, que vous avez contribuez à rendre sa vie meilleure, sans forcément que la personne sache que c’est à vous qu’elle le doit.

Pour revenir à l’excellent billet de ce jour, j’essaye de faire face à mes problèmes en détachant la partie qui me concerne, pour me focaliser sur celle qui peut aider l’autre. A quoi sert de se dire que l’on est le plus malheureux du monde, que la vie est injuste, que l’on serait plus heureux si on n’avait pas eu tel ou tel évènement tragique dans son existence ? Non seulement on se démolit, mais on détruit aussi ceux que l’on aime. Pour eux, on doit apprendre à être heureux, et ça demande beaucoup de courage et de force. Je pense malgré tout que cela reste le meilleur chemin.

22)
fxprod
, le 14.01.2008 à 11:09

La seule fois ou je suis allé chez un psy. le Monsieur s’appelait Omer, après 5 min. c’est lui qui s’est mis dans le divan de caplan et il m’a dit avec une voix nasillarde:” quoi de neuf docteur…”

Plus sérieusement, merci mame Poppins, vos textes sont toujours magnifiques.

23)
kris
, le 14.01.2008 à 11:30

Madame Poppins, bravo et merci. Tes articles, je n’en sors jamais comme j’y suis entré. Toujours mieux.

Caplan, je veux croire que ce divan est « tout synthétique » et 100 % recyclable.

24)
ysengrain
, le 14.01.2008 à 11:50

Lacher prise, c’est ranger son égo dans sa poche une bonne fois pour toute, et comprendre qu’on n’est pas la chose la plus importante du monde. Ranger l’égo permet de mettre en oeuvre une démarche altruiste avec sincérité, et de réaliser en aidant les autres que c’est le meilleur chemin pour parvenir à son propre bonheur.

C’est aussi diminuer la pression qu’en toute ignorance, nous nous mettons.

25)
ToTheEnd
, le 14.01.2008 à 12:12

nic: pour des raisons diverses, j’y étais même samedi soir et dimanche en fin de journée… alors que j’ai skié dimanche à Villars. Pourquoi tant de curiosité?

T

26)
zit
, le 14.01.2008 à 12:31

Moi?

je suis fou!

et j’en suis conscient et content…

Fou, dans le sens de “a” privatif “normal”, ni au dessus de la norme, ni en dessous, à côté, ailleurs. Les gens “normaux” me font flipper, ça a l’air bien ennuyeux en plus!

Mon petit frère a passé un moment en HP, puis en hôpital se jour: lui, c’était très grave parce qu’il flippait justement “de ne pas être normal”…

J’ai de la chance! et effectivement, je suis assez à voir toujours le verre à moitié plein.

Un ami me répêêêêête souvent que je devrais aller voir un psy, d’ailleurs, il parle de moi à son psy! ça me fait marrer! Peut être suis–je un peu autiste, je vis dans mon monde, dans ma coquille, et je sais que ce n’est pas toujours facile pour mon entourage, mais je suis bien, dans mon monde, alors que les “gens normaux” ont l’air d’avoir tellement de problèmes!

Vivre au quotidien, carpe diem, le passé n’existe plus, le futur pas encore (d’ailleurs le “No Future” du mouvement punk m’accompagne, pas dans le sens d’un arrêt du temps, mais plutôt dans le sens de “le futur que la société me propose, je n’en veux pas, non, pas pour moi! un autre monde est possible…”).

Caplan, j’en veux un! tu l’as eu où?

z (si Mâââme Poppins n’existait pas, on ne pourrait pas l’inventer, je répêêêêête: pour vivre heureux, soyez fous!)

27)
Caplan
, le 14.01.2008 à 13:11

Peut être suis–je un peu autiste, je vis dans mon monde, dans ma coquille, et je sais que ce n’est pas toujours facile pour mon entourage, mais je suis bien, dans mon monde, alors que les “gens normaux” ont l’air d’avoir tellement de problèmes!

C’est bien ce qui m’a semblé quand je t’ai rencontré! C’est pour ça que je t’apprécie!

Caplan, j’en veux un! tu l’as eu où?

Le canapé? Fait maison, bien sûr! ;-)

Milsabor!

28)
Franck_Pastor
, le 14.01.2008 à 13:21

J’ai subi une sévère dépression il y a dix ans, traitée médicamenteusement et tout, et suivi pendant quelques mois une psychothérapie, avec des résultats moyens. C’est en fait surtout grâce aux lectures entreprises pendant cette psychothérapie que j’ai pu me remettre debout. Avec quelques maximes que bien des personnes trouveront simplement “de bon sens” ou “évidentes”, mais qui ne sont pas si faciles que ça à intégrer chez d’autres.

— ne pas mettre ses pensées, qu’elles soient positives ou négatives, sur un piédestal : ces pensées viennent de nous-même, de notre vécu et/ou inconscient, et ne sont pas un reflet objectif du monde qui nous entoure ; une autre personne avec un vécu distinct interprètera une même situation totalement différemment ; cela ne disqualifie pas ces pensées pour autant, mais en relativise très fortement la portée ;

— tout le monde a des sautes d’humeur, la vie nous paraît rose à un moment et sinistre à un autre. Cet alternance d’humeur est normale. Après un état cafardeux, vient l’éclaircie (sauf si la dépression est vraiment là, auquel cas on reste coincé dans le cafard, et une intervention extérieure est nécessaire) ;

— l’opinion que les autres ont de nous dépend bien plus d’eux-mêmes que de nous-mêmes. Nous sommes “jaugés” en fonction du vécu de la personne qui nous fait face, de son système de pensée propre, et de ses sautes d’humeur. En prendre conscience permet de relativiser (là aussi) ce que pensent les autres de nous ;

— ne jamais prendre de décisions importantes dans un état d’esprit sombre, et particulièrement en pleine déprime. On n’est pas en pleine possession de ses moyens dans cet état ! Attendre de se sentir mieux dans sa tête, et les critères de prise de décision changent alors radicalement, et sont plus sains ;

— vivre autant que possible “ici” et “maintenant” ; cela a déjà été dit, mais c’est fondamental. C’est ce qui nous entoure à présent qui est important, c’est là que nous avons du pouvoir.

29)
Kermorvan
, le 14.01.2008 à 13:24

Chacun est libre de se soigner comme il l’entend, il n’y a rien à redire à cela, analyse, religion, argent, amis, sport, science, voyages, pinard ou autre. Quoi qu’il en soit, Mme Poppins, votre texte est émouvant, c’est bien dit, nous pouvons vous remercier de nous l’adresser.

Cependant: en France, un rapport de l’INSERM (Psychothérapie. Trois approches évaluées (2004)) a défrayé la chronique il y a peu. Déplaisant aux psychanalystes patentés, on a vu cette chose incroyable qu’un ministre de la santé (M. Douste-Blazy) aille à une réunion publique (mais payante, fort cher, ne perdons pas le nord) qui se tenait à la mutualité, tel le bourgeois de Calais en chemise et la corde au cou, livrer les clés de son ministère pour en ôter du site le rapport de l’INSERM, le 5 février 2005. “Ils n’en entendront plus parler” a-t-il dit, en parlant des patients.

30)
XXé
, le 14.01.2008 à 13:37

Je n’ai lu que l’article, faute de temps tout de suite, donc juste ce qui me vient à l’esprit, là tout de suite :

Bravo.

Didier

31)
Inconnu
, le 14.01.2008 à 13:49

Oui, j’ai aussi reçu, non des baffes mais des coups de poings étourdissants en quatre ans. Le dernier m’a mis KO il y a peu. A croire que les précédents sont venus pour me sensibiliser en quelque sorte à l’impensable, l’inimaginable, l’indicible. Mais le coup n’en fut pas moins dévastateur. Ce dernier coup du sort m’a complètement déstabilisé, au delà de la peine, des questionnements, des regrets, des remords.

Rebondir dit elle. Mais, essayez de faire rebondir un ballon crevé. Qui me regonflera après un tel cataclysme. Moi ? Je ne sais pas si j’ai assez d’air… D’ailleurs, je ne sais même pas si j’en ai envie.

Positivez disent ils. Comment le faire quand votre intégrité psychologique est mise à mal ? Comment faire quand votre personnalité n’arrive plus à se recomposer ? Aller voir un psy ? peut être. Je vais essayer bien que je sois a-normal comme dit si bien Zit.

Comme m’a dit une amie, « tu tournes en rond. »

Comme l’a dit ma médecine, « il faudrait que tu te fasses aider, tu frises la dépression. Va voir Mme , elle t’aidera, c’est une très bonne psy… ».

Plus le temps de mon cauchemar passe, plus je me convainc qu’il faudrait que j’aille voir cette dame, ne serait ce par curiosité…

Mais j’ai tout le temps une inquiétude de parler de ma tragédie. J’ai peur de déverser sur autrui une telle quantité de désespérance, de malheur, d’angoisse au risque de l’emporter dans un tourbillon définitif que je préfère le plus souvent ne rien dire.

« oui, mais elle est étrangère à ton histoire. Elle a du recul, un œil professionnel. C’est son boulot. Elle est formée pour ça. » m’a répondu cette amie.

Je vais probablement aller voir cette dame…

J’ai appris, plutôt j’ai pris sur moi de parler. Alors, j’écris.

Et alors je m’aperçois que mon malheur n’est pas grand chose face à celui, autrement incommensurable, de certains autres. Mais c’est le mien, que je chéris, que je cultive comme le dernier lien avec mon épouse…

J’y vais, j’y vais pas ?

32)
François Cuneo
, le 14.01.2008 à 14:16

C’est pas gai tout ça.

Et puis Saluki, j’apprends des choses que je n’aime pas.

Courage à tous ceux pour qui ce n’est pas facile.

33)
kubernan
, le 14.01.2008 à 14:25

Et vous, comment avez-vous fait face à ces malheurs qui ne vous ont pas abattus ?

J’avais acheté un Apple Care Protection Plan.

34)
nic
, le 14.01.2008 à 15:03

@ToTheEnd

c’est juste que j’etais hier aux paccots (pour la premiere fois de ma vie) et j’ai lu la meme phrase dans un bistrot ;-)

ciao, n

35)
Franck_Pastor
, le 14.01.2008 à 15:26

Je ne sortirai qu’une phrase que j’ai lue hier soir dans un bistrot à un après-ski:

“Avec le bon vin

Pas besoin de médecin”

T’as raison vieux ! Ça cirrhose ! Hic !

36)
ekami
, le 14.01.2008 à 16:58

Quel courage Madame Poppins, il fallait l’écrire, c’est fait, bravo. La vie n’est pas cirrhose, comme disait Desprosges, donc le vin ni aucun autre toxique n’est une solution, ça c’est sur. Si je tenais l’imbécile qui a dit “tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort”, je lui expliquerais bien des choses sur l’inanité de sa phrase quand on est “au fond du trou”. J’suis borderline sur bien des plans, donc c’est dur tout le temps. Alors je travaille presque exclusivement le moment présent, le seul que je puisse “contrôler”, et surtout, je simplifie ma vie. La “pensée positive” n’a aucune influence sur moi (mais ça doit fonctionner chez d’autres personnes). Par contre, l’altruisme fonctionne bien, et je pense que la puissance de la parole ( donnée et reçue ) est tout simplement extraordinairement thérapeutique. Pour moi rester en vie est un devoir d’humanité, et savoir que d’autres ont une vie plus difficile ne me console pas le moins du monde. Nos réponses à nos soucis sont EN nous, et nos ressources en ce domaine sont prodigieuses. Reste la difficile réponse au “que dois-je faire” , qui implique l’action et donc l’évaluation de nos comportements. Lâcher prise et distanciation, ça peut s’apprendre aussi.

37)
zit
, le 14.01.2008 à 18:33

M’âââme Poppins, impératrice de la maïeutique (l’art d’accoucher les esprits)!

Mais si on ne paye pas, ça marche pas, il paraît?

Va falloir prendre un abonnement pour un lundi sur deux, alors…

Sinon, il paraît que je souris même en dormant, c’est grave docteur?

:–)

z (imbécile heureux, je répêêêête: ici, et maintenant!)

38)
Roger Baudet
, le 14.01.2008 à 19:10

Certains témoignages intimes que je viens de lire me touchent énormément.

J’aimerais donc ajouter ceci :

Nous sommes dans une société que j’aime bien, mais qui a actuellement la fâcheuse tendance à rejeter tout ce qui ne donne pas une image de “gagnant”.

Plusieurs personnes autour de moi se sont dernièrement fait “éjecter” par leur milieu professionnel ou privé. Du coup, de nombreux “amis” leur ont tourné le dos. Certains de ces “bannis”ont réussi à se reconstruire, mais d’autres se sont retrouvés en profonde dépression.

C’est extrêmement grave, car notre équilibre se construit énormément au travers du regard des autres.

Tous les bien portants qui me lisent, méfiez-vous de votre suffisance !

Sans le savoir, un petit mot ironique ou une attitude absente de votre part peut parfois détruire une personne déjà fragilisée.

Avec les années, j’ai appris à faire très attention avant de traiter quelqu’un d’imbécile ou de moins que rien. Souvent, mon mépris n’était que l’image de mon ignorance concernant la personne visée.

39)
Saluki
, le 14.01.2008 à 20:05

François

Ne t’inquiètes pas, je n’ai plus de G mais…une Jaguar ;°)))

Autant le dire et en rire: un vieux copain, ça remonte à la petite enfance a très récemment (juste avant Noël) refermé son parapluie… Ses filles, dont ma filleule, n’osaient pas trop me dire au début qu’elles préféreraient me voir racheter la caisse de leur père plutôt que de la refiler à un n’importe qui, pis, un garagiste.

Bon, j’ai fini par me laisser faire… et je me retrouve avec une immatriculation en “PS” PostScript, sans doute ;°)

Le jour de l’enterrement, arrive Pierre que je n’avais pas vu depuis au moins quinze ans.
– Comment vas-tu?
-Mieux que lui, tu vois…

Eclats de rire: voici la bonne médecine. Rire et encore.

40)
Saluki
, le 14.01.2008 à 20:12

Roger

Dans la mi-90 j’ai vécu une traversée du désert: actionnaire minoritaire de l’affaire que j’ai redressée, les majoritaires m’ont remercié.
Là aussi, j’ai rencontré des “amis” qui ont changé de trottoir dans la rue.
Le nettoyage de mon carnet d’adresse a ressemblé quelque peu à un crash de disque dur ;°). La gnaque m’a permis de m’en sortir assez vite, mais il est des plaisirs solitaires: quand celui qui m’a viré a déposé le bilan quelques années plus tard, l’état ragaillardi de ma situation m’a permis de lui adresser une superbe couronne mortuaire de deux mètres de haut, dédicacée bien entendu.

41)
Madame Poppins
, le 14.01.2008 à 21:51

KHannibal,

Tu as certainement raison de penser que toute expérience est “bonne à prendre” mais parfois, son côté “bon à prendre” n’est pas tout de suite apparent et il faut du temps au temps… Et parfois, ne rien faire ne suffit pas, du moins en ce qui me concerne. J’espère que cette “méthode” portera toujours ses fruits pour toi.

Jonathan,

Il lui aura fallu beaucoup de ressources, j’en suis sûre, à cet enfant de quatorze ans lorsqu’il a été opéré du coeur, tant avant l’opération qu’après : bravo d’avoir su trouver en toi cette force pour rebondir alors. Et l’important, je crois, c’est, au-delà de la “méthode”, qu’elle convienne à la personne qui l’utilise : il n’existe de toute évidence pas de recette miracle ! Toutefois, je me permets de ne pas partager, du moins pas dans cette forme “résumée”, ton “tout n’est que problème d’interprétation”. Il y a des circonstances, dans la vie, où la meilleure “interprétation” ne suffit pas pour rebondir en tant que tel : que dire à un enfant qui vient de se faire tabasser par un parent à coup de ceinture ? Je vois mal l’interprétation qui peut lui permettre de passer outre ce traumatisme, cette violence de la part d’une personne à laquelle il aimerait vouer que de l’amour.

Leo_11,

Je ne sais pas si tu fais partie des chanceux de ce monde mais je sais que tu fais partie de ces gens qui ont une force incroyable en eux et la capacité à trouver du beau là où ils sont confrontés à des difficultés importantes ! Bravo pour ce regard !

François,

“Blocage” peut-être; n’empêche, toi aussi, tu as su rebondir, continuer à aller de l’avant et faire des revers du destin une force !

ManiX,

J’espère du fond du coeur qu’il se trouvera quelqu’un ou quelque chose qui vous permettra de dire que vous avez grandi en raison de ces malheurs !

Gr@g,

Je pense que vous l’avez très bien exprimé : on ne peut pas oublier, il faut apprendre à faire avec, pour faire autrement. Et oui, c’est peut-être que votre avis, comme vous dites, mais l’important n’est pas de trouver une vérité absolue, elle n’existe pas. Il n’existe que des moyens qui peuvent aider certaines personnes.

ToTheEnd :-)))

Ysengrain,

Je pense en effet qu’il m’a fallu passer outre le message, implicite, de “dans notre famille, on n’a pas besoin de ça, on est assez fort pour s’en sortir tout seul; les toubibs, c’est pour les jambes cassées, par pour les bleus à l’âme”. Et combien tu as raison, à mes yeux, avec cette image de l’iceberg : c’est la partie sous l’eau qui dicte beaucoup de choses dans notre vie, alors que c’est elle que les autres voient le moins !

Jibu,

Merci pour le compliment : je l’avoue, je me suis couchée un peu “inquiète” de savoir comment ce texte allait être perçu !

Roger Baudet, merci !

Coacoa,

Tu devais vraiment être un enfant exceptionnel, pour être capable de faire un tel raisonnement, aussi beau, à un âge où l’on vit surtout pour la partie de foot après l’école ! Je suis sincèrement impressionnée et reste convaincue que tu continues de savoir trouver même dans les difficultés une raison de dire “merci”. Et c’est à toi que tu devrais aussi dire merci !

pilote.ka

J’ai eu bien de la chance : mon alarme intérieure s’était mise à sonner je crois bien avant la dépression, la vraie. Et oui, il s’agissait et s’agit bel et bien d’un confort émotionnel, bien plus que d’une urgence.

Caplan :-)))) J’adore !

nic,

Pendant très longtemps, j’aurais été incapable de dire “je ne vais pas bien”, du moins à une personne autre qu’un professionnel tenu au secret médical ! Aujourd’hui encore, cela n’est pas évident pour moi : jamais, je n’ai autant hésiter avant de cliquer sur “publier” que hier soir…

Saluki,

Ces années que vous avez passées avec vos enfants, durant la maladie, avec la maladie, il vous aura fallu beaucoup de force pour les rendre à la fois “normales”, dans le quotidien d’enfants qui allaient à l’école, qui avaient des hobbies et des vacances, tout en les rendant uniques parce qu’appelées à être courtes, justement, dans la vie de ce couple et de cette famille. Ton récit est une leçon de courage pour moi ! J’espère vraiment que longtemps encore, tu vas enfumer les lecteurs de cuk ! Je te souhaite le meilleur !

A.DOU,

Je pense que vous avez utilisé un mot très important : la confiance ! A se mettre trop souvent la pression, pour plein de “bonnes” ou de “mauvaises” raisons, on perd confiance en soi, on perd un petit bout de soi et ça, c’est terrible ! Merci pour le compliment quant à mon article.

Jérémie,

Elle a dû être terrible, la déception de ne pas être entendu dans votre dimension religieuse, pourtant tellement importante pour qui la vit. J’espère que ce “debriefing” pourra, un jour ou l’autre, se faire.

alec6, d’où l’intérêt de finir la bouteille une fois ouverte !

gerbaud,

Je pense que c’est faire preuve d’humilité et de raison de ne pas faire de “classement” des malheurs : chacun ne réagit pas de la même façon bien que confronté exactement aux mêmes difficultés. Et ce qui va être surmonté facilement par l’un peut conduire l’autre à des crises terribles.

elektrikpepper, moralité, j’aurais économisé du temps et de l’argent si j’avais eu la main verte ;-)

Anapi,

Je ne suis pas certaine de comprendre exactement le lien entre “lâcher prise” et “ranger son égo” mais le concept de “lâcher prise”, oh oui, il me parle…

fxprod, alors, oui, quoi de neuf ? Il était fou, le psy ?

kris, si mon texte a “résonné”, quelque part, d’une certaine manière, j’en suis heureuse.

zit,

Pourquoi aller voir quelqu’un pour lui parler d’une coquille qui te va bien et dans laquelle tu vis bien ? A mon sens, la “méthode” doit surtout servir à changer de “peau” et non à se défaire de celle qui convient. Et oui, un brin de folie est nécessaire pour vivre heureux !

Franck_Pastor,

Quand on se sent bien, beaucoup de choses peuvent sembler évidentes; la vraie force, c’est de trouver le moyen de prendre du recul et de trouver les clés de ces portes qui entravent le “mieux-aller”. Bravo d’avoir su demander de l’aide, d’accepter cette aide et de “travailler” aussi avec ces lectures !

Kermorvan,

J’ai bien envisagé de me “soigner” au pinard… à condition qu’il fût excellent ! Et non, le monde “psy” n’est pas forcément tout rose et tout bon, surtout si la politique s’en mêle !

XXé, merci

GerFaut,

Pour vous “regonfler”, il faut garder l’espoir et le courage : de repenser au cataclysme, de se dire que oui, il est terrible, que oui, il est injuste, moche et qu’il fait mal. Mais que les instants partagés sont suffisamment nombreux et beaux pour trouver la force d’aller vers demain. Quant à la “curiosité”, je pense qu’elle est effectivement une bonne, une excellente raison même pour composer son numéro, à cette dame ! J’ai juste envie de vous dire que non, il ne faut pas avoir de crainte à partager avec autrui : votre malheur, vous ne le déversez pas, vous offrez à cet autrui une merveilleuse preuve de confiance en ouvrant votre coeur ! Si “parler” est trop dur, pour le moment, écrivez, comme vous le faites ! Encore et encore !

kubernan, et ça a fonctionné ? :-)

ekami,

Vous avez tellement raison : le moment présent ! Alors qu’on passe tellement de temps à plonger dans le passé, à anticiper l’avenir et à passer à côté de mille et un petits bonheurs quotidiens !

zit,

Je fais payant dès la semaine prochaine ? Dis oui, François, allez, dis oui ! ;-)

Roger Baudet,

Elle est terrible, cette “obligation” de réussir, d’aller bien, d’être le plus fort. Alors que, franchement, le plus fort, c’est, je crois, celui qui sait aussi dire “là, je me sens faible”.

Saluki,

J’ai eu des échanges de ce genre, devant des tombes : qu’est-ce que ça fait du bien lorsque l’autre partage aussi cet humour !

Merci une fois de plus, pour vos récits, vos expériences, votre partage : vous lire m’enrichit chaque fois, merci !

MP qui ne relit pas….

42)
Madame Poppins
, le 14.01.2008 à 21:54

PS: merci également à ceux qui se sont manifestés “en privé”… même l’anonymat ne tolère pas que tout soit dit “à haute voix” !

43)
maxim
, le 15.01.2008 à 02:37

Madame Poppins,

Je peux comprendre ce que vous avez traversé. Je suis la victime d’un prédateur (il n’y a pas d’autre mot puisque lorsqu’il en a fini avec une victime, il s’attaque à une autre et ainsi de suite) qui a finalement réussi à ruiner 15 années de travail en me faisant perdre mes contrats d’entreprise les uns après les autres (si il y a un juriste dans la salle qui voudrait bien m’aider sur Genève, au secours!).

Et ça continue: pneu crevé, vitres brisées, moteur saboté, diffamation/calomnie… Une sorte de pervers sadique ou quelque chose.

Je ne m’en suis pas encore sorti et moi qui dormais comme un charme je souffre d’insomnies, d’envies de scuiciedes et d’angoisses qui me clouent chez moi.

Le conseil que je donnerais c’est d’agir tout de suite dans ce genre de situation et de ne pas attendre.

C’est malheureusement ce que je n’ai pas pu faire à cause d’une menace de chantage. Dans ce cas le mal grossit et s’amplifie.

Bravo pour votre courage et merci pour votre témoignage.

44)
Okazou
, le 15.01.2008 à 06:23

Apprendre et entretenir au quotidien l’oubli de soi.

45)
ysengrain
, le 15.01.2008 à 07:38

Tout ce qui a été dit ici relate l’expérience ou la position de chacun. J’ai trop peu ou pas trouvé le concept de résilience si cher à Boris Cyrulnik (Lisez avant tout “Sous le signe du lien”, puis “Un merveilleux malheur”, et puis tout le reste aussi. La résilience permet à chacun de rebondir.Je ne m’étends pas, vous trouverez sous ‘autres plume que la mienne toutes les explications. Cyrulnik en est un exemple. Enfant juif d’origine étrangère, vivant en France, donc mal vu dans la France de Pétain et copains, il a vu disparaître ses parents dans un train partant pour l’Est de l’Europe. Il a “fait un énorme travail”, puisqu’il prend maintenant en charge ceux qui sont disons “déprimés”.

46)
maxim
, le 15.01.2008 à 09:32

Apprendre et entretenir au quotidien l’oubli de soi.

Okazou, qu’est-ce que tu veux dire par là?

Cet aphorisme signifie-t-il dans le sens que tu lui donnes: qu’une “victime” serait en quelque sorte responsable de la pesanteur de son malheur si elle ne pratique pas la totale abnégation…?

Si tu veux dire qu’«Apprendre et entretenir au quotidien l’oubli de soi» permet de mieux surmonter l’épreuve, pourquoi pas! Je dirais éventuellement que cet adage est une planche de salut réservée à des initiés (voir est le fruit d’une approche culturellement conditionnée).

47)
Anapi
, le 15.01.2008 à 10:21

Je ne suis pas certaine de comprendre exactement le lien entre “lâcher prise” et “ranger son égo” mais le concept de “lâcher prise”, oh oui, il me parle…

Pardon de mal m’exprimer, je manque de temps pour développer. Lâcher prise correspond pour moi à essayer de laisser filer les choses qui devraient me faire du mal, mais sans tourner le dos au problème pour autant.

Ranger l’égo permet de déconstruire un problème personnel avec efficacité en ‘se forçant’ à s’ignorer en tant qu’individu. Ainsi, si on est la victime d’une injustice, il est naturel d’en souffrir, d’exprimer de la colère et de demander réparation. Si on n’obtient pas ‘justice’, il peut alors arriver que l’on passe son temps à ressasser sa colère, et ne plus être capable de vivre du tout. On a donc soi-même transformé un problème extérieur qui nous touchait en souffrance intérieure durable et destructrice.

Si on range son égo, la notion d’injustice disparaît simplement. On peut alors chercher à éviter que la solution ne se reproduise, mais sans chercher réparation ou revanche, et sans colère. On est alors généralement plus efficace que dans le cas précédent, puisqu’on est également capable de comprendre pourquoi l’injustice s’est manifestée.

On a lâché prise sur soi, ce qui nous rend disponible pour affronter le problème. Si d’autres personnes que nous sont également concernées, on est alors capable de les aider, et non de les noyer avec notre désespoir.

48)
maxim
, le 15.01.2008 à 15:03

Anapi: Attention quand même. J’ai le sentiment qu’un conseil comme celui-là, même si il est théoriquement valable, peut se révéler comme un remède encore pire que le mal et conduire au pire.

N’est-ce pas un language qui n’est compréhensible que par quelqu’un qui a «déjà fait le pas» et qui est capable de trouver les ressources en lui pour surmonter le problème? Car quelqu’un qui est «en plein dedans» est bien souvent incapable de trouver ses marques et encore moins de faire une introspection pour se «libérer de son égo», non?

Pourquoi raisonner en terme de dualité justice VS injustice? Égo VS abnégation.

Bien que n’étant pas pratiquant je préfère encore la solution préconisée par la bible (que j’ai trouvée par hasard): elle dit que « les répréhensions de la discipline sont le chemin de la vie » et que « celui qui écoute la répréhension acquiert du sens »

En d’autres termes (si je peux me permettre): 1) que la transgression fait partie de la vie; 2) qu’être à l’écoute des manifestations des transgressions (mal VS bien) fait acquérir du “sens”.

Je trouve cette façon de voir particulièrement éclairante. C’est elle qui m’a le plus aidé jusqu’à présent et je la trouve limpide car elle apporte la solution du «sens» à une situation d’injustice, de souffrance ou d’angoisse et donc de «non-sens» (cf d’incompréhension).

Car j’ai vécu des situations paradoxales, ou l’on peut être persuadé de pratiquer/d’avoir pratiqué l’abnégation et souffrir quand même.

Je verrai plutôt ranger son égo en tant que démarche volontaire a priori. Et si ça permet de se préserver a posteriori …eh bien c’est tant mieux!

Sinon j’ai le sentiment que l’on peut vite tomber dans le travers que je cite plus haut de culpabilisation. Une victime doit impérativement être déculpabilisée non?

49)
Anapi
, le 15.01.2008 à 17:01

Tu as raison Maxim, la théorie n’est pas la pratique, et il faut effectivement des ressources pour mettre en oeuvre une telle démarche et parvenir au détachement bienveillant recherché. L’objectif n’est surtout pas de culpabiliser les gens qui souffrent et qui sont au bout du rouleau, mais de rappeler qu’une partie de notre souffrance dépend de notre attitude face à elle. Nous ne sommes pas sans moyen face à l’adversité.

J’ai de mon côté malheureuseument des difficultés avec les notions de bien, de mal, et du sens qui en découle. Ces notions me semblent culturelles ou égoïstes. Le bien de l’un peut faire le mal de l’autre, tandis que le mal est parfois le moteur qui conduit à une meilleure situation future en nous forçant à agir. Le mal via la douleur est d’ailleurs intimement lié à la survie des espèces et des individus, donc également bien. etc.

Pour illustrer tout ça de mon expérience, j’ai un fils handicapé et je ne trouve aucun ‘sens’ à son handicap. Je suis par contre convaincu que vivre cette situation comme une injustice pour lui et pour sa famille n’apporte rien. Ca a bien entendu été mon premier élan, et il s’est rapidement transformé en auto-apitoyement. J’ai mis du temps à me convaincre de l’inintérêt de cette attitude, et à isoler la part de déception personnelle qu’elle comportait. La honte de mon propre égoïsme (“ce n’est pas l’enfant que je voulais”) m’a permis de passer outre, pour essayer d’être le père dont mon fils a besoin. Je confirme que ça demande de l’énergie.

Je reste curieux du “sens” malgré tout, mais cela reste annexe.

50)
Okazou
, le 15.01.2008 à 19:31

« Okazou, qu’est-ce que tu veux dire par là?

Cet aphorisme signifie-t-il dans le sens que tu lui donnes: qu’une “victime” serait en quelque sorte responsable de la pesanteur de son malheur si elle ne pratique pas la totale abnégation…? »

Cela signifie d’abord qu’il ne faut pas attendre d’être une « victime ». Il s’agit quasiment d’une hygiène de vie mentale qui commence par la conscience d’être une « poussière d’étoile », comme dit Reeves, de n’être d’abord qu’un fragment d’univers en même temps que l’on en est le révélateur. Sans conscience, point d’univers.

Cette conscience d’être à la fois sujet et créateur c’est prendre la mesure des choses ; elle influe considérablement sur le regard posé autour de soi, c’est la première condition pour vivre en harmonie avec son environnement. Elle permet aussi de considérer sa mort comme un épisode naturel, simplement l’ultime. Quand on en est là, les choses de la vie – bonnes et moins bonnes, douces et cruelles – apparaissent différemment. En toute conscience.

51)
Madame Poppins
, le 15.01.2008 à 21:25

maxim,

N’y a-t-il pas deux “axes” dans une situation comme la vôtre ? Le premier étant de mettre un terme aux agissements dont vous êtes victime, ce qui est, d’après vos dires, impossible; l’autre “axe” serait de trouver un moyen pour vous sentir moins mal, mieux, pour retrouver de l’entrain et un sommeil réparateur ?

Okazou,

Sans ta deuxième intervention, je l’avoue, j’aurais été bien en peine de comprendre. Je pense en effet qu’il y a des situations où l’on peut agir avant d’être une victime mais il faut pour cela avoir des ressources, les moyens d’agir : il est des cas où la “destruction” est imperceptible et lente, insidieuse. Je songe là aux victimes de mobbing, qui, au fil du temps, sans réellement se rendre compte de ce qu’il se passe, se trouvent à se sentir démolies, dénigrées. Il y avait peut-être un point où elles auraient pu dire “non, stop !” mais par définition, le mobbing est une chose perverse.

ysengrain,

“La résilience permet à chacun de rebondir”, d’accord avec toi. Sauf que les conditions nécessaires à la résilience, du moins le peu que j’en sais, ne sont pas à la portée de tout le monde. N’empêche, il faudrait que je ressorte son livre “un merveilleux malheur”, il “dort” je crois sur ma bibliothèque.

Anapi,

Il y a des situations où ne plus se centrer sur soi est certainement une “solution” mais je reste convaincue que lorsque l’injustice n’est pas un coup du “destin” (être parent d’un enfant handicapé, comme vous le citez, avec cette phrase si belle “devenir le père dont il a besoin”) mais d’une personne tierce, en chair et en os (se faire tabasser par son beau-père), il est très important que la victime entende qu’elle n’est pas responsable (je laisse de côté la notion de réparation, qui est variable selon les personnes). Mais même cette notion de “tu n’es pas responsable de ce qui t’est arrivé” ne coule pas de source : combien de femmes violées, arrivant au poste, se sont entendues dire, il n’y a encore pas si longtemps “mais que voulez-vous, avec une mini-jupe pareille, faut pas vous étonner !” Je n’affirme pas que les femmes sont encore reçues ainsi mais il fut un temps pas si lointain où le risque de ce type de commentaires était réel.

Finalement, en y réfléchissant encore, je me dis que “rebondir” est aussi facteur de ce qu’on a reçu comme “bagage” avant la survenance de l’événement “perturbateur”, ce qui nous rend à nouveau si inégaux devant la douleur et les difficultés.

Bien à vous,

MP qui retourne ranger sa cuisine, ayant constaté quelles “vertus” le rangement extérieur pouvait avoir sur son intérieur ;-)

52)
maxim
, le 16.01.2008 à 02:15

Madame Poppins: merci, cela me conforte car c’est aussi la conclusion à laquelle je suis arrivé et la période des fêtes fût très propice à cela.

Pour le 2e axe, celui des agissements, j’ai fait un break en ne répondant pas dès le début aux agressions mais je pense surtout aux autres victimes (une dizaine dont une décédée par “sress”). J’y reviendrai probablement lorque je me serai complètement reconstruit: psychologiquement et économiquement, j’espère que ça ne tardera plus trop.

Okazou: je comprends très bien et même remarque qu’à Anapi plus haut.

Anapi: a priori on parle bien de situation(s) qui “n’ont pas de sens”. Juste mon interprétation: “trouver” a été de réaliser que le désordre* faisait/fait partie du chemin de la vie. Donc nuance. «Celui qui écoute la répréhension acquiert du sens » (qu’on pourrait aussi traduire, si il nous plaît, par “valeur”)…

A mon humble avis tu as largement acquis du sens en devenant le père dont ton fils a besoin. Ce qui est plus qu’une phrase magnifique comme l’a souligné MP.

53)
ali
, le 16.01.2008 à 10:28

“Quelqu’un à qui parler… Nous avons tous besoin de cela ! Non pas quelqu’un avec qui converser, ou qui nous approuve, mais qui reste là, simplement, se taisant, écoutant.”

Cette citation d’Albert Camus en guise de remerciement à Madame Poppins pour la confiance qu’elle nous témoigne en nous parlant d’elle avec une si grande franchise et une si délicate finesse.

Dire, ou mieux encore, “se dire” est souvent libérateur. De plus “s’entendre dire” a une vertu thérapeutique démontrée. Avoir le privilège d’être écouté avec empathie et sans jugement par une ou un thérapeute permet de sortir du “tourner en rond” qu’évoque l’amie de GerFaut. Car, parfois, confrontés à la grande difficulté ou au profond malheur, nous plongeons dans la rumination et la dépression. Admettre sa fragilité et son impuissance et oser demander de l’aide est le premier pas vers une guérison ou une renaissance.

Il suffit d’oser faire ce pas… Vite dit !? Je souhaite que GerFaut, dont la souffrance me touche, ose.

54)
Madame Poppins
, le 16.01.2008 à 10:41

ali,

comment faites-vous pour dire si bien en si peu de mots ? merci à vous plutôt. Je joins mon espoir au vôtre et “prie” pour qu’un téléphone soit décroché et un rendez-vous pris…

55)
Tom25
, le 18.01.2008 à 18:15

J’arrive un peu tard, je rentre de déplacement professionnel.
J’ai eu un petit coup de déprime de quelques semaines il y a quelques années, mais rien de bien grave, juste quelques doutes sur mon existence, ma vie. Et déjà ce n’est pas forcément facile de s’en sortir, alors quand je lis tout ça… !

Tout ce que je peux dire, avec ma petite expérience, c’est qu’une déprime se joue en quelques heures, voire quelques minutes. Lors de la déprime citée plus haut, je me suis “laissé glisser” un jour un peu plus difficile qu’un autre.
Mais effectivement cette expérience m’a servi quand quelques années plus tard j’ai eu mon cancer du testicule. Évidemment j’avais des doutes, j’étais inquiet (et puis perte de virilité etc.). Cela a dû me prendre une petite heure pour en rire, je me suis forcé. Car je savais que si j’en pleurais, je ne m’en remettrai peut-être jamais.

Mon voisin a perdu sa femme juste après la fin de mon cancer, et bien évidemment ça a été dur pour lui. Il s’est remis plusieurs mois (années ?) plus tard avec une dame. Je sentais qu’ils se cachaient un peu, on avait à peine le temps de les voir. Alors un jour je leur ai un peu bondi dessus pour leur dire bonjour avec mon plus beau sourire.

Car je suis maintenant persuadé que la déprime vient avant tout de la pression exercée par “les autres” (réelle ou ressentie) :
– Ai-je le droit de sourire à une fille avec une couille en moins ?
– Ai-je le droit d’être heureux avec une autre femme alors que la mienne est morte ?
– Ai-je le droit de partir en vacances alors que mon enfant est malade ?
– etc.

La réponse est OUI, et assurément OUI.

56)
Madame Poppins
, le 20.01.2008 à 19:51

Tom25

Et je suis convaincue que ce sourire, le voisin, il en avait besoin et qu’il lui a fait le plus grand bien. Merci une fois de plus pour ce message et ce partage d’expérience : il est des situations où franchement, cela ne doit pas être facile de rire. Tu y es arrivé, bravo !

57)
maxim
, le 22.06.2012 à 02:18

Okazou: désolé pour ce “UP” 4 ans après. Mais sincèrement, vos propos n’étaient pas, à l’évidence, ceux de quelqu’un ayant été en situation extrême de détresse. Je prends donc ça sur le plan purement intellectuel, alors que quand vous êtes totalement impliqués, vos conseils sont impossible à réaliser dans la pratique… A moins d’être complètement détaché du monde et de vivre en autarcie…

Je vois plus ça aujourd’hui sur le plan d’un modèle psychiatrique aux ordres du productivisme et qui ne se soucie absolument pas ni de la justice, ni de la santé menale des victimes.

4 ans après j’en reviens toujours à la même conclusion: les victimes sont sans cesse traitées comme des coupables – les exemples affluent – cela créée de grosses frustrations dans la société (au lieu de remonter aux causes et de régler le problème…) et le discours que j’entends dans ce fil est erronné. Preuve en est qu’un suisse sur deux fera appel à une aide psy dans sa vie: je ne trouve pas que cette statistique est une victoire dudit modèle, ni des conseils que l’on peut lire ici et là, tous imprégnés de ce modèle théorique!

J’en veux également pour preuve Anders Behring Breivik qui n’ira pas en prison – mais en hôpital psychiatrique … C’est l’échec de tout un système.