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Fun Home et Persepolis, autobiographies engagées

Cela faisait bien longtemps que nous n’avions plus parlé de bandes dessinées sur Cuk, vous ne trouvez pas ? Tenez, la dernière fois c’était pour parler de l’excellent Comte Skarbek de Rosinski et Sente, et c’était en décembre 2005 !

Il était temps de remédier à ça.

Ceux qui lisent Cuk depuis un moment savent probablement que je suis un grand fan de bandes dessinées et que ma collection ne cesse d’augmenter (vive les bibliothèques Billy).

J’ai lu récemment deux livres que j’ai particulièrement aimés: Fun Home de Alison Bechdel et Persepolis de Marjane Satrapi.

Oui, je sais, tout le monde parle de Persepolis, on en a fait un film d’animation et c’est presque devenu un phénomène de mode. C’est LA bande dessinée dont on se doit de parler.

J’ai longuement hésité à le faire, me refusant à commettre par là un “acte commercial”. Mais cette BD est tellement magnifique et forte que je ne pouvais pas ne pas le faire.

Pourquoi alors parler de Persepolis en même temps que Fun Home.

Tout d’abord parce que je les ai lues à la suite.

Mais il se trouve également que ces deux bandes dessinées ont plusieurs points communs. Graphiques, tout d’abord, puisque toutes deux sont réalisées en noir et blanc, éditoriaux ensuite puisque toutes deux sont en petit format avec couverture souple. Mais surtout, ce qui rapproche ces deux bandes dessinées, ce sont leurs auteurs respectifs, deux femmes, dans la même tranche d’âge, issues de parents intellectuels, qui nous proposent un récit autobiographique.

Certes, à première vue, la ressemblance s’arrête là. Alors que l’une (Alison Bechdel) est née dans l’état de Pennsylvanie aux États-Unis, l’autre est née en Iran, en plein tumulte de la révolution islamique.

Et pourtant, je ne peux m’empêcher de trouver des points communs à ces deux récits.

Il y règne une absence. L’absence de parents, pour ces deux adolescentes. Absence due à l’exil dans le cas de Marjane Satrapi, absence due au décès du père et à la défection affective de la mère chez Alison Bechdel. Je trouve que toutes deux parviennent à nous faire ressentir parfaitement ce sentiment de solitude.

Enfin, il y a cette nécessité d’assumer sa différence. Son homosexualité et celle inavouée de son père dans le cas de Bechdel, et évidemment le fait d’être iranienne, musulmane exilée en europe pour Satrapi.

Dans les deux cas, nous avons affaire à des récits forts dans lesquels les auteurs se livrent sans censure.

Bien évidemment, l’histoire de Marjane Satrapi possède cette dimension dramatique que Fun Home n’a pas. La description de la révolution islamique, de la vie quotidienne en Iran et des conséquences de la guerre entre l’Iran et l’Irak est poignante.

Je pourrais vous faire ici une liste exhaustive de tous les points abordés par Marjane Satrapi dans son livre, mais finalement, à quoi bon ? Lisez-le ! Allez-y ! Tant pis si vous avez l’impression de céder aux sirènes du merchandising, lisez-le quand même !

Vous verrez que vous passerez du rire aux larmes et que votre vision des choses aura changé lorsque vous aurez refermé le livre.

Quant à Fun Home, je ne peux également que vous encourager à le découvrir. Même s’il n’a pas la même dimension historique que Persepolis, il en a la même dimension humaine.

31 commentaires
1)
monmac
, le 03.10.2007 à 00:26

Très bonne idée Fabien de présenter ces deux livres. Je ne connais pas le premier et ce sera l’occasion de le découvrir, par contre j’ai adoré Persepolis. A ce propos, j’encourage tout les “Cukiens” à aller voir le film. C’est pour ainsi dire un chef-d’œuvre de film d’animation, tout en beauté graphique et sobriété.

Même histoire et fidèle au livre, pourtant on vit autant d’émotions et on perçoit peut-être mieux certains aspects du vécu de Marjane. BD et film se complètent admirablement.

2)
François Cuneo
, le 03.10.2007 à 06:41

Au niveau de l’histoire, je vais voir, je me réjouis de lire ça.

Au niveau du dessin, j’ai plus envie d’aller en premier vers Fun Home. Je pense qu’il suffit d’entrer dans Persepolis pour se laisser prendre, mais j’ai un peu de peine avec cette dureté deux tons purs (Noir ET Blanc) associée à la naïveté des dessins.

C’est chouette que tu nous présentes une BD. Moi qui adore ça, je n’en ai plus lu depuis des mois, alors qu’avant, j’en dévorais plusieurs par semaine. Ça va relancer la machine, visiblement avec des histoires différentes de ce que l’on voit en vitrine.

3)
Caplan
, le 03.10.2007 à 07:34

Merci Fabien. J’adore les BD qui racontent des histoires vraies. Comme beaucoup, je connaissais Persepolis, mais pas Fun Home.

Pour moi, le sommet dans le genre reste “Maus”, de Spiegelman. Il fait partie de mes livres de chevet.

Milsabor!

4)
Mirou
, le 03.10.2007 à 08:20

Coacoa m’a fait découvrir la BD que j’appelle “intelligente”. Il a fallu du temps pour me convaincre. Je ne suis pas foncièrement visuel et s’il n’y a pas assez de texte, je ne comprends pas les histoires car je saute seulement de cases-avec-texte à case-avec-texte en manquant toute les subtilités du dessin. Malgré tout je m’y suis mis et je suis ravi. J’ai dévoré Fun Home et je lorgne sur Persepolis chaque fois que je vais à la FNAC…. En tous cas, ça change de Jo, Zette et Jocko !

5)
coacoa
, le 03.10.2007 à 08:22

Je plussoie Fabien.

J’ai beaucoup aimé “Fun Home”, découvert par bribes d’abord en publication quotidienne dans Libération l’été passé, puis lu cet été.

La bande dessinée est à mon humble avis un art majeur (j’ai des amis auteurs de BD, ils vous diraient combien peu de gens partagent cette idée :-)).

Pour étayer mon propos, outre “Maus” (c’est certain, Caplan, il s’agit d’un sommet), je ne peux que vous conseiller de vous pencher sur le travail (en cours) de Chris Ware.

Son oeuvre “majeure” (jusqu’à aujourd’hui), “Jimmy Corrigan”, a raflé tous les prix un peu partout, et ce n’est pas un hasard. Je l’ai relu il y a un mois et je n’en reviens toujours pas.

Actuellement, il dessine “Rusty Brown” que je commande à peu près tous les 9 mois sur Amazon directement aux USA. C’est fabuleux. Tout est réinventé à chaque page, la narration, les découpages, les thématiques…

A noter que Chris Ware est un perfectionniste fou, il surveille de près chaque édition de ses livres. Ils sont toujours magnifiquement imprimés et brochés. Avis aux amateurs : les “épisodes” de Rusty Brown seront rassemblés dans un ouvrage complet (comme Jimmy Corrigan) mais ne seront jamais réimprimés. Collectionneurs de beaux objets de papier, précipitez-vous !

Merci Fabien pour ces “critiques”, j’adore la BD.

6)
Puzzo
, le 03.10.2007 à 08:26

J’ai eu l’occasion de lire les deux BD que Fabien nous présente.

Je ne peux qu’enfoncer le clou concernant Persepolis: lisez-la. Il ne faut pas s’arrêter aux dessins. Effectivement, comme le suppose François, une fois qu’on est dans l’histoire, on trouve que les dessins permettent d’appuyer le propos et ne nous gêne absolument pas.

Dans le cas de Fun Home, j’ai été moins touchée. L’histoire est certes intéressante mais c’est plutôt la forme qui me pose problème. J’ai l’impression que l’auteur part parfois dans des délires littéro-intellectuels. Bon, j’exagère un petit peu mais c’est pour essayer d’expliquer ce que j’ai ressenti lors de la lecture.

7)
Théodore Besson
, le 03.10.2007 à 09:25

Merci, pourquoi pas!

Le problème quand on aime les BDs, c’est la profusion et la montagne à disposition pour un fan comme moi depuis qq années.

On vient de m’offrir un coffret en anglais de 1500 pages avec tous les comics de Calvin & Hobbes, à mettre dans toutes les mains aussi.

Quel bonheur de les relire…

9)
levri
, le 03.10.2007 à 10:17

Je ne suis qu’un lecteur occasionnel de BD, en général l’occasion, c’est un copain qui m’en prête une caisse (“dans” laquelle je me jette).

Je vais donc “céder” (sans peine et sans rompre) à ton mercantilisme forcené et vraisemblablement lire “Fun Home” ce soir si j’ai un moment ;)

10)
Fabien Conus
, le 03.10.2007 à 10:18

Bonjour à tous et merci pour vos commentaires !

Je n’ai pas encore vu Persepolis, le film, mais je tenais à lire la BD d’abord, histoire de ne pas passer à côté.

François, certes le dessin est étrange, et je ne cacherai pas que c’est la raison de ma lecture tardive de cette BD. Mais une fois dedans, non seulement le dessin ne gène plus, mais en plus il sert l’histoire. Cette histoire avec un dessin différent ne serait plus la même histoire.

Caplan: Maus, oui. Rien de plus à ajouter, les mots sont inutiles.

Mirou, bienvenue dans le monde merveilleux de la BD “adulte” (et je ne parle pas que de Manara) :-)

Coacoa: Oh oui ! Chris Ware est tout bonnement génial !

Puzzo: tu viens de me gâcher deux articles, là (Blankets et Les Pilules Bleues), merci ! ;-)

11)
Puzzo
, le 03.10.2007 à 10:21

Puzzo: tu viens de me gâcher deux articles, là (Blankets et Les Pilules Bleues), merci ! ;-)

Mais non, voyons, avec ton talent habituel tu en diras beaucoup plus que moi et tu passionneras les foules (qu’est-ce qu’il faut pas faire pour rattraper les pots cassés ;-) )

Tu as oublié de préciser à Théodore qu’une personne fort gentille t’a également offert l’intégrale de Calvin & Hobbes. Je suis d’accord avec toi Théodore: chaque fois que je les relis c’est le même plaisir :-)

12)
iVince
, le 03.10.2007 à 10:49

Merci pour ces conseils. Comme le fait remarquer Théodore, la BD malgré le léger mépris dont elle continue à souffrir, a le vent en poupe et depuis plusieurs années les publications foisonnent pour le meilleurs et pour le pire, aussi c’est toujours utile que quelqu’un vous trace un chemin dans ce maquis.

Car si la production est énorme, la qualité n’est pas toujours au rendez-vous et les ficelles marketing dont abusent les éditeurs pour attirer le chaland commencent à s’user. Un exemple de ficelle est la “série”. Aujourd’hui un auteur ne saurait déchoir à moins de proposer une série d’au moins 10 volumes. C’est le “syndrôme XIII” et si ça a pu marcher à une époque, ça commence à me décourager sérieusement.

L’autre semaine je me suis encore fait avoir : une bédé d’un inconnu m’attire l’oeil, je l’achète (12 euros tout de même) et je m’aperçois qu’il ne s’agit que du premier volume d’une Nième version de la série mystico-politico-thrillero-chiantoso.

40 pages d’intrigue incompréhensible et de dessins à filer des conjonctivites et dont on finit par comprendre qu’on ne comprendra rien justement avant d’avoir lu les quatorze tomes que l’éditeur s’apprête à nous infliger.

Y a un moment où ça suffit, vive les albums qui se suffisent à eux-mêmes et qu’on peut refermer après une bonne dose de lecture qui nous a emporté au loin avant de ratterrir en douceur.

A ce titre, le genre de bédé qui est proposé ici est un bol d’air dans ce nuage de séries interminables qui enfilent des albums squelettiques et très chers comme des pates sur un collier de nouilles : des bons gros albums, pas trop chers, de vraies histoires, bref au risque de paraître atrocement réactionnaire, on en a pour son argent !

13)
Fabien Conus
, le 03.10.2007 à 11:33

Puzzo: c’est bon, je te pardonne.

Effectivement, Théo, j’ai complètement oublié de dire que je suis d’accord avec toi pour Calvin & Hobbes. Merci Puzzo pour le cadeau !

iVince: c’est marrant, mais l’autre jour, au festival de la BD de Lausanne, je discutais avec Eric Lambé (dessinateur de l’OVNI La Pluie ) du foisonnement de nouveaux titres. Et tu as raison, la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Mais ce qu’il est important de noter, c’est que c’est grâce à ce genre de grandes séries tout publics, que les éditeurs peuvent se permettre de prendre le risque de publier des BD “différentes”. Si Casterman n’avait pas Tintin et Hugo Pratt, il ne pourrait pas se permettre d’avoir sa collection “Ecritures”, par exemple.

Donc, la difficulté c’est de faire les bons choix…. et ça ne marche pas à tous les coups.

14)
iVince
, le 03.10.2007 à 11:47

Fabien, tu mélanges deux choses à mon sens. Mon propos ne visait pas ce que tu appelles les “séries tout public”, justement. Loin de moi l’idée de critiquer Tintin, encore moins Corto Maltese, ni même Asterix ou Lucky Luke (encore que, pour ce dernier…). D’ailleurs il ne s’agit pas dans tous les cas de “séries” telles que j’en ai parlé plus haut : les albums ne se suivent pas, on peut lire Tintin au Tibet sans avoir lu l’Oreille Cassée. Ce sont juste des successions d’aventures, et d’ailleurs je ne suis pas sûr que ce genre existe encore de nos jours.

Ce dont je parlais justement n’avait rien de “grand public”. Il s’agit de nouveautés à la diffusion souvent confidentielle et qui tentent de surfer sur une mode ; celle des séries à rallonges et des intrigues qu’on étalle sur 15 albums pour se faire un max de blé.

Toutes ne marchent pas et j’ai l’impression que le public se lasse un peu. Dieu merci l’offre est encore assez variée pour qu’on puisse trouver autre chose mais elle est suffisament vaste pour qu’on s’y perde…

15)
coacoa
, le 03.10.2007 à 12:11

Au fait, j’adore aussi Calvin & Hobbes. En VO encore plus d’ailleurs. Comme je ne comprends pas toujours tout, j’ai de la place pour imaginer :-P

16)
benoit
, le 03.10.2007 à 12:12

Je n’ai pas lu “Persepolis” mais je suis allé le voir au cinéma. A la lecture de vos commentaires, j’ai ressenti cette même impression que celle que vous avez eue. Un léger blocage par rapport au dessin mais qui se dissipe très rapidement pour être totalement envouté par la qualité du trait et surtout sa totale adéquation avec le propos, un propos fort, beaucoup d’émotions, de l’humour, de l’amour. Un film remarquable qui nous apprend ou nous remet en mémoire beaucoup de choses sur l’histoire contemporaine de l’Iran. A montrer ou à faire lire à tous !

17)
Benoit29
, le 03.10.2007 à 14:30

> benoit

J’ai moi aussi beaucoup aimé lire Persépolis (Pourtant, je ne suis vraiment pas une fan de BD). C’est une très jolie histoire. Par contre, l’exactitude historique est discutable. C’est la vision d’une fille d’intellectuels aisés opposant du Shah. Des opposants iranien actuel parle même de désinformation .

18)
tioneb
, le 03.10.2007 à 16:56

allez jamais deux sans trois…(je parle des benoits:-)) merci pour l’article et surtout de parler de bd sur cuk!! je suis aussi un gros fan…je trouve d’ailleurs la fnac de plus en plus chère…j’en à chaque fois pour plus 50 balles…:-)

sinon, rien de tel que les magasins spécialisés tel la bulle, sur fribourg, un must!….et les pillules blues…mais aussi les nouveaux prix d’angoulème: lupus, du même peeters…un régal

19)
Madame Poppins
, le 03.10.2007 à 18:39

Autant que je le dise tout de suite : à part Maus, je n’ai pas lu de BD, même pas l’intégrale de Michel Vaillant étant gamine, ni Astérix, ni Le Chat (encore que là, j’ai presque tout lu mais c’est parce que ça me fait marrer) ! Cet article me ravit donc : j’adore qu’on me suggère des BD, je me laisse trop facilement perdre dans la masse de publications, je ne connais pas les auteurs, bref je renonce généralement à tout achat.

Merci de m’avoir permis de mettre une première chose sur ma liste au papa noël !

20)
levri
, le 03.10.2007 à 19:05

J’ai “profité” d’un RdV qui n’est pas venu (et qui ne m’a prévenu que 2h plus tard) pour attaquer “Fun Home”.

C’est plus une novelette illustrée qu’une vraie BD à mon sens, au début j’ai trouvé çà plutôt intéressant, un peu surpris que le narrateur soit un garçon, alors que de mémoire l’auteur avait un prénom féminin, bon chez nous “Claude” ça peut être fille ou garçon, et puis je m’en fichait, c’était juste que je pensais avoir affaire à une fille, je n’ai pas vérifié.

Bien m’en a pris, comme ça j’ai eu le plaisir d’être surpris lorsqu’elle a annoncé son lesbianisme à sa mère ( bon tordu comme je suis, y’avait quand même le papier à fleurs rose et la robe quand elle était petite qui auraient dû me mettre la puce à l’oreille, peut être même la barrette dans les cheveux ? … mais bon, comme je ne suis pas trop regardant, je n’ai pas voulu tirer de conclusion hâtives sans certitudes).

Tordu comme je suis, je me suis même posé la question : “c’est peut-être un garçon qui s’identifie à une fille, n’en ayant pas les attributs et par conséquent se considère comme une lesbienne du fait qu’il a une attirance envers les filles ?” …. vous me suivez ?

Bon, petite déception, en fait c’était juste une fille de 20 ans qui faisait son coming out théorique à maman (vous avouerez que de nos jour un individu vierge de 20 ans d’âge ça n’est pas commun !)

A partir de cette “révélation”, le livre devient quand même un peu lassant, pas mal de stéréotypes (papa = sissy l’auteur = butch avec les stéréotypes qui vont avec), et les allusions littéraires du début commence à être trop pesantes à mon goût.

Je fus interrompu à la page 133, et maintenant c’est un peu laborieux pour moi reprendre (il reste 100 pages) … très mauvais signe, je suis un bouquinivore absolu, et n’ai de cesse qu’un livre entamé ne soit totalement consommé !

Quels critères qualitatifs peut on appliquer à cette BD ?

-le graphisme n’a rien d’original, il est correct sans plus, et devient très vite monotone (hey ! je vous attend là, “tu comprends rien c’était justement une démarche artistique, c’était voulu cette monotonie …)

-C’est une Oeuvre autobiographique ? (vous rigolez ? n’importe quel pékin tuerait père et mère pour passer à la TV pour que tous le monde sache comment il (elle) élève mal ses gosses ou son chien, ou comment il (elle) peut pas arrêter de boire, tromper sa femme (son homme) … etc). je préfère un bon livre de fiction qu’un mauvais livre autobiographique (tiens ça me rappelle comment j’avais aimé lire les mémoires de Fouchet… presque autant que la vie des 12 Césars)

-C’est une Oeuvre sur la différence homosexuelle ? boof ! l’homosexualité a toujours existé (même chez les animaux), ce sont surtout les sociétés judeo-chretienne-islamiste qui la réprouvent (quoique … bon nombres de papes et d’ecclésiastiques …). Faites juste un tour sur n’importe quel site GLTB et vous aurez des histoire de coming out en live !

Que reste il pour en faire une Oeuvre immortelle ? … à vous de le dire … :D

Bon, c’est p’tet mon humeur du moment, mais j’avais envie d’être critique, je vous tiendrais au courant si je change d’avis ;)

21)
Fabien Conus
, le 03.10.2007 à 20:25

iVince: les séries “indépendantes” sont encore rare. Il me vient à l’esprit l’éditeur Paquet, mais à part ça….

benoit: je dois dire que je me réjouis de voir le film. Mais je redoute un peu, la passage de la feuille à l’écran est un défi difficile à relever.

Benoit29: je vais aller lire ce lien. J’avais effectivement entendu parler de ces voix discordantes.

tioneb: 50 balles ? T’es raisonnable ! J’en sors toujours avec beaucoup plus !

Madame Poppins: il n’y a pas de honte… enfin, pas trop….

levri: une oeuvre sur la différence homosexuelle ? Non, certainement pas, et tu remarqueras que je ne mets pas de majuscule à “oeuvre”. Non, c’est une histoire sur l’absence d’un père, sur les raisons de cette absence, sur le mal être de cet homme mal dans sa peau car n’assumant pas sa nature profonde, contrairement à sa fille.

22)
levri
, le 03.10.2007 à 21:18

@ Fabien : la majuscule à “oeuvre” c’était juste une petite facétie ;)

Oui, l’opposition entre la présence physique et l’absence affective du père … ça j’avais capté dés les premiers cadres ! Cela et son mal être, est il en rapport avec son homosexualité non assumée ? … une analyse psy sur une BD, c’est pareil que l’imposition des mains depuis une photo … :D

… une BD avec pour thème les problèmes engendrés par l’homosexualité non assumée du père, çà pourrait être intéressant, pas celle là. On pourrait presque supprimer les 2/3 des cadres, vu qu’ils n’amènent rien. C’est énormément redondant, tant au niveau du texte qui a tendance a rabâcher, comme si nous étions incapable de comprendre du premier coup, qu’au niveau des explications sur certaines images qui devraient se suffire à elles mêmes.

De plus c’est extrêmement monotone, alors que l’histoire évoluant, il pourrait y avoir une évolution dans le ton ou l’image ou le rythme… un changement quoi !

Bon cette monotonie est voulue ? çà veut nous prouver que les personnages n’avaient aucun intérêt ? bin à ce moment là il ne fallait pas gaspiller 250 pages de bon papier ! On sait que la majorité de la planète est figée dans le moule de la “normalité éteinte” ;) (çà me fait tout à coup penser au “Désert des Tartares” que j’avais lu vers l’âge de 14 ans et que j’avais trouvé d’un chiant ! … mais en reconnaissant que c’était un bon bouquin …)

De toute façon, si je fus quelque peu catégorique, c’est bien pour essayer de capter des avis divergents du mien. La lecture d’un livre c’est aussi une affaire de goût, mais il est également possible d’apprécier la qualité d’un travail sans aimer celui-ci. En gros Fun Home, je n’aime pas, et je trouve que c’est d’une qualité moyenne.

23)
levri
, le 03.10.2007 à 21:53

@ Benoit29 : et bien dis donc ! ils n’y vont pas de main morte au sujet de Persépolis sur le lien que tu nous as fourni… Et moi qui pensait avoir la dent dure ! …

24)
Caplan
, le 04.10.2007 à 00:06

Il y a quelques jours, j’ai feuilleté à la librairie une BD de Golo : B. Traven, Portrait d’un anonyme célèbre.

Il s’agit de la biographie de B. Traven, l’auteur du Trésor de la Sierra Madre. C’est un joli pavé comme je les aime. Quelqu’un l’a lu? C’est bien?

Milsabor!

25)
coacoa
, le 04.10.2007 à 00:14

Ben, tu vois, levri, moi j’ai aimé “Fun Home”, j’ai aimé le côté quasi obsessionnel de l’auteur à noircir ses pages, à fouiller son passé, à trouver des coïncidences absurdes qui ne font sens que le temps de (momentanément) digérer les événements, comme tout un chacun, de manière un peu dérisoire, définitivement humaine.

“A la recherche du sens perdu”… en se plongeant dans “Ulysse” de Joyce :-)

Je trouve ça ultra cohérent et ça m’a beaucoup parlé. Pas à toi. Voilà tout.

Le reste, les “250 pages gaspillées”… Heu… Est-ce que je fais un procès à Eric Rohmer pour les kilomètres de pellicule à jamais gâchés ? Ben non. Y en a qui aiment. Ceci, à mon sens, justifie cela.

26)
levri
, le 04.10.2007 à 01:11

@ cocoa : faut pas toujours me prendre au 1er degrés ! les “250 pages gaspillées” c’était mi blague / mi provoc !

“j’ai aimé le côté quasi obsessionnel de l’auteur à noircir ses pages, à fouiller son passé, à trouver des coïncidences absurdes…”

Justement ! ça me fait d’avantage penser à un boulot imposé qu’il faut mener à bout, qu’à un ouvrage d’art ! pas de finesse et de subtilité !

C’est ce que je n’ai pas aimé, du moins la manière et les longueurs. Beaucoup trop de clichés, des clins d’oeil qui ressemblent à des yeux au beurre noir, comme si elle ne voulait pas qu’on se donne la peine de chercher à comprendre par soi même. Les perpétuelles citations et mise en parallèle d’ouvrages connus, qu’elle se sent obligé de nous expliquer, les citations en français (c’est bien vu chez les intellos U.S)(je l’ai lu en V.O).

… “et la tendresse bordel” ? y’en a très peu, et son humour, correct pour la première dizaine de page devient vraiment lassant après quelques dizaines …

“digérer les événements, comme tout un chacun, de manière un peu dérisoire, définitivement humaine.” ça j’ai déjà dit ce que j’en pensais. ;)

C’est le genre de bouquin qui aurait sûrement fait un tabac à la fin des 70’s dans le grand public (vous savez : “No future”) :P

PS : je reste assez surpris que personne n’ai mentionné la “pédophilie” du père ! c’est pourtant fashion à mort ça !

27)
Benoit29
, le 04.10.2007 à 07:16

>Fabien, levri

En lisant la BD certains points m’avaient gêné. Surtout sa description du vendredi noir. Les postions de M. Satrapi sur la laïcité en France sont aussi discutable. Mais oui, ils ont la dent dure. Même un peu trop je trouve. C’est quand même extrême de parler de campagne de désinformations organisée par le régime actuel. Le site Iran-Resist est probablement maintenu par un groupe d’opposant composé de nostalgique du dernier Shah. A qui l’on doit une libéralisation économique, une occidentalisation de la société, le droit de vote pour les femmes et la laïcité mais aussi l’abolition du multipartisme et la police politique SAVAK. Dans Persépolis seuls ces deux derniers points négatifs sont exposés.

Même si l’exactitude du cadre historique de Persépolis peut être discuté. Le récit de Marjane Satrapi est magnifique et émouvant. C’est une histoire personnelle dans un cadre historique, on peut comprendre que son point de vue historique et politique soit personnel.

28)
Fabien Conus
, le 04.10.2007 à 08:05

Benoit29, oui effectivement, il ne faut pas tout mélanger et je crois que Iran-Resist fait justement ça.

Persepolis n’est pas un livre d’histoire, c’est un biographie. En ce sens, elle se situe forcément dans un contexte historique, mais vu par la narratrice. Satrapi ne parle pas de la dépénalisation de la pédophilie, se scandalisent-ils ! Mais bon sang, si elle n’a pas été confronté de près ou de loin à cela, elle n’est forcément pas en mesure d’en parler !

J’ai l’impression qu’ils s’agit là de gens qui désirent se faire entendre. Et quoi de mieux que de s’attaquer à quelque chose dont tout le monde parle pour justement se faire entendre ? Et ça marche, la preuve…

29)
Benoit29
, le 04.10.2007 à 08:45

Ca paraît assez légitime qu’ils aient envie de profiter de ce buzz et de nuancer le point de vue de M. Satrapi. Il existe d’autres voix parmi les expatriés iraniens. Ils ont aussi le droit d’essayer de ce faire entendre. Mais c’est tout à fait vrai que certaines de leurs critiques sont difficilement recevables et pas d’une grande finesse.

30)
levri
, le 04.10.2007 à 09:55

@ Benoit29 & Fabien Conus : oui, il attaquent sévère, et mélange la BD artistique avec la réalité, et profitent de la publicité faite autour de la BD et du film …

Mais de leur point de vue il doit sûrement être assez frustrant de voir qu’une BD relativement tendancieuse devienne la manière bobo “officielle” de représenter l’Iran. De fait moi qui ne suis pas des masses les actualités, je n’ai pu échapper aux interviews et commentaires sur Persepolis, qui est effectivement présenté comme une “vérité” et une réalité” historique, c’est vrai que les journalistes n’ont pas été très curieux et n’ont pas relativisé le “message” de cet auteur.

Justement, Satrapi fait partie d’une très faible partie de privilégiés et n’a pas été confronte aux réalités vécues par le petit peuple, mais on présente généralement son ouvrage comme une référence sur l’Iran actuel, il y a eu de l’excès dans une direction, normal qu’il y en ai dans l’autre.

@ Benoit29 : Je ne suis ni Iranien, ni un “expert” de la politique Iranienne, donc je ne peux avoir qu’un début d’opinion sur les régimes politiques étrangers, mais parlons un peu “bon sens” et évitons l’emploi des mots qui disent tout sans rien dire “démocratie” “fascisme” dictature” “police politique” etc …

Essayons de nous placer dans un contexte socioculturel qui n’est pas le notre, et surtout arrêtons de nous considérer comme “supérieurs” (même inconsciemment) et de vouloir que toute la planète adopte notre “supériorité démocratique”

Les voisins de l’Iran : La Turquie, l’Afghanistan, l’Irak, le Pakistan, les anciennes républiques soviétiques, de l’autre coté des golfes : le Koweit, Arabie Saoudite, EAU, Oman. Comme chacun sait TOUS ces pays à l’exception de la Turquie sont des modèles de démocratie. Dans ce contexte le Shah et la savak pourraient peut être passer pour des modèles de démocratie ? non ?

L’opposition politique des mollahs allait bien contre les reformes sur la laïcité de l’état ? non ?

Je trouve que nous occidentaux très supérieurs, on biffe trop facilement, mais d’un trait élégant, les régimes qui ne nous plaisent pas, sans aucun soucis des conséquences !

Satrapi ne parle pas de la dépénalisation de la pédophilie, se scandalisent-ils ! Mais bon sang, si elle n’a pas été confronté de près ou de loin à cela, elle n’est forcément pas en mesure d’en parler !

Ou la la , dit comme ça et placé dans notre contexte Européen ça se comprend. le mot clef “pédophilie” a déjà tout dit et il est bien propre !

Mais la réalité pour une Iranienne c’est qu’une enfant de 8 ans (ou moins ?) peut LEGALEMENT être exploitée sexuellement par un homme quel que soit son âge !

La réalité c’est qu’une enfant ou une adulte peut être violée sans AUCUN recours, la loi étant que c’est la faute de l’élément féminin qui en cas de plainte a systématiquement tort, ce qui entraîne une pendaison ou une lapidation LEGALEMENT !

… Nul n’est sensé ignorer la loi (en Iran c’est mortel et définitif) Pour que Satrapi n’ait pas été confrontée à ces réalités il faut vraiment qu’elle ait été élevée dans un milieu plus que très privilégié et totalement non représentatif de la réalité des Iraniennes! non ?

“défendre” la BD de Satrapi oui, mais si ce sont des arguments discutables … ça doit être discuté ;)

Ceci dit, c’est son succès médiatique plus que la BD elle même qui entraîne les discussions, et encore une fois le fait que ce soit autobiographique ou pas, pour moi ça n’a rien a voir avec la qualité

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Benoit29
, le 04.10.2007 à 10:38

Merci Levri. Tu résumes très bien mon avis sur la médiatisation de Perspolis et sur le fait qu’un débat aurait été nécessaire.

Le Shah a essayé de moderniser l’Iran à la manière de Mustafa Kemal en Turquie. Il avait le soutien de la CIA qui malheureusement a largement sous-estimé la montée de l’islamisme de Khomeiny. Une erreur qui aura d’énormes répercussions.

J’avais un ami iranien. C’est dommage, on s’est perdu de vue. Ils avaient servi pendant la guerre Iran-Irak. Lui et sa famille regrettaient amèrement l’époque du Shah.