Profitez des offres Memoirevive.ch!
Vieux, certes, mais est-il encore valide ?

Il est né en 1933 ou 34. Bientôt soixante-quinze balais de bons et loyaux services. Comment peut-il encore jouer avec son fils, son petit-fils, son arrière petit-fils?
Ses performances (pas sexuelles, hein?) le maintiennent-elles au niveau des autres?

Vous n’avez pas encore trouvé?

Normal, vous ne seriez pas le/la seul(e): même François m’a demandé d’expliciter un peu…

o0O0o

Fin de la devinette.

Il s’agit, dans la famille Leica, d’un modèle II d’avant-guerre, construit de 1932 à 1948. Je possède un IIc, hérité du beau-père de Madame Saluki, médecin de campagne courant par monts et par vaux en chevauchant sa R12 (pas Renault, Cher TTE)… ou calé dans sa Matford Alsace . De fait, il n’y a ni monts, ni vaux en Sologne, mais des marais, de grandes chasses en forêt et des sorcières.
Quand je l’ai porté au SAV, feu l’Atelier 102 à Paris, euh… le Leica et non pas le bon Docteur, comme ça, pour voir, on me l’a restitué avec un bien sobre: “Nous l’avons dépoussiéré”.

o0O0o

J’y ajoute un IIIg, un M3 (hélas, pas celui-ci), hérités eux aussi, l’amour de la visée télémétrique doit être congénitale des deux côtés de l’arbre généalogique, un M6 et un M8 bien à moi, c’est une photo que vous avez déjà vue ici.

L’humeur duBossChefPatrond’ici et le commentaire 30 de vRic m’ont incité à faire un test inusité: comment se restitue(nt) la/les même(s) image(s) dans ces machines?

Méthodologie

Très simple, tu prends une pellicule N&B, et tu enregistres quelques images venant de l’un et des autres, de préférence strictement les mêmes. Tu fais le tirage en bande, tu passes au scan pour film, tu regardes et tu livres le constat à la gent cukienne. La seule vraie difficulté réside dans le transfert de la pellicule d’un appareil à l’autre en ne se trompant point sur le nombre de déclenchements à opérer. Alors, contournons cette difficulté en mettant un film par boîtier, en assumant que, sortant de la même boîte de cinq, ils se comporteront chacun comme un seul homme.

Dans le temps c’était comme ça:

image

Les chargeurs spéciaux Leitz (sur un napperon crocheté par ma Maman, pour ceux qui avaient apprécié la nappe d’une précédente humeur).

Les chargeurs s’ouvraient par la rotation du verrou de semelle de l’appareil : on voit l’ergot du chargeur de droite, ouvert, à l’opposé de celui de gauche.

image

Le IIc, ventre ouvert

On voit à droite de la semelle l’encoche sur l’embase du verrou dans laquelle l’ergot du chargeur vient se loger.

image

Le IIIg, dans la même situation

image

Le M3 avec la marque de l’innocence…

En effet, indiquer son nom et son n° de téléphone (hélas, ETOile 65 90 ne répond plus) traduit une grande candeur de la part du propriétaire de l’objet qui espérait ainsi le retrouver en cas de perte. Les étiquettes embouties Dymo existaient déjà.

Vous aurez aussi noté deux choses: jusqu’au M3 il n’y avait pas de trappe ouvrante et charger la pellicule était une vraie galère, même en respectant les découpes de languette de plus de 10 cm. J’ai souffert, la pelloche d’essai également, il faut dire que j’ai passablement perdu le tour de main.

Il était alors courant d’acheter du film en bobine de 25 m, je crois, et de charger soi même avec une Lloyd’s.
Il fallait bobiner 31 tours pour 36 vues, 24 pour 24, 15 pour 12.

image

Pièce de musée? Non, ma fille à sa naissance en 1970 !

Je possède un antique (dix ans déjà…) Minolta QuickScan 35 en SCSI II, c’est pourquoi, il y a dans le bureau un PowerMac 9600 accéléré qui ne sert guère qu’aux diapos et au bon vieux Agfa StudioScan qui sait aussi traiter les transparents. Quand j’écris ces lignes, je n’ai pas la moindre idée du résultat, sauf que, je suis à peu près sûr que ces résultats ne vont pas bien aller si je le fais en couleur, les deux optiques antédiluviennes ne sont pas vraiment traitées pour.
Depuis longtemps, j’ai rangé tambours et flacons en gutta-percha pour en confier le dévelopement à NEGATIF +, l’excellentissime labo de la rue La Fayette.

[ouvrir la parenthèse]
C’est le meilleur labo de la capitale. Enfoncés les Central Color, près de mon bureau de l’époque, plutôt spécialisé photoreportage, que j’ai utilisé il y a longtemps et que j’emmerdais parce que “petit client”, et autres dupon , c’est pas la joie, qui ont trouvé le moyen de me dégrader nombre des photos de mariage de la fille de Madame Saluki.
[\ouvrir la parenthèse]

Les forces en présence

Alors, quels sont les vrais concurrents, à savoir les optiques?

image

De cette table, Mesdames & Messieurs, trois-quarts de siècle vous contemplent.

Commençons par les plus anciens, et donc de gauche à droite

  1. Elmar ƒ=5 cm (comme ils disaient), 1:3,5, à monture rentrante.
  2. Elmar ƒ=5 cm, 1:2,8, à monture rentrante.
  3. Summicron f=5 cm, 1:2,8, à monture rentrante.
  4. Summicron-M 1:2/50, fixe.

On les retrouve sur leurs boîtiers:

IIc

Un petit effet tremblement de terre égayera votre vue.

image

Vive le sépia

IIIg

La mise en gif donne de drôles de variations de couleur d’une image à l’autre.

image

Pas aussi bien que les animations de Zit, mais il y a un début à tout

M3

image

Vive le N&B

M6

image

Pas d’animation: l’objectif est fixe, mais récemment Leica a reproduit le modèle à monture rentrante.

La mesure de l’exposition est aussi une chose qui a évolué : je n’ai pas de posemètre au sélénium des années 30 ou 40 pour les deux ancêtres.

image

Aucune ne donne la même valeur…

A droite le Leicameter de 1954, acheté en même temps que le M3, couplée à la molette des vitesses de l’appareil, au centre la Gossen Sixtomat de 1963 et ma Minolta IV de 1995.

Premiers résultats

Complètement foirés ou comment gâcher quatre pellicules.
Et ce, même pour le M6. Le mieux est toujours l’ennemi farouche du bien.
Voulant “mieux” faire, je suis passé aussi en mode complètement manuel avec le M6 et mesuré la lumière ambiante avec le posemètre Minolta.

image

;°(

Apparemment, les piles étaient subclaquantes, les deux heures de mesures (fausses, donc) les ont achevées car aujourd’hui il ne se met plus en marche ! J’avais bien dit plus haut que je constatais des mesures variables. Heureusement, il reste une image faite au M6 avant les réglages manuels. Le scan à 4800 dpi donne une montagne de 53,7 Mo. Déjà la zone de sélection, 5504×3904 en pointillés autour des mains dépasse ainsi les 20 Mpixels… Pour les prochains scans, je vais réviser la résolution à la baisse, car le TMAX 400 n’est pas du Kodachrome 64.

image

Je vous avais pourtant concocté une jolie nature morte.

image

Le hobby de la Maman de Madame Saluki a été la terre cuite.

Leica II

La nouvelle nature morte, dans ma campagne, est éclairée par une rampe d’halogènes dichroïques basse tension, l’éclairage ambiant, et j’ai adjoint deux halogènes 500W en indirect. Je sais, ce n’est guère écolo. Avec une bonne mesure de la lumière, il faut compter ƒ: 3,5 au 1/60e. On doit théoriquement observer une décroissance des hautes lumières d’image en image.

image

La vitesse est tout sauf constante !

Leica III

Changeons de machine avec les mêmes diaph’

image

La vitesse me semble ici moins inconstante et nous profitons de la large latitude de pose du N&B !

Leica M3

Changeons de machine et avançons d’un grand pas dans la modernité

image

Les vitesses sont à peu près justes

Leica M6

Mêmes ouvertures que pour le M3.

image

Tiens, les vitesses sont justes, c’est bien le moins qu’on est en droit d’attendre.

Et le piqué, là dedans?

Qui a dit, ze t’entends dézà Zit, que je ne voulais pas mettre complètement au ban de la société les deux anciennes optiques? Le choix du TMax n’aurait-il pas été effectué sans le faire exprès?
Bingo, c’est sans doute ça ! Si j’avais pris un ultra grain fin il eut mieux valu photographier une mire ou bien se concentrer sur les grains de poussière recouvrant la bouteille de Brane-Cantenac 1973 ou cette bien bonne Antinori de 1978.

Mais je suis un nostalgique du grain de la Tri-X… Même qu’on peut l’obtenir en numérique !

Alors, nous allons vérifier ce que nous trouvons à la meilleure exposition pour chacune des optiques. Je repars des images brut de scan, autour de 60 Mo pièce, j’en fais quatre sélections de 1000×500, mises en damier, réduites de moitié, ramenées en jpeg à 80% pour ne pas assommer la bande passante.

image

Hum…

Je vois une différence entre les deux anciens et les deux récents. Pour ceux-ci, le contraste est plus affirmé sur le M6.

Conclusion

  • En ne voulant pas trop disqualifier les anciens par le choix de l’émulsion, je ne prouve pas grand’chose de ce côté là;
  • Ma certitude est double: vérifiez les piles de vos appareils qui ont “dormi” quelque temps comme mon posemètre, mieux : ôtez-les carrément en les rangeant, et si les vieilles machines ont un certain charme, elles ont des variations de vitesse d’obturation trop importantes pour s’y fier;
  • Je me suis bien amusé;
  • Je me suis aussi un peu pris la tête;
17 commentaires
1)
François Cuneo
, le 19.11.2007 à 00:21

En tout cas ils sont beaux, ces appareils.

Je me demande s’il est encore possible de les réviser. Ça vaudrait la peine je trouve.

2)
fxprod
, le 19.11.2007 à 00:27

C’est beau un leica.

3)
fxprod
, le 19.11.2007 à 00:34

Pour tous ceux qui ont de vieux bijoux comme ceux montrés içi, un peu de gymnastique mensuelle n’est pas à dédaigner, armer et photographier à “blanc” régulièrement et faire tourner bagues de diaphragmes et de mises au point.

Les huiles et graisses ont tendances à ce figer dans les boitiers et objectifs et il faut les faire travailler avant qu’ils ne ce grippent.

De plus ne pas les garder dans un endroit trop sec, les obturateurs en tissus sèchent trop et s’effritent, comme on dit chez nous.

162 jours sans gouvernement dans mon plat pays, c’est long.

4)
levri
, le 19.11.2007 à 00:56

vieux certes, mais que c’était de la belle mécanique !

Je n’ai plus de petit bijoux comme ça, il me reste juste de vieux reflex Nikon, et une chambre Linhof avec quelques beaux cailloux … mais c’est la taille au dessus :D

5)
Saluki
, le 19.11.2007 à 03:13

François

A Paris, pour mon compte, le spécialiste est Procirep, 13, bd Auguste Blanqui, 75013, depuis la disparition de l’Atelier 102. Ce sont eux, par exemple qui modifient les anciennes optiques pour leur adjoindre les “palpeurs” d’identification pour une prise en compte par l’électronique du M8.

6)
ysengrain
, le 19.11.2007 à 07:06

Un vieil oncle m’a offert son IIc avec un Elmar f3.5. Pas de posemètre. j’ai donc acheté un film Agfa N/B dont la latitude de pose était – il me semble – de 5 ou 6 diaph. Bine sûr ce film a disparu avec Agfa. J’ai toujours shooté avec, au pif. Les résultats ont toujours été magnifiques (au plan de l’exposition) Un ami, professionnel et Leicaiste depuis toujours louchait tellement dessus que je lui ai fait cadeau du IIc. Il me reste un Contax IIa, un peu de la même tribu que le Leica.

@ François. A Paris PGM Réparations, 127 rue Montmartre 75002 Paris Tél. 01 40 28 06 92 répare les appareils anciens. Et puis, http://www.summilux.net connaît toutes les ficelles de Leica.

7)
Roger Baudet
, le 19.11.2007 à 08:45

Sympa, très sympa.

J’ai un bon souvenir de ma période “pelloche !”. Le tirage papier était un objet noble que les journaux nous renvoyaient, après parution, avec un petit mot dans une enveloppe cartonnée.

Mais bon, aujourd’hui, je fais comme tout le monde, j’ai un reflex numérique !

8)
Caplan
, le 19.11.2007 à 08:46

Fantastiques vieux objets qui ont une âme! Merci Saluki!

Pour compléter la panoplie du parfait reporter, n’oublions pas la machine à écrire portable Hermès Baby, fabriquée en Suisse par Paillard, à Sainte-Croix. C’était la préférée d’ Ernest Hemingway. Et, toujours fabriquée par Paillard, la caméra 16 mm Bolex: deux autres mythes du reportage.

Milsabor!

9)
alec6
, le 19.11.2007 à 09:53

Si tu veux FXPROD nous échangeons ton absence de gouvernement contre le nôtre omniprésent qui pas plus tard que vendredi dernier s’est voté une petite loi de défiscalisation boursière portant sur quelques centaines de millions d’Euros par an (en sus des 13 milliards de cadeaux déjà distribués à la même engeance) et que la presse s’est empressée de passer sous silence. “Les grèves, Monsieur ! Les grèves !”

Il est vrai qu’avec un Leica ou pas, la défiscalisation impressionne peu les pellicules… si ce n’est sur les épaules des voyous patentés qui nous gouvernent !

Mais je digresse une fois de plus ! Je suis incorrigible, tant pis !

10)
Inconnu
, le 19.11.2007 à 11:02

Bel article mais je ne partage pas ton enthousiasme sur Negatif+ qui m’a détruit plusieurs films de diapos irremplaçables.

11)
Saluki
, le 19.11.2007 à 11:31

Dupon

négatif+

15-A (Bravo Federer!)

12)
Guillôme
, le 19.11.2007 à 20:10

Superbe travail mais…. quel est la conclusion finalement?

Les anciens leica des appareils moins performants que des jetables? aussi performants que les nouveaux si l’on excepte les automatismes et la cellule de mesure? bien mieux que les nouveaux?

J’ai pas eu l’impression que tu aies voulu donné un parti pris tranché… Alors, finalement, un leica reste un leica quelque soit son âge?

13)
Saluki
, le 20.11.2007 à 06:54

Ce soir, mardi, sur France Culture, à 20 heures, Martine Barrat, photographe.

Son premier appareil photo, un Leica. C’était un cadeau du chauffeur d’Oskar Barnack !

Guillaume: je ne suis pas un homme de parti ;°) Mais comme je l’ai dit, j’ai un doute. Les optiques récentes, moins de quarante ans, hein, sont ok. Le doute existe pour les plus anciens.

14)
MarcOS
, le 21.11.2007 à 22:45

Cet article m’a rendu un peu triste.

J’ai un contax G2 avec ses objectifs dans mon bureau. Cela provient de mon père décédé en 2003. Je viens d’aller voir sur le site de kyocera, la fabrication des contax est arrêtée.

C’est pourtant un magnifique appareil.

Merci à Saluki, pour ce moment de bonheur.

Marc S. Limelette – Belgique.

15)
franckL
, le 22.11.2007 à 11:34

pour compléter ta collection

mon A1 de 1930 fonctionne toujours

merci pour cet article

16)
Saluki
, le 23.11.2007 à 00:06

FrankL

Peut-on voir des images issues de l’objet ?

17)
franckL
, le 23.11.2007 à 15:49

Saluki

pas pour l’instant car je ne dispose pas de scanner, au pire je peut prendre les tirages en photo !