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Quatre mois dans les troupes de sauvetage de l’Armée Suisse…

Voilà. Vendredi, pour la dernière fois après quatre mois, nous attendions en formation d’appel. C’était le licenciement final, tant attendu, et le retour à la vie civile pour la plupart. Pour moi, ce ne sont que quelques jours de congé avant de commencer mon service long. Mais j’y reviens.

Sans vouloir faire un récit complet, je voudrais faire part ici de quelques impressions sur cette expérience dans les troupes de sauvetage, et vous faire partager quelques moments forts, en distinguant bien le côté armée et le côté sauvetage.

Pour les curieux, j’ai suivi l’école de recrues “ER Sauv 75” à Wangen an der Aare, puis l’instruction en formation “IFO Sauv 76” à Genève.

L’armée

L’entrée en service a été un moment très difficile pour moi. Le passage d’un monde où l’on peut disposer de sa vie et poursuivre ses propres buts à un encadrement militaire strict, où absolument tout est décidé à notre place est extrêmement difficile. On va jusqu’à nous imposer le nombre de chaussettes que l’on doit emporter dans son sac, et l’ordre dans lequel on remplit ce dernier. Les armoires doivent aussi être rangées exactement comme sur une photo affichée dans chaque chambre, et seul nous appartient un petit casier fermé à clef pour ranger nos affaires privées.

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Que l’on soit fusilier, pilote, sauveteur ou comptable de troupe, les sept premières semaines sont un tronc commun, où l’on apprend le maniement du fusil, le formel militaire et la protection contre les attaques nucléaires, chimiques et bactériologiques. Le tout est saupoudré d’exercices ridicules, consistant par exemple à marcher en groupes pieds liés les uns aux autres par des attaches en plastique pendant deux heures, alors que certains sont blessés jusqu’au sang, pour voir si le groupe sait rester solidaire. Je vous épargne les excès de colère et de vulgarité de certains durant cet exercice. Ce même soir, nous avons aussi dû passer une heure à ramper en boucle en haut et en bas d’une pente de 20 mètres tellement boueuse qu’il était difficile d’arriver en haut, le tout avec le masque de protection respiratoire sur le visage, terrible entrave pour le souffle.

Autant dire que cela n’est que perte de temps pour un sauveteur. Les sept premières semaines sont donc un enfer où tout raisonnement ne fait que renforcer le sentiment d’inutilité. C’est une chose extrêmement oppressante. Et encore, le sauvetage est l’une des armes où cette imbécilité militaire est la moins marquée. Comment les autres tiennent-ils le coup?

Certains diront que c’est un passage indispensable pour apprendre le respect, l’organisation et la solidarité.

Le respect consiste avant tout à se taire devant un gradé, pour mieux l’insulter dans son dos.

L’organisation, quant à elle, n’a aucun intérêt puisque tout nous est dicté. Et encore, c’est bien souvent mal fait, puisque les ordres et contre-ordres s’enchaînent.

Et finalement, le plus important, la solidarité n’est qu’une illusion. Lorsqu’il s’agit de marcher ou de nettoyer les chaussures, choses qui se terminent toujours au rythme du plus lent, les premiers aident volontiers. Mais dès que c’est chacun pour soi, la donne change totalement. Certains même n’hésitent pas à vider leur poubelle dans celle de la chambre voisine, pour ne pas devoir descendre dans la cour. D’autres ont retrouvé du fromage dans leurs chaussures, ou se font retourner leur lit en pleine nuit. Lors des sorties, le sommeil de ceux qui restent en caserne n’est jamais respecté par les quelques-uns qui rentrent saouls. Et les punitions collectives (la punition individuelle n’existe pratiquement pas) encouragent les réglements de comptes… Solidarité et camaraderie, dites-vous?

Fort heureusement, ce n’est que l’oeuvre d’une minorité, bien que trop remarquée, et il se développe parmi les autres des amitiés très fortes. Et s’il est une chose que je ne regrette pas à l’armée, c’est amis que je m’y suis faits.

Le sauvetage

Heureusement, mon école de recrues ne s’est pas limitée à la bêtise militaire. En effet, au terme du tronc commun a débuté l’instruction technique propre au sauvetage, hors de l’enceinte de la caserne autant physiquement que symboliquement.

C’est à ce moment que mon intérêt a été éveillé. Etant étudiant, je n’avais jamais eu l’occasion d’utiliser des engins comparables à ceux qui nous étaient mis à disposition, et cette phase a été très riche, puisque nous voyions chaque jour plusieurs nouveaux outils ou techniques de sauvetage, et que nous nous sentions enfin utiles.

Mais avant tout, en quoi le sauvetage consiste-t-il?

Notre mission est de venir en aide aux institutions civiles (pompiers, protection civile, etc.) si leurs moyens ne suffisent plus. En clair, nous intervenons en cas de catastrophes majeures sur le territoire suisse. Nous pouvons lutter contre les inondations ou le feu avec notre matériel de transport et de stockage d’eau, ou engager en cas d’effondrement de bâtiments avec nos assortiments d’outils pour décombres.

Mais j’ai assez parlé. Place aux images. Je vous demande de m’excuser pour la qualité. Ces photos viennent de sources différentes, ont été prises dans le feu de l’action et dans des conditions souvent difficiles.

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Les inondations de Meiringen en 2005 ont nécessité l’engagement de l’armée.

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Le déploiement d’une pompe flottante capable d’envoyer jusqu’à 4000 litres par minute.

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L’installation des tuyaux, en montée en courant derrière le camion. Ce transport d’eau long de 5km pour 500m de dénivellation a mobilisé près de 200 sauveteurs.

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La forte dénivellation implique l’utilisation de bassins intermédiaires (53 000 litres ici). Le transport est découpé en segments, chacun terminé par un bassin dans lequel puise la pompe du suivant.

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Parfois, il faut tirer les tuyaux à la main à travers la forêt.

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Je pense que je n’oublierai jamais le transport d’eau que nous avons dû faire à 4h du matin, après une nuit blanche à la Vallée de Joux par -15°C, dans la neige. Les raccords étaient totalement gelés, pratiquement impossibles à utiliser. Un des rouleaux à tuyaux du camion était bloqué, et la seule solution efficace a été d’uriner dessus pour dégeler les roulements. Pour le repli, à la fin de l’exercice, un problème technique nous a obligés à enrouler les tuyaux à la main. C’est-à-dire faire tourner près d’une tonne mal équilibrée autour d’un axe plusieurs centaines de fois.

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Une équipe prête à engager dans un bâtiment en feu avec protection respiratoire.

Voici maintenant quelques images de la partie décombres de notre formation…

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Un tas de décombres du village d’exercice de Wangen an der Aare.

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Un bâtiment de 4 étages effondré autour de sa cage d’escalier. La prochaine école pourra s’entraîner dessus, en rappel.

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Sans doute le plus intéressant des bâtiments d’exercices que nous ayons vu. Nous avons été les premiers à pouvoir intervenir dessus après son dynamitage. Après plusieurs heures d’engagement à 30 personnes dans environ 10 mètres carrés, il a pu être traversé de haut en bas par un brancard.

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Un mât de 12m pour l’éclairage de places sinistrées.

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Ce système permet d’insérer une caméra au bout d’un bras robotisé de 3m dans les décombres et de communiquer avec le blessé au moyen d’un micro et d’un haut-parleur.

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Cette tronçonneuse à meule permet de découper le béton et les métaux.

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Après avoir perforé le béton au marteau piqueur, une planche en bois a dû être tronçonnée à quelques centimètres du pied du blessé, invisible sur cette image.

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Cet exercice particulièrement difficile a consisté en l’installation d’une carotteuse hydraulique de 400mm de diamètre sur un plan incliné à 45°, sur le toit d’un bâtiment écroulé.

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L’installation de ce trépied de 6.8m de hauteur au sommet de ces décombres a été pratiquement impossible tant l’espace était restreint. Le blessé a pu être treuillé dans un brancard depuis le fond de la cheminée grâce à cet appareil.

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Un exercice de sauvetage en profondeur. Un sauveteur descend au fond d’un trou, portant un système de protection respiratoire avec bonbonne d’air comprimé, assure le blessé dans un brancard et 4 autres sauveteurs le sortent du trou.

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L’intérieur d’un bâtiment.

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Ouverture d'un mur au marteau piqueur pour y passer un brancard.

Conclusion intermédiaire

Que dire alors après cette première partie de mon service militaire? Et bien que le sauvetage est extrêmement intéressant, autant du point de vue technique que du point de vue de l’esprit. Plutôt que d’apprendre à tuer, nous apprenons à sauver. Pour cette seule raison, je recommande à tous de choisir cette option au recrutement, si elle est disponible. Le seul problème, c’est tout le “gras” militaire qui vient autour, dont on se passerait si volontiers…

Et moi alors? Mercredi, je retourne à Wangen an der Aare, dans le bataillon service long. Sa particularité? Il est prêt à l’engagement en permanence, en première ligne. Tous les soldats sont équipés d’un pager et doivent se tenir prêts à l’engagement. De plus, ce bataillon fait partie de la Chaîne suisse de sauvetage. C’est-à-dire qu’il y a en permanence une centaine de personnes, dont 18 soldats de sauvetage volontaires et sélectionnés avec des rotations, prêts à partir pour l’étranger. Mon but est d’être sur la liste. Et si un jour je dois partir, au moins, tout cela n’aura pas été vain.

46 commentaires
1)
Caplan
, le 26.03.2007 à 00:12

Salut, Noé!

Heureux d’avoir de tes nouvelles! Heureux aussi que tu aies trouvé une activité utile à l’armée, ce qui n’a pas franchement été mon cas…

Courage pour la suite et fais bien attention à toi en mission réelle!

Milsabor!

2)
nic
, le 26.03.2007 à 00:24

ciao noé! plaisir d’avoir de tes nouvelles! ça a l’air de changer du php et css…

à une prochaine ciao, n

3)
loic
, le 26.03.2007 à 03:38

Mais pourquoi tout ça en uniforme?

Je me souviens de mes premiers séjours en Suisse, me demandant si le pays était occupé, avec ces hommes en treillis et en armes, sur les quais de gare. Puis d’avoir subi les beuglements avinés des bidasses en virée dont les moins cons restent seuls, un sourire un peu gêné de la triste compagnie. C’est eux, les beuglants, qui m’ont fait prendre conscience du Rüstigraben, par leurs chants poétiques vantant l’homosexualité, d’après eux méprisable, et la veulerie du peuple d’en face.

“Cette voix qui sentait l’ail et le mauvais alcool, c’est la voix des nations, et c’est la voix du sang… Au suivant” J. Brel.

Alors bravo pour le sauvetage, mais pourquoi, pourquoi donc en uniforme?

PS: le paquetage, c’est dû à l’armée de milice, et je comprends que c’est l’armée la moins pire car ne faisant qu’une avec le peuple, ça évite les coups d’états militaires.

4)
Saluki
, le 26.03.2007 à 05:41

Bravo, jeune homme ! Tu as choisi le moins con.

Beau reportage sur l’entraînement. Là l’uniforme ne me gêne pas, Loic, c’est une tenue de travail robuste !

A bientôt sur les pentes du php!

5)
François Cuneo
, le 26.03.2007 à 06:31

Noé, quand je vois les photos des ruines d’entraînement, ben ça fait un peu peur quand même.

Je constate:

• que l’armée est toujours aussi conne

• que c’est même pire qu’à mon époque

• que ces gradés ne suivent pas le règlement (à moins qu’il ait changé) puisque les punitions collectives n’étaient pas autorisées

• que la Suisse ne gère pas mieux son alcoolémie: le pire pour moi a toujours été le non-respect de ceux qui rentrent de foire alors que toi tu dors

• que la violence de ces derniers est toujours bien là

• que tu risques toujours de te faire vomir dessus en pleine nuit par des gars bourrés.

Bref, rien n’a changé, c’est toujours la même merde.

Je la hais.

Rien que pour ça, jamais, au grand jamais, je ne voudrais avoir à nouveau vingt ans.

6)
Okazou
, le 26.03.2007 à 06:36

Bon, mieux vaut tout de même être fusilier que fusillé par le fusilier d’en face…

En somme, tu profites de ton service obligatoire pour devenir un secouriste de choc. Après ça, il y a encore des grincheux à prétendre que les jeunes ne sont plus aujourd’hui comme nous étions nous-mêmes hier !

N’oublie pas, Noé, qu’un bon secouriste doit avant tout prendre soin de lui-même. Comme sur un bateau, une main pour soi et l’autre pour le bateau.

Quel dommage, simplement, que les jeunes intéressés par ce type de fonction éminemment sociale parce que fort utile à tous ne puissent y accéder autrement que par le lamentable cadre obligatoire de l’armée.

On peut affirmer que nos sociétés ne seront modernes et ouvertes que lorsqu’elles auront chassé les schémas rétrogrades des siècles passés. Les cerveaux sont encore tapissés de vilaines toiles d’araignées.

Déjà quatre mois de passés, tu ne nous dis pas combien il te reste à tirer.


Un autre monde est possible.

7)
Cosmike
, le 26.03.2007 à 06:38

Trente cinq ans plus tard, ton récit plaque à ma propre expérience hormis le fait que tes 7 semaines de calvaire ont duré pour moi 4 mois + moult cours de répétition…

Pour moi l’armée est une usine à démotivation… Ce qui me rassure c’est le fait que dans ton cas il y a quelques aspects vraiment positifs.

Amuse-toi bien… ;-)

8)
Marcel2
, le 26.03.2007 à 07:09

Le sauvetage semble effectivement la plus utile des fonctions. Un ami qui était dans les sauveteurs avaient ensuite été envoyés en Turquie suite au tremblement de terre d’août 1999 – il s’était senti quand même très utile!

Sinon, désolé de voir que l’armée reste toujours l’armée et bonne chance pour la suite de ton service long.

9)
orangers
, le 26.03.2007 à 07:10

Content de te lire, Noé!

10)
Inconnu
, le 26.03.2007 à 07:11

Des souvenirs pas si vieux que ça pour moi, le sévice militaire, désormais abandonné en France. J’étais expatrié en Allemagne, c’était plutôt sympa comme cadre, je retiens plus les sorties le week-end avec les potes que les marches au pas (quel intérêt?). Mais globalement 10 mois de perdu, pendant lesquels j’aurais pu bosser.

Enfin bon, on peut cracher sur l’armée, on est quand même bien content quand ils vont défendre leur pays ou aider des pays amis (les Etats-Unis en 39-45 par exemple).

11)
guru
, le 26.03.2007 à 07:46

Salut Noé, Bien heureusement le SM a été supprimé en Belgique. Courage, tout ce que tu as vécu a été mon lot il y a bien longtemps. La connerie des hommes qui ont une parcelle de pouvoir est universelle. Tiens-toi à carreau et sois utile.

12)
Roger Baudet
, le 26.03.2007 à 08:49

Merci Noé, ton témoignage est important.

Je savais que l'armée suisse avait fait quelques progrès (ta partie "sauvetage"), mais ignorais que sur certains points, elle était encore totalement débile (ta première partie). Il est important de dénoncer ces stupidités financées par nos impôts.
13)
Roger Baudet
, le 26.03.2007 à 08:54

Bizarre, mon commentaire n’a pas passé en entier, voici la suite…

… mais ignorais que certains aspects en étaient toujours aussi débiles (ta première partie). Il est important de dénoncer ces faits financés tout-de-mêmes par nos impôts.

14)
fxprod
, le 26.03.2007 à 09:26

Je me demandais pourquoi une armée en suisse, vous êtes au milieu de l’europe, comme un coffre fort bien gardé, en voyant l’utilité de ton service je comprend un peu mieux, mais otez moi d’un doute, il y a aussi des gars qui courrent dans la m… berdouille pendant 1 an.

J’espère aussi que ton boulot est de sauver des naufragés de vos mers intérieures, ce qui me permetrait de dire que tu es un cas Noé.

15)
Franck_Pastor
, le 26.03.2007 à 09:27

Quelle chance, Noé, une partie de ton service s’est avérée utile : j’attends toujours de savoir en quoi le mien l’a été…

16)
Noé Cuneo
, le 26.03.2007 à 09:42

@Loic:

Pourquoi l’uniforme? Ce n’est pas vraiment lui qui nous dérange. C’est effectivement une tenue pratique pour ce genre d’activités. Ce qui dérange, c’est l’esprit qui l’accompagne. De toute façon, en cas d’engagement à l’étranger, nous partons avec les tenues oranges de la chaîne suisse de sauvetage.

Ce qui dérange par contre bien plus, c’est le fait que nous ayons un fusil. Que ce soit clair, il ne nous sert à rien. Nous devons l’emporter partout, tirer les tuyaux de pompiers avec, le surveiller, etc. Bref, une entrave inutile… Mais regarde dans quel sens va l’armée: dès je en sais plus quand, même les troupes sanitaires devront avoir le fusil, alors qu’un pistolet leur suffisait depuis si longtemps…

En ce qui concerne l’alcool, là aussi, c’est terrible. Dans le train le samedi à 7h du matin, ou le dimanche soir, la majorité des soldats ont une bière à la main. Pareil pour les sorties: le but est de s’envoyer le plus d’alcool pendant les 2 heures à disposition. Je ne suis pas contre la consommation d’alcool, lorsqu’on fait la fête. Mais là, c’est simplement le fait d’avoir une sortie qui implique une consommation d’alcool parfois abusive.

17)
Joël (exGlimind)
, le 26.03.2007 à 09:47

Joli boulot, je dois l’admettre…

Toutefois, je reste dubitatif sur l’utilité d’un fusil pour dérouler un tuyau… Je reste aussi persuadé que pour ce genre d’exercice, une tenue orange fluo serait plus appropriée.

Oui à un vrai service civil, librement choisi et qui permette de se former pour ces tâches plus qu’utiles à la collectivité à qui ne désire pas faire partie d’une force armée!

PS.

Bon, mieux vaut tout de même être fusilier que fusillé par le fusilier d’en face…

Ça, j’en suis pas encore si sûr…

18)
6ix
, le 26.03.2007 à 09:53

Très intéressant Noé!

Je te comprends tellement sur la 1e partie… Ou comment montrer que tous les clichés sur l’armée sont totalement véridiques! L’idéal serait de prendre cela comme un jeu, de ne pas penser à tout ce que l’on pourrait faire à côté…. mais bon, pas facile quand on est 24h/24 dans ce monde-là!

Par contre je vois que tu as trouvé une incorporation utile de l’armée, et c’est loin d’être le cas de tout le monde ;-) . J’imagine que malgré le contexte militaire, tu as de quoi en retirer quelque chose, c’est une chance.

Je me suis toujours dit que l’armée militaire suisse dans sa configuration actuelle est totalement inutile! A mon avis, il serait préférable de garder une petite armée profesionelle composée de l’aviation et de troupes pour la défense d’ambassades ou du style, et plutôt que chaque homme doive accomplir un service militaire, instaurer un “mini-service” d’aide en cas de catastrophe qui ne serait pas du tout géré par l’armée mais serait une unité parallèle, dans un contexte bien plus agréable. Ainsi, on garderait uniquement les rares points utiles de l’armée de notre époque, on éviterait d’emmer* tout le monde avec des mois de conneries sans nom et on proposerait un service beaucoup plus court et directement utile. Le mot “servir” aurait de nouveau un sens…

19)
Franck_Pastor
, le 26.03.2007 à 09:55

Tiens, ça me fait sur le tard ressortir un des très rares aspects positifs de mon service militaire (outre le sport à volonté) : je n’ai jamais été témoin de beuveries. Je me disais que de ça au moins l’armée avait été guérie. Mais apparemment pas. OK, c’était en France, mais je ne crois pas que les mentalités militaires y sont bien différentes de celles de Suisse. Donc j’ai eu seulement de la chance :-(

20)
Inconnu
, le 26.03.2007 à 10:31

Bonjour, Parce que j’ai pas mal de famille en Suisse (Lausane, Genève, Sion) entre autre des cousins qui vont régulièrement sous le drapeau Helvete, j’ai eu beaucoup de plaisir a lire votre article “Quatre mois dans les troupes de sauvetage de l’Armée Suisse…”, très intéressant et instructif sur la mise place préventif de votre armée. Il faut dire que mes cousins ne me font jamais de récit comme le vôtre et c’est bien dommage, maintenant je pourrait les interpeller sur le sujet. Je me permet de vous poser une question : -Que vient faire le tronc commun dans ces péripéties de votre armée ? Chez nous, le tronc commun est un laissez-passé obligatoire pour les futurs entraîneurs ou sportif de haut niveau qui veulent se recycler dans l’enseignement du sport. Encore merci de ce reportage, qui nous sort un peu de nos méandres informatiques.

21)
Tartopom
, le 26.03.2007 à 13:05

Personnellement, comme beaucoup ici, je déteste l’armée, j’ai détesté mon école de recrues et plus encore mes cours de répétition, mais…

je trouve qu’il y a une certaine naïveté à dire: “si au moins on faisait des trucs intelligents! La plupart du temps, c’est tellement bête ce qu’on doit faire!” Mais c’est précisément ce que veulent toutes les armées du monde: que les soldats obéissent, suivent les ordres, sans se poser de question. Si chaque soldat commençait à dire: “oui mais on pourrait faire mieux, comme ci, comme ça”, inutile de dire que ce serait la gabegie. Il s’agit donc à mon avis d’une stratégie de l’enseignement militaire: on fait exprès de vous faire faire des trucs bêtes pour vous apprendre à ne plus vous poser de questions. Ce qui serait inquiétant pour la sécurité nationale, précisément, ce serait une armée où on fait des trucs intelligents…

Mais on va croire que je défends l’armée suisse… :-) (peu de risques : j’ai réussi à me faire réformer après pas mal de démarches). Mais c’est juste pour dire que ça ne sert à rien de “haïr” l’armée parce qu’on a trouvé ça bête. C’est de l’énergie perdue…

22)
Hervé V
, le 26.03.2007 à 13:21

Pour mon premier commentaire sur ce site que je consulte quotidiennement, j’aimerais apporter mon point de vue sur ce sujet qui me tient à cœur, forcément, puisque j’ai joué les prolongations après l’école de recrues, pour devenir officier.

Ce qui me frappe toujours, c’est que de nombreuses personnes croient que l’armée n’a pas évolué, comme si elle était restée au temps de la guerre froide. Comme la société, elle s’adapte et elle se remet en question avec plus ou moins de réussite. La mentalité de la majorité des recrues a aussi évolué, passant de totalement négatif à neutre en quelques années. C’est aussi rigolo de constater que l’uniforme provoque toujours un blocage auprès de certains, alors qu’il ne s’agît que d’une tenue adaptée et confortable. Je n’ai d’ailleurs jamais vu une recrue partir chez le psy à cause de cela.

Concernant la première partie, ce n’est pas forcément la chose la plus intéressante, mais c’est d’une part pour apprendre à vivre dans l’environnement militaire (faire passer la mission avant ses envies personnelles, vivre en communauté, etc.) et d’autre part pour connaître le travail du soldat, si des missions de sécurité devraient être remplies. Mais il est vrai que l’ambiance peut être radicalement différente en fonction des cadres, et je pense qu’il y aurait moins de chicanes si la formation était effectuée, comme sous A95, par des miliciens. Je trouve toujours dommage que des soldats soient dégoûtés à cause de petits chefs qui veulent montrer leur autorité en poussant à l’extrême les principes militaires.

De plus, n’importe qui doit faire l’armée, qu’il soit citadin, paysan, étudiant ou ouvrier. C’est ce qui fait le charme de l’armée, mais qui amène son lot d’inconvénients, comme de devoir supporter des buveurs qui dérangent au retour des sorties, ou des non-ordrés, d’où les règles de rangement des armoires ou des sacs.

Enfin, je suis content de voir que l’instruction de sauveteur n’est que du bonheur pour des gens qui sont bien recrutés, qui sont à la place qu’ils souhaitent. Bon courage pour la suite du service long.

Hervé

23)
6ix
, le 26.03.2007 à 13:36

Ce qui me frappe toujours, c’est que de nombreuses personnes croient que l’armée n’a pas évolué, comme si elle était restée au temps de la guerre froide. Comme la société, elle s’adapte et elle se remet en question avec plus ou moins de réussite.

L’armée évolue, certes. Mais pas comme la société… Si c’était le cas, elle aurait aujourd’hui radicalement changé. Or ce n’est pas le cas, les changements effectués jusqu’ici (armée XXI par exemple) ne sont que des changements internes de l’armée, et jamais une remise en cause complète de l’armée en tant que telle et de ses objectifs. De l’intérieur, j’ai franchement l’impression que l’armée a 20 ou 30 ans de retard sur la “société civile”.

Comme je l’ai dit plus haut, je ne dis pas que l’armée en Suisse est inutile et n’apporte rien. Mais pas, ou plus sous cette forme.

Qui plus est, quand on voit les dépenses énormes pour des choses complètement inutiles, farfelues ou mal gérées (acheter des millions de pneus “sable” pour les Duro, c’est bien, mais j’ai du mal à situer les zones désertiques en Suisse), c’est une raison de plus, et pas la moindre à mon avis, pour revoir totalement la copie.

Une armée bien pensée et en phase avec l’époque aurait aussi plus de crédits.

24)
ToTheEnd
, le 26.03.2007 à 13:54

Intéressant. Je ne rentrerai pas dans la polémique de “l’armée c’est con, ça tue et ça pollue”. Cette caricature me paraît hautement déplacée pour ne pas dire dépassée.

Je n’ai pas d’expérience directe avec l’armée mais mes amis oui. Il n’y a pas beaucoup de différence d’un pays à l’autre à l’exception peut être d’un ami qui a été membre des commandos marine (il vit en Suisse maintenant).

Tous ou presque sont revenus changés – en mieux – suite à cette expérience. Vu les moyens dont l’armée dispose, je trouve excellent qu’elle les mette à profit du sauvetage…

T

25)
Inconnu
, le 26.03.2007 à 14:15

Salut Noé. Pas mal d’avoir de ts nouvelles ainsi sur Cuk… Au moins tu n’es pas dans un truc totalement inutile, genre désert des tartares (Buzzati) et bravo pour ce choix. A bientôt… (Et bises à vous deux ;-)

26)
David Klaus
, le 26.03.2007 à 16:44

Merci Noé pour cet article très intéressant. Au début de la lecture, tu as presque réussi à me faire changer d’avis. Il est vrai que sauveteur, c’est une très belle occupation qui justifie un tout petit peu les dépenses exhorbitantes faites pour l’armée suisse et qui ne se résume pas à jouer au p’tit soldat dans les forets.

Mais tes récits de chambrée et les descriptions des gradés réveillent en moi un dégout monstrueux. Je ne pense pas avoir ta force mentale pour supporter un gros crétin en uniforme qui me donne des ordres stupides à longueur de journée. J’ai beau chercher, je n’arrive pas à trouver une activité utile dans l’armée mis à part le sauvetage en cas de catastrophes (cette activité devrait d’ailleurs être exclue de la définition “armée”). Pour moi, l’armée c’est juste jouer au soldat, se tirer dessus, faire peter des grenades, bousiller les routes en faisant mu-muse avec les gros tanks, et éxecuter bien sagement les ordres.

J’ajoute pour terminer (désolé si je suis un peu dur) que je ne vois pas comment on peut être fier d’être gradé dans l’armée. A mon avis, il faut avoir quelquechose à compenser pour vouloir gueuler sur des recrues…

27)
Théodore Besson
, le 26.03.2007 à 17:41

Salut Noé,

Et bien moi, je regrette parfois de ne pas l’avoir faite, mon armée…

Bon, j’avoue qu’en quelques secondes je réalise à quel point je m’y serais senti malheureux et qu’elle ne correspond pas à mes idéaux, mais comme je manque de discipline, elle m’aurait fait du bien… ;-)

En fait, je suis plutôt opposé (voir dégouté) à tout ce qui tourne autour de l’armée, mais le côté physique de la chose m’aurait plu, en ch… un bon coup, ça forge un homme (je parle de rando de 50 km, d’exercices de nuit,…)

A la protection civile, puique je suis réformé, je suis aussi sauveteur, 3 à 5 jours chaque année, et j’adore, mais surtout parce que c’est pas trop long et qu’on ne se fait pas gueulé dessus.

Tu as fait le bon choix en ne choississant pas une affiliation aux côtés guerriers de l’armée.

Bien du courage encore, il t’en faudra!

@+

28)
Noé Cuneo
, le 26.03.2007 à 17:59

@Théodore:

L’effort physique, tu peux le faire par toi-même. Tu as en plus la fierté de l’avoir fait sans avoir besoin qu’on t’y oblige…

29)
Effet K
, le 26.03.2007 à 18:01

Ah l’armée, cette grande muette qui fait tant parler…

Le militaire que j’ai été se sent blessé lorsqu’il se trouve réduit à un abruti aviné plus prompt à vomir sur ses camarades de chambrée qu’à se montrer solidaire.

L’officier que je suis (au présent, histoire d’assumer pleinement) se demande s’il a fait service dans la même armée que celle décrite dans certains commentaires.

Un bref regard en arrière me permet de me rappeler que j’étais à la tête d’une compagnie d’infanterie (vous savez, la chair à canon). Environ 150 Jurassiens.

Pour nos amis non suisses, sachez que les Jurassiens sont, avec les Genevois, les seuls Suisses à avoir voté OUI à une Suisse sans armée… La réputation du Jurassien est à peu près la suivante (puisque nous sommes dans les caricatures): anti-militariste, arriéré, rustre (voire frustre), porté sur la dive bouteille.

Pourtant je me souviens d’avoir eu à faire à d’excellents soldats et cadres, c’est à dire des individus pragmatiques, solidaires, souvent de bonne humeur et surtout responsables. Je me souviens d’une section (30 hommes) commandée par un soldat, parce que le plus compétent; sous ses ordres: des soldats mais aussi des caporaux et sergents. Je me souviens de la bonne intelligence (si, c’est possible) entre des soldats venus d’horizons très divers. Je me souviens d’exercice où le bûcheron illettré (cas réel) sortait de la panade le physicien nucléaire. Je me souviens de soldats à qui je ne donnais plus d’heure d’extinction des feux (ceux qui voulaient discuter, taper du carton ou goûter le dernier cru de damassine se réunissaient dans une salle éloignée des chambres pour respecter le sommeil des autres). Je me souviens de chauffeurs qui refusaient gentiment de me conduire, moi leur commandant, parce qu’ils estimaient ne pas avoir 0/00 – seul seuil autorisé pour les chauffeurs – et qui m’orientaient vers d’autres chauffeurs qui s’étaient abstenus la veille. Ils avaient organisé leur tour du “droit de boire”. Je me souviens d’avoir passé mes premières minutes à la tête d’une compagnie en leur faisant faire un exercice de réaction et en gueulant comme un fou. 30 secondes après toute la compagnie était morte de .. rire, moi y compris. Et c’est la seule fois où j’ai gueulé à l’armée. Et pourtant j’avais la réputation d’être dur! Je me souviens de 2 soldats impatients de “rentrer” à l’armée et qui ont fait bêtement un accident de la route (il y a là pléonasme) sur le chemin de la caserne: l’un est mort et l’autre handicapé à vie. Il va sans dire que ces simples soldats (il y a là, dans leur cas, antinomie) étaient à jeun.

Je me dis que non, je n’ai pas vécu la même armée. Et chaque fois que mon épouse, anti-militariste engagée, me dit que je ne suis pas un officier comme les autres, je lui rétorque, qu’à quelques rares exceptions près, je n’ai connu que des officiers et soldats qui n’étaient que le reflet de ce que l’on peut observer dans la société: avant d’être gradé ou non, avant d’être soldats, civilistes ou objecteurs, nous sommes des hommes. Et les pires expériences hiérarchiques que j’ai eu à vivre, c’était au sein d’entreprises (fourberie, turpitude et sales coups dans le dos).

Dans autre côté, je sais que nous autres officiers nous avons failli à rappeler les missions de l’armée: a. de contribuer à la prévention de la guerre et au maintien de la paix; b. de défendre la Suisse et de protéger sa population; c. de fournir sa contribution à la promotion de la paix à l’échelon international; d. d’apporter son aide aux autorités civiles lorsque leurs moyens ne suffisent plus, en cas de menace grave contre la sécurité intérieure, mais aussi notamment en cas de catastrophe en Suisse ou à l’étranger

C’est ainsi que j’ai des connaissances et amis militaires qui exercent à l’armée des fonctions de médecin, traducteur, spécialiste en explosif, commando (et oui, en Suisse nous avons une unité spéciale chargée d’aller récupérer des civiles coincés dans des théâtres d’opérations “chauds”), journaliste, instructeur, sociologue, hydrologue, etc. Et tous, j’en mettrais ma main à couper (au couteau suisse), ont rampé dans la boue et fait des pompes “gratuitement”. Sans parler de ces punitions collectives interdites par le règlement de service et le bon sens, mais pratiquées par les cadres faibles et sans imagination. J’ai eu une fois pareil moment de faiblesse et c’est le seul moment que je regrette de ma carrière militaire.

Plt Kupferschmid

30)
Noé Cuneo
, le 26.03.2007 à 18:30

Et bien… Nous n’avons vraiment pas vécu la même armée… Celle dont vous parlez semble idéale, et c’est ce que j’aurais aimé trouver!

Cependant, j’ai changé d’avis lorsque j’ai dû aller nettoyer mon chargeur de cellulaire à 2h du matin à la suite d’un léger débordement chez mon voisin de lit. Ou encore après la marche (très) rapide que nous avons dû subir à 4h du matin, en portant des cuves de thé pleines d’eau, pour punir le compagnie d’une sortie dont une dizaine de soldats avaient trop profité…

31)
Effet K
, le 26.03.2007 à 18:58

Bonjour Noé,

Le genre de conn…ies que vous décrivez, j’en ai subi mon lot. Et des gratinées. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que j’ai fait un procès à l’armée suisse (!) en 1990. Mais, ces moments-là ne sont pas les plus vifs dans ma mémoire.

A vous, je souhaite de continuer à vivre une somme d’expériences aussi riches par leurs apports techniques qu’humains. Et le “pire” que je puisse vous souhaiter pendant les quelques mois que durera encore votre service long est que votre biper sonne au-moins une fois. Je sais, cela voudra dire qu’un malheur est arrivé quelque part sur la planète, mais, au-moins, ne vivrez-vous pas la frustration du soldat du feu qui n’a été appelé que pour descendre Mirza coincé dans son arbre.

Fabien

32)
bamboo
, le 26.03.2007 à 19:54

Bonjour à toi! L’article était fort intéressant. Voilà quelqu’un qui montre les bons côtés de l’armée! Bon je l’admets il y a aussi beaucoup de mauvais côtés… Mais y en a marre de ces gens qui hurlent “Bouh l’armée c’est de la m*”%e”, et qui sont en général réformés! Pouah critiquer sans savoir de quoi on parle… c’est nul!!!

Voilà pour le coup de gueule…

Ceci dit en passant, il me semble que l’on a pas le droit de mettre en ligne des images du matériel de l’armée suisse. Je dis ça parceque avec un pote on a voulu faire un mini blogue avec des photos des soldats de notre batterie mais le cmdt de compagnie a dit que c’était interdit… Ca doit sûrement être une paranoïa bien suisse…

Je pars!!!

33)
Noé Cuneo
, le 26.03.2007 à 20:25

C’est pour cette raison que je n’ai publié que des images du matériel de sauvetage, qui n’est pas propre à l’armée… Il s’agit des marques Wäcker, Stihl, Hilti, Holmatro, etc. Ces outils se trouvent chez la plupart des entreprises de chantier! De plus, il s’agit de matériel qui a été présenté à la journée portes ouvertes, des centaines de photos en ont été prises sous le nez du colonel… Bref, on verra bien!

34)
KeKeSeB
, le 26.03.2007 à 22:02

Héhé, je vous ai vus dans la vallée de Joux. Je me suis accroché dans un tuyau qui traversait la route

35)
Joël (exGlimind)
, le 26.03.2007 à 23:16

Mais y en a marre de ces gens qui hurlent “Bouh l’armée c’est de la m*”%e”, et qui sont en général réformés! Pouah critiquer sans savoir de quoi on parle… c’est nul!!!

On ne peut pas dire celà! Savoir dire non à l’armée, c’est aussi du courage. Je peux vous l’assurer aux vues des bâtons mis dans les roues des objecteurs de conscience…

C’est comme si vous m’interdisiez de critiquer la dictature ou le fascisme, je ne sais pas de quoi ça parle, je ne l’ai pas vécu… Dire non à l’armée est un droit fondamental!

Quant à Mr. Fabien Kupferschmid, on ne peut que se réjouir d’avoir de telles personnes dans l’armée. Ça fait plaisir!

Glimind, un civiliste qui a “testé” 15 jours d’armée, et même essayé de la continuer, mais sans arme (mais on a pas voulu de lui, j’allais faire des histoires qu’ils m’ont dit)!

36)
François Cuneo
, le 26.03.2007 à 23:51

Eh bien moi je déteste l’armée, je dis Bouh l’armée c’est de la m*”%e” et je ne suis pas réformé. Je l’ai faite, je sais de quoi je parle…

37)
loic
, le 27.03.2007 à 00:57

L’uniforme n’est pas qu’une tenue confortable (parait que les chaussures ne sont pas toujours au top). A la différence d’une combinaison de travail, l’uniforme, on le garde, pour manger ou prendre le train. Biensûr, il se décline en différentes versions plus ou moins adaptées pour tuer son voisin en char, en avion, en bateau, etc.

Mais la fonction de l’uniforme, comme son nom l’indique, est d’uniformiser, pour gommer les choix personnels, pour déshumaniser. Pour bien faire comprendre, que tel ou tel, c’est pareil. Pour enfin diviser le monde en deux, les copains et les méchants.

Au temps des armées flamboyantes, on les faisait rouges ou bleus pour bien voir dans quel corps enfoncer la baïonnette, hardi petit! Maintenant ils sont tous plus ou moins verts… et des fois ils se tirent dessus.

Effet K, il est étonnant que l’avocat de l’armée que vous êtes ait porté plainte contre l’armée… c’est bien reconnaitre ses défauts, non?
Soyez sûr qu’en entassant des jeunes gens en uniforme, en les stressant au plus haut point, en les faisant sortir des règles démocratiques pour droit martial; on n’obtient pas souvent de bons résultats. Bien sûr de partager des épreuves forgent souvent des amitiés… mais faut-il vraiment passer par là pour se faire des amis? Et sachez que le centre de vacances à horaires surveillés que vous nous décrivez ne me fais pas envie non plus.

Noé, j’entendais l’uniforme avec l’arme. L’armée que vous décrivez apparait comme la cavalerie; quand les moyens civils ne suffisent pas, il faut l’armée. Il faut? Payons donc un peu moins d’impôts à l’armée et dotons les forces civiles des mêmes atouts.

Enfin quand à l’armée nécessaire, le Costa Rica s’en passe bien, pourquoi pas la Suisse. Si l’armée est un mal nécessaire, qu’elle soit au moins supra-nationale, sous l’égide de l’ONU, c’est moins dangereux.
Et je ne sais pas si c’est un mal vraiment nécessaire, car comme disait Brassens: “Encor s’il suffisait de quelques hécatombes
Pour qu’enfin tout changeât, qu’enfin tout s’arrangeât
Depuis tant de “grands soirs” que tant de têtes tombent
Au paradis sur terre on y serait déjà”

Qui veut la paix prépare la paix.

38)
cerock
, le 27.03.2007 à 09:29

Cool les commentaires marche de nouveau chez moi aujourd’hui (ce n’était pas le cas hier beuuuu)

La première partie ne m’a rappelé que des mauvais souvenirs. C’est vrai que les troupes des sauvetages ont l’air d’être les seuls bataillon utile de notre armée. Quand je pense que des bataillon comme celui auquel j’appartiens peuvent être prit pour faire de la garde d’ambassade (alors que nous avons aucune formation mis à part tirer des ligne téléphonique et boire des bières)… Ca me fait vraiment préciser que l’armée c’est n’importe quoi. Enfin je me dit qu’il ne me reste que 5 semaines de calvaire. Enfin tu as vraiment du courage de repartir, car pour ma part après trois mois j’étais heureux d’arriver au bout sans quoi je pétais un plomb.

Je sais que je me répète, mais si tu veux un paquet avant la fin, il nous faut ton adresse (et il y a de bonnes chose a manger par ici en Valais)

39)
cerock
, le 27.03.2007 à 09:33

Eh bien moi je déteste l’armée, je dis Bouh l’armée c’est de la m*”%e” et je ne suis pas réformé. Je l’ai faite, je sais de quoi je parle…

J’adore ton commentaire François…. Je suis d’accord avec toi à 10’000%

40)
alec6
, le 27.03.2007 à 09:36

Je n’ai pas le temps de m’étendre, dommage ! mai je rejoins TTE, Hervé et Effet K sur le sujet. Pour faire bref, dans nos démocraties, les militaires sont aux ordres des élus, ne pas l’oublier. Et comme l’a dit Clémenceau,”La guerre est une chose trop sérieuse pour la confier à des militaires

Ne pas oublier non plus que dans une armée de conscrits comme l’était l’armée française jusqu’à Chirac et comme l’est toujours l’armée suisse, le gros du contingent est composé de civils de tous bords, de toute culture mais à peu près du même âge. On rencontre donc dans les chambrées des comportements exacerbés ou non des civils qui nous entourent et qui au quotidien ne sont pas nos amis… Quant aux comportements des petits chefs abrutis… ils n’ont rien à envier à ceux de ces mêmes petits chefs dans le civil.
A une grande différence près : Dans la merde, les militaires ne vous laisseront pas tomber… Quant aux officiers… Mais je ne vais pas répéter ce que K nous a longuement expliqué (je ne suis pas d’active)…

Le Costa Rica est remarquable par son choix, mais c’est un tout autre sujet.

41)
popeye
, le 27.03.2007 à 18:23

En tout cas, Noé, il y a un gradé qui n’est pas si mauvais que cela, c’est celui qui t’a recruté et incorporé.

Je suis officier et j’assume. J’ai fini mon service actif en ayant commandé une compagnie d’infanterie pendant 5 ans. Comme Fabien, que je connais du service, j’ai des souvenirs de types fantastiques, gradés ou soldats. Des types à qui ça ne faisait pas plaisir d’être en service mais qui savaient que cela devait être fait. Car si leur vie est ce qu’elle est, c’est en partie parce qu’avant eux, d’autres ont fait en sorte, du mieux qu’ils pouvaient. Des ouvriers, des agriculteurs, des ingénieurs, des banquiers ou des médecins. Mais aussi des chomeurs, des paumés, des illettrés ou des alcooliques. Et les plus utiles n’étaient pas forcément ceux que l’on croit. Quelle leçon pour moi! Apprendre à trouver le meilleur en chacun! Ce n’est que quand les circonstances sont difficiles que l’on est poussé à faire cet effort. Certains m’ont tellement surpris, il suffisait de leur permettre de trouver leur place et ils devenaient irremplaçables. Certainement comme toi Noé.

J’ai aussi été un petit chef qui hurlait pour rien et n’importe quoi. Au début. Je ne savais pas. Je devais aussi apprendre. Un jour un supérieur m’a demandé si j’étais faché. J’ai répondu que non. ” Ah?! on aurait pu le penser à vous entendre” fut sa réponse. La pièce de 5 est tombée à ce moment précis. J’aime à penser que je suis devenu un chef apprécié, qui, s’il était exigeant sur le travail à faire, était aussi à l’écoute et prenait soin des hommes sous sa responsabilité. Ma plus grande fierté? Des types qui vous serrent la main en partant, pas de blessés et pas de déserteurs. C’était un honneur pour moi de servir avec eux.

L’armée est une privation de liberté? C’est à peine un renforcement de ce que nous vivons chaque jour. Les lois, les règlements, les directives, les codes, les horaires et les hiérarchies sont au moins aussi contraignants dans la société civile. Mais en vivant dedans, on ne s’en rend que très peu compte. La vie à l’armée est juste plus inhabituelle, c’est tout.

La similitude avec la vie civile ne s’arrête pas là. Les beuveries, le manque de respect et de solidarité, l’individualisme, la violence, que l’on peut trouver à l’armée sont les mêmes que dans la vie civile. L’état dans lequel se trouve une bonne partie de la jeunesse en fin de soirée des week end n’a rien à envier à l’école de recrue. Dans la vie civile, vous n’y êtes pas confrontés, car vous avez le choix et vous ne dormez pas dans la même chambre. Mais ça existe. Comme le disait Fabien, le comportement à l’armée n’est que le reflet du comportement civil. Statistiquement, la bêtise est une répartition uniforme.

Pour terminer, n’oublions pas que l’armée a bénéficié de deux votations clairement en sa faveur de la part du peuple suisse ces 10 dernières années. Alors deux remarques: 1- après avoir lu les commentaires, ils ne sont pas représentatifs de la volonté populaire. 2- pourquoi ai-je encore ce désagréable sentiment qu’une fois de plus ici on ne respecte pas la volonté du souverain, le peuple? Et si! il a toujours raison, même quand il ne vote pas comme vous (cf un débat de l’année passée…)

Il y a des types biens partout. Je les ai vu. J’espère en faire partie.

Noé: bravo pour ton engagement. Nos visions sont peut-être différentes mais j’ai le sentiment que le but est le même. L’engagement en faveur des autres, la défense de valeurs qui nous paraissent justes, au-delà de son propre confort.

Plt K ancien cdt ai cp efa III/21

42)
Chichille
, le 28.03.2007 à 00:40

Je crains que l’armée ne soit pour encore longtemps un mal nécessaire. Cela dit, sur l’état d’esprit militaire, je pense souvent à un ami parti faire son service comme brancardier en Algérie (vers 1960), et qui nous écrivait : « En cas de guerre, je veux bien mourir dans un maquis, mais pas dans l’armée ! ».

Quelques notes en vrac.

Ce qui dérange par contre bien plus, c’est le fait que nous ayons un fusil. Que ce soit clair, il ne nous sert à rien

Noé, tu répond à une question que je me posais en voyant la photo de déroulement de tuyau sur la route : « Mais ils sont armés ! ». Ce qui ne me paraissait pas formidablement utile. Et la réponse est : ça ne sert à rien, mais c’est l’armée.

les Etats-Unis en 39-45 par exemple

On ne va pas cracher sur le rôle des États-Unis contre l’Allemagne nazie, mais il faut tout de même rappeler qu’ils n’ont commencé à bouger qu’en 41, après l’attaque de Pearl Harbor par les Japonais, pas dès 39.

Bien heureusement le SM a été supprimé en Belgique

SM = Service Militaire, mais aussi SM = sado-maso…

Ca doit sûrement être une paranoïa bien suisse…

Lorsque Hergé préparait “l’Affaire Tournesol”, les autorités suisses ont refusé de lui fournir une documentation sur l’équipement des pompiers !!! Bon, il s’est débrouillé sans les autorités et Haddock et Tintin ont pu être sauvés dans les règles.

43)
alec6
, le 28.03.2007 à 08:45

MILITAIRES DE TOUS PAYS ! UNISSEZ VOUS !

44)
zitouna
, le 28.03.2007 à 21:24

Tiens bon pour la suite, Noé.
z
Une petite unité de distance : le milimètre
Une petite unité de volume : le mililitre
Une petite unité d’intelligence : le militaire

45)
Tom25
, le 29.03.2007 à 20:56

Zitoma :•))) elle est pas mal, je ne connaissais pas mais je prend note.

J’ai fait 10 mois de service en France -> Bof. Il y a, comme dans chaque période de ma vie, de bons et de mauvais souvenirs. Etant sportif, les marches, les parcours du combattant etc. ne me gênaient pas. Evidemment quand on y est, qu’on dort dehors par des températures négatives ça fait chier, mais on est content de l’avoir fait. Je regrette d’avoir si peu tiré au fusil, mais je n’ai pas gâché les 30 malheureuses balles qu’on m’a autorisées à tirer -> Toute au but sauf une. J’ai répondu à un gradé qui me félicitait : “là c’est du carton, pour tirer sur un être humain il faudra sacrément me convaincre e l’utilité de la chose pour que j’appuie sur la détente.” Le militaire en question m’a compris, mais un autre qui écoutait m’a engueulé comme du poisson pourri : “à l’armée on ne réfléchie pas, on fait ce qu’on nous dit de faire !”. Faut reconnaître que c’est un peu vrai, on ne peut pas psychanalyser une armée de 100000 hommes avant un conflit ! Mais je regréte que, ces putains de cartouches, on les tirait 5 par 5. Et qu’après, on passait 8 h (toute la nuit) à nettoyer ces fusils. Bon Dieu, je peux comprendre qu’un militaire doive prendre soin de son arme, mais les autres unités les nettoyer en 2 heures ! Nous le capo bas de plafond passait un coton tige sur tout le fusil et s’il n’était pas blanc, on recommençait. Lui se faisait mousser car les fusils étaient propres, mais il ne faisait rien, il dormait ou jouait aux cartes. Et là je vois tout de même une différence avec le civil, des chefs cons il y en a, des gueulards, mais ils participent toujours, au moins un peu, au projet. C’est mon plus gros reproche à l’armée, me faire commander par des gars plus idiots que moi ! Merde, ils le font exprès, il n’y en a pas tant que ça quand même des gars moins intelligents que moi ! Un con compensera toujours par la bêtise.

J’ai un peu mal supporté pour une autre raison, c’est que j’avais fini mes études, j’avais 24 ans, je vivais maritalement et comptais faire des gosses au plus vite. Alors me retrouver avec des alcoolos de 18 ans vulgaires et bagarreurs …

Ah tiens, une autre anecdote. Devenu petit gradé je devais surveillais ceux qui lavaient le matin. Un matin, une équipe de gradés avaient fait une bataille de petit pain dans la salle de repos. Ils m’avaient sifflé en me disant “ramènes nous le gars pour nettoyer ça !”. Ils m’ont regardé avec de grands yeux quand ils m’ont vu revenir moi même avec le saut et la serpillière. “Mais qu’est ce que tu fais, tu es gradé !”. Et j’ai répondu “Le gars a déjà nettoyé cette pièce ce matin, et je préfère la re-nettoyer moi même parce que j’ai trop honte de lui demander de la refaire en lui expliquant que vous avez fait une bataille de petits pains.”. Ca en dit long sur l’estime de ces gens envers les soldats. Là, c’est qu’un coup de balais, mais quand on parle de soldats “chair à canon”, je pense à ce mépris des gradés, et ça me dégoûte un peu plus. Là je parle des petits gradés, les hauts gradés étaient des gens biens, mais on les voyait peu.

46)
mk3d
, le 23.04.2007 à 12:20

Hello,

trop bon! Eh woui, moi aussi j’ai servi mon bô pays dans cette magnifique arme qu’est le sauvetage!

J’aime pas trop l’armée, mais au moins dans cette arme, c’était intéressant et plus ou moins utile.

Donc, petit pincement au coeur en revoyant ce photos :-)

Je n’ai pas eu la “chance” d’être à Wangen, car plus grande caserne qu’a Genève, mais on avait aussi un joli terrain d’exercice nommé “Epeisse”, mais oui, une jolie cuvette ou quand il fait froid, il fait très froid et quand il fait chaud, ben, on cuit… :-)

Voilà, tu as réveillé pas mal de souvenir là, je t’en remercie, et courage pour la suite :-)