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Deux rois de la musique pop(ulaire) se rencontrent

«Il est le père de tous les chanteurs-compositeurs anglais: c’est le roi de la musique pop du XVIIe siècle.»

Voici ce que dit de John Dowland un des rois de la musique pop et rock de notre temps, Sting.

Et ce ne sont pas que des paroles: avec sa voix de rocker, Sting a enregistré tout un CD de chansons de Dowland généralement réservées aux contre-ténors classiques.
Pour moi, ce disque est un coup de cœur, que j’aimerais partager.

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Sting, avec le luth qu’on lui a offert pour s’accompagner quand il chante du Dowland…

John Dowland, la géniale déception

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… et John Dowland, vers l’âge de 20 ans, avec son luth, dont il était un virtuose

John Dowland est né en 1563 (eh oui, comme ancêtre il se pose un peu là…) dans l’Angleterre anglicane. On ne sait pas grand-chose de sa prime jeunesse. Il semble qu’au cours d’un voyage en Italie vers 1580, il se soit converti au catholicisme, ce qui évidemment ne facilite pas la vie d’un musicien qui aspire à travailler à la Cour de la Reine Elisabeth d’Angleterre: la religion, à l’époque, c’était une affaire très politique, et l’église de Rome a cherché pendant des siècles à «reconquérir» l’Angleterre, passée à la Réforme au début du XVIe siècle. Mais Elisabeth est indulgente envers les musiciens catholiques qui la servent fidèlement, et ainsi, lorsqu’il rentre en Angleterre, Dowland peut aller étudier la musique à Oxford, dont il ramène, en 1588, le grade de Maître ès musiques. C’est un luthiste de grand talent, qu’on remarque et qu’on recherche. Il espère être engagé par la Reine, et il croit y être arrivé lorsqu’il est invité à jouer devant elle en 1592, à un moment où les poètes vantent, dans leurs vers, son exceptionnelle virtuosité au luth.

Dowland t’es cher, lui dont le jeu céleste
Avec son luth ravit les sens humains,

écrit Shakespeare.

Dowland ne sera pas engagé. Certains disent qu’on lui a préféré un rival, lui pense qu’on l’a écarté parce qu’il est catholique. Lorsqu’on examine froidement les comptes de la cour d’Angleterre, on s’aperçoit qu’en fait, pour des raisons d’économie, le poste qu’on avait pensé lui confier avait dû être supprimé.

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John Dowland âgé de 35 ans environ; il était alors le luthiste du roi du Danemark

Triste pour lui, mais chance pour l’histoire de la musique (et même pour Dowland lui-même finalement). Du coup, le musicien s’exile, erre de cour en cour à travers l’Europe, et chante tour à tour sa tristesse et ses amours. Et devient un des musiciens les plus connus et les plus populaires de son temps. Sting a raison de le dire: il a été l’équivalent de grands musiciens rock du XXe siècle.

On trouve aujourd’hui encore des centaines de partitions, d’arrangements, de transpositions de sa chanson la plus célèbre, “Flow my tears” (coulez mes larmes) faites du vivant de Dowland. Si l’on compte qu’en quatre siècles au moins autant de partitions se sont perdues, on peut dire que “Flow my tears” a été le tube du siècle!

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Fin de la partition de “Flow my tears” manuscrite par John Dowland, avec sa signature

Il n’était pas le seul: à Londres William Byrd ou Robert Morley étaient aussi talentueux que lui, aussi populaires, et ont laissé des airs aussi immortels que les siens. Mais à l’époque, hors de Londres personne ne savait qui ils étaient à part quelques privilégiés – rappelez-vous, il n’y avait pas d’enregistrements.

Et bien entendu l’errance de Dowland à travers l’Europe l’a mis en contact avec des musiciens que les autres n’ont jamais entendus, et lui a permis d’élargir son expérience, d’être «plus rock» que les autres. Bref, comme cela arrive souvent aux génies, il a transformé un échec en art.

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Partition d’un autre tube de John Dowland: “Can she excuse my wrongs” (Me pardonnera-t-elle mes fautes)

Sting, la rencontre improbable

Ceux qui suivent les blogs musicaux le savent: lorsque le bruit s’est répandu que Sting enregistrait du Dowland, l’incrédulité a traversé le petit monde, ou plutôt le vaste monde, de ceux qui s’expriment en matière de musique sur internet. Cette incrédulité avait deux couleurs, si je puis dire. Les puristes disaient: de quoi il se mêle? Les fans disaient: on se réjouit de voir – et à propos, c’est qui, ce Dowland?

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Sting chante Dowland: répétition avant enregistrement.

Une fois que le disque est sorti, ça n’a pas changé. Il y a ceux qui aiment (les béotiens musicaux comme moi), et ceux qui n’aiment pas (les puristes). Moi, je vais d’ailleurs plus loin qu’aimer – j’adore. Et je trouve que la manière dont les puristes disent avec mépris «circulez, il n’y a rien à entendre, ce n’est pas un chanteur classique», c’est un peu comme ceux qui m’enjoignaient, parce que je disais que je n’aime pas Nicolas Sarkozy, de circuler et de me taire, puisque je n’étais pas française.

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Sting en 1984 (costumé pour un film)

Sting, je ne suis pas sûre qu’il faille le présenter, mais bon, disons que j’y vais d’une brève biographie. Il s’appelle en réalité Gordon Sumner, il a 55 ans, il est anglais, il a été marié deux fois et a six enfants, il a fait partie d’un des groupes célèbres des années ‘80, puis a enregistré une douzaine d’albums solo, dont aucun n’a vendu à moins d’un million d’exemplaires. Pour l’entendre, je vous laisse fouiller vos discothèques personnelles, ou internet où on trouve en cherchant bien, des morceaux – et si jamais il y a toujours le disquaire, qui reste, je l’avoue, mon lieu d’écoute préféré.

À part ça, Sting milite pour l’environnement, contre la pauvreté, et a participé à toutes les grandes actions contre la faim et pour sauver la planète de ces dernières années.

Et à 55 ans, surprise (pour nous), il quitte sa guitare électrique pour le luth, les rythmes rock 2000 pour ceux de 1600: il enregistre un disque de chansons de John Dowland – sans se soucier de ce que disent les autres, et conscient qu’il pourrait se faire démolir par la critique.

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Le disque est sorti, non sous le label habituel de Sting, mais chez Deutsche Gramophon, un des plus célèbres labels classiques. Il est en 25e place des meilleures ventes

Sting et Dowland

On parle toujours de surprise, lorsqu’on s’est fait une idée de quelqu’un, et que soudain il fait quelque chose à quoi l’observateur superficiel ne s’attendait pas. Dans le parcours de Sting, “Songs from the Labyrinth” est en fait logique. Voici ce qu’il en dit lui-même: «Les chansons de John Dowland me hantent depuis plus de vingt ans. En 1982, je chantais au théâtre de Drury Lane… Après un de mes solos, l’acteur John Bird est venu me féliciter et m’a demandé si je connaissais John Dowland. J’ai dû admettre que ce nom me disait quelque chose, sans plus, n’était-ce pas un musicien élisabéthain; j’étais si intriguée que le lendemain j’ai écouté un disque… Je ne voyais pas bien comment ces chansons pouvaient faire partie du répertoire d’un chanteur de rock.» Dix ans plus tard, rebelote, la pianiste classique Katia Labèque lui suggère de chanter les chansons de Dowland. Elle estime qu’il a la voix pour ça.

À partir de là, Dowland ne l’a plus quitté. Il a appris quelques chansons, il s’est informé sur la vie de ce musicien si lointain et pourtant si moderne. Un peu plus tard, autre ami musicien lui a offert un luth – instrument facile pour un guitariste expérimenté comme l’est Sting.

Puis Sting a rencontré le luthiste Edin Karamazov, grand virtuose de l’instrument, très connu dans le monde des musiciens. Et l’enregistrement de chansons de Dowland s’est matérialisé.

Depuis qu’il est sorti en automne, il a fait couler beaucoup d’encre. Sting y chante, accompagné de Karamazov, et parfois d’un chœur, quelques-uns des tubes les plus célèbres de Dowland.

Ici, je vous propose d’écouter Sting lui-même: allez donc ici (www.sting.com), et à droite sur la première page cliquez sur la pochette du disque Songs from the Labyrinth, et vous pourrez écouter trois des chansons de Dowland chantées par Sting. Parmi lesquelles “Flow my tears”, le top hit de 1600. Vous pouvez également aller ici , ou ici .

Bien entendu, ce n’est pas ainsi que, depuis quatre siècles, les chantent les contre-ténors qui se sont attaqués à cette musique. Les puristes, dont les oreilles ont été offensées par ce rocker impertinent, vous renvoient par exemple à Alfred Deller, qui est réellement un contre-ténor merveilleux. Mais pourquoi deux styles ne pourraient-ils cohabiter?

Pourquoi j’aime ce disque de Sting

Sting le déclare, et il n’est pas le seul. De nombreux musiciens qui se sont spécialisés dans la Renaissance l’affirment tout autant: Byrd, Morley, mais surtout, pour les raisons que j’ai expliquées plus haut, Dowland, ce sont les Beatles, les Bowie, les Rolling Stones de leur temps. Un musicologue compare les premières mesures des morceaux de Miles Davis avec ceux de Dowland et voit que la méthode des deux musiciens est la même – juste pour dire.

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Sting répète Dowland

Je me suis souvent demandé si autrefois tout le monde avait la voix cultivée classique qu’on considère habituellement comme seule habilitée à chanter ces John Lennon, ces Mick Jagger, ces Elton John d’autrefois. Je me suis beaucoup occupée de la Renaissance anglaise, et j’ai fini par me répondre: certainement pas – tout le monde chantait ces chansons-là.

Lorsque j’ai entendu Sting, j’ai été conquise immédiatement: la voix du rocker donnait à cette musique écrite non pour le happy few, mais pour tout le monde, une dimension que je lui avais soupçonnée sans être sûre d’avoir raison. Entendons-nous: ce n’est pas que je trouve que Sting chante mal. Au contraire. J’ai eu la sensation, en l’écoutant, que j’entendais chanter la rue, telle qu’elle était à l’époque de Dowland: en terre battue, au mieux recouverte de pavés irréguliers, sombre et joyeuse, bourrée de monde, de hennissements de chevaux, des cris des marchands qui offraient leur marchandise. Bref, je trouve que Sting chante parfaitement, j’ai eu la sensation que le pop du XVIe siècle (pop étant l’abréviation de populaire, je vous le rappelle) reprenait ses droits.

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Sting – une expression quelque peu entêtée. Les puristes l’ont critiqué, ça lui est égal, il est allé au bout de son envie

Ceux qui regrettent que le phrasé de Sting manque de ci, que sa voix manque de ça, ce sont les spécialistes. Un aria d’opéra est écrit pour eux. Le populaire s’en empare ensuite parfois, mais c’est accessoire. Tandis qu’une chanson, c’est d’abord fait par être chanté par tous:

Longtemps, longtemps, longtemps
après que les poètes ont disparu,
leurs chansons courent encore
dans les rues…

Cette grande vérité est valable pour toutes les chansons. Et si j’aime ce disque de Sting, c’est parce que je considère qu’il nous rend John Dowland, et qu’il fait en sorte que, après quatre siècles passés parmi les virtuoses, ses chansons courent désormais à nouveau les rues, chantées d’une voix rugueuse par un artiste pop(ulaire).

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Sting a donné plusieurs concerts, tous des triomphes, tous gratuits; il chante Dowland dans de petits lieux loin des stades où il chante le rock. Concert magique.

45 commentaires
1)
Bertrand59
, le 17.01.2007 à 00:27

Sting, un grand que j’ai toujours plus qu’apprécié. Dowland que je vais redécouvrir … une fois de plus, et on en redemande, merci Anne de débusquer pour nous ces pépites.

2)
Inconnu
, le 17.01.2007 à 01:37

Cet album est magnifique. Je suis fan de Sting, fan de Police et j’ai bien aimé cet album, que j’ai pu acheté sur l’iTunes Music Store.

3)
Saluki
, le 17.01.2007 à 02:06

Santa Maria delle Grazie dov’è mia nonna ha sposato il mio nonno…

4)
Okazou
, le 17.01.2007 à 06:14

Bel article, Anne, et intéressant par ce qu’il pose le problème de la liberté des artistes, créateurs ou interprètes. L’intégrisme n’est pas qu’un fait religieux, c’est un état d’esprit. De petits esprits, même si on le remarque aussi bien chez des personnages « distingués » que chez l’homme de la rue.

En fait, cet intégrisme est double puisqu’il touche l’œuvre tout autant que l’artiste. L’œuvre sera défendue bec et ongles par tout ce que le public comprend de conservateurs « propriétaires » de l’œuvre qui ne supportent pas que l’on déplace une virgule, que l’on nuance une couleur, que l’on allonge une note. L’artiste sera attaqué par tout ce que le public compte de fanatiques devenus « propriétaires » de cet artiste pour qui ce dernier n’est donc plus un homme mais un dieu idéalisé et formaté, une fois pour toutes, selon leurs fantasmes. Or, nous le savons, il y a autant de dieux qu’il y a de croyants (le Dieu unique est pure vue de l’esprit !), ce qui interdit d’autant toute liberté à l’artiste de disposer de lui-même et de ses choix.

Aux côtés de l’œuvre et de l’interprète apparaît donc une troisième victime : la liberté. Liberté d’interprétation de l’œuvre, liberté d’interpréter de l’artiste.

Cela confine souvent à l’absurde en musique ancienne lorsque le reproche est proféré par un public conservateur habitué à « sa » sacro-sainte version qui ne peut en aucun cas être remise en cause alors que le musicien créateur ne donnait que fort peu d’indications d’interprétation ou d’exécution sur la partition. On le voit sur les deux extraits de partitions, l’une indique simplement qu’il s’agit d’une fugue, l’autre qu’elle se chante à quatre voix. Grande liberté offerte à l’interprète par le créateur. Idem dans toute la musique baroque et même chez Bach, à la fin du baroque. Jusqu’aux instruments qui sont laissés à la discrétion de l’interprète !

Les « gardiens du Temple » n’ont pas d’excuse puisqu’il suffit de ne pas écouter les versions que l’on n’aime pas. Si l’on n’aime pas, si l’on ne supporte pas Sting chantant Dowland, on est dans son droit. On peut même tenter d’expliquer pourquoi. Mais pourquoi monter des cabales entre bons petits bourgeois figés dans la bêtise propre à leur caste (mentale) pour tenter d’interdire comme on l’a souvent vu, ou de dénigrer méchamment, comme on le voit encore ?

Réjouissons-nous, ceux qui jouent ce petit jeu contre la paire Sting-Dowland perdent assurément quelque chose ; ils paient ainsi leur absence d’ouverture d’esprit.

Je ne suis pas surpris que Katia Labèque ait conseillé à Sting d’essayer de chanter Dowland. Je m’étais fait la même réflexion en écoutant pour la première fois cette chanson de Sting qui rappelait au monde que les Russes sont eux aussi des êtres humains (on en était là !). Je me disais que cette chanson avait quelque chose de médiéval dans sa tonalité générale. Je ne suis donc pas étonné du tout, à l’écoute de Sting chantant Dowland, de constater que la voix de l’un colle à la musique de l’autre comme le timbre à sa lettre. Le timbre de Sting, précisément, cette voix chargée d’un voile d’émeri au grain rude, âpre, en même temps qu’elle est chaude et profondément humaine, n’aurait-ce pas été dommage de la cantonner au « rock » (je ne sais trop ce que signifie le mot aujourd’hui) et à ces airs qui apparaissent en chapelet, comme les saucisses industrielles, et dont on se dit de plus en plus souvent qu’on les a déjà entendus quelque part ? Passons charitablement sur les textes…

Par bonheur, Sting est parvenu à sortir du carcan stérile de ces chansons stéréotypées et quasi normalisées (parfaitement étiquetées par genre !) et à se donner la liberté d’aller vers un ailleurs qui a dû lui faire le plus grand bien. Et s’il a entraîné les meilleurs de ses admirateurs, alors il a en plus fait œuvre sociale et culturelle, créé une ouverture dans l’esprit de ceux qui l’auront suivi.

Non, je ne suis pas en train de faire l’apologie de Dowland contre le rock. Pour tout dire, je considère que si Dowland est si peu connu, et reconnu, c’est qu’il était tout de même le dernier chantre d’une époque déjà presque révolue. Dowland est à la musique médiévale ce que Berlioz fut à l’époque romantique : l’annonciateur d’une fin prochaine. Tous deux ont refusé une modernité qui les dépassait et qu’ils ne pouvaient, ni l’un, ni l’autre, appréhender.

Dowland, né seulement vingt ans avant le grand Heinrich Schütz, devait entendre le baroque frapper à la porte. Mais tandis que Schütz se révelait le prophète, l’accoucheur de sa musique, Dowland apparaissait comme le fossoyeur de la-sienne.

L’Angleterre ne porte-t-elle pas toujours en elle, peu ou prou, un certain amour du passé, coloré de la grisaille du regret, passé auquel elle aime à se raccrocher comme un naufragé à son espar ?

Le luth, par exemple, était déjà un instrument daté, devant la guitare, et l’un des morceaux (« Can she excuse my wrongs ? ») proposé sur le site auquel tu nous renvoies, Anne, aurait vraiment gagné à être accompagné par une guitare, lorsque le luth peine à suivre l’envolée imposée par l’écriture. La guitare est plus fluide, plus véloce et, à l’époque, renvoyait une coloration proche de celle du luth. La virtuosité (nécessaire au luth) n’est pas au service de la musique si elle est admirée pour elle-même ; méfions-nous donc de la virtuosité et encore plus des virtuoses qui ne sont souvent porteurs que d’exploit.

Dowland marque donc nettement la fin d’une époque dont la porte fut fermée par le baroque triomphant. Nous avons eu Josquin Des Prés ou Guillaume de Machaut, les Anglais ont eu John Dowland, libre à nous de redécouvrir nos deux compositeurs (et quelques autres) qui n’ont, tout chauvinisme mis à part, vraiment rien à envier au compositeur anglais. Mais avons-nous notre Sting ?

Tout cela ne m’empêche donc pas de trouver très intéressant et très convaincant ce travail de Sting qui « ressuscite » les beaux chants mélancoliques et les belles mélodies anglaises. Entre Dowland et Sting l’accord est on ne peut plus crédible et infiniment agréable. Il fallait le faire, il l’a fait.

Sting, un rocker ? « Ah, que nenni ! » Un jazzman plutôt ; un homme libre.

Le monde n’est pas une marchandise.

5)
THG
, le 17.01.2007 à 06:55

c’est un peu comme ceux qui m’enjoignaient, parce que je disais que je n’aime pas Nicolas Sarkozy, de circuler et de me taire, puisque je n’étais pas française.

Anne, on ne vous a pas demandé de vous abstenir de commentaires sur Sarko parce que vous n’étiez pas française, mais parce que c’était des analyses à 2 balles, pleines de lieux communs, soulignées par le fait que vous n’êtes pas au coeur de certains des problèmes qui agitent les banlieues françaises.

Je me permets de placer ce commentaire uniquement à cause de votre citation ci-dessus qui, à mon humble avis, n’avait rien à faire dans cet article, au demeurant excellent et qui m’a convaincu d’écouter cet album.

Merci.

Gilles.

6)
THG
, le 17.01.2007 à 07:02

La photo de Sting “costumé pour un film” le représente dans le personnage de Feyd-Rautha, neveu du machiavélique Baron Harkonnen dans le “Dune” de David Lynch. Bien que n’ayant pour ainsi dire pas de texte, j’ai toujours trouvé Sting particulièrement bien choisi et efficace dans ce rôle.

Gilles.

7)
Okazou
, le 17.01.2007 à 07:22

Merci, Anne, de ne pas apprécier Sarkozy et de le dire.

Mais comment pourrait-on imaginer un instant, même fort bref, qu’il pourrait en être autrement ? :-)

Le monde n’est pas une marchandise.

8)
ysengrain
, le 17.01.2007 à 07:46

A propos de Sting, il me semble manquer d’un élément fondamental et indispensable: gouter les mots. Cette musique me parait indissociable de ce concept que Deller défendait tant. (merci de l’avoir cité Anne) Cette musique est composée et DOIT être interprétée autour, dans et avec le/les mot(s). C’est “un peu” intéressant, mais ça reste de la pop. Quant à ceux qui pensent qu’une guitare vaut mieux qu’un luth pour Dowland, ils sont dans l’erreur totale organologique, historique et artistique. Dowland était luthiste, et non guitariste. L’époque Élisabethaine savait TRÈS BIEN ne pas se laisser influencer au plan artistique, sauf si elle l’avait choisi. Pour des raisons politiques, l’Espagne n’était pas acceptée et sa guitare encore moins (plutôt la vihuela d’ailleurs). Les violes de gambe d’origine lointaine hispanique mais tellement italianisées, frappaient à la porte. Elles pénétrèrent l’Angleterre tant et si bien que les luthistes devinrent rapidement violistes.

9)
Okazou
, le 17.01.2007 à 08:01

« Quant à ceux qui pensent qu’une guitare vaut mieux qu’un luth pour Dowland, ils sont dans l’erreur totale organologique, historique et artistique. »

Vl’à t’y pas un de ces conservateurs dont au sujet desquels je causais un peu plus haut ?

Une – Si je sais me relire, je n’ai pas écrit qu’une guitare valait mieux qu’un luth pour Dowland. Je préfèrerais personnellement la guitare au luth pour les raisons que je donne.

Deux – Dowland connut beaucoup mieux Jacques 1er qu’Elisabeth. Cessons donc de parler d’Époque élisabéthaine le concernant, c’est pas synchrone.

Trois – Tu sembles trouver remarquable que l’Angleterre sache TRÈS BIEN refuser les influences étrangères. La recherche de la pureté culturelle, je trouve ça idiot, conservateur et mortifère. Une culture forte ne craint pas les évolutions, elle les digère. Un exemple ? Et si la France avait adopté ce comportement lorsque la Renaissance italienne est arrivée ?

Le conservatisme, c’est le problème. Hier et aujourd’hui.

Je partage totalement tes remarques sur l’importance du texte.

Le monde n’est pas une marchandise.

10)
Caplan
, le 17.01.2007 à 08:05

Merci Anne!

J’admire la démarche de Sting, parce qu’elle traduit une ouverture d’esprit qui le grandit encore un peu plus, si c’était possible.

Dans le même état d’esprit, mais dans un style plus proche de notre époque, Bryan Ferry a sorti en 1999 un petit bijou de CD composé de chansons des années 20 et30: As Time Goes By. La musique n’a rien à voir avec celle de Dowland, évidemment, mais l’artiste montre qu’il peut s’approprier un répertoire différent du sien. Et avec bonheur, en plus.

Note: Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais quand c’est écrit Dowland, je lis Download. C’est grave, docteur?

Milsabor!

11)
ysengrain
, le 17.01.2007 à 08:31

A l’attention d’Okazou. Ce que je veux dire, c’est que la démarche de refus de l’influence espagnole en Angleterre de cette époque allait jusque dans la musique, rien d’autre. Les mots “pureté” et “culturelle” n’ont effectivement rien à faire ensemble (sauf dans l’esprit de Le Pen et de ses copains, mais non merci, pas pour moi). La France a adopté la culture de la Renaissance italienne parce qu’il y avait une REINE ITALIENNE. Là encore c’était politique. Il reste tout de même, que bien que la démarche de Sting soit sympathique, elle reste en dehors du cadre interprétatif défini pour la musique de cette époque: la poésie anglaise “gérée” par la musique. A choisir, mais tout le monde l’a compris, je préfère Deller à Sting.

12)
François Cuneo
, le 17.01.2007 à 08:39

Note: Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais quand c’est écrit Dowland, je lis Download. C’est grave, docteur?

Idem, mais je n’ai pas osé l’écrire!:-)

Je suis vite allé acheter ce disque hier (que j’écoute en ce moment). Eh oui, c’est l’avantage d’avoir les articles à l’avance, hé hé!

13)
Anne Cuneo
, le 17.01.2007 à 08:53

Anne, on ne vous a pas demandé de vous abstenir de commentaires sur Sarko parce que vous n’étiez pas française, mais parce que c’était des analyses à 2 balles, pleines de lieux communs.

Ah merveilleux! la tolérance, la liberté de penser laissée aux autres, la compréhension d’autres points de vue, quelles belles qualités, et comme je vous félicite d’en faire preuve… Et merci de créditer de deux francs les opinions que je peux avoir, et que j’exprime dans le contexte que j’estime juste.

14)
Anne Cuneo
, le 17.01.2007 à 08:56

Permets-moi de te corriger un peu, Okazou: Dowland est né en 1563, et quand Elisabeth est morte, il avait 40 ans. Il est donc essentiellement élisabéthain d’éducation. Mais ce qui le rend si populaire, c’est qu’il sait prendre le virage, et qu’il écrit encore de la belle musique après 1603. Ce n’est pas tout le monde. Je te signale cependant que la plupart des chansons que chante Sting ont été composées AVANT 1603, certaines même 15 ans avant 1603, date de la mort d’Elisabeth.

15)
nic
, le 17.01.2007 à 09:01

juste un petit commentaire en vitesse (je reviendrai plus calmement, j’adore dowland depuis longtemps) le deux potes seront en suisse à bale pour un concert qui n’a rien de gratuit…

16)
Sébastien Pennec
, le 17.01.2007 à 09:55

Merci pour ce bel article, Anne :)

Un disque accompagné d’une vraie histoire, ça donne envie…

Une petite question: tu parles de blogs musicaux, pourrais-tu nous donner quelques adresses?

17)
François Cuneo
, le 17.01.2007 à 09:57

Ce disque est superbe.

Et pour accompagner l’élaboration d’un tableau excel, c’est monstre cool.

C’est vrai qu’il y a des Beatles là-dedans… Ou l’inverse plutôt.

C’est hyper mélodique, j’adore.

18)
ysengrain
, le 17.01.2007 à 10:21

hyper mélodique bq%Auteur%. Texte %%

Voilà, tout est dit. Si on y ajoute la poésie autour, dans et avec les mots.

19)
alec6
, le 17.01.2007 à 10:40

Désolé Anne de jouer ici les rabat-joie, mais j’avoue n’être que peu convaincu par les variations bas rock de notre ami Sting !

Sa voix n’est vraiment pas à la hauteur, mais ce jugement ne concerne que moi… Je connais un peu Dowland et certains de ses compatriotes et successeurs tel John Blow ou plus connu Henry Purcell et leur préfère de loin les interprétations “classiques”.

En revanche, que Sting ou d’autres se permettent d’interpréter tel ou tel musicien de quelque siècle que ce soit me semble une approche très saine et très riche. Qu’Harnoncourt, Jordi Saval ou autres permettent aux aficionados du “classique” de découvrir une autre interprétation du baroque est une chose, mais que Sting offre aux rockeux de découvrir une autre musique doit être salué ! Je n’ai jamais douté que Sting comme tout grand musicien qui soit, fut intéressé par autre chose que son répertoire. Ce sont en fait le public et les journalistes (pas tous certes) qui cantonnent les interprètes et compositeurs contemporains dans leur domaine.

Heureusement que des gens comme Sting soit là pour le faire savoir.

20)
Inconnu
, le 17.01.2007 à 11:08

Une fois cet article lu (j’ai prefere ce qu’il dit de Dowland que de Sting, mais je suis assez documente sur lui _-periode police en particulier- pour etre son biographe officieux_). J’ai donc telecharge cet album dans la foulee et comme il est effectivement plaisant a l’oreille (quoique les mini poesies au milieu n’iront pas sur mon ipod etant donne que si c’est interessant la premiere fois, j’aime moins les fois suivantes) je l’ai donc fichu dans mon prochain panier Amazon. Je sais, c’est limite du vol mais si ils le passaient plus souvent a la radio, je n’aurais pas eu a le douneloader pour l’ecouter. À ceux que le style interesse, je recommande le groupe “Il Giardino Armonico” (particulierement l’album Viaggio Musicale% ” car je ne connais pas assez les autres).

21)
ysengrain
, le 17.01.2007 à 11:19

je vois que le débat s’élargit. Pour complèter la proposition de Mirko, je propose Paolo Pandolfo, génial violiste dans son dernier enregistrement Improvisando, malheureusement, je n’ai pas trouvé de site d’écoute. Il marche dans les mêmes pas que Il Giardino Armonico (il a déjà enregistré avec eux).

22)
Anne Cuneo
, le 17.01.2007 à 11:36

Désolé Anne de jouer ici les rabat-joie, mais j’avoue n’être que peu convaincu par les variations bas rock de notre ami Sting !

Sa voix n’est vraiment pas à la hauteur, mais ce jugement ne concerne que moi… Je connais un peu Dowland et certains de ses compatriotes et successeurs tel John Blow ou plus connu Henry Purcell et leur préfère de loin les interprétations “classiques”

Je ne vois pas de quoi tu dois être désolé. Certains aiment, certains pas, je suis de ceux qui aiment. Et ce que j’aime encore plus, c’est l’idée de sortir des chansons qui sont enfermées à double tour dans le répertoire classique de leur armoire, pour belle qu’elle soit. Mais c’est une question de goût – les métissages ont toujours été quelque chose qui m’a paru intéressant.

23)
coacoa
, le 17.01.2007 à 12:52

Je m’étais fait la même réflexion en écoutant pour la première fois cette chanson de Sting qui rappelait au monde que les Russes sont eux aussi des êtres humains (on en était là !). Je me disais que cette chanson avait quelque chose de médiéval dans sa tonalité générale.

“Russians”, chanté par Sting sur un thème absolument magnifique alors emprunté à Prokofiev (Leutnant Kije, Op.60, 2ème mouvement “Romance”). Une jolie façon de dire (un peu à la manière de Barbara dans “Göttingen”) que les différences idéologiques ne sont pas tout.

Un titre splendide à redécouvrir ici

24)
Inconnu
, le 17.01.2007 à 12:54

Merci Anne pour cette découverte et merci encore plus pour la façon de présenter cet enregistrement.

Le hasard a fait que j’ai découvert hier soir (en faisant des recherches sur les “enfants indigos” ou “enfants étoiles” ou “enfants actuels”) une jeune chanteuse qui vaut aussi le détour. Je n’ai pas votre style; je serai donc plus bref:

ici

A travers tout cela, on ressent qu’il y a un sérieux besoin d’une autre musique.

PS. Sans oublier Eva Cassidy, décédée hélas trop jeune, chantant “Anniversary song”, entre autres.

25)
Soheil
, le 17.01.2007 à 16:59

Je suis d’accord avec vous, Anne, pour la partie théorique de votre exposé (si j’ose dire). Mais je ne vous suis pas du tout pour la pratique. Je ne connais de la chanson en général que les bribes qu’on entend inévitablement ici ou là, qu’on le veuille ou non, dans les lieux publiques ou à la télévision. Je dois dire que je suis allergique à l’usage immodéré que fait notre époque de la batterie et de son succédané numérique et que je n’entends plus dans cette musique que cette locomotive qui n’en finit pas de passer. Je suis donc mauvais public et je ne connais que très peu, et certainement très mal, la musique de Sting. Mais il y a longtemps que je me dis que des airs de Dowland ou des lieder de Schubert pourraient facilement être repris par des chanteurs populaires qui pourraient très bien les interpréter accompagnés d’une guitare, et que cette musique qui me semble capable de toucher un large public atteindrait ainsi tous ceux que la voix “classique” rebute. Aussi, quand j’ai vu que Sting venait d’enregistrer Dowland j’ai accueilli la nouvelle avec un a priori positif. Je suis allé écouter quelques extraits à la fac (il manque une lettre mais c’est pour qu’on ne m’accuse pas de faire de la publicité déguisée), et malheureusement je dois dire que j’ai été très déçu. Le monde n’est pas divisé en mauvais puristes d’un côté et gentils membres de l’autre — je caricature, mais reconnaissez que vous et Okazou le faites aussi (Okazou va même jusqu’à parler d’intégrisme). La vérité est plus simple: on peut ne pas aimer cet album, et je ne l’ai pas aimé, pour la simple raison que Sting chante mal. Je ne le connais pas dans son répertoire habituel, mais là il ne chante pas Dowland, il le massacre. Pardonnez-moi de venir mettre une fausse note dans ce concert de louanges. Je n’ai rien contre Sting, qui est certainement quelqu’un de très généreux, courageux et sympathique, mais j’espère seulement que son exemple sera suivi par d’autres chanteurs que lui parce que là il ne m’a pas du tout convaincu.

P.S. Nous avons eu la chance de pouvoir entendre au mois de décembre à Genève, à l’occasion d’un mini-festival de musique arabo-andalouse, les Cantigas de Santa Maria (compilés par Alphonse X le Sage, ou le Savant) interprétés par l’ensemble Gilles Binchois, Dominique Vellard et Françoise Atlan. Si vous avez manqué le concert il reste le disque qui correspond exactement au programme de ce concert. C’est une magnifique interprétation de chants vieux de 800 ans, dont les accents populaires toucheront immédiatement, je crois, tous ceux qui sont réfractaires au chant classique.

26)
Anne Cuneo
, le 17.01.2007 à 17:13

La vérité est plus simple: on peut ne pas aimer cet album, et je ne l’ai pas aimé, pour la simple raison que Sting chante mal.

Première partie de la proposition: c’est évident que tout ne peut pas plaire à tout le monde. Le disque de Sting a un public, dont je fais partie, et dont vous ne faites pas partie, parfaitement OK.

Deuxième partie de la proposition: pour la simple raison que Sting chante mal. Non cher ami, vous ne faites pas partie du public de Sting PARCE QUE VOUS N’AIMEZ PAS SA VOIX, OU LA MANIèRE DONT IL CHANTE.

Qu’il s’agisse de Sting ou d’un autre artiste, je n’ai jamais pu accepter qu’on dise qu’ils (elles) peignent, écrivent, chantent, jouent, composent, photographient etc. MAL. On n’aime pas. C’est autre chose. Rappelez-vous que Gide a refusé Proust à la NRF parce qu’il trouvait que c’était mal écrit – exemple classique. D’autres ont trouvé que c’était génial, et ceux qui s’y sont attaqués sont encore aujourd’hui divisés en deux camps. Camp a) j’adore, camp b) qu’est-ce qu’on lui trouve? Alors, vous n’aimez pas Sting chantant Dowland, c’est votre droit le plus strict. Mais il ne chante pas “mal”. Il chante d’une manière que vous n’aimez ou n’approuvez pas. Nuance.

27)
alec6
, le 17.01.2007 à 17:36

Il ne chante pas MAL, certes, mais à mon sens sa voix ne mets pas en valeur la musique de Dowland. J’ai le sentiment en écoutant ces extraits d’entendre avant tout du Sting et non du Dowland. Il s’agit là d’interprétation et non d’une œuvre écrite pour et par Sting.

Pavaroti chantant Dowland tomberait à mon sens dans le même travers… il ferait du Pavaroti. C’est là toute la difficulté de l’interprétation : respecter une œuvre tout en y apportant sa facture et sa sensibilité.

Mais je le répète, l’intérêt de ce travail est dans la découverte que permet Sting de Dowland… et c’est déjà pas si mal. Ce en quoi je te rejoins Anne (mais ne dit pas que tu es une Béotienne parce que tu apprécies l’interprétation de Sting… il y a bien pire en terres de Béotie !)

28)
Anne Cuneo
, le 17.01.2007 à 17:55

Il ne chante pas MAL, certes, mais à mon sens sa voix ne mets pas en valeur la musique de Dowland.

Ben tu vois, CQFD. Pour moi oui. J’aime aussi Alfred Deller, j’ai aimé à la folie Thierry Dagon l’été dernier à la Vallée de Joux, qui chantait merveilleusement le même répertoire que Sting avec une voix cde contre-tenor magnifique. Mais j’aime aussi Sting, pour moi il met en valeur quelque chose D’AUTRE que les contre-tenors.

J’ai le sentiment en écoutant ces extraits d’entendre avant tout du Sting et non du Dowland. Il s’agit là d’interprétation et non d’une œuvre écrite pour et par Sting.

Tu as parfaitement raison. Le mot clef est interprétation. Moi, j’entends là-dedans Sting INTERPRETANT de la musique qui n’était pas écrite pour lui. J’aime ça. Il a le droit, non? Comme le remarquait quelqu’un plus haut, chacun est libre de ne pas écouter. Moi, je signale, parce que j’aime.Tout comme j’aime Thierry Dagon. Après, chacun en fait ce qu’il veut.

Je me demande pourquoi ce type d’ecclectisme est si dur à faire passer, et si mal accepté (pas seulement ici).

29)
Okazou
, le 17.01.2007 à 18:54

« Je ne le [Sting] connais pas dans son répertoire habituel, mais là il ne chante pas Dowland, il le massacre. »

L’homme, depuis toujours, vit dans une société qui n’est rien d’autre qu’un sytème d’interactions. Les plus grands artistes se sont toujours emparés des productions du peuple pour les mettre à leur sauce, tu le sais, les exemples fameux ne manquent pas. Le peuple a toujours su s’approprier le travail des artistes pour le mettre à sa sauce, tu ne l’ignores pas non plus même si tu le sais moins. Cette interaction permanente brasse les inventions des uns et des autres pour le plus grand profit des œuvres et le plus grand bien de l’humanité. C’est ainsi et c’est superbe.

Sans vouloir te froisser, je pense que quand tu prétends que Sting « massacre » Dowland, tu fais une confusion. Tu aurais peut-être dû dire que Sting massacre la vision que tu as des airs de Dowland (qui est si personnelle qu’elle ne peut qu’être unique). Cette impression que tu peux ressentir est sans doute provoquée par le fait que tu as figé une fois pour toutes, pour des raisons intimes, ce que l’œuvre de Dowland doit être à tes yeux. Mais ce ne sont que tes yeux et tu ne les ouvres peut-être pas suffisamment pour imaginer d’autres interprétations possibles.

Rien n’est figé dans le marbre, la vie est une longue dynamique ininterrompue et s’il plaît à un peintre de s’inspirer de la Joconde pour nous la montrer autrement, grand bien lui fasse et à nous aussi.

j’ajouterai que ce qu’à fait Sting de l’œuvre de Dowland est un magnifique marchepied vers l’accès des amateurs de Sting à Dowland.

30)
Okazou
, le 17.01.2007 à 18:59

« Je me demande pourquoi ce type d’ecclectisme est si dur à faire passer, et si mal accepté (pas seulement ici). »

Cela dépend beaucoup de l’idée qu’on porte réellement à la liberté. Les esprits vraiment ouverts, peu soumis à l’habitude, au pli, au moule, les esprits vraiment curieux et accueillants sont malheureusement peu nombreux et il nous arrive à tous des irruptions, même passagères, d’intégrisme sur des sujets, dans des domaines où l’on ouvre moins son esprit, sa critique. Je dis bien sa critique car c’est bien elle qui nous sauve de l’intégrisme par le fait qu’elle nous permet de remettre à tout moment en cause, lorsque surgit un « événement » nouveau, le point de vue que l’on avait jusqu’alors sur la chose en question.

La critique est bien le meilleur défenseur de la liberté et le meilleur outil de recherche de la vérité, cette merveilleuse utopie de la vérité qui procure, qui offre une direction à notre pensée.

31)
Anne Cuneo
, le 17.01.2007 à 19:03

Une petite question: tu parles de blogs musicaux, pourrais-tu nous donner quelques adresses?

Je fais toujours la même erreur, je passe des heures sur internet à chercher, et puis je ne note pas. Je n’ai donc pas de références à te donner. Il faut chercher sous Sting et puis dans les résultats sous Labyrinth, et tu trouves assez vite…

32)
Okazou
, le 17.01.2007 à 19:18

« J’ai le sentiment en écoutant ces extraits d’entendre avant tout du Sting et non du Dowland. »

La voix est l’instrument le plus personnel, le mieux signé. C’est incontournable, quel que soit le domaine d’expression de la voix. Une voix impersonnelle est-elle une voix ?

Heureusement que c’est Sting que l’on entend ! Sting chantant Dowland. Voilà bien l’intérêt de la chose.

33)
Iris
, le 17.01.2007 à 21:00

A la première écoute, j’avoue que j’ai été un peu réticente quant à sa voix. Mais après avoir écouté attentivement plusieurs morceaux sur les sites proposés, je dois reconnaître que ça se marie pas si mal que ça. Et comme j’aime beaucoup ce genre de musique, je vais sans doute m’offrir ce disque.

J’apprécie aussi le fait qu’il ne se soit pas empressé d’enregistrer des chansons aussitôt qu’il ait connu Dowland, mais qu’il ait laissé mûrir cette envie pendant des années, jusqu’au moment où il était prêt à le faire au mieux. Un autre signe que Sting est un gars bien.

Merci pour la découverte.

34)
Soheil
, le 18.01.2007 à 11:39

Ceux qui regrettent que le phrasé de Sting manque de ci, que sa voix manque de ça, ce sont les spécialistes. Un aria d’opéra est écrit pour eux. Le populaire s’en empare ensuite parfois, mais c’est accessoire. Tandis qu’une chanson, c’est d’abord fait par être chanté par tous

Quelques mots pour vous remercier, Anne et Okazou, d’avoir pris la peine de nuancer mes propos. J’aurais préféré que vous nuanciez les vôtres d’abord et c’est pourquoi j’ai décidé au dernier moment d’effacer les trois mots (“je trouve que”) qui précédaient mon affirmation à l’emporte pièce (Sting chante mal) de manière à la rendre encore plus agressive. Dans la phrase que je cite, Anne, vous ne nous laissiez guère le choix qu’entre Sting et l’opéra. C’était sans doute pour faire plus court, mais c’était forcément réducteur: le particulier était nié au profit du général. Et quand j’ai vu Okazou vous emboîter le pas en parlant d’intégrisme, j’ai décidé de sortir de mon mutisme habituel. Parce qu’il me semble au contraire que c’est quand on nie le cas particulier que l’on peut parler d’intégrisme.

J’ai entendu dernièrement une spécialiste en histoire de l’art s’exprimer au sujet de l’échec de l’habillage des produits Cailler. Elle en déduisait que pour le public il demeure difficile d’associer chocolat et modernité et que le kitsch vieillot est plus vendable. Selon elle Cailler faisait oeuvre de pionnier et c’était le public qui n’était pas encore prêt à franchir ce pas . Son analyse était un peu courte parce qu’elle n’envisageait pas une seconde que l’échec pouvait être dû à CE design et à CE graphisme qui n’était pas forcément représentatif de TOUTE la modernité. D’ailleurs les chocolats Richart, pour ne citer qu’un exemple parmi d’autres, ont prouvé depuis longtemps que le chocolat se marie très bien avec une forme de modernité. Mais c’est évidemment plus facile de rejeter la faute sur le public en général que de rechercher ce qui dans ce cas particulier n’a pas bien fonctionné.

Petite parenthèse à l’intention d’Okazou (“Mais ce ne sont que tes yeux et tu ne les ouvres peut-être pas suffisamment pour imaginer d’autres interprétations possibles.”): je ne mettais pas en cause l’idée qu’un chanteur quel qu’il soit chante Dowland, au contraire je m’en réjouissais, mais, comme je disais dans ma conclusion, celui-ci ne m’avait pas convaincu et j’attendais qu’un autre chanteur le fasse mieux que lui. Je n’ai donc pas l’impression d’avoir les yeux fermés, au contraire, puisque j’imagine que d’autres interprétations (y compris d’autres que celle de Sting) sont possibles.

Cela dit, mon intervention sur cette question est elle-même un cas particulier qui n’enlève rien à l’intérêt et au plaisir que j’ai de vous lire habituellement (je m’adresse de nouveau aux deux). L’intransigeance est à la mesure de l’estime, dont elle est l’empreinte négative. Je tenais à vous le dire avant de retourner à mon silence.

35)
alec6
, le 18.01.2007 à 12:30

Juste pour la blague, voici une anecdote que l’on attribue à Jean Cocteau :

_ Mais mon cher Cocteau, vous n’avez donc pas aimé ce film ?

_ He bien, non.

_ Pourtant le grand public l’a adoré…

_ C’est bien le seul !

Ps : M’sieur Soheil pourrait s’abstenir de finir son intervention par une pirouette en forme d’aphorisme… et de rajouter avant de retourner à mon silence. Que nenni ! quand on s’exprime de la sorte, on se doit de revenir plus souvent ! non mais ! :-)

36)
nic
, le 18.01.2007 à 14:33

j’adore dowland depuis que vers 18 ans j’ai decouvert des viniles de mon pere, quand il avait vingt ans il ecoutait Dowland (et autres musiques antiques) et les contemporains comme Edgard Varese, Luigi Nono etc… j’ai decouvert ces disque et j’ai beaucoup aimé! (c’etait plus ou moins le moment ou je commencait à faire de la musique)

depuis j’ai beaucoup ecouté john downland, sur les viniles de mon pere, ou des cd de alfred deller ou la hilliard ensemble. et j’ai toujours trouvé dommage que personne (ou tres peu de gens) dans mon entourage ne connaissait john dowland.

j’aime beaucoup sting, ou plutot j’aime beaucoup certains choses qu’il a fait, et je n’aime pas du tout certains truc plus recents. the police c’est un des mes groupe favoris, mais j’ai trouvé fantastique la voie qu’il a pris en les quittant en choisaissant des musiciens de jazz pour son debut solo. avez vous vu le film Bring on the night?

quand j’ai su que sting enregistrait du dowland j’en etais presque emu dans l’attente, et quand il est sorti j’etais tres content, j’aime sa voix, j’aime cette musique et ces paroles. le texte dans le livret aussi est beau à lire. par contre d’une certaine façon j’etais un peu deçu, je m’attendais à quelques interpretations plus “contaminée” par son background musical

la musique de dowland etait vraiment populaire, il y a de partitions de ses chansons ou sur la meme page on a les notes et les paroles pour plusieurs musiciens/chanteurs, ecrite de facon que on peut s’assoir autour d’une table avec la partition au milieu et tout le monde peut lire.

il y a aussi deux cd sorti pour le label ECM qui sont magnifiques! John Dowland – In Darkness Let Me Dwell avec e.a. le chanteur John Potter, de l’hilliard ensemble et John Surman sax et clarinette basse ce premier cd avec des musiques de dowland. et un deuxieme sortie en 2001 The Dowland Project – Care-charming sleep

avec des autres compositeurs de la meme periode. tout simplement magnifique!!! surtout ce deuxieme à acheter (et ecouter) les yeux fermés ;-)

voilà! ah avant que j’oublie, quelqu’un ici parlait de la batterie, trop presente dans les musiques actuelles, ça tombe bien parce vendredi soir (19 janvier) je joue à romanel/lausanne avec un quatuor de batterie!!! room 02

que des batteries! et je vous promets que c’est super! et surtout inattendu!

quatre batteries sur une même scène, quatre batteurs qui jouent en même temps, quatre visions différents du même instrument , quatre personnalités distinctes, rythme et mélodie, puissance et sensibilité, humour et drame, et surtout des sons…

voilà pour la pub ;-)

a bientot

ciao, n

37)
zitouna
, le 18.01.2007 à 16:19

Merci pour cet article, Anne ton enthousiasme est vraiment communicatif, car j’ai eu envie d’écouter ce disque, bien qu’ayant un a priori très défavorable quand à cet artiste. Autant j’adore les deux premiers disques de The Police (Outlandos d’amour et Regatta de blanc), autant je n’apprécie pas du tout ce qu’ils ont fait par la suite (tout n’est pas encore à jetter dans Zeniatta mondatta, mais on sent une influence grandissante de la mièvrerie loukoumeuse de soupe en boîte prédigérée de Sting, beuark!) et encore moins, évidemment le Sting, qui libéré de ses compagnons de la première heure à pu donner libre cours à ses penchants sirupeux…
Okazou, je confirme, il n’est pas un chanteur de rock!
Alec6, concernant la “liberté d’interprétation”, je ne peux pas juger sur ce cas particulier, n’ayant pas écouté le disque commis par Sting et n’ayant aucune expérience de la musique de Download (sic), cepandant, ce qui me plait le plus, dans le jazz le blues ou la musique latine par exemple, ce sont justement les différentes interprétations du même morceau par des artistes qui mettent leurs tripes dans “leur” version… Que toutes les versions ne soient pas de mon goût, c’est bien possible, mais parfois, il m’arrive d’avoir du mal à choisir entre une interprétation “classique”, convenue, voire la première version enregistrée d’un morceau et une “expérience inédite” sur le même thème.

z (c’est rigolo, le vélo avec tout ce vent – 75km/h dans le nez, il vaut mieux en rire! et surtout, ne pas être pressé ;o)

38)
nic
, le 18.01.2007 à 16:34

ah j’allais oublier: il y a un dvd qui va sortir :-)

zitouna, interessant le theme des interpretation, sur une mailing liste je me souviens une longue discussion à propos des “covers”, diverses ecoles… la photocopie du morceau, l’hommage, la re-ecriture du morceau, la version “je prend le morceau et je le chante à MA maniere”, etc… par ex. vous connaissez la version de “love is blindless” de U2 chantée par Cassandra Wilson? magnifique! un chanteur italien, Vasco Rossi, en commentant une version d’une de ses chansons interpreté par Fiorella Mannoia, a dit: “j’ai ecrit la chanson pour elle et je ne le savais pas” c’est un beau compliment, non? que dirait-il dowland des interpretations de sting?

ciao, n

39)
Okazou
, le 18.01.2007 à 19:01

« Et quand j’ai vu Okazou vous emboîter le pas en parlant d’intégrisme, j’ai décidé de sortir de mon mutisme habituel. Parce qu’il me semble au contraire que c’est quand on nie le cas particulier que l’on peut parler d’intégrisme. »

Il ne s’agit pas de nier le cas particulier, Soheil, mais de ramener le cas particulier à sa juste place dans le cas général. Chacun est unique dans la multitude mais n’existerait pas sans elle. Seule une vision en aller-retour (du macroscopique au microscopique et retour) permet de mettre les choses à leur place et de passer à côté des points de vue trop et seulement particuliers qui fondent l’intégrisme.

Plus clairement dit, l’intégriste est celui qui ne voit le monde que de son point de vue qui est trop particulier pour être juste mais il ne veut pas le savoir.

Je m’associe à alec-6 pour souhaiter ne pas te voir disparaître dans l’ombre de ces pages.

40)
Okazou
, le 18.01.2007 à 19:02

« il y a aussi deux cd sorti pour le label ECM qui sont magnifiques! John Dowland – In Darkness Let Me Dwell avec e.a. le chanteur John Potter, de l’hilliard ensemble et John Surman sax et clarinette basse ce premier cd avec des musiques de dowland. et un deuxieme sortie en 2001 The Dowland Project – Care-charming sleep »

nic, tu me fais très plaisir à citer John Surman. Voilà un homme dont on peut dire que c’est un musicien au service de la musique.

Quand j’en veux aux Anglais (ça m’arrive) je pense à John Surman et je me réconcilie aussitôt avec l’Angleterre !

On dit communément que John Surman est un jazzman qui joue des saxos (du soprano au baryton) et de la clarinette basse. On n’a pas tort, bien sûr, mais on devrait mettre en exergue son amour de la musique tout entière, la musique sans frontière. Il est redevable au jazz de lui permettre d’exprimer sa musique en toute liberté, naturellement, le jazz est sans doute la seule forme musicale réellement ouverte sur toutes les formes de musique, du blues des racines à la musique contemporaine, mais il lui apporte beaucoup en retour. Le jazz trouve des accointances avec toutes les musiques du monde, toutes les formes de musique et les musiques de tous les temps. En toute liberté. John Surman, s’il est reconnu par ses pairs est méconnu du public. Il y a là une injustice qu’il faut corriger.

Quand on rentre à la maison après une journée un peu lourde, on se pose avec un verre de ce qu’on aime et on écoute John Surman.

41)
Anne Cuneo
, le 18.01.2007 à 22:59

il y a aussi deux cd sorti pour le label ECM qui sont magnifiques! John Dowland – In Darkness Let Me Dwell avec e.a. le chanteur John Potter, de l’hilliard ensemble et John Surman sax et clarinette basse ce premier cd avec des musiques de dowland. et un deuxieme sortie en 2001 The Dowland Project – Care-charming sleep

Je suis allée sur le site de ECM, malheureusement, ils ne donnent même pas 30 secondes pour écouter un morceau, juste pour me faire une idée. Mais je vais suivre ta suggestion, fermer les yeux et y aller. Acheter le CD, je veux dire.

Dans la phrase que je cite, Anne, vous ne nous laissiez guère le choix qu’entre Sting et l’opéra. C’était sans doute pour faire plus court, mais c’était forcément réducteur: le particulier était nié au profit du général.

Ça c’est dans le compartiment de l’interprétation délirante. Je faisais un rapprochement – mais dire que JE NE LAISSE AUCUN CHOIX ENTRE STING ET L’OPERA, c’est ne pas comprendre le sens d’un exemple. Je ne serai pas aussi patiente qu’Okazou, qui explique d’ailleurs très bien, et je vous serais reconnaissante d’y regarder à deux fois avant de me faire la leçon sur la manière dont je devrais traiter le relatif et l’absolu (oui, d’accord, je traduis vos propos en termes plus abstraits). Je ne prétends rien imposer à personne. J’ai parlé d’un coup de coeur, cartes sur table, à la troisième ligne. Je ne vois pas où vous voyez de l’intransigeance dans mon propos. Tout ceci étant dit, je trouve un peu dur que vous lanciez une discussion et que vous disiez en conclusion que vous vous tairez ensuite. Je ne pensais pas que Sting-Dowland créerait le débat que nous avons, mais il le crée, et je trouve cela intéressant.

42)
THG
, le 20.01.2007 à 00:03

Ah merveilleux! la tolérance, la liberté de penser laissée aux autres, la compréhension d’autres points de vue, quelles belles qualités, et comme je vous félicite d’en faire preuve… Et merci de créditer de deux francs les opinions que je peux avoir, et que j’exprime dans le contexte que j’estime juste.

Anne

Anne, je suis le premier à parcourir la presse internationale pour savoir ce que pensent les “autres” ( on se croirait dans Lost… ). Je vous reproche simplement de ne pas avoir su vous empêcher de placer une certaine remarque dans un sujet totalement apolitique. En ce qui me concerne, ayant la chance de travailler dans votre beau pays, pour des gens efficaces, j’ai du subir, comme tous les frontaliers, le mépris et le rejet d’une certaine gauche et d’une certaine personne, maire de Lille, qui s’était mis en tête de racquetter des gens comme moi sous prétexte que nous bénéficions du taux de change. Tout en oubliant que nous payons nos impôts en France, comme il se doit, et, qu’à l’époque, ces taxes étaient calculées sur nos salaires réels, tandis que l’indemnité chomage était calculée sur un revenu équivalent en France… Avec les déclarations du compagnon de la candidate de gauche, à propos des impôts, il est clair que nos votes vont se porter là ou il faut. A votre grand désespoir, certes, mais je vous invite à venir plus souvent chez nous, vous verrez que ce n’est pas si mal que ça, et qu’on écoute aussi du Sting et du luth, dont il subsite encore une manufacture traditionnelle dans les Vosges…

43)
Okazou
, le 20.01.2007 à 00:41

THG, tu ne te rends même pas compte que tu n’as aucun droit sur l’écriture d’Anne !

Ça te colle des boutons que l’on se permette de penser que ton héros (!) puisse être critiqué, et par une étrangère, en plus ! Insupportable crime de lèse-majesté et d’empêchement de mentir en rond.

Alors tu cherches un motif de censure (car tu es bien comme ton maître : sans tes talonnettes…) et tu trouves ! Tu décrètes que lorsque Anne parle musique, elle doit « s’empêcher de placer “une certaine remarque” dans un sujet apolitique ».

Si Anne juge qu’elle peut comparer les intégristes de la musique à ceux qui ont tenté de censurer ici même son opinion et son droit à l’exprimer, elle en est seule juge et tu n’as franchement pas à la ramener, tu n’as aucun droit de regard sur les écrits de quiconque. Ton droit à toi c’est de contester ce qu’elle avance, pas de l’empêcher de l’avancer.

C’est chiant, la liberté des autres, n’est-ce-pas ? T’inquiète, si ton copain passe, il arrangera ça. Puisqu’avec lui « tout est possible », surtout le pire.

Quant à considérer que la culture et l’art sont des sujets apolitiques, il y avait longtemps qu’on nous l’avait faite, celle-là. Elle serait bien bonne si elle ne signait une « pensée » profondément réactionnaire et liberticide.

« il est clair que nos votes vont se porter là ou il faut. »

Parce ce que vous êtes plusieurs ?

P.S. : Ah, oui ! Tu ne t’es même pas excusé pour les « analyses à deux balles ». Tu ne dois pas être Français toi. En France, on est poli et même, parfois, courtois. Comme l’amour chez Dowland.

Le monde n’est pas une marchandise.

44)
alec6
, le 20.01.2007 à 12:08

THG, en septembre, tu nous annonçais : Que les choses soient bien claires : je n’aime pas Sarko, je ne voterai pas pour lui… en réponse à l’article d’Anne “Cette jeunesse qui dit tribalement NON”…

Désolé, mais j’ai le sentiment du contraire à travers tes propos. Certes, nous sommes en démocratie et la liberté de chacun est entière, mais dans ce cas il faut assumer ses choix. Peu me chaud que l’on vote sarko ou pas (même si je préfère cette dernière solution), mais dans tous les cas de figure il faut accepter qu’Anne ou d’autres s’expriment sur ce sujet, fusse en digressant à propos de Dowland.

A ce propos il est possible d’écouter des extraits du disque “John Dowland – In Darkness Let Me Dwell ” sur le site Amazon… que j’ai d’ailleurs commandé. Merci Nic de me l’avoir fait découvrir.

45)
Anne Cuneo
, le 20.01.2007 à 17:42

Merci à tout ceux qui ont répondu en mon absence au Post No 42 de THG. Je les découvre en rentrant de deux jours d’absence de mon ordinateur. Intéressante l’idée qu’on ne peut pas introduire un exemple politique dans un article apolitique… dont le débat prouve d’ailleurs qu’il n’est pas si apolitique que ça, puisqu’il y est question d’abolition des frontières (musicales, en l’occurrence), de tolérance des goûts des autres, de la nuance entre“c’est pas beau” (expression de l’intolérance) et “je n’aime pas”, (expression de son propre libre jugement). Le sujet est donc éminemment politique, au sens large – et l’exemple de l’attitude qu’ont eue en septembre derniers quelques Français de France à mes propos, personnels et subjectifs, à propos de Sarkozy, reste ICI d’une totale pertinence.

THG ne se gêne d’ailleurs pas pour introduire dans cette discussion sur la musique et les goûts des arguments de politique locale française.