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Souvenirs d’un « homme en noir »

Aujourd'hui pas de G4, G5, Core Duo ou Single, pas de 5D ou de D200, on va s'occuper de "sport". C'est d'actualité avec Roland Garros qui se termine et le Mondial qui commence et pourtant ce n'est ni de football ni de tennis qu'il sera question, mais ... d'échecs.

Quoi ? Comment ? Les échecs ne sont pas un sport ? Mais va falloir réviser vos informations, chers amis : les échecs sont reconnus comme sport par tous les pays du monde depuis belle lurette et par le Comité International Olympique (CIO) depuis 1999. La Fédération Internationale des Echecs (FIDE), fondée lors de Jeux Olympiques de Paris en 1924, a d'ailleurs son siège à ... Lausanne.

FIDE

Certes, ce n'est pas (encore) un sport olympique quoique sa candidature figure en bonne place sur le bureau du CIO. Cela tient au fait que, tant pour Athènes que pour Pékin, celui-ci souhaitait limiter voire restreindre le nombre de disciplines. Mais pour Londres, le dossier reste ouvert.

Et nous ne quittons pas l'actualité puisque du 19 mai au 5 juin se sont déroulées à Turin les Olympiades d'échecs qui réunissaient 143 équipes nationales masculines (4 joueurs par équipe) et 108 équipes féminines (3 joueuses par équipes). Je ne suis pas certain qu'Athènes ait fait beaucoup mieux au niveau des représentations nationales. Guère étonnant si l'on sait que la FIDE représentait il y a quelques années encore (mes chiffres ne sont peut-être pas à jour) la deuxième fédération sportive mondiale au niveau du nombre de licenciés, après la FIFA bien sûr.

Il est évident que les échecs, en tant qu'activité sportive, donc de compétition, n'ont pas grand chose à voir avec les parties que l'on joue avec un ami ou ses enfants, le soir, au coin du feu lors des longues soirées d'hiver. Les règles intrinsèques du jeu restent telles qu'elles ont été fixées il y a près de 600 ans, mais les conditions de jeu, les enjeux personnels et nationaux ne sont pas tout à fait les mêmes et exigent des dispositions particulières. Ainsi peut-on comparer :

• le lieu : un coin du feu ou une arène ouverte au public
• le matériel : un échiquier, 32 pièces, une table ou la même chose plus une pendule
• les protagonistes : vous et votre ami ou vous et votre adversaire qui n'est par forcément votre ami et l'arbitre.

Un arbitre !? Mais que vient donc faire l'homme en noir là-dedans? Bon, rassurez-vous, il n'est pas forcément en noir et dans la grande majorité des cas, il n'intervient pas dans le déroulement de la partie. C'est pourtant le deus ex-machina de la compétition, l'homme par qui tout passe et dont les décisions sont quasi-souveraines (les joueurs ont parfois un droit de recours à un Tribunal arbitral si le règlement de la compétition le prévoit). Sur le plan technique, son rôle est défini par les Règles de la FIDE dont voici les articles le plus importants le concernant, à commencer par le préambule à ces règles :

Les règles du Jeu d'Echecs ne peuvent couvrir le champ de toutes les situations pouvant survenir au cours d'une partie, ni régir toutes les questions administratives. Lorsque des cas ne sont pas explicitement réglés par un Article des Règles du Jeu d'Echecs, on devrait alors pouvoir trouver une décision correcte en étudiant des situations analogues à celles décrites dans les Règles du Jeu d'Echecs.

Ces Règles sous-entendent que les arbitres possèdent généralement la compétence voulue, un jugement sain et une objectivité absolue. Un règlement trop détaillé priverait l'arbitre de sa liberté de jugement et l'empêcherait ainsi de résoudre un problème par une solution juste, équitable et dictée par des facteurs particuliers.

Sur le plan technique, l'article 13 des règles FIDE précise notamment :

  • L'arbitre s'assurera de la stricte observation des Règles du Jeu d'Echecs.
  • L'arbitre agira dans le meilleur intérêt de la compétition. Il s'assurera que la totalité de celle-ci se déroule dans de bonnes conditions de jeu et que rien ne vienne déranger les joueurs. Il veillera à la bonne marche de la compétition.
  • L'arbitre surveillera les parties, surtout lorsque les joueurs seront à court de temps, fera appliquer les décisions qu'il pourra prononcer et infligera des pénalités aux joueurs si nécessaire.
  • L'arbitre peut donner les pénalités suivantes : a) un avertissement, ou b) l'augmentation du temps de l'adversaire, ou c) la diminution du temps du joueur incriminé, ou d) déclarer la partie perdue, ou e) l'expulsion du tournoi.
  • Les spectateurs et joueurs d'autres parties ne doivent ni parler ni intervenir en aucune façon au sujet d'une partie. Si nécessaire, l'arbitre expulsera les contrevenants de la salle de jeu.

Rien de bien sensationnel, sans doute, mais même si

un comportement exemplaire est exigé de la part des joueurs. (art 12 des Règles)

les hommes restent des hommes et les enjeux (financiers notamment), la tension physique et psychique qu'impose la compétition leur font parfois "pèter les plombs" comme on dit familièrement. Quelques souvenirs qui peuvent faire sourire, mais aussi s'interroger sur la nature humaine.

J'ai eu le privilège de conclure ma formation d'arbitre international en participant à un séminaire animé par celui qui reste l'un des meilleurs arbitres d'échecs, Lothar Schmid. C'est lui qui s'était vu confier l'arbitrage du fameux championnat du monde de 1972 entre Bobby Fischer (USA) et Boris Spassky (URSS) à Reykjavik. Nous étions en pleine guerre froide et ce match, qui pour la première fois dans l'histoire des échecs mettait face-à-face deux champions de bords opposés (les Soviétiques jusqu'à ce jour dominaient outrageusement le monde échiquéen), était devenu le symbole même du combat du Bien contre le Mal. Le Mal étant l'Autre évidemment. Et ce qui n'arrangeait rien, Fischer était un véritable caractériel : son fauteuil était truffé de boucles magnétiques qui l'empêchaient de réfléchir (on a fait venir un fauteuil des Etats-Unis), les caméras video étaient trop voyantes (on les a cachées), les spectateurs étaient trop près (on a vidé les trois premiers rangs de la salle), etc. Pas une partie sans au moins une réclamation. Et tout cela assumé, avec calme, par Lothar Schmidt qui passait son temps libre entre les deux protagonistes (et leur entourage) afin d'arrondir les angles.

Six ans plus tard : rebelote. Cette fois aux Philippines pour le Championnat du monde entre Karpov et l'enfant terrible de l'URSS, Victor Korchnoì, qui venait juste de trouver refuge en Suisse. Lothar Schmid toujours aux commandes. Cette fois, c'est la parapsychologie qui est mise en cause : Karpov est toujours accompagné de son gourou dont les ondes psychiques perturbent gravement celles de celui qui allait devenir notre Victor national. Le gourou est interdit de salle. Et l'affaire des yoghourts ! Karpov, pendant la partie, avait l'habitude de manger un yoghourt. On le lui servait, parfois aux mûres, ou aux framboises ou aux fraises. Violente protestation de Korchnoï : le fruit choisi est une indication sur la stratégie à suivre ! Karpov a dû se contenter de yoghourts "nature"!

J'ai heureusement rarement eu à faire à ce genre de situation, n'étant pas habilité à fonctionner à un tel niveau (pour pouvoir arbitrer un Championnat du monde, il faut être soi-même Grand Maître, ce qui est loin, mais alors très loin d'être mon cas!). Pourtant, même les tournois moins importants ne sont pas exempts de tels excès. Ainsi, lors d'un Open International de Genève, une partie entre un Maître yougoslave et un israélien s'éternisait. Un cercle important de spectateurs entourait la table de jeu ce qui est toujours l'indice que "quelque chose se passe" et que l'arbitre a intérêt à aller s'y intéresser. C'est ce que je fais : je fends la foule, m'installe devant la table (ronchonnements des spectateurs à qui je bouche la vue), coup d'oeil à la situation ; partie extrêmement bloquée, il reste 15 minutes à la pendule yougoslave et près d'une heure à l'israélienne. Le Yougoslave joue rapidement (et pour cause) alors que l'Israélien prend tout son temps. Il y a belle lurette que le Yougoslave a proposé la nullité, ce que refuse son adversaire en répondant à chaque coup. Maître Yougo commence sérieusement à s'énerver, s'agite sur sa chaise, devient tout rouge et soudain, se lève et lance son poing à la figure de son adversaire. Heureusement, j'avais encore de bons réflexes et ai eu juste le temps d'interposer le bras sur la trajectoire du poing. Savez-vous comment a réagi notre maître israélien : pas bronché d'un cil .... il a joué son coup tranquillement et m'a regardé. Je lui ai donné la partie gagnée avec menace d'expulsion du maître yougoslave au prochain incident.

Ce genre de comportement est heureusement extrêmement rare, même si on peut encore relever, dans un tournoi qui devait sacrer le nouveau Champion de France, le geste plutôt incongru de ce Grand Maître qui disputait la partie décisive et qui balança carrément l'échiquier à la tête de son adversaire en guise d'abandon !

En général, l'arbitre se contente de gérer les appariements, d'enregistrer les résultats, de veiller aux respects des règles, notamment que le nombre de coups prescrits a bien été joué dans le temps imparti, de faire taire les spectateurs trop bruyants, etc. Toutefois, tout en restant sur le plan purement technique, on rencontre parfois des situations assez cocasses, car les joueurs, même au plus haut niveau, ne connaissent pas toujours toutes les subtilités des règles. Deux petites anecdotes pour illustrer.

Dans mon club, match du Championnat suisse. Toutes les parties sont terminées, sauf une. Situation banale, la partie est manifestement nulle, du moins si on joue correctement, très peu de matériel sur l'échiquier. Notre joueur est "en crise de temps" comme on dit dans le jargon, c'est-à-dire qu'il ne lui reste que une ou deux minutes pour conclure, alors que son adversaire est relativement plus à l'aise. Comme capitaine-arbitre, je m'installe à côté de la table. Notre ami marmonne dans ses dents : "Mais, c'est nul, mais c'est nul" en me lançant chaque fois un regard en biais, alors qu'à chacun de ses coups son adversaire réplique tranquillement par ce qu'on appelle des "coups d'attente". Et ce qui devait arriver, arriva, notre membre perdit la partie au temps. Il se lève, furieux, et me lance : "Mais cette partie était nulle*. Je lui réponds : *Bien sûr". "Et alors, me fait-il, pourquoi n'es-tu pas intervenu". Ma réponse : "Parce que tu ne me l'as pas demandé !" En effet, selon les règles, un arbitre peut déclarer une partie nulle si un joueur est en crise de temps (moins de 2 minutes à sa pendule) et que son adversaire ne joue manifestement que pour gagner du temps. Mais l'arbitre ne peut intervenir que ... sur demande du joueur ! Notre ami est parti, furieux et je ne suis pas sûr qu'il m'ait définitivement pardonné.

Dans le même genre, mais en un peu plus tordu. Toujours à un Open International de Genève, une partie sur les premiers échiquiers réunit un Grand Maître russe (en fait le n°1 du tournoi) et une Grand Maître féminine également russe. Ce genre de rencontre attire toujours beaucoup l'attention des spectateurs, car pas très courante. Nous sommes dans la dernière demi-heure de jeu et la partie va manifestement se terminer sur un résultat nul, ce qui enchantera certainement la dame, mais déplaît particulièrement à son compatriote (on est un peu macho dans ce monde-là). D'autant que cette joueuse rend au moins 200 points ELO à son adversaire, c'est-à-dire que la probabilité qu'elle avait de gagner ce match était de l'ordre de 20%. Alors, un nul, c'est une véritable victoire morale pour elle. Elle se lève, me prend à part et je devine que la dame souhaiterait que je déclare la partie nulle. Je dis "je devine" parce que elle ne parle ni anglais, ni allemand, ni français (même en grec, j'aurais compris) ... seulement le russe! Avec force gestes et montre à l'appui, je lui explique que je ne peux intervenir que lorsqu'elle aura moins de 2 minutes à sa pendule, ce qui n'est pas encore le cas. Je dois être assez explicite puisque la dame se rassied et continue à jouer des coups anodins, comme son adversaire. Rien à faire pour le moment, je m'absente un moment de la salle de jeu et à mon retour, grand branle-bas de combat autour de l'échiquier: notre GM russe agite les bras dans tous les sens et vocifère littéralement, alors que son adversaire roule des yeux effarés, ne comprenant manifestement pas ce qui se passe. Je me précipite pour entendre notre Russe hurler que c'est une honte de poursuivre une partie aussi manifestement nulle, qu'il a proposé la nullité et que la dame a refusé. Interloqué, j'essaie de savoir ce qui s'est passé. Des spectateurs me confirment que notre Russe a bien proposé cette fameuse nullité et que son adversaire s'est contentée de jouer un coup ce qui signifie qu'elle refuse. Et là, brusquement, illumination ! Me tournant vers notre Russe, je lui demande : "En quelle langue avez vous fait votre proposition". Réponse : "En anglais, évidemment". "Mais, Monsieur, vous savez parfaitement que Madame ne parle que le russe. Alors, pourquoi pas en russe ?" Mon bonhomme se redresse de toute sa hauteur, me toise et réplique froidement : "Monsieur, à l'étranger, je ne parle qu'anglais!"

Après cela, vous tirez l'échelle et vous vous dites que certains psys ont encore bien du pain sur la planche. Comme celui de Steinitz, le premier champion du monde officiellement reconnu comme tel, qui. à la fin de sa vie, se réjouissait de mourir pour pouvoir défier Dieu à qui il accorderait les Blancs et l'avantage d'un pion !

Le monde des échecs est un monde fascinant qui nous fait découvrir bien des aspects de la personnalité des hommes (et des femmes, mais elles sont encore bien rares, malheureusement) qui les pratiquent : les timides peuvent se révéler de redoutables breteurs, les hâbleurs se cassent la figure parce qu'en fait, ils ont peur de perdre. C'est une école de patience, de concentration (on voit des gamins de 10 ans insupportables dans la vie courante restés concentrés pendant une, deux ou trois heures sans broncher), de respect de l'adversaire qu'il ne faut jamais sous-estimer. Une vraie école de vie, en fait, et c'est bien dommage que ce sport ne figure pas au programme officiel de notre enseignement.

Alors, soyez sportif que diable ... jouez aux échecs!

47 commentaires
1)
François Cuneo
, le 13.06.2006 à 00:17

Jolies histoires!

En ce qui concerne ta conclusion: je ne peux pas, je suis tellement nul que même contre un gamin, je perds.

Pourtant qu’est-ce que je n’ai pas essayé, ça me vexe tellement de ne pas y arriver!

2)
yfic17
, le 13.06.2006 à 00:27

Même Juliette arrive à gagner ?

Sinon, de bien belles histoires de sportifs, Hervé. J’espére que tu en as d’autres.

3)
XXé
, le 13.06.2006 à 01:14

Superbe article !
Depuis le temps que je me dis qu’il faudrait que je me mette aux échecs…

Didier

4)
Invite
, le 13.06.2006 à 01:18

Pour ceux qui aiment les belles histoires autour des Échecs : La Diagonale du fou de Richard Dembo (que j’ai toujours cru(s) suisse(s) (le film comme l’auteur)). La fin est époustouflante. Vingt ans après elle me fait encore frissonner.

Et bien sûr Le Joueur d’échec de Stefan Zweig qui donne un bon aperçu du fonctionnement mental d’un joueur d’échec, et permet aux non initiés de comprendre la force du film sus-cité.

Pour ceux qui aiment les pas belles histoires autour des Échecs : le destin de Bobby Fischer .
Sans doute plus fou que méchant, et là on retrouve le portrait de Stefan Zweig.

5)
Hervé
, le 13.06.2006 à 02:01

Il existe des centaines de milliers de livres sur le jeu d’échecs, essentiellement techniques, bien sûr, mais aussi autour du jeu lui-même.
Je n’ai pas voulu en citer car la liste serait très très longue et certainement incomplète.

Pour ceux qui aiment les « beaux » livres, je mentionnerai « Le Livre des Echecs amoureux », manuscrit de 1400 de Evart de Conty, médecin à la cour de France qui commente un long poème inspiré du Roman de la Rose. Ce poème, écrit vers 1340, décrit sous forme d’une partie d’échecs le combat amoureux de l’Amant et de sa Dame. Edité par la Bibliothèque Nationale.

La Diagonale du fou et Le joueur d’échecs sont de bons, de très bons romans, mais la réalité dépasse souvent la fiction !

Et si vous voulez vraiment rire et pratiquez l’anglais, je vous recommande « How to cheat at chess » – en français « Comment tricher aux échecs » de W. R. Hartston (un Maître anglais) – Editions Hutchinson – ISDN 0 09 126111 2 – Pas besoin d’être joueur pour apprécier !

6)
François Cuneo
, le 13.06.2006 à 06:36

Même Juliette arrive à gagner ?

Même Juliette…

7)
Raphaël Fauveau
, le 13.06.2006 à 06:59

Très intéressant, et puis les anecdotes sont vraiment sympas :)

Même si, personnellement, j’ai encore un peu de mal à voter pour la présence des éches aux jeux olympiques.

C’est peut être parce que je suis toujours aussi mauvais à ce jeu (pardon – sport). Je joue plus au Go.

8)
Franck_Pastor
, le 13.06.2006 à 07:36

François, je suis sûr d’être plus mauvais que toi aux échecs ! :-)

Après lecture de cet article, et après avoir un peu lu sur Bobby Fisher en particulier, ça me fait encore poser la question : faut-il être un peu (voire complètement) fou pour être un génie dans son domaine ?

9)
Guillôme
, le 13.06.2006 à 08:34

François, je compatis avec toi, moi-même n’ayant jamais su jouer aux échecs… jusqu’à quelques temps où j’ai lu des livres sur comment jouer aux échecs!

Alors, ce que je vais dire va sûrement faire bondir ceux qui pratiquent mais François si ce que je dis peut t’aider à gagner contre Juliette autant en profiter ;)

Alors, voilà, moi je connaissais les règles et le but (faire échec) mais j’étais infoutu de mettre en oeuvre une stratégie ou de savoir si je jouais bien ou mal! Voilà mes conseils :
1- A chaque fois que tu joues une pièce regarde si tu menaces une pièce adverse, si tu défends une pièce ou si tu augmentes la liberté de déplacement de tes pièces. Si ce n’est pas le cas, ne joue pas cette pièce (en général).
2- Ne jamais perdre de pièce sauf si c’est voulu par un échange (tu es capturé et tu captures).
Compte 1 point pour les pions, 3 points pour le fou/cavalier, 5 points pour la tour, 11 point pour la dame. Evalue tes points versus l’adversaire, s’il a un point d’avance, il a un avantage sinon c’est toi ;) A partir de 3 points, ça devient un avantage important, à 5 c’est énorme.

Bon, ça parait idiot mais moi je n’avais pas réaliser à quel point aux échecs c’était dramatique de perdre une pièce… et la nécessité, en général, de ne jamais avoir un coup inutile (le fameux coup d’avance des blancs).

Désolé pour les amateurs d’échecs qui vont s’arracher les cheveux en me lisant mais bon, grâce à cette compréhension de base, j’ai enfin pu commencer à battre les ordinateurs en mode facile :D

10)
Joël (exGlimind)
, le 13.06.2006 à 08:49

Merci pour cet article qui me rappelle de bons souvenirs… Ah la coupe du léman…

11)
alec6
, le 13.06.2006 à 10:14

Intéressant ! Merci Hervé, tu me fait découvrir un monde…

Je me suis d’ailleurs toujours demandé pourquoi ce jeux était « réservé » aux hommes, je signifie par là quel’on ne voit pas de matches mixtes.
Finalement seule la voile semble accepter la mixité…

A

12)
zitouna
, le 13.06.2006 à 11:57

Merci pour ce témoignage, Hervé, quel éclectisme, sur Cuk!
J’ajouterais, pour les lectures, « la défense Loujine » de Vladimir Nabokov et, pour un autre jeu, mais très proche par l’ambiance, « Le Maître ou le tournoi de go », de Yasunari Kawabata.
Quelqu’un a-t-il déjà joué avec le jeu dessiné par Josef Hartwig du Bauhaus?
image

Je le trouve magnifique dans sa sobriété et je pense essayer de m’en fabriquer un.
Cet article me rapelle ma passion pour ce jeu à l’adolescence. C’était au moment du duel Karpov-Kasparov: je découpait toutes les parties dans la presse et essayait de comprendre ce qui se passait. Malheureusement, je n’était que capable de jouer comme un perroquet, répétant sans les comprendre les ouvertures classiques. Evidement, je battais sans problème tous mes copains, sauf un, qui lui, comprenais le jeu et qui m’explosait inmanquablement en deux temps trois mouvements. Par contre, à l’inverse de François, c’est un jeu auquel je suis capable de perdre sans interruption pendant de nombreuses parties sans que ça me chagrine. Le plaisir, c’est le jeu, pas la victoire (même si elle n’est pas désagréable;-). Pas comme au backgammon, là, je n’apprécie vraiment pas la défaite (sans doute parce que j’y joue assez bien).

z

13)
ToTheEnd
, le 13.06.2006 à 12:16

Après avoir pas mal joué jusqu’à l’adolescence, je n’y ai presque plus touché depuis.

Néanmoins, depuis quelques mois, je joue à nouveau régulièrement et c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Je soupçonne mon adversaire régulier de se lasser car il perd tout le temps depuis des mois…

Même si ça peut paraître « bête », on apprend énormément en perdant, surtout à ce jeu. Mon adversaire ne le réalise malheureusement pas car il perd tout le temps… mais ses progrès sont tangibles au point que parfois il me met sérieusement en difficulté.

Malgré des parties régulières (2 à 3 par jour pendant quelques années), je n’ai jamais battu mon Maître à l’exception d’une fois: il était soul. Faible consolation.

Si on apprend, il est important de commencer sur un échiquier clair avec des pièces qui sont vraiment distinctives… le jeu que propose l’agent Z par exemple me semble un peu abstrait, surtout pour un débutant qui n’est pas aguerri à la forme et valeur des pièces.

Pour guillôme enfin: si mes souvenirs sont bons, la Reine vaut 10 points et non 11 (on me corrigera si je me goure!) et ce n’est pas forcément une bonne technique que d’apprendre via la valeur des pièces. En effet, il peut être utile de perdre une Reine si le Mat n’est pas loin par exemple. Les points ont surtout été attribués aux pièces pour développer des modèles mathématiques et informatisés. Je préfère donc dire que chaque pièce à la valeur qu’on lui donne dans le jeu qu’on développe… j’en veux pour preuve une de mes dernières parties; un simple pion a contribué au Mat.

Bon jeu!

T

14)
Lafaboune
, le 13.06.2006 à 13:05

Merci pour ces anecdotes savoureuses Hervé.

Finalement seule la voile semble accepter la mixité…

L’équitation également :-)

-Fab

15)
ToTheEnd
, le 13.06.2006 à 13:14

Finalement seule la voile semble accepter la mixité…

Maintenant que je vois ça, j’y vais aussi de mon commentaire: il y a aussi le tennis (dans les doubles uniquement).

T

16)
henrif
, le 13.06.2006 à 14:02

image
Mat en 3 coups (facile !)

17)
zitouna
, le 13.06.2006 à 14:25

heuu, c’est à qui de jouer?
z

18)
ToTheEnd
, le 13.06.2006 à 14:36

Z: il faudrait plus de 3 coups pour que les noirs fassent Mat les blancs… et comme il n’y a plus que 3 coups à jouer max (parce que c’est Mat en 2 coups si les noirs jouent mal).

T

19)
Inconnu
, le 13.06.2006 à 15:12

TTE: la seule partie que t’as gagné contre ton maître c’est parce qu’il était soul. Et toutes celles que tu as perdue contre lui, tu étais à jeun? :)

20)
Hervé
, le 13.06.2006 à 15:20

Je vais essayer de répondre brièvement à quelques commentaires :

@alec6
Le jeu n’est pas réservé aux hommes et les compétitions sont généralement « Open » sauf les championnats officiels. Le fait est que le nombre de joueuses et la qualité du jeu féminin sont nettement inférieurs. Pourquoi ? Il existe une énorme littérature sur ce sujet, faisant appel tant à des raisons de morphologie cérébrale que des explications psychologiques. Le sujet vaudrait une humeur à lui tout seul.

@Raoul Fauveau
Est-ce l’absence de composante « physique » qui te gêne pour considérer les échecs comme un sport ? En ce cas, où se trouve cette composante dans la pratique du tir, par exemple :d’accord, l’index doit être flexible et l’oeil précis, mais à part cela ? Sais-tu, par exemple, que dans une compétition de 9 jours, un joueur peut perdre jusqu’à 3 kilos : mieux que le fitness !

@guillôme
Bons conseils pour un débutant, mais très vite dépassés : il existe une quantité d’ouverture qui supposent la perte d’un pion voire deux pions pour obtenir une position en béton. Cela s’appelle le gambit dont le plus célèbre est le gambit Dame (sacrifice du pion c pour les Blancs) qui peut devenir tellement agressif que peu de joueurs Noirs l’accepte !

@guillôme et TTE
La première estimation chiffrée des pièces a été faite par Tarrasch au milieu du 19e siècle. C’est une indication effectivement, mais comme le souligne TTE, elle ne tient pas compte de la position des pièces et de leur rôle dans la stratégie envisagée. En ce qui concerne la Dame, sa cote de 10 est encore un peu surévaluée. Un 9 (éventuellement pointé) paraît plus adéquat. J’en veux pour preuve qu’en finale, un grand maître n’hésite souvent pas à échanger sa dame contre les deux tours adverses.

@Franck
C’est vrai qu’un grain de folie accompagne parfois le génie, mais n’est ce pas plutôt parce qu’on mettra en évidence la folie d’un génie en passant sous silence le comportement tout à fait normal de génies tout aussi immenses. Certes Fischer était un génie des échecs, mais l’apport de gens comme Karpov ou Kasparow (pour ne citer que les plus récents et les plus connus) est tout aussi important que celui de Fischer. Dali et Van Gogh sont des génies un peu fous, mais Manet, Renoir ou Rubens en ont autant !

21)
alec6
, le 13.06.2006 à 15:32

Le tennis of course… L’agent Z n’en rate pas une pour me contredire !!! ;-0

Ben pour moi ce jeu du Bauhaus est une bien belle œuvre et comme l’agent Z je me le fabriquerai bien un de ces jours… je n’ai malheureusement plus le mathos des Zardeks à disposition… :-(

22)
Raphaël Fauveau
, le 13.06.2006 à 17:28

Tiens, on ne m’avait jamais appelé Raoul ;)
Hervé, je n’ai pas dis ça pour te vexer. Je ne suis pas non plus fan de la présence du tir au JO… surtout que c’est largement moins pratiqué que les échecs (et quelqu’un pourra-t-il m’expliquer pour le golf n’y est toujours pas ??). A tout prendre, autant avoir les échecs.
Et rassures toi, je n’ai aucun doute sur l’endurance physique nécessaire pour tenir une compétition – je vais donc peut être me mettre aux échecs au lieu d’aller courir dans les bois!

23)
ToTheEnd
, le 13.06.2006 à 17:59

Raphael: le golf? Et puis quoi encore? Un sport où on se déplace en 4×4 (fusse-t-il a propulsion électrique) et qui ne permet pas de se déplacer avec une bière à la main? T’appelle ça un sport? Non, non, c’est un truc pour gens coincés qui voient un psy et ne savent pas se comporter avec des gens différents qu’eux.

Renaud: mais oui… à l’époque, je ne buvais pas comme aujourd’hui… (étais-je meilleur??? toute la question est là!)

T

24)
Inconnu
, le 13.06.2006 à 18:02

TTE, dis pas du mal du golf :)
Bon, aller, c’est l’heure du match. Que le meilleur gagne

25)
Franck_Pastor
, le 13.06.2006 à 18:09

Tiens, on ne m’avait jamais appelé Raoul ;)

Hervé a peut-être pensé à Raoul Follereau , vos deux patronymes sonnent un peu pareil :-)

26)
Okazou
, le 13.06.2006 à 18:55

Comme beaucoup j’ai taquiné l’échiquier avec un plaisir constant, en club (variété des adversaires) aussi bien qu’entre amis. Le roi des jeux (vive le jeu, à bas le sport !) nous rend bien le temps qu’il nous prend, structurant l’esprit et, par là-même, la compréhension des choses, même si la vie ne se mène pas comme une partie d’échecs.

Dommage, Hervé, que tu ne donnes pas ici de conseils de lecture, ne serait-ce qu’avec l’ouvrage qui te semble le plus profitable à l’amateur. Alors je vais le faire, avec le bouquin qui m’a été le plus utile, qui a fait franchir un pas de géant à mon jeu. Si je devais conserver un ouvrage, un seul, ce serait celui-là.

Tu évoques plus haut l’auteur de ce livre : le bon docteur Tarrasch. Son Traité pratique du jeu d’échecs, toujours édité chez Payot, est remarquable en ceci qu’il n’aborde pas les échecs selon le plan « naturel » : ouvertures, milieux de parties, fins de parties, dont on sait que le joueur débutant travaillera ouvertures et fins de partie sans accorder plus d’importance que ça à ce qui constitue pourtant l’essentiel du jeu : le milieu de partie.

Tarrasch, en professeur compétent, organise son « cours » en quatre parties :
– principes fondamentaux, pour mettre la main à la pâte ;
– la fin de partie, la phase que j’ai toujours négligée, sans intérêt sauf dans les positions d’égalité de forces des parties sans fin ;
– le milieu de partie, le cœur du jeu, là où on prend son pied, la partie étant gagnée quand la position est acquise, pourquoi s’abaisser à la mise à mort du moribond ? ;
– le début de partie et les ouvertures particulières, il faut savoir où on choisit d’aller, ou bien où l’autre choisit d’aller.

Une belle partie d’échecs restera toujours pour moi celle où un joueur mène génialement son milieu de partie. Tout est là, nulle part ailleurs.

Mais retenons-nous d’être trop bons si l’on ne veut pas finir seul, devant son écran ou en ligne, on y perd le plaisir, l’intérêt premier.


Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.

27)
Bigalo
, le 13.06.2006 à 20:27

Je vais me faire mal voir par Hervé, mais tant pis ;-))

J’ai beaucoup joué aux échecs autrefois, entre 15 et 20 ans. J’ai bien dû faire entre 2 et 3000 parties.

Cepandant, à 20 ans, j’ai découvert le Go, qu’évoque Raphaël Fauveau. J’ai arrêté de jouer aux échecs pratiquement du jour au lendemain : le Go présente en effet pratiquement toutes les qualités des échecs, mais pas seulement : il s’agit également d’un jeu très ancien (2000 ans environ). On connait des parties d’assez haut niveau ayant 1000 ans. Cela a permis l’élaboration d’une théorie importante, avec des milliers d’ouvrages.

Il y a des joueurs professionnels depuis plus de 4 siècles au Japon. Il en existe également en Chine et en Corée.

Le Go est également un jeu de damier avec des pions (appelés pierres pour des raisons historiques, car les pions noirs étaient autrefois en ardoise).

Il existe également un classement pour les joueurs jouant en club (y compris sur Internet).

Voici les principales différences avec les échecs :

Le Goban (damier de Go) est beaucoup + grand, 19 par 19 au lieu de 8 par 8; il s’ensuit le concept de « sens global » : à tout moment, il faut se demander dans quelle zone du damier il faut jouer. Maîtriser cela est à la fois une des principales difficultés du jeu et l’un de ses intérêts majeurs.

On part sur un damier vide, et chaque joueur pose alternativement une pierre. En effet le but n’est pas de détruire l’adversaire, mais de construire du territoire. Celui qui a le plus de territoire a gagné. On appelle territoire une zone du damier entourée par les pions d’un même joueur, les bords du damier faisant également office de frontière naturelle.

Par conséquent, les coins sont les + importants : grâce aux 2 bords, il suffit d’entourer 2 côtés pour constituer un territoire, alors qu’il faut entourer 3 côtés sur un côté et 4 au centre.

Il existe des séquences considérées comme équilibrées (joseki en japonais), qui sont l’équivalent des ouvertures aux échecs. Toutefois les joseki se passent presque tous dans les coins, et une séquence considérée comme joseki peut s’avérer catastrophique pour l’un des joueurs en fonction de ce qui a été joué précédemment dans les autres coins : il y donc l’équivalent de 4 ouvertures dans une partie avec des interactions entre elles.

Il existe une règle de vie et de mort, qui permet de statuer, en particulier si un joueur a construit un territoire et que l’autre joue à l’intérieur. Il s’agit d’un moyen et non d’une fin : contrairement à ce que pensent beaucoup de débutants, chercher principalement à capturer les pierres adverses est une stratégie médiocre.

Etant donné que le damier est très grand, si au lieu de partir sur un damier vide, on démarre avec quelques pierres déjà posées, cela ne dénature pas foncièrement le jeu : cela permet d’avoir des parties intéressantes entre joueurs de niveau assez différents : il suffit de placer à des endroits stratégiques 2 pierres noires ou plus (Noir par convention commence). Le nombre de pierres de handicap dépend de la différence de classement entre les 2 joueurs, et peut aller jusqu’à 9 pierres, ce qui corrrespond à une différence de niveau énorme (l’équivalent de plusieurs centaines de points ELO).

Denière différence avec les échecs : à la fin d’une partie on compte les points, qui sont toujours un nombre entier. Cela permet de valoriser l’avantage du trait (le fait d’être le premier à jouer en début de partie). Cette valorisation est en général de 5,5 ou 6,5 points.

Ce demi point empêche les parties nulles (à quelques cas particuliers près qui représentent probablement moins d’une partie sur 1000).

Cela évite dans les tournois cette attitude agaçante qu’ont de nombreux joueurs d’échecs consistant à essayer de gagner avec Blanc et se contentent de chercher à obtenir une nulle avec Noir.

En résumé, le Go présente toutes les qualités des échecs avec une complexité encore + grande à cause de la taille du damier et du sens global, et offre en + des avantages supplémentaires : pouvoir avoir des parties intéressantes entre joueurs de niveau très différent, absence quasi totale de nulles, et objectif + satisfaisant, construire + plutôt que détruire.

En plus, il semblerait que l’ambiance soit beaucoup + conviviale dans les clubs de Go que dans les clubs d’échecs.

En conclusion, les échecs sont un jeu remarquable, mais une fois qu’on a découvert le Go, on a plus aucune excuse pour y jouer.

Quelques infos pratique :

Fédération française de Go

Il y a un tournoi en Suisse le prochain week-end, aux Paccots : Tournoi de Lausanne

Pour jouer au Go sur Internet : KGS

Il existe un autre serveur important pour jouer au Go, IGS où je ne suis pas allé depuis longtemps, mais il est moins convivial que KGS.

Michel Gaboly
http://www.gaboly.com/perso

28)
Hervé
, le 13.06.2006 à 21:18

Désolé Raoul … euh Raphaêl pour ce iatus !

Bigalo, je suis au contraire entièrement d’accord avec toi. Je ne pratique pas le go ,,, parce que les échecs sont entrés dans ma vie à l’âge de 7 ans. Mais ce jeu est tout aussi intéressant et motivant, mais beaucop moins répandu. Quant à l’ambiance dans un club, là on ne parle plus jeu, mais relations humaines et je peux te garantir que l’ambiance chez nous est extrêmement conviviale.

Okazou, le Traité pratique du jeu d’àchecs de Tarrasch figure en bonne place dans ma bibliothèque, mais il est lui aussi un peu dépassé et très technique pour un débutant. Quand un « nouveau » me demande quels livres je lui conseillerais, je cite toujours deux ouvrages : Maître contre Amateur et L’Amateur devient Maître de Max Euwe (ancien Champion du Monde et Président de la FIDE)- très pédagogiques – et pour des échecs un peu plus « modernes » du moins dans la stratégie Mon système de Nimzovitch. Cétait un peu le Salvador Dali des échecs, le père de la Théorie Moderne avec un ego « gros comme ça »!

Et pour faire le lien avec guillôme, Tarrasch a laissé son nom à une défense contre le gambit dame qui a été beaucoup jouée au début du siècle et qui a encore de sérieux supporters.

29)
Bigalo
, le 13.06.2006 à 21:43

Bigalo, je suis au contraire entièrement d’accord avec toi. Je ne pratique pas le go ,,, parce que les échecs sont entrés dans ma vie à l’âge de 7 ans. Mais ce jeu est tout aussi intéressant et motivant, mais beaucoup moins répandu.

Ravi de ta réaction ; j’avais un peu hésité à poster mon commentaire, de crainte de te vexer, me voici rassuré ;-))

Quant aux bouquins d’échecs, le seul que j’ai un peu étudié autrefois, était le bréviaire des échecs de Tartakover, qui évaluait ainsi le matériel : fou ou cavalier, 3,25 pions, tour 5 et dame 10.

Michel Gaboly
http://www.gaboly.com/perso

30)
Guillôme
, le 14.06.2006 à 11:07

Edit : Bon je retire mon commentaire, j’ai été voir sur le web, et 3 coups = 3 coups pour les blancs… soit 5 coups au total.
Du coup le problème évoqué plus haut est effectivement facile ;)

31)
apollo
, le 14.06.2006 à 11:17

Est-ce que le jeu d’échecs est vraiment un sport ou s’agit-il d’un exercice intellectuel?

Le sport – selon Wikipedia – est un ensemble d’exercices physiques sous forme de jeux individuels ou collectifs pouvant donner lieu à des compétitions. Seulement depuis août 2000, les échecs sont devenus, en France, un sport reconnu par jeunesse et sport.

A l’époque grecque, le sport était enseigné au gymnase. Et oui, le gymnase était l’endroit où toutes les disciplines liées au physique étaient enseignées (p.ex. la médecine, l’agriculture y étaient également enseignées); il ne s’agissait pas d’un enseignement basé sur la réflection, la pensée et l’intellect qui lui était enseigné dans des musées.

A savoir, si de déplacer des pièces nécessitent un grand effort musculaire de nos biceps ou triceps… Je suis sûr que Churchill aurait été un adepte de ce sport, lui qui disait «No sports!»

Bon, bon, je vois que l’on parle du tir. Je ne savais pas qu’une activité sportive était mesurée aux kilos perdus. Alors voilà une nouvelle diète: faites du tir, mais pendant 9 jours…

J’ai commencé à jouer aux échecs avec mon grand-père et pendant les cours qui me lassaient, je jouais avec mes compagnons. Les études terminées, j’ai délaissé cette discipline qui ne m’a laissé comme souvenir que quelques cheveux blancs et quelques neurones grillées.

Et maintenant, je me remets aux échecs avec un nouveau défi et me sens renforcé dans mes convictions en lisant la citation d’Anatoli Karpov “Je crois qu’il existe des manières très spécifiques de jouer efficacement contre une machine. Evidemment, nous n’avons aucune chance en technique pure, parce que l’ordinateur calcule de manière parfaite. Mais lorsque nous faisons appel à notre cerveau, en utilisant l’intuition et la compréhension, alors nous restons beaucoup plus forts”. L’intuition contre la logique, la pensée rationnelle, contre l’intellect. Certes, avant toute pratique intuitive, il est judicieux de savoir déplacer les pièces.

Hervé, penses-tu que l’intuition peut parvenir à mettre en échec un joueur traditionnel?

A

A

32)
ToTheEnd
, le 14.06.2006 à 11:49

guillôme: je n’ai pas vu ton commentaire précédent. Disons que si je devais jouer les noirs… ça prendrait plus que 3 coups pour les blancs ne me mettre Mat (s’ils y arrivent) car cette exercice est ouvert…

apollo: bonne question. Comme dans tout sport de haut niveau, j’imagine que l’intuition peut faire des miracles… toutefois, qu’est-ce que l’intuition? Est-ce que c’est le subconscient qui fonctionne logiquement mais à un autre niveau ou fait-on appel à des connaissances qui nous échappent totalement? Franchement, je n’ai pas souvenir d’avoir joué aux échecs avec quelqu’un qui faisait tout à l’instinct; soit pousser les pièces parce qu’il le « sentait ». Mais bon, dis-nous si ta technique marche!

T

33)
Hervé
, le 14.06.2006 à 12:00

@appolo

Tout d’abord, ce n’est pas le tir qui perdre des kilos, mais les échecs. Mais personne ne conteste au tir son titre de « sport » et la question que je posais était : « Où est le côté physique dans le tir ».

Le thème des échecs sur ordinateur est celui qui divise le plus le monde échiquéen actuel. Personnellement, j’ai horreur de cela et n’utilise que très rarement le programme qui est sur ma machine pour, par exemple, analyser une position. Car l’ordinateur calcule et calcule très bien et nous ne pouvons guère rivaliser avec lui. Mais il ne fait que calculer et pour pouvoir se décider, il peut calculer 3, 4, 10 coups à l’avance selon sa puissance, alors que l’homme arrive à calculer (pas imaginer, on est bien d’accord) 2 voire 3 coups. Mais j’ai lâché le gros mot : l’homme a de l’imagination. Il peut donc dans un premier temps éliminer tous les coups hautement improbables. Puis vient ce que les spécialistes appellent « l’effet horizon » : k’homme ne peut pas calculer très loin, mais il peut « imaginer » la suite que pourrait donner son coup. Alors, je dirais qu’un joueur traditionnel n’est pas celui qui calcule le mieux et le plus vite, mais celui qui « sent » le mieux la direction que prendra la suite de la partie.

Ceci dit, tous les spécialistes s’accordent aussi pour dire que la qualité qui est le plus nécessaire à un bon joueur d’échecs, n’est pas sa capacité de raisonnement, sa logique, mais …. la mémoire ! Combinée à des heures de travail d’analyse, elle permet de retrouver dans les méandres de son cerveau les situations qui ont été analysées et d’y répondre en conséquence. Génie : 5% d’inspiration – 95% de transpiration !

34)
apollo
, le 14.06.2006 à 17:00

Cher Mr. T. antigolfeur épicurien ou alcoolo.

Tu devrais jouer au golf, car tu as droit à des rafraîchissements au 9ème trou lors de tournois: eau, boissons isotoniques pour les sportifs, vins pour les épicuriens, les déprimés, les nuls, …, sandwich. J’ai eu l’occasion de jouer au golf aux USA. Une 4×4 catering parcoure le terrain à la recherche d’alcoolos. Avec des amies, nous avons bu quelques bloody Mary, c’était très inspirant. Traîte de plaisanterie, le golf reste un sport très sérieux pour la plupart des joueurs. Le golf est un sport beaucoup plus psychologique que physique et n’est plus réservé à une élite. La Migros a démocratisé le golf en Suisse. Voilà l’occasion de débuter avec un caddy MBudget…

Au fait, tout sport de haut niveau ne requière pas spécialement l’intuition, mais plutôt une force mentale qui peut être améliorée par différentes techniques, tels que la sophrologie, le yoga, le training autogène, l’hypnose. L’intuition n’est également pas à confondre avec l’instinct qui est un comportement inné. Le terme d’intuition renvoie en général à une connaissance directe et immédiate, qui fait l’économie de tout processus explicite, en particulier du raisonnement. Le mot vient du latin intueri qui signifie : regarder attentivement, admirer, tenir compte de. La raison, qui s’oppose à l’intuition, dérive de ratio, qui signifie le calcul, et de là le sens d’un raisonnement, d’un processus conscient de pensée, où la  » vérité  » n’est guère donnée d’emblée. Donc, est-ce que l’intuition aurait accès directement à la vérité? Est-ce que le subconscient serait un sorte de filtre, de décodeur d’informations de quelconque source?

Le travail premier de l’intution est la disponibilité, celle de l’esprit et de l’être d’accepter des informations sans les juger, sans les soupeser. L’intuition est la manifestation d’un autre type d’activité, non moins pénible et méritoire, non moins productif et constitutif de la connaissance, que le travail tant célébré de la raison.

Actuellement lors de parties, mon intuition est sabotée et freinée par mon raisonnement qui ne m’aide guère. Au contraire, il remet en question chaque coup ce qui dérange considérablement mon adversaire. Cependant, je ne perds pas espoir. Je te ferai signe quand cette technique intuitive sera au point.

A

35)
Chichille
, le 14.06.2006 à 20:18

Je ne connaissais pas l’anecdote de Steinitz et Dieu, mais elle est magnifique ! Et tellement échiquéenne…

A propos de la diagonale du Fou (que j’ai vu, mais pas lu), l’histoire reprend bon nombre de faits authentiques (dont l’histoire du gourou, sauf erreur de ma part). J’avais été extrêmement ému par la scène finale où les deux ennemis, redevenus simplement adversaires, commencent une partie à l’aveugle (pour les non-joueurs, c’est une partie qui se joue sans échiquier, en annonçant oralement le coup joué, ce qui implique que les joueurs visualisent son déroulement dans leur tête).

A propos de la valeur des pièces et des coups atypiques, je sais qu’il y a une finale de partie où l’idée « de génie » du joueur a été de transformer un pion en cavalier plutôt qu’en reine ! Malheureusement, je n’ai pas de trace écrite de cette finale.
(A nouveau pour les non-joueurs : un peu comme aux dames, un pion qui a traversé tout l’échiquier peut être changé en une pièce de valeur supérieure. En principe, on choisit la reine parce que c’est la pièce la plus puissante, cumulant les déplacements d’une tour et d’un fou. Le cavalier se déplace de travers et est le seul à pouvoir « sauter » des cases occupées).

Quand même, il y a quelque chose de bizarre. On était sur les échecs au début, et on y est toujours. Cuk n’est plus ce qu’il était !

Bof ! Bof ! Bof !

36)
Guillôme
, le 14.06.2006 à 21:21

Disons que si je devais jouer les noirs… ça prendrait plus que 3 coups pour les blancs ne me mettre Mat (s’ils y arrivent) car cette exercice est ouvert…

Les blancs sont obligés de te mater ;)
Si tu es noir, la seule pièce que tu peux jouer c’est le fou, et le roi blanc est indélogeable.
Bref, noir à la main, son seul coup est de capturer la tour avec le fou, tout le reste conduit au mat en 3 coups…
Apres le fou blanc se déplace en c5, et là, je vais tranquillement faire mat avec le cavalier blanc (séquence f5;d4;b3 avec protection du fou pour la case noire) , le fou noir étant condamné à se déplacer sur la grande diagonale sans but :D

Total : 4 coups max si les noirs commencent :p
Effectivement, ça prend plus que 3 coups mais pas beaucoup plus ;)

37)
Hervé
, le 14.06.2006 à 22:25

@Chichille
Dans cette partie, en fait si le pion est promu à Dame, le roi adverse est pat. Donc pas d’autre choix que de prendre une pièce mineure et en l’occurence, le cavalier conduit au mat immédiatement

38)
ToTheEnd
, le 15.06.2006 à 00:34

Bref, noir à la main, son seul coup est de capturer la tour avec le fou, tout le reste conduit au mat en 3 coups…

Pas si vite… pourquoi son seul coup? C’est par parce que tu prends une pièce, même importante comme une tour, que c’est logique. En l’occurence, il y a encore une chance et pas des moindres puisque tu peux transformer un pion en reine (peu de chance, mais bon).

En l’occurence, je ne prendrais pas la tour… je laisserais mon fou là où il est et j’avancerais mon pion de 2 cases sur a4… histoire de laisser de la place à mon petit roi noir. Résultat? Je n’arriverai peut être pas à faire une dame et sauver tout le monde, mais ça te prendra plus que 3 coups pour me flinguer!

apollo: intéressant (y compris le truc sur intuition/instinct)… me réjouis de voir ce que ça donne dans la réalité. Tu nous tiens au courant?

T

39)
Hervé
, le 15.06.2006 à 00:42

En l’occurence, je ne prendrais pas la tour… je laisserais mon fou là où il est et j’avancerais mon pion de 2 cases sur a4… histoire de laisser de la place à mon petit roi noir.

Euh … tu peux me dire comment tu fais pour faire RECULER le pion NOIR de a2 à a4 ???? Un pion NOIR en a2 ne peut aller qu’en a1 !!!!

40)
Guillôme
, le 15.06.2006 à 08:28

je laisserais mon fou là où il est et j’avancerais mon pion de 2 cases sur a4…

Lol
Hervé a réagi avant moi :p
La norme veut que les noirs se déplacent de haut en bas, les blancs de bas en haut.
Maintenant, si tu inverses le sens, alors si les blancs commencent, le mat en 3 coups est impossible aussi ;)

41)
ToTheEnd
, le 15.06.2006 à 08:41

Alors ma faute… je ne sais pas pourquoi j’ai inversé l’échiquier… ça me paraissait mieux;-)

T

42)
Chichille
, le 15.06.2006 à 12:54

@ Hervé

Puisque tu connais cette partie, tu peux m’indiquer la position juste avant la transformation du pion en cavalier ?

Merci !

Bof ! Bof ! Bof !

43)
Hervé
, le 15.06.2006 à 12:57

@ Chichille

je ne suis pas sûr que ce soit une vraie partie ou un problème. Je vais fouiller ma bibliothèque, mais pas tout de suite, car nous préparons une petite action de promotion du club au cours de la Fête du quartier qui se déroule ce week end.

Mais je te tiens au courant

44)
Chichille
, le 15.06.2006 à 17:47

@ Hervé.

Ce doit être un problème. J’ai un souvenir assez lointain d’une rubrique « solution de problème » sur ce coup-là. Mais, bon, entre l’absence de doc et la mémoire qui flanche, comme chnatait si joliment Jeanne Moreau…

Bof ! Bof ! Bof !

45)
Hervé
, le 16.06.2006 à 01:18

@Chichille

C’est bien ce que je pensais, mais il y a vraiment des parties où cela s’est passé.

Pour les problèmes de ce genre, alors là, il y en a des centaines !

47)
Hervé
, le 11.10.2006 à 15:06

Je déterre cette humeur parce que j’ai bien ri en lisant cet article qui parle des championnats du monde qui ont lieu en ce moment même et qui ne se passent pas très bien:

Et si la tricherie électronique frappait l’univers des échecs?

Permets-moi d’être éminement sceptique face à cette “information”. Certes Deep Blue a battu UNE fois Kasparow, mais cet engin n’avait rien à voir avec un machin qui se cache dans la poche : c’était un véritable monstre de puissance. Kramnik et Topalov évoluent à des niveaux équivalents à celui de Kasparow (Kramnik a ravit le titre de Champion du monde à Kasparow), soit plus de 2700 points ELO. Un ordi de poche du genre de Chess Genius qui tourne sur mon Palm vaut environ 2000-2100 points, les gros programmes sur PC arrivent à 2300-2400 selon la configuration, la mémoire et le type de processeur. Donc ces gros programmes ont environ 5% de probabilité de battre un joueur de 2700 points, les programmes de poche, 1%. J’ai l’impression de Kramnik a meilleur temps de se fier à son talent qu’à une éventuelle machine.

Ce genre d’information me paraît plutôt ressortir au besoin de “sensation” des médias. Rien de mieux qu’un éventuel, possible scandale pour faire mousser une manifestation qui ne fait pas la “une”. Ah le beau temps des matches Fischer-Spassky, Karpov-Korchnoi ou Kasparow-Karpov : là au moins il y avait matière à intéresser le bon peuple. Et même, je me demande si le président de la FIDE n’a pas quelque chose à voir avec tout ce battage : c’est bon pour la pub et il en a drôlement besoin pour sa réélection qui n’est pas du tout assurée, heureusement oserai-je ajouter.