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GNUArt fête ses cinq ans!

Bien qu’officiellement ouvert le 18 janvier 2001, c’est le 17, date à laquelle une indiscrétion d’ACBM a dévoilé le pot aux roses, que la galerie GNUArt fête son anniversaire.

« Purin… 5 ans! »

GNUArt est une initiative privée visant à proposer une approche alternative des droits d’auteur. Discutée moult fois avec rms, a.k.a. Richard Stallman, le père de la Licence GNU GPL, ce à quoi carbure le Logiciel Libre, GNUArt découle d’une idée simple: Plutôt que de concevoir une licence libre à des fins artistiques, pourquoi ne pas en adapter une à l’Art?
La Licence Libre la plus évidente étant la Licence GNU GPL, celle-ci a été adoptée d’emblée. Il restait cependant à procéder à sa réinterprétation.

La Licence GNU GPL (Non, je n’utiliserai pas de diminutif!) est basée sur le code source d’une œuvre de l’esprit.

Elle en prescrit la libre distribution, aux conditions suivantes:

  • On ne peut empêcher ladite œuvre d’être copiée
  • Le distributeur de l’œuvre doit activement faire connaître la nature de la protection légale qu’il a choisie (on ne peut simplement garder ce fait sous silence: la notoriété de la Licence GNU GPL est une des raisons de sa puissance)
  • Toute œuvre dérivée doit elle aussi être explicitement placée sous la protection de la Licence GNU GPL
  • Toute œuvre dérivée doit mentionner l’œuvre originale ainsi que son créateur
    Ledit code source est décrit comme l’ensemble d’informations nécessaire et suffisant pour modifier ladite œuvre.

Donc, dans le cas d’une œuvre d’art, et comme il s’agit pour un spécialiste d’interpréter des informations sans ambiguïté et en toute exhaustivité, ledit code source peut être vu comme l’oeuvre elle-même.

Le site http://GNUArt.org en dit beaucoup plus sur le cheminement qui a permis de parvenir à cette simple conclusion, aussi ne m’étendrai-je pas davantage sur mon raisonnement.

Passé ce prédicat, tout est possible… À condition d’en rester aux œuvres virtuelles.
Par exemple, une statue en marbre de 15 mètres de haut ne peut être GNUArtée. On peut par contre en « libérer » un ensemble d’informations virtuelles (les points d’une image ou les coordonnées de vecteurs VRML la représentant, par exemple)…
Voici pour le principe.

Si, historiquement, ce site a été ouvert avec l’imprimatur de Richard Stallman, GNUArt ne dépend aucunement de la Free Software Foundation (FSF.org) qui a bien assez de ses propres activités. Richard Stallman a d’ailleurs avoué que même si cela ne l’étonnait pas vraiment, il n’avait pas tout à fait cerné l’adéquation de l’application de la Licence GNU GPL à des travaux artistiques et donc statiques.

C’est un sujet sur lequel nous avons longuement discuté ensemble. J’aurais pu me contenter de la GFDL (GNU Free Documentation License) mais les « Démos » chères aux Ataristes, Acornaticiens et Amigiens de ma jeunesse m’ont justement convaincu de la nécessité d’un modèle disproportionné de par sa puissance, certes, mais sémantiquement utilisable.

Qu’avons-nous alors?

Vu d’ici, 5 ans se sont passés. Nous pensions que GNUArt disparaîtrait de soi-même mais de régulières recherches sur Google ont permis de nous rendre à l’évidence: Vidéastes, musiciens, nouvellistes… De nombreux artistes placent, sans nous consulter, leurs travaux sous la protection de la Licence GNU GPL en mentionnant GNUArt comme le modèle dont ils ont adopté la charte…

Qui sont ils? Des « comme moi » : 35 ans, toutes leurs dents, ils n’ont jamais pu se résigner à bazarder, qui les enregistrements de compos de son groupe de rock, qui ses nouvelles ou les poèmes qu’il n’a jamais osé envoyer à sa Dulcinée… Qui ses premières photos. D’autres n’ont simplement pas la vocation de s’enrichir, juste d’offrir leurs travaux pour le sporadique plaisir de recevoir les encouragements d’admirateurs anonymes.
Tous ont eu devant la même réflexion: Ce n’est pas (forcément) parfait mais ça me plaît. Si ça ne plaît pas par ailleurs, ça inspirera au moins quelqu’un pour qu’il en fasse quelque chose.

GNUArt est désormais autonome, car financé par nos propres deniers et hébergé à nos frais. Ce qui nous différencie des autres:

  • Une galerie, optionnelle: Si vous manquez de place pour vos travaux, on trouvera toujours la place nécessaire à leur hébergement, ce qui permet de tenir une liste de ce que nous avons à offrir. La galerie tourne à 200 visites par jour… Un demi-gigaoctet de téléchargements quotidiens…
  • Le support de la presse sous formes de citations à droite et à gauche, de l’incrédulité aussi, certes, mais les faits sont là: Nous étions parmi les premiers. Même les Creative Commons sont des jeunots à côté de nous!
  • La liberté d’expression. Une œuvre dérivée n’étant pas l’œuvre originale, le créateur de cette dernière ne peut, selon nos termes, s’opposer à ce que l’œuvre dérivée soit contraire à sa vision originale. Si vous confiez un dessin de votre héros à notre garde, vous ne pourrez pas vous opposer à ce qu’un plaisantin en publie une version caricaturale, d’autant plus qu’il devra mentionner l’origine de son travail et la nature des modifications apportées, ce qui vous déchargera de tout malentendu. C’est en général la raison qui rebute nos nouveaux artistes même s’ils finissent toujours par se ranger à notre position.

C’est un choix que j’ai personnellement choisi d’appuyer, l’écriture d’un livre de poésie ayant coûté à mon père son incarcération dans un goulag durant les 6 premières années de ma vie.

À partir de là, on pourrait se demander pourquoi placer son travail sur GNUArt?
Pas pour l’amour, pas pour l’argent, pas pour la gloire… Il reste l’altruisme: Prouver au genre humain qu’on est du bon côté. Le reste est hautement spéculatif.

Zivôplé!

Si cette approche vous plaît, il y a de nombreuses choses que vous pourriez faire pour nous aider: Parlez de nous, téléchargez nos œuvres et faites les passer si elles vous plaisent, placez vos travaux sous notre protection… Nous aimerions bien des sous pour payer notre provider mais si vous parlez de nous en bien, nous serons déjà heureux… 

En conclusion …

GNUArt, c’est beaucoup à boire, beaucoup à manger. Les Philistins parleront de mauvais, de médiocre...

En fait, GNUArt, c’est ce que vous y mettez: Que ce soit abouti ou non, dites-vous que si ça a une chance d’inspirer un artiste, ou simplement de rassurer un de ces luddites qu’effraie l’uniformisation de la culture, alors il vaut mieux que ce soit partagé plutôt que d’en voir le créateur frustré. Je me plais à imaginer que, le progrès aidant, il ne faudra pas plus de 20 ans aux divers logiciels audiovisuels pour permettre l’optimisation automatique de n’importe laquelle des œuvres de la galerie: Ne jetez rien, et certainement ce que votre spontanéité vous a d’abord dévoilé comme des éclairs de génie!

GNUArt, c’est aussi des perles, comme l’étonnant Trafik Loik (du collectif musical « 24 »), qui nous a prématurément quittés à la Toussaint, lassé de ce monde.

Je voudrais lui dédier ce message.

13 commentaires
1)
satellio
, le 17.01.2006 à 02:43

Hop ! Prem’s !
Ma première place est placée sous licence GNU GPL, vous en faites ce que vous voulez, mais je dois être crédité ;-)

Excellent article, Mirko, et bien belle initiative. J’explorerai ça après quelques heures de sommeil, pour m’aérer la tête (je finis un travail pour des obsédés du copyright).

Bonne année à tous.

—–
J’ai toujours pensé qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis…

2)
Okazou
, le 17.01.2006 à 07:07

Il est vrai, satellio, qu’on est en droit de préférer le copyleft.

Merci Mirko, pour mettre les licences GNU en lumière sur cuk.ch. L’avenir passe immanquablement par cette belle façon d’envisager la vie.


Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.

3)
Mirou
, le 17.01.2006 à 09:15

Hum, moi je connais pas grand chose en droit d’auteur et tout ca…
Mais… je comprends pas très bien à quoi ca sert une licence « ouverte ». J’ai un peu la sensation que si ca ne protège pas, pourquoi s’enquiquiner ? Mais c’est probablement que j’ai pas bien compris…

mirou
mirou.blogs.com

4)
Inconnu
, le 17.01.2006 à 09:41

Si tu proteges tes oeuvres, tu t’assures qu’elles restent librement accessibles, sinon, elles tombent a la merci du premier requin venu.
Procedons a une analogie avec ces annonces où des gens « donnent contre bons soins » quoi que ce soit (un chaton, un ordi…).
Proteger ton oeuvre en utilisant une licence libre, revient au meme.
Imagine que tu annonces donner contre bon soins ton ordi… un Smacky historique et qu’un debutant en electronique le prenne pour le demonter et utiliser ses composants pour tester des alimentations defectueuses…
Ou alors si on te prend ton chaton pour le vivisectionner…
En art, cela reviendrait a utiliser tes creations de facon detournee sans te nommer et dans un contexte ou l’esprit dans lequel tu l’aurais cree serait floue.
Si tu proteges une creation, elle pourra toujours etre utilisee de facon detournee, mais la personne qui l’aura saccagee aura l’obligation de te citer en tant que source et de revendiquer sa denaturation tout en mettant en avant le fait que ton travail comme le sien restent libres.
Tu y preserves donc ta reputation ainsi que ta liberte de partager ton travail de manière désintéressée.

@ Work || @ Home

5)
Franck_Pastor
, le 17.01.2006 à 09:41

Ce genre de licence garantit que le produit qu’elle protège « restera » ouvert, libre d’être copié et redistribué comme bon nous semble. Sans elle, le produit pourrait être repris par quelqu’un (personne, entreprise…) qui le rendrait propriétaire, c’est-à-dire avec des conditions bien plus drastiques sur la copie ou la redistribution. Noter que la gratuité ou non du produit en question ne relève pas de ce type de licence.

6)
alec6
, le 17.01.2006 à 09:51

Merci Mirko de m’avoir fait découvrir ton site.

7)
Mirou
, le 17.01.2006 à 11:02

Ok maintenant j’ai compris !
Merci pour cette explication !

Mirou
mirou.blogs.com

8)
Inconnu
, le 17.01.2006 à 11:17

A moi de vous demander votre aide.
C’est serieux.
GNUArt coute cher a heberger (plusieurs giga octets d’espace disque, une enorme bande passante…)

J’ai donc besoin d’une reponse sincere et argumentee a la question suivante:

Ceci (voir en bas) est-il acceptable?

@ Work || @ Home

9)
Franck_Pastor
, le 17.01.2006 à 11:35

Quoi donc, exactement ? De faire une pub pour un sponsor ?

10)
Inconnu
, le 17.01.2006 à 11:39

Oui. La pub sur un site associatif proposant des ressources libres.

@ Work || @ Home

11)
Franck_Pastor
, le 17.01.2006 à 11:43

Je ne vois pas en quoi c’est gênant. Les questions financières ne sont pas couvertes par la GPL, que je sache. Pour moi, il n’y a aucun problème.

12)
Inconnu
, le 17.01.2006 à 12:11

OK, merci.
J’ai tache de ne pas les faire trop grosses ni au debut des pages…
Je veux juste donner aux anonymes bienveillants une occasion de contribuer d’un clicf.

@ Work || @ Home

13)
Le Corbeau
, le 17.01.2006 à 14:39

C’est un gros problème, toute action sponsorisée ou avec pub, peut entrer en conflit un jour ou l’autre avec le sponsor.
Toute le monde a des exemples de pressions exercées envers des association, journaux…
Il faut donc être très très vigilant sur le choix de ses annonceurs et chercher à rester le plus indépendant possible vis à vis d’eux
La seule vraie indépendance serait de s’en passer… ce qui reviendrait à faire payer un abonnement puisque tu n’est pas assez fortuné et c’est tout aussi risqué pécuniairement.
L’utopie c’est bien, mais en l’attendant, faut survivre ;-)