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De la télé-réalité à la réalité politique : dérives textuelles

Vous je ne sais pas, mais moi, quand j'ai une insomnie, je vais dans le salon, je prends un bouquin et j'allume la télé. Bon, je ne suis pas là pour vous vanter les joies des nouvelles de Maupassant sur fond de "Très, très chasse", mais parce qu'une récente insomnie m'a donné l'occasion de découvrir une ennième émission de télé-réalité sur M6 : le camp des fortes têtes. Déjà, j'avais trouvé que dans le style "retour aux bonnes vieilles valeurs", Le Pensionnat de Chavagnes faisait fort, mais là…

Le concept est simple : prenez des jeunes qui commencent à déconner, envoyez-les au fin fond d'une forêt canadienne et faites-leur subir une thérapie par l'aventure… (sic). Encadrez le tout avec des animateurs à la patiente inébranlable, ajoutez une pincée de "rituels" aussi artificiels que cathodiques, filmez, montez et diffusez.

Dans la pratique, c'est plutôt discutable. Rien que sur le choix des participants, j'ai du mal à voir l'intérêt "thérapeutique" de mélanger une neurasthénique à tendances légèrement suicidaires avec des rebelles attirés par la violence.  Et je trouve pour le moins discutable de confisquer les cigarettes de mineurs, sous prétexte de "respecter la nature" pour leur redonner le droit de fumer si leur comportement est satisfaisant. Et de les priver de leurs vêtements de ville. Je ne parle pas de la fouille des affaires personnelles, du contrôle et de l'écoute des échanges téléphoniques avec la famille…

Mais ce qui m'a vraiment fait tiquer, c'est une longue scène où les adolescents vont partir en randonnée, sans doute la première de leur vie. D'où une consigne de sécurité : enlevez vos piercings. Explication : vous pourriez l'accrocher à une branche et l'arracher. On aurait du mal à vous soigner correctement au milieu des bois… Bon, moi je veux bien. Même si j'ai du mal à croire que ces jeunes, lestés de sacs de moins de cinq kilos, puissent vraiment se faire du mal sur une randonnée d'initiation dont le dénivelé total doit être inférieur à 100 mètres. De plus, je croyais que le véritable danger du piercing, c'était la pose.

Ce qui faisait l'intérêt de la séquence, c'est qu'une jeune fille a refusé. Elle avait dû en baver, pour avoir son piercing de nombril. Alors pas question de le retirer au risque de voir le trou se refermer. On eu beau lui expliquer que la ceinture ventrale de son sac risquait de frotter sur le piercing et de l'arracher, avec tous les risques d'infection que vous pouvez imaginer, elle resta déterminée. La promesse de lui payer un nouveau trou ne fit rien à l'affaire. La négociation a dû s'éterniser longtemps. Très longtemps. Pour, les facilités du montage aidant à abréger, finir sur cette solution : elle retirerait son piercing mais, pour éviter que le trou ne se bouche, elle y mettrait un petit bout de bois.

Ah bon ? C'est plus propre, un bout de bois ?

C'est un peu la même chose dans le monde des adultes où nous vivons.

Dans un certain nombre de bus parisiens, on a installé des caméras vidéos. Avec un joli petit sticker qui justifie la chose : vous êtes filmés pour votre sécurité. À ce que je sais, les caméras ne disposent pas de petits bras musclés capables d'attraper et de retenir un individu qui me menacerait dans le bus. D'accord, je rigole. En fait, je suis tout à fait d'accord avec vous : ces caméras seront très utiles pour confondre les taggers et autres éventreurs de sièges récidivistes qui finiraient par se faire prendre. Mais c'est tout. Donc, c'est pour la sécurité du bus, pas pour la mienne !

Je sais bien que ce n'est qu'une petite dérive textuelle, une simplification du discours à des fins de communication. Le problème, c'est que cette simplification du discours tend à gommer la réalité du discours.

Tenez, un exemple. On vient de discuter au parlement - et d'adopter en urgence et en première lecture - un projet de loi anti-terroriste de plus. Comme on l'a fait bien des fois déjà. Parmi divers mesures (comme l'interdiction à des hooligans d'accéder aux stades pendant trois mois - article 15-C), on y trouve l'obligation renforcée pour les fournisseurs d'accès de conserver les données de connexion.

Je ne vais pas rentrer dans le détail du débat. Juste transférer, par une petite analogie, tout ce jargon d'informaticiens et de juristes vers des choses qui nous sont plus habituelles. Adaptons ces mesures de haute technologie à l'imprimé et voyons ce que cela donne :

  • Chaque fois que vous irez acheter un journal, votre adresse détaillée, celle du journal et l'heure seront notés par votre kiosquier.
  • Dans la mesure du possible, on enregistrera aussi le numéro de la page et le temps que vous passez à la lire.
  • Pareil pour les livres.
  • Et pour le téléphone.
  • Enfin, si vous passez par un copain pour éviter cet enregistrement (la paranoïa n'est pas illégale), c'est votre copain qui devra prendre les notes.
  • Ces notes seront conservés pendant un an et pourront être consultés par la police et la gendarmerie sans qu'un juge soit consulté.

Autrement dit, vous qui me lisez depuis la France, vous avez un poulet virtuel sur l'épaule. Oui, juste là.

  • lecteur énervé : Mais je m'en fous, je n'ai rien à cacher ! On vit dans une démocratie, pas dans un société fasciste. Alors, arrête ta paranoïa…
  • auteur plaintif : Je ne suis pas paranoïaque, mais ce n'est quand même pas de ma faute si je n'ai que des ennemis…

Plus sérieusement, cette réaction est à côté de la plaque. Le but de cette législation est de contrer le terrorisme. Or, comme le sait tout apprenti hacker de plus de 10 ans, il existe des moyens simples de ne pas être tracé sur internet. Pour 29,99 dollars par an, vous pouvez vous offrir les services d'Anonymizer qui va masquer toutes les opérations que vous ferez en ligne. Tout ce qui figurera dans l'enregistrement de votre fournisseur d'accès sera que vous vous êtes connecté au site d'Anonymizer. Rien d'autre.

Or, si un hacker débutant le sait, vous croyez qu'un vrai terroriste l'ignore ? Ou un policier qui connaît un tant soit peu internet ? Ou les attachés parlementaires qui ont préparé le dossier ? Bien sûr que non. Alors qui est visé, au juste, par cette législation ? Les grands escrocs, les truands (im)purs et durs ? Bah, ceux-là jouent dans une autre catégorie. Alors ? Les divers et innombrables petits délinquants plus ou moins potentiels ? Bien entendu. Nous ne sommes pas tous des terroristes, mais nous sommes tous traités comme si nous pouvions l'être. Le mot terrorisme n'est qu'un "argument de vente" pour une législation de surveillance de masse des utilisateurs d'internet. Si j'osais, je dirais que c'est un renforcement des outils de contrôle social.

Bien sûr, ce n'est pas très grave. Nous ne venons pas de basculer dans un régime fasciste. Ce n'est qu'une petite dérive textuelle de plus. Enfin, pas si petite que ça, puisque nous y avons gagné un poulet sur l'épaule (bonjour le guano).

Mais ça pose le problème de l'accumulation de toutes ces (petites) dérives textuelles. À la longue, la dramatisation et la simplification prennent un tel poids que les législateurs finissent par les prendre trop au sérieux et votent des textes non pas en fonction des problèmes, mais en fonction du discours ambiant.

On vient d'en vivre un exemple brûlant. Les banlieues parisiennes se sont échauffées. Des voitures ont cramé. Et on a décrété… l'état d'urgence. C'est quand même pas rien, l'état d'urgence. C'est une législation d'exception qui suspend des droits et des libertés publiques, réservée aux cas de péril imminent et de calamité publique. Sous un régime d'état d'urgence, vous pouvez être assigné à résidence, réquisitionné, interdit de séjour ou perquisitionné, y compris de nuit, sans mandat. Les réunions peuvent être interdites, les salles de spectacle fermées… Pour les détails, consultez la circulaire d'application.

Mai 68, qui avait été autrement plus conséquent, ne nous avait pas valu une telle mesure (détrompez-moi) !

Les parents plus forts que la racaille !
(vrai de vrai… cliquez sur la vignette pour voir l'état de la caisse)

Voilà donc qu'à force de parler de Karcher, de pédophiles et de terroristes, on mélange tout avec n'importe quoi. On prend son discours pour la réalité, et on légifère en conséquence. Alors je me demande ce qu'on ferait si le printemps prochain était chaud. La troupe ? L'expulsion des fauteurs de troubles hors du territoire ? Non, tout ça a déjà été proposé en novembre dernier.

J'ai une idée ! Des camps de rééducation par le travail. Enfermons les casseurs et forçons les à construire des autoroutes. Avantage : on revendrait ensuite ces autoroutes aux investisseurs étrangers. Autre avantage : ça diminuerait le nombre de chômeurs.

Cerise sur le gâteau, ça ferait une superbe émission de télé-réalité.

40 commentaires
1)
urbanose
, le 12.12.2005 à 02:21

Moi, quand j’ai une insomnie, j’fais une petite ronde des sites que je lis régulièrement, dont Cuk. Surtout que maintenant, Cuk est mis à jour à minuit.

Et là j’ai justement une petite insomnie.
D’ailleurs je vais me recoucher car, avec la fatigue, j’avais lu : « De la télé-réalité à la réalité politique : dérives sexuelles ». Ce qui m’a valu sans doute de lire le texte avec plus d’attention que d’habitude. :D

2)
yvmak
, le 12.12.2005 à 02:32

Ne pouvant pas résoudre un problème réel, disposant du pouvoir d’en créer de toute pièce, pourquoi ne pas en profiter ? C’est une façon de voir : saturation et distorsion du champ du réel. Peu de gens ont votre recul.
Merci pour cette humeur, magnifique.

yves toujours à l’ouest, parfois sur terre.

3)
Okazou
, le 12.12.2005 à 05:44

« Si j’osais, je dirais que c’est un renforcement des outils de contrôle social. »

Ose ! Si tu n’osais pas, tu aurais tort, c’est exactement ça et nous n’en sommes qu’au début. Eux, ils n’osent pas encore trop mais ça va venir grâce au silence des foules qui acceptent un peu et encore un peu plus…

Nous ne sommes pas encore sous un régime fasciste mais nous ne sommes déjà plus tout à fait dans une démocratie. Les Droits de l’homme sont grignotés et grignotés.

Les libéraux, ennemis jurés et dénonciateurs des staliniens et de leur régime nous amènent, par glissements successifs, presque en douceur, vers un régime autoritaire qui y ressemblera de plus en plus.

Attendez pour réagir et il sera trop tard. Nous n’aurons même plus la parole.

C’est de cette Europe que nous ne voulons pas et nos bulletins de vote leur sont restés en travers de la gorge. Demandez donc à Sarkozy…

La résistance, voilà notre arme. Le silence serait notre tombeau.


Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.

4)
Cosmike
, le 12.12.2005 à 06:46

Contrôler, encore contrôler : en Suisse, à partir de janvier 2006, des drônes surveilleront nos frontières…

5)
Yip
, le 12.12.2005 à 07:10

Je vois quand même un autre effet aux caméras dans les bus : la dissuasion, comme la présence de « poulets » au bord des routes améliore le comportement des conducteurs.

Profession médicale, je préférerais que nos chers dirigeant s’attaquent aux origines des problèmes plutôt qu’aux symptômes, mais visiblement ils n’arrivent pas à comprendre ça, entre autres choses…

6)
Charled
, le 12.12.2005 à 08:15

Cosmike = Il s’agit de grônes ou de Drônes ?

Yip = « Ils » ont compris mais, à court terme, ça coute beaucoup plus cher. Et puis il faut bien conserver une caste dirigeante financièrement supérieure…


Charled

7)
Inconnu
, le 12.12.2005 à 08:44

Il est bon de temps en temps, et même le plus souvent possible, de relever ce genre de situation.
Okazou, je pense tout à fait aussi ce que tu écris.
Nous assistons effectivement au glissement de notre société vers la tant redoutée société du Big Brother, une société policière. De toute façon, il ne faut pas se leurrer : à gouvernement ultra libéral, police toute puissante. Il faut bien protéger les riches…
En tout cas, un des objectifs du terrorisme a été pleinement atteint : faire se crisper les sociétés occidentales à tel point que leurs gouvernements montrent leur vrai visage…
On vit une époque formidable.

^. .^ GerFaut
=U= Equinoxiale
GerFaut c’est frais, mais c’est pas grave.

8)
Emilou
, le 12.12.2005 à 08:47

Démagogie ce pamphlet sur notre démocratie ébranlée. D’une part trop de répressions risquent de la tuer d’autre part un laxisme débridé ne peut que l’affadir donc à plus ou moins court terme la remplacer par un régime fort.
Je n’ai pas de solutions toute faites, mais j’en ai ralle bol de devoir par esprit de tolérance subir le mal être de certains jeunes mal intégrés dans une société perfectible, oh combien, mais qui n’a rien à envier à mille autres de part le monde. Marre de ne plus oser photographier Bruxelles, Paris, Londres car je risquerais de heurter le fanatisme religieux de quelques esprits étroits dont la religion n’est qu’un prétexte à foutre la m…. dans nos démocraties. Fatigué de vivre un racisme à sens unique et d’en arriver à me culpabiliser d’être de mon pays et d’y vivre correctement.
Je suis de ceux pourtant qui bénissent (et ce mot est de ma culture !) l’émigration pour toutes les richesses qu’elle nous apporte, je suis de ceux qui s’indigne de la politique de parcage, des ghettos, je voudrais que l’on ne parle plus de races, mais pour tous y compris moi-même qui suis gaulois de pure souche, enfin je n’en suis par certain car je suis né probablement un jour très lointain du croisement d’un gaulois et d’un africain où d’un martien copulant avec délice et amour, et, Dieu merci, mon sang n’a pu qu’y trouver son compte. Marre de voire notre police servir de bouc émissaire face à la brutalité imbécile de ceux de l’autre camp, mais il est de mauvaise presse que de vouloir faire l’apologie d’un certain ordre.
Mais cessons de trouver des excuses à ceux qui tuent de sang froid des pères de famille, et autre avanies, sans pour autant assouvir de primaires vengeances par des exécutions style moyen âge ou vague Texas, faut se garder de mièvreries petites bourgeoisie, vous les donneurs de leçons serez moins fiers quand des Le Pen, et autres émules d’Hitler refleurirons sur les cendres de notre démocratie si mal défendue. « Mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente » j’ajouterais à ces mots de G. Brassens, très lente.

9)
Caplan
, le 12.12.2005 à 08:58

Oui, Olivier. Tout ça est bien gentil et politiquement correct.

Mais il faut bien constater que la société tout entière se comporte comme la bande de copains au Café du Commerce. Bien assis devant leurs cafés, ils ont tous une bonne méthode pour éradiquer une bonne fois pour toutes la violence urbaine. Le problème c’est que, mis en face d’une déprédation ou d’une agression, ils vont faire comme tout le monde: paniquer!

Dans notre société, il y a des salauds de banquiers qui n’hésiteront pas à mettre un petit commerçant sur la paille en lui coupant les crédits.

Il y a aussi des salauds de pauvres qui n’hésiteront pas à foutre le feu à un petit commerce, mettant ainsi son propriétaire sur la paille (ce qui n’est pas conseillé en cas d’incendie…)

La société génère-t-elle des salauds ou naissent-ils comme ça? Ou les deux?

On en revient à ce que je disais au début: c’est la panique! La société fabrique des salauds et ne sait pas comment faire pour arrêter. Et quand c’est congénital, elle est démunie pour faire face. Alors on met des caméras partout, on espionne, on soupçonne, on brasse de l’air et tout bascule tranquillement du côté de la parano, ce qui n’arrange pas l’état de ceux qui sont déjà un peu déstabilisés.

Lorsque nous aurons un vrai projet de société avec son cadre et ses règles valables pour tout le monde, les choses s’arrangeront. Mais tant que le projet se résumera à « chacun pour soi et que le meilleur gagne », il y a fort à parier que les salauds de tous bords continueront de dicter des lois boiteuses à une société qui perd les pédales…

10)
Inconnu
, le 12.12.2005 à 09:12

En votant non au référendum sur la constitution européenne, les citoyens français se sont privés d’un bouclier de défense de leurs droits et libertés : la charte des droits fondamentaux, qui se serait vue doter d’une force contraignante sur les lois européennes et leur application dans les droits nationaux.

Tous les actes de l’Union européenne auraient été soumis à la conformité à une charte qui établit une liste de droits humains la plus complète, la plus moderne et la plus exhaustive au monde. Cette charte garantissait notamment le principe de non-discrimination, l’égalité entre l’homme et la femme, la protection des données à caractère personnel, la liberté de circulation et de séjour, la protection de la santé (avec le droit le droit d’accéder à la prévention), etc. La Cour de justice aurait dû vérifier la conformité des actes de l’Union européenne à la Charte, et les citoyens auraient pu la saisir lorsqu’ils s’estiment lésés par l’application d’une loi européenne, et notamment de sa transposition dans le droit national, qui serait contraire à la Charte.

Ainsi, les lois nationales issues de transpositions de lois européennes — et cela représente plus de la moitié des textes adoptés par les parlements nationaux — auraient dû vérifier une double constitutionnalité.

Celle propre à l’État membre : en France, seuls les parlementaires peuvent former des recours devant le Conseil constitutionnel, qui procède alors à la vérification de la conformité à la Constitution française.

Et celle propre à l’Union Européenne : une personne physique ou morale, s’estimant lésée par l’application d’une loi européenne, et notamment de sa transposition dans le droit national, peut saisir la Cour de justice (article III-365). Cette procédure de saisine directe, souvent promise aux citoyens français, n’est toujours pas possible pour le Conseil constitutionnel : c’eût été une faculté nouvelle donnée aux citoyens.

Alors, bon, n’accusons pas l’Europe de nos dérives françaises…

Sans parler du fait que le non n’a pas vraiment permis un infléchissement des politiques européennes : j’ai bien plutôt l’impression que l’Europe est complètement en rade. Et le libéralisme s’en porte d’autant mieux, puisqu’il a moins de comptes à rendre !


LC

11)
drazam
, le 12.12.2005 à 16:05

Tous ces sauvageons terroristes, je te les priverais de droits et les enverrais en kamps de réédukation, dans une cabane au Canada tapie au fond des bois qu’on appelerait Guantanamo, pour rire, avec des caméras constamment rivées sur eux pour la sécurité, et des épeuves d’élimination hebdomadaires, tout ça consultable sur écran de télé 24h/24h. J’en bave d’avance.

12)
Olivier Pellerin
, le 12.12.2005 à 16:16

Ose ! Si tu n’osais pas, tu aurais tort…

Non, je n’ose pas le dire ! Pour la bonne raison que cet outil (la conservation des données de connexion) n’est pas efficace. C’est désagréable et tout ce qu’on veut, mais ça ne marche pas pour un contrôle massif. Car ces données ne sont pas transmises automatiquement à la police. Il faut que la police aille chercher les informations, individu après individu, FAI après FAI. Et ça change tout. Voir l’avis de la CNIL , qui est subtil.

Je vois quand même un autre effet aux caméras dans les bus : la dissuasion…

Parfaitement exact. Mais combien de temps ça marchera ? Les petits voleurs ne seront pas très long à comprendre qu’une caméra n’agit pas, qu’elle est parfois en panne et qu’il n’y pas souvent quelqu’un derrière… Ils n’auront plus qu’à remonter les cagoules.

…il faut bien constater que la société tout entière se comporte comme la bande de copains au Café du Commerce…

Ta formule est excellente. Oui, nous avons une politique de café du commerce ! Rôle « positif » de la colonisation inscrit dans la loi, décret d’État d’Urgence quand ça tangue dans certaines banlieues, etc. Ces réactions sont disproportionnées… Sans vouloir le moins du monde excuser ceux qui tuent de sang froid ! (Emile Verschueren)

Cette politique du café du commerce traduit à la fois le désarroi idéologique de nos politiques et le nôtre. Car nous sommes en désarroi : il n’y a qu’à voir qu’une partie de la gauche française a voté non au référendum constitutionnel européen pour des raisons strictement opposées à celles d’une partie de la droite. Et vice-versa.

La seule idéologie qui fonctionne actuellement est celle du café du commerce. C’est celle de Le Pen : des solutions simples et radicales. Faut-il rappeler qu’il a battu la gauche au premier tour des dernières présidentielles ? Aucun de nos politiques modérés ne veut que cela puisse se reproduire.

Il y a donc surenchère pour « récupérer » les adeptes de cette idéologie et les voix du FN. En tête de course, le petit Nicolas, dont l’action est approuvée par 97% des électeurs FN. Mais aussi, et là est le désarroi, par 44% des sympathisants PS (voir le sondage) . Est-ce pour cela que le PS ne s’est pas prononcé sur l’État d’Urgence ?

13)
Saluki
, le 12.12.2005 à 16:28

Olivier

Est-ce pour cela que le PS ne s’est pas prononcé sur l’État d’Urgence ?

Ils avaient bien mieux à faire: « Père François, garde-toi à droite, Père François, garde-toi à gauche ».
J’ajouterai: garde-toi aussi devant et derrière, dessus et dessous.

Comment voulez-vous que des « élites » tellement déconnectées de la réalité des peuples et des choses puissent avoir un semblant de lucidité? Ils ne prennent ni le RER D ni le RER tout court, non plus que les bateaux de la SNCM.
Quand un rare ministre (Begag) se risque à prendre le train, il se fait tacler par le contrôleur !


Du MacPortable à l’Alubook, en quinze ans je suis devenu plus sage.

14)
Blues
, le 12.12.2005 à 16:33

1984 ! George Orwell avait vu juste

… et nettoyez-moi cette racaille au Kaercher :-)

15)
alec6
, le 12.12.2005 à 16:34

Laurent !
je suis bien d’accord avec toi. J’ai pourtant fait partie de ceux qui pensaient dès le début qu’il fallait voter Non à ce texte comportant bien des défauts et que je croyais rédibitoires… A quinze jours de l’échéhance j’ai néanmoins changé d’avis, de manière diamètralement opposée ! Un des arguments des « nonistes » étant l’aspect « veut tout dire et son contraire »… ce qui signifiait en d’autres termes que chaque Etat pouvait adpater la lecture de ce texte à ses intérêts, du moins dans un certain cadre. Si l’aplication des textes ne convenait pas, alors il fallait changer de gouvernement… c’est ce que l’on nomme la Démocratie.

Aujourd’hui il n’y a rien en face, n’en déplaise à Okazou, il n’y a pas de plan B, même pas de plan Blair comme certains le craignaient. Rien. Rien qu’un gâchi et le sentiment qu’une occasion de construire l’Europe et d’aller de l’avant est perdue pour pas mal d’années…

Une petite digression au passage.
Des milliers de voitures ont brûlées en qq jours. Pourquoi ? J’ai trois enfants (et ceux qui en ont connaissent la chose), quand l’un d’eux ne peut obtenir l’objet de sa convoitise, il le détruit ou tente de le faire.
La voiture aujourd’hui n’est plus, depuis longtemps déjà, un moyen de transport uniquement, c’est avant tout un statut social. La plupart des objets que nous possédons tiennent aussi ce rôle là. N’oublions pas le fameux slogan de Carrefour « avec Carrefour je positive » soit « sans Carrefour je négative » ou encore « sans consommer je n’existe pas « .
Quoi de plus « normal » dès lors de détruire ce que l’on ne peut obtenir ou du moins de s’attaquer aux symboles de notre civilisation : la bagnole, le centre commercial, etc, etc.

Faut il en conclure que « la société de consommation » est mère de tous les vices et que disparition nous apportra le bonheur ? Sûrement pas ! Faut-il excuser ses comportements ? Encore moins !

Peut-on faire un rapprochement avec le NON d’une partie des électeurs du mois de mai ? peut-être…

Désolé d’être aussi pessimiste, mais j’ai le sentiment que notre modèle de société touche à sa fin, non seulement parce qu’il laisse une part croissante de gens sur carreau (malgrè une « croissance » continue depuis des décennies, la pauvreté perdure et s’installe), mais surtout parce qu’il est incapable de répondre à la crise énergétique qui se prépare (épuisement du pétrole) et à la crise environementale qui sourd (réchauffement, pollution, biodiversité en danger, espèces en voie de disparition…).

Alexis… comme d’ab !

16)
Emilou
, le 12.12.2005 à 16:56

Concernant le « non » français qui a merveilleusement fonctionné par la suite, je le trouve toujours aussi consternant que ravageur. Faut pas attendre que l’Europe devienne un idéal pour la soutenir quand bien même le fameux texte incriminé fût loin d’être parfait. Nous n’étions pas pieds et mains liés pour autant par le « oui » quoiqu’on en dise. Ravageur, l’Europe a pris du plomb dans l’aile et nous n’y avions, n’y avons pas, non plus, vraiment intérêt, consternant car c’est une bourgeoisie de gauche style Fabius qui a présidé à ce massacre en nous faisant croire qu’il n’y avait pas d’amalgame entre la saga de la droite et l’avenir de l’Europe. Evidemment, des Louis XVI, Napoléom, Pétain, Laval semblent manquer à d’aucuns en France.

17)
Saluki
, le 12.12.2005 à 17:33

Alec 6
Il est difficile de faire le rapprochement autre que conjecturel (et je ne dis pas conjoncturel) entre les émeutes et le vote NON.
Pour la bonne raison que les boutefeu n’ont pas voté …car pour le faire, il faut avoir eu la démarche de s’inscrire sur les listes électorales. Qui rappelle, ces jours-ci, qu’il faut le faire avant la fin de l’année pour ceux qui ne sont pas inscrits ?
Tu as changé d’avis avant le vote, c’est la preuve que tu es responsable et conscient qu’on ne vote pas à la légère, que c’est au meilleur de ton discernement. Cependant, ton petit vote comme le minuscule mien n’a rien changé à l’affaire…

Emile
Fabius n’est pas « bourgeois de gauche », il est bourgeois point barre. Tout comme la plupart des théoriciens du Grand Soir, du reste.
Et ça ne me gênerait pas s’il(s) n’étai(en)t pas faux cul !


Du MacPortable à l’Alubook, en quinze ans je suis devenu plus sage.

18)
look
, le 12.12.2005 à 18:13

Pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu je vous conseille l’excellent « Globalia » de JC Ruffin edité à la nrf !! si vous voulez voir notre avenir…il est en marche… moi je vais enterrer une kalach dans mon jardin il faudra peut etre s’en servir un jour…

19)
Okazou
, le 12.12.2005 à 18:47

Ouistes de droite et de gauche, vous avez la mémoire courte, très courte. Il semble de plus en plus clair que vous n’êtes victimes que de vous-mêmes et votre incapacité à faire évoluer vos analyses après ce vote relève à l’évidence de causes endogènes. Ouvrez donc les yeux, retrouvez votre liberté de penser — c’est-à-dire de contester vos propres points de vue — et cessez une bonne fois de penser que nous sommes le problème alors même que nous sommes le début de la solution. Vous aviez subi un problème d’aiguillage et nous ne souhaitions pas voir le train dérailler.

Nous avons déployé une foule d’arguments d’une variété jamais atteinte pendant que les ouistes bégayaient quand ils ne nous insultaient pas, incapables qu’ils étaient (et qu’ils restent !) à engager un débat sérieux — c’est-à-dire démocratique — avec nous. Le (tout) dogme rend con. Nous attendons toujours le premier argument des ouistes. Comme le rappelle Saluki, les élites (autoproclamées) sont parfaitement déconnectées du réel ; elles ne comprennent plus rien au peuple qu’elles sont sensées guider. Dans ce cas de figure, c’est au peuple de devenir chien d’aveugle et en France, pour des raisons qui tiennent probablement à l’histoire, le peuple fait ça très bien. C’est le chien qui donne le susucre au « maître ». Encore est-il nécessaire que ledit « maître », non content d’être aveugle (aveuglé par le clinquant du dogme), ne soit devenu sourd (le cri des sirènes libérales), de surcroît ; ce qui est toujours le cas si l’on en juge par les pitoyables comédies mancelles d’il y a peu où le seul à n’avoir ni les yeux chassieux ni les oreilles bloquées de cérumen s’est trouvé éjecté du tortillard social-libéral au terminus des incompris par la clique des autistes ambitieux.

Vous oubliez aussi que le seul autre pays honnêtement consulté sur le sujet, les Pays-Bas, a également refusé l’abominable traité. Ne me sortez pas, s’il-vous-plaît, vos Espagnols d’une poche et vos Luxembourgeois de l’autre, on avait présenté au peuple espagnol un traité tronqué, expurgé de ce qui, précisément, a fâché les Français. De plus les Espagnols se sont abstenus en très grand nombre, conscients qu’on se foutait d’eux. Quant au Luxembourg, ce demi-département français plein aux as et truffé de banques, sa décision n’avait rien d’un choix, poussé qu’il était par le chantage éhonté d’un politicien apprécié (!) qui avait mis son départ dans la balance, façon De Gaule mais en plus petit.
Enfin, il est plus que probable (les sondages étaient nets) que si d’autres pays avaient été consultés par référendum le non aurait été général. Les Européens ne sont pas et ne veulent pas devenir des Zaméricains.

Alors que faire ? Exiger plus que jamais la démocratie, toute la démocratie. Ne pas lâcher une once de démocratie aux Sarkozy (Bush en plus petit) ni aux Hollande (Blair en version douce avec double camouflage). Nous avons, trop gentiment et trop longtemps (30 ans), avalé tant de couleuvres au nom du libéralisme qui « nous vous l’assurons » allait améliorer tous les domaines de la vie que la queue de la dernière couleuvre nous dépassant encore de la gorge nous a empêché d’avaler la couleuvre suivante. Vous savez, c’est ce moment exact où passer un compromis de plus revient à se compromettre.

Si, par exemple, vous vous étiez donné la peine de lire attentivement, consciencieusement, le livre de Jacques Généreux Manuel critique du parfait Européen, cette simple lecture d’un ouvrage clair, honnête et parlant, cet effort somme toute modeste, vous aurait ouvert le regard.

Nous avons avec lucidité évité le pire.


Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.

20)
Okazou
, le 12.12.2005 à 19:13

Petite réponse à Laurent Chéno :

Le problème ne se situe pas en matière de droit et d’arrangements politico-économiques mais en terme de morale de vie.

Ce funeste projet n’envisageait rien moins qu’établir pour seule valeur celle de la compétition permanente et tous azimuts entre peuples de l’Europe et des individus européens entre eux.

Est-il vraiment nécessaire, désormais, de rappeler que l’homme n’est pas né pour s’opposer à l’homme ?

Voir l’Europe en juriste se guérit très bien en comparant le projet de traité européen avec les Constitutions Américaine ou Française. Le premier s’adresse aux juristes, les secondes aux peuples.

En passant, j’ai le plaisir d’annoncer à ceux qui ne le sauraient pas qu’Harold Pinter s’est déclaré à Oslo pour la mise en route d’un procès des deux grands bandits internationaux Bush et Blair accusés conjointement du meurtre de dizaines de milliers d’innocents en Irak.
Relisons Pinter, il aide à comprendre le monde.


Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.

21)
Olivier Pellerin
, le 12.12.2005 à 19:38

Belle(s) diatribe(s) contre les ouistes, Okazou, mais l’entousiasme ne l’emporte-t-il pas sur la raison ?
La France a voté non. Non non à beaucoup de choses, beaucoup plus que la seule question posée. Dans le désordre : non à Chirac, non à l’Europe (le non de droite), non à l’ultra-libéralisme (un certain non de gauche), non au paysage politique français et j’en passe…
Ne fais-tu pas un « kidnapping » de vote ? Ou alors, explique-moi, si’il te plaît, les points communs entre le non de Villiers et le tien (par exemple).

22)
Okazou
, le 12.12.2005 à 20:07

La différence entre le NON de l’agité du bocage (vendéen) et le-nôtre c’est la différence entre un NON nationaliste, rabougri, raccrapoté sur lui-même et génétiquement réactionnaire, et un NON européen de sauvegarde et d’exigence. Nous voulons une Europe profondément démocratique, ouverte et exemplaire. Une Europe construite sur un projet social et résolument politique. Une Europe qui choisira un système économique pour répondre à un projet politique et social, non pas l’inverse. Une Europe pour les peuples, pas pour les firmes ni les intérêts financiers.

Une Europe qui ne met pa la charrue avant les bœufs et ne marche pas sur la tête comme elle le fait actuellement.

Il n’est tout de même pas difficile de comprendre que si nous répondons NON à un projet ou à un homme ce n’est pas par plaisir de dire NON mais parce que ce qui nous est proposé ne peut en aucun cas nous convenir. Leur succédané d’Amérique, nous n’en voulions pas.

Notre NON était ainsi le plus beau OUI qui soit à l’Europe.


Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.

23)
ToTheEnd
, le 12.12.2005 à 20:19

Ouais… bof.

Moi j’aimerais plus de précision sur cette phrase:

Il y a donc surenchère pour « récupérer » les adeptes de cette idéologie et les voix du FN. En tête de course, le petit Nicolas, dont l’action est approuvée par 97% des électeurs FN. Mais aussi, et là est le désarroi, par 44% des sympathisants PS (voir le sondage). Est-ce pour cela que le PS ne s’est pas prononcé sur l’État d’Urgence ?

C’est quoi le désarroi? Tu es triste de voir que la gauche approuve aussi « fortement » les mesures de Sarko, la droite bientôt plus à droite que Le Pen? Ou quoi?

Si c’est ça que tu penses, c’est lamentable.

Tu continues de penser droite/gauche ou autrement dit; blanc/noir (1/0). Mais après 9’200 bagnoles brûlées en 21 jours, des dizaines d’infrastructures cramées et un pauvre type de 46 ans qui a été battu à mort par des merdeux devant sa femme et sa fille, que fallait-il faire? Attendre que la « racaille » mette le feu à un EMS ou un hôpital et qu’il y ait 200 morts?

Ou alors présenter un plan de relance pour les jeunes des banlieues?

Je signale juste au passage qu’on stigmatise à outrance ces jeunes à qui on ne donne pas de travail pour des raisons aussi diverses (et injustes, ça va de soi) qu’il y avait de cheveux sur la tête de Bob Marley.

Les faits sont que le chômage tourne à presque 10% sur la France mais qu’il touche particulièrement 20% des jeunes et presque 40% d’entre eux dans les quartier dits « difficiles ». Le problème est, je le concède, plus important dans ces quartiers, mais serait-il juste que 20% des jeunes de tout le pays brûlent tout pour se faire entendre?

Oui, il faut s’occuper des jeunes comme des vieux et des autres… Toutefois, pour moi, ça doit se faire dans le droit et dans un état souverain! Rien de bon n’est jamais sorti de l’anarchie et opposer un état d’urgence à ces émeutes étaient la seule réponse possible à ce moment là…

Aujourd’hui, avec le retour au calme, il me parait évident que des réponses concrètes doivent être apportées à tous ces problèmes de société mais j’aimerais que les politiques se battent moins comme des enfants. C’est-à-dire que ce ne soit pas un combat droite/gauche.

Les politiciens représentent le peuple et doivent oeuvrer ensemble pour apporter des solutions à ce dernier.

Sorti de ça, je trouve la politique futile et infantile.

T

24)
Inconnu
, le 12.12.2005 à 20:22

Quelques petites remarques, en passant…

– les élus PS ont voté CONTRE la prorogation de l’état d’urgence (voir ici : au Sénat :
http://www.senat.fr/seances/s200511/s20051116/s20051116003.html#VOTEETATURG
à l’Assemblée nationale :
http://www.assemblee-nationale.fr/12/cri/2005-2006/20060060.asp

Il y a même eu demande d’un scrutin public à l’Assemblée, donc on peut lire la liste nominative des POUR et des CONTRE. C’est ici :
http://www.assemblee-nationale.fr/12/scrutins/jo0858.asp

– à Saluki, je crois bien que l’inscription des jeunes sur les listes électorales est aujourd’hui automatique. Ou bien est-ce que je me trompe ?

– Quand Okazou dit « Nous attendons toujours le premier argument des ouistes. », je trouve vraiment qu’il exagère. En plus, moi je n’ai jamais traité personne de noniste. Qu’il soit gentil d’éviter lui aussi les gros mots ;-) (je ne suis pas plus libéral que lui !).

Quand Okazou cite l’exemple des Pays-Bas, je suis beaucoup plus inquiet : la campagne pour le non aux Pays-Bas a été ouvertement, explicitement, xénophobe. J’espère qu’il ne partage pas ce point de vue.

Enfin, concernant les « valeurs » de l’Union, dois-je rappeler qu’en votant non au TCE, nous avons voté non à une nouvelle définition des valeurs, parmi lesquelles : pour la première fois dans l’histoire de l’Union européenne, les États ont choisi d’asseoir l’existence de l’Union européenne sur des valeurs, parmi lesquelles l’égalité, le respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités, et la non-discrimination. Les notions d’égalité et de non-discrimination figurent également dans les objectifs. Le traité reconnaît ainsi le caractère impératif et absolu de toutes ces valeurs en tant que critères du comportement démocratique des États membres et des États qui souhaitent devenir membres de l’Union et le rester.

Et puis surtout, quel avenir aujourd’hui pour l’Europe ? quelle influence pour la France ? où est le plan B ? où l’infléchissement anti-libéral ?

Allons, je retourne à mon Mac, et j’attends mon Nikon D200.

Laurent

26)
vindicatif
, le 12.12.2005 à 22:12

« sorti de ça ,je trouve la politique futile et infantile »
alors là cher totheEnd,tu disais beaucoup de conneries mais en plus tu termine en beauté…
ton discours,je le connais par coeur,il m’écœure,me révolte… partout le monde souffre,se déchire,et toi comme beaucoup d’autres tu as tes raccourcis simplistes,mais qu’est que tu connais de la souffrance d’un arrière petit fils d’immigré algérien qui depuis 40 ans traîne derrière lui le poids de son origine,tu accepterais toi ,de génération en génération,
n’avoir comme seul logis,des cités miséreuses,tu accepterais comme travail a vie:manutentionnaire,serveur chez mac-do,car l’école souvent t’oriente bien vite vers des cap ou bep même si tu as les capacités pour aller vers l’université.
d’ailleurs le peu,d’origine immigré,qui accède aux études supérieures se voient stoppés net dans leurs ambitions ,par leur nom,leur couleur et d’autres critères qui sont inacceptables pour des postes a hautes responsabilités…
mais cela n’est pas seulement valable pour les personnes d’origines immigrés,il est aussi valable pour les femmes qui en France on eues le droit de vote il y a seulement 60 ans et qui dans le monde du travail sont aussi discriminées qu’un petit fils d’immigré,c’est aussi valable pour les homosexuels,pour les handicapés…
j’ai voté non a Maastricht,non aux dernières élections européennes,j’emmerde lepen et ses semblables(de villiers-sarkosy)
ceux qui ne voit pas ou nous mène le libéralisme sont des cons et des triples cons…
cachez vous derrière vos écrans plats ,la guerre et la misère y parait plus lointaine…
c’est vrai que quand on l’a prend en pleine gueule ,ça change tout.

27)
Saluki
, le 12.12.2005 à 22:47

Okazou
Une fois dépouillés (quel beau vocable…) ton « non » et celui de l’agité du bocage font deux « non » indistincts et le peuple ou les citoyens n’y retrouvent pas leurs petits…

Laurent
Après avoir posté…j’ai écouté un footeux et un acteur humoriste dire qu’il fallait aller s’inscrire sur les listes… J’étais pionnier, en quelque sorte.
ça me fait une belle jambe. Vertubleu, quel galbe.

Et pendant ce temps là, les gens essaient d’avoir un RER pour rentrer chez eux.
Tout barre en couille: la « défense du service public », c’est la défense bec et ongles des petits avantages des mini nantis. Ceux qui roulent en Maybach n’en ont même pas conscience: comment peut-on revendiquer des « droits acquis » du temps de la traction au charbon!
Et une Vanquish au gazogène, tiens.

28)
Olivier Pellerin
, le 12.12.2005 à 22:56

Okazou, je comprends bien tes raisons d’avoir voté non. Je ne vois toujours pas ce qu’elles ont de commun avec celles du vicomte, ni avec celles d’autres opposants… Me concèdes-tu que ce Non au référendum était un peu disparate ?

TTE : l’état d’urgence était la seule réponse ? Les Maires des communes concernées ont des pouvoirs de police assez conséquents, pourtant. Et ils peuvent faire appel à la Police Nationale pour appliquer leurs arrêtés. À défaut, les Préfets peuvent se substituer.

Je ne sais pas si tu as lu les articles de la loi sur l’état d’urgence, mais quand un législateur parle de « péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public » et « d’événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique » ça me semble réservé à des situations bien plus graves. Du genre guerre civile et catastrophe majeure (tout Feyzin qui saute, par exemple).

S’il fallait décréter l’état d’urgence chaque fois qu’un innocent est tué par des sales cons ou des voitures brûlent, on n’en sortirait jamais, de l’état d’urgence !

En revanche, tu m’inquiètes. As-tu vraiment écrit que les jeunes flambeurs de novembre représentent 20% des jeunes français ? Parce qu’alors là, c’est pas l’état d’urgence qu’il nous fallait décréter, c’est la loi martiale !

Enfin, cette dernière taquinerie mise à part, tu m’inquiètes réellement quand tu dis que « Les politiciens représentent le peuple et doivent oeuvrer ensemble pour apporter des solutions à ce dernier. Sorti de ça, je trouve la politique futile et infantile. » Soit tu es d’un idéalisme confondant, soit tu n’as pas étudié le sujet plus d’une seconde…

Laurent : ce que je reproche au PS, c’est de ne pas s’opposer ouvertement à l’état d’urgence. Rien sur la page d’accueil de leur site web, pas d’appel au Conseil Constitutionnel, pas d’appel à manifester… C’est le service minimum !

29)
Okazou
, le 12.12.2005 à 22:58

Se retrouver épinglé sous l’étiquette Ouiste (majuscule de rigueur) n’a tout de même rien de déshonorant, Laurent. Simple facilité d’écriture, rien d’autre, et je ne me sentirais nullement offusqué si tu me déterminais en Noniste. Nos visions sur l’Europe sont ainsi antagonistes, voilà tout. Et certainement irréconciliables tant l’Europe projetée par les Ouistes est effrayante de médiocrité, de manque d’ambition, de laisser-aller.

Tu donnes toi-même un exemple de cette pauvreté :

« […] pour la première fois dans l’histoire de l’Union européenne, les États ont choisi d’asseoir l’existence de l’Union européenne sur des valeurs, parmi lesquelles l’égalité, le respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités, et la non-discrimination. Les notions d’égalité et de non-discrimination figurent également dans les objectifs.

C’est bien le minimum du minimum, ça, non ? Vraiment pas de quoi s’extasier ! Encore heureux que les Droits de l’homme soient reconnus ! Tu penses sérieusement qu’on aurait pu nous proposer moins que ça ?

Quant au plan B, outre la référence aux bonnes lectures de Nicolas, il reste celle que je donnais plus haut : Manuel critique du parfait Européen par Jacques Généreux.
Il est évident que tu ne l’as pas lu car tu y aurais trouvé les bases d’un plan B. Comme chez d’autres auteurs, d’ailleurs. Le problème des Ouistes est avant tout d’avoir refusé de s’intéresser aux thèses nonistes alors même que nous devions, nous, être attentifs et subir les pauvres propos répétés à l’envi des Ouistes : au moins 60% des émissions télé et radio étaient dédiées au OUI. Scandale démocratique que je ne t’ai pas vu dénoncer ; mais peut-être l’ignorais-tu ? Dans ce cas je te renvoie à la lecture proposée par Nicolas et, dans un genre plus sérieux mais suivant le même cap, contre vents et tempêtes : Acrimed .

Naviguer sur Acrimed permet de ne pas quitter le cap de la raison.


Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.

30)
Okazou
, le 12.12.2005 à 23:10

> Olivier
Pas plus de disparité chez les nonistes que dans l’union sacrée entre partis de droite et PS !

Si Le Pen est un fieffé salopard, nombre de ses électeurs sont de petites gens plongées dans la gêne ou le désespoir par les aléas de la politique menée ou prônée par les élus de tous bords. Un nombre non négligeable sont passés sans se poser de questions du PCF au FN. Le désespoir mène à tout. Surtout au pire.


Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.

31)
Inconnu
, le 12.12.2005 à 23:19

Et bien non, Okazou, je suis au regret de te dire que tu dis des bêtises.

Dans l’état actuel de l’Union, où c’est le traité de Nice qui fait foi, tu as tort. Et il n’y a pas à tortiller là-dessus.

[cite]
Citation:
« […] pour la première fois dans l’histoire de l’Union européenne, les États ont choisi d’asseoir l’existence de l’Union européenne sur des valeurs, parmi lesquelles l’égalité, le respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités, et la non-discrimination. Les notions d’égalité et de non-discrimination figurent également dans les objectifs.

C’est bien le minimum du minimum, ça, non ? Vraiment pas de quoi s’extasier ! Encore heureux que les Droits de l’homme soient reconnus ! Tu penses sérieusement qu’on aurait pu nous proposer moins que ça ?
[/cite]

Le traité de Nice ne garantit pas ces valeurs pour l’Union européenne. Ou alors, prouve moi le contraire !

Et je note que tu ne réponds jamais sur les bienfaits que nous aurait apporté le vote NON.

Mais bon, j’avais dit, en mai dernier, que je ne polémiquerai pas davantage.

Je ne répondrai donc pas plus loin …

De toutes façons, l’Europe aujourd’hui n’est plus qu’une ombre, dont seuls les protectionnistes, les xénophobes et/ou les gauchistes (mais c’est un peu pareil) peuvent se réjouir…

Laurent,
qui essaiera de faire avancer l’Europe, malgré tout… parce que je suis vraiment internationaliste, anti-libéral, et … socialiste !

32)
socio
, le 12.12.2005 à 23:21

C’est intéressant à lire,
toutes ces « dérives textuelles » sur le oui/non au traité sur l’Europe.
C’est instructif aussi,
puisque ça vient apporter de l’eau au moulin de l’argumentaire de départ.
Et si on revenait à nos moutons ?
c’est à dire à cette panique
et à cette surenchère rhétorique
qui s’installe en politique,
même à propos de l’informatique.

Comme l’a dit x…
ne pas respecter les mots, c’est ajouter à la confusion du monde.

PS: quelqu’un a-t-il le nom de l’auteur (et la citation litérale) ?

françois

33)
Inconnu
, le 12.12.2005 à 23:31

Désolé, François. Je te demande pardon. Je n’aurai pas dû répondre…

Je suis d’accord pour constater que la Loi devient, en France, « bavarde » : il s’agit de plus en plus souvent de sortir un projet de loi en guise de plan de communication.

Cela dit, ton rappel à l’ordre – justifié – m’a rappelé l’expression « sortir des clous », et me fait poser une question – il est vrai assez étrangère à ce débat : aïe, aïe, je vais encore me faire gronder ! – :

quelqu’un d’entre vous aurait-il encore une photo de ces « clous » qui autrefois, du moins en France, délimitaient les passages piétons ?

et, autre question : ces clous ont-ils jamais existé en Suisse ?

Laurent, désolé d’avoir craqué, et qui jure, mais un peu tard, qu’on ne l’y reprendra plus …

34)
Olivier Pellerin
, le 12.12.2005 à 23:52

quelqu’un d’entre vous aurait-il encore une photo de ces « clous » qui autrefois, du moins en France, délimitaient les passages piétons ?

Facile !
image
C’est 4 euros (HT) chez http://www.direct-collectivites.com.

35)
ToTheEnd
, le 13.12.2005 à 01:22

Olivier Pellerin: non, tu ne m’as pas compris. J’ai dit que 20% des jeunes (moins de 25 ans) en France étaient au chômage et que dans les banlieues sensibles, ce même indice monte à 40%. Mon postulat partait donc du fait que ce n’est pas que dans les banlieues que le chômage frappe les jeunes et que ce n’est pas pour autant que les 20% de jeunes chômeurs français foutent le feu à tout.

C’est vrai, il faut être con pour vouloir prendre des photos de lampadaire avec sa famille pendant que des jeunes s’expriment… C’est vrai que la fille handicapée qui a failli mourir brûlée vive parce que des jeunes s’exprimaient en foutant le feu au bus où elle était c’était con de sa part.

Et puis ta prochaine intervention, ça va être quoi? Que les filles qui se prennent des tournantes dans les cités l’ont peut être mérité?

Bon, et puis si les maires auraient tout pu régler tout seul, pourquoi est-ce qu’il a fallu attendre ce décret? Parce que Sarko aime passer à la télé je parie. Bien sûr, il ne te vient pas 1 seule seconde à l’esprit que ça aurait pu être à cause que la situation devenait gentiment immaîtrisable. C’est tout à cause du méchant Sarko, il a bon dos lui aussi… comme tous ceux qui ont bons dos quand ils font quelque chose qui ne plait pas à la gauche.

Enfin, peut-être pourrais-tu parfaire un peu mon éducation politique en m’expliquant pourquoi il y a eu des conflits sociaux plus ou moins graves avant l’arrivée de Sarko sur le devant de la scène politique (depuis 3 ou 4 ans sauf erreur). J’imagine que tout ou presque allait mieux en France pendant que Sarko n’était que maire de Neuilly-sur-Seine de 1983 à 2002. Qu’il retourne dans sa banlieue de nantis alors et la France se portera mieux!

Mais tu as raison, je ne suis qu’un naïf qui aimerait bien qu’on passe à la sixième république et plus généralement, que la politique évolue vers ce pourquoi elle a été créée.

Mais quelle utopie hein? Vaut mieux continuer de se mettre sur la gueule entre la gauche et la droite aeternam avec le peuple au milieu… quel beau tableau d’avenir, plein d’espoir (autant que ces belles cités françaises hein?).

vindicatif: alors voilà. C’est vrai, je ne sais pas de quoi je parle. Bon, je pourrais te dire que je suis moi-même un fils d’immigré, qu’on s’est moqué de moi pour mon bronzage du sud, mon nom et mes origines qui n’avaient pas très bonnes réputations à l’époque. Je pourrais aussi te parler des conneries que j’ai fait quand j’étais ado et enfin que j’ai du travailler plus que certains nantis pour y arriver…

Malheureusement, je crains qu’à tes yeux tout cela semble futile et encore plus quand on pense qu’en Suisse, ça fait à peine 20 ans que les femmes ont le droit de vote. Ce dernier élément doit faire de nous un exemple d’ouverture… hein?

Bref, oui, oui mes camarades, tout le mal de cette société réside dans le libéralisme. C’est lui qui fait que tout va mal dans la société depuis la nuit des temps, c’est lui qui nous rend con et c’est lui qui nous tuera tous parce qu’on n’y peut rien.

J’ose à peine conclure ceci: on cherche toujours une excuse, une raison unique à un problème alors que le nombre de solutions est proportionnelle au nombre de problèmes. Alors oui, si ça vous arrange mes petits gauchos, je veux bien être le responsable du dérapage de cette magistrale humeur et de ses merveilleuses interventions.

J’ai un slogan pour la prochaine campagne de la gauche: vive l’ouverture.

T

36)
Emilou
, le 13.12.2005 à 08:29

« Vous oubliez aussi que le seul autre pays honnêtement consulté sur le sujet, les Pays-Bas, a également refusé l’abominable [/b], nous dit Okazou[/b], après le non bêlant des français, car les hollandais savent où se trouve leur intérêt, pas con les gars.
Le tonus de ce forum montre la déprime tintée de nervosité de fin d’année, qui disait dans ces lignes, « les français parlent trop »[/b], Dieu que c’est vrai.
Allons ne soyez pas si noir, l’Europe, les EU, …….sont en pleine déliquescence, Rome à mis quelques siècles avant de s’autodétruire, espérons fort égoïstement, et l’homme restera toujours ce qu’il est, il n’a jamais vraiment progressé depuis le début, courage et surtout ne nous indignons pas trop de ce nous voyons de nous même chez les autres.

37)
alec6
, le 13.12.2005 à 10:05

TTE,
Une petite correction tout de même : le couvre feu n’a pas été appliqué (et encore moins réclamé) dans les villes où les événements furent le plus « violents ».
Qu’on en déduise ce qu’on veut !

Une petite anecdote. Dans mon patelin d’origine (10 000 h sous préfecture d’un département de 150 000 h !)) « des éléments incontrôlés » on mis le feu à la salle des spectacle « F. Mitterrand »… d’après la gendarmerie, ils sont originaires d’une autre ville. A noter que dans ce département les émigrés sont pour la plupart britaniques ou flamands à la retraite, qu’il n’y a pas de « cités », pas de « banlieues », une densité des plus faibles en Europe… (le XXe ardt de Paname est plus peuplé !)…
A lire l’événement, on est en droit de se poser des questions… et je ne suis pas loin de me demander à qui profite le crime. Cela n’excuse pas l’incendie de milliers de voitures ailleurs, on est bien d’accord, mais rajouter de l’huile sur le feu ne serait pas nouveau sous notre soleil, tout le monde se souvient de la fiole brandie par le secrétaire d’Etat américain à l’ONU, sensée contenir quelque arme chimique produite par monsieur Hussein !

Pour prendre un peu de recul, ne peut-on pas rapprocher les événements que connaissent les australiens depuis hier ou avant hier, où l’on voit s’affronter les blancs plutôt riches à des pauvres plutôt bazanés… Souvenons nous aussi des craintes émises par nos voisins européens de voir les incendies de banlieues se propager chez eux…

Ce que je reproche à l’ultralibéralisme TTE, n’est pas la libre entreprise, la privatisation des fabricants et marchands de casseroles ou une certaine loi du marché, mais sa propension depuis quelques années à enrichir les riches et appauvrir les pauvres, à accroître les différences, à baisser les impôts, à supprimer les services publics nécessaires (eau, énergie, transport, éducation, santé et recherche…), à imposer ce système au reste du monde avec une ouverture des marchés qui ne profitent qu’aux plus riches.
Le problème ne s’arrête pas à la sortie des banlieues.

En revanche je crois que nous n’avons d’autre choix que de « faire de la politique » et faire confiance à nos élus quels qu’ils soient.
La démocratie ne s’use que si l’on ne s’en sert pas dit-on. Certains n’attendent que ça pour accéder au pouvoir. Si un Le Pen est arrivé au second tour des présidentielles, ce n’est pas tant par la vertue de son score, que par la dispertion des voix de gauche et l’abstention croissante.

Okazou, je persiste à dire que voter NON était une erreur, car il n’y a rien d’autre à la place, malgré les dire de J. Généreux. Rien.
Quant à la droite extrème au pouvoir, elle n’a rien à faire des « signaux » du peuple et des résultats des élections… rien à foutre ! Elle nous emmerde et prend sa revanche.

Alexis… comme d’ab !

38)
François Cuneo
, le 13.12.2005 à 11:39

Désolé, François. Je te demande pardon. Je n’aurai pas dû répondre…

On est bien d’accord que le « François » dont tu parles, ce n’est pas moi!:-)

39)
ToTheEnd
, le 13.12.2005 à 13:59

alec6: voilà pourquoi j’aime parler avec un gaucho comme toi! Tu as autre chose à servir que du réchauffé militantiste de base…

Imagine-toi que je partage ton point de vue sur bien des points et j’aimerais essayer de développer 2 ou 3 trucs:

La privatisation est positive sur plus d’un point comme tu le dis car pour moi, elle ouvre l’accès à des biens que le « minier » du début du siècle n’aurait même pas pu rêver.

La pauvreté augmente et c’est vrai, sur le long terme, ça fait soucis. Je ne suis pas tellement d’accord sur l’idée reçue que « quelques-uns » pillent l’Etat à hauteur de centaines de milliards d’euros. Cette impression fait partie de l’inconscient populaire mais les faits sont limpides: le budget de l’Etat français s’est monté à 284 milliards d’euros pour 2004… alors parler de centaines de milliards, ça me parait « sur-mega-over-exagéré ».

Mais je ne nie pas le problème. Comme je ne nie pas le poids de la dette française. De 1974 à 2004, la dette est passée de 13% du PIB à 65% du PIB… ou autrement dit, à 1.1 trillion d’euros (c’est 1’100 milliards si jamais). En sachant que les intérêts se montent à plus de 4%, ça signifie que l’Etat paye (vous en fait) plus de 40 milliards d’euros par an… et c’est juste les intérêts hein. Un gamin qui naît demain naît avec 16’000 euros de dette sur la gueule! Tu parles d’un bon départ! Dans peu de temps, vous n’aurez rien à envier aux américains! Dingue!

Quid de la question du con: que pourrait-on faire de cette somme par année pour les banlieues et/ou l’enseignement en France?

Je sais, dans un pays qui compte 60 millions d’habitants et 25 millions de travailleurs, un fossé se creuse pour les 2.7 millions de personnes au chômage et les 1.3 millions de personnes qui touchent le RMI (je ne parle même pas des millions de « working-poors »).

Une des raisons c’est que nous achetons tous des produits made in China ou je ne sais quel coin du monde où les employés sont payés 20 euros par mois pour 60 ou 80 heures de travail par semaine. Bien sûr, si tu veux acheter européen, tu peux prendre de l’Armani « Made in Italy » mais à 1’000 ou 2’000 euros le costard, ça va pas être possible pour tout le monde. D’ailleurs il est probablement assemblé en Italie pour bénéficier de l’étiquette mais tout vient de là-bas.

J’entends déjà certains gauchos: y a qu’à taxer à mort les importations. Ouais, bien sûr, pour se retrouver avec un T-shirt aussi cher que s’il était fabriqué en France? Et puis après, quand la Chine augmentera en représailles les taxes d’importations sur les produits français, il se passera quoi? C’est Boeing qui dira qu’elle a vendu 150 avions à la Chine et pas Airbus! Je ne parle même pas de vos Citroën, Peugeot et Renault (argh!) qui se vendront aussi chers qu’une Ferrari!

Oui, la globalisation amène une délocalisation de la production et ce même si le baril venait à atteindre le prix de 100 dollars (à $200, je pense que ça aura une influence).

Par conséquent, il y a au moins deux réactions possibles face à ce phénomène: le repli sur soi et la fermeture hermétique (dans les deux sens) des frontières (un peu sur un bon vieux modèle soviétique quoi… je sens que certains frétillent!). Ou on change un système éducatif qui n’a pas évolué depuis des décennies et on fait tout pour générer de la matière grise (oui, tout en étant conscient qu’il n’y a pas un Einstein ou Jobs dans chacun de nous).

Mais voilà, le dernier qui a essayé de changer les choses à ce niveau là, c’est M. Laurent Lafforgue, médaillé de Fields (genre le prix Nobel de Mathématique) et nommé au Haut Conseil de l’Education (HCE) début novembre… et forcé à démissionner quelques jours plus tard à cause de ses visions sur l’enseignement!

Voilà, j’ai à nouveau été trop long et j’imagine que j’ai encore dit « que des conneries ». Mais mon camarade A me connaît et il sait que j’aime dire des conneries.

En conclusion, comprendre c’est déjà difficile mais changer, c’est pour beaucoup impossible. C’est aussi le fond du problème.

T

40)
Saluki
, le 13.12.2005 à 15:34

TTE et Alec6

Dans le village voisin du nôtre, Chervey, ce sont trois gamins qui ont voulu faire « leur » propre cinoche et ont saccagé l’école…
Les parents ne sont pas exactement des damnés de la terre, mais des viticulteurs…champenois. Densité de population voisine de celle du Gers, pas black, pas beur. Et pourtant Le Pen a fait un score en 2002!

La mondialisation a déjà connu une première vague quand les nations européennes se sont goinfré les ressources de leurs colonies. Aujourd’hui c’est un peu le sens inverse, mais il y en a -genre sub sahel- qui se sont fait tondre ET par les colonisateurs ET aujourdh’ui par leurs petits copains qui eux ont assimilé plus vite les règles du jeu après leur émancipation. Attention, je ne dis pas que c’est bien ou mal, la morale n’a rien à voir là dedans.

En Chine, il y a plus de riches bien plus riches qu’en France, c’est pourquoi les marques de luxe s’y ruent. Il y a aussi les paysans sans terre auprès de qui ceux d’amérique du sud font figure de nantis: c’est là que ça pètera avant longtemps.

La taxation des importations est bien une foutaise de fumeux, il faudrait des taux à 1000%: il n’y a pas de rapport « décent » entre le PRI (prix de revient industriel) d’un tee-hirt de marque sportive et son prix de vente au public. Rendu port européen il tourne autour de 1 euro 25. Je sais que les douanes ajoutent à la valeur déclarée une « valeur marketing et commerce », mais quand tu payes ton maillot de foot 130 euros, il reste de la gratte.

La mondialisation détruit des emplois d’un côté: la limite est quand il n’y a plus de contrepartie d’achat. Trop d’emplois détruits ne permettent plus d’acheter les produits fabriqués ailleurs.
Dire que l’on remplace des emplois non qualifiés – on parle toujours de l’exemple textile- pour les remplacer par des emplois plus qualifiés est une tartuferie: il sort bien plus d’ingénieurs informaticiens en Inde chaque année qu’en France. Il sont bons programmeurs et parlent anglais, certes avec un accent, mais mieux que moi.

On a bien parlé des plombiers polonais. Il y a mieux et moins visible, ce sont les ingénieurs textiles roumains qui travaillent aujourd’hui au Maghreb et ont chassé des « bons » consultants européens avec des prix …roumains.

Bon, je retourne à la mine…


Du MacPortable à l’Alubook, en quinze ans je suis devenu plus sage.