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Les Corbeaux sur nos plaines

Je voudrais aujourd'hui vous parler d'un livre qui m'a beaucoup touché, et que je viens de terminer.

Juste avant, pour placer ce roman dans le contexte de cette humeur, j'aimerais préciser que j'ai entretenu un rapport avec l'Allemagne pour le moins tendu dans ma tête, et cela jusqu'à il y a quatre ans.

Né en 1959, je n'ai pourtant pas vécu la guerre, et n'en ai personnellement pas souffert. Donc je n'avais pas à avoir du ressentiment envers la population allemande, sauf que je m'étais promis de ne jamais mettre les pieds dans ce pays, qui, toujours dans ma tête, avait été capable de déclarer trois guerres mondiales en une centaine d'années.

Le paroxysme de ma non-tolérance a été atteint lorsque j'ai vu au cinéma la liste de Schindler. Le film s'est terminé à 23 heures, à deux heures du matin, au lit, je pleurais encore de rage, comme jamais je ne l'avais fait auparavant. Comment l'homme peut-il être aussi cruel, comment tant d'atrocités ont pu être faites simplement parce qu'on en avait donné l'ordre?

Et puis, avec Caplan, nous sommes partis réapprendre l'allemand à Berlin, pratiquement sur l'ordre de notre école, il y a quelques années. Et là, j'ai rencontré dans cette ville géniale des gens absolument adorables, tolérants, à l'écoute, respectueux de l'autre, cultivés et pas trop stressés. En quelque sorte, ça a été une gifle, dont je me souviendrai si par hasard mes tripes essaient encore une fois de prendre le dessus sur la raison.

Je retournerai en Allemagne, c'est certain, et désormais, je vois les choses autrement. Tant mieux.

Le roman dont je veux vous parler aujourd'hui, paru aux éditions Bernard Campiche, est signé Anne Cuneo, que vous lisez souvent en humeur sur notre site.

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Anne et son frère, qui est mon père, ont vécu la guerre en Italie lorsqu'ils étaient petits. Ils en ont souffert tous les deux, comme tant d'autres. Leur papa en est mort, et leur vie en a été profondément chamboulée.

Fin de la mise en contexte.

Les Corbeaux sur nos plaines, c'est l'histoire d'Elena, 14 ans, qui le 18 juin 1944, voit ses parents se faire assassiner en représailles par l'armée allemande alors en Italie, qui se fait violer par les soldats assassins, et finalement est laissée pour morte sur le chemin.

Elle est sauvée par un groupe de résistants, et reste dans une ferme isolée jusqu'à la fin de la guerre, où elle s'occupera entre autres de blessés de guerre.

C'est l'histoire de Max, ou plutôt de Frédéric, officier allemand, qui a tué sous les ordres de ses supérieurs, qui y a cru, et qui soudain se rebelle, déserte et sauve des centaines d'innocents.

Frédéric est blessé, et Elena doit s'occuper de lui pendant plusieurs jours, en restant le plus éloigné possible de ce qui reste pour elle "l'ennemi absolu", même si ses amis le voient comme un héros qui à lui seul, par ce qu'il représente, rachète le comportement d'une grande partie de la population allemande.

C'est l'histoire de leurs retrouvailles, en 1953, sur les bancs de l'université de Lausanne.

C'est l'histoire impossible de leur amour, qui a pour fondement le règlement de leurs problèmes personnels. Elena qui n'a jamais accepté son viol, qui l'a toujours évacué de sa tête, et Frédéric, qui vit rempli de culpabilité d'avoir été ce qu'il a été, ayant cru un temps que son comportement héroïque allait l'absoudre de ce qu'il avait fait avant, alors qu'il n'en était rien.

L'histoire est passionnante, elle montre une petite chrysalide devenir papillon, enfin, et sortir de la prison qu'elle s'était créée pour mieux se protéger.

Elle nous promène de Lausanne à Florence, en passant par la Lombardie.

Comme le dit Anne dans sa postface:

« Par ailleurs, Les corbeaux sur nos plaines tombe peut-être à point pour commémorer à sa manière l’Armistice dont c’est le soixantième anniversaire et la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le plus grand carnage du XXe siècle. À sa modeste façon, il rappelle que, de Verdun à Berlin, de l’Algérie au Vietnam, de l’ex-Yougoslavie à l’Irak, ceux qui vivent les guerres n’en sortent jamais indemnes. Quels que soient leur nationalité, leur situation, leur âge, qu’ils appartiennent au camp des vainqueurs ou à celui des vaincus, ils en portent à jamais les stigmates. »

L'histoire de ce livre en tant que tel est également incroyable et se trouve être le centre de la postface du livre, qu'on lit avec plaisir comme une sorte de bonus DVD.

En fait, Les Corbeaux sur nos plaines est le tout premier livre d'Anne Cuneo, alors qu'on croyait qu'il s'agissait de Gravé au diamant son premier grand succès. Ce premier livre oublié, qu'elle avait cherché à faire publier à Paris, au milieu des années soixante.

Ce premier livre un peu maladroit au départ, qui lui avait permis d'entrer en contact permanent avec Simone de Beauvoir.

Et puis, malgré une tentative de réécriture partielle un peu plus tard (qui avait plutôt détérioré l'histoire), Les Corbeaux sur nos plaines est resté perdu dans les méandres sans doute d'un déménagement.

Et pourtant... Il y a quelques mois, Anne est tombée un peu par hasard sur l'original du roman, tiré sur un stencil violet pâli par les années.

Pour l'anecdote, Anne Cuneo a bien essayé de le scanner pour le faire lire par un programme d'OCR, mais la qualité du tirage était bien trop mauvaise.

Elle l'a donc recopié (avec Nisus, sur son mac), et s'est lancée dans une opération de restauration du texte en coupant les longueurs, corrigeant les italianismes, retirant les jugements de valeur qu'elle ne pouvait s'empêcher de faire à l'époque), et dans la réécriture de la fin du livre.

Anne m'a dit l'autre jour, quand je lui disais à quel point ce livre m'avait touché, qu'elle elle était convaincue que les gens qui n'avaient pas vécu la 2e guerre mondiale n'y trouvraient aucun intérêt. Or il se trouve que non seulement les gens dans la quarantaine sont touchés, mais les jeunes, entre vingt et quarante ans le sont aussi, immensément plus qu'elle ne pouvait l'imaginer.

Voilà. Pour moi, ce livre est important. C'est tout.

Si je peux faire une petite remarque off line à mes proches: s'il vous plaît, n'achetez pas ce livre, ce sera mon cadeau de Noël 2005.

ANNE CUNEO
LES CORBEAUX SUR NOS PLAINES

Un récit
200 pages.
ISBN 2-88241-159-6, EAN 9782882411594

Diffusion en France dès le 15 novembre 2005

 

21 commentaires
1)
Franck_Pastor
, le 17.11.2005 à 06:50

Il y a une diffusion en Belgique de prévue ? je viens de me balader sur le site de l’éditeur, ça n’est pas mentionné :-(

Mais on peut peut-être commander par Internet…

2)
Mathieu Besson
, le 17.11.2005 à 07:14

En passant chez Payot l’autre jour, j’ai dû interdire à ma douce moitié de l’acheter. J’ai bien fait, on l’aurait eu à double dans un mois…

On se réjouit de ne l’avoir pas lu, et de le recevoir bientôt.

:-)

Mathieu + Gene

3)
Jilam
, le 17.11.2005 à 07:34

François, bien que je l’ai lu, je n’ai pas vu « La Liste de Schindler » par crainte d’un traitement trop « hollywoodien » de l’histoire : peux-tu me dire ce qu’il en est?
Je sais bien que j’exagère avec mon « hollywoodien », mais vu la façon de tourner de Steven Spielberg, je m’attend au pire… [c’est un réalisateur que je n’apprécie pas trop à cause de sa façon de plomber une bonne histoire pour en faire du « tout public »]

Sinon, dans la catégorie des films qui coupent le souffle et font réfléchir, je te conseille « Amen » de Costa-Gravas (rapports entre Chrétiens/Juifs, Église/régime Nazi; états de conscience de divers impliqués…) et « Le Pianiste » de Roman Polanski (celui-ci est pire avec certaines scènes absolument insoutenables dans le sens où elles montrent assez « frontalement » des atrocités, mais surtout parce que l’on sait que cela s’est réellement produit : un film très dur).

Nous venons de nous projeter à nouveau « Amen » et il ne perd pas son intérêt, même quand on connaît l’histoire (et la fin); au contraire, ayant plus de recul par rapport à la narration, on apprécie d’autant plus la mise en scène et l’intelligence des dialogues (et de la réflexion).
« Le Pianiste » est programmé pour notre prochaine séance. Mais là il faut être prêt, c’est comme « Sonate d’Automne » de Bergman : mieux vaut ne pas être dépressif avant de lancer la lecture, car à la fin du film, cela peut être dangereux! (-;

/Jlm qui serait bien intéressé par le livre d’Anne Cuneo.

4)
Blues
, le 17.11.2005 à 08:15

j’aimerais préciser que j’ai entretenu un rapport avec l’Allemagne pour le moins tendu dans ma tête, et cela jusqu’à il y a quatre ans……..
Né en 1959, je n’ai pourtant pas vécu la guerre, et n’en ai personnellement pas souffert. Donc je n’avais pas à avoir du ressentiment envers la population allemande…….
Anne et son frère, qui est mon père, ont vécu la guerre en Italie lorsqu’ils étaient petits. Ils en ont souffert tous les deux, comme tant d’autres. Leur papa en est mort, et leur vie en a été profondément chamboulée…….

Ben tiens … pour moi c’est un peu pareil….

Ma mère (Grecque) et quelques autres membres de sa (ma) famille (en Grèce) ont été emprisonnés comme « communistes » (ils ont subi divers sévices, voir tortures) pendant l’occupation allemande en 43-44 …. j’ai donc « aussi » été à bonne école pour entretenir un rapport tendu avec ce peuple … Par contre, chez moi, cela a de la peine à passer (une impregnation profonde) ;-) Ce qui n’empêche pas, que j’ai été plusieurs fois danc « le » pays, et que mon meilleur pote est est originaire de « là-bas » ! … NB: je sais bien au fond de moi-même que le pourcentage de « fadas » et de « gens bien » est identique pour toutes les nationalités-races.
——-
Je n’ai pas en encore lu « Les Corbeaux sur nos plaines », mais cela ne saurait tarder… Grand merci de nous l’avoir résumé !

5)
Jilam
, le 17.11.2005 à 08:24

[…] que le pourcentage de « fadas » et de « gens bien » est identique chez toutes les nationalités-races.

Bien que je sois d’accord avec toi dans le fond, l’utilisation du terme « race » me choque : il n’est pas question ici de chien ou de cheval mais bien d’êtres humains!
Et je crois en l’égalité des Hommes…

/Jlm.

6)
Blues
, le 17.11.2005 à 08:29

on va pas « chipotter ;-)
on dit bien de race « blanche », « noire » , etc… aurais-je dû dire « de couleur » ?

7)
Jilam
, le 17.11.2005 à 08:33

De « race » à « racisme » il n’y a qu’un pas, c’est la même « racine »… (-;

/Jlm.

8)
Jilam
, le 17.11.2005 à 08:36

Un lien intéressant : le terme « race » sur le site de l’ ATILF (Les Trésors de la Langue Française).

C’est d’ailleurs un site à conserver dans vos signets!

/Jlm.

9)
ToTheEnd
, le 17.11.2005 à 09:26

Personnellement, j’ai aussi trouvé le film Schindler’s List très touchant même si l’histoire n’est qu’inspirée de la vrai vie de ce gars.

Perso, j’adore Spielberg! Les films AI et d’autres sont excellents.

Pour le livre, et bien bravo pour cette édition tardive! Que le succès vienne récompenser ce long « accouchement ».

T

10)
Le Corbeau
, le 17.11.2005 à 09:39

Je proteste avec la dernière énergie sur l’utilisation de mon nom dans le titre :
1) c’est de la publicité mensongère, il n’y a visiblement rien sur moi là dedans
2) cela donne une mauvaise image de ma personne,
3) je n’ai même pas été pris comme consultant.

11)
couclown
, le 17.11.2005 à 09:57

1) je n’avais jamais compris pourquoi mes parents avaient choisis de me naturaliser Suisse alors que je n’étais âgé que de 3 mois (né Allemand en Suisse, mais à l’époque on prenait la nationalité du père). 30 ans plus tard, je comprends, mais le coup ne vient pas de là ou je pensais qu’il viendrait.

2) j’ai toujours apprécié que de toutes les atrocités commises pendant la guerre, celles de alliés soient rarement mises en avant; comme les 400’000 civils tués par les bombardements dans les villes allemandes, dont la majorité l’ont été délibérément durant quelques nuits du début 1945.

3) j’apprécie encore plus le maintient grâce aux cérémonies de commémoration d’un sentiment de culpabilité sur le peuple Allemand, plus de 60 ans plus tard (heureusement, ça commence à changer et les cérémonies se transforment en cérémonie de souvenirs pour les morts quel que soit leur pays)

Sans oublier ce qui s’est passé afin que ça ne se reproduise plus (en tout cas en Europe, parce que dans le reste du monde, c’est pas gagné), il est temps de passer à autre chose et de ne plus jeter de l’huile sur le feu avec des introductions pareilles!

Salutations

12)
6ix
, le 17.11.2005 à 10:21

Je suis beaucoup trop jeune pour avoir vécu la guerre et ses conséquences directes.

Cela dit, les musées et sites « de guerre » que j’ai visités cet été durant des vacances en Normandie ne m’ont pas laissé de plomb. Profitez d’aller voir le musée à Caen, pour ceux que cela intéresse, c’est vraiment très bien, et très touchant. Cela concerne essentiellement le débarquement, bien entendu, dans cette région, mais ce musée est très complet, il est facile d’y passer plusieurs heures, avec des films… sans mot, dois-je dire, il faut juste les voir.

Un livre intéressant égalemen que je suis en train de lire, spécifiquement sur le débarquement, est « Ils arrivent » (nom traduit de l’allemand), le débarquement vécu du côté allemand. Une autre manière de voir cette guerre, et un super livre je trouve.

13)
Saluki
, le 17.11.2005 à 10:30

Beaucoup d’entre nous, lecteurs/contributeurs de cuk sont issus de familles aux parcours complexes…et migratoires, sans doute une explication de la générosité qui irrigue ces pages au quotidien. Et des chamailleries qui peuvent naître ici ou là et s’apaiser comme elles ont surgi.
Pour ma part, le jour de leur mariage, mes parents ont fui la Sardaigne enfascisée quand une moitié de la famille, possédante, a été proprement estourbie par l’autre moitié qui guignait les terres, mais arborait une sinistre (et pourtant «sinistre» signifie bien «gauche») chemise noire… Ils n’y ont jamais remis les pieds et je ne les ai quasiment jamais entendu parler italien ou sarde. Qui plus est, mon père a été requis pour le STO en Allemagne quelques semaines avant ma naissance.
C’est dire que notre condition aurait pu distiller une bonne vieille haine ressassée.

Cela ne m’a détourné ni de l’Allemagne ni de l’Italie et j’y ai travaillé et ai appris à aimer les plaines et les montagnes, les côtes et les îles, et les gens qui y vivent. C’est un peu grâce à «ça» que je me sens ET français ET profondément européen. C’est aussi, mais c’est une autre histoire, une des bonnes raisons qui m’ont fait voter non il y a quelques mois.

J’ai donc de la lecture, Merci Anne, comme j’ai lu, sur les conseils de Jean-André le dernier National Geographic « où l’on cause » aussi des Sardes.


Du MacPortable à l’Alubook, en quinze ans je suis devenu plus sage.

14)
François Cuneo
, le 17.11.2005 à 10:37

Sans oublier ce qui s’est passé afin que ça ne se reproduise plus (en tout cas en Europe, parce que dans le reste du monde, c’est pas gagné), il est temps de passer à autre chose et de ne plus jeter de l’huile sur le feu avec des introductions pareilles!

Relis, en mettant moins d’émotion. Tu verras qu’il n’y a aucun « coup », comme tu dis. Bien au contraire…

15)
Inconnu
, le 17.11.2005 à 12:18

Bravo Anne, et François

Une histoire d’amour entre deux êtres issus de deux pays en guerre, ce doit être une des pires souffrances.
Cela fait sûrement mieux prendre conscience de l’absurdité des guerres.

Ce ne sont pas les peuples qui se haïssent et décident de se faire la guerre. Ce sont quelques personnages pour quelques intérêts économiques.
Il parait que la guerre de 14-18 a été décidé par moins de 70 personnes.

« La guerre c’est le massacre de millions de gens qui ne se connaissent pas, au profit de quelques personnes qui elles se connaissent, mais ne se massacrent pas…  » (Paul Valery)

Et dire que les mêmes souffrances, atrocités, amours assassinés existent encore en ce moment, quelque part dans le monde.

Il m’arrive de pleurer la nuit en regardant les infos

16)
ToTheEnd
, le 17.11.2005 à 13:29

couclown: tout le monde sait que les chiffres ça me connait (ou que je n’y comprends rien, ça dépend).

Je ne pense pas que remettre en perspective les pertes civiles allemandes donne de la crédibilité à « c’est pas seulement eux les méchants ».

Comme le dit François, c’est quand même les allemands qui ont commencé. De là à dire qu’ils n’ont eu que ce qu’ils méritaient; il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas.

Une guerre est, en général, bonne pour aucun des belligérants. Je ne parle pas des aspects économiques ou autres, mais pour les êtres humains qui y participent et y périssent.

Je pense que remettre en perspective ces éléments dans une introduction ne s’apparente pas à mettre de l’huile sur le feu. Cette action aide à exorciser une culpabilité qu’on ressent à l’égard d’un peuple qui aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui de l’époque.

Enfin, regarder la vérité en face et parler de son passé (pour une nation ou un être humain) en reconnaissant ses erreurs, c’est tout simplement grandir et, avec un peu d’espoir, le meilleur moyen de ne pas répéter la même erreur.

C’était mes 2 balles du jeudi.

T

17)
Caplan
, le 17.11.2005 à 17:24

Merci François pour cette humeur instructive!

Il se trouve que, bien avant d’aller en goguette à Berlin avec François (ein Chefsalat und ein gross Glas Weisswein, bitte Fraülein!), je suis allé maintes fois (et j’y vais toujours) trouver une grand-tante à Stuttgart.

Mon arrière-grand-père était un industriel suisse expatrié en Allemagne, à Pforzheim. Il y avait épousé une Allemande. Ma grand-mère y a été éduquée jusqu’à son mariage et son retour en Suisse.
Après avoir pratiquement tout perdu dans les années 30, l’arrière-grand-père décida de revenir en Suisse en 1943, abandonnant tout ce qui lui restait. Bien lui en prit: le 23 février 1945, les forteresses volantes anglaises bombardèrent la ville et le taux de destruction fut égal à celui de Dresde. Il ne resta pratiquement plus un mur debout et 20’000 personnes moururent en 20 minutes.

Je suis et je reste en admiration sans bornes pour tous ces alliés qui sont venus se faire tirer comme des lapins sur les plages de Normandie pour libérer l’Europe. Des gens comme Churchill et Eisenhower ont eu un comportement exemplaire. De même, l’ensemble de ma famille a vécu avec un immense soulagement la fin de la folie nazie.

Mais il y a une chose qu’ils n’ont jamais pu admettre: le bombardement de Pforzheim. Lorsque j’en parle avec ma grand-tante, je sens bien qu’elle n’a toujours pas accepté qu’un grand nombre de ses amies d’enfance ont disparu dans un bombardement « pour l’exemple ». Elle reparle toujours de cet épisode en disant que les Alliés étaient parfois aussi des lâches.

Personnellement, je ne sais pas trop quoi penser. Il faudrait connaître les raisons profondes d’un tel massacre. La raison officielle est qu’il s’y trouvait une fabrique de détonateurs de bombes.

Lorsqu’on se penche sur de tels faits, tout comme ceux relatés dans le livre d’Anne, on est vite confrontés à l’âme humaine et ses desseins tordus. Je suis vraiment impatient de lire cette histoire…

18)
VRic
, le 17.11.2005 à 17:26

l’utilisation du terme « race » me choque : il n’est pas question ici de chien ou de cheval mais bien d’êtres humains!

En termes de taxonomie biologique, l’emploi n’a plus de fondement concernant les hominidés depuis la mort du dernier néanderthalien (une race se différence par des gènes exclusifs; les races interfécondes forment une espèce; les humains actuels ne diffèrent que par le degré d’expression de gènes communs).

Donc seuls racistes et cons ignorants (les mêmes en général) y voient des notions biologiques.

Mais quand bien même ce serait le cas, le babouin qui maltraite un panda est un aussi gros con que quand il maltraite un autre babouin (je vous laisse réfléchir à la question de la prédation alimentaire).

Le problème n’est pas que les connards trouvent ou pas des coïncidences entre le langage et la science, le problème est qu’ils décident de chier dans le bol de leur voisin, quelle que soit leur rationalisation de la chose.

Pour les autres c’est un mot normal doté de nombreuses acceptions, au plus synonyme impropre d’ethnie et d’une façon générale figuratif (dans la race des exploiteurs seuls les mêmes crétins voient du naturalisme à la place de la critique sociale).

19)
Guillôme
, le 17.11.2005 à 22:25

A Anne qui s’interroge sur l’intérêt de lecteurs qui n’ont pas connu cette période, je dirai qu’ils en existent! Moi, par exemple, connaître ce passage sombre de l’histoire à travers le vécu de personnes… est essentiel. Ces témoignages sur une période sombre indispensable.

François, je te conseille de lire, si tu ne l’as pas déjà fait « Etre sans destin » de Imre Kertész. Un chef d’oeuvre que j’invite tout le monde à lire.
D’autant que le traitement différe de tout ce que l’on peut lire, que c’est autobiographique et que surtout, l’auteur regarde « la vérité en face » comme dit plus haut!

Je ne resiste pas à vous citer un passage qui est d’ailleurs l’objet du dos de couverture et qui, à lui tout seul, résume tout :

« Et malgré la réflexion, la raison, le discernement, le bon sens, je ne pouvais pas méconnaître la voix d’une espèce de désir sourd, qui s’était faufilée en moi, comme honteuse d’être si insensée, et pourtant de plus en plus obstinée : je voudrais vivre encore un peu dans ce beau camp de concentration. »

20)
Old Mac River
, le 18.11.2005 à 04:27

L’homme est à la fois un genre, homo, une espèce, homo sapiens, et une race, homo sapiens sapiens.
Il ne peut y avoir plusieurs races humaines à cause du développement cérébral; la sélection « raciale », au lieu de faire des « surhommes », fait des crétins (au sens biologique).
Les différentes couleurs de peau, formes de tête et du nez, tailles, morphologies (longueurs des jambes, etc.) sont dues au condition géographiques et climatiques. Ainsi les Alsaciens blancs et blonds qui se sont installés en Algérie en 1871 sont devenus en quelques générations des « pieds-noirs » bruns de peau et de cheveux.
Si ces différences constituent des races, alors les hommes et les femmes sont des espèces différentes !
François:
à propos d’Algérie, je l’ai faite (la guerre) et je peux te dire que donner une arme à un pecus moyen, c’est lui donner les moyens de se défouler de ses peurs, de sa soumission ordinaire, de sa médiocrité. N’oublie pas que la majorité des Européens et des Américains sont incultes, xénophobes, etc. …et capables aussi d’une générosité infinie.
J’espère que pour notre Juliette à tous ces horreurs seront du passé. Elle aura assez à faire avec le climat, l’eau, les virus, etc.
À chaque génération sa guerre… Peut-être que dans un siècle ou deux le genre homo passera de l’hominisation à l’humanisation…
Je l’embrasse.

Old Mac River
et son rare P.B. bibop

21)
gg90
, le 18.11.2005 à 18:20

Bonjour,

Merci de nous avoir fait découvrir cet ouvrage dont le résumé que tu as fait nous donne envie de l’acquérir.

Double merci, car je ne sais pas si ce livre eut été connu, s’il ne passe pas dans les médias ou émissions littéraires qui en France sont le sésame du succès.

En effet le fait de passer ou non dans une émission fait que les ventes sont marginales ou bien “éclatent”…, j’étais l’autre jour chez un libraire en train de regarder ses rayons et j’ai entendu 3 clients en 1/2 heure venir demander le dernier livre de ….., passé hier chez G.Durand …, les personnes ne connaissaient même pas l’auteur …ni l’éditeur … mais on en avait parlé chez G Durand le veille au soir …

Bien sur pour les heureux auteurs qui y sont c’est presque le succès mais pour les autres dont les éditeurs ne sont pas forcément en grâce à la TV , il faut vraiment ou du temps ou de la chance … Le talent bien sur étant supposé être là…
J’espère surtout (mais je suis sûrement naïf) qu’il n’y a pas trop de “relationnel” entre les éditeurs et les décideurs de la TV qui choisissent ou non tel ouvrage, je dis bien les décideurs car je peine à croire que G.Durand puisse lire l’intégralité de ce qui est présenté plus bien sur tout ce qui est éliminé

Le monde du Livre ressemble de plus en plus a celui de la chanson, ce sont les animateurs qui font monter (ou descendre) le succès, si en plus l’auteur assure une bonne prestation TV, quelques petites phrases bien ciblées et qu’il est médiatiquement correct, c’est la totale …

Je voudrais bien savoir si Zola, B Vian ou Sartre eussent été reçus dans une telle émission à leur 1er ouvrage bien sur ….

Allez, assez de persiflages, bonne journée et je vais acheter les Corbeaux …..

gg90

gg90