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À Dakar, un jardin extraordinaire

La main verte ?

Petit Parisien qui arpentait l’asphalte des rues et des avenues du XVIIe arrondissement, j’ai eu la chance d’aller très jeune passer mes vacances en Normandie où mon père louait deux pièces chez un couple d’agriculteurs du cru. Ceux-ci vivaient exclusivement du maraîchage et de l’élevage de volailles et de lapins. Leurs biens se limitaient à une maison et un terrain d’un demi-hectare.

Déjà curieux de tout, je me suis très vite intéressé à la culture de ces salades, ces radis, ces choux et ces pommes de terre que je voyais sur les étals du Marché Bayen dans mon quartier parisien.

Au fil des mois de vacances et des années, la préparation de la terre, les semis, les repiquages, l’arrosage et la récolte entrèrent dans ma mémoire pour ne plus jamais en sortir.

Je garde beaucoup de respect pour ces gens de la terre et ce qu'ils m'ont appris.

Une fois quitté la France et installé définitivement au Sénégal en 1957, j’ai voulu mettre en pratique à Dakar ce que j’avais appris en Normandie. La chance voulut que l’entreprise de mon grand-père disposât d’un grand terrain dans un coin duquel j’ai pu m’aménager un jardin et faire pousser mes premières salades.

Pour l’anecdote, j’ai réussi à obtenir des laitues splendides que je revendais à notre épicier de quartier, lui-même les revendant comme «laitues de France» importées par avion ! De manière amusante et par snobisme, ma grand-mère nous a toujours servi celles-ci à table, qu’elle achetait (fort cher) chez l’épicier pendant que mon grand-père riait sous cape. Le secret a toujours été bien gardé vis-à-vis des autres snobs du quartier.

Mes plantations en terrasse

Dès 1970, j’ai quitté la villa familiale du « Point E » pour m’installer dans un appartement au quatrième étage d’un immeuble que j’habiterai pendant vingt-cinq ans. Situé rue de Denain à 200 m du Marché Sandaga en plein centre-ville, cet appartement disposait d’une terrasse de 30 m2 sur 10 m de façade côté rue.

Au fil des années, j’ai installé des jardinières avec toutes sortes de plantes d’ornement, allant d’hibiscus de couleurs diverses aux rosiers. Les rosiers, en 1995 j’en entretenais dix-sept que j’ai amoureusement taillés pendant plus de dix ans. Ils me l’ont bien rendu par des floraisons magnifiques.

Mon application récente au quatrième étage d’un immeuble à Dakar

Un système d’arrosage goutte à goutte étonnant : Tropf Blumat

Découvert chez Indoor Gardens : (Tropf Blumat). Ce revendeur de systèmes de culture est surtout connu des initiés pour ses «chambres de culture» dédiées à la culture discrète du cannabis (!).

La page de couverture du Mode d’Emploi, très explicite

Le principe de fonctionnement

Alimenté par gravité ou sous pression, le système Tropf Blumat permet d’arroser des plantes réparties sur une distance de plus de dix mètres. Les «carottes» en céramique poreuse sont disposées suivant un schéma de principe qui est fourni dans le Mode d’Emploi.

Les jardins en carrés

Le modèle : Carré potager surélevé Gariguette

L'idée des jardins en carrés est d’utiliser un même volume de terre arable pour répartir des plantations différentes sur des carrés de l’ordre de 40 cm de côté.

Le carré potager surélevé apporte plusieurs avantages dont celui de ne plus devoir se casser les reins pour cultiver et récolter ses salades et ses radis ;-)

À partir de ce modèle qui est commercialisé près de 100,00 € en France, mon chauffeur, plombier, électricien (mais aussi menuisier-ébéniste, métier que son père lui avait transmis) a pu réaliser cinq éléments en «fraké», excellent bois tropical qu’il a l’habitude de travailler.

Chacun des cinq éléments de 120 cm x 60 cm x 80 cm de hauteur et une profondeur de terre de 20 cm a été traité intérieurement de plusieurs couches de Flintkote, une émulsion de bitume que nous utilisons en entreprise. La couche de fond a été renforcée par l’adjonction de ciment Portland. Elle a une épaisseur de 5 mm, est étanche et sa dureté est suffisante pour protéger le bois des agressions accidentelles par les outils de jardinage.

Trois trous ont été ménagés en fond de chaque élément pour l’évacuation des égouttures du drainage. Chaque trou est raccordé par un élément en «T» à un collecteur en PVC qui se déverse dans un récipient. L’eau récupérée sert à l’arrosage des plantes d’appartement.

Pour finir, un traitement extérieur à l’huile «Woka» (utilisée pour protéger les meubles de jardin en Tek) a remplacé tout vernis ou peinture pour garder au Fraké son aspect naturel et le protéger des intempéries.

Drainage et substrat

Chaque élément a reçu en fond un drainage en «Algoflash» (billes d’argile expansée) sur 3 cm d’épaisseur. Pour finir, le substrat de culture a complété le remplissage de l’élément. Nous avons utilisé un terreau universel d’importation puisqu’on ne trouve plus localement de bon terreau (!).

Le Système Tropf Blumat a été installé ensuite, le collecteur d’alimentation soigneusement aligné et fixé dans l’axe des éléments. Les «carottes» sont réparties à raison d’une par carré.

Le résultat

Adiouma, l’artiste, fier de son travail.

Il n'a qu'un seul regret, que son père soit mort six mois trop tôt pour avoir vu ça

 

Vue d'ensemble, Système Tropf Blumat joliment installé

 

Autre vue d’ensemble, une fois les filets protecteurs installés

(À Dakar aussi, les moineaux sont voraces !)

Au premier plan, une splendide citronnelle (tisane et cuisine asiatique)

 

Détail du Sytème Tropf Blumat

 

Face à la porte de la cuisine, les aromatiques.

On reconnaît du persil plat et de la ciboulette.

La coriandre a été semée mais n’a pas encore levé.

 

Pour finir, les quatre bacs de menthe avant leur migration

sous les éléments en Fraké, posés sur les clayettes.

Cette menthe fait le bonheur des gardiens de l’immeuble

pour la préparation du rituel «thé à la menthe»

Le jardin plaisir

En complément de la culture de diverses plantes maraîchères que j’espère bien retrouver dans mon assiette, j’ai semé plusieurs carrés de «fleurs pour abeilles» dans le but d’encourager celles de notre quartier qui nous donnent un miel excellent, récolté par un chirurgien-dentiste, apiculteur très engagé. Un original qui a pris la succession de son beau-père, décédé l’an dernier à près de cent ans…

Alors que nous finissions l’installation des jardinières, je me suis souvenu à temps que décembre est la saison de replantage des rosiers. Mes trois premiers sur cette terrasse ont pour jolis noms Edith Piaf, Monica Belluci et Côte d’opale.

Nous les avons plantés dans un ancien bac, suspendu au garde-corps de la terrasse, en face de ma chambre et en bout de ligne du Système Tropf Blumat. À noter que le support métallique est une invention de mon chauffeur ébéniste sur le cahier des charges plus que succinct que je lui avais fourni !

J’espère qu’ils me donneront autant de plaisir que ceux de la rue de Denain

Un jardin, c’est toute une aventure et beaucoup de plaisir, un anti-stress très efficace.

En conclusion, je voudrais citer Michel Onfray. Natif d’Argentan en Normandie, il a vécu en voyant son père cultiver un jardin potager familial. À notre époque de la «Génération Y» il note que tout va trop vite et que l’on veut tout, tout de suite. Pourtant, dit-il «Vous pouvez toujours regarder vos plans de carottes chaque matin, ce n’est pas ça qui les fera pousser plus vite».

Certes, mais c’est toujours le plaisir du matin au lever du soleil de se dire «voyons où en sont les petites».

Actuellement en Normandie, j'ai hâte de rentrer à Dakar pour les retrouver.

Bonne année à toutes et à tous.

44 commentaires
1)
tibet
, le 05.01.2017 à 07:10

Bonjour MG, splendide cette humeur horticole avec cette météo hivernale (grâce lui soit rendue), mais je regarde la photo où tu nous parles de persil et ciboulette que je reconnais bien, a un détail près… Je n’avais jamais vu de persil avec un tronc d’arbre !!! Ni d’ailleurs la coriandre. Chez moi citronnelle et persil poussent dans la cuisine… en simple pot ! Et meilleurs vœux itou.

2)
Tom25
, le 05.01.2017 à 08:18

Ayant un terrain avec ma maison, je n’ai jamais été attiré par le jardinage. Mais ça doit être vrai que c’est un anti-stress, rien que de te lire me détend.

3)
soizic
, le 05.01.2017 à 09:20

Bravo pour cette si jolie installation.
Mais je suis inquiète pour les rosiers qui ont besoin d’une grande profondeur de terre.

Dix ans de passion en Normandie avec un hectare que j’ai transformée en parc, maintenant 4000 m2 en Ardèche restés naturels mais soignés et pour plus tard un appartement dans la vallée où j’ai une terrasse avec un système d’arrosage Gardéna. Ca marche bien et le goyavier du Brésil m’a donné de ravissantes fleurs.

San terre, je suis malheureuse.

4)
M.G.
, le 05.01.2017 à 09:41

Je n’avais jamais vu de persil avec un tronc d’arbre !!!

Moi non plus ! Ce plan de persil vit sur ma terrasse depuis plusieurs années (combien ? J’ai oublié). On le voit à gauche de la photo où je parle de la menthe, dans le bac où il s’est développé avant que je ne le transplante en décembre après avoir taillé quelques unes de ses « branches ». Depuis qu’il a donné ses premières feuilles, nous n’avons jamais acheté de persil au marché pour la cuisine ;-)

5)
M.G.
, le 05.01.2017 à 09:53

Mais je suis inquiète pour les rosiers qui ont besoin d’une grande profondeur de terre.

Merci pour cette remarque.

Le bac dans lequel je les ai plantés est un rescapé de ma période rue de Denain. À l’époque, je n’ai jamais eu d’autre type de bac sur ma terrasse et j’ai installé jusqu’à 17 rosiers.

J’ai toujours pris la précaution de drainer le fond des bacs, d’abord avec des gros coquillages. Maintenant, j’utilise des billes d’Algoflash. Tous mes bacs étaient percés pour que jamais les plantes ne pataugent dans l’eau (en particulier à cause des pluies en hivernage).

Mes rosiers n’ont jamais protesté sur le peu de terre dont ils disposaient. Peut-être parce que j’étais sympa avec eux par ailleurs ;-)

6)
M.G.
, le 05.01.2017 à 10:06

Mais ça doit être vrai que c’est un anti-stress, rien que de te lire me détend.

Sympa ! Cela dit, le simple fait d’arroser un jardin au jet, le matin à la fraîche, ou le soir au coucher du soleil est une source de détente. Entre douze et quinze ans, je ne laissais à personne le soin de l’arrosage du jardin de mes grands-parents. Il faut savoir qu’à Dakar, il ne pleut que de juillet à septembre. Le reste du temps, les plantes ont soif et souffrent du dépôt des poussières de la brume sèche en cas de vent d’Est.

Je terminais toujours mes séances d’arrosage par une question « On dit merci qui ? ».

Je crois que j’aime la nature et les plantes. Elles me le rendent bien.

7)
fxc
, le 05.01.2017 à 10:22

Sympa ton jardin »suspendu », un défaut, il n’y a pas de cabane

8)
Leo_11
, le 05.01.2017 à 10:27

Concernant le persil…

Ce plan de persil vit sur ma terrasse depuis plusieurs années (combien ? J’ai oublié)

Comment cela est-il possible sachant que le persil est une plante bisannuelle ce qui signifie qu’elle meurt la seconde année de culture après avoir fleuri ???

9)
M.G.
, le 05.01.2017 à 10:42

Ni d’ailleurs la coriandre.

La coriandre, c’est le « persil chinois » utilisé surtout dans la cuisine asiatique (et marocaine). On la trouve fraîche désormais en France dans les supermarchés, au même titre que l’estragon, le basilic, la menthe ou la ciboulette. Je recommande la marque « Florette » qui me semble offrir les meilleures qualités de fraîcheur et d’emballage.

Utilisateur journalier de feuilles de coriandre dans le bol de «Pho» (soupe vietnamienne Nord) qui est mon dîner habituel, j’ai hâte de la voir pousser sur ma terrasse !

10)
M.G.
, le 05.01.2017 à 10:47

Comment cela est-il possible sachant que le persil est une plante bisannuelle ce qui signifie qu’elle meurt la seconde année de culture après avoir fleuri ???

J’ai complètement oublié l’origine des graines qui ont donné naissance à ce plan de persil plat décidément très original.

Peut-être a-t-il plusieurs vies, comme les chats ? Ou tout simplement, il se refuse à mourir comme il l’aurait dû, se plaisant en ma compagnie ?

11)
Jean-Yves
, le 05.01.2017 à 13:19

Ah ça mais…
J’ai cherché, sans résultat, cet étonnant persil à tronc :(
Nous voilà donc face à une véritable invention (au sens scientifique, hein) : Le persil Bonsaï !
Un grand bravo pour cette découverte, Marc :)

Notons que c’est sur Cuk, et nulle part ailleurs !

12)
M.G.
, le 05.01.2017 à 13:41

Un grand bravo pour cette découverte, Marc :)

Notons que c’est sur Cuk, et nulle part ailleurs !

Remarque qui me va droit au cœur… Vive Cuk !

Merci pour la recherche et longue vie au « persil Bonzaï » de Tonton Marc !

13)
M.G.
, le 05.01.2017 à 13:53

Sympa ton jardin »suspendu », un défaut, il n’y a pas de cabane

Sympa, ton lien. Ma cabane à moi, c’est la chambre à coucher qui donne directement sur les rosiers ;-)

Souvenir de cabanes en Normandie où tout plein de choses se sont passées malgré mon jeune âge…

14)
Saluki
, le 05.01.2017 à 17:34

Très Cher M.G. :
si tu fais « directement sur les rosiers » ce que fxc suggère en chanson à propos de sa cabane, il va y avoir des soucis avec l’irrigation…

Sinon, comme Soizic, nous avons installé, sur la terrasse devant notre …datcha, un système d’arrosage Gardena qui puise dans une cuve de récupération d’eaux pluviales. En Champagne il n’y a pas que la vigne qui coule…

15)
guru
, le 05.01.2017 à 18:28

@MG la coriandre semée en Toscane met longtemps à pousser… mais quel plaisir dans le phó effectivement. Mais attention, bien couper la tête régulièrement (de la coriandre, bien sûr¡)

16)
Jean-Yves
, le 05.01.2017 à 20:06

[Edit : Post 11] …
Quoi que …
Un clic sur Petroselinum sativum et un sur l’onglet Illustrations propose cette image parmi d’autres ?¿?

Appel est donc lancé aux curieux et discrets botanistes arrivés ici par hasard :)
Il est très facile de créer un compte pour apporter des précisions, sans s’attaquer aux taxons ou à la classification phylogénétique ;-)
[/Edit : Post 11]

Ce serait sur Cuk, et nulle part ailleurs !

17)
M.G.
, le 05.01.2017 à 20:13

si tu fais « directement sur les rosiers » ce que fxc suggère en chanson à propos de sa cabane, il va y avoir des soucis avec l’irrigation…

Je ne vais pas jusque là avec mes rosiers ;-)

Sinon, comme Soizic, nous avons installé, sur la terrasse devant notre …datcha, un système d’arrosage Gardena qui puise dans une cuve de récupération d’eaux pluviales.

C’est bien ce que j’avais prévu pour mon projet de Villa « écologique ». En appartement, il est hélas impossible de stocker les eaux pluviales. Je me contente d’utiliser l’eau de la ville via un détendeur en économisant l’eau au maximum grâce au Système Tropf Blumat et à la récupération des égoutures du drainage pour arroser mes plantes d’appartement.

18)
M.G.
, le 05.01.2017 à 20:14

Mais attention, bien couper la tête régulièrement (de la coriandre, bien sûr¡)

Autrement dit, à chaque prélèvement pour la cuisine, il faut couper des tiges complètes, même si on ne se sert que des feuilles, ce que je pratique d’ailleurs avec mon « persil Bonzaï » ?

La coriandre vendue sur les marchés à Dakar, ce sont des plants complets, avec les racines. J’avoue que je n’ai jamais tenté d’en replanter…

Bien noté qu’elle met longtemps à pousser. Merci.

19)
M.G.
, le 05.01.2017 à 20:23

Quoi que …
Un clic sur Petroselinum sativum et un sur l’onglet Illustrations propose cette image parmi d’autres ?¿?

Ta trouvaille ressemble beaucoup au Baobab, arbre fétiche du Sénégal ;-)

20)
guru
, le 05.01.2017 à 20:43

@MG s’il y a des racines, tu peux la replanter, ça marche bien et ça fait gagner du temps…

21)
Dom' Python
, le 05.01.2017 à 20:43

Même jeune, je n’ai jamais été attiré par le jardinage. Et maintenant que j’aurais envie de m’y intéresser, mon arthrose, mon dos fragile et mon surpoids ne m’encouragent pas à m’y mettre.
Mais là, avec ce genre de dispositif qui permet de jardiner debout, je me dis que… pourquoi pas essayer…
Mais je n’ai pour l’instant pas de place. Peut-être dans mon prochain logement…
En tout cas merci pour cet article très intéressant! Le jour où je m’y mets je te demanderai des conseils!

22)
M.G.
, le 05.01.2017 à 21:54

@MG s’il y a des racines, tu peux la replanter, ça marche bien et ça fait gagner du temps…

Merci du tuyau. Dès que je rentre à Dakar, je fais un essai.

23)
M.G.
, le 05.01.2017 à 22:00

En tout cas merci pour cet article très intéressant! Le jour où je m’y mets je te demanderai des conseils!

Ce sera avec plaisir. Arthrose, dos fragile et surpoids… C’est mon portrait que tu fais là, même si depuis mon séjour à William Harvey j’ai bien évolué sur tous ces points. Mais c’est à raison d’une diététique stricte et de deux heures de mouvements divers chaque jour (c’est le plus difficile à respecter). Il n’y a pas de fatalité, même à 71 ans (Demain, puisque le Roi, c’est moi).

24)
g4hd
, le 06.01.2017 à 09:48

Vous avez dit coriandre ?
Je m’en procure de la fraîche locale, région marseillaise.
J’en utilise toute la tige avec les feuilles, le haut de la tige délivre un maximum de parfum et du croquant encore plus que les feuilles que je trouve plus douces.
Bien sûr, tiges et feuilles sont hachées menu au couteau.
Essayez tiges et feuilles, vous verrez !

25)
leto
, le 07.01.2017 à 14:38

Quel article agréable à lire! J’ai très envie d’installer un système similaire sur mon balcon :)

26)
Philob
, le 08.01.2017 à 08:18

Super article, merci.
Jardinier fut mon premier métier et j’ai la chance d’avoir un grand potager, un super déstressant.
De mémoire, le persil est une sorte de « carotte » et donc ce que l’on voit n’est pas un tronc mais la partie aérienne de la grande racine pivotante, je pense que cela est possible que grâce au climat particulier et au soin du jardinier qui ne s’avait pas que ce n’était pas « possible ». Il existe une variété de persil qui est mangé surtout comme carotte, principalement dans les pays de l’est.
Une petite anecdote réelle, j’ai installé dans un nouvel Hopital des bacs avec des plantes réelles mais cultivées en hydroculture et aussi éclairées avec des lampes spéciales (c’était très avant-gardiste il y a 35 ans) ; j’en ai eu pour plusieurs semaines et un des médecins responsables qui venaient déjà pour surveiller les dernières installations médicales passait régulièrement, je le saluais et il m’ignorait presque, le soir juste avant l’inauguration, il était 23:00 et je travaillais encore (on est toujours les derniers sur les chantiers avec les nettoyeurs) voilà mon « docteur » distant (c’était comme ça à l’époque, un docteur ne parlait pas à un jardinier), me posa quelques questions car il ignorait tout de l’hydroculture, je lui donnais quelques explications et à la fin il me dit sur un ton un peu méprisant : mais il reste quoi de vrais à la fin ? Je lui rétorquai : il reste l’amour que le jardinier a donné tout au long de la culture. Il me regarda bizarrement et continua son chemin.
Bien plus tard, le hasard a fait que nous nous sommes reparlés en d’autres circonstances et il m’avoua avoir reçu une belle leçon ce soir là.

27)
tibet
, le 08.01.2017 à 11:14

Persil et coriandre : Je prépare les deux avec un hachoir Peugeot qui a l’avantage d’écraser et de couper. La lame est large et biseautée. Si je prépare une persillade, je pose l’ail sur le persil et j’écrase très fortement les deux avec une cuillère large en bois d’olivier pour faire sortir les sucs. Je ne cuis presque jamais la persillade. Sauf quand je prépare de la lotte à l’ail avec des pattes fraiches (et un peu de tomates séchées surtout pour la couleur).
Pour l’ail : rose ou mauve, toujours, pas du blanc. J’utilise localement les aulx roses du tarn – Lautrec – ou l’ail mauve de Cadours, un ail tardif qui permet de faire la jonction avec l’aillet nouveau en avril/mai

M.G. : Je déguste le Phõ depuis presque 50 ans. Notre famille à été très vite colonisée via un mariage par la cuisine viet (plutôt du sud, voire direct de Saïgon et du quartier de choloong), dont d’adore les mélanges Cru/Cuit/Chaud/Froid.

Je me demande concernant le Phó, s’il ne s’agit pas au début, après la colonisation française, de la traduction locale, réelle, du Pot-au-feu « bien de chez nous », mais adapté aux coutumes locales. Je trouve une différence entre le nord et le sud. Au nord, le Phó est (était) plus simple il me semble, le bouillon est plus souvent un bouillon d’os dans le quel on ne retrouve pas forcément de badiane, juste un peu de nuoc et de l’oignon. Dans le sud, il est plus parfumé : Badiane obligatoire et surtout on a les deux viandes de boeuf. Viande de pot-au-feu et viande crue. Plus les herbes dont justement le coriandre chinois qui ne ressemble en rien au persil plat, c’est une herbe de 30 cm environ plate et assez large de plus d’un cm, avec une nervure centrale ferme et dont le gout « coriandre » est très prononcé. À noter qu’on trouve le Phó avec des petites boulettes de viandes et aussi une variante que j’adore avec du saté.

Si quelque rédacteur veut bien se prêter à un article sur la chose, j’en salive par avance (mais très proprement). Les fêtes sont finies !? Et bien, qu’elles recommencent !

28)
M.G.
, le 08.01.2017 à 11:33

je pense que cela n’est possible que grâce au climat particulier et au soin du jardinier qui ne savait pas que ce n’était pas « possible »

Jolie remarque que je prends volontiers à mon compte.

il reste l’amour que le jardinier a donné tout au long de la culture.

Concernant le jardinage en milieu hospitalier et le résultat que peut donner l’amour du jardinier, j’ai été très étonné lors de mon séjour à William Harvey en septembre dernier. L’architecture de l’établissement entièrement de plain-pied est telle que de nombreuses zones de circulation sont couvertes par des toitures vitrées, qui constituent autant de serres potentielles. Le jardinier du lieu s’en est donné à cœur joie ! Une des jardinières m’a particulièrement marqué, celle qui donne sur l’entrée de la salle du restaurant. Un bananier y pousse et portait à l’époque un splendide régime de bananes qui n’attendaient que quelques semaines pour être dégustées sur pied.

J’ai très vite remarqué que toutes les plantes qui peuplaient ce jardin intérieur de près de 30 mètres carrés étaient identiques à celles qui poussent dans nos jardins à Dakar ! Une vraie forêt tropicale entre Saint-Lô et Coutances, en Normandie.

29)
M.G.
, le 08.01.2017 à 12:18

M.G. : Je déguste le Phõ depuis presque 50 ans. Notre famille à été très vite colonisée via un mariage par la cuisine viet

Ma découverte du Phõ date de 1972 et d’une jolie vietnamienne qui le préparait chez moi après avoir fait quelques courses au Marché Sandaga.

Après les heures passées à mijoter un bouillon de bœuf, elle le versait bouillant sur un émincé de bœuf cru (de préférence de la bavette) en compagnie de nouilles de riz, d’oignons crus effilés macérés au jus de citron, de Nuoc-mâm qu’elle préparait elle-même à partir de Nuoc-mâm pur que l’on trouvait encore à Dakar. Pour finir, le Phõ était aromatisé de feuilles de coriandre fraîche à peine hachées.

Sa remarquable beauté, le Phõ et d’autres talents que la décence m’interdit de préciser ici ont fait que j’avais attrapé « Le Mal Jaune » au sens du roman éponyme de Jean Lartéguy.

La vie nous a très vite séparés mais je ne suis toujours pas guéri. La preuve, je dîne encore chaque soir d’un Phõ préparé à ma façon… Et la rencontre d’une asiate m’est toujours une douce torture.

30)
François Cuneo
, le 08.01.2017 à 12:35

Tu féliciteras M. Adiouma qui a fait une vraie merveille.

C’est beau ce jardin, incroyable!

Et comme Dom, je pense que le fait de pouvoir travailler debout pourrait me donner envie de jardiner, parce que le fait d’être à genou pour bosser dans un vrai jardin m’a toujours découragé.

En tout cas, je te souhaite bien du plaisir!

31)
tibet
, le 08.01.2017 à 12:45

Cher M.G., veux-tu dire que tu n’utilises pas la badiane (anis étoilé) ??? Alors fait un essai. Pour une marmite/cocotte seb de 6/8 litres, j’en utilise 2 ou 3 selon la grosseur. C’est assez fort. Perso, j’ajoute un peu des petits piments « langue d’oiseau » bien effilés, mais juste dans mon bol, pas à la préparation.

À noter que le phó est une soupe qui supporte d’être congelée pour la partie viande cuite et potage, séparément of course. Ça permet de préparer des soupes « minutes ». Pour le nuoc, on conseille bien sûr le champagne vietnamien qu’est celui originaire de Phu-quoc (désolé pour l’orthographe).

32)
M.G.
, le 08.01.2017 à 12:57

En tout cas, je te souhaite bien du plaisir!

Merci ! Je n’ai désormais qu’une hâte, rentrer chez moi à Dakar pour retrouver mes rosiers ;-)

Adiouma ? Depuis qu’il sait qu’il est en photo sur Cuk.ch il ne cesse de se connecter avec le PC de sa sœur pour lire la suite des commentaires ;-)

33)
M.G.
, le 08.01.2017 à 13:29

tibet : Ben non, je n’utilise pas la badiane, puisque Kim (c’était son prénom) ne semblait pas en mettre.

En revanche, ton idée de congeler le bouillon est amusante puisque depuis ma sortie de William Harvey je prépare du Fond brun de Veau sur base de Fond Blanc que je congèle dans des bacs à glaçons après l’avoir soigneusement dégraissé. C’est une idée du Chef Cuisinier de William Harvey qu’il m’avait donnée lors d’un de ses cours de cuisine diététique ;-)

Ce Fond brun de Veau congelé en cubes de 30 grammes me sert a priori pour terminer mes sauces mais il est à la base de mon Phõ à moi.

1/2 litre d’eau + 1 Cube = le bouillon, dans lequel je rajoute 40 g de Cheveux d’Ange. 5 minutes de cuisson. J’ajoute les oignons crus émincés et macérés au citron, de la ciboulette coupée très fin, une cuillère à soupe de Nuoc-mâm du commerce, du poivre et du piment de cayenne moulus, le jus d’un demi citron.

Le tout est versé bouillant dans un grand bol au fond duquel j’ai disposé 100 g de bavette de bœuf crue émincée et une cuillère à soupe de feuilles de coriandre fraîche.

34)
M.G.
, le 08.01.2017 à 13:40

Pour le nuoc, on conseille bien sûr le champagne vietnamien qu’est celui originaire de Phu-quoc

Peut-on en trouver dans les commerces spécialisés de Belleville ?

S’il est commercialisé pur, sorti du tonneau, je sais le préparer pour le mettre sur la table. Ça aussi, Kim me l’avait appris.

35)
tibet
, le 08.01.2017 à 15:37

N’importe laquelle des épiceries asiatiques tient du phu-quoc en stock :0)
Il n’a pas beaucoup de concurrent et se démarque par le taux d’azote qui monte de mémoire à 36°, la plupart atteignent 19/20 voire moins. À conserver à l’abri de l’air et de la lumière sinon il noirci vite, et ça ne lui apporte rien.
J’ai habité Belleville quelques années, rue de Vaucouleurs, avant que ça devienne un 13e bis. Ça doit se trouver sans problème !

Intéressé quand même pour enrichir mes petites recettes par ta préparation du nuoc de table. Tu mets quoi ? Vinaigre de riz, citron, sucre…

Vraiment pour ton prochain phó, essaye avec un peu de badiane.

36)
M.G.
, le 08.01.2017 à 17:32

Intéressé quand même pour enrichir mes petites recettes par ta préparation du nuoc de table. Tu mets quoi ? Vinaigre de riz, citron, sucre…

La recette de Kim, que je conserve depuis 1972 :
Nuoc-mâm pur : 3 cuillères à Soupe
Eau : 6 cuillères à Soupe
Sucre cristallisé : 2 cuillères à Soupe
Jus de citron vert : 2 cuillères à Soupe
Vinaigre blanc : 1 cuillère à Soupe
Carottes râpées (grille fine) : 1 cuillère à Soupe
Gousses d’ail hachées finement : 2
Piment fort haché finement : 1 cuillère à thé

Sur la table, ça va avec tous les plats vietnamiens.

37)
M.G.
, le 08.01.2017 à 18:01

Puisqu’on est dans les recettes vietnamiennes, une autre, la marinade pour les viandes ou les poissons grillés :

Huile d’arachide : 2 verres à thé
Vinaigre blanc : 1 cuillère à soupe
Jus de citron vert : 1 verre à thé
Nước mắm pur : 2 cuillères à soupe
Sauce Soja : 1 cuillère à soupe
Cognac : 1 cuillère à soupe (ça, je crois que c’est de moi)
Tiges de citronnelle coupées en fines lamelles
Oignon vert haché
Ail haché : 4 gousses
Piment rouge frais hachés : 1 cuillère à café
Gingembre frais haché : 1 cuillère à café
Sucre : 1 cuillère à Soupe
Poivre

Mélanger le tout, puis les morceaux de viande à griller. Bien remuer.

Mettre à mariner plusieurs heures dans un plat creux. Remuer plusieurs fois.

Cuire sur charbon de bois très lentement (les braises doivent être presque blanches).

Souvenir du poulet en morceaux cuit de cette manière. Un régal, parfaitement doré et craquant à l’extérieur, cuit à point à l’intérieur. La patience de l’opératrice était remarquable. Accroupie à plat sur les talons (et non sur la pointe des pieds comme les européennes) elle y passait le temps qu’il fallait, aspergeant délicatement les braises avec de l’eau si le charbon de bois rougeoyait à nouveau.

Sur la table, bol de riz blanc à la sénégalaise (petit riz, jamais de riz long) et nước mắm préparé.

38)
swisstofu
, le 08.01.2017 à 18:42

Petit aparté c’est agréable un endroit où on nous conte les salades au lieu de nous les raconter!

39)
tibet
, le 08.01.2017 à 19:23

Merci M.G. pour les recettes.
Recette vietnamienne la plus simple que je connaisse : Prendre un morceau de poitrine de porc crue, 2/3 maigre 1/3 gras, mettre à bouillir jusqu’à ce que on puisse piquer profondément la viande. C’est fini !
On peut mettre un oignon dans l’eau si on veut.
On sert en découpant la poitrine en gros cube, que l’on trempe dans une coupelle de Nuoc-mam pur ou quasi, poivré et pimenté selon le goût, et on mange avec un peu de riz blanc thaï bien collant (À noter que pour le riz, le nouveau, 2017 ne va pas tarder. Le riz nouveau, est plus parfumé, nécessite moins d’eau à la cuisson et colle plus.). Un régal. Ça s’appelle le Thit luoc

40)
M.G.
, le 08.01.2017 à 20:16

Joli programme !

Le riz, mes habitudes alimentaires font que je le préfère en grains bien détachés. Pour moi, c’est la preuve de la maîtrise de la cuisson du riz par le cuisinier.

Le petit riz (ou brisures de riz) c’est également une habitude alimentaire que je tiens de mon long séjour au Sénégal. Il faut savoir que pendant la colonisation, les brisures de riz (résidu de la transformation du paddy en riz blanc) étaient exportées d’Indochine vers les pays africains pour la nourriture de populations qui s’adonnaient à la monoculture de l’arachide, produit essentiellement réservé au monde industriel de l’huilerie.

Bref, je n’ai jamais mangé d’autre type de riz et je continue. Lorsque j’arrive en Normandie en provenance de Dakar, j’ai toujours la bonne surprise de trouver dans mes bagages un sac de deux kilos de ce petit riz que mon domestique a la bonne idée d’y placer pour ma consommation en France ;-)

41)
tibet
, le 08.01.2017 à 22:00

Taquotac du riz :0)

Fut un temps où je « mangeais » trois sortes de riz. Riz long uncle bens pour les salades (que je prétends faire fort bonnes) et les accompagnements de plats type sautés ou farces, riz rond perliz pour les desserts (riz au lait), pourquoi ? …. j’imagine par habitude familiale. Et enfin, car j’ai commencé jeune, riz chinois pour toute la cuisine extrême orientale.
Depuis quelques années, je n’utilise plus que le riz thaï « Oiseaux célestes » le meilleur de ceux qu’on trouve dans les magasins spécialisés pour tous les usages. J’y ajoute parfois un peu de riz noir sauvage.
Comme déjà dit le riz nouveau est toujours meilleurs.

Maintenant, cher M.G., je reconnais que l’appréciation du goût de ce que nous mangeons dépend à 50% au moins du souvenir. Il n’en reste pas moins qu’une certaine objectivité… pourrai faire reconsidérer les choses 🤓

Note : pour qu’un riz ne colle pas, le passer à l’eau froide marche à tout les coups. Sans juger, il n’y a pas que le traitement du paddy qui produit des brisures, c’est aussi le simple résultat du vieillissement.

Ça me rappelle de vieilles lectures d’adolescent, celles de Pearl Buck, la trilogie de la Terre chinoise où on parle assez des pratiques des pauvres et de la consommation du riz. Une petite anecdote dans laquelle on apprend que les pauvres se sculptaient une cuillère en forme poisson que les marins emportaient avec eux à fond de cale, au retour de la pêche, la cuillère s’était imbibée des sucs des poissons (sorte de proto nuoc mam), et le propriétaire mangeait ses brisures de riz en suçant sa cuillère.

42)
lvme
, le 09.01.2017 à 11:01

Bonjour
Superbe installation

J’envisage d’installer un système d’arrosage automatique dans mon petit coin de jardin.

Je n’ai rien trouvé sur internet en ce qui concerne l’utilisation de votre système en pleine terre avec des plantes variées (rosiers, bulbes, bambou, annuelles, etc…)

Qu’en pensez vous ?

44)
M.G.
, le 09.01.2017 à 21:39

Je n’ai rien trouvé sur internet en ce qui concerne l’utilisation de votre système en pleine terre avec des plantes variées (rosiers, bulbes, bambou, annuelles, etc…)

Rien ne s’oppose à ce que le Système Tropf Blumat soit utilisé dans un jardin traditionnel en pleine terre. La distribution de l’eau se fait par le collecteur de 8 mm de diamètre sur lequel on branche les dérivations d’alimentation des carottes céramique. Toutes les fantaisies sont permises. Je dois dire que si les inventeurs du Dropf Blumat lisaient Cuk.ch, ils seraient étonnés de la géométrie rigoureuse de ma réalisation. Les exemples cités dans le mode d’emploi sont plutôt faits pour montrer la souplesse de l’organisation du système : Blumat FR.