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C’est moi ou ça sature?

Un petit article pour pallier l'absence pour raison de maladie de l'un de nos rédacteurs.

Ça fait un moment que j'avais envie d'en parler, ça aurait pu faire le sujet d'un Open Bar remarquez.

Vous le savez peut-être si vous nous lisez régulièrement, je suis amateur de beau son, ou de bon son si vous le préférez.

Je l'ai dit il n'y a pas si longtemps, les sonorisations des festivals que je suis allé voir cette année étaient vraiment très bonnes, après quelques années catastrophiques.

Bon, il y a toujours des tarés qui saturent les basses pour qu'on n'entende plus rien, mais cette année, c'était UN groupe, j'en ai d'ailleurs déjà dit deux mots il y a peu.

Pour le reste, que du bonheur.

Mais ce dont je veux vous parler, c'est des prises de son que l'on peut écouter à la maison, en course à pied, au casque ou sur une chaîne stéréo.

Je veux donc vous parler des CD et des fichiers que l'on trouve sur nos sites de téléchargement ou de streaming, à savoir Apple Music, Spotify ou Qobuz, voire Tidal.

Je ne veux pas revenir sur les avantages, qu'ils soient réels ou pas, bonjour la polémique, des fichiers Hi-Res par rapport aux CD, des fichiers FLAC ou ALAC par rapport à l'AAC ou au MP3.

Nous avons déjà parlé de tout cela ici, vous connaissez mon avis.

Ce qui me tue, moi, depuis quelque temps, c'est le nouveau son que l'on peut entendre sur certains albums. Comment vont dire les ingénieurs du son déjà? Ah oui, la nouvelle signature sonore donnée à certains albums.

Le premier qui m'a vraiment frappé, c'est celui d'un artiste que j'aime beaucoup, à savoir Charlie Winston.

Et il s'agit de cet album-là:

 

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Un super disque d'ailleurs, mais le tout premier où… ça sature dans mes oreilles.

La voix n'est pas propre, il y a un grain, qui donne l'impression que le disque est mal enregistré, avec les vu-mètres dans le rouge.

Et ceci que l'on écoute sur CD, sur AAC chez Apple, ou en FLAC chez Qobuz.

Je précise d'ailleurs que je n'avais, au départ, écouté que chez Qobuz, et que je leur avais même écrit pour leur dire que leur fichier devait être défectueux…

Ils m'avaient répondu d'ailleurs que non, c'était normal, que c'était le son qui était voulu par l'auteur.

Je n'étais tellement pas certain que j'ai essayé sur iTunes, sur Spotify, et que le sont n'était pas meilleur chez eux, voire encore moins bon, en tout cas toujours avec cette espère de cradinguerie légère, mais bien présente qui me fout en l'air l'écoute.

J'étais alors allé écouter au casque dans un magasin le CD, tout aussi pourri…

Et bien évidemment, parce que ça m'intéressait, j'ai essayé la chose sur différentes chaînes.

Remarquez que le disque suivant de Charlie Winston, Curio City, est nettement meilleur à ce niveau.

Le problème, c'est que cette saturation est revenue sur une bonne dizaine d'albums que je n'écoute pas parce que je les fuis dès que je la repère. C'est dommage, j'aurais dû prendre des notes.

Mais ce qui me fait réagir en ce jour, c'est que j'ai découvert grâce à Qobuz un album assez exceptionnel que je vous présente ici:

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Ce qu'en dit Qobuz:grâce au brillant Home Again qu’il publia en 2012, Michael Kiwanuka est devenu en un claquement de doigts l’une des nouvelles merveilles de la soul contemporaine. De cette soul mâtinée de folk à la Terry Callier et fleurant bon les seventies… A 25 ans seulement, le Britannique était alors déjà comparé à Bill Withers, Otis Redding et Marvin Gaye, rien que ça ! Pour son second album intitulé Love & Hate et qui illumine l’été 2016, le Londonien offre une face un brin plus rock sans pour autant renier ses influences. Produit par Danger Mouse, le disque comprend d’ambitieuses compositions (la symphonie Cold Little Heart qui ouvre magistralement l’album dure dix minutes !) et intègre des références inattendues comme celle de David Gilmour de Pink Floyd. Mais c’est aussi dans les refrains imparables que Kiwanuka est brillant. Lorsqu’il scande I’m a black man in a white world sur le morceau éponyme ou qu’il fredonne le motif répétitif et entêtant de la chanson Love & Hate qui donne son titre à l’album. Lorsqu’il déballe les cordes, il les utilise avec parcimonie. Et s’il intègre des chœurs à la saveur gospel, il agit avec une délicatesse identique. Bref, un grand disque de soul music d’une rare richesse qui n’a rien à envier à ses illustres ainés. © MZ/Qobuz

Incroyable ce disque, un premier morceau pinkfloydien, mais avec plein d'autres choses, qui dure près de dix minutes, faut oser tout de même!

Alors voilà, je l'ai acheté pour en profiter en Hi-Res, mais cela ne change rien à la chose: cet album souffre de ce phénomène sonore, avec des saturations certainement voulues, mais qui me bousillent un peu le plaisir. Justement, dans ce premier morceau, à 4:40, c'est tout à fait parlant, si vous pouvez, écoutez pour voir.

Heureusement, la voix du chanteur est sauvegardée sur ce morceau particulier.

Mais faut tout de même être un peu spécial pour mettre des choeurs aussi "sales".

Le 4e morceau, Love & Hate, est touché à fond aussi dans l'accompagnement, en particulier des choeurs.

Et même la voix du chanteur, sur le 5e morceau, est saturée.

Alors je ne sais pas… moi je me tire des balles, c'est quand même incroyable de salir un disque par une distorsion comme ça, alors que sinon, il est juste parfait!

D'ailleurs, juste pour dire, le premier disque de Michael Kiwanuka n'est pas touché par cette maladie.

Comment ce n'est pas une maladie? C'est un style?

Vite alors, prions pour que cette mode passe.

Mais ouf tout de même, elle ne touche pas le jazz ou le classique.

Dans ce dernier, même si toutes les prises de son ne sont pas géniales, que l'on repère assez vite les mauvais ingénieurs du son, personne ne prend plaisir à bousiller la musique exprès.

 

18 commentaires
1)
ToTheEnd
, le 23.08.2016 à 07:56

Il y a effectivement des modes dans les studios… d’autres en parleront sûrement mieux que moi.

Dans le genre son pourri mais qui fait merveille, il faut écouter le dernier EP de The Strokes « Future Present Past »… je vous avais déjà parlé il y a longtemps de c’t’équipe. Toujours aussi bon.

T

2)
ysengrain
, le 23.08.2016 à 08:15

Dans le domaine de la musique « classique », nous nous sommes métastasés par un mal qui est né depuis plusieurs dizaines d’années: la réverbération acoustique.
L’origine pourrait venir du fait que dans les années 60, les concerts de musique classique ont choisi les églises pour se produire.
Lors des enregistrements, on a tripatouillé le son pour « rendre pareil ».

Cette manière de procéder est assez idiote: elle est appliquée indistinctement à toute musique.
Quand il s’agit d’un soliste, jouant une « musique de chambre » au sens littéral du terme … vous me suivez.

J’ai assisté à des séances d’enregistrement. L’une d’elle avait lieu chez un couple d’amis, en Allemagne du Nord. Dans une pièce d’environ 100 m3, 2 musiciens, un couple de micros, + un d’ambiance, un ingénieur du son qui gravait des masters de CD en direct.
Résultat: très objectif, lisibilité parfaite.
À la sortie du CD, c’était méconnaissable: BMG avait fait dégueuler sa sauce infâme.

3)
Guillôme
, le 23.08.2016 à 08:57

Tu as bien fait de tester avec ta chaine hifi!

Récemment, j’ai acheté l’album en CD de Red Hot Chili Pepper, The Getaway.

Le morceau 5, Goodbye Angels saturait complétement à la dernière minute d’écoute quand j’écoutais sur mon Mac ou sur un système audio non hifi… En version mp3, je n’en parle même pas.

Par contre, sur ma chaine, le morceau est bien audible!

Mais effectivement, je suis comme toi, je trouve qu’il y a une mode à salir le son, à ne pas confondre avec décaler les sons ;)

4)
Modane
, le 23.08.2016 à 08:59

Guillôme! Tu n’as pas honte? :)

5)
Modane
, le 23.08.2016 à 09:03

Il y a effectivement des modes dans le son, mais surtout des choix esthétiques. La pureté du son n’est pas le seul critère considéré quand on doit produire un enregistrement. D’où la valeur d’un producteur qui accumule les choix pertinents.

6)
Arnaud
, le 23.08.2016 à 10:28

L’exemple de Charlie Winston est amusant, voire ironique, car il s’agit d’un des albums présent dans la fameuse collection Society of Sound de Bowers & Wilkins, provenant des studios Real World (à vérifier) de Peter Gabriel… Il me semble qu’un effet de saturation a été ajouté à la voix mais pas au reste des instruments. Sur la première piste, Hello Alone, la scène sonore est très bien restituée avec la batterie au fond, l’harmonica à gauche et la guitare rythmique à droite sans aucune distorsion. La basse me semble également très équilibrée avec un rendu très rond.
En parlant de basse, les derniers concerts auxquels j’ai assisté me font croire qu’un réel progrès a été fait en terme d’amplification. Dix ans auparavant on ressortait généralement d’un concert avec les oreilles en bouillie à cause de la distorsion des basses créant des acouphènes. Aujourd’hui, on a droit à des basses très ciselées n’entrainant quasiment aucune fatigue! Quelqu’un aurait une explication de ce phénomène?
Amitiés,
Arnaud

7)
Laurent Vera
, le 23.08.2016 à 10:54

Oui Arnaud, la qualité des kits sons proposés par les fabricants et des organisateurs qui imposent aux ingés sons des niveaux sonores acceptables et agréables. Et surtout des basses et infras maitrisés en amont.

8)
Blues
, le 23.08.2016 à 11:08

J’ai remarqué cette « nouvelle mode > tendance du côté sale et obscur » que nous enfilent les studios ces derniers temps, perso ça me dérange aussi … Je présume que c’est l’envie de retrouver/imiter le bon vieux son des 60’s/70’s… Franchement ce n’est pas une réussite.

Mais bon, comme de toute façon tout n’est que répétition (à part l’électro) depuis 15 ans, autant écouter les vrais bon vieux albums des 60’s/70’s :D Du coup on ressort pour la xème X nos pat’d’éph !!

9)
Caplan
, le 23.08.2016 à 12:00

Bon, ben finalement, avec mon installation, je suis au top de la mode, quoi! ;-)

10)
François Cuneo
, le 23.08.2016 à 12:48

Eh oui Caplan!

Mais ce son ne me dérange pas, alors que ceux dont je vous parle aujourd’hui oui…

Modane, je n’ai pas compris le jeu de mot de Guillaume, quelqu’un explique???

11)
Patrick69
, le 23.08.2016 à 12:59

François, ce n’est pas un jeu de mots (quoique), mais une contrepèterie :)

12)
François Cuneo
, le 23.08.2016 à 13:03

J’ai toujours été nul en contrepèteries (il fut un temps où on en avait tous les jours en commentaires), et même là, quand on me d… Ah oui! Je viens de comprendre!

13)
Saluki
, le 23.08.2016 à 15:14

00229, c’est le Bénin et le coût d’appel ne le sera pas.

Un petit coup de balai, Patron ?

15)
Tilékol
, le 23.08.2016 à 18:22

N’est pas King Crimson qui veut :-)

16)
xela
, le 24.08.2016 à 12:03

En tous cas merci pour la découverte! Je ne connaissais pas Michael Kiwanuka et je l’écoute en boucle depuis hier. Et j’avoue que ces distorsions me plaisent assez. Bon j’avoue que j’apprécie l’électro bien déjantée comme, par exemple, Aphex Twin ou les Chemical Brothers.

17)
Gr@g
, le 25.08.2016 à 11:25

Je n’ai le temps que maintenant, mais merci pour la découverte de M. Kiwanuka! C’est dingue!!!!

18)
Jean-Luc Rossier
, le 25.08.2016 à 22:50

Bonsoir à tous,
J’arrive un peu sur le tard, mais ce truc me taraudait. Je ne veux porter aucun jugement artistique sur ces 2 albums, mais seulement faire une remarque technique après l’écoute sur Qobuz en qualité CD de quelques morceaux. Ils m’ont semblé sans grand relief et ça m’a fait penser à la « Loudness War » évoquée ici même je crois il y quelques mois (années?). Pour rappel, il s’agit de la compression de la dynamique de la musique pour minimiser les écarts entre les sons le plus faibles et les plus forts. Eh ben c’est bien ça. Les deux liens suivants le démontrent en donnant la dynamique de chaque morceau de l’album de Charlie Winston (FLAC 24 bit) et celui de Michael Kiwanuka (quoique basé sur le mp3, mais la version vinyl est à peine meilleure).
C’est sans rapport avec l’impression de saturation notée par François, c’est juste en plus. C’est dommage, ces 2 artistes ne méritent pas une post-production pareil!