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El Museo de la Revolucion Industrial


Mon enfance fut bercée par des objets et des aliments qui ont la saveur de la madeleine de Proust (qui n'était d'ailleurs pas une madeleine, la madeleine, pas Proust) et dont les réminiscences ne me laissent jamais indiférent.

Imaginez donc mon étonnement lorsqu'au détour de mon dernier voyage, je rencontrai un endroit qui évoqua les grands froids de l'hiver belge lorsque, adolescents, nous nous précipitions dans le premier bistrot venu pour commander: "un Oxo bien chaud". Ce breuvage, sorte de bouillon, était la version publique de l'Extrait de viande Liebig que ma maman et ma grand-mère employaient dans leur cuisine.

Bref, au fin fond de l'Uruguay, à la frontière argentine, sur les bords du Rio Negro, très exactement à Fray Bentos, j'ai découvert des ruines industrielles très intéressantes.

Déjà le nom de Fray Bentos titillait ma mémoire jusqu'au moment où je me suis rendu compte que ça évoquait des boîtes de Corned Beef de ma jeunesse. Une petite recherche dans Wikipédia et tout se mettait en place; j'étais dans les lieux même où étaient nés ces aliments mythiques. Difficile à croire, je pensais naïvement que ces produits étaient d'origine belge ou suisse; ce qui n'était pas tout à fait faux comme on peut le lire ci-après...

Mais laissons parler Wikipédia:

"L'origine de la marque Liebig remonte à 1847, quand le chimiste allemand Justus von Liebig invente un procédé d'extrait de viande alimentaire (extractum carnis Liebig), procédé qu'il dépose.

Associé à l'ingénieur belge George Christian Giebert qui avait lancé la Societé de Fray Bentos Giebert & Cie — exploitant ainsi les cheptels bovins d'Uruguay et d'Argentine —, il fonde le 4 décembre 1865 la Liebig's Extract of Meat Company (LEMCO) qui entre à la bourse de Londres. Cette société britannique, véritable multinationale, vise les marchés européen et américain.

En 1875, l'usine de Fray Bentos produit 500 tonnes d'extraits de viande. En 1881, sort de ces mêmes usines le Fray Bentos Compressed Cooked Corned Beef, premier du genre. La direction générale et le centre de distribution se trouvent dans le port d'Anvers.

En 1899, Liebig contribue au lancement du produit OXO, vendu sous la forme de bouillon cube à partir de 1911. Équivalent à l'OXO, le Viandox est lancé au début des années 1920 en France par la filiale française de la LEMCO, la Compagnie française des produits Liebig (Aubervilliers-La Courneuve). Il se présentait sous forme soluble ou liquide.

En 1924, la LEMCO est rachetée par le Vestey Group, l'entité est alors renommée Frigorífico Anglo del Uruguay.

Dans les années 1950, les « cubes Liebig » de concentré de viande sont incontournables dans la plupart des ménages de France et de Belgique."

Le site désaffecté depuis 1979 est désormais placé sous le patronage de l'UNESCO sous le nom de "Museo de la Revolucion Industrial". On peut donc visiter les anciens bureaux et l'unité de fabrication qui recèlent des trésors dont je vais essayer de vous faire profiter.

Suivez le guide...

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Monument surréaliste sur la place des "corons"

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idem

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Les bureaux

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vers l'usine

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Les produits

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Camion de livraison vers le pier (en triste état...)

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10 commentaires
1)
Tilékol
, le 27.01.2017 à 05:43

Bonjour,

Cet article a également un bon goût de madeleine proustienne en ce qui me concerne : à sa lecture, je me suis retrouvé propulsé bien longtemps en arrière, lorsque, enfant, je dévorais avidement les livres de Jules Verne.

Je me suis souvenu d’un passage où les produits Liebig étaient mentionnées. A l’époque, je me souviens de m’être dit : « Oh, incroyable, elle est vachement ancienne, cette marque ! »

Comment retrouver ce passage ? Bien entendu, je ne me souvenais pas du titre du livre en question. Une fois de plus, Google a été mon ami.

En tapant simplement « Jules Verne Liebig », je tombe sur l’extrait suivant de « Autour de la Lune ». Les héros sont dans leur fusée.

« Le déjeuner débuta par trois tasses d’un bouillon excellent, dû à la liquéfaction dans l’eau chaude de ces précieuses tablettes Liebig, préparées avec les meilleurs morceaux de ruminants des Pampas. Au bouillon de boeuf succédèrent quelques tranches de beefsteack comprimés à la presse hydraulique, aussi tendres, aussi succulents que s’ils fussent sortis des cuisines du café Anglais. Michel, homme d’imagination, soutint même qu’ils étaient « saignants ».

Le livre est paru en 1869. Au tout début de l’aventure industrielle de Justus von Liebig. Et déjà, Jules Verne en faisait de la nourriture pour spationautes !

2)
zit
, le 27.01.2017 à 07:42

Magnifico !

Quelle ambiance, j’ai eu tout de suite envie d’aller y faire des images, il aurait fallu m’en faire sortir de force ;o). En tout cas, les tiennes, de photos, sont superbes.

Tilékol, Jules Verne, le roi du classement produit ? incroyable !

z (z’ont quand même un gout bizarre, ces madeleines, je répêêêêêêêêêêêêêête : métallique ? rust-ique ?)

3)
yomel
, le 27.01.2017 à 08:20

superbes images et couleurs !!! ça donne vraiment envie de visiter. Merci pour cet article !

4)
soizic
, le 27.01.2017 à 09:12

Photos et reportage magnifiques.
merci

Encore une raison de regretter Cuk…

5)
Modane
, le 27.01.2017 à 11:28

Ah yep, alors!… Quel endroit, quelle histoire, quelles photos! Vraiment cool!
Les photos mériteraient le tirage, non?!…

6)
Madame Poppins
, le 27.01.2017 à 13:29

La 12e photo m’a permis de comprendre où la moumoute de Trump avait été fabriquée, la question de sa teinte avantageusement orangée n’ayant pas été résolue par le biais du billet du jour, dommage ;-)

7)
fxc
, le 27.01.2017 à 16:42

Pendant mon service militaire fin des années 60 nous avions des rations restantes de la guerre de Corée….. corned beef, chopped porc etc…. nous disions Kaki dehors, cac…. dedans.

8)
M.G.
, le 28.01.2017 à 21:19

Merci Guru pour cet excellent reportage qui fait remonter dans ma mémoire des souvenirs d’un autre ordre que les tiens :-)

Ce qui me passionne dans tes photos, ce sont les splendides machines à vapeur à cylindre horizontal qui entraînaient à l’époque toutes sortes de mécanismes, en particulier les alternateurs générateurs de courant électrique pour toute l’usine.

La majorité des photos « techniques » ont d’ailleurs été prises dans la centrale électrique de l’usine.

L’énorme volant entraînait l’alternateur par des câbles en textile puisque la courroie trapézoïdale en caoutchouc n’avait pas encore été inventée.

Photo émouvante, celle où le bureau du chef de poste trône entre deux alternateurs. Tout y est, depuis le carrelage en damier au sol et les garde-corps qui étaient traditionnellement en cuivre, dont la règle voulait qu’ils fussent astiqués et brillants comme des barres de bistrot !

Souvenir dans les années quatre-vingt du dernier alternateur de ce type dans une huilerie dakaroise dont la machine à vapeur a été remplacée par une turbine CEM montée de manière coaxiale avec un alternateur Alsthom. Chargés des travaux de scellements et calages, nous avions réutilisé les massifs en béton d’origine qui n’était même pas armé !

La source d’énergie pour générer la vapeur dans la chaudière ? La coque d’arachide venue du « Décorticage ». Les graines allant ensuite à la « Presserie » d’où sortait l’huile brute et le tourteau qui finissait en « Pellets » destinés à l’alimentation du bétail. L’huile brute allait au « Raffinage » pour finir en bouteilles d’huile d’arachide raffinée dans nos cuisines.

Vous noterez qu’à aucun moment le pétrole n’entrait dans le process. Toute la récolte du paysan de brousse était utilisée.

N’est-ce pas mieux que de cultiver du maïs pour en faire du carburant ?

9)
Ange
, le 29.01.2017 à 09:57

Super article. Merci !

10)
guru
, le 29.01.2017 à 10:25

@ MG Merci de tes explications. Ayant déambulé seuls (Mme guru et moi) durant toute la journée dans ces lieux étranges et fascinants nous ne savions pas à quoi pouvaient servir toutes ces machines d’un autre temps. Certaines, bien sûr, étaient destinées à produire un mouvement relayé par les courroies en coton (ou en laine, j’aurais dû essayer d’en bruler un petit bout pour le savoir) vers des presses. Je n’avais pas pensé à la génération d’électricité… et pourtant c’est évident.

Cet univers me rappelait mon grand père, dont j’ai déjà parlé ici, qui avait construit un atelier de tisserand; des grosses machines mystérieuses et bruyantes qui me fascinaient.

Je suis content que ce reportage vous ait plu.