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Robben et ses frères

- 1983 (environ)

Antoine me dit: « Tiens, j’ai acheté ce CD aux soldes et finalement il ne me plaît pas. Si tu aimes, je te le donne ». C’est un guitariste que je ne connais pas, Larry Carlton. J’écoute, j’aime, je prends le CD; et même j’en achèterai un autre du même bonhomme, plus électrique. Bizarrement, j’ignore aujourd’hui pour quelle raison je n’ai plus ces CD.

- 2008

Le programme TV annonce: Larry Carlton with guest Robben Ford. Un concert enregistré l’année précédente au Montreux Jazz Festival. Je me dis « Tiens, qu’est-ce qu’il est devenu? » J’enregistre et je regarde. Carlton a perdu une grande partie de ses cheveux. Mauvaise langue, je me dis que c’est pour ça qu’il a invité Robben Ford qui lui, en a, des cheveux.

Intro, et le groupe attaque le premier thème, d’une déconcertante simplicité. Tout est dans le groove, et comme il y en a une sacrée couche, je mords.

Et très vite, je comprends que si Carlton a invité Ford, c’est qu’il en vaut la peine, le bougre! Malgré sa tête de… de je ne sais quoi, en fait! Mais pas de bluesman.

– Pourquoi, c’est comment une tête de bluesman?
– Chais pas, mais en tout cas pas comme ça.
– Tu dis n’importe quoi!
– Je sais.

En plus, quand il se met à chanter, Robben Ford n’a vraiment pas une voix taillée pour le blues.

– Tu veux dire: pas une voix de noir?
– Ouais, si on veut!
– Et il est noir, Robben Ford?
– Ben non…
– Alors où est le problème?
– J’ai pas dit qu’il y en avait un… oh et puis lâche-moi!
– Mais c’est intéressant, non? Les blancs peuvent-ils chanter le blues avec une voix de blanc?
– Mais bien sûr!
– Donc tout va bien!
– Mais euh!

Je ne sais pas comment c’est pour toi, Kimeli, mais ces débats intérieurs, parfois, ça me gave. Bref.

Robben Ford. J’apprendrai plus tard qu’il a joué avec un certain Miles Davis, ainsi que quelques autres pointures du Jazz, du blues et du rock. Mais pour l’instant, devant ma TV, je découvre un monsieur qui sait s’y prendre pour me faire des gouzi-gouzis partout!

De plus, ce duo est accompagné par une rythmique particulièrement efficace. À la basse, Travis Carlton, le fils de Larry, dont la présence peu démonstrative n’est pas moins vibrante et soutenante. Le batteur, Toss Panos, me fait une impression forte, puissante, à l’aise dans les déchaînements autant que dans la subtilité. De plus, j’aime très vraiment beaucoup son son. (Cela dit, je suis incapable de dire quelle est la part de responsabilité de l’ingé-son.)

La bonne nouvelle pour toi, c’est qu’un CD et un DVD existent, enregistrés à Tokyo. Et de plus, le quatuor y est rejoint par l’excellent claviériste Jeff Babko.

CarltonFord

liens Qobuz, Deezer, iTunes

  • Écoute Codl Gold. Après un thème d’intro qui ne le laisse pas deviner, c’est un de ces blues à 12 mesures dans lequel, personnellement, je me glisse comme dans un bon bain tiède après une journée d’efforts. C’est Robben qui tient le premier solo, suivi à 05:00 par Larry qui met du temps à prendre la parole au point que Robben pose quelques accords discrets histoire de meubler. Du moins est-ce comme ça que je le ressens. Et à la fin du premier tour, vers 05:45, le jeu de Larry se fait intimiste, à tel point que je me retiens presque de respirer pour ne rien en perdre.
  • Le batteur? Sur Derrick’s blues, à partir de la 7e minute. Un titre dont le tempo ne se prête à priori pas tellement à un solo de batterie. Pourtant…
  • Le bassiste? Sur Burnable à partir de 08:05. Comme j’aime!

 

- Cadeau bonus

Et au détour d’une recherche de vidéo, je suis tombé sur une perle. J’ai découvert dans cette vidéo que Robben a deux frères, également musiciens: Pat (batteur) et Mark (harmoniciste et chanteur). J’ai parfois du mal avec l’harmonica. C’est un instrument qui peut aussi bien m’agacer que me ravir. Et là, avec Mark, c’est le ravissement total. Va donc voir à 02:25 de quelle manière il joue avec les sonorités de ses deux micros avant d’entamer un solo d’une grande musicalité.

Dans  vidéo, le concert est entrecoupé de courtes interviews au cours desquels on en apprend un peu plus sur les trois frangins.

Du coup j'ai cherché et trouvé un album de Mark Ford, disponible sur iTunes, ainsi que celui des trois frères, dont voici la pochette (1972):

CharlesFordBand

Charles était le nom de leur père

liens Qobuz, Deezer, iTunes

 

Quant aux CD de Robben Ford, y en a plein partout. J’te laisse voir!

- 2016

Ce vendredi 8 juillet, j’ai eu la chance d’assister indirectement au concert de Robben Ford à Montreux. “Assister” parce que j’étais à Montreux, mais “indirectement” parce que je n’étais pas dans la salle, mais dans le car de la RTS (Radio Télévision Suisse), assis derrière le réalisateur Julian Nicole-Kay; merci à lui!

RegieRTS

Dans le car de la RTS

Et en première partie de cette soirée, j’ai eu l’énorme plaisir de découvrir un maître de la slide-guitar, l’excellent Jack Broadbent. Il a commencé tout seul, puis a été rejoint par son père, bassiste. Sur cette vidéo, on peut les voir tous deux à l’œuvre, et notamment observer de quelle manière Jack Broadbent utilise un flacon de poche en guise de bottleneck!

En plus, bien qu’étant blanc, ce mec a une vraie voix de…

...non, rien.

8 commentaires
1)
djtrance
, le 13.07.2016 à 10:33

Sympathique tes billets Cher Dom’ :)

Toujours plein de petites découvertes par-ci, par-là…

2)
unna
, le 13.07.2016 à 11:11

En plus, bien qu’étant blanc, ce mec a une vraie voix de…

de bluesman?

3)
makmic
, le 13.07.2016 à 18:34

j’ignore aujourd’hui pour quelle raison je n’ai plus ces CD.

Probablement parce qu’en 1983, c’était à coup sur des 33 tours (le CD n’est apparu qu’une ou deux années plus tard, et n’était clairement pas souvent en solde au début)

4)
Dom' Python
, le 14.07.2016 à 16:52

Y a foule, dis-donc!
makmic: c’est pourquoi j’ai précisé « environ ».
Merci à vous 3 :-)

5)
Jean-Yves
, le 14.07.2016 à 19:39

L’un des très grands plaisirs de ce site, alors que l’on croit le connaître depuis longtemps, c’est non seulement d’y faire régulièrement des découvertes, mais qu’elles soient étayées avec subtilité et sensibilité quel qu’en soit le sujet.

D’ailleurs même pour le béton, il suffit d’avoir lû une fois un article technique de M.G. pour rester en attente d’un nouvel épisode …
Une découverte de plus mise en playlist, donc.

À l’écoute de Cold Gold, j’ai très vite pensé à Jeff Beck.
Dont ce morceau, sorte de vitamine C perso …
Et aussi celui-ci.

Merci, Dom ;)

6)
Dom' Python
, le 15.07.2016 à 16:55

Jean-Yves: Merci! Je n’ai pas tout de suite compris pourquoi tu te mettais à parler de béton, mais je suis d’accord avec toi: je n’aurais jamais cru m’intéresser un jour à la réhabilitation d’un pont !

Jeff Beck, c’est curieux: je le connais depuis longtemps, régulièrement de vais réécouter l’un ou l’autre de ses titres, mais je n’ai jamais vraiment croché… Va comprendre… Pourtant je perçois bien la dimension vitamine V de ce titre!

7)
Daniel
, le 17.07.2016 à 09:27

Salut à tous, Je l’ai vu en concert au MJF dans les années 90 c’était très bien, Il a aussi joué avec le groupe Steely Dan à découvrir ou redécouvrir par ex l’album AJA.
Un autre musicien (brillantisime)à découvrir ou redécouvrir (particulièrement sa période seventies)
est Rory Gallagher, deux liens dont un au MJF.
Bonne journée
Daniel
https://youtu.be/-k4iocWURPk
https://youtu.be/JDWsrld6rMY

8)
Dom' Python
, le 18.07.2016 à 18:06

Merci Daniel! Effectivement, Rory Gallagher était aussi un sacré guitariste, notamment en slide. Je me rappelle que, lorsque nous écoutions un LP live à l’époque, nous riions chaque fois qu’il disait « Thank you! », car sa prononciation nous faisait comprendre « ta gueule! »