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Boulot, job, lavoro, работа

Je vous ai dit en titre : Boulot, job, lavoro, работа.
En 1970, j’ai cherché mon premier « vrai » travail, à l’issue de mon service militaire.
Auparavant j’avais fait divers boulots durant mes vacances étudiantes, depuis gratter des fromages ou faire l’agent en douane pour Ch. Delecroix, importateur d’automobiles étoilées ou félines mais aussi DKW, Lotus,...

J’ai envoyé deux lettres, j’eus deux réponses par retour. Comme elles étaient toutes deux positives, sans même un entretien, j’ai joué à pile ou face, ne suis pas allé chez Rhône-Poulenc et ne l’ai pas regretté.

Aujourd’hui les conditions ont bien changé : je vois les ingénieurs issus de mon école qui, un an après leur fin d’études sont à 80 % casés. Ceux qui ont poursuivi un Master international ne sont guère mieux lotis.

 

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Oui, oui…
Bon, ça n’a rien à voir avec le sujet que je voulais traiter aujourd'hui, mais - vous connaissez mon goût pour les commémorations - il y a deux siècles exactement, le 4 juillet 1816 la Frégate « La Méduse » faisait naufrage sur le banc d’Arguin, presque en face de chez notre Ami M.G (elle s’était échouée deux jours auparavant). Une remarquable compilation due à la Fondation Napoléon vient d’être éditée et reprend une somme d’ouvrages, essentiellement issus de Gallica. Malheureusement, cuk n’accepte pas les …pdf. Donc allez donc piocher chez Gallica.

Pour vous camper la scène, rien de tel que le préambule d’un « drame en cinq actes, par M. Charles Desnoyer », l’une des nombreuses œuvres qui illustrèrent cette tragédie.

Par suite des traités de 1814, les anciens établissements français au Sénégal avaient été restitués à la France; le retour de l’Île d’Elbe avait empêché le gouvernement « restauré » de s’occuper de la prise de possession de ces établissements. Mais, en 1816, une expédition fut décidée. Elle se composait de la frégate La Méduse, de la corvette l’Écho, de la flûte la Loire et du brick l’Argus. L’expédition mit la voile à l’Île d’Aix le 17 juin 1816. La différence de marche des quatre navires ne tarda pas à amener leur séparation. La corvette, la flûte et le brick, commandés par des officiers expérimentés, arrivèrent sans encombre à leur destination.

Mais la frégate, dont le commandement avait été confié à M. de Chaumareys, l’un des anciens émigrés auxquels on avait donné le surnom de voltigeurs de Louis XVI, fut si inhabilement dirigée, nonobstant toutes les observations des officiers du bord dont on ne voulut pas tenir compte, qu’elle se trouva engagée dans les passes du banc d’Arguin, par suite d’une grossière erreur du capitaine, qui, la veille, avait pris pour le Cap Blanc…un gros nuage à l’horizon.

L’illustration la plus célèbre est bien entendu l’œuvre immense (près de 5 m de large) de Théodore Géricault, poignante, fascinante, imprégnée du romantisme naissant, mais qui ne correspond pas au plan que vous trouverez plus avant. Elle fit scandale, loin des douceurs de la peinture neo-classique, et propulsa le peintre vers la renommée…
S’il n’y a que deux œuvres à voir au musée du Louvre, vous en tenez une ici, l’autre étant bien plus petite… La Joconde.

 

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L’Argus sauva 15 personnes le 17 juillet et cinq d’entre elles décédèrent encore peu après leur arrivée à St-Louis du Sénégal.

Je me suis donc mis en chasse d’un ouvrage relatant ce naufrage et je n’ai pas eu à aller bien loin.

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La relation des deux auteurs est sans doute plus précise mais bien moins poétique…

 

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Deux des survivants commirent ce livre précis dès l’année suivante.

 

À cette époque, il n’existait pas de…DRM et pour authentifier l’ouvrage, la signature des auteurs était apposée. C’est la première fois que je rencontre cette façon de faire et « Les mesures…les fabricateurs et les débitans… ».

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Je crois que le tirage n’était pas celui d’un best-seller actuel car la signature serait devenue une corvée ;°).

 

L’expédition comprenait des militaires, divers corps de métiers, mais aussi des femmes et des enfants.

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légende

 

 

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La Méduse emportait donc 240 personnes, équipage et passagers.

Pour tout vous dire, j’ai dévoré cet ouvrage, fini à trois heures du matin, c’est ce qui m’a conduit à reporter à la prochaine humeur les procédures de recherche d’emploi adaptées à notre temps par la maîtrise de l' internet et des réseaux sociaux.

À Ténériffe, on refusa de prendre à bord d’anciens prisonniers de guerre, libérés depuis le traité de paix et « qui n’attendaient qu’une occasion favorable pour retourner en France ». En fait, celà leur sauva sans doute la vie.

 

 

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Apparemment, la « Rue de la Soif » existait déjà.

 

La malchance voulut que La Méduse talonna les hauts fonds au moment d’une grande marée.

 

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Quand  le temps se gâta, la frégate enregistra des dégâts en talonnant : bris du gouvernail, voies d’eau. Il fut décidé de l’abandonner et de confectionner un radeau qui devait être pris en remorque par les canots.

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C’est donc bien plus grand que l’image de Géricault, mais on devait y être bien tassés.

Ce qui demeure incompréhensible est l’amateurisme qui, là encore, présida à l’embarquement : oubli de provisions, cordages de remorque qui cassèrent très vite, etc.

 

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Je ne vais pas tout vous livrer, particulièrement la mutinerie, la faim et la soif, même le cannibalisme…

Mais je suis sûr que si vous allez par là vous ne pourrez plus le lâcher.

 

 

 

 

 

 

5 commentaires
1)
fxc
, le 06.07.2016 à 01:02

Je suis médusé.

2)
pter
, le 06.07.2016 à 08:02

Magnifique

3)
Caplan
, le 06.07.2016 à 10:26

Mais, en 1816, une expédition fut décidée. Elle se composait de la frégate La Méduse, de la corvette l’Écho, de la flûte la Loire et du brick l’Argus.

A noter que sur la Loire, il y avait l’explorateur René Caillié, le « découvreur de Tombouctou », qui arriva, lui, à bon port.

Vous pouvez donc enchaîner sur la lecture de son aventure extraordinaire, que j’ai lue d’un trait du temps de ma jeunesse.

4)
Modane
, le 07.07.2016 à 00:04

Quelle histoire terrible!

5)
M.G.
, le 07.07.2016 à 09:33

Ces lectures sont passionnantes ! Quelle histoire…

Cela dit, le Banc d’Arguin n’est pas vraiment en face de chez moi mais beaucoup plus au Nord, en bordure de la Mauritanie et à proximité Sud-Est de Nouadhibou (Port-Étienne dans ma jeunesse).

Ce sont ces hauts-fonds à proximité de la plage où les dauphins aident les pêcheurs à capturer les mulets dont la laitance sert à préparer la poutargue (le caviar de Mauritanie).