Profitez des offres Memoirevive.ch!
La vérité toute nue

La vérité toute nue

Le premier paragraphe est pour ceux d'entre vous qui sont un rien anglophones, et il n'y a pas besoin d'être un expert en langues étrangères, la simplicité de l'écriture est absolument éblouissante. Pour peu que vous sachiez déchiffrer un mode d'emploi en ingliche, vous comprendrez. Donc, à ceux-là, je conseille la lecture urgente de "Macintosh... The Naked Truth" de Scott Kelby (scottkelby.com), éditions New Riders (www.newriders.com). Vous passerez un très bon moment, je vous assure.

Le second paragraphe et les suivants sont pour les non anglophones. J'essaie de vous donner un aperçu de ce bouquin super, et il me semble qu'en parler, cela s'impose, surtout après l'excellent historique qui a été fait du Mac l'autre jour, pour ne pas faire mention des aventures du voisin de François.

Le titre du livre est “Macintosh... la vérité toute nue", et il y a un sous-titre: "Un regard irrévérencieux, spontané, PéCéticide, parfaitement subjectif sur le quotidien de l'utilisateur de Macintosh dans un monde dominé par Windows.”

Titre et photo, explique Kelby, incorrigible pince-sans-rire, c'est parce qu'il a remarqué que la nudité,
ça fait vendre, et que ne ferait-on pas pour la cause...

Que je vous dise tout d'abord que Scott Kelby est sans doute un des plus grands spécialistes de Photoshop du monde. Il a écrit plusieurs livres sur le sujet dont des pros m'ont chanté les louanges. Il est le rédacteur en chef d'une revue qui est familière aux graphistes anglophones: "Mac Design” (macdesignonline.com), de Photoshop User (photoshopuser,com), de Nikon Capture User (captureuser.com) et il préside l'Association nationale (américaine) des professionnels de Photoshop, ce qui ne l'empêche pas de connaître le reste du monde Mac à l'endroit et à l'envers.

Il est musicien, son groupe se nomme "Big Electric Cat". Accessoirement, il est ceinture noire de Taekwondo, et il fait du Karaté. À voir la liste de ses films et de ses compositeurs préférés, ce doit être un type sympa. Bien entendu, il utilise un Mac depuis avant que le Mac existe. Il a commencé avec Lisa.

Et maintenant, passons au bouquin.

Introduction

Ceci, dit Scott d'emblée, n'est pas une histoire de plus à propos de la naissance de’Apple, à propos de Steve Jobs et du reste. À vrai dire, à lecture achevée, on constate même que ce n'est pas tant d'Apple que ce livre nous parle que de nous-mêmes. Et Scott souligne: ce livre parle à tel point à chacun de nous, que vous pourriez remplacer le nom de l'auteur par le vôtre.

Scott Kelby part du principe suivant, et ici je le cite (en le traduisant, bien sûr): “Lorsque vous achetez un lave-vaisselle, c'est juste un lave-vaisselle. Que vous choisissiez un Maytag ou un Kenmore, cela ne change essentiellement ni votre standing, ni votre place dans le monde des lave-vaisselle. Mais si vous achetez un Macintosh, cela change tout. Votre vie sera faite de hauts et de bas. Parfois, ce sera un bonheur sans mélange, comme l'instant où vous découvrez “le secret du Macintosh” et vous n'arrivez pas à croire que vous avez vécu si longtemps dans l'obscurité. D'autres fois vous serez humilié et déprimé, comme je jour où vous rencontrez quelqu'un à une fête: vous mentionnez votre Macintosh, et vous lisez la pitié dans ses yeux... Vous vivrez une vie de passion pour un produit qui vous donne une envie folle de convertir d'autres à votre merveilleuse découverte, et vous vivrez des heures de frustration et de colère intenses (envers Microsoft, envers les PéCéistes arrogants, la publicité Apple, envers le marketing, le fonctionnement, bref envers tout ce qui est Apple).”

Ça vous rappelle rien, les gars et les filles?

Ce type-là connaît la musique, et tous ceux qui participent aux grandes réunions Apple où
le "Grand chat électrique" joue, le connaissent. Mesdames et Messieurs - voici Scott Kelby.

NDLR: une batterie Adobe, ça, je n'avais jamais vu!

L'usager Macintosh

“ Utiliser un Macintosh, c'est facile. Mais être un utilisateur de Macintosh, c'est moins facile”, constate Scott. Et il illustre. Dès qu'on a choisi le Mac, on est comme un diabétique dans un magasin de bonbons. Il y a moins de programmes, moins de jeux, moins de périphériques pour le Mac, du moins à première vue. Dès qu'on a annoncé sa Mac-icité (j'essaie de fabriquer des mots équivalents aux siens, mais en français, c'est moins facile), on est regardé comme un fada par la grande majorité des PéCéistes, on doit supporter les affronts de gens qui, comme ils passent leur vie à travailler sur des machines qui ont un problème par quart d'heure, soit ne peuvent pas imaginer que le Macintosh en a moins, soit ils le savent et ils sont à la fois jaloux et de mauvaise foi. Scott donne un échantillonnage peu ragoûtant de déclarations PéCéistes (“comme on ne sait pas leur nom, on les appellera juste ‘les idiots’”, écrit-il avec une pointe de mauvaise foi qu'il reconnaît) du genre: “Je n'arrive pas à croire que vous utilisez un Mac! Comment pouvez-vous?”

L'usager Macintosh pique par ailleurs des rages folles devant l'injustice de la presse qui, lorsqu'elle finit par parler du Mac, c'est pour dire que Apple va mal, que ses bénéfices sont en chute libre même si elle fait des bénéfices, et que ses machines ne sont pas si spéciales que ça. Tout cela sous la plume de gens qui manifestement n'ont jamais vu un Mac de près.

L'usager Macintosh se promènera dans les supermarchés de l'informatique, et il ne verra que du PC à perte de vue. Et aux US il peut se consoler en allant de temps à autre dans un des quelques Apple Stores physiques qui existent là-bas, il paraît que c'est une jouissance sans pareille. Mais chez nous, à part nos boutiques chéries, on n'a que l'Apple Store en ligne. Sans comparaison, d'après Scott, avec les Apple Stores physiques.

Ce type-là est un fort à bras, et quand il se bat pour ses passions (y compris le Mac et Photoshop),
ç a doit faire des étincelles... (il est ici avec sa femme et son fils).

Le passionné du Mac

À quel moment n'est-on plus un simple usager, quand devient-on un passionné du Mac? Le docteur Scott a déterminé le moment précis où cela arrive. Je le cite, ça vaut la peine:

“ Il y a dans la vie de chaque usager de Mac un instant qui vous change pour toujours. Des années plus tard, vous vous souviendrez probablement de où vous étiez lorsque c'est arrivé, de ce que vous voyiez, entendiez, de ce que vous lisiez pour que cela vous arrive; mais de toute façon, le choc ne passe pas inaperçu. C'est l'instant magique où l'utilisateur indifférent de Mac que vous étiez se transforme en fan du Mac. Cela se produit en une seconde, et une fois que vous avez fait le pas, il n'y a pas de retour. Cet instant magique se matérialise la première fois que vous critiquez la direction de Apple. A partir de là, ça y est, vous êtes des nôtres. A partir de là, vous vous identifiez.”

Et si vous doutiez que Scott Kelby s'identifie, lui aussi, il suffit de lire (pages 73 à 102) la longue liste des reproches qu'il fait à la firme de Cupertino, à ses directions passées, présentes et futures, mais là, je ne vous donne pas de détails, toutes ses plaintes, absolument toutes, on a déjà pu les lire une fois ou l'autre sur ce site. Je vous donne le titre du chapitre qui est consacré à ce sujet, juste pour dire: “Comment résister à la tentation irrésistible d'étrangler la direction de Apple”. CQFD.

Ce type-là est un forçat: il est rédacteur en chef de 3 revues, Président d'association, sportif, musicien,
et en plus il donne sans arrêt des cours à travers toute l'Amérique.

Le jour se lève

La première moitié de ce petit livre de 200 pages dépeint une situation sombre pour nous, fans d'un produit qui détient 4 à 5 % de parts de marché, face “aux autres”, à ceux qui sont dans le monde des 95 %. Peut-être même 96%.

Et puis, une aube blafarde se lève à l'horizon. D'abord, dit Scott, si on parcourt attentivement les supermarchés informatiques bourrés de produits PC, on s'aperçoit en scrutant les emballages que beaucoup de périphériques, de plus en plus même, sont compatibles Mac - reste bien sûr que le monde Mac ne dispose pas de 10'000 jeux; mais comme le remarque Scott, chacun de nous, après tout, n'en utilise que quelques-uns.

MAIS, et là l'aube se transforme lentement en aurore, il y a un fait indéniable: les PéCéistes peuvent se moquer de nous, nous mépriser et nous vouer à l'oubli tant qu'ils veulent - impossible. Car ces gens-là ont besoin du Mac. Ils en ont même un besoin urgent. La différence fondamentale, d'après Scott, vient du fait qu'un utilisateur de PC utilise d'une part Windows, produit hégémonique sans grande “personnalité” propre, et d'autre part un PC peu profilé, une marque valant plus ou moins l'autre dans son esprit - il ne s'identifie pas. De toute façon, il semble impossible de s'identifier à Bill Gates; le pauvre chou a une réputation exécrable, tous les sondages le montrent, même lorsqu'il annonce qu'il verse une parcelle de ses bénéfices en faveur d'actions plus que méritoires contre les maladies ou la famine. Tandis qu'un Macophile dispose d'un tout: une machine qui a une personnalité, dans laquelle il y a un système d'exploitation de pointe, qui est en harmonie avec elle - et avec lui.

Et le soleil brille au zénith lorsqu'on lit la liste impressionnante des innovations introduites par Apple, puis servilement (et souvent imparfaitement) copiées par d'autres - suivez mon regard. Je ne savais pas moi-même qu'il y en avait autant, et je n'arriverai pas à en donner une liste complète - ça va de la page 121 à la page 129. De la disquette aux couleurs translucides, de FireWire aux programmes les plus connus (Photoshop, Page Maker, XPress, Excel, et même Word, à l'époque où c'était un traitement de texte et rien d'autre) etc. etc. etc. (ici, imaginez trois lignes de etc.), tout cela a été “inventé” pour le Mac, ce sont ce que Scott appelle “les cadeaux de Apple au monde PC”. Microsoft, dit Scott, a beau être un monopole, un colosse et tout ce qu'on voudra, mais ce n'est pas un innovateur - c'est un suiviste qui a besoin que quelqu'un d'autre ouvre la voie. Tandis que depuis son premier jour, Apple n'a jamais arrêté de jouer au brise-glace.

Accros peut-être - mais pour de bonnes raisons

“ Si nous sommes passionnés, c'est parce que Apple n'est pas juste une boîte de plus, c'est un ensemble à dimension humaine, qui offre créativité, vision, sens de l'humour, et une vraie aspiration à créer quelque chose de meilleur” - même à travers les tâtonnements, les maladresses et les erreurs.

Et en guise de persil sur la salade, Scott donne encore quelques conseils pour la route avant de nous quitter, du genre: “Ne désespérez pas, vous verrez que Apple vous étonnera toujours; faites vous des amis parmi les usagers de Mac, ils seront toujours prêts à vous aider (c'est bien vrai, ça); allez une fois entendre Steve Jobs, c'est peut-être une sale gueule, mais c'est aussi un génie visionnaire; ne vous précipitez jamais sur la première version d'un nouveau système (compris, François?), attendez les corrections, ça vous évitera de vous énerver; achetez toujours le Mac le plus rapide du marché (peu de temps après, un autre modèle Apple va le dépasser).”

Et finalement, Scott vous rappelle quelques vérités fondamentales: “Lorsque vous achetez un Mac, dites-vous bien que vous avez sans conteste la plus belle machine du quartier.” Ou: “Ce qui est fantastique dans ce nom d'un chien de Mac, c'est sa simplicité. Vous le branchez, il marche. Et ç'a été comme ça depuis le premier jour.” (Tout est relatif, bien sûr, mais le fait est que pas plus tard que hier, j'ai eu en main un mode d'emploi: douze pages pour les PC, un paragraphe d'un tiers de page pour le Mac - je dis ça en passant).

Bon, j'arrête. J'ai l'impression de n'avoir qu'à peine fait justice à ce livre drôle et très intelligent, à la fin duquel j'ai eu la sensation

  • que Scott Kelby, que je ne connais pas, était un de mes amis intimes,
  • que ce livre est signé Kelby par erreur, en fait c'est moi qui l'ai écrit.

Conclusion

Je laisserai le dernier mot (aussi parfaitement subjectif et revendiqué comme tel que le reste du texte, l'auteur le souligne toutes les trois pages) à Scott. C'est aussi la dernière anecdote de son livre, sa conclusion à lui.

“ J'aimerais vous tranquilliser au sujet de Apple Computer en tant qu'entreprise. Faites comme moi: ne vous faites aucun souci pour Apple. La meilleure manière d'exprimer cela, je l'ai découverte la première fois que je suis allé au siège de Apple à Cupertino il y a quelques années, alors que Apple était au plus bas (avant le retour de Steve). J'ai débarqué à l'aéroport de San Jose, et pendant que j'attendais mes bagages, j'ai vu une grande affiche ... Je me suis approché et j'ai constaté que c'était une offre d'emploi: Apple cherchait du personnel. ... En guise de signature, la Pomme avait écrit:

Il y aura toujours des sceptiques.
Il y aura toujours des incrédules.
Et Apple sera toujours là pour leur donner tort
.”

Bref, au sortir de ce petit livre revigorant on a envie de s'écrier: “Courage, Mac-fans, grincheux ou heureux que vous soyez. En entendant le ‘dong’ de votre machine demain matin, dites-vous bien que sans le Mac l'informatique ne serait ni aussi amusante, ni aussi intéressante qu'elle l'est - et que de cette belle aventure, vous en êtes.”

Oups! On se calme...

Aucun commentaire pour l'instant…