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Un voyage à travers Nisus Writer Express

Un voyage Express à travers Nisus Writer

Pourquoi...? Pourquoi... aaa? POURQUOI.. AH... AH... AHAAAAH?

Pourquoi n'ont-ils pas fait comme d'autres?

Pourquoi n'ont-ils pas commencé par "carboniser" le plus splendide traitement de texte du monde Mac, Nisus Writer 6.5 (testé ici)?Pourquoi, dites, snif, snif, snif...

Ce programme n'avait qu'une faiblesse dont je me débarrasse tout de suite: les tableaux. Non qu'il ne les ait pas offerts, mais c'était vraiment maladroit et compliqué.

Cela dit, lorsqu'on est comme moi un travailleur de la plume, ce programme a été le plus extraordinaire de tous ceux que j'ai essayés - non je corrige: je les ai tous essayés, et celui-là était parfait. Que j'écrive un articulet de 3000 signes ou un bouquin de 800'000 de signes, ça collait toujours. Et jamais au grand jamais je n'ai perdu un texte, en douze ans d'utilisation. En cas de crash soudain, Nisus arrivait tout de même a faire une copie de secours. Ce n'est certes pas pour Word que je pourrais dire ça! Il arrive à paumer des textes même sans crash.

Au début, la correction orthographique française laissait à désirer. Et puis un jour, ils se sont associés à Grammatica (ex Sans Faute Grammaire), et depuis lors, pour moi, il n'y avait pas mieux.

Nisus 6.5: une interface simple et efficace: les petites icones autour du texte représentent
les commandes les plus usuelles et remplacent en toute simplicité plusieurs palettes.

Ils auraient ajouté quelques gadgets Acqua (comme l'ont fait Word et Apple Works par exemple, qui n'ont par ailleurs tout simplement rien changé à leur fonctionnement), tout le monde aurait été content. Mais non - ils ont décidé de réinventer la roue, de tout reconstruire à partir de zéro.

Et, avec des mois de retard, ils ont fini par sortir un programme appelé paradoxalement Nisus Writer Express. Pour faire "autrement", ce que j'aurais personnellement traduit par "mieux", ils ont abandonné une bonne partie de leur personnalité en route, peut-être parce qu'ils se sont associés à un autre traitement de texte, Okito, qui avait construit son programme en Cocoa. Sauf qu’à mon avis ils ont fait une erreur grave de raisonnement: ils ont lâché la proie pour l’ombre. Lorsqu’on utilise Nisus Writer Express aujourd’hui, c’est à Okito (que j’avais eu l’occasion d’essayer avant qu’il ne disparaisse) qu’on pense en premier, et pas à Nisus.

Je trouve super de vouloir tout récrire en Cocoa, c'est passionnant sans doute, et typique de la part des gens de Nisus, toujours attentifs aux nouveautés - mais en attendant quel besoin de faire passer Nisus Writer 6.5 à la poubelle, le fruit de 15 ans de mûrissement, un des rares traitements de textes écrits spécifiquement pour Mac, à la fois simple, paré de mille qualités et surtout de tous les outils qu'un professionnel peut souhaiter? Pour nous faire patienter, pendant qu'ils inventaient, ils auraient pu carboniser le programme qui fonctionne aux petits oignons, c'est pourtant élémentaire.

On était tous prêts à payer pour ça. Et on aurait été prêts à tenter l’aventure de la nouveauté avec eux ensuite – surtout avec la politique hyper-modeste des prix qu’ils ont toujours pratiquée.

Soyons clairs, on peut toujours acheter Nisus Writer 6.5, il est sur mon ordinateur en ce moment même. Mais il sera de moins en moins possible de l'utiliser, Panther n'a déjà plus l'OS 9, et plus cela avance, moins il y aura de gens qui se serviront des programmes qui n'ont pas passé sur X.

Si nous raisonnons uniquement OS X, y a-t-il une raison particulière pour recommander Nisus Writer Express plutôt que Mellel, par exemple, que je teste depuis des semaines, qui est intéressant, mais auquel j'ai de la peine à vraiment m'attacher? Ou que Apple Works - qui sous le nom Claris était mon traitement de texte avant Nisus, et qui a pour moi l'inconvenient de ne pas avoir beaucoup évolué depuis 15 ans (je ne parle pas de Word, il est pour moi exclu d’emblée).

Le fait est qu'il n'y a pas de vraie raison, du moins pour l'instant, de choisir Nisus Writer Express plutôt qu'un autre.

Nisus Writer Express, traitement de texte en devenir

Soyons bon prince, ou disons plutôt bonne princesse - maintenant qu'on n'a plus qu'une seule femme ministre au gouvernement helvétique (une seule conseillère fédérale, en vocabulaire suisse), autant mettre sa féminité en avant lorsqu’elle est exprimée en termes politiques. Je commencerai donc par énumérer les qualités que Nisus a réussi à faire passer d'une version à l'autre.

La sélection non-contiguë

C'est vraiment pratique pour quantité de choses, et comme c'est depuis le départ une exclusivité Nisus, reprise par d'autres mais bien après, c'est aussi la première qu'ils ont transposée - au début leur pub était pas mal axée là-dessus, même.

Sélection non contiguë: un clic, et les mots choisis sont en italique, ou en gras, ou soulignés, etc.

Les presse-papiers multiples

En ça, ils ont été copiés depuis, mais ils ont été les premiers à en offrir, les presse-papiers multiples étaient déjà là en 1990 (avant aussi probablement, mais 1990, c'est l'année où j'ai fait la connaissance de Nisus). Ils sont aussi présents dans Nisus Writer Express. Ou pour mieux dire, il y en a 3 au départ, et si vous voulez, vous pouvez en créer davantage. Douze ans d'usage me permettent de vous dire qu'il est rarissime qu'on en utilise plus de trois.

Les retours multiples sur corrections

D'autres offrent aussi cela, maintenant, mais au départ, c'était une particularité Nisus dont j'ai pu faire un usage longtemps exclusif, et qui - heureusement - a survécu au déménagement en X.

Le moteur de recherche

Pour avoir tenté de faire la même chose avec d'autres programmes, il faut que je dise honnêtement qu'à ce jour (Nisus Writer Express compris, cette fois) personne n'a fait mieux. Vous recherchez le signe le plus exotique, le plus caché, le plus difficile à isoler, pour Nisus, ce n'est rien. Il trouve. Il remplace, il rajoute, il ôte.

La palette de recherche peut trouver les choses simples (normal), et faire des recherches
complexes en mode "Power search": le tableau de résultats est très pratique.

Et dans le cas particulier, dans NWExpress il a ajouté une subtilité: vous cherchez quelque chose à corriger globalement, vous cliquez donc sur "Find all", et alors un tableau apparaît avec toutes les corrections à faire, vous pouvez alors cliquer sur "Replace all" et tout corriger d'un seul clic, ou corriger individuellement si toutes les corrections ne sont pas identiques.

Les absents

Le plus grand absent de tous est une grande absente: la note en bas de page (ou en fin de texte). Je n'arrive pas à concevoir qu'on puisse sortir un traitement de texte sans un outil aussi indispensable. On nous le promet pour une version ultérieure. On en est actuellement à la troisième mouture, et toujours rien.

Les tableaux

Solution radicale: ils sont absents. On nous les promet aussi pour plus tard.

La gestion des espaces

Depuis quelques jours, elle n'est plus absente.Dans la troisième version publique (1.1), elle a enfin été mise en place - la moindre des choses, surtout pour un programme qui a été un des premiers à concevoir une gestion des espaces intuitive et toujours impeccable.

La sauvegarde sur un support à choix

C'est personnellement ce qui me manque le plus: je n'ai, en douze ans, jamais perdu un texte, car toutes les 5 minutes Nisus sauvegardait automatiquement et en toute discrétion sur le disque dur et sur une disquette, plus tard sur un zip. J'ai eu de grands malheurs, des crashes, des données irrécupérables: jamais mes textes Nisus. Il en restait toujours un exemplaire ailleurs. Cette propriété me manque terriblement, et je ne comprends une fois de plus pas comment un traitement de texte qui avait même pensé à ça ait jugé maintenant que c’était superflu. Word fait une copie automatique sur demande, mais on n'a pas le choix du lieu! Elle est au même endroit que l'original, ce qui en cas de malheur vous fait une belle jambe.

Un format Nisus

C'est une des choses que je trouve le plus aberrantes: vous pouvez sauvegarder en RTF, en Word Perfect (quelqu'un a encore Word Perfect? RSVP) ou... en Word. Il n'y a pas de format Nisus proprement dit. Si vous sauvegardez en RTF, cela s'ouvre en Nisus sans problème aucun.Mais pas dans d'autres programmes.On nous promettait une ouverture sans pli des textes écrits en Nisus classique: or ça fait plein de plis. Ce n’est pas propre. Lorsque je pense que Nisus avait réussi la prouesse de faire en sorte que les textes écrits en Nisus restent lisibles depuis sa version 1.0 de 1987 jusqu’à 6.5 ET RETOUR (avec Nisus 4.1, je peux ouvrir sur mon Mac SE en OS 7.1 un texte écrit sur un PowerBook4, en 6.5 avec OS 9.2!), donc de créer une possiilité de lecture parfaitement transparente de A à Z c’est tout de même un comble! Les formats passent mal, les bizarreries dans la transformation restent incompréhensibles pour moi. Et si la sauvegarde en Word est bien venue en dernier ressort et en cas de besoin, la référence constante à Word me dérange. A part ça, essayer d'ouvrir un texte Word en Nisus Writer Express - faut vouloir! Avec le "vieux" Nisus, l'aller et retour allaient tout seuls, rapidement et sans problème.

Ce qui m’enrage le plus, c’est que lorsque, en Nisus Writer Express, vous sauvegardez un texte en format Word, vous pouvez même l’ouvrir en Word 5.1 en Classic, alors que vous ne pouvez plus (quel que soit le mode de sauvegarde) l’ouvrir en Nisus classic sans perdre les formats et sans voir apparaître les signes cabalistiques les plus curieux. On me dira que ce n’est plus si nécessaire. Peut-être à la longue. Mais comme on ne peut pas me demander sérieusement d’écrire un vrai texte en Word (vraiment trop de bogues, fidèlement transposés de 9 en X), il faut bien que je me contente de Nisus 6.5 lorsque je veux vraiment BOSSER.

L'écriture de droite à gauche

Je ne mentionne qu’en passant l’absence (pour l’instant) de la possibilité d’écrire de droite à gauche – et Nisus vieux style avait ça, il a même longtemps été le traitement de texte livré d’office aux Coréens qui achetaient un Mac. Et je connais personnellement quelques arabisants qui ne jurent que par lui.

Les petites choses

Il y avait dans Nisus Writer des tas de petites choses qui vous facilitaient la vie. Un exemple au hasard: les presse-papiers. Il y en avait dix. D'un coup d'oeil, vous saviez si oui ou non un presse-papier était occupé, son icône était pourvue d’une petite croix. Aujourd'hui, vous avez les presse-papiers, mais il faut les ouvrir un à un pour savoir s'ils sont libres. Autre exemple, les parenthèses: si vous oubliiez d'en fermer une, le programme vous avertissait dans la barre d'état. Ou encore: lorsque vous faisiez une vérification orthographique, ou une mise en forme, vous pouviez déterminer un paragraphe, une page, un passage à ne pas mettre en forme ou à ne pas vérifier. Ou encore la gestion des styles… Les index automatiques… Les tables des matières… Le chargement du programme en mémoire vive… Arrêtez, je vais pleurer. Des détails infimes mais adorables – il y en a plein comme ça. L’un ou l’autre se retrouvent sur d’autres traitements de textes: Nisus 6.5 les a tous.

Un grand spécialiste de Nisus me prouverait peut-être que des macros peuvent résoudre les problèmes que j'énonce. Si cela est vrai, cela signifie que tout ce qui se faisait simplement doit être accompli à travers des commandes désormais complexes aux noms exotiques: genre (je choisis au hasard) “RB - Outline - Unordered Indent”. Allez comprendre! Ou est-ce juste moi? L'anglais est pourtant pratiquement ma seconde langue maternelle. Peut-être devrais traduire cela en: “pour pallier une hyper-simplification, on en vient à une hyper-complication”?

Les qualités de Nisus Writer Express

Moi qui ai commencé par être pédagogue, je sais que lorsqu'on parle à un enfant, on lui dit en premier tout le bien qu'on pense de lui, ses erreurs viennent ensuite - mais bon, une pédagogue est aussi humaine, et il a fallu que je commence par ma déception. Ce qui ne signifie pas que je suis insensible à ce que Nisus Writer Express offre.

Les palettes

Ce n'est pas une exclusivité Nisus, mais c'est pratique. Un tantinet gadget tape à l’œil, avouons… Mellel les a aussi. Mais celles de Nisus sont plus esthétiques. Dans les palettes, vous pouvez régler les marges, l'interligne, le caractère, etc. Vous avez une palette pour les recherches complexes, celle dont je parlais plus haut, une pour les statistiques, et ainsi de suite.

Cela dit, qu’on me permette de remarquer qu’en Nisus 6.5 (voir la Figure 1) quelques icones et indications simples sur le pourtour du texte remplaçaient l’encombrement de plusieurs palettes.

La correction orthographique

Depuis la version Nisus Express 1.1, vous avez une palette pour la correction orthographique (pas de grammaire), elle s'occupe de vous pendant que vous écrivez. Vous pouvez choisir vous-même entre les langues les plus diverses, toutes celles que votre ordinateur "supporte", en fait. Une fois la langue choisie, vous écrivez. Tant que le tableau orthographique vous dit "No suggestion", c'est que votre orthographe est juste. Si vous faites une erreur de frape, ça se remplit de suggestions (pour frape il me donne drape, fraie, frappe, frappé, fraye, fripe - pas mal en somme). On corrige donc son erreur en frappe.

La palette "Writing" (écriture) qui permet de choisir le caractère, l’interligne, la justification, et qui donne la statistique. Tout en bas, la correction orthographique: elle fait une proposition pour le mot Nisus, que le dico ne connaît pas.

La recherche

Je ne m'attarde pas sur le moteur de recherche dont j'ai déjà parlé, mais j'insiste sur le fait que c'est le plus puissant de tous ceux que je connais dans les traitements de texte.

En-têtes et pieds de page

Ils sont visibles et faciles à utiliser.

On modifie le marges, les pieds de page, les en-têtes en direct sur la page, avec la souris.

Le Thesaurus

Pour l'instant, c'est seulement pour les anglophones. Ils disposent d'un thesaurus riche et très complet, qui peut être employé depuis tous les programmes de l'ordinateur, mais qui est particulièrement pratique dans Nisus, dans lequel il s'intègre sans un pli.

Pas mal, ce Thesaurus: voyez ce que l'on obtient (une toute petite partie) après avoir tapé "computer".

Le prix

59 $ (environ 50 €, environ 80 fr. suisses), ou 39 $ pour une mise à jour (32 € ou 50 fr.s.). Par rapport à Word c'est donné, vous avouerez, Actuellement, le Thesaurus est gratuit lorsqu'on achète Nisus Writer Express. Nisus 6.5, toujours en vente, coûte le même prix, avec Grammatica intégré.

Les échos

De nombreux articles parlent de Nisus Writer Express depuis l'été dernier. Ils sont plus ou moins louangeux, bien que tous fassent des réserves. Tous les journalistes étaient de grands fans de Nisus 6.5, et ça les rend indulgents: OK, c'est pas parfait, mais ça viendra, disent-ils. On ne peut que le souhaiter. Quel dommage que le marché ne fonctionne pas comme ça, et que le jour où ils seront vraiment bons, la place risque d'être déjà occupée.

Cela dit, ces critiques positifs ont à mon avis un argument qui détruit tout ce qu'ils disent: “Vous comprenez, affirment-ils en résumé, on ne peut pas comparer, Nisus Writer Express vise un public différent de celui de l'autre Nisus, un public qui ne veut pas d'un programme compliqué.”

Le problème, c'est qu'en changeant de public, Nisus abandonne une clientèle fidèle et dévouée, qui ne trouve pas Nisus “compliqué”, mais au contraire si riche dans sa simplicité qu’on y trouve le plus souvent la solution adaptée au problème d’écriture le plus pointu. La communauté Nisus n’atteint certes pas le nombre d’usagers de Word, mais elle est néanmoins nombreuse, ancienne, attachée à son traitement de texte, et toujours prête à l’entraide - elle est composée d’étudiants, de chercheurs, d'écrivains tant scientifiques que politiques ou littéraires, de journalistes, de fonctionnaires, bref de professionnels de l’écriture dans tous les domaines, et sur tous les continents. Si le traitement de texte ne s'adresse plus à eux alors qu'ils étaient précisément SA niche, alors je ne peux que reposer la question: à quoi bon choisir Nisus plutôt que Apple Works, Think Office, RagTime ou Mellel? Si on veut résister au monopole de Word comme Nisus avait voulu le faire, si on veut offrir une vrai alternative, et lorsqu’on dispose d’un outil aussi extraordinaire que Nisus Writer 6.5, on ne peut pas se permettre de gaspiller sa clientèle comme ça, par une politique difficile à comprendre – suicidaire, à mon avis.

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